Bible Sacy/Esther

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche



Chapitres   1.   2.   3.   4.   5.   6.   7.   8.   9.   10.   Livres



ESTHER.
__________



AU temps d’Assuérus, qui a régné depuis les Indes jusqu’à l’Ethiopie, sur cent vingt-sept provinces,

2 lorsqu’il s’assit sur le trône de son royaume, Suse était la capitale de son empire.

3 La troisième année de son règne il fit un festin magnifique à tous les princes de sa cour, à tous ses officiers, aux plus braves d’entre les Perses, aux premiers d’entre les Mèdes, et aux gouverneurs des provinces, étant lui-même présent,

4 pour faire éclater la gloire et les richesses de son empire, et pour montrer la grandeur de sa puissance. Ce festin dura longtemps, ayant été continué pendant cent quatre-vingts jours.

5 Et vers le temps que ce festin finissait, le roi invita tout le peuple qui se trouva dans Suse, depuis le plus grand jusqu’au plus petit. Il commanda qu’on préparât un festin pendant sept jours dans le vestibule de son jardin, et du bois qui avait été planté de la main des rois avec une magnificence royale.

6 On avait tendu de tous côtés des voiles de couleur de bleu céleste, de blanc et d’hyacinthe, qui étaient soutenus par des cordons de fin lin teints en écarlate, qui étaient passés dans des anneaux d’ivoire, et attachés à des colonnes de marbre. Des lits d’or et d’argent étaient rangés en ordre sur un pavé de porphyre et de marbre blanc, qui était embelli de plusieurs figures avec une admirable variété.

7 Ceux qui avaient été invités à ce festin, buvaient en des vases d’or, et les viandes étaient servies dans des bassins tous différents les uns des autres. On y présentait aussi du plus excellent vin, et en grande abondance, comme il était digne de la magnificence royale.

8 Nul ne contraignait à boire ceux qui ne le voulaient pas; mais le roi avait ordonné que l’un des grands de sa cour fût assis à chaque table, afin que chacun prît ce qu’il lui plairait.

9 La reine Vasthi fit aussi un festin aux femmes dans le palais où le roi Assuérus avait accoutume de demeurer.

10 Le septième jour, lorsque le roi était plus gai qu’à l’ordinaire, et dans la chaleur du vin qu’il avait bu avec excès, il commanda à Maiiman, Bazatha, Harbona, Bagatha, Abgatha, Zétliar et Charchas, qui étaient les sept eunuques officiers ordinaires du roi Assuérus,

11 de faire venir devant le roi la reine Vasthi, avec le diadème en tête, pour faire voir sa beauté à tous ses peuples et aux premières personnes de sa cour, parce qu’elle était extrêmement belle.

12 Mais elle refusa d’obéir, et dédaigna de venir selon le commandement que le roi lui en avait fait faire par ses eunuques. Assuérus entra donc en colère, et étant transporté de fureur,

13 il consulta les sages qui étaient toujours près de sa personne, selon la coutume ordinaire à tous les rois : par le conseil desquels il faisait toutes choses, parce qu’ils savaient les lois et les ordonnances anciennes.

14 Or entre ces sages les premiers et les plus proches du roi étaient Charséna, Séthar, Admatha, Tharsis, Mares, Marsana et Mamuchan, qui étaient les sept principaux seigneurs des Perses et des Mèdes, qui voyaient toujours le visage du roi, et qui avaient accoutumé de s’asseoir les premiers après lui.

15 le roi leur demanda donc quelle peine méritait la reine Vasthi, qui n’avait point obéi au commandement que le roi lui avait fait faire par ses eunuques.

16 Mamuchan répondit en présence du roi et des premiers de sa cour : La reine Vasthi n’a pas seulement offensé le roi, mais encore tous les peuples et tous les grands seigneurs qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus.

17 Car cette conduite de la reine étant sue de toutes les femmes, leur apprendra à mépriser leurs maris en disant : Le roi Assuérus a commandé à la reine Vasthi de venir se présenter devant lui, et elle n’a point voulu lui obéir.

18 Et à son imitation les femmes de tous les grands seigneurs des Perses et des Mèdes mépriseront les commandements de leurs maris. Ainsi la colère du roi est très-juste.

19 Si donc vous l’agréez, qu’il se fasse un édit par votre ordre, et qu’il soit écrit, selon la loi des Perses et des Mèdes qu’il n’est pas permis de violer, que la reine Vasthi ne se présentera plus devant le roi ; mais que sa couronne sera donnée à une autre qui en sera plus digne qu’elle :

20 et que cet édit soit public dans toute l’étendue des provinces de votre empire, afin que toutes les femmes, tant des grands que des petits, rendent à leurs maris l’honneur qu’elles leur doivent.

21 Le conseil de Mamuchan plut au roi et aux grands de sa cour ; et pour exécuter ce qu’il lui avait conseille,

22 il envoya des lettres à toutes les provinces de son royaume en diverses langues, selon qu’elles pouvaient être lues et entendues par les peuples différents de son royaume, afin que les maris eussent tout le pouvoir et toute l’autorité chacun dans sa maison, et que cet édit fût publié parmi tous les peuples.



CES choses s’étant passées de la sorte, lorsque la colère du roi Assuérus fut adoucie, il se ressouvint de Vasthi, et de ce qu’elle avait fait, et de ce qu’elle avait souffert.

2 Alors les serviteurs et les officiers du roi lui dirent : Qu’on cherche pour le roi des filles qui soient vierges et belles,

3 et qu’on envoie dans toutes les provinces des gens qui considèrent les plus belles d’entre les jeunes filles qui sont vierges, pour les amener dans la ville de Suse, et les mettre dans le palais des femmes sous la conduite de l’eunuque Egée, qui a soin de garder les femmes du roi : là on leur donnera tout ce qui leur est nécessaire, tant pour leur parure que pour les autres besoins ;

4 et celle qui plaira davantage aux yeux du roi, sera reine à la place de Vasthi. Cet avis plut au roi, et il leur commanda de faire ce qu’ils lui avaient conseillé.

5 Il y avait alors dans la ville de Suse un homme Juif, nommé Mardochée, fils de Jaïr, fils de Seméi, fils de Cis, de la race de Jémini,

6 qui avait été transféré de Jérusalem au temps où Nabuchodonosor, roi de Babylone, y avait fait amener Jéchonias, roi de Juda.

7 Il avait élevé auprès de lui la fille de son frère, nommée Edisse, qui s’appelait autrement Esther : elle avait perdu son père et sa mère. Elle était parfaitement belle, et elle avait tout à fait bonne grâce. Son père et sa mère étant morts, Mardochée l’avait adoptée pour sa fille.

8 Cette ordonnance du roi ayant donc été répandue partout, lorsqu’on amenait à Suse plusieurs filles très-belles, et qu’on les mettait entre les mains de l’eunuque Egée, on lui amena aussi Esther entre les autres, afin qu’elle fût gardée avec les femmes destinées pour le roi.

9 Esther lui plut, et trouva grâce devant lui. C’est pourquoi il commanda à un eunuque de se hâter de lui préparer tous ses ornements, et de lui donner tout ce qui devait lui appartenir selon son rang, avec sept filles parfaitement belles de la maison du roi pour la servir, et d’avoir grand soin de tout ce qui pouvait contribuer à la parer et à l’embellir, elle et ses filles.

10 Esther ne voulut point lui dire de quel pays et de quelle nation elle était, parce que Mardochée lui avait ordonné de tenir cela très-secret.

11 Il se promenait tous les jours devant le vestibule de la maison où étaient gardées les vierges choisies, se mettant en peine de l’état d’Esther, et voulant savoir ce qui lui arriverait.

12 Lorsque le temps de ces filles était venu, elles étaient présentées au roi en leur rang, après avoir fait tout ce qui était nécessaire pour se parer, et se rendre plus agréables pendant l’espace de douze mois, se servant pour cela pendant les six premiers mois d’une onction d’huile de myrrhe, et pendant les six autres de parfums et d’aromates.

13 Lorsqu’elles allaient trouver le roi, on leur donnait tout ce qu’elles demandaient pour se parer, et elles passaient de la chambre des femmes à celle du roi avec tous les ornements qu’elles avaient désirés.

14 Celle qui était entrée au soir en sortait le matin, et elle était conduite de là dans un autre appartement, où demeuraient les concubines du roi, dont Susagazi, eunuque, avait soin ; et elle ne pouvait plus de nouveau se présenter devant le roi, à moins que lui-même ne le voulût, et qu’il ne l’eût commandé expressément en la nommant par son nom.

15 Après donc qu’il se fut passé du temps, le jour vint auquel Esther, fille d’Abihaïl, frère de Mardochée, et que Mardochée avait adoptée pour sa fille, devait être présentée au roi en son rang. Elle ne demanda rien pour se parer ; mais Egée, eunuque, qui avait le soin de ces filles, lui donna pour cela tout ce qu’il voulut. Car elle était parfaitement bien faite, et son incroyable beauté la rendait aimable et agréable à tous ceux qui la voyaient.

16 Elle fut donc menée à la chambre du roi Assuérus, au dixième mois, appelé Tébeth, la septième année de son règne.

17 Le roi l’aima plus que toutes ses autres femmes, et elle s’acquit dans son cœur et dans son esprit une considération plus grande que toutes les autres. Il lui mit sur la tête le diadème royal, et il la fit reine en la place de Vasthi.

18 Et le roi commanda qu’on fît un festin très-magnifique à tous les grands de sa cour, et à tous ses serviteurs, pour le mariage et les noces d’Esther. Il soulagea les peuples de toutes les provinces, et il fit des dons dignes de la magnificence d’un si grand prince.

19 Et tant qu’on chercha des filles pour le second mariage du roi, et qu’on les assemblait en un même lieu, Mardochée demeura toujours à la porte du roi.

20 Esther n’avait point encore découvert ni son pays ni son peuple, selon l’ordre que Mardochée lui en avait donné. Car Esther observait tout ce qu’il lui ordonnait, et elle faisait toutes choses en ce temps-là par son avis, de même que lorsqu’il la nourrissait auprès de lui étant encore toute petite.

21 Lors donc que Mardochée demeurait à la porte du roi, Bagathan et Tharès, deux de ses eunuques qui commandaient à la première entrée du palais, ayant conçu quelque mécontentement contre le roi, entreprirent d’attenter sur sa personne, et de le tuer.

22 Mais Mardochée ayant découvert leur dessein, en avertit aussitôt la reine Esther. La reine en avertit le roi au nom de Mardochée, dont elle avait reçu l’avis.

23 On en fit informer aussitôt, et l’avis ayant été trouvé véritable, l’un et l’autre fut pendu : et tout ceci fut écrit dans les histoires, et marqué dans les Annales sous les yeux du roi.



APRÈS cela le roi Assuérus éleva Aman, fils d’Amadath, qui était de la race d’Agag ; et le trône sur lequel il le fit asseoir, était au-dessus de tous les princes qu’il avait près de sa personne.

2 Et tous les serviteurs du roi qui étaient à la porte du palais, fléchissaient le genou devant Aman et l’adoraient, parce que l’empereur le leur avait commandé. Il n’y avait que Mardochée qui ne fléchissait point le genou devant lui, et ne l’adorait point ;

3 et les serviteurs du roi qui commandaient à la porte du palais, lui dirent : Pourquoi n’obéissez-vous point au commandement du roi, comme tous les autres ?

4 Et après lui avoir dit cela fort souvent, voyant qu’il ne voulait point les écouter, ils en avertirent Aman, voulant savoir s’il demeurerait toujours dans cette résolution, parce qu’il leur avait dit qu’il était Juif.

5 Aman ayant reçu cet avis, et ayant reconnu par expérience que Mardochée ne fléchissait point le genou devant lui, et ne l’adorait point, entra dans une grande colère.

6 Mais il compta pour rien de se venger seulement de Mardochée ; et ayant su qu’il était Juif, il aima mieux entreprendre de perdre toute la nation des Juifs qui étaient dans le royaume d’Assuérus.

7 La douzième année du règne d’Assuérus, au premier mois, appelé Nisan, le sort qui s’appelle en hébreu Phur, fut jeté dans l’urne devant Aman, pour savoir en quel mois et en quel jour on devait faire tuer toute la nation juive, et le sort tomba sur le douzième mois, appelé Adar.

8 Alors Aman dit au roi Assuérus : Il y a un peuple dispersé par toutes les provinces de votre royaume, gens qui sont séparés les uns des autres, qui ont des lois et des cérémonies toutes nouvelles, et qui de plus méprisent les ordonnances du roi. Et vous savez fort bien qu’il est de l’intérêt de votre royaume de ne souffrir pas que la licence le rende encore plus insolent.

9 Ordonnez donc, s’il vous plaît, qu’il périsse, et je payerai aux trésoriers de votre épargne dix mille talents d’argent.

10 Alors le roi tira de son doigt l’anneau dont il avait accoutumé de se servir, et le donna à Aman, fils d’Amadath, de la race d’Agag, ennemi des Juifs,

11 et lui dit : Gardez pour vous l’argent que vous m’offrez ; et pour ce qui est de ce peuple, faites-en ce qu’il vous plaira.

12 Au premier mois, appelé Nisan, le treizième jour du même mois, on fit venir les secrétaires du roi, et l’on écrivit au nom du roi Assuérus, en la manière qu’Aman l’avait commandé, à tous les satrapes du roi, aux juges des provinces et des diverses nations, en autant de langues différentes qu’il était nécessaire pour pouvoir être lues et entendues de chaque peuple ; et les lettres furent scellées de l’anneau du roi,

13 et envoyées par les courriers du roi dans toutes les provinces : afin qu’on tuât et qu’on exterminât tous les Juifs, depuis les plus jeunes jusqu’aux plus vieux, jusqu’aux femmes et aux petits enfants, en un même jour, c’est-à-dire, le treizième jour du douzième mois, appelé Adar, et qu’on pillât tous leurs biens.

14 C’est ce que contenaient ces lettres du roi, afin que toutes les provinces sussent son intention, et qu’elles se tinssent prêtes pour ce même jour.

15 Les courriers envoyés par le roi allaient en grande hâte de tous côtés pour exécuter ses ordres. Aussitôt cet édit fut affiché dans Suse, dans le même temps que le roi et Aman faisaient festin, et que tous les Juifs qui étaient dans la ville fondaient en larmes.



MARDOCHÉE ayant appris ceci, déchira ses vêtements, se revêtit d’un sac, et se couvrit la tête de cendres ; et jetant de grands cris au milieu de la place de la ville, il faisait éclater l’amertume de son cœur.

2 Il vint donc en se lamentant jusqu’à la porte du palais : car il n’était pas permis d’entrer revêtu d’un sac dans le palais du roi.

3 Dans toutes les provinces et les villes, et dans tous les lieux où ce cruel édit du roi avait été envové, les Juifs faisaient paraître une extrême affliction par les jeûnes, les cris et les larmes, plusieurs se servant de sac et de cendre au lieu de lit.

4 En même temps les filles d’Esther et ses eunuques vinrent lui en apporter la nouvelle. Et elle fut toute consternée en l’apprenant : elle envoya une robe à Mardochée, afin qu’il la mît au lieu du sac dont il était revêtu ; mais il ne voulut point la recevoir.

5 Elle appela donc Athach, eunuque que le roi lui avait donné pour la servir, et lui commanda d’aller trouver Mardochée, et de savoir de lui pourquoi il faisait tout cela.

6 Athach alla aussitôt vers Mardochée, qui était dans la place de la ville devant la porte du palais.

7 Et Mardochée lui découvrit tout ce qui était arrivé, et de quelle sorte Aman avait promis de mettre beaucoup d’argent dans les trésors du roi pour le massacre des Juifs.

8 Il lui donna aussi une copie de l’édit qui était affiché dans Suse, pour la faire voir à la reine, et pour l’avertir d’aller trouver le roi, afin d’intercéder pour son peuple.

9 Athach étant retourné, rapporta à Esther tout ce que Mardochée lui avait dit.

10 Esther pour réponse lui ordonna de dire ceci à Mardochée :

11 Tous les serviteurs du roi, et toutes les provinces de son empire, savent que qui que ce soit, homme ou femme, qui entre dans la salle intérieure du roi sans y avoir été appelé par son ordre, est mis à mort infailliblement à la même heure, à moins que le roi n’étende vers lui son sceptre d’or, pour marque de clémence, et qu’il lui sauve ainsi la vie. Comment donc puis-je maintenant aller trouver le roi ; puisqu’il y a déjà trente jours qu’il ne m’a point fait appeler ?

12 Mardochée ayant entendu cette réponse,

13 envoya encore dire ceci à Esther : Ne croyez pas qu’à cause que vous êtes dans la maison du roi, vous pourriez sauver seule votre vie, si tous les Juifs périssaient.

14 Car si vous demeurez maintenant dans le silence, Dieu trouvera quelque autre moyen pour délivrer les Juifs, et vous périrez, vous et la maison de votre père. Et qui sait si ce n’est point pour cela même que vous avez été élevée à la dignité royale, afin d’être en état d’agir dans une occasion comme celle-ci ?

15 Esther envoya faire cette réponse à Mardochée :

16 Allez, assemblez tous les Juifs que vous trouverez dans Suse, et priez tous pour moi. Passez trois jours et trois nuits sans manger ni boire, et je jeûnerai de même avec les filles qui me servent ; et après cela j’irai trouver le roi contre la loi qui le défend, et sans y être appelée, en m’abandonnant au péril et à la mort.

17 Mardochée alla aussitôt exécuter ce qu’Esther lui avait ordonné.



LE troisième jour Esther se vêtit de li ses habits royaux, et s’étant rendue dans la salle intérieure de l’appartement du roi, elle s’arrêta vis-à-vis la chambre du roi. Il était assis sur son trône dans l’alcôve de sa chambre, tout vis-à-vis de la porte même de sa chambre.

2 Et ayant vu paraître la reine Esther, elle plut à ses yeux, et il étendit vers elle le sceptre d’or qu’il avait à la main. Esther s’approchant baisa le bout du sceptre.

3 Et le roi lui dit : Que voulez-vous, reine Esther ? que demandez-vous ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerais.

4 Esther lui répondit : Je supplie le roi de venir aujourd’hui, s’il lui plaît, au festin que je lui ai préparé, et Aman avec lui.

5 Qu’on appelle Aman, dit le roi aussitôt, afin qu’il obéisse à la volonté de la reine. Le roi et Aman vinrent donc au festin que la reine leur avait préparé.

6 Et le roi lui dit après avoir bu beaucoup de vin : Que désirez-vous que je vous donne, et que me demandez-vous ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerais.

7 Esther lui répondit : La demande et la prière que j’ai à faire est,

8 que si j’ai trouvé grâce devant le roi, et s’il lui plaît de m’accorder ce que je demande, et de faire ce que je désire, que le roi vienne encore, et Aman avec lui, au festin que je leur ai préparé, et demain je déclarerai au roi ce que je souhaite.

9 Aman sortit donc ce jour-là fort content et plein de joie ; et ayant vu que Mardochée, qui était assis devant la porte du palais, non-seulement ne s’était pas levé pour lui faire honneur, mais ne s’était pas même remué de la place où il était, il en conçut une grande indignation ;

10 et dissimulant la colère où il était, il retourna chez lui, et fit assembler ses amis avec sa femme Zarès.

11 Et après leur avoir représenté quelle était la grandeur de ses richesses, le grand nombre de ses enfants, et cette haute gloire où le roi l’avait élevé au-dessus de tous les grands de sa cour et de tous ses officiers,

12 il ajouta : La reine Esther n’en a point aussi invité d’autres que moi pour être du festin qu’elle a fait au roi, et je dois encore demain dîner chez elle avec le roi.

13 Mais quoique j’aie tous ces avantages, je croirai n’avoir rien, tant que je verrai le Juif Mardochée demeurer assis devant la porte du palais du roi.

14 Zarès, sa femme, et tous ses amis lui répondirent : Commandez qu’on dresse une potence fort élevée, qui ait cinquante coudées de haut, et dites au roi demain au matin, qu’il y fasse pendre Mardochée : et vous irez ainsi plein de joie au festin avec le roi. Ce conseil lui plut, et il commanda qu’on préparât cette haute potence.



LE roi passa cette nuit-là sans dormir, et il commanda qu’on lui apportât les histoires et les Annales des années précédentes. Et lorsqu’on les lisait devant lui,

2 on tomba sur l’endroit où il était écrit de quelle sorte Mardochée avait donné avis de la conspiration de Bagathan et de Tharès, eunuques, qui avaient voulu assassiner le roi Assuérus.

3 Ce que le roi ayant entendu, il dit : Quel honneur et quelle récompense Mardochée a-t-il reçue pour cette fidélité qu’il m’a témoignée ? Ses serviteurs et ses officiers lui dirent : Il n’en a reçu aucune récompense.

4 Le roi ajouta en même temps : Qui est là dans l’antichambre ? Or Aman était entré dans la salle intérieure de l’appartement du roi pour le prier de commander que Mardochée fût attaché à la potence qu’il lui avait préparée.

5 Ses officiers lui répondirent : Aman est dans l’antichambre. Le roi dit : Qu’il entre.

6 Aman étant entre, le roi lui dit : Que doit-on faire pour honorer un homme que le roi désire de combler d’honneur ? Aman pensant en lui-même, et s’imaginant que le roi n’en voulait point honorer d’autre que lui,

7 lui répondit : Il faut que l’homme que le roi veut honorer,

8 soit vêtu des habits royaux ; qu’il soit monté sur un des chevaux que le roi monte ; qu’il ait le diadème royal sur sa tête,

9 et que le premier des princes et des grands de la cour du roi tienne son cheval par les rènes ; et que marchant devant lui par la place de la ville, il crie : C’est ainsi que sera honoré celui qu’il plaira au roi d’honorer.

10 Le roi lui répondit : Hâtez-vous donc, prenez une robe et un cheval ; et tout ce que vous avez dit, faites-le à Mardochée, Juif, qui est devant la porte du palais. Prenez bien garde de ne rien oublier de tout ce que vous venez de dire.

11 Aman prit donc une robe royale et un cheval ; et ayant revêtu Mardochée de la robe dans la place de la ville, et lui ayant fait monter le cheval, il marchait devant lui, et criait : C’est ainsi que mérite d’être honoré celui qu’il plaira au roi d’honorer.

12 Mardochée revint aussitôt à la porte du palais ; et Aman s’en retourna chez lui en grande hâte, tout affligé, et ayant la tête couverte.

13 Il raconta à Zarès, sa femme, et à ses amis tout ce qui lui était arrivé ; et les sages dont il prenait conseil, et sa femme, lui répondirent : Si ce Mardochée devant lequel vous avez commencé de tomber, est de la race des Juifs, vous ne pourrez lui résister; mais vous tomberez devant lui.

14 Lorsqu’ils lui parlaient encore, les eunuques du roi survinrent, et l’obligèrent de venir aussitôt au festin que la reine avait préparé.



LE roi vint donc, et Aman avec lui, pour boire et manger avec la reine.

2 Et le roi dans la chaleur du vin lui dit encore ce second jour : Que me demandez-vous, Esther ? et que désirez-vous que je fasse ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerais.

3 Esther lui répondit : O roi ! si j’ai trouvé grâce devant vos yeux, je vous conjure de m’accorder, s’il vous plaît, ma propre vie, et celle de mon peuple pour lequel j’implore votre clémence.

4 Car nous avons été livrés, moi et mon peuple, pour être foulés aux pieds, pour être égorgés et exterminés. Et plût à Dieu qu’on nous vendît au moins et hommes et femmes comme des esclaves ! ce mal serait supportable, et je me tairais en me contentant de gémir ; mais maintenant nous avons un ennemi dont la cruauté retombe sur le roi même.

5 Le roi Assuérus lui répondit : Qui est celui-là ? et qui est assez puissant pour oser faire ce que vous dites ?

6 Esther lui répondit : C’est cet Aman que vous voyez, qui est notre cruel adversaire et notre ennemi mortel. Aman entendant ceci demeura tout interdit, ne pouvant supporter les regards ni du roi ni de la reine.

7 Le roi en même temps se leva tout en colère ; et étant sorti du lieu du festin, il entra dans un jardin planté d’arbres. Aman se leva aussi de table, pour supplier la reine Esther de lui sauver la vie, parce qu’il avait bien vu que le roi était résolu de le perdre.

8 Assuérus étant revenu du jardin planté d’arbres, et étant rentré dans le lieu du festin, trouva qu’Aman s’était jeté sur le lit où était Esther, et il dit : Comment ! il veut même faire violence à la reine en ma présence et dans ma maison ! A peine cette parole était sortie de la bouche du roi, qu’on couvrit le visage à Aman.

9 Alors Harbona, l’un des eunuques qui servaient d’ordinaire le roi, lui dit : Il y a une potence de cinquante coudées de haut dans la maison d’Aman, qu’il avait fait préparer pour Mardochée, qui a donné un avis salutaire au roi. Le roi dit : Qu’Aman y soit pendu tout à cette heure.

10 Aman fut donc pendu à la potence qu’il avait préparée à Mardochée. Et la colère du roi s’apaisa.



LE même jour le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d’Aman, ennemi des Juifs, et Mardochée fut présenté au roi. Car Esther lui avait avoué qu’il était son oncle.

2 Et le roi commandant qu’on reprît son anneau qu’Aman avait eu, le donna à Mardochée. Esther fit aussi Mardochée intendant de sa maison.

3 Esther n’étant pas encore contente, alla se jeter aux pieds du roi, et le conjura avec larmes d’arrêter les mauvais effets de l’entreprise pleine de malice qu’Aman, fils d’Agag, avait formée pour perdre les Juifs.

4 Le roi lui tendit son sceptre d’or, pour lui donner, selon la coutume, des marques de sa bonté. Et la reine se levant et se tenant en sa présence,

5 lui dit : S’il plait au roi, si j’ai trouvé grâce devant ses yeux, et si ma prière ne lui paraît pas contraire à ses intentions, je le conjure de vouloir ordonner que les premières lettres d’Aman, ennemi des Juifs, qui ne cherchait qu’à les perdre, par lesquelles il avait commandé qu’on les exterminât dans toutes les provinces du royaume, soient révoquées par de nouvelles lettres du roi.

6 Car comment pourrais-je souffrir la mort et le carnage de tout mon peuple ?

7 Le roi Assuérus répondit à la reine Esther et à Mardochée, Juif : J’ai donné à Esther la maison d’Aman, et j’ai commandé qu’il fût attaché à une croix, parce qu’il avait osé entreprendre de perdre les Juifs.

8 Ecrivez donc aux Juifs, au nom du roi, comme vous le jugerez à propos, et scellez les lettres de mon anneau. Car c’était la coutume que nul n’osait s’opposer aux lettres qui étaient envoyées au nom du roi, et cachetées de son anneau.

9 On fit donc venir aussitôt les secrétaires et les écrivains du roi (c’était alors le troisième mois, appelé Siban) ; et le vingt-troisième de ce même mois les lettres du roi furent écrites en la manière que Mardochée voulut, et adressées aux Juifs, aux grands seigneurs, aux gouverneurs et aux juges qui commandaient aux cent vingt-sept provinces du royaume, depuis les Indes jusqu’en Ethiopie ; elles furent écrites en diverses langues et en divers caractères, selon la diversité des provinces et des peuples, afin qu’elles pussent être lues et entendues de tout le monde ; et celles qui furent adressées aux Juifs, étaient aussi en leur langue et en leur caractère.

10 Ces lettres que l’on envoyait au nom du roi furent cachetées de son anneau, et envoyées par les courriers, afin que courant en diligence par toutes les provinces, ils prévinssent les anciennes lettres par ces nouvelles.

11 Le roi leur commanda en même temps d’aller trouver les Juifs en chaque ville, et de leur ordonner de s’assembler et de se tenir prêts pour défendre leur vie, pour tuer et exterminer leurs ennemis avec leurs femmes, leurs enfants, et toutes leurs maisons, et de piller leurs dépouilles.

12 Et l’on marqua à toutes les provinces un même jour pour la vengeance que les Juifs devaient prendre de leurs ennemis ; savoir, le treizième jour du douzième mois, appelé Adar.

13 C’est ce que contenait la lettre qui fut écrite pour faire savoir dans toutes les provinces et à tous les peuples qui étaient soumis à l’empire du roi Assuérus, que les Juifs étaient prêts à se venger de leurs ennemis.

14 Les courriers partirent aussitôt en grande hâte portant cette lettre, et l’édit du roi fut affiché dans Suse.

15 Mardochée sortant du palais et d’avec le roi, parut dans un grand éclat, portant une robe royale de couleur d’hyacinthe et de blanc, ayant une couronne d’or sur la tête, et un manteau de soie et de pourpre. Toute la ville fut transportée de joie,

16 Et quant aux Juifs, il leur sembla qu’une nouvelle lumière se levait sur eux, à cause de cet honneur, de ces congratulations et de ces réjouissances publiques.

17 Parmi toutes les nations, les provinces et les villes où l’ordonnance du roi était portée, ils étaient dans une joie extraordinaire ; ils faisaient des festins et des jours de fête : jusque-là que plusieurs des autres nations, et qui étaient d’une autre religion qu’eux, embrassèrent leur religion et leurs cérémonies. Car le nom du peuple juif avait rempli tous les esprits d’une très-grande terreur.



AINSI le treizième jour du douzième mois, que nous avons déjà dit auparavant se nommer Adar, lorsque l’on se préparait à tuer tous les Juifs, et que ceux qui étaient leurs ennemis aspiraient à se repaître de leur sang, les Juifs au contraire commencèrent à être les plus forts, et à se venger de leurs adversaires.

2 Ils s’assemblèrent dans toutes les villes, dans tous les bourgs et tous les autres lieux, pour attaquer leurs persécuteurs et leurs ennemis ; et nul n’osait leur résister, parce que la crainte de leur puissance avait saisi tous les peuples.

3 Car les juges des provinces, les gouverneurs et les intendants, et tous ceux qui avaient quelque dignité dans tous les lieux, et qui présidaient sur les ouvrages, relevaient la gloire des Juifs par la crainte qu’ils avaient de Mardochée,

4 qu’ils savaient être grand maître du palais, et avoir beaucoup de pouvoir. Sa réputation croissait aussi de jour en jour, et tout le monde parlait de lui.

5 Les Juifs firent donc un grand carnage de leurs ennemis, et ils les tuèrent, leur rendant le mal qu’ils s’étaient préparés à leur faire.

6 Jusque-là qu’ils tuèrent dans Suse même cinq cents hommes, sans compter les dix fils d’Aman, fils d’Agag, ennemi des Juifs, qu’ils tuèrent aussi, et dont voici les noms :

7 Pharsandatha, Delphon, Esphatha,

8 Phoratha, Adalia, Aridatha,

9 Phermestha, Arisaï, Aridaï et Jézatha.

10 Et ils ne voulurent toucher à rien de ce qui avait été à ceux qu’ils avaient tués.

11 On rapporta aussitôt au roi le nombre de ceux qui avaient été tués dans Suse ;

12 et il dit à la reine : Les Juifs ont tué cinq cents hommes dans la ville de Suse, outre les dix fils d’Aman. Combien grand croyez-vous que doit être le carnage qu’ils font dans toutes les provinces ? Que demandez-vous davantage ? et que voulez-vous que j’ordonne encore ?

13 La reine lui répondit : Je supplie le roi d’ordonner, s’il lui plaît, que les Juifs aient le pouvoir de faire encore demain dans Suse ce qu’ils ont fait aujourd’hui, et que les dix fils d’Aman soient pendus.

14 Le roi commanda que cela fût fait ; et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse, et les dix fils d’Aman furent pendus.

15 Les Juifs s’assemblèrent donc encore le quatorzième jour du mois d’Adar, et ils tuèrent trois cents hommes dans Suse, sans vouloir rien prendre de leur bien.

16 Les Juifs se tinrent aussi prêts pour la défense de leur vie dans toutes les provinces qui étaient soumises à l’empire du roi ; et ils tuèrent leurs ennemis et leurs persécuteurs en si grand nombre que soixante et quinze mille hommes furent enveloppés dans ce carnage, sans qu’aucun des Juifs touchât à leur bien.

17 Ils commencèrent tous à tuer leurs ennemis le treizième jour du mois d’Adar, et ils cessèrent au quatorzième; ils firent de ce jour une fête solennelle, et ils ordonnèrent qu’elle serait célébrée dans tous les siècles suivants avec joie et par des festins.

18 Mais ceux qui étaient dans la ville de Suse avaient fait le carnage pendant le treizième et le quatorzième jour de ce même mois, et n’avaient cessé qu’au quinzième. C’est pourquoi ils le choisirent pour en faire une fête solennelle de festins et de réjouissances publiques.

19 Les Juifs qui demeuraient dans les bourgs sans murailles et dans les villages, choisirent le quatorzième jour du mois d’Adar, pour être un jour de festin, dans lequel ils font une grande réjouissance, et s’envoient les uns aux autres quelque chose de ce qui a été servi dans leurs festins.

20 Mardochée eut donc soin d’écrire toutes ces choses, et en ayant fait une lettre, il l’envoya aux Juifs qui demeuraient dans toutes les provinces du roi, soit dans les plus proches ou dans les plus éloignées,

21 afin que le quatorzième et le quinzième jour du mois d’Adar leur fussent des jours de fête qu’ils célébrassent tous les ans à perpétuité par des honneurs solennels :

22 parce que ce fut en ce jour-là que les Juifs se vengèrent de leurs ennemis, et que leur deuil et leur tristesse fut changée en une réjouissance publique. C’est pourquoi il voulut que ces jours fussent des jours de festin et de joie, qu’ils s’envoyassent les uns aux autres des mets de leur table, et qu’ils y fissent aux pauvres de petits présents.

23 Les Juifs établirent donc une fête solennelle de tout ce qu’ils avaient commencé de faire en ce temps-là, selon l’ordre que Mardochée leur en avait donné par ses lettres.

24 Car Aman, fils d’Amadath, de la race d’Agag, ennemi déclaré des Juifs, avait formé le dessein de les perdre, de les tuer et de les exterminer, et il avait jeté pour cela le Phur (c’est-à-dire, le sort, en notre langue).

25 Mais Esther alla ensuite trouver le roi : elle le supplia de prévenir le mauvais dessein d’Aman par une nouvelle lettre, et de faire retomber sur sa tête le mal qu’il avait résolu de faire aux Juifs. En effet le roi fit pendre Aman à une croix, aussi bien que tous ses fils.

26 C’est pourquoi depuis ce temps-là ces jours ont été appelés les jours de Phurim (c’est-à-dire, les jours des sorts); parce que le Phur (c’est-à-dire, le sort) avait été jeté dans l’urne. Et cette lettre, ou plutôt ce livre, contient tout ce qui se passa alors.

27 Les Juifs donc en mémoire de ce qui avait été concerté contre eux, et de ce grand changement qui était arrivé ensuite, s’obligèrent, eux et leurs enfants, et tous ceux qui voudraient se joindre à leur religion, d’en faire en ces deux jours une fête solennelle, sans que personne pût s’en dispenser, selon qu’il est marqué dans cet écrit, et ce qui s’observe exactement chaque année aux jours destinés à cette fête.

28 Ce sont ces jours qui ne seront jamais effacés de la mémoire des hommes, et que toutes les provinces d’âge en âge célébreront par toute la terre. Et il n’y a point de ville en laquelle les jours de Phurim (c’est-à-dire, les jours des sorts) ne soient observés par les Juifs et par leurs enfants, qui sont obligés de pratiquer ces cérémonies.

29 La reine Esther, fille d’Abihaïl, et Mardochée, Juif, écrivirent encore une seconde lettre, afin qu’on eût tout le soin possible de faire de ce jour une fête solennelle dans toute la postérité,

30 et ils envoyèrent à tous les Juifs qui demeuraient dans les cent vingt-sept provinces du roi Assuérus, afin qu’ils eussent la paix et qu’ils reçussent la vérité,

31 en observant exactement ces jours solennels des sorts, et les célébrant en leur temps avec grande joie. Les Juifs s’engagèrent donc, selon que Mardochée et Esther l’avaient ordonné, à observer, eux et toute leur postérité, ces jours solennels du sort, en jeûnant et en adressant leurs cris à Dieu,

32 et à recevoir tout ce qui est contenu dans ce livre qui porte le nom d’Esther.



OR le roi Assuérus se rendit toute la terre et toutes les îles de la mer tributaires.

2 Et l’on trouve écrit dans le Livre des Mèdes et des Perses, quelle a été sa puissance et son empire, et le haut point de grandeur auquel il avait élevé Mardochée,

3 et de quelle sorte Mardochée, Juif de nation, devint la seconde personne dans l’empire du roi Assuérus, comme il fut grand parmi les Juifs, et aimé généralement de tous ses frères, ne cherchant qu’à faire du bien à sa nation, et ne parlant que pour procurer la paix et la prospérité de son peuple.


◄   Néhémias sommaire Job   ►