Œuvres de Du Marsais/Tomme III/Des Tropes/Errata de l’Auteur.

La bibliothèque libre.
Œuvres de Du Marsais
Pougin (3p. 13-14).


ERRATA
De l’auteur.

Je ne crois pas qu’il y ait de fautes typographiques dans cet ouvrage par l’attention des imprimeurs, ou s’il y en a, elles ne sont pas bien considérables. Cependant, corne il n’y a point encore en France de manière uniforme d’orthographier, je ne doute pas que chacun, selon ses préjugés, ne trouve ici un grand nombre de fautes.

Mais, 1o . mon cher lecteur, avez-vous jamais médité sur l’orthographe ? Si vous n’avez point fait de réflexions sérieuses sur cette partie de la grammaire ; si vous n’avez qu’une orthographe de hazard et d’habitude, permettez-moi de vous prier de ne point vous arêter à la manière dont ce livre est orthographié, vous vous y acoutumerez insensiblement.

2o . Etes-vous partisan de ce qu’on apèle anciène orthographe ? Prenez donc la peine de mettre des lettres doubles qui ne se prononcent point, dans tous les mots que vous trouverez écrits sans ces doubles lettres. Ainsi, quoique selon vos principes il faille avoir égard à l’étymologie en écrivant, et que tous nos anciens auteurs, tels que Villehardouin, plus proches des sources que nous, écrivissent home, de homo, persone de persona, honeur de honor, doner de donare, naturèle de naturalis, etc. cependant ajoutez une m à home, et doublez les autres consones, malgré l’étymologie et la prononciation, et donez le nom de novateurs à ceux qui suivent l’anciène pratique.

Ils vous diront peut-être que les lettres sont des signes, que tout signe doit signifier quelque chose : qu’ainsi une lettre double qui ne marque ni l’étymologie, ni la prononciation d’un mot, est un signe qui ne signifie rien, n’importe : ajoutez-les toujours, satisfaites vos yeux, je ne veux rien qui vous blesse ; et pourvu que vous vous doniez la peine d’entrer dans le sens de mes paroles, vous pouvez faire tout ce qu’il vous plaira des signes qui servent à l’exprimer.

Vous me direz peut-être que je me suis ecarté de l’usage présent ; mais je vous suplie d’observer, 1o . Que je n’ai aucune manière d’écrire qui me soit particulière, et qui ne soit autorisée par l’exemple de plusieurs auteurs de réputation.

2o . Le P. Bufier prétend même que le grand nombre des auteurs suit aujourd’hui la nouvèle orthographe, c’est-à-dire, qu’on ne suit plus exactement l’anciène. J’ai trouvé la nouvèle orthographe, dit-il, (Gramm. Franc, pag. 588.) dans plus des deux tiers des livres qui s’impriment depuis dix ans. Le P. Bufier nome les Auteurs de ces livres. Le P. Sanadon ajoute que depuis la suputation du P. Bufier le nombre des partisans de la nouvèle orthographe s’est beaucoup augmenté et s’augmente encore tous les Jours. (Poésies d’Horace. Préface, page xvii.) Ainsi, mon cher lecteur, je conviens que je m’éloigne de votre usage ; mais, selon le P. Bufier et le P. Sanadon, je me conforme à l’usage le plus suivi.

3o. Etes-vous partisan de la nouvèle orthographe ? Vous trouverez ici à réformer.

Le parti de l’anciène orthographe et celui de la nouvèJe se subdivisent en bien des branches : de quelque côté que vous soyez, retranchez ou ajoutez toutes les lettres qu’il vous plaira, et ne me condânez qu’après que vous aurez vu mes raisons dans mon Traité de l’orthographe.