Beautés de la poésie anglaise/La Roue des Fleurs

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Traduction par François Chatelain.
Beautés de la poésie anglaiseRolandivolume 1 (p. 31-33).


La Roue des Fleurs.


« Chaque fleur sur la terre joue,
Et sur le jour, le mois glisse gaîment sa roue. »

Vieille chanson.


Sur la terre les Fleurs quand vient leur jour de noce
Savant se pavaner toutes dans leur caresse,
Et tout d’abord d’une entière blancheur,
Dès le jour de la Chandeleur,
Bravant les vents et leur cortège,
Surgit la tendre Parce-neige,
Tandis que le Glaucus fier de son manteau d’or,
Rapidement prend son essor
Pour aller en conter à sa gente Glycère,
À la naïve Primevère
Qui fleurit le matin
Du jour de la Saint Valentin.
Puis vient doucement l’Asphodèle
À côté du Cresson des prés,
Non loin de cette fête où chaque cœur fidèle
À Notre Dame vient présenter ses souhaits ;
Puis pour Saint George alors qu’il est de l’étiquette
De ne porter rien que du bleu,
Du soleil sous le feu
Bleuit soudain la gentille Clochette ;
De même que le jour dit de la Sainte Croix,
Le trois mai, se gaudit la Renoncule aux bois.
À la Saint Barnabé, des jours le jour de fête,
Où le jour sur la nuit vient asseoir sa conquête,
Dans le foin, humblement, fleurit sous le ciel bleu
L’Œillet de Dieu.
Orgueil du jardinier en son genre un artiste,
Fleurit vers la Saint Jean Baptiste
Noble Jérusalem ta magnifique Croix
Portant et l’écarlate et la pourpre des Rois.

Vers le temps où Swithin des saints le plus humide
Sur nous verse son urne et bien souvent la vide,
Trône le Lis, le Roi des fleurs ;
Et fiers de leurs rouges couleurs
s’élance des Pavots l’élite,
De vertu rappelant un noble parangon,
Le sang de l’infernal dragon
Verse par Sainte Marguerite.
Lors pimpante et coquette à tout donnant le ton,
La Rose sort de son bouton,
Devant les passants rougissante,
Pour Madeleine… repentante,
Jusqu’au jour où (je ne dis pas des riens),
L’on fête Saint Pierre-ès-liens,
Quand le long blé de quelqu’éclat qu’il brille
N’en sent pas moins trop fort la Camomille.
Quand Marie ici bas nous a fait ses adieux,
Virginale, fleurit la blanche Clématite ;
Cependant que du haut des cieux
Pour Saint Barthélemy le soleil radieux
En guise d’eau bénite,
Verse ses rayons d’or brûlant de mille feux.
Doucettement après quand de la couleur d’ambre
Se pare le soleil, au début de Septembre,
Pour rappeler à notre attention
De la Croix l’Exaltation,
Fleurit la sainte fleur dont le noble calice
Contient les instruments de l’auguste supplice,
La fleur du Christ et de la Passion.
Sous un amas de morts sortant de sa guérite
Trône et fleurit la Reine Marguerite,
C’est le damier enfant du ciel
Qui sur la terre vient pour fêter Saint Michel,
Et reste debout et vivace
De Dieu certes de par la grâce,
Jusqu’à Saint Jude et Saint Simon
Qui d’octobre tous deux enrayent le timon ;

Hormis les Champignons et des Fungi la race
Qui sortent de la terre, et par chaque crévasse,
Innombrables tous les matins,
Pour fêter… Tous les Saints !
Bientôt ou ne voit plus lorsque point Catherine
Aucune fleur,
Mais bien le vert Laurier,—le laurier du vainqueur,
Qui sur un front savant fascine !
Et puis encor les grains et du Lierre et du Houx
Qui semblent dire : « Enfants ! amusez-vous !
Du gai Noël voici venir la bûche,
Sortez l’ale du muid et le pain de la huche,
Du monde entier buvons la santé vertu choux ! »