Astronomie populaire (Arago)/XXI/39

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 3p. 519-532).

CHAPITRE XXXIX

de l’influence des phases de la lune sur les changements de temps


Les travaux relatifs à la quantité de pluie et hauteurs barométriques n’offrent rien d’arbitraire ; deux calculateurs partant des mêmes données trouvent, sans se rien communiquer, des résultats identiques. En est-il ainsi de la question que je viens de soulever ? Qu’est-ce, au fond, qu’un changement de temps ?

Tel météorologiste, s’il admet l’influence des phases, se croira autorisé à ranger sous cette dénomination tout passage du calme au vent, d’un vent faible à un vent fort, d’un ciel serein à un ciel un peu nuageux, d’un ciel nuageux à un ciel entièrement couvert, etc., etc. Tel autre exigera des variations plus tranchées. Où tracer, au milieu d’un vague pareil, les limites sur lesquelles on pourrait s’accorder ? J’ai dû signaler cette difficulté dès le début, afin qu’on ne soit pas tenté d’assimiler, quant à la certitude, les résultats que je vais examiner aux conséquences numériques dont j’ai déjà donné le tableau (chap. xxxv), concernant le nombre de jours pluvieux.

En discutant près d’un demi-siècle d’observations météorologiques faites à Padoue, Toaldo procédait ainsi :

Dans une première colonne il inscrivait, par exemple, toutes les nouvelles Lunes qui, pour chaque année, avaient coïncidé avec un changement de temps ; dans une colonne voisine venaient se ranger les nouvelles Lunes, durant lesquelles le temps s’était conservé constant. Si les sommes des deux colonnes eussent été ou exactement ou à peu près dans le même rapport que pour tout autre jour du mois lunaire, il en serait résulté que la nouvelle Lune n’exerçait pas d’influence sur les variations de temps ; or, Toaldo devait croire à cette influence, car la somme correspondante à la colonne des changements, surpassait la somme de la seconde colonne beaucoup plus que lorsqu’on avait opéré de même sur un jour de quadrature ou d’octant.

Tout le monde doit comprendre comment a été formée la table suivante, qui donne le rapport du nombre de changements de temps ou du nombre des non-changements ?

Nouvelle Lune 
6 à 1
Pleine Lune 
5 à 1
Premier quartier 
2 à 1
Dernier quartier 
2 à 1
Périgée 
5 à 1
Apogée 
4 à 1

Il n’est sans doute pas nécessaire que j’insiste sur la véritable signification des nombres qu’on vient de lire. Qui n’y voit, en effet, terme moyen :

Que sur 7 nouvelles Lunes, 6 seraient accompagnées de changements de temps, et que une ne correspondrait à aucun changement ;

Que sur 14 il y en aurait 12 offrant une variation, et 2 laissant le temps tel qu’il était auparavant ;

Que sur 21 on en trouverait 18 d’un côté et 3 de l’autre, et ainsi de suite, en observant toujours la proportion de 6 à 1.

On reconnaîtra, de même, qu’en regardant les quartiers comme des indices certains d’un changement de temps, sur trois de ces phases on se tromperait une fois et l’on devinerait juste 2 ;

Que sur 6 on se tromperait 2 et l’on devinerait 4 ; que sur 9 on se tromperait 3 et l’on devinerait 6, etc., etc.

Les phases proprement dites, dans l’ordre de leur influence pour opérer les changements de temps, seraient rangées ainsi :

Nouvelle Lune, maximum d’action ;

Pleine Lune ;

Premier et second quartier, minima égaux.

On voit ensuite que :

Le périgée aurait autant d’influence que la pleine Lune ;

L’action de l’apogée serait double de celle des quartiers.

Tout cela est assez d’accord avec les opinions populaires. Ces résultats se fondent d’ailleurs sur 45 années d’observations. Cependant, ainsi qu’on va le voir, je ne pourrais les donner comme bien établis.

Le lecteur n’a pas oublié, je l’espère, la remarque que j’ai présentée en commençant ce chapitre, sur le vague du mot changement de temps, sur l’arbitraire que ce vague doit nécessairement jeter dans la discussion des observations ; sur la possibilité qu’un esprit systématique y trouvera de faire, même involontairement, pencher la balance en faveur de telle ou telle autre opinion. Cette difficulté est réelle, et toutefois je la laisserai de côté pour arriver à des objections bien plus graves encore, que les calculs de Toaldo ne manqueront pas de suggérer à tous ceux qui les examineront avec quelque esprit de critique.

Le physicien de Padoue ne se contente pas d’attribuer aux phases de la Lune les changements qui se sont opérés les jours mêmes de ces phases ; il classe aussi dans cette catégorie les changements de la veille et ceux du lendemain. Il va dans certains cas jusqu’à étendre la prétendue action lunaire à deux jours avant, à deux jours après la phase.

En adoptant de telles bases, est-il donc étonnant que la Lune ait paru douée d’une si puissante influence ? que le nombre de changements de temps ait toujours surpassé le nombre des non-changements ?

Pour rendre évident le vice de ce mode de discussion, admettons un moment que la Lune soit sans influence sur la pluie, et qu’on cherche, dans un long recueil d’observations météorologiques, quel a été le nombre de jours de nouvelle Lune sans pluie et le nombre de ces mêmes jours avec pluie. Supposons que ces deux nombres soient égaux ; si au lieu de faire porter le recensement sur les jours précis de la nouvelle Lune, on avait pris les veilles ou les avant-veilles de cette phase, les lendemains ou les sur lendemains, tout le monde comprendra qu’on serait arrivé aux mêmes résultats ; que le rapport du nombre de jours pluvieux au nombre de jours sans pluie, aurait été encore celui de 1 à 1.

Maintenant, à la division ordinaire de l’année en 365 parties de 24 heures chacune, substituons une division qui procéderait par périodes plus longues, par périodes de trois fois vingt-quatre heures ou de trois jours, et demandons-nous quel serait alors pour les temps de nouvelle Lune, le rapport du nombre de périodes pluvieuses au nombre de périodes sans pluie ; évidemment ce rapport ne serait plus celui de 1 à 1. On trouverait pour le premier terme un nombre plus grand que 1, car en trois fois 24 heures les chances de pluie sont beaucoup plus nombreuses qu’en un seul jour.

Des périodes de quatre fois, de cinq fois vingt-quatre heures conduiraient, pour le rapport précité, à de plus forts résultats encore, et toujours par la raison toute simple que, terme moyen, il doit pleuvoir bien plus souvent en quatre et en cinq fois vingt-quatre heures qu’en un seul jour.

Eh bien, je viens d’expliquer ce que Toaldo a fait pour les jours de la lunaison qui ne correspondent pas aux phases caractéristiques : il cherchait combien de fois le temps avait changé et combien de fois il n’avait pas changé sans sortir du cadre des vingt-quatre heures. Dès qu’il s’agissait, au contraire, d’une syzygie ou d’une quadrature, sous prétexte que la cause physique de changement dépendante de notre satellite ne pouvait ni se manifester ni cesser subitement, il groupait les observations par périodes de plusieurs jours. Loin de s’étonner qu’en opérant ainsi il n’ait pas trouvé fine égalité parfaite entre le nombre des changements de temps et le nombre de non-changements, on doit admettre que c’est le contraire qui eût été inexplicable.

D’après la table de la page 521, le premier et le second quartier n’exercent pas, à beaucoup près, autant d’influence que la nouvelle et que la pleine Lune. Si cette influence n’est qu’apparente, si elle ne tient qu’au mode défectueux de discussion qu’on a suivi, tout semblerait devoir être égal dans les diverses positions de la Lune. Cette difficulté serait vraiment embarrassante, si je n’apprenais par une Note insérée en 1780 dans le Journal de physique, que Toaldo portait l’influence d’une phase jusqu’à trois jours avant et à trois jours après, lorsqu’il était question du passage de la Lune par les syzygies ou par les apsides ; tandis qu’il la restreignait, au plus, à un jour avant et à un jour après, dans les deux quartiers. Ainsi, la difficulté s’évanouit entièrement. Au reste, il serait superflu de se livrer à cet égard à une discussion numérique minutieuse, soit, ainsi qu’on l’a remarqué plus haut, à cause que le mot changement de temps n’a véritablement rien de précis ; soit, surtout, parce que le météorologiste de Padoue, lorsqu’il entreprit son grand travail, avait sur la réalité des influences lunaires des opinions arrêtées auxquelles il devait céder sans s’en apercevoir. Personne, assurément, ne m’accusera d’avoir mal interprété les idées de Toaldo, lorsque j’aurai dit qu’à la page 56 de son Saggio meteorologico, édition de 1770, on lit une phrase dont voici la traduction littérale : « Qui ne sait, par sa propre expérience, combien plus rapidement poussent les ongles et les cheveux, quand pour les couper on choisit la Lune croissante au lieu du temps du décours ? »

Pilgram a fait pour Vienne, en Autriche, le travail que Toaldo avait précédemment exécuté à l’égard du climat de Padoue. Il a discuté vingt-cinq années d’observations, commençant à 1763 et finissant avec 1787. Comme je n’ai pas l’ouvrage original sous les yeux, je ne saurais déterminer jusqu’à quel point Pilgram s’est garanti des erreurs dont les calculs de Toaldo m’ont paru affectés.

Mais admettons, si l’on veut, qu’il n’y ait rien à reprendre de ce genre dans le travail de l’astronome allemand ; tenons ses résultats pour bien établis, et voyons s’ils, corroborent les opinions populaires.

Sur 100 répétitions de chaque phase, le nombre de changements de temps, à Vienne, a été

pour la nouvelle Lune
58
pour la pleine Lune
63
pour les quartiers
63
pour le périgée
72
pour l’apogée
64
pour la nouvelle Lune périgée
80
pour la nouvelle Lune apogée
64
pour la pleine Lune périgée
81
pour la pleine Lune apogée
68

Que résulte-t-il de la simple inspection de la table ci-dessus ? cette première conséquence, que la nouvelle Lune serait, quant aux changements de temps, la moins active de toutes les phases. Le contraire se déduit des observations de Toaldo ; le contraire est aussi ce que proclament les opinions populaires.

Si conformément à la table de Pilgram on disait à tant de navigateurs pour qui la nouvelle Lune est une cause à peu près certaine des changements de temps, que sur 10 de ces phases il y en a 6 de favorables à leur opinion, et que les autres sont contraires, ils repousseraient avec dédain une aussi faible concession. Cependant, que peut-on accorder de plus en présence d’une table résultant d’une discussion arithmétique, faite par un homme qui croyait aux influences lunaires, et dont les fautes, s’il en a commis, devaient augmenter tous les nombres contenus dans la colonne des changements de temps ?

Il y a plus ; s’il est vrai, ainsi que je crois me le rappeler, que Pilgram, à l’exemple de Toaldo, ne se soit pas contenté d’enregistrer les changements arrivés le jour même de la phase, s’il a aussi tenu compte des changements de la veille et de ceux du lendemain, le nombre 58 devait être considérablement diminué, et la nouvelle Lune se présenterait à nous comme une époque caractérisée par la constance du temps. Je m’empresse de dire que je n’admets pas ce résultat ; mais, au moins, il me sera permis de conclure de la discussion qu’on vient de lire, que dans l’intérieur des terres, qu’en Autriche, la nouvelle Lune ou n’influe pas du tout ou influe tout autrement qu’on ne le supposait.

Je devrais maintenant chercher à rendre compte des grands nombres 80 et 81 qu’on trouve dans la table de Pilgram, en face des titres nouvelle et pleine Lune périgée ; mais le besoin d’abréger me force de me circonscrire dans ce qui concerne directement les phases. Je dirai cependant que les nombres en question sont loin d’être parfaitement certains, soit qu’on n’ait pas réuni assez d’observations pour faire entièrement disparaître les effets des circonstances accidentelles, soit par toute autre cause inconnue. Voici comment je le prouve.

Dans chaque phase, plus la Lune est loin et moins elle agit ; pour la nouvelle Lune, la différence d’effet entre le périgée et l’apogée, est exprimée par celle des deux nombres de 80 et 64 ; pour la pleine Lune, dans les mêmes positions, on trouve 81 et 68. Ainsi 68 est la moindre action que la pleine Lune puisse jamais produire, car c’est à la pleine Lune apogée que ce nombre correspond. Eh bien, à la seconde ligne de la table de Pilgram pour la moyenne de toutes les pleines Lunes d’une période de 25 ans, pour une moyenne à la fondation de laquelle ont concouru, en, nombre à peu près égal, des pleines Lunes périgées et des pleines Lunes apogées, pour une moyenne conséquemment correspondante à une distance bien moindre que la distance apogée, au lieu d’un nombre supérieur à 68, on ne trouve que 63.

Après les recherches de Toaldo et de Pilgram, le seul travail qui soit venu à ma connaissance relativement à la question de savoir si les phases lunaires amènent ou non des changements de temps, est celui du docteur Horsley, inséré dans les Transactions philosophiques de 1775 et de 1776. Malheureusement il ne porte que sur deux années d’observations, sur les années 1774 et 1775. Quoi qu’il en soit, en 1774, le système des influences lunaires fut bien loin de se vérifier à Londres. En effet, pendant toute la durée des 12 à 13 lunaisons dont cette année se composait, deux changements de temps coïncidèrent avec les nouvelles Lunes, et il ne s’en manifesta pas un seul les jours des pleines Lunes. En 1775, sur les 12 nouvelles Lunes de l’année, 4 furent accompagnées d’un changement de temps ; les 12 pleines Lunes n’en amenèrent que 3.

Ces derniers nombres eux-mêmes sont assurément bien inférieurs à ceux qu’on aurait dû trouver, d’après la table de Toaldo de la page 521 ; mais on ne doit pas le dissimuler, ils surpassent la quote-part qui reviendrait aux douze jours de conjonction et aux douze jours d’opposition de la Lune, si on répartissait les changements de temps d’une manière uniforme sur toute la durée de l’année.

Les données manquent pour pousser la discussion expérimentale plus loin. Au point où elle est déjà arrivée, les conclusions suivantes me paraissent suffisamment établies.

Il ne serait pas exact de dire, même en admettant tous les résultats de Toaldo, que chaque changement de phase est accompagné d’un changement de temps ; car la table de la page 521 montrerait que dans les quartiers, terme moyen, on se tromperait une fois sur trois ; dans l’apogée, une fois sur quatre ; dans la pleine Lune et dans le périgée, une fois sur cinq ; dans la nouvelle Lune, une fois sur six.

Ces résultats eux-mêmes ne sauraient être adoptés, puisque l’astronome de Padoue n’a obtenu, je ne puis trop le répéter, les nombres véritablement assez forts qui expriment, suivant lui, les probabilités de changement de temps aux époques des phases lunaires, qu’en étendant l’influence de chaque phase à trois jours pour les quartiers, à quatre, cinq ou six pour la nouvelle et la pleine Lune, pour le périgée et l’apogée. Il est probable qu’en opérant d’une manière analogue sur un jour quelconque de la lunaison, de la semaine ou du mois, on serait arrivé précisément aux mêmes conséquences.

Jusqu’ici, dans l’examen de l’opinion populaire, si généralement répandue, concernant l’influence des phases sur les changements de temps, j’ai emprunté tous mes arguments aux données expérimentales recueillies par les météorologistes ; mais cette opinion, je crois, pourrait être combattue à priori, avec beaucaup d’avantages. Le lecteur, au reste, va en juger.

La Lune ne saurait agir sur la Terre que de l’une de ces manières : par voie d’attraction, par la lumière qu’elle réfléchit, par des émanations obscures, électriques, magnétiques ou d’une nature encore inconnue.

L’attraction lunaire soulève deux fois en vingt-quatre heures la masse liquide de l’Océan. Il est donc naturel de supposer qu’elle produira quelque effet analogue sur notre atmosphère. La difficulté d’assigner exactement par la théorie la quantité numérique très-petite de cet effet (chap. xxxvi), ne doit pas empêcher de reconnaître qu’il existe. On peut même affirmer que sa valeur sera toujours la même pour des positions semblables de la Lune et de la Terre.

Cela posé, admettons un moment qu’on puisse généraliser les résultats obtenus à Viviers (Ardèche), par Flaugergues, pour 20 années d’observations barométriques comprises entre le 19 octobre 1808 et le 18 octobre 1828. Flaugergues a discuté les seules observations de midi, afin que, tout étant constamment égal par rapport au Soleil, il ne restât dans les moyennes que les effets dépendants de la Lune. Il a donné la table suivante pour les hauteurs moyennes du baromètre réduites à la température de la glace fondante :

  mill.
Nouvelle Lune 
755,48
Premier octant 
755,44
Premier quartier 
755,40
Deuxième octant 
754,79
Pleine Lune 
755,30
Troisième octant 
755,69
Second quartier 
756,23
Quatrième octant 
755,50

En nous rapprochant de ces résultats, nous dirons qu’à l’époque du premier quartier et par l’effet de l’action lunaire, la pression atmosphérique est en voie de diminution, ou, ce qui est la même chose, que la hauteur du baromètre décroit ; que la pleine Lune produit un effet inverse, ou une marche ascensionnelle du mercure ; que le jour du second quartier est marqué par un mouvement descendant du baromètre ; qu’enfin cet instrument est stationnaire le jour de la nouvelle Lune. Eh bien, qu’en pourra-t-il résulter sur le temps ? Pour peu qu’on se rappelle qu’en général le temps marche au beau quand le baromètre monte, que la pluie ne tarde pas d’arriver quand il baisse, on répondra sans hésiter :

Qu’au premier quartier, le temps se gâtera ;

Qu’à la pleine Lune il s’améliorera ;

Qu’au second quartier il se gâtera de nouveau ;

Qu’à la nouvelle Lune il ne changera pas.

Mais ce n’est pas ainsi que Toaldo, que ses adhérents, entendent l’action lunaire. Suivant eux, cette action amène un changement ; suivant eux, chaque phase fait succéder la pluie au temps serein et le temps serein à la pluie.

Une telle théorie ne pourrait donc se concilier avec les oscillations barométriques que l’action de la Lune engendrerait. Ces oscillations, il faut le répéter, seraient constamment de même signe dans les positions analogues de la Lune, de la Terre et du Soleil. Il y aurait, par exemple, en vertu de l’action lunaire, augmentation de pression atmosphérique chaque fois que la Lune arriverait à son plein ; or, cette augmentation qui, dans les baromètres à cadran, se manifeste nécessairement par un mouvement de l’aiguille vers le mot beau, devrait cependant, si le temps était déjà serein, amener la pluie : cela est évidemment absurde. Les changements de temps, aux époques des phases lunaires, en les

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supposant réels, ne sauraient donc être attribués à l’action de notre satellite.

L’attraction une fois éliminée, il resterait, pour expliquer les phénomènes, les émanations lumineuses ou obscures de la Lune. Ici le champ des conjectures est immense. Je dois seulement faire remarquer qu’on ne pourra rien tirer de cette hypothèse, sans admettre d’emblée que la matière lancée de la Lune vers la Terre, a la propriété d’embrumer une atmosphère sereine et d’éclaircir une atmosphère nuageuse, car c’est un changement de temps dont il faut rendre raison. J’oserais même affirmer que tout le monde reculera devant une pareille supposition, si je ne me rappelais cette remarque de Cicéron, « qu’il n’est rien de si absurde que les philosophes ne soient disposés à le soutenir. »

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CHAPITRE XL

marées atmosphériques


Howard trouva, par les observations de Londres, de 1787 à 1796 inclusivement, les hauteurs barométriques suivantes :

  mill.
Nouvelle Lune 
756,779
Premier quartier 
759,218
Pleine Lune 
756,424
Deuxième quartier 
758,989

À Londres, l’ordre des hauteurs est donc celui-ci : premier quartier ; deuxième quartier ; nouvelle Lune ; pleine Lune.