Astronomie populaire (Arago)/IX/16

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 390-391).

CHAPITRE XVI

à qui revient l’honneur d’avoir signalé le premier
les étoiles périodiques


La première observation qu’on ait faite d’une variation d’intensité sur une étoile, périodique remonte à près de deux siècles et demi.

Dans l’année 1596, le 13 août, David Fabricius aperçut au col de la Baleine une étoile de troisième grandeur, qui disparut en octobre de la même année.

En 1603, Bayer dessina au col de la Baleine, à la place même où l’étoile de David Fabricius s’était évanouie, une étoile de quatrième grandeur qu’il appela ο (omicron de l’alphabet grec).

Bayer n’ayant pas rapproché son observation, je veux dire celle de la réapparition de ο de la Baleine, de l’observation de disparition enregistrée par David Fabricius, manqua l’occasion d’attacher son nom à une des belles découvertes de l’astronomie moderne.

La découverte me semble appartenir à un savant hollandais, à Jean Phocylides Holwarda, professeur à Franecker.

Cet astronome vit l’étoile de la Baleine au commencement de décembre 1638, pendant une éclipse de lune. Elle surpassait alors les étoiles de troisième grandeur. Quand la lumière solaire l’effaça, elle était déjà descendue jusqu’à la quatrième grandeur. Vers le milieu de l’été de 1639, Holwarda n’en put retrouver aucun vestige. Plus tard, le 7 novembre 1639, il la revit à son ancienne place.

Phocylides Holwarda prouva ainsi, par ses seules observations, que des étoiles pouvaient être soumises à des alternatives périodiques de disparition et de réapparition.

Les observations de Holwarda furent suivies de celles de Fullenius, également professeur à Franecker. En 1641 l’étoile ne commença à devenir visible qu’à partir du 23 septembre. Un an après, le 23 septembre 1642, elle se voyait de nouveau. En août 1644, on n’en apercevait aucune trace. Jungius marquait l’étoile de troisième grandeur en février 1647, et la cherchait vainement de juillet à novembre 1648. Vinrent ensuite les observations assidues, détaillées, minutieuses, d’Hévélius. Une première suite embrassa l’intervalle compris entre les années 1648 et 1662. Elle est consignée dans le mémoire intitulé : Historiola mirœ stellœ. Pendant ces quinze années, l’étoile Admirable fut plusieurs fois de troisième grandeur et plusieurs fois invisible. La curieuse conséquence tirée des premières observations d’Holwarda se trouvait ainsi confirmée irrévocablement. Mira est aussi le nom donné à l’étoile du col de la Baleine, à cause des singulières variations de sa lumière. On l’appelle encore Mira Ceti, du nom latin de la Baleine.