Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Émilie Bivort

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ÉMILIE BIVORT (Bouvier.)

Poire Émilie Bivort.

(Bouvier.)

(Spécimen récolté sur pyramide.)

Cette variété est un des derniers gains de feu notre ami Simon Bouvier, de Jodoigne.

À sa première production, en 1845, ce fruit était assez petit et de forme entièrement turbinée ; depuis, il s’est amélioré sous le rapport de la grosseur, et mesure jusqu’à 80 millimètres en hauteur sur 75 millimètres en diamètre ; sa forme, toujours un peu turbinée, est moins amincie vers le pédoncule et ressemble beaucoup au Doyenné Roux. L’épiderme, roux-doré, un peu plus intense du côté du soleil, est maculé de brun-jaunâtre et pointillé de gris-blanc. Le pédoncule, long de 15 millimètres, gros, ligneux, brun lavé de vert, est placé presque à fleur du fruit. Le calice, parfois clos, parfois ouvert et, dans ce dernier cas, couronné, se trouve dans une cavité peu profonde et évasée ; ses divisions sont épaisses, dressées, noires intérieurement et de même couleur que le fruit à l’extérieur. La chair est blanche, fine, fondante, demi-beurrée ; son eau, en quantité suffisante, est sucrée et fortement arômatisée ; sa saveur tient le milieu entre celle du Rousselet et celle de la Bergamotte.

L’Émilie Bivort est un fruit de première qualité, dont la maturité a lieu dans la dernière quinzaine de novembre. Il se conserve parfaitement au fruitier sans blettir, et il faut même une certaine attention pour le déguster à point, car son coloris, qui lui donne toutes les apparences de la maturité dès la cueillette, a été cause que plusieurs personnes, l’ayant goûté prématurément, ne lui ont pas reconnu toutes les qualités qu’il possède lorsqu’il est mûr à point ; ce que l’on reconnaît, lorsque le fruit cède à une légère pression près du pédoncule.

L’arbre-mère croît en pyramide ; il est vigoureux et fertile ; ses branches principales sont grosses, courtes, brun-jaunâtre, fortement ponctuées de lenticelles proéminentes, blanc-sale ; elles forment un angle aigu avec le tronc.

Ses branches à fruits sont assez longues, grêles, de même couleur.

Les supports sont gros et courts, brun-noisette.

Les boutons à fruit sont ovales, parfois obtus, parfois pointus, brun-foncé ombré de brun-noir et de gris.

Les jeunes rameaux sont gros, de longueur moyenne, flexueux et striés. L’épiderme, vert-jaunâtre, est parsemé de lenticelles rousses inégalement disséminées sur toute sa surface et duveteux dans la moitié supérieure des rameaux.

Les gemmes sont petits, ovales, pointus, brun-foncé, écartés du rameau ; ceux du centre sont ordinairement portés sur des rudiments de lambourde.

Les feuilles sont amples, ovales-arrondies, pointues, largement serretées, vert-foncé, planes ou à bords latéraux un peu relevés, arquées et quelquefois crispées ; celles du bout des rameaux sont très-duveteuses et souvent coccinées. Le pétiole, long de 15 à 20 millimètres, est gros, duveteux, cannelé, vert-clair ; les bords de la cannelure sont ordinairement foliacés et d’un vert plus foncé.

Sur lambourde, les feuilles sont étroites, lancéolées et portées sur des pétioles plus grêles et plus longs.

Les stipules sont ou filiformes ou en languette allongée.

Alexandre Bivort.