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Autres balades (Christine de Pisan)/XLIX

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XLIX


Trop hardement et grant presumpcion
Aucuns instruit a oser diffamer
Les plus souvrains, faignant entencion
Juste et loyal, disant qu’on puet blasmer[1]
Tout viccieux, maudire et non amer ;
Mais l’inutille
Parolle qui puet mettre en une ville
Noise et contens, traÿson et deffait,[2]
Destruccion en contrée fertille ;[3]
Je dis que c’est pechié a qui le fait.

Pour ceulx le di, qui, par destraccion,
Osent blasmer princes, pour enflamer[4]
Puepple contre eulx par grief commossion,
Et les osent, ours, lyons, loups nommer,
Et fiers tirans les fleurs qu’on sieult clamer
Lis trés nobille,

Pilliers de foy, sousteneurs d’euvangille ;
Pour les flatter ne le dis ; mais deffait[5]
Dont puet venir esclande a plus de mille ;
Je dis que c’est pechié a qui le fait.

Sy ne faites, bons François, mencion,
Que vous ayés tirans fiers plains d’amer ;
Laissiez parler a autre nacion ;
Car ne sçavés qu’est tirant, et semer
Souffrez a tort telz diz, ne mesamer
Voz souvrains qui le[6]
Sueffrent de leur doulceur, c’est chose ville
De soustenir contre eulx si grant tort fait,
Et de ditter balades de tel stille,
Je dis que c’est pechié a qui le fait.

Princes poissans, criminelle ou civille
Vengeance pour telz diz en voz cuers n’ait ;
Car qui glaiv’e contre son puepple afille,
Je dis que c’est pechié a qui le fait.

  1. XLIX. — 4 A2 que on — A2 q. doit b.
  2. — 8 premier et manque dans A2
  3. — 9 A2 Rébellion
  4. — 12 A2 Vont diffamant p.
  5. XLIX. — 18 A1 m. meffait
  6. — 26 A souverains