1914-1916/Ceux qui restent

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1914-1916 : poésies
Mercure de France (p. 13-14).
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CEUX QUI RESTENT


Ton nom, France, est si doux qu’il me semble, à l’entendre,
Que l’air en est plus pur et le soleil plus beau ;
Nos mères l’ont appris à leurs fils au berceau,
Ce doux nom, que nos fils aux leurs sauront apprendre.

Des terres de l’Alsace aux plaines de la Flandre,
De la rive du Rhin jusqu’au bord de l’Escaut
Autour des trois couleurs qui forment ton drapeau
Tes enfants sont debout, France, pour te défendre !


Venus de la forêt, du mont et du labour,
Leurs cœurs en un seul cœur battent d’un même amour ;
Un élan fraternel les emporte et les lie ;

Et, tandis qu’à la gloire ils s’en vont en chantant,
Laisse-nous humblement, laisse-nous, ô Patrie,
Baiser tes beaux pieds nus qui marchent dans le sang !


Août 1914.