Anecdotes pour servir à l’histoire secrète des Ebugors. Statuts des sodomites au XVIIe siècle./III/10

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Texte établi par Jean HervezBibliothèque des curieux (éditions Briffaut) (p. 70-72).

Bandeau de début de chapitre
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CHAPITRE X

LES BRULARNES


Separateur-7-Vaguelettes orienté bas
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Dès qu’il fut question des troubles qui allaient allumer cette sanglante guerre entre les Cythéréennes et les Ebugors, chacun des deux partis tâcha de se ménager une alliance avec les Brularnes, espèce de peuple républicain, et de les engager à se déclarer pour ou contre. C’était une négociation très difficile et même impossible. Ces peuples, plutôt ennemis qu’amis des Ebugors, qu’ils voient avec horreur, n’ont pour les Cythéréennes qu’une indifférence invincible. Ce qui fait qu’ils n’ont aucun commerce avec ces deux nations. D’ailleurs, sans sortir de chez eux, ils peuvent fournir à tous leurs besoins. Telle est leur politique, que quelque grands que soient leurs revenus, ils ne sont pas d’humeur à les prodiguer au service d’autrui. S’ils font de la dépense, ce n’est que dans le particulier ; les effets n’en rejaillissent que sur eux seuls, et point du tout sur l’étranger. Avec de telles dispositions, il n’est point étonnant qu’ils refusassent de prendre part dans une querelle qui ne pouvait leur procurer aucun avantage. Les Cythéréennes eurent beau leur représenter les services qu’elles leur avaient généreusement rendus en plus d’une occasion, on leur répondit brutalement que ces services avaient été bien payés et qu’on ne se croyait, par conséquent, obligé à aucune reconnaissance. Les Ebugors faisaient entendre que, si les habitants de Cythère avaient le dessus, ils chercheraient immanquablement à se venger de l’indifférence que leur témoignaient les Brularnes. Ceux-ci déclarèrent hautement que tandis qu’ils auraient l’usage de leurs mains, ils n’avaient rien à craindre ; de sorte que, tout considéré, ils s’en tinrent à la neutralité et permirent seulement à ceux de leurs sujets, qui avaient envie de faire quelques campagnes, d’aller servir dans l’une ou l’autre armée en qualité de volontaires ; mais ils ne voulurent point qu’ils s’y engageassent entièrement, afin d’être toujours prêts à revenir à leur corps à la première sommation qui leur en serait faite.


Vignette de fin de chapitre
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