Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 06/Astronomie, article 5

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Solution du problème de combinaisons proposé à la
page 328 du V.e volume de ce recueil ;

Par M. Argand.
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Problème. Avec choses, toutes différentes les unes des autres, de combien de manières peut-on faire parts, avec la faculté de faire des parts nulles ?

Solution 1. Désignons, en général, par l’ensemble de toutes les manières de faire, avec choses, parts dont aucune ne soit nulle ; et par le nombre de ces manières.

Soient le nombre des choses, celui des parts, l’une de ces choses à volonté, l’ensemble des autres choses. On pourra, dans l’ensemble distinguer deux espèces de répartitions ; savoir : des répartitions (I) dans lesquelles la chose formera à elle seule une part, et des répartitions (II) où la chose se trouvera réunie, dans une même part, avec une ou plusieurs des choses

2. Considérons d’abord les répartitions appartenant à l’espèce (I). Si de chacune de ses répartitions on retranche la part formée par il restera des répartitions de choses distribuées en parts, ou, suivant notre notation, des répartitions appartenante l’ensemble Réciproquement si, à des répartitions contenues dans ce dernier ensemble, on ajoute une part formée d’une nouvelle chose on obtiendra de l’espèce (I). Il est de plus évident que si ne sont pas identiques, ne le seront pas non plus, et réciproquement ; d’où il suit que le nombre des répartitions (I) est égal à celui des répartitions lequel est exprimé, suivant notre notation, par

3. Retranchons la chose de chacune des répartitions de l’espèce (II) ; nous aurons diminué d’une unité le nombre des choses, sans changer celui des parts ; ainsi, les répartitions résultant de ce retranchement appartiendront à l’ensemble Réciproquement, ayant une répartition appartenant à ce dernier ensemble, si l’on ajoute la chose à l’un quelconque des parts de cette répartition, on obtiendra une répartition de l’espèce (II) ; et, comme il y a parts, et par conséquent manières de faire cette adjonction, chaque répartition de L’ensemble produira répartitions de l’espèce (II), lesquelles, seront évidemment différentes entre elles. De plus, il est facile de voir que deux répartitions différentes de l’ensemble le seront encore lorsqu’on y aura ajouté d’une manière quelconque. Donc le nombre des répartitions (II) est fois celui des répartitions c’est-à-dire, qu’il est

Ainsi, étant composé de (I) et de (II), on aura

(A)

4. Au moyen de cette équation, nous pourrons former une table à double entrée des valeurs de pourvu que nous en connaissions les valeurs initiales. Or, si on a car, quel que soit le nombre des choses, il n’y a qu’une manière d’en faire une seule part. Cette formule donne donc la première ligne horizontale de la table. Ensuite, si on a encore car il n’y a de même qu’une manière de faire part avec choses. Cette formule fournit la diagonale qui part de la case qui répond à Quant au cas où on aurait il est clair qu’il n’y répond aucune répartition possible, de sorte que toutes les cases situées de l’un des côtés de notre diagonale doivent demeurer vides.

Table des valeurs de
Nombre de choses
Nombre de parts = p.

5. Or, à l’inspection de cette table, on trouve, par une induction assez facile,

(B)

et on s’assure ensuite, par le calcul, que cette expression de satisfait réellement à l’équation (A) ; mais il faut de plus que les valeurs initiales soient vérifiées. Or, si la formule se réduit, en effet, à l’unité, il en est de même, dans le cas de en vertu du théorème connu :

ainsi, cette formule est démontrée.

6. Nous avons supposé jusqu'ici qu’aucune part ne devait être nulle. Admettons maintenant qu’un nombre quelconque de parts puissent l’être ; et nommons le nombre des répartitions possibles dans cette nouvelle hypothèse. L’ensemble de toutes ces répartitions pourra être distribué en espèces, suivant que le nombre des parts non nulles, qui ne saurait être zéro, sera Soit un quelconque de ces nombres. Le nombre des répartitions dans lesquelles parts ne sont pas nulles est, par ce qui précède, donnant donc successivement à toutes les valeurs, depuis jusqu’à inclusivement, on aura

on aurait de même

d’où, en retranchant et transposant

(C)

Ainsi, au moyen de la table précédente, et des valeurs initiales de savoir pour toutes les valeurs de on construira facilement la table relative à la seconde hypothèse, par de simples additions.

Table des valeurs de
Nombre de choses
Nombre de parts = p.

7. La loi des valeurs de dans cette dernière table, ne se présente pas si facilement que dans la première. Cependant, avec de l’attention, on parvient à trouver que ces valeurs peuvent être exprimées par la formule

(D)

dans laquelle les coefficiens sont liés entre eux par les équations.

ou, en général,

(E)

le quantième du premier terme de la formule étant

On s’assure ensuite, par un calcul effectif, qu’elle satisfait à l’équation (C). De plus, en faisant elle se réduit à l’unité, ce qui vérifie les valeurs initiales ; d’où il suit que cette formule résout le problème proposé. L’expression générale des coefficiens est au surplus

car, outre que cette expression satisfait à l’équation (E), elle donne la valeur initiale [1].

8. En éliminant entre les deux équations (A), (C), on parvient facilement à la suivante

qui a conséquemment pour intégrale la formule (D), tout comme (A) a pour intégrale la formule (B) ; mais ces intégrales, pour être complètes doivent admettre un complément arbitraire.


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  1. Ces coefficiens peuvent encore être considérés comme liés entre eux par l’équation aux différences
    J. D. G.