1914-1916/La Victoire

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1914-1916 : poésies
Mercure de France (p. 91-92).

LA VICTOIRE


« Si je porte à mon dos ces deux ailes divines
Et si ce noir laurier ceint mon front éclatant,
Si cette palme luit à ma main qui la tend,
Si mon nom fait battre les cœurs dans les poitrines ;

« Si mon vol triomphal devant qui tu t’inclines,
Ô Destin, est encor plus beau d’être inconstant,
C’est que je suis toujours le signe qu’on attend
Et que j’ai vu Valmy comme j’ai vu Bouvines ;


« Car, mille fois, au cours du temps et de l’histoire,
J’ai sauvé ta fortune et protégé ta gloire,
Ô France, et mille fois je t’ai baisée au front ;

« Et c’est moi, hier encor, mère de la Patrie,
Qui refis, sur les bords de la Marne rougie,
De tes fils, ces vainqueurs qui, demain, revaincront ! »


1er septembre.