Annales de pomologie belge et étrangère/Pomme Empereur Alexandre Ier

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Pomme Empereur Alexandre Ier.

Synonymies : Empereur Alexandre de Russie. — Gros ou Grand Alexandre. — En Russie, etc. Aporta et Pomme Corail (Korallen Apfel). — Phonix Apple. — Pomona Britannica.

Ce magnifique fruit, l’un des plus beaux ornements d’une Normandie à l’époque où il revêt sa riche parure de pourpre, peut être à bon droit considéré (n’en déplaise aux partisans du Cardinal rouge) comme le Roi ou Prince des Rambours, famille estimable, mais vulgaire, dans laquelle il doit pourtant être rangé. Il nous est venu de Moscou ou de Riga ; mais n’est-il pas permis de douter qu’il ait pris naissance, comme on l’affirme, dans la Russie centrale ? Le pâle soleil de l’ancienne Moscovie a-t-il pu imprimer à cette pomme l’éclat de son riche et chaud coloris ? A-t-il pu l’imprégner d’un arôme aussi suave ? N’est-il pas originaire de la Crimée ? — Quoi qu’il en soit, il jouit dans cet empire de la plus haute faveur.

Sa forme, son volume, sont assez variables ; tantôt plus cotée, tantôt plus comprimée, mais toujours plus large que haute, cette pomme a communément 8 centimètres de hauteur sur 10 de diamètre, si l’arbre est cultivé dans de bonnes conditions ; son volume est quelquefois encore plus considérable.

L’épicarpe (peau), d’abord d’un vert blanchâtre, puis d’un jaune pâle quand arrive la maturité, est lavé et strié d’un beau rouge vif ; sur le côté le plus exposé aux rayons solaires, les touches, venant à se confondre, forment une sorte d’empâtement de couleurs cramoisies. Çà et là se montrent de rares macules, d’un gris-rougeâtre, rondes ou ovales.

Le calice est demi-clos, couronné de sépales droits, aigus, et le pourtour est frangé par les rudiments de bosses qui d’ordinaire se prolongent assez avant à la surface du fruit.

Le pédoncule, ordinairement assez court, pénètre jusqu’au trognon par une profonde cavité en entonnoir régulier, fréquemment lavée de rouille.

La chair est blanche, assez fine, grenue, d’une saveur sucrée acidule extrêmement agréable ; en parfaite maturité, le parfum de la violette s’y marie avec celui de la framboise, et sous les rayons encore chauds d’une belle journée d’automne, cet arôme s’exhale à une assez grande distance de l’arbre ; il est assez prononcé pour que les mains qui ont cueilli l’un de ces fruits en restent longtemps embaumées. Le trognon est étendu, peu ou point ouvert. Les loges sont spacieuses et renferment des pépins parfois bien conformés, parfois aussi avortés.

Le fruit mûrit en novembre et se conserve assez avant dans l’hiver ; mais passé le mois de décembre, il perd de ses excellentes qualités.

L’arbre est productif, en tant que pommier à très-gros fruits, il dispose bien ses branches et soutient parfaitement ses fruits ; nous le croyons donc appelé à prendre aussi place dans nos vergers, où sa vigueur naturelle et sa rusticité lui permettent de prendre un ample développement ; mais c’est sur paradis, sous forme de vase ou gobelet, que ce beau fruit revêt son splendide coloris et déploie tous ses avantages.

C.-Aug. Hennau.