Astronomie populaire (Arago)/VIII/11

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 347-348).

CHAPITRE XI

des tentatives qui ont été faites pour substituer de nouvelles
constellations à celles de la sphère grecque


Dès le VIIIe siècle, Bède et ensuite quelques théologiens et astronomes, ses successeurs, voulurent déposséder les dieux de l’Olympe. Ainsi ils proposèrent de changer les noms, sinon les contours des constellations zodiacales. Il existe, dit un historien célèbre (Daunou), des calendriers où saint Pierre tient la place du Bélier, saint André celle du Taureau, etc. ; dans d’autres, d’une date plus récente, on trouve, à la place des noms mythologiques, David, Salomon, les Rois Mages ; en un mot des souvenirs empruntés à l’Ancien ou au Nouveau Testament. Mais ces changements dans les noms des astérismes n’ont pas été adoptés.

Dans le XVIIe siècle, un professeur de l’Université d’Iéna, Weigel, proposa de former un ensemble de constellations héraldiques. Les figures des douze constellations zodiacales auraient été les représentations des écussons appartenant aux douze plus illustres maisons de l’Europe. Cette idée, fondée sur une flatterie éhontée plutôt que sur les intérêts de la science, a été unanimement rejetée.

Les journaux allemands ont publié, il y a quelques années, un article de l’illustre Olbers, intitulé « Réforme des constellations et révision de la nomenclature des étoiles. » Je ne sais si la traduction que j’ai vue de cet article est tronquée, toujours est-il qu’il manque d’une conclusion nette et précise.

Herschel fils enfin a publié en 1841, dans le recueil de la Société astronomique de Londres, un Mémoire intitulé « sur les avantages qu’on obtiendra à l’aide d’une révision et d’un arrangement nouveau des constellations, particulièrement en ce qui concerne le ciel austral, et sur les principes suivant lesquels cette révision doit être établie. »

Après une critique très-fondée de la division du ciel et des embarras auxquels elle peut donner lieu, le célèbre auteur signale les avantages qui résulteraient, de la division des étoiles du firmament en quadrilatères formés par des méridiens et des cercles de déclinaisons. Il indique ensuite les règles d’après lesquelles devraient être choisis les noms à donner à ces nouveaux astérismes. Il serait superflu d’entrer à cet égard dans de plus grands détails, puisque personne ne paraît disposé à adopter le nouveau système et que John Herschel lui-même ne semble pas croire qu’il soit possible, du moins pour le moment, de rompre avec des habitudes invétérées, qui datent de près de quatre mille ans.