Barzaz Breiz/1846/La Meunière de Pontaro/Bilingue
La Meunière de Pontaro
XI
LA MEUNIÈRE DE PONTARO.
( Dialecte de haute Cornouaille. )
A Bannalec il y a un beau pardon, où l’on vole les jolies filles.
C’est là qu’on voit les jeunes gens sur de grands chevaux enharnachés. Avec des plumes à leurs chapeaux, pour séduire les jeunes filles. Guillaouik le petit bossu est bien affligé ; sa jolie Fantik, il l’a perdue. — Petit tailleur, consolez-vous, votre jolie Fantik n’est point perdue. Elle est là-bas au moulin de Pontaro, en compagnie du jeune baron. — Toc, toc, toc ! ô meunier, ramène-moi ma douce Fantik ! — Je n’ai vu votre douce Fanchon, qu’une seule fois, au moulin du baron, Qu’une fois, ici près du pont, avec une petite rose sur le cœur, |
Et une coiffe plus blanche que neige, que vous ne lui avez pas donnée, Et un corset de velours noir, galonné d’argent blanc ; Elle avait au bras une corbeille, pleine de fruits, si dorés et si beaux ! De fruits du jardin du manoir, ô tailleur! avec de fines fleurs par-dessus. Et elle se mirait dans la rivière, et vraiment elle n’était ni laide ni à dédaigner ! Et elle ne faisait que chanter : — Je voudrais être meunière ; Je voudrais bien être meunière, meunière du jeune baron. — — Meunier, ne vous moquez pas de moi ; rendez-moi ma jolie Fantik. — Quand vous me donneriez cinq cents écus, vous n’auriez point votre Fantik, Vous n’aurez point votre Fanchon ; elle restera dans le moulin du baron ; Votre Fantik point vous n’aurez : je lui ai mis mon anneau au doigt ; Elle restera dans le moulin du seigneur Hévin qui est un parfait chrétien d’homme ! — Que les garçons meuniers sont fort gais! ils ne faisaient plus que chanter ; Ils chantaient et sifflaient toujours : |
Des crêpes et du beurre, c’est bon, et un peu du sac à farine de chacun ; Et un peu du sac de chacun, et des jolies filles aussi !
Et mon moulin tourne,
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