Bible Crampon 1923/Tite

La bibliothèque libre.
Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..



Chapitre   1.   2.   3.   Livres

Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1696[modifier]

ÉPÎTRE A TITE.



PRÉAMBULE.


Adresse et salutation (I, 1 — 4.)

Paul, serviteur de Dieu et apôtre de Jésus-Christ pour prêcher la foi aux élus de Dieu et faire connaître la vérité qui conduit à la piété, 2et donne l’espérance de la vie éternelle, promise dès les plus anciens temps par le Dieu qui ne ment point, 3et qui a manifesté sa parole en son temps par la prédication qui m’a été confiée d’après l’ordre de Dieu, notre Sauveur, — 4à Tite, mon véritable enfant[1] en la foi qui nous est commune, grâce et paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Sauveur.

I. INSTRUCTIONS CONCERNANT D’ORGANISATION DE L’ÉGLISE DE CRÈTE DANS LES CIRCONSTANCES PRÉSENTES.

Chap. i, 5-16 : Instructions concernant cette Eglise dans son ensemble. — Le choix des évêques (5-9). Leur devoir de défendre l’Eglise de Crète contre certains docteurs judaïsants (10-16).

5Je t’ai laissé en Crète afin que tu achèves de tout organiser, et que, selon les instructions que je t’ai données, tu établisses des Anciens dans chaque ville. 6Que le sujet soit d’une réputation intacte, mari d’une seule femme, dont les enfants soient fidèles, et ne passent point pour être débauchés ou insoumis. 7Car il faut que l’évêque soit irréprochable, en qualité d’administrateur de la maison de Dieu ; qu’il ne soit ni arrogant, ni colère, ni adonné au vin, ni enclin à frapper, ni porté à un gain sordide ; 8mais qu’il soit hospitalier, zélé pour le bien, circonspect, juste, saint, maître de ses passions, 9fermement attaché à la doctrine, qui lui a été enseignée, afin d’être en état d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter ceux qui la contredisent.[2] 10Car il y a, surtout parmi les circoncis, bien des gens insubordonnés, vains discoureurs et séducteurs des âmes. 11Il faut fermer la bouche à ces gens-là qui bouleversent des familles entières, et qui enseignent, pour un vil intérêt, ce qu’on ne doit pas enseigner. 12Un de leurs compatriotes[3], un prophète à eux, a dit : “Crétois toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux.” 13Ce témoignage est vrai. C’est pourquoi reprends-les sévèrement, afin qu’ils aient une foi saine, 14et qu’ils ne prêtent pas l’oreille à des fables[4] judaïques et aux prescriptions de gens qui se détournent de la vérité. 15Tout est pur pour ceux qui sont purs ; mais pour ceux qui sont souillés et incrédules rien n’est pur ; au contraire, leur esprit est souillé, ainsi que leur conscience. 16Ils font profession de connaître Dieu, et ils le renient par leurs actes, abominables qu’ils sont, rebelles et incapables de toute bonne œuvre.[5]


II. CONSEILS SUR LA DIRECTION DE L’ÉGLISE DE CRÈTE.

1. Chap. ii : Conduite à exiger des différentes classes de la communauté — Des hommes âgés (1-2) ; des femmes âgées (3-5) ; des jeunes gens (6-8) ; des esclaves (9-10). La grâce de Dieu manifestée dans le Christ, motif de vie parfaite (11-15).

Pour toi, tiens un langage conforme à la saine doctrine. 2Dis aux vieillards d’être sobres, graves, circonspects, sains dans la foi, dans la charité, dans la patience ; 3pareillement aux femmes âgées de faire paraître une sainte modestie dans leur tenue ; de n’être ni médisantes, ni sujettes aux excès du vin ; mais sages conseillères, 4capables d’apprendre aux jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants ; 5à être retenues, chastes,

Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1697[modifier]

occupées aux soins domestiques, bonnes, soumises chacune à son mari, afin que la parole de Dieu ne soit exposée à aucun blâme. 6Exhorte de même les jeunes gens à être sages, 7te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres, mettant dans ton enseignement de la pureté, de la gravité, 8une parole saine et irréprochable, afin de confondre nos adversaires qui n’auront aucun mal à dire de nous. 9Aux esclaves, recommande d’être soumis à leurs maîtres, de leur complaire en toutes choses, de ne pas les contredire, 10de ne rien détourner, mais de montrer toujours une fidélité parfaite, afin de faire honneur en toutes choses à la doctrine de Dieu, notre Sauveur. 11Car elle s’est manifestée la grâce de Dieu, source de salut[6] pour tous les hommes ; 12elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent avec tempérance, justice et piété, 13en attendant la bienheureuse espérance et l’apparition glorieuse de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ,[7] 14qui s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire, en nous purifiant, un peuple qui lui appartienne, et qui soit zélé pour les bonnes œuvres. 15Voilà ce que tu dois prêcher, recommander et revendiquer avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise.

2. Chap. iii, 1-11 : Avis généraux. — Obéissance aux princes, charité et douceur, à l’égard du prochain (1-3) ; motif, la bonté de Dieu (4-7). Eviter les discussions inutiles et les hérétiques (8-11).

3. Rappelle aux fidèles le devoir d’être soumis aux magistrats et aux autorités, de leur obéir, d’être prêts à toute bonne œuvre, 2de ne dire du mal de personne, d’éviter les contestations, mais d’être condescendants, et de témoigner la plus grande douceur à l’égard de tous les hommes. 3Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, indociles, égarés, esclaves de toutes sortes de convoitises et de jouissances, vivant dans la malignité et l’envie, dignes de haine, et nous haïssant les uns les autres. 4Mais lorsque Dieu notre Sauveur a fait paraître sa bonté et son amour pour les hommes,[8] 5il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous faisions, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit,[9] 6qu’il a répandu sur nous largement par Jésus-Christ notre Sauveur, 7afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers de la vie éternelle selon notre espérance. 8C’est là une parole certaine, et je désire que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui croient en Dieu s’appliquent à être les premiers dans la pratique des bonnes œuvres. C’est ce qui est bon et utile aux hommes. 9Quant aux questions folles, aux généalogies, aux querelles, aux disputes relatives à la Loi, évite-les, car elles sont inutiles et vaines.[10] 10Pour celui qui fomente des divisions, après un premier et un second avertissement, éloigne-le de toi, 11sachant qu’un tel homme est entièrement perverti, et qu’il est un pécheur condamné de son propre jugement.

CONCLUSION.

Recommandations particulières ; salutations (12-15).

12Lorsque je t’aurai envoyé Artémas ou Tychique, hâte-toi de venir me rejoindre à Nicopolis, car j’ai résolu d’y passer l’hiver. 13Pourvois avec soin au voyage de Zénas[11], le docteur de la loi, et d’Apollos, en sorte que rien ne leur manque. 14De plus que les nôtres aussi apprennent à se porter aux bonnes œuvres, de manière à subvenir aux besoins urgents, afin qu’ils ne soient pas sans fruits. 15Tous ceux qui sont avec moi te saluent ; salue ceux qui nous aiment dans la foi.

Que la grâce[12] soit avec vous tous. Amen !

  1. I, 4. Enfant véritable, dont la filiation spirituelle est démontrée par son attachement à la pure doctrine de Paul. Vulg. bienaimé.
  2. II, 9. Comp. Eph. vi, 5 sv. ; Col. iii, 22 sv. I Tim. vi, 1 sv. ; I Pier. ii, 18.
  3. 12. Un de leurs compatriotes, un Crétois, leur propre prophète : Paul parle dans le sens des païens. Il s’agit du poète et philosophe Epiménide (vie siècle avant J.-C.), auquel on attribue aussi des oracles.
  4. 14. Fables : voy. I Tim. i, 4.
  5. 16. II Tim. iii, 17. — Rebelles : Vulg. incredibiles, qui ne veulent pas croire, suivant la signification du grec xxxx.
  6. 11. Source de salut, en grec xxxx. La Vulgate traduit comme si elle avait lu xxxx : la grâce de Dieu notre Sauveur (par J.-C.) a été manifestée à tous les hommes. Cette grâce c’est l’incarnation du Verbe.
  7. 13. Et l’apparition, c’est-à-dire, le retour glorieux de Jésus. C’est à lui que l’Apôtre donne le titre de grand Dieu et Sauveur. En effet, dans le texte grec l’article est unique et il est placé devant les deux substantifs : xxxxx. Si S. Paul avait voulu parler de Dieu le Père, il aurait répété l’article devant xxxxx. De plus xxxxx n’est jamais attribuée à Dieu le Père. Cette expression signifie le second avènement du Fils de Dieu (comp. I Tim. vi, 14 ; II Tim. iv, I Phil. iii, 20 ; Col. iii, iv ; I Pier. iv, 13).
  8. III, 4. Son amour pour les hommes, gr. xxxxx. L’humanitas de la Vulg. doit être entendue dans le même sens et non pas de la nature humaine de Jésus-Christ.
  9. 5. Comp. Eph. v, 26 ; I Pier. iii, 21.
  10. 9. Comp. i, 14 ; I Tim. i, 7.
  11. 13. Pourvois au voyage ; Vulg., aie soin d’envoyer en avant ; partout ailleurs elle traduit autrement le mot grec (Rom. xv, 24, al.)
  12. 15. Que la grâce ; la Vulg. avec quelques manuscrits grecs ajoute, de Dieu ; d’autres : la grâce du Seigneur.