Bible Sacy/Saint Luc
Chapitres
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Livres
PLUSIEURS ayant entrepris d’écrire l’histoire des choses qui ont été accomplies parmi nous,
2 suivant le rapport que nous en ont fait ceux qui dès le commencement les ont vues de leurs propres yeux, et qui ont été les ministres de la parole :
3 j’ai cru, très-excellent Théophile, qu’après avoir été exactement informé de toutes ces choses, depuis leur premier commencement, je devais aussi vous en représenter par écrit toute la suite ;
4 afin que vous reconnaissiez la vérité de ce qui vous a été annoncé.
5 IL y avait, sous le règne d’Hérode, roi de Judée, un prêtre, nommé Zacharie, de la famille sacerdotale d’Abia, l’une de celles qui servaient dans le temple, chacune en leur rang ; et sa femme était aussi de la race d’Aaron, et s’appelait Élisabeth.
6 Ils étaient tous deux justes devant Dieu, et ils marchaient dans tous les commandements et les ordonnances du Seigneur d’une manière irrépréhensible.
7 Ils n’avaient point de fils, parce qu’Élisabeth était stérile, et qu’ils étaient déjà tous deux avancés en âge.
8 Or, Zacharie faisant sa fonction de prêtre devant Dieu, dans le rang de sa famille,
9 il arriva par le sort, selon ce qui s’observait entre les prêtres, que ce fut à lui à entrer dans le temple du Seigneur, pour y offrir les parfums :
10 cependant toute la multitude du peuple était dehors, faisant sa prière à l’heure où l’on offrait les parfums ;
11 et un ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout à la droite de l’autel des parfums.
12 Zacharie le voyant, en fut tout troublé, et la frayeur le saisit.
13 Mais l’ange lui dit : Ne craignez point, Zacharie : parce que votre prière a été exaucée ; et Élisabeth, votre femme, vous enfantera un fils, auquel vous donnerez le nom de Jean.
14 Vous en serez dans la joie et dans le ravissement, et beaucoup de personnes se réjouiront de sa naissance :
15 car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira point de vin, ni rien de ce qui peut enivrer ; et il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère.
16 Il convertira plusieurs des enfants d’Israël au Seigneur, leur Dieu ;
17 et il marchera devant lui dans l’esprit et dans la vertu d’Élie, pour réunir les cœurs des pères avec leurs enfants, et rappeler les désobéissants à la prudence des justes, pour préparer au Seigneur un peuple parfait.
18 Zacharie répondit à l’ange : À quoi connaîtrai-je la vérité de ce que vous me dites ? car je suis vieux, et ma femme est déjà avancée en âge.
19 L’ange lui répondit : Je suis Gabriel, qui suis toujours présent devant Dieu : j’ai été envoyé pour vous parler, et pour vous annoncer cette heureuse nouvelle :
20 et dans ce moment vous allez devenir muet, et vous ne pourrez plus parler jusqu’au jour où ceci arrivera ; parce que vous n’avez point cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps.
21 Cependant le peuple attendait Zacharie, et s’étonnait de ce qu’il demeurait si longtemps dans le temple.
22 Mais étant sorti il ne pouvait leur parler ; et comme il leur faisait des signes pour se faire entendre, ils reconnurent qu’il avait eu une vision dans le temple ; et il demeura muet.
23 Quand les jours de son ministère furent accomplis, il s’en alla en sa maison.
24 Quelque temps après, Élisabeth, sa femme, conçut, et elle se tenait cachée durant cinq mois, en disant :
25 C’est là la grâce que le Seigneur m’a faite en ce temps où il m’a regardée, pour me tirer de l’opprobre où j’étais devant les hommes.
26 Or, comme Élisabeth était dans son sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27 à une vierge qu’un homme de la maison de David, nommé Joseph, avait épousée ; et cette vierge s’appelait Marie.
28 L’ange étant entré où elle était, lui dit : Je vous salue, ô pleine de grâce ! le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre toutes les femmes.
29 Mais elle l’ayant entendu, fut troublée de ses paroles, et elle pensait en elle-même quelle pouvait être cette salutation.
30 L’ange lui dit : Ne craignez point, Marie : car vous avez trouvé grâce devant Dieu.
31 Vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, à qui vous donnerez le nom de Jésus.
32 Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut : le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père : il régnera éternellement sur la maison de Jacob ;
33 et son règne n’aura point de fin.
34 Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais point d’homme.
35 L’ange lui répondit : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous, sera appelé le Fils de Dieu.
36 Et sachez qu’Élisabeth, votre cousine, a conçu aussi elle-même un fils dans sa vieillesse, et que c’est ici le sixième mois de la grossesse de celle qui est appelée stérile ;
37 parce qu’il n’y a rien d’impossible à Dieu.
38 Alors Marie lui dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole ! Ainsi l’ange se sépara d’elle.
39 Marie partit en ce même temps, et s’en alla en diligence vers les montagnes de Judée, en une ville de la tribu de Juda ;
40 et étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Élisabeth.
41 Aussitôt qu’Élisabeth eut entendu la voix de Marie qui la saluait, son enfant tressaillit dans son sein, et Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit.
42 Alors élevant sa voix, elle s’écria : Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de votre sein est béni ;
43 et d’où me vient ce bonheur, que la mère de mon Seigneur vienne vers moi ?
44 Car votre voix n’a pas plutôt frappé mon oreille, lorsque vous m’avez saluée, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein.
45 Et vous êtes bienheureuse d’avoir cru ; parce que ce qui vous a été dit de la part du Seigneur, sera accompli.
46 Alors Marie dit ces paroles : Mon âme glorifie le Seigneur,
47 et mon esprit est ravi de joie en Dieu, mon Sauveur ;
48 parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante : car désormais je serai appelée bienheureuse dans la suite de tous les siècles ;
49 parce qu’il a fait en moi de grandes choses, lui qui est tout-puissant, et de qui le nom est saint.
50 Sa miséricorde se répand d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé la force de son bras : il a dissipé ceux qui s’élevaient d’orgueil dans les pensées de leur cœur.
52 Il a renversé les grands de leurs trônes, et il a élevé les petits.
53 Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et il a renvoyé vides ceux qui étaient riches.
54 Il s’est souvenu de sa miséricorde, et il a pris en sa protection Israël, son serviteur,
55 selon la promesse qu’il a faite à nos pères, à Abraham et à sa race pour toujours.
56 Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois ; et elle s’en retourna ensuite en sa maison.
57 Cependant le temps auquel Élisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un fils.
58 Ses voisins et ses parents ayant appris que le Seigneur avait signalé sa miséricorde à son égard, s’en réjouissaient avec elle ;
59 et étant venus le huitième jour pour circoncire l’enfant, ils le nommaient Zacharie, du nom de son père.
60 Mais sa mère prenant la parole, leur dit : Non ; mais il sera nommé Jean.
61 Ils lui répondirent : Il n’y a personne dans votre famille qui porte ce nom.
62 Et en même temps ils demandaient par signe au père de l’enfant, comment il voulait qu’on le nommât.
63 Ayant demandé des tablettes, il écrivit dessus : Jean est son nom. Ce qui remplit tout le monde d’étonnement.
64 Au même instant sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia, et il parlait en bénissant Dieu.
65 Tous ceux qui demeuraient dans les lieux voisins, furent saisis de crainte. Le bruit de ces merveilles se répandit dans tout le pays des montagnes de Judée ;
66 et tous ceux qui les entendirent, les conservèrent dans leur cœur, et ils disaient entre eux : Quel pensez-vous que sera un jour cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui.
67 Et Zacharie, son père, ayant été rempli du Saint-Esprit, prophétisa, en disant :
68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple ;
69 de ce qu’il nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de son serviteur David,
70 selon qu’il avait promis par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été dans les siècles passés,
71 de nous délivrer de nos ennemis, et des mains de tous ceux qui nous haïssent :
72 pour exercer sa miséricorde envers nos pères, et se souvenir de son alliance sainte ;
73 selon qu’il a juré à Abraham, notre père, qu’il nous ferait cette grâce,
74 qu’étant délivrés des mains de nos ennemis, nous le servirions sans crainte,
75 dans la sainteté et dans la justice, marchant en sa présence tous les jours de notre vie.
76 Et vous, petit enfant, vous serez appelé le prophète du Très-Haut : car vous marcherez devant la face du Seigneur, pour lui préparer ses voies ;
77 pour donner à son peuple la connaissance du salut, afin qu’il obtienne la rémission de ses péchés,
78 par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, qui a fait que ce Soleil levant est venu nous visiter d’en haut,
79 pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, et pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix.
80 Or l’enfant croissait, et se fortifiait en esprit ; et il demeurait dans le désert jusqu’au jour où il devait paraître devant le peuple d’Israël.
VERS ce même temps on publia un édit de César Auguste, pour faire un dénombrement des habitants de toute la terre.
2 Ce fut le premier dénombrement qui se fit par Cyrinus, gouverneur de Syrie.
3 Et comme tous allaient se faire enregistrer, chacun dans sa ville,
4 Joseph partit aussi de la ville de Nazareth, qui est en Galilée, et vint en Judée à la ville de David, appelée Bethléhem ; parce qu’il était de la maison et de la famille de David ;
5 pour se faire enregistrer, avec Marie, son épouse, qui était grosse.
6 Pendant qu’ils étaient là, il arriva que le temps auquel elle devait accoucher, s’accomplit :
7 et elle enfanta son Fils premier-né ; et l’ayant emmaillotté, elle le coucha dans une crèche ; parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie.
8 Or il y avait aux environs, des bergers qui passaient les nuits dans les champs, veillant tour à tour à la garde de leur troupeau ;
9 et tout d’un coup un ange du Seigneur se présenta à eux, et une lumière divine les environna : ce qui les remplit d’une extrême crainte.
10 Alors l’ange leur dit : Ne craignez point : car je viens vous apporter une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie :
11 c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ;
12 et voici la marque à laquelle vous le reconnaîtrez : Vous trouverez un enfant emmaillotté, couché dans une crèche.
13 Au même instant il se joignit à l’ange une grande troupe de l’armée céleste, louant Dieu, et disant :
14 Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! et paix sur la terre aux hommes chéris de Dieu !
15 Après que les anges se furent retirés dans le ciel, les bergers se dirent l’un à l’autre : Passons jusqu’à Bethléhem, et voyons ce qui est arrivé, et ce que le Seigneur nous a fait connaître.
16 S’étant donc hâtés d’y aller, ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’enfant couché dans une crèche.
17 Et l’ayant vu, ils reconnurent la vérité de ce qui leur avait été dit touchant cet enfant.
18 Et tous ceux qui l’entendirent, admirèrent ce qui leur avait été rapporté par les bergers.
19 Or Marie conservait toutes ces choses en elle-même, les repassant dans son cœur.
20 Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues, selon qu’il leur avait été dit.
21 Le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, il fut nommé Jésus, qui était le nom que l’ange avait annoncé avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.
22 Et le temps de la purification de Marie étant accompli, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
23 selon qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout enfant mâle premier-né sera consacré au Seigneur ;
24 et pour donner ce qui devait être offert en sacrifice, selon qu’il est écrit dans la loi du Seigneur, deux tourterelles, ou deux petits de colombe.
25 Or il y avait dans Jérusalem un homme juste et craignant Dieu, nommé Siméon, qui vivait dans l’attente de la consolation d’Israël, et le Saint-Esprit était en lui.
26 Il lui avait été révélé par le Saint-Esprit, qu’il ne mourrait point, qu’auparavant il n’eût vu le Christ du Seigneur.
27 Il vint donc au temple par un mouvement de l’Esprit de Dieu. Et comme le père et la mère de l’enfant Jésus l’y portaient, afin d’accomplir pour lui ce que la loi avait ordonné,
28 il le prit entre ses bras, et bénit Dieu, en disant :
29 C’est maintenant, Seigneur ! que vous laisserez mourir en paix votre serviteur, selon votre parole,
30 puisque mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez,
31 et que vous destinez pour être exposé à la vue de tous les peuples,
32 comme la lumière qui éclairera les nations, et la gloire d’Israël, votre peuple.
33 Le père et la mère de Jésus étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui.
34 Et Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère : Cet enfant est pour la ruine et pour la résurrection de plusieurs dans Israël, et pour être en butte à la contradiction des hommes ;
35 (jusque-là que votre âme même sera percée comme par une épée ; ) afin que les pensées cachées dans le cœur de plusieurs soient découvertes.
36 Il y avait aussi une prophétesse, nommée Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser, qui était fort avancée en âge, et qui n’avait vécu que sept ans avec son mari, depuis qu’elle l’avait épousé étant vierge.
37 Elle était alors veuve, âgée de quatre-vingt-quatre ans ; et elle demeurait sans cesse dans le temple, servant Dieu jour et nuit dans les jeûnes et dans les prières.
38 Étant donc survenue en ce même instant, elle se mit aussi à louer le Seigneur, et à parler de lui à tous ceux qui attendaient la rédemption d’Israël.
39 Après que Joseph et Marie eurent accompli tout ce qui était ordonné par la loi du Seigneur, ils s’en retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville.
40 Cependant l’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était en lui.
41 Son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem, à la fête de Pâque.
42 Et lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y allèrent, selon qu’ils avaient accoutumé, au temps de la fête.
43 Quand les jours de la fête furent passés, lorsqu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus demeura dans Jérusalem, sans que son père, ni sa mère, s’en aperçussent.
44 Et pensant qu’il était avec quelqu’un de ceux de leur compagnie, ils marchèrent durant un jour ; et ils le cherchaient parmi leurs parents et parmi ceux de leur connaissance.
45 Mais ne l’ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour l’y chercher.
46 Trois jours après, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.
47 Et tous ceux qui l’entendaient, étaient ravis en admiration de sa sagesse et de ses réponses.
48 Lors donc qu’ils le virent, ils furent remplis d’étonnement ; et sa mère lui dit : Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà votre père et moi qui vous cherchions, étant tout affligés.
49 Il leur répondit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois occupé à ce qui regarde le service de mon Père ?
50 Mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait.
51 Il s’en alla ensuite avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis. Or sa mère conservait dans son cœur toutes ces choses.
52 Et Jésus croissait en sagesse, en âge, et en grâce devant Dieu et devant les hommes.
OR, l’an quinzième de l’empire de Tibère César (Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, de l’Iturée et de la province de Trachonite ; et Lysanias, d’Abilène ;
2 Anne et Caïphe étant grands prêtres), le Seigneur fit entendre sa parole à Jean, fils de Zacharie, dans le désert ;
3 et il vint dans tout le pays qui est aux environs du Jourdain, prêchant un baptême de pénitence pour la rémission des péchés :
4 ainsi qu’il est écrit au livre des paroles du prophète Isaïe : Voici la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits ses sentiers :
5 toute vallée sera remplie, et toute montagne et toute colline sera abaissée ; les chemins tortus deviendront droits, et les raboteux unis ;
6 et tout homme verra le Sauveur, envoyé de Dieu.
7 Il disait donc au peuple, qui venait en troupes pour être baptisé par lui : Race de vipères ! qui vous a avertis de fuir la colère qui doit tomber sur vous ?
8 Faites donc de dignes fruits de pénitence ; et n’allez pas dire : Nous avons Abraham pour père. Car je vous déclare, que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abraham.
9 La cognée est déjà à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit point de bons fruits, sera coupé et jeté au feu.
10 Et le peuple lui demandant, Que devons-nous donc faire ?
11 il leur répondit : Que celui qui a deux vêtements, en donne à celui qui n’en a point : et que celui qui a de quoi manger, en fasse de même.
12 Il y eut aussi des publicains qui vinrent à lui pour être baptisés, et qui lui dirent : Maître ! que faut-il que nous fassions ?
13 Il leur dit : N’exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné.
14 Les soldats aussi lui demandaient : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur répondit : N’usez point de violence, ni de fraude, envers personne, et contentez-vous de votre paye.
15 Cependant le peuple étant dans une grande suspension d’esprit, et tous pensant en eux-mêmes, si Jean ne serait point le Christ ;
16 Jean dit devant tout le monde : Pour moi, je vous baptise dans l’eau ; mais il en viendra un autre plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de dénouer le cordon de ses souliers. C’est lui qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu.
17 Il a le van en main, et il nettoiera son aire ; il amassera le blé dans son grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteindra jamais.
18 Il disait encore beaucoup d’autres choses au peuple, dans les exhortations qu’il leur faisait.
19 Mais Hérode le tétrarque étant repris par lui au sujet d’Hérodiade, femme de son frère Philippe, et de tous les autres maux qu’il avait faits,
20 il ajouta encore à tous ses crimes celui de faire mettre Jean en prison.
21 Or il arriva que tout le peuple recevant le baptême, et Jésus ayant aussi été baptisé, comme il faisait sa prière le ciel s’ouvrit,
22 et le Saint-Esprit descendit sur lui en forme corporelle comme une colombe, et on entendit cette voix du ciel : Vous êtes mon Fils bien-aimé ; c’est en vous que j’ai mis toute mon affection.
23 Jésus avait environ trente ans, lorsqu’il commença à exercer son ministère, étant, comme l’on croyait, fils de Joseph, qui fut fils d’Héli, qui fut fils de Mathat,
24 qui fut fils de Lévi, qui fut fils de Melchi, qui fut fils de Janna, qui fut fils de Joseph,
25 qui fut fils de Mathathias, qui fut fils d’Amos, qui fut fils de Nahum, qui fut fils d’Hesli, qui fut fils de Naggé,
26 qui fut fils de Mahath, qui fut fils de Mathathias, qui fut fils de Seméi, qui fut fils de Joseph, qui fut fils de Juda,
27 qui fut fils de Joanna, qui fut fils de Résa, qui fut fils de Zorobabel, qui fut fils de Salathiel, qui fut fils de Néri,
28 qui fut fils de Melchi, qui fut fils d’Addi, qui fut fils de Cosan, qui fut fils d’Elmadan, qui fut fils d’Her,
29 qui fut fils de Jésus, qui fut fils d’Éliézer, qui fut fils de Jorim, qui fut fils de Mathat, qui fut fils de Lévi,
30 qui fut fils de Siméon, qui fut fils de Juda, qui fut fils de Joseph, qui fut fils de Jona, qui fut fils d’Éliakim,
31 qui fut fils de Méléa, qui fut fils de Menna, qui fut fils de Mathatha, qui fut fils de Nathan, qui fut fils de David,
32 qui fut fils de Jessé, qui fut fils d’Obed, qui fut fils de Booz, qui fut fils de Salmon, qui fut fils de Naasson,
33 qui fut fils d’Aminadab, qui fut fils d’Aram, qui fut fils d’Esron, qui fut fils de Pharès, qui fut fils de Juda,
34 qui fut fils de Jacob, qui fut fils d’Isaac, qui fut fils d’Abraham, qui fut fils de Tharé, qui fut fils de Nachor,
35 qui fut fils de Sarug, qui fut fils de Ragaü, qui fut fils de Phaleg, qui fut fils d’Héber, qui fut fils de Salé,
36 qui fut fils de Caïnan, qui fut fils d’Arphaxad, qui fut fils de Sem, qui fut fils de Noé, qui fut fils de Lamech,
37 qui fut fils de Mathusalé, qui fut fils d’Énoch, qui fut fils de Jared, qui fut fils de Malaléel, qui fut fils de Caïnan,
38 qui fut fils d’Énos, qui fut fils de Seth, qui fut fils d’Adam, qui fut créé de Dieu.
JÉSUS étant plein du Saint-Esprit, revint des bords du Jourdain, et fut poussé par l’Esprit dans le désert.
2 Il y demeura quarante jours, et y fut tenté par le diable. Car il ne mangea rien pendant tout ce temps-là ; et lorsque ces jours furent passés il eut faim.
3 Alors le diable lui dit : Si vous êtes Fils de Dieu, commandez à cette pierre qu’elle devienne du pain.
4 Jésus lui répondit : Il est écrit, que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu.
5 Et le diable le transporta sur une haute montagne, d’où lui ayant fait voir en un moment tous les royaumes du monde,
6 il lui dit : Je vous donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes : car elle m’a été donnée, et je la donne à qui il me plaît.
7 Si donc vous voulez m’adorer, toutes ces choses seront à vous.
8 Jésus lui répondit : Il est écrit : C’est le Seigneur, votre Dieu, que vous adorerez, et c’est lui seul que vous servirez.
9 Le diable le transporta encore à Jérusalem ; et l’ayant mis sur le haut du temple, il lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous d’ici en bas :
10 car il est écrit, qu’il a ordonné à ses anges d’avoir soin de vous, et de vous garder ;
11 et qu’ils vous soutiendront de leurs mains, de peur que vous ne vous heurtiez le pied contre quelque pierre.
12 Jésus lui répondit : Il est écrit : Vous ne tenterez point le Seigneur, votre Dieu.
13 Le diable ayant achevé toutes ces tentations, se retira de lui pour un temps.
14 Alors Jésus s’en retourna en Galilée par la vertu de l’Esprit de Dieu ; et sa réputation se répandit dans tout le pays d’alentour.
15 Il enseignait dans leurs synagogues, et il était estimé et honoré de tout le monde.
16 Étant venu à Nazareth, où il avait été élevé, il entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour lire.
17 On lui présenta le livre du prophète Isaïe ; et l’ayant ouvert, il trouva l’endroit où ces paroles étaient écrites :
18 L’Esprit du Seigneur s’est reposé sur moi ; c’est pourquoi il m’a consacré par son onction : il m’a envoyé pour prêcher l’Évangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé ;
19 pour annoncer aux captifs leur délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour mettre en liberté ceux qui sont brisés sous leurs fers ; pour publier l’année favorable du Seigneur, et le jour où il se vengera de ses ennemis.
20 Ayant fermé le livre, il le rendit au ministre, et s’assit. Tout le monde dans la synagogue avait les yeux arrêtés sur lui.
21 Et il commença à leur dire : C’est aujourd’hui que cette Écriture que vous venez d’entendre est accomplie.
22 Et tous lui rendaient témoignage ; et dans l’étonnement où ils étaient des paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche, ils disaient : N’est-ce pas là le fils de Joseph ?
23 Alors il leur dit : Sans doute que vous m’appliquerez ce proverbe, Médecin, guérissez-vous vous-même ; et que vous me direz : Faites ici, en votre pays, d’aussi grandes choses que nous avons entendu dire que vous en avez fait à Capharnaüm.
24 Mais je vous assure, ajouta-t-il, qu’aucun prophète n’est bien reçu en son pays.
25 Je vous le dis en vérité, il y avait beaucoup de veuves dans Israël au temps d’Élie, lorsque le ciel fut fermé durant trois ans et six mois, et qu’il y eut une grande famine dans toute la terre ;
26 et néanmoins Élie ne fut envoyé chez aucune d’elles, mais chez une femme veuve de Sarepta, dans le pays des Sidoniens.
27 Il y avait de même beaucoup de lépreux dans Israël au temps du prophète Élisée ; et néanmoins aucun d’eux ne fut guéri, mais seulement Naaman qui était de Syrie.
28 Tous ceux de la synagogue l’entendant parler de la sorte, furent remplis de colère ;
29 et se levant ils le chassèrent hors de leur ville, et le menèrent jusque sur la pointe de la montagne sur laquelle elle était bâtie, pour le précipiter.
30 Mais il passa au milieu d’eux, et se retira.
31 Il descendit à Capharnaüm, qui est une ville de Galilée, et il les y enseignait les jours de sabbat ;
32 et sa manière d’enseigner les remplissait d’étonnement, parce que sa parole était accompagnée de puissance et d’autorité.
33 Il y avait dans la synagogue un homme possédé d’un démon impur, qui jeta un grand cri,
34 en disant : Laissez-nous : qu’y a-t-il de commun entre nous et vous, Jésus de Nazareth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ? Je sais qui vous êtes : vous êtes le Saint de Dieu.
35 Mais Jésus lui parlant avec menaces, lui dit : Tais-toi, et sors de cet homme. Et le démon l’ayant jeté à terre au milieu de tout le peuple, sortit de lui, sans lui avoir fait aucun mal.
36 Tous ceux qui étaient là, en furent épouvantés ; et ils se parlaient l’un à l’autre, en disant : Qu’est-ce donc que ceci ? Il commande avec autorité et avec puissance aux esprits impurs, et ils sortent aussitôt.
37 Et sa réputation se répandit de tous côtés dans le pays d’alentour.
38 Jésus étant sorti de la synagogue, entra dans la maison de Simon, dont la belle-mère avait une grosse fièvre ; et ils le prièrent pour elle.
39 Aussitôt s’étant approché de la malade, il commanda à la fièvre de la quitter, et la fièvre la quitta ; et s’étant levée aussitôt, elle les servait.
40 Le soleil étant couché, tous ceux qui avaient des malades affligés de diverses maladies, les lui amenaient ; et imposant les mains sur chacun d’eux, il les guérissait.
41 Les démons sortaient aussi du corps de plusieurs, en criant et disant : Vous êtes le Christ, le Fils de Dieu. Mais il les menaçait, et les empêchait de dire qu’ils sussent qu’il était le Christ.
42 Lorsqu’il fut jour, il sortit dehors, et s’en alla en un lieu désert ; et tout le peuple vint le chercher jusqu’où il était ; et comme ils s’efforçaient de le retenir, ne voulant point qu’il les quittât,
43 il leur dit : Il faut que je prêche aussi aux autres villes l’Évangile du royaume de Dieu : car c’est pour cela que j’ai été envoyé.
44 Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.
UN jour que Jésus était sur le bord du lac de Génésareth, se trouvant accablé par la foule du peuple, qui se pressait pour entendre la parole de Dieu,
2 il vit deux barques arrêtées au bord du lac, dont les pêcheurs étaient descendus, et lavaient leurs filets.
3 Il entra donc dans l’une de ces barques, qui était à Simon, et le pria de s’éloigner un peu de la terre ; et s’étant assis, il enseignait le peuple de dessus la barque.
4 Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avancez en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher.
5 Simon lui répondit : Maître ! nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre ; mais néanmoins, sur votre parole, je jetterai le filet.
6 L’ayant donc jeté, ils prirent une si grande quantité de poissons, que leur filet se rompait.
7 Et ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient dans l’autre barque, de venir les aider. Ils y vinrent, et ils remplirent tellement les deux barques, qu’il s’en fallait peu qu’elles ne coulassent à fond.
8 Ce que Simon-Pierre ayant vu, il se jeta aux genoux de Jésus, en disant : Seigneur ! retirez-vous de moi, parce que je suis un pécheur.
9 Car il était tout épouvanté, aussi bien que tous ceux qui étaient avec lui, de la pêche des poissons qu’ils avaient faite.
10 Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient compagnons de Simon, étaient dans le même étonnement. Alors Jésus dit à Simon : Ne craignez point ; votre emploi sera désormais de prendre des hommes.
11 Et ayant ramené leurs barques à bord, ils quittèrent tout, et le suivirent.
12 Lorsque Jésus était près d’entrer dans une certaine ville, un homme tout couvert de lèpre l’ayant vu, se prosterna le visage contre terre, et le priait, en lui disant : Seigneur ! si vous voulez, vous pouvez me guérir.
13 Jésus étendant la main, le toucha et lui dit : Je le veux, soyez guéri. Et au même instant sa lèpre disparut.
14 Jésus lui commanda de n’en parler à personne : Mais allez, dit-il, vous montrer au prêtre, et offrez pour votre guérison ce que Moïse a ordonné, afin que cela leur serve de témoignage.
15 Cependant, comme sa réputation se répandait de plus en plus, les peuples venaient en foule pour l’entendre, et pour être guéris de leurs maladies ;
16 mais il se retirait dans le désert, et il y priait.
17 Un jour, comme il enseignait, étant assis, et que des pharisiens et des docteurs de la loi, qui étaient venus de tous les villages de la Galilée, du pays de Judée, et de la ville de Jérusalem, étaient assis près de lui, la vertu du Seigneur agissait pour la guérison de leurs malades ;
18 et quelques personnes portant sur un lit un homme qui était paralytique, cherchaient le moyen de le faire entrer dans la maison, et de le présenter devant lui.
19 Mais ne trouvant point par où le faire entrer à cause de la foule du peuple, ils montèrent sur le haut de la maison, d’où ils le descendirent par les tuiles avec le lit où il était, et le mirent au milieu de la place devant Jésus ;
20 lequel voyant leur foi, dit au malade : Mon ami, vos péchés vous sont remis.
21 Alors les scribes et les pharisiens dirent en eux-mêmes : Qui est celui-ci qui blasphème de la sorte ? Qui peut remettre les péchés, que Dieu seul ?
22 Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : À quoi pensez-vous dans vos cœurs ?
23 Lequel est le plus aisé, ou de dire, Vos péchés vous sont remis ; ou de dire, Levez-vous, et marchez ?
24 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Levez-vous, je vous le commande, dit-il au paralytique ; emportez votre lit, et vous en allez en votre maison.
25 Il se leva au même instant en leur présence ; et emportant le lit où il était couché, il s’en retourna en sa maison, rendant gloire à Dieu.
26 Ils furent tous remplis d’un extrême étonnement, et ils rendaient gloire à Dieu ; et dans la frayeur dont ils étaient saisis, ils disaient : Nous avons vu aujourd’hui des choses prodigieuses.
27 Après cela Jésus étant sorti, vit un publicain, nommé Lévi, assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suivez-moi.
28 Et lui, quittant tout, se leva et le suivit.
29 Lévi lui fit ensuite un grand festin dans sa maison, où il se trouva un grand nombre de publicains et d’autres, qui étaient à table avec eux.
30 Mais les pharisiens et les docteurs des Juifs en murmuraient, et disaient aux disciples de Jésus : D’où vient que vous mangez et buvez avec des publicains et des gens de mauvaise vie ?
31 Et Jésus prenant la parole, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien, mais les malades, qui ont besoin de médecin.
32 Je suis venu pour appeler non les justes, mais les pécheurs, à la pénitence.
33 Alors ils lui dirent : Pourquoi les disciples de Jean, aussi bien que ceux des pharisiens, font-ils souvent des jeûnes et des prières ; et que les vôtres mangent et boivent ?
34 Il leur répondit : Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’époux, tandis que l’époux est avec eux ?
35 Mais il viendra un temps où l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront.
36 Il leur proposa aussi cette comparaison : Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement : car si on le fait, le neuf déchire le vieux, et cette pièce de drap neuf ne convient point au vieux vêtement.
37 Et l’on ne met point le vin nouveau dans de vieux vaisseaux : parce que si on le fait, le vin nouveau rompra les vaisseaux, et il se répandra, et les vaisseaux se perdront.
38 Mais il faut mettre le vin nouveau dans des vaisseaux neufs, et ainsi tout se conserve.
39 Et il n’y a personne qui buvant du vin vieux, veuille aussitôt du nouveau ; parce qu’il dit : Le vieux est meilleur.
UN jour de sabbat, appelé le second-premier, comme Jésus passait le long des blés, ses disciples se mirent à rompre des épis ; et les froissant dans leurs mains, ils en mangeaient.
2 Alors quelques-uns des pharisiens leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu’il n’est point permis de faire aux jours de sabbat ?
3 Jésus prenant la parole, leur dit : N’avez-vous donc pas lu ce que fit David, lorsque lui et ceux qui l’accompagnaient furent pressés de la faim ?
4 comment il entra dans la maison de Dieu, et prit les pains qui y étaient exposés, en mangea, et en donna même à ceux qui étaient avec lui, quoiqu’il n’y ait que les prêtres seuls à qui il soit permis d’en manger.
5 Et il ajouta : Le Fils de l’homme est maître du sabbat même.
6 Une autre fois étant encore entré dans la synagogue un jour de sabbat, il enseignait ; et il y avait là un homme dont la main droite était desséchée ;
7 et les scribes et les pharisiens l’observaient, pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat, afin d’avoir sujet de l’accuser :
8 mais comme il connaissait leurs pensées, il dit à cet homme qui avait la main desséchée : Levez-vous, tenez-vous là au milieu de ce monde. Et se levant, il se tint debout.
9 Puis Jésus leur dit : J’ai une question à vous faire : Est-il permis aux jours de sabbat de faire du bien ou du mal ; de sauver la vie, ou de l’ôter ?
10 Et les ayant tous regardés, il dit à cet homme : Étendez votre main. Il l’étendit ; et elle devint saine comme l’autre :
11 ce qui les remplit de fureur ; et ils s’entretenaient ensemble de ce qu’ils pourraient faire contre Jésus.
12 En ce temps-là Jésus s’en étant allé sur une montagne pour prier, il y passa toute la nuit à prier Dieu.
13 Et quand il fut jour, il appela ses disciples, et en choisit douze d’entre eux, qu’il nomma Apôtres :
14 Simon, auquel il donna le nom de Pierre ; et André, son frère ; Jacques, et Jean ; Philippe, et Barthélemy ;
15 Matthieu, et Thomas ; Jacques, fils d’Alphée ; et Simon, appelé le Zélé ;
16 Judas, frère de Jacques ; et Judas Iscariote, qui fut celui qui le trahit.
17 Il descendit ensuite avec eux, et s’arrêta dans un lieu plus uni, étant accompagné de la troupe de ses disciples, et d’une grande multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et du pays maritime de Tyr et de Sidon,
18 qui étaient venus pour l’entendre, et pour être guéris de leurs maladies, parmi lesquels il y en avait aussi qui étaient possédés d’esprits impurs ; et ils étaient guéris.
19 Et tout le peuple tâchait de le toucher, parce qu’il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous.
20 Alors Jésus levant les yeux vers ses disciples, leur dit : Vous êtes bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous.
21 Vous êtes bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Vous êtes bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez.
22 Vous serez bienheureux, lorsque les hommes vous haïront, qu’ils vous sépareront, qu’ils vous traiteront injurieusement, qu’ils rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’homme.
23 Réjouissez-vous en ce jour-là, et soyez ravis de joie, parce qu’une grande récompense vous est réservée dans le ciel : car c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
24 Mais malheur à vous, riches ! parce que vous avez votre consolation dans ce monde.
25 Malheur à vous qui êtes rassasiés ! parce que vous aurez faim. Malheur à vous qui riez maintenant ! parce que vous serez réduits aux pleurs et aux larmes.
26 Malheur à vous lorsque les hommes diront du bien de vous ! car c’est ce que leurs pères faisaient à l’égard des faux prophètes.
27 Mais pour vous qui m’écoutez, je vous dis : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent ;
28 bénissez ceux qui font des imprécations contre vous, et priez pour ceux qui vous calomnient.
29 Si quelqu’un vous frappe sur une joue, présentez-lui encore l’autre ; et si quelqu’un vous prend votre manteau, ne l’empêchez point de prendre aussi votre tunique.
30 Donnez à tous ceux qui vous demandent ; et ne redemandez point votre bien à celui qui vous l’emporte.
31 Traitez les hommes de la même manière que vous voudriez vous-mêmes qu’ils vous traitassent.
32 Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie aiment aussi ceux qui les aiment.
33 Et si vous ne faites du bien qu’à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie font la même chose.
34 Et si vous ne prêtez qu’à ceux de qui vous espérez de recevoir la même grâce, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie s’entre-prêtent de la sorte, pour recevoir le même avantage.
35 Mais pour vous, aimez vos ennemis, faites du bien à tous, et prêtez sans en rien espérer ; et alors votre récompense sera très-grande ; et vous serez les enfants du Très-Haut, parce qu’il est bon aux ingrats mêmes et aux méchants.
36 Soyez donc pleins de miséricorde, comme votre Père est plein de miséricorde.
37 Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; remettez, et on vous remettra.
38 Donnez, et on vous donnera ; on vous versera dans le sein une bonne mesure, pressée et entassée, et qui se répandra par-dessus : car on se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis envers les autres.
39 Il leur proposait aussi cette comparaison : Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans la fosse ?
40 Le disciple n’est pas plus que le maître ; mais tout disciple est parfait lorsqu’il est semblable à son maître.
41 Pourquoi voyez-vous une paille dans l’œil de votre frère, lorsque vous ne vous apercevez pas d’une poutre qui est dans votre œil ?
42 Ou comment pouvez-vous dire à votre frère, Mon frère, laissez-moi ôter la paille qui est dans votre œil ; vous qui ne voyez pas la poutre qui est dans le vôtre ? Hypocrite ! ôtez premièrement la poutre qui est dans votre œil, et après cela vous verrez comment vous pourrez tirer la paille qui est dans l’œil de votre frère.
43 Car l’arbre qui produit de mauvais fruits, n’est pas bon ; et l’arbre qui produit de bons fruits, n’est pas mauvais :
44 car chaque arbre se connaît à son propre fruit. On ne cueille point de figues sur des épines, et on ne coupe point de grappes de raisins sur des ronces.
45 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur ; et le méchant en tire de mauvaises du mauvais trésor de son cœur : car la bouche parle de la plénitude du cœur.
46 Mais pourquoi m’appelez-vous, Seigneur ! Seigneur ! et que vous ne faites pas ce que je dis ?
47 Je vais vous montrer à qui ressemble celui qui vient à moi, qui écoute mes paroles, et qui les pratique :
48 Il est semblable à un homme qui bâtit une maison, et qui, après avoir creusé bien avant, en a posé le fondement sur la pierre : un débordement d’eaux étant arrivé, un fleuve est venu fondre sur cette maison, et il n’a pu l’ébranler, parce qu’elle était fondée sur la pierre.
49 Mais celui qui écoute mes paroles sans les pratiquer, est semblable à un homme qui a bâti sa maison sur la terre, sans y faire de fondement : un fleuve est venu ensuite fondre sur cette maison ; elle est tombée aussitôt, et la ruine en a été grande.
APRÈS qu’il eut achevé tout ce discours devant le peuple qui l’écoutait, il entra dans Capharnaüm.
2 Il y avait là un centenier, dont le serviteur, qu’il aimait beaucoup, était fort malade, et près de mourir.
3 Et ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelques-uns des sénateurs juifs, pour le supplier de venir guérir son serviteur.
4 Étant donc venus trouver Jésus, ils l’en conjuraient avec grande instance, en lui disant : C’est un homme qui mérite que vous lui fassiez cette grâce :
5 car il aime notre nation ; et il nous a même bâti une synagogue.
6 Jésus s’en alla donc avec eux ; et comme il n’était plus guère loin de la maison, le centenier envoya ses amis au-devant de lui, pour lui dire de sa part : Seigneur ! ne vous donnez point tant de peine : car je ne mérite pas que vous entriez dans mon logis.
7 C’est pourquoi je ne me suis pas même cru digne d’aller vous trouver ; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri :
8 car quoique je ne sois qu’un homme soumis à d’autres, ayant néanmoins des soldats sous moi, je dis à l’un, Allez là, et il y va ; et à l’autre, Venez ici, et il y vient ; et à mon serviteur, Faites cela, et il le fait.
9 Jésus ayant entendu ces paroles, admira cet homme ; et se tournant vers le peuple qui le suivait, il leur dit : Je vous le dis en vérité, je n’ai point trouvé tant de foi dans Israël même.
10 Et ceux que le centenier avait envoyés, étant retournés chez lui, trouvèrent ce serviteur qui avait été malade, parfaitement guéri.
11 Le jour suivant Jésus allait en une ville appelée Naïm, et ses disciples l’accompagnaient avec une grande foule de peuple.
12 Lorsqu’il était près de la porte de la ville, il arriva qu’on portait en terre un mort, qui était fils unique de sa mère, et cette femme était veuve ; et il y avait une grande quantité de personnes de la ville avec elle.
13 Le Seigneur l’ayant vue, fut touché de compassion envers elle, et lui dit : Ne pleurez point.
14 Puis s’approchant, il toucha le cercueil : ceux qui le portaient s’arrêtèrent ; alors il dit : Jeune homme, levez-vous ; je vous le commande.
15 En même temps le mort se leva en son séant, et commença à parler ; et Jésus le rendit à sa mère.
16 Tous ceux qui étaient présents, furent saisis de frayeur, et ils glorifiaient Dieu, en disant : Un grand prophète a paru au milieu de nous, et Dieu a visité son peuple.
17 Le bruit de ce miracle qu’il avait fait, se répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d’alentour.
18 Les disciples de Jean lui ayant rapporté toutes ces choses,
19 il en appela deux, et les envoya à Jésus, pour lui dire : Êtes-vous celui qui doit venir ? ou devons-nous en attendre un autre ?
20 Ces hommes étant venus trouver Jésus, ils lui dirent : Jean-Baptiste nous a envoyés à vous, pour vous dire : Êtes-vous celui qui doit venir ? ou devons-nous en attendre un autre ?
21 Jésus à l’heure même délivra plusieurs personnes des maladies et des plaies dont ils étaient affligés, et des malins esprits qui les possédaient ; et il rendit la vue à plusieurs aveugles ;
22 après quoi il leur répondit en ces termes : Allez rapporter à Jean ce que vous venez d’entendre et de voir : Que les aveugles voient, que les boiteux marchent, que les lépreux sont guéris, que les sourds entendent, que les morts ressuscitent, que l’Évangile est annoncé aux pauvres ;
23 et que bienheureux est celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute.
24 Ceux qui étaient venus de la part de Jean s’en étant retournés, Jésus s’adressa au peuple, et leur parla de Jean en cette sorte : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? un roseau agité du vent ?
25 Qu’êtes-vous, dis-je, allés voir ? un homme vêtu avec luxe et avec mollesse ? Vous savez que c’est dans les palais des rois que se trouvent ceux qui sont vêtus magnifiquement, et qui vivent dans les délices.
26 Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, certes, je vous le dis, et plus qu’un prophète.
27 C’est de lui qu’il est écrit : J’envoie devant vous mon ange, qui vous préparera la voie.
28 Car je vous déclare, qu’entre tous ceux qui sont nés de femmes, il n’y a point de plus grand prophète que Jean-Baptiste : mais celui qui est le plus petit dans le royaume de Dieu, est plus grand que lui.
29 Tout le peuple et les publicains l’ayant entendu, ont justifié la conduite de Dieu, ayant été baptisés du baptême de Jean.
30 Mais les pharisiens et les docteurs de la loi ont méprisé le dessein de Dieu sur eux, ne s’étant point fait baptiser par Jean.
31 À qui donc, ajouta le Seigneur, comparerai-je les hommes de ce temps-ci ? et à qui sont-ils semblables ?
32 Ils sont semblables à ces enfants qui sont assis dans la place, et qui se parlant les uns aux autres, disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des airs lugubres, et vous n’avez point pleuré.
33 Car Jean-Baptiste est venu ne mangeant point de pain, et ne buvant point de vin ; et vous dites de lui : Il est possédé du démon.
34 Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, et vous dites : C’est un homme de bonne chère, et qui aime à boire du vin : c’est l’ami des publicains et des gens de mauvaise vie.
35 Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.
36 Un pharisien ayant prié Jésus de manger chez lui, il entra en son logis, et se mit à table.
37 En même temps une femme de la ville, qui était de mauvaise vie, ayant su qu’il était à table chez ce pharisien, y vint avec un vase d’albâtre, plein d’huile de parfum ;
38 et se tenant derrière lui à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux, les baisait, et y répandait ce parfum.
39 Ce que voyant le pharisien qui l’avait invité, il dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait qui est celle qui le touche, et que c’est une femme de mauvaise vie.
40 Alors Jésus prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à vous dire. Il répondit : Maître ! dites.
41 Un créancier avait deux débiteurs : l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante ;
42 mais comme ils n’avaient pas de quoi les lui rendre, il leur remit à tous deux leur dette : lequel des deux l’aimera donc davantage ?
43 Simon répondit : Je crois que ce sera celui auquel il a plus remis. Jésus lui dit : Vous avez fort bien jugé.
44 Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Voyez-vous cette femme ? Je suis entré dans votre maison : vous ne m’avez point donné d’eau pour me laver les pieds ; et elle, au contraire, a arrosé mes pieds de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux.
45 Vous ne m’avez point donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a cessé de baiser mes pieds.
46 Vous n’avez point répandu d’huile sur ma tête ; et elle a répandu ses parfums sur mes pieds.
47 C’est pourquoi je vous déclare, que beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé : mais celui à qui on remet moins, aime moins.
48 Alors il dit à cette femme : Vos péchés vous sont remis.
49 Et ceux qui étaient à table avec lui, commencèrent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci, qui remet même les péchés ?
50 Et Jésus dit encore à cette femme : Votre foi vous a sauvée ; allez en paix.
QUELQUE temps après, Jésus allait de ville en ville, et de village en village, prêchant l’Évangile, et annonçant le royaume de Dieu ; et les douze apôtres étaient avec lui.
2 Il y avait aussi quelques femmes, qui avaient été délivrées des malins esprits, et guéries de leurs maladies : entre lesquelles étaient Marie, surnommée Magdeleine, de laquelle sept démons étaient sortis ;
3 Jeanne, femme de Chuza, intendant de la maison d’Hérode ; Susanne, et plusieurs autres qui l’assistaient de leurs biens.
4 Or, le peuple s’assemblant en foule, et se pressant de sortir des villes pour venir vers lui, il leur dit en parabole :
5 Celui qui sème, s’en alla semer son grain : et une partie de la semence qu’il semait, tomba le long du chemin, où elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent.
6 Une autre partie tomba sur des pierres ; et ayant levé elle se sécha, parce qu’elle n’avait point d’humidité.
7 Une autre tomba au milieu des épines ; et les épines croissant avec la semence, l’étouffèrent.
8 Une autre partie tomba dans une bonne terre ; et ayant levé elle porta du fruit, et rendit cent pour un. En disant ceci, il criait : Que celui-là l’entende, qui a des oreilles pour entendre.
9 Ses disciples lui demandèrent ensuite, ce que voulait dire cette parabole.
10 Et il leur dit : Pour vous, il vous a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu ; mais pour les autres, il ne leur est proposé qu’en paraboles ; afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en écoutant ils ne comprennent point.
11 Voici donc ce que veut dire cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu.
12 Ceux qui sont marqués par ce qui tombe le long du chemin, sont ceux qui écoutent la parole ; mais le diable vient ensuite, qui enlève cette parole de leur cœur, de peur qu’ils ne croient et ne soient sauvés.
13 Ceux qui sont marqués par ce qui tombe sur des pierres, sont ceux qui écoutant la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine : ainsi ils croient seulement pour un temps, et au temps de la tentation ils se retirent.
14 Ce qui tombe dans les épines, marque ceux qui ont écouté la parole, mais en qui elle est ensuite étouffée par les sollicitudes, par les richesses, et par les plaisirs de cette vie ; de sorte qu’ils ne portent point de fruit.
15 Enfin ce qui tombe dans la bonne terre, marque ceux qui ayant écouté la parole avec un cœur bon et excellent, la retiennent et la conservent, et portent du fruit par la patience.
16 Il n’y a personne qui après avoir allumé une lampe, la couvre d’un vase, ou la mette sous un lit ; mais on la met sur le chandelier, afin que ceux qui entrent, voient la lumière.
17 Car il n’y a rien de secret qui ne doive être découvert, ni rien de caché qui ne doive être connu, et paraître publiquement.
18 Prenez donc bien garde de quelle manière vous écoutez : car on donnera encore à celui qui a déjà ; et pour celui qui n’a rien, on lui ôtera même ce qu’il croit avoir.
19 Cependant sa mère et ses frères étant venus vers lui, et ne pouvant l’aborder à cause de la foule du peuple,
20 il en fut averti, et on lui dit : Votre mère et vos frères sont là dehors, qui désirent de vous voir.
21 Mais il leur répondit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la pratiquent.
22 Un jour étant monté sur une barque avec ses disciples, il leur dit : Passons à l’autre bord du lac. Ils partirent donc.
23 Et comme ils passaient, il s’endormit ; alors un grand tourbillon de vent vint tout d’un coup fondre sur le lac, en sorte que leur barque s’emplissant d’eau, ils étaient en péril.
24 Ils s’approchèrent donc de lui, et l’éveillèrent, en lui disant ; Maître ! nous périssons. Jésus s’étant levé, parla avec menaces aux vents et aux flots agités, et ils s’apaisèrent ; et il se fit un grand calme.
25 Alors il leur dit : Où est votre foi ? Mais eux, remplis de crainte et d’admiration, se disaient l’un à l’autre : Quel est donc celui-ci, qui commande de la sorte aux vents et aux flots, et à qui ils obéissent ?
26 Ils abordèrent ensuite au pays des Géraséniens, qui est sur le bord opposé à la Galilée.
27 Et lorsque Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme qui depuis longtemps était possédé du démon, et qui ne portait point d’habit, ni ne demeurait point dans les maisons, mais dans les sépulcres.
28 Aussitôt qu’il eut aperçu Jésus, il vint se prosterner à ses pieds ; et jetant un grand cri, il lui dit à haute voix : Jésus, Fils du Dieu très-haut ! qu’y a-t-il entre vous et moi ? Je vous conjure de ne me point tourmenter.
29 Car il commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme, parce qu’il l’agitait avec violence depuis longtemps, en sorte que, quoiqu’on le gardât lié de chaînes, et les fers aux pieds, il rompait tous ses liens, et était poussé par le démon dans les déserts.
30 Jésus lui demanda : Quel est ton nom ? Il lui dit, Je m’appelle Légion : parce que plusieurs démons étaient entrés dans cet homme.
31 Et ces démons le suppliaient qu’il ne leur commandât point de s’en aller dans l’abîme.
32 Mais comme il y avait là un grand troupeau de pourceaux qui paissaient sur la montagne, ils le suppliaient de leur permettre d’y entrer : ce qu’il leur permit.
33 Les démons étant donc sortis de cet homme, entrèrent dans les pourceaux ; et aussitôt le troupeau courut avec violence se précipiter dans le lac, où ils se noyèrent.
34 Ceux qui les gardaient, ayant vu ce qui était arrivé, s’enfuirent, et s’en allèrent le dire à la ville et dans les villages ;
35 d’où plusieurs sortirent pour voir ce qui était arrivé ; et étant venus à Jésus, ils trouvèrent cet homme duquel les démons étaient sortis, assis à ses pieds, habillé et en son bon sens : ce qui les remplit de crainte.
36 Et ceux qui avaient vu ce qui s’était passé, leur racontèrent comment le possédé avait été délivré de la légion de démons.
37 Alors tous les peuples du pays des Géraséniens le prièrent de s’éloigner d’eux, parce qu’ils étaient saisis d’une grande frayeur. Il monta donc dans la barque pour s’en retourner.
38 Et cet homme duquel les démons étaient sortis, le suppliait qu’il lui permît d’aller avec lui ; mais Jésus le renvoya, en lui disant :
39 Retournez en votre maison, et racontez les grandes choses que Dieu a faites en votre faveur. Et il s’en alla par toute la ville, publiant les grâces que Jésus lui avait faites.
40 Jésus étant revenu, le peuple le reçut avec joie ; parce qu’il était attendu de tous.
41 Alors il vint à lui un homme, appelé Jaïre, qui était un chef de synagogue ; et se prosternant aux pieds de Jésus, il le suppliait de venir en sa maison,
42 parce qu’il avait une fille unique, âgée d’environ douze ans, qui se mourait. Et comme Jésus y allait, et qu’il était pressé par la foule du peuple,
43 une femme qui était malade d’une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien à se faire traiter par les médecins, sans qu’aucun d’eux eût pu la guérir,
44 s’approcha de lui par derrière, et toucha la frange de son vêtement : au même instant sa perte de sang s’arrêta.
45 Et Jésus dit : Qui est-ce qui m’a touché ? Mais tous assurant que ce n’était pas eux, Pierre et ceux qui étaient avec lui, lui dirent : Maître ! la foule du peuple vous presse et vous accable, et vous demandez qui vous a touché !
46 Mais Jésus dit : Quelqu’un m’a touché : car j’ai reconnu qu’une vertu est sortie de moi.
47 Cette femme se voyant ainsi découverte, s’en vint toute tremblante, se jeta à ses pieds, et déclara devant tout le peuple ce qui l’avait portée à le toucher, et comment elle avait été guérie à l’instant.
48 Et Jésus lui dit : Ma fille, votre foi vous a guérie ; allez en paix.
49 Comme il parlait encore, quelqu’un vint dire au chef de synagogue : Votre fille est morte : ne donnez point davantage de peine au Maître.
50 Mais Jésus ayant entendu cette parole, dit au père de la fille : Ne craignez point ; croyez seulement, et elle vivra.
51 Étant arrivé au logis, il ne laissa entrer personne, que Pierre, Jacques et Jean, avec le père et la mère de la fille.
52 Et comme tous ceux de la maison la pleuraient, en se frappant la poitrine, il leur dit : Ne pleurez point ; cette fille n’est pas morte, mais seulement endormie.
53 Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu’elle était morte.
54 Jésus donc la prenant par la main, lui cria : Ma fille, levez-vous.
55 Et son âme étant retournée dans son corps, elle se leva à l’instant ; et il commanda qu’on lui donnât à manger.
56 Alors son père et sa mère furent remplis d’étonnement ; et il leur commanda de ne dire à personne ce qui était arrivé.
JÉSUS ayant appelé ses douze apôtres, leur donna puissance et autorité sur tous les démons, avec le pouvoir de guérir les maladies.
2 Puis il les envoya prêcher le royaume de Dieu, et rendre la santé aux malades.
3 Et il leur dit : Ne préparez rien pour le chemin, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez point deux tuniques.
4 En quelque maison que vous soyez entrés, demeurez-y, et n’en sortez point.
5 Lorsqu’il se trouvera des personnes qui ne voudront pas vous recevoir, sortant de leur ville secouez même la poussière de vos pieds, afin que ce soit un témoignage contre eux.
6 Étant donc partis, ils allaient de village en village, annonçant l’Évangile, et guérissant partout les malades.
7 Cependant Hérode le tétrarque entendit parler de tout ce que faisait Jésus ; et son esprit était en suspens,
8 parce que les uns disaient, que Jean était ressuscité d’entre les morts ; les autres, qu’Élie était apparu ; et d’autres, qu’un des anciens prophètes était ressuscité.
9 Alors Hérode dit : J’ai fait couper la tête à Jean ; mais qui est celui-ci, de qui j’entends dire de si grandes choses ? Et il avait envie de le voir.
10 Les apôtres étant revenus, racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Et Jésus les prenant avec lui, se retira à l’écart dans un lieu désert, près la ville de Bethsaïde.
11 Lorsque le peuple l’eut appris, il le suivit ; et Jésus les ayant bien reçus, leur parlait du royaume de Dieu, et guérissait ceux qui avaient besoin d’être guéris.
12 Comme le jour commençait à baisser, les douze apôtres vinrent lui dire : Renvoyez le peuple, afin qu’ils s’en aillent dans les villages et dans les lieux d’alentour pour se loger, et pour y trouver de quoi vivre, parce que nous sommes ici dans un lieu désert.
13 Mais Jésus leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui repartirent : Nous n’avons que cinq pains et deux poissons ; si ce n’est peut-être qu’il faille que nous allions acheter des vivres pour tout ce peuple.
14 Car ils étaient environ cinq mille hommes. Alors il dit à ses disciples : Faites-les asseoir par troupes, cinquante à cinquante.
15 Ce qu’ils exécutèrent, en les faisant tous asseoir.
16 Or Jésus prit les cinq pains et les deux poissons ; et levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit, et les donna à ses disciples, afin qu’ils les présentassent au peuple.
17 Ils en mangèrent tous, et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui en étaient restés.
18 Un jour comme il priait en particulier, ayant ses disciples avec lui, il leur demanda : Que dit le peuple de moi ? Qui dit-il que je suis ?
19 Ils lui répondirent : Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, que c’est quelqu’un des anciens prophètes qui est ressuscité.
20 Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre répondit : Vous êtes Le Christ de Dieu.
21 Alors il leur défendit très-expressément de parler de cela à personne.
22 Et il ajouta : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup ; qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres et par les scribes ; qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour.
23 Il disait aussi à tout le monde : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il porte sa croix tous les jours, et qu’il me suive.
24 Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; et celui qui perdra sa vie pour l’amour de moi, la sauvera.
25 Et que servirait à un homme de gagner tout le monde aux dépens de lui-même, et en se perdant lui-même ?
26 Car si quelqu’un rougit de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme rougira aussi de lui, lorsqu’il viendra dans sa gloire, et dans celle de son Père et des saints anges.
27 Je vous dis en vérité : il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents qui ne mourront point, qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu.
28 Environ huit jours après qu’il eut dit ces paroles, il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et s’en alla sur une montagne pour prier.
29 Et pendant qu’il faisait sa prière, son visage parut tout autre ; ses habits devinrent blancs et éclatants.
30 Et l’on vit tout d’un coup deux hommes qui s’entretenaient avec lui : c’était Moïse et Élie.
31 Ils étaient pleins de majesté et de gloire, et ils lui parlaient de sa sortie du monde, qui devait arriver dans Jérusalem.
32 Cependant Pierre et ceux qui étaient avec lui, étaient accablés de sommeil ; et se réveillant ils le virent dans sa gloire, et les deux hommes qui étaient avec lui.
33 Et comme ils se séparaient de Jésus, Pierre lui dit : Maître ! nous sommes bien ici ; faisons-y trois tentes : une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie. Car il ne savait ce qu’il disait.
34 Il parlait encore, lorsqu’il parut une nuée qui les couvrit ; et ils furent saisis de frayeur, en les voyant entrer dans cette nuée.
35 Et il en sortit une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le.
36 Pendant qu’on entendait cette voix, Jésus se trouva seul ; et les disciples tinrent ceci secret, et ne dirent pour lors à personne rien de ce qu’ils avaient vu.
37 Le lendemain, lorsqu’ils descendaient de la montagne, une grande troupe de peuple vint au-devant d’eux.
38 Et un homme s’écria parmi la foule, et dit : Maître ! regardez mon fils en pitié, je vous en supplie : car je n’ai que ce seul enfant.
39 L’esprit malin se saisit de lui, et lui fait tout d’un coup jeter de grands cris ; il le renverse par terre, il l’agite par de violentes convulsions, en le faisant écumer, et à peine le quitte-t-il après l’avoir tout déchiré.
40 J’avais prié vos disciples de le chasser ; mais ils n’ont pu.
41 Alors Jésus prenant la parole, dit : Ô race incrédule et dépravée ! jusques à quand serai-je avec vous, et vous souffrirai-je ? Amenez ici votre fils.
42 Et comme l’enfant s’approchait, le démon le jeta par terre, et l’agita par de grandes convulsions.
43 Mais Jésus ayant parlé avec menaces à l’esprit impur, guérit l’enfant, et le rendit à son père.
44 Tous furent étonnés de la grande puissance de Dieu. Et lorsque tout le monde était dans l’admiration de tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples : Mettez bien dans votre cœur ce que je vais vous dire : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes.
45 Mais ils n’entendaient point ce langage : il leur était tellement caché, qu’ils n’y comprenaient rien ; et ils appréhendaient même de l’interroger sur ce sujet.
46 Il leur vint aussi une pensée dans l’esprit, lequel d’entre eux était le plus grand.
47 Mais Jésus voyant les pensées de leur cœur, prit un enfant, et le mettant près de lui,
48 il leur dit : Quiconque reçoit cet enfant en mon nom, me reçoit ; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé : car celui qui est le plus petit parmi vous tous, est le plus grand.
49 Alors Jean prenant la parole, lui dit : Maître ! nous avons vu un homme qui chasse les démons en votre nom ; mais nous l’en avons empêché, parce qu’il ne vous suit pas avec nous.
50 Et Jésus lui dit : Ne l’en empêchez point : car celui qui n’est pas contre vous, est pour vous.
51 Lorsque le temps auquel il devait être enlevé du monde approchait, il se mit en chemin avec un visage assuré pour aller à Jérusalem.
52 Et il envoya devant lui pour annoncer sa venue, des gens qui étant partis entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement.
53 Mais ceux de ce lieu ne voulurent point le recevoir, parce qu’il paraissait qu’il allait à Jérusalem.
54 Ce que Jacques et Jean, ses disciples, ayant vu, ils lui dirent : Seigneur ! voulez-vous que nous commandions que le feu descende du ciel, et qu’il les dévore ?
55 Mais se retournant, il leur fit réprimande, et leur dit : Vous ne savez pas à quel esprit vous êtes appelés :
56 le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre les hommes, mais pour les sauver. Ils s’en allèrent donc en un autre bourg.
57 Lorsqu’ils étaient en chemin, un homme lui dit : Seigneur ! je vous suivrai partout où vous irez.
58 Jésus lui répondit : Les renards ont leurs tanières, et les oiseaux du ciel leurs nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.
59 Il dit à un autre : Suivez-moi. Et il lui répondit : Seigneur ! permettez-moi d’aller auparavant ensevelir mon père.
60 Jésus lui repartit : Laissez aux morts le soin d’ensevelir leurs morts ; mais pour vous, allez annoncer le royaume de Dieu.
61 Un autre lui dit : Seigneur ! je vous suivrai ; mais permettez-moi de disposer auparavant de ce que j’ai dans ma maison.
62 Jésus lui répondit : Quiconque ayant mis la main à la charrue, regarde derrière soi, n’est point propre au royaume de Dieu.
ENSUITE le Seigneur choisit encore soixante et douze autres disciples, qu’il envoya devant lui, deux à deux, dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller.
2 Et il leur disait : La moisson est grande ; mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le Maître de la moisson, qu’il envoie des ouvriers en sa moisson.
3 Allez : je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
4 Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers ; et ne saluez personne dans le chemin.
5 En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : Que la paix soit dans cette maison !
6 Et s’il s’y trouve quelque enfant de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle retournera sur vous.
7 Demeurez en la même maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux : car celui qui travaille, mérite sa récompense. Ne passez point de maison en maison.
8 Et en quelque ville que vous entriez, et où l’on vous aura reçus, mangez ce que l’on vous présentera.
9 Guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est proche de vous.
10 Mais si étant entrés en quelque ville, on ne vous y reçoit point, sortez dans les places, et dites :
11 Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville, qui s’est attachée à nos pieds : sachez néanmoins que le royaume de Dieu est proche.
12 Je vous assure qu’au dernier jour, Sodome sera traitée moins rigoureusement que cette ville-là.
13 Malheur à toi, Corozaïn ! malheur à toi, Bethsaïde ! parce que si les miracles qui ont été faits chez vous, avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles auraient fait pénitence dans le sac et dans la cendre.
14 c’est pourquoi, au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous.
15 Et toi, Capharnaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras précipitée jusque dans le fond des enfers.
16 Celui qui vous écoute, m’écoute ; celui qui vous méprise, me méprise ; et celui qui me méprise, méprise celui qui m’a envoyé.
17 Or les soixante et douze disciples s’en revinrent avec joie, lui disant : Seigneur ! les démons mêmes nous sont assujettis par la vertu de votre nom.
18 Il leur répondit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair.
19 Vous voyez que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire.
20 Néanmoins ne mettez point votre joie en ce que les esprits impurs vous sont soumis ; mais réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.
21 En cette même heure Jésus tressaillit de joie par le mouvement du Saint-Esprit, et dit ces paroles : Je vous rends gloire, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre ! de ce que tandis que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, vous les avez révélées aux petits. Oui, mon Père ! je vous en rends gloire, parce qu’il vous a plu que cela fût ainsi.
22 Mon Père m’a mis toutes choses entre les mains : et nul ne connaît qui est le Fils que le Père ; ni qui est le Père que le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler.
23 Et se retournant vers ses disciples, il leur dit : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !
24 Car je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité de voir ce que vous voyez, et ne l’ont point vu ; et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont point entendu.
25 Alors un docteur de la loi s’étant levé, lui dit, pour le tenter : Maître ! que faut-il que je fasse pour posséder la vie éternelle ?
26 Jésus lui répondit : Qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? Qu’y lisez-vous ?
27 Il lui répondit : Vous aimerez le Seigneur, votre Dieu, de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit ; et votre prochain comme vous-même.
28 Jésus lui dit : Vous avez fort bien répondu ; faites cela, et vous vivrez.
29 Mais cet homme voulant faire paraître qu’il était juste, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?
30 Et Jésus prenant la parole, lui dit : Un homme, qui descendait de Jérusalem à Jéricho, tomba entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent, le couvrirent de plaies, et s’en allèrent, le laissant à demi mort.
31 Il arriva ensuite, qu’un prêtre descendait par le même chemin, lequel l’ayant aperçu passa outre.
32 Un lévite, qui vint aussi au même lieu, l’ayant considéré passa outre encore.
33 Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu à l’endroit où était cet homme, et l’ayant vu, en fut touché de compassion.
34 Il s’approcha donc de lui, versa de l’huile et du vin dans ses plaies, et les banda ; et l’ayant mis sur son cheval, il le mena dans une hôtellerie, et prit soin de lui.
35 Le lendemain il tira deux deniers, qu’il donna à l’hôte, et lui dit : Ayez bien soin de cet homme ; et tout ce que vous dépenserez de plus, je vous le rendrai à mon retour.
36 Lequel de ces trois vous semble-t-il avoir été le prochain de celui qui tomba entre les mains des voleurs ?
37 Le docteur lui répondit : Celui qui a exercé la miséricorde envers lui : Allez donc, lui dit Jésus, et faites de même.
38 Jésus étant en chemin avec ses disciples, entra dans un bourg ; et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.
39 Elle avait une sœur, nommée Marie, qui se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
40 Mais Marthe était fort occupée à préparer tout ce qu’il fallait ; et s’arrêtant devant Jésus, elle lui dit : Seigneur ! ne considérez-vous point que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dites-lui donc qu’elle m’aide.
41 Mais le Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, vous vous empressez et vous vous troublez dans le soin de beaucoup de choses :
42 cependant une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée.
UN jour, comme il était en prière en un certain lieu, après qu’il eut cessé de prier, un de ses disciples lui dit : Seigneur ! apprenez-nous à prier, ainsi que Jean l’a appris à ses disciples.
2 Et il leur dit : Lorsque vous prierez, dites : Père ! que votre nom soit sanctifié ! Que votre règne arrive !
3 Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour.
4 Et remettez-nous nos offenses, puisque nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous sont redevables. Et ne nous abandonnez point à la tentation.
5 Il leur dit encore : Si quelqu’un d’entre vous avait un ami, et qu’il allât le trouver au milieu de la nuit pour lui dire, Mon ami, prêtez-moi trois pains,
6 parce qu’un de mes amis qui est en voyage vient d’arriver chez moi, et je n’ai rien à lui donner ;
7 et que cet homme lui répondît de dedans sa maison, Ne m’importunez point ; ma porte est fermée, et mes enfants sont couchés aussi bien que moi ; je ne puis me lever pour vous en donner :
8 si néanmoins l’autre persévérait à frapper, je vous assure que, quand il ne se lèverait pas pour lui en donner à cause qu’il est son ami, il se lèverait du moins à cause de son importunité, et lui en donnerait autant qu’il en aurait besoin.
9 Je vous dis de même : Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez à la porte, et l’on vous ouvrira.
10 Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et l’on ouvrira à celui qui frappe à la porte.
11 Mais qui est le père d’entre vous, qui donnât à son fils une pierre, lorsqu’il lui demanderait du pain ; ou qui lui donnât un serpent, lorsqu’il lui demanderait un poisson ;
12 ou qui lui donnât un scorpion, lorsqu’il lui demanderait un œuf ?
13 Si donc vous, étant méchants comme vous êtes, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants ; à combien plus forte raison votre Père qui est dans le ciel, donnera-t-il le bon Esprit à ceux qui le lui demandent ?
14 Un jour, Jésus chassa un démon qui était muet ; et lorsqu’il eut chassé le démon, le muet parla, et tout le peuple fut ravi en admiration.
15 Mais quelques-uns d’entre eux dirent : Il ne chasse les démons que par Béelzébub, prince des démons.
16 Et d’autres voulant le tenter, lui demandaient qu’il leur fît voir un prodige dans l’air.
17 Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit, et toute maison divisée contre elle-même tombera en ruine.
18 Si donc Satan est aussi divisé contre lui-même, comment son règne subsistera-t-il ? Car vous dites que c’est par Béelzébub que je chasse les démons.
19 Si c’est par Béelzébub que je chasse les démons, par qui vos enfants les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.
20 Mais si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, assurément le royaume de Dieu est venu jusqu’à vous.
21 Lorsque le fort armé garde sa maison, tout ce qu’il possède est en paix.
22 Mais s’il en survient un autre plus fort que lui, qui le surmonte, il emportera toutes ses armes dans lesquelles il mettait sa confiance, et il distribuera ses dépouilles.
23 Celui qui n’est point avec moi, est contre moi ; et celui qui n’amasse point avec moi, dissipe.
24 Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il s’en va par des lieux arides, cherchant du repos ; et comme il n’en trouve point, il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti.
25 Et y venant, il la trouve nettoyée et parée.
26 Alors il s’en va prendre avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; et entrant dans cette maison, ils en font leur demeure : et le dernier état de cet homme devient pire que le premier.
27 Lorsqu’il disait ces choses, une femme élevant la voix du milieu du peuple, lui dit : Heureuses les entrailles qui vous ont porté, et les mamelles qui vous ont nourri !
28 Jésus lui dit : Mais plutôt heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la pratiquent !
29 Et comme le peuple s’amassait en foule, il commença à dire : Cette race d’hommes est une race méchante : ils demandent un signe ; et il ne leur en sera point donné d’autre que celui du prophète Jonas.
30 Car comme Jonas fut un signe pour ceux de Ninive, ainsi le Fils de l’homme en sera un pour cette nation.
31 La reine du Midi s’élèvera au jour du jugement contre les hommes de cette nation, et les condamnera ; parce qu’elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon : et cependant il y a ici plus que Salomon.
32 Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre ce peuple, et le condamneront : parce qu’ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas : et cependant il y a ici plus que Jonas.
33 Il n’y a personne qui après avoir allumé une lampe, la mette dans un lieu caché, ou sous un boisseau ; mais on la met sur le chandelier, afin que ceux qui entrent, voient la lumière.
34 Votre œil est la lampe de votre corps : si votre œil est simple et pur, tout votre corps sera éclairé ; s’il est mauvais, votre corps aussi sera ténébreux.
35 Prenez donc garde que la lumière qui est en vous, ne soit elle-même de vraies ténèbres.
36 Si donc votre corps est tout éclairé, n’ayant aucune partie ténébreuse, tout sera lumineux, comme lorsqu’une lampe vous éclaire par sa lumière.
37 Pendant qu’il parlait, un pharisien le pria de dîner chez lui ; et Jésus y étant entré, se mit à table.
38 Le pharisien commença alors à dire en lui-même : Pourquoi ne s’est-il point lavé les mains avant le dîner ?
39 Mais le Seigneur lui dit : Vous autres pharisiens, vous avez grand soin de nettoyer le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans de vos cœurs est plein de rapine et d’iniquité.
40 Insensés que vous êtes ! celui qui a fait le dehors, n’a-t-il pas fait aussi le dedans ?
41 Néanmoins donnez l’aumône de ce que vous avez, et toutes choses seront pures pour vous.
42 Mais malheur à vous, pharisiens ! qui payez la dîme de la menthe, de la rue et de toutes les herbes, et qui négligez la justice, et l’amour de Dieu : c’est là néanmoins ce qu’il fallait pratiquer, sans omettre ces autres choses.
43 Malheur à vous, pharisiens ! qui aimez à avoir les premières places dans les synagogues, et à être salués dans les places publiques.
44 Malheur à vous, qui ressemblez à des sépulcres qui ne paraissent point, et que les hommes qui marchent dessus ne connaissent pas !
45 Alors un des docteurs de la loi prenant la parole, lui dit : Maître ! en parlant ainsi, vous nous déshonorez aussi nous-mêmes.
46 Mais Jésus lui dit : Malheur aussi à vous autres, docteurs de la loi ! qui chargez les hommes de fardeaux qu’ils ne sauraient porter, et qui ne voudriez pas les avoir touchés du bout du doigt.
47 Malheur à vous, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes ! et ce sont vos pères qui les ont tués.
48 Certes vous témoignez assez que vous consentez à ce qu’ont fait vos pères : car ils ont tué les prophètes, et vous leur bâtissez des tombeaux.
49 C’est pourquoi la sagesse de Dieu a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; et ils tueront les uns, et persécuteront les autres :
50 afin qu’on redemande à cette nation le sang de tous les prophètes, qui a été répandu depuis la création du monde ;
51 depuis le sang d’Abel, jusqu’au sang de Zacharie, qui a été tué entre l’autel et le temple. Oui, je vous déclare qu’on en demandera compte à cette nation.
52 Malheur à vous, docteurs de la loi ! qui vous êtes saisis de la clef de la science ; et qui n’y étant point entrés vous-mêmes, l’avez encore fermée à ceux qui voulaient y entrer.
53 Comme il leur parlait de la sorte, les pharisiens et les docteurs de la loi commencèrent à le presser vivement, et à l’accabler par une multitude de questions,
54 lui tendant des pièges, et tâchant de tirer de sa bouche quelque chose qui leur donnât lieu de l’accuser.
CEPENDANT une grande multitude de peuple s’étant assemblée autour de Jésus, en sorte qu’ils marchaient les uns sur les autres, il commença à dire à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie.
2 Mais il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu :
3 car ce que vous avez dit dans l’obscurité, se publiera dans la lumière : et ce que vous avez dit à l’oreille dans la chambre, sera prêché sur les toits.
4 Je vous dis donc, à vous qui êtes mes amis : Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui après cela n’ont rien à vous faire davantage.
5 Mais je vais vous apprendre qui vous devez craindre : Craignez celui qui, après avoir ôté la vie, a le pouvoir de jeter dans l’enfer. Oui, je vous le dis, craignez celui-là.
6 N’est-il pas vrai que cinq passereaux se donnent pour deux oboles ? et néanmoins il n’y en a pas un seul qui soit en oubli devant Dieu.
7 Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point qu’il vous oublie : vous valez beaucoup mieux qu’une infinité de passereaux.
8 Or je vous déclare que quiconque me confessera et me reconnaîtra devant les hommes, le Fils de l’homme le reconnaîtra aussi devant les anges de Dieu.
9 Mais si quelqu’un me renonce devant les hommes, je le renoncerai aussi devant les anges de Dieu.
10 Si quelqu’un parle contre le Fils de l’homme, son péché lui sera remis ; mais si quelqu’un blasphème contre le Saint-Esprit, il ne lui sera point remis.
11 Lorsqu’on vous mènera dans les synagogues, ou devant les magistrats et les puissances du monde, ne vous mettez point en peine comment vous répondrez, ni de ce que vous direz :
12 car le Saint-Esprit vous enseignera à cette heure-là même, ce qu’il faudra que vous disiez.
13 Alors un homme lui dit du milieu de la foule : Maître ! dites à mon frère qu’il partage avec moi la succession qui nous est échue.
14 Mais Jésus lui dit : Ô homme ! qui m’a établi pour vous juger, ou pour faire vos partages ?
15 Puis il leur dit : Ayez soin de vous bien garder de toute avarice : car en quelque abondance qu’un homme soit, sa vie ne dépend point des biens qu’il possède.
16 Il leur dit ensuite cette parabole : Il y avait un homme riche, dont les terres avaient extraordinairement rapporté ;
17 et il s’entretenait en lui-même de ces pensées : Que ferai-je ? car je n’ai point de lieu où je puisse serrer tout ce que j’ai à recueillir.
18 Voici, dit-il, ce que je ferai : J’abattrai mes greniers, et j’en bâtirai de plus grands, et j’y amasserai toute ma récolte et tous mes biens ;
19 et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années : repose-toi, mange, bois, fais bonne chère.
20 Mais Dieu en même temps dit à cet homme : Insensé que tu es ! on va te redemander ton âme cette nuit même ; et pour qui sera ce que tu as amassé ?
21 C’est ce qui arrive à celui qui amasse des trésors pour soi-même, et qui n’est point riche devant Dieu.
22 Puis s’adressant à ses disciples, il leur dit : Ne vous mettez point en peine où vous trouverez de quoi manger pour conserver votre vie, ni où vous trouverez des habits pour couvrir votre corps.
23 La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.
24 Considérez les corbeaux : ils ne sèment, ni ne moissonnent : ils n’ont ni cellier, ni grenier : cependant Dieu les nourrit. Et combien êtes-vous plus excellents qu’eux !
25 Mais qui d’entre vous, par tous ses soins, peut ajouter à sa taille la hauteur d’une coudée ?
26 Si donc les moindres choses mêmes sont au-dessus de votre pouvoir, pourquoi vous inquiétez-vous des autres ?
27 Considérez les lis, et voyez comment ils croissent : ils ne travaillent, ni ne filent : cependant je vous déclare, que Salomon même, dans toute sa magnificence, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux.
28 Si Dieu a soin de vêtir de la sorte une herbe qui est aujourd’hui dans les champs, et qu’on jettera demain dans le four, combien aura-t-il plus de soin de vous vêtir, ô hommes de peu de foi !
29 Ne vous mettez donc point en peine, vous autres, de ce que vous aurez à manger ou à boire ; et que votre esprit ne soit point suspendu et inquiet :
30 car ce sont les païens et les gens du monde, qui recherchent toutes ces choses : et votre Père sait assez que vous en avez besoin.
31 C’est pourquoi cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît.
32 Ne craignez point, petit troupeau : car il a plu à votre Père de vous donner son royaume.
33 Vendez ce que vous avez, et le donnez en aumône ; faites-vous des bourses qui ne s’usent point par le temps : amassez dans le ciel un trésor qui ne périsse jamais ; d’où les voleurs n’approchent point, et que les vers ne puissent corrompre :
34 car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur.
35 Que vos reins soient ceints, et ayez dans vos mains des lampes ardentes :
36 soyez semblables à ceux qui attendent que leur maître retourne des noces ; afin que lorsqu’il sera venu, et qu’il aura frappé à la porte, ils lui ouvrent aussitôt.
37 Heureux ces serviteurs que le maître à son arrivée trouvera veillants ! Je vous dis en vérité, que s’étant ceint, il les fera mettre à table, et passant devant eux il les servira.
38 S’il arrive à la seconde ou à la troisième veille, et qu’il les trouve en cet état, ces serviteurs-là sont heureux.
39 Or sachez que si le père de famille était averti de l’heure à laquelle le voleur doit venir, il veillerait sans doute, et ne laisserait pas percer sa maison.
40 Tenez-vous donc aussi toujours prêts : parce que le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas.
41 Alors Pierre lui dit : Seigneur ! est-ce à nous seuls que vous adressez cette parabole, ou si c’est à tout le monde ?
42 Le Seigneur lui dit : Quel est, à votre avis, le dispensateur fidèle et prudent, que le maître a établi sur ses serviteurs, pour distribuer à chacun dans le temps la mesure de blé qui lui est destinée ?
43 Heureux ce serviteur que son maître à son arrivée trouvera agissant de la sorte !
44 Je vous dis en vérité, qu’il l’établira sur tous les biens qu’il possède.
45 Mais si ce serviteur dit en lui-même, Mon maître n’est pas près de venir ; et qu’il commence à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer ;
46 le maître de ce serviteur viendra au jour qu’il ne s’y attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas ; et il le retranchera de sa famille, et lui donnera pour partage d’être puni avec les infidèles.
47 Le serviteur qui aura su la volonté de son maître, et qui néanmoins ne se sera pas tenu prêt, et n’aura pas fait ce qu’il désirait de lui, sera battu rudement :
48 mais celui qui n’aura pas su sa volonté, et qui aura fait des choses dignes de châtiment, sera moins battu. On redemandera beaucoup à celui à qui on aura beaucoup donné ; et on fera rendre un plus grand compte à celui à qui on aura confié plus de choses.
49 Je suis venu pour jeter le feu dans la terre ; et que désiré-je, sinon qu’il s’allume ?
50 Je dois être baptisé d’un baptême ; et combien me sens-je pressé jusqu’à ce qu’il s’accomplisse ?
51 Croyez-vous que je sois venu pour apporter la paix sur la terre ? Non, je vous assure ; mais au contraire, la division.
52 Car désormais, s’il se trouve cinq personnes dans une maison, elles seront divisées les unes contre les autres : trois contre deux, et deux contre trois.
53 Le père sera en division avec le fils, et le fils avec le père ; la mère avec la fille, et la fille avec la mère ; la belle-mère avec la belle-fille, et la belle-fille avec la belle-mère.
54 Il disait aussi au peuple : Lorsque vous voyez un nuage se former du côté du couchant, vous dites aussitôt, que la pluie ne tardera pas à venir ; et il pleut en effet.
55 Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites qu’il fera chaud ; et le chaud ne manque pas d’arriver.
56 Hypocrites que vous êtes ! vous savez si bien reconnaître ce que présagent les diverses apparences du ciel et de la terre ; comment donc ne reconnaissez-vous point ce temps-ci ?
57 Comment n’avez-vous point de discernement pour reconnaître, par ce qui se passe parmi vous, ce qui est juste ?
58 Lorsque vous allez avec votre adversaire devant le magistrat, tâchez de vous dégager de lui pendant que vous êtes encore dans le chemin ; de peur qu’il ne vous entraîne devant le juge, et que le juge ne vous livre au sergent, et que le sergent ne vous mène en prison.
59 Car je vous assure que vous ne sortirez point de là, que vous n’ayez payé jusqu’à la dernière obole.
EN ce même temps quelques-uns vinrent dire à Jésus ce qui s’était passé touchant les Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.
2 Sur quoi Jésus prenant la parole, leur dit : Pensez-vous que ces Galiléens fussent les plus grands pécheurs de toute la Galilée, parce qu’ils ont été ainsi traités ?
3 Non, je vous en assure ; mais je vous déclare que si vous ne faites pénitence, vous périrez tous comme eux.
4 Croyez-vous aussi que ces dix-huit hommes sur lesquels la tour de Siloé est tombée, et qu’elle a tués, fussent plus redevables à la justice de Dieu, que tous les habitants de Jérusalem ?
5 Non, je vous en assure ; mais je vous déclare que si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même sorte.
6 Il leur dit aussi cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne, et venant pour y chercher du fruit, il n’y en trouva point.
7 Alors il dit à son vigneron : Il y a déjà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, sans y en trouver : coupez-le donc : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?
8 Le vigneron lui répondit : Seigneur, laissez-le encore cette année, afin que je le laboure au pied, et que j’y mette du fumier :
9 après cela, s’il porte du fruit, à la bonne heure ; sinon, vous le ferez couper.
10 Jésus enseignait dans la synagogue les jours de sabbat.
11 Et un jour il y vint une femme possédée d’un esprit qui la rendait malade depuis dix-huit ans ; et elle était si courbée qu’elle ne pouvait du tout regarder en haut.
12 Jésus la voyant, l’appela, et lui dit : Femme, vous êtes délivrée de votre infirmité.
13 En même temps il lui imposa les mains ; et étant aussitôt redressée, elle en rendait gloire à Dieu.
14 Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus l’avait guérie au jour du sabbat, dit au peuple : Il y a six jours destinés pour travailler ; venez en ces jours-là pour être guéris, et non pas au jour du sabbat.
15 Le Seigneur prenant la parole, lui dit : Hypocrites ! y a-t-il quelqu’un de vous qui ne délie pas son bœuf, ou son âne, le jour du sabbat, et ne les tire pas de l’étable pour les mener boire ?
16 Pourquoi donc ne fallait-il pas délivrer de ses liens, en un jour de sabbat, cette fille d’Abraham, que Satan avait tenue ainsi liée durant dix-huit ans ?
17 À ces paroles tous ses adversaires demeurèrent confus ; et tout le peuple était ravi de lui voir faire tant d’actions glorieuses.
18 Il disait aussi : À quoi est semblable le royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je ?
19 Il est semblable à un grain de sénevé, qu’un homme prend et jette dans son jardin, et qui croît jusqu’à devenir un grand arbre ; de sorte que les oiseaux du ciel se reposent sur ses branches.
20 À quoi, dit-il encore, comparerai-je le royaume de Dieu ?
21 Il est semblable au levain qu’une femme prend et mêle dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte soit levée.
22 Et il allait par les villes et les villages enseignant, et s’avançant vers Jérusalem.
23 Quelqu’un lui ayant fait cette demande, Seigneur ! y en aura-t-il peu de sauvés ? il leur répondit :
24 Faites effort pour entrer par la porte étroite : car je vous assure que plusieurs chercheront à y entrer, et ne le pourront.
25 Et quand le père de famille sera entré, et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à heurter, en disant, Seigneur, ouvrez-nous ! il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes.
26 Alors vous commencerez à dire : Nous avons mangé et bu en votre présence, et vous avez enseigné dans nos places publiques.
27 Et il vous répondra ; Je ne sais d’où vous êtes : retirez-vous de moi, vous tous qui commettez l’iniquité.
28 Ce sera alors qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez qu’Abraham, Isaac, Jacob, et tous les prophètes, seront dans le royaume de Dieu, et que vous autres vous serez chassés dehors.
29 Il en viendra d’Orient et d’Occident, du Septentrion et du Midi, qui auront place au festin dans le royaume de Dieu.
30 Alors ceux qui sont les derniers, seront les premiers ; et ceux qui sont les premiers, seront les derniers.
31 Le même jour quelques-uns des pharisiens vinrent lui dire : Allez-vous-en, sortez de ce lieu : car Hérode veut vous faire mourir.
32 Il leur répondit : Allez dire à ce renard : J’ai encore à chasser les démons, et à rendre la santé aux malades aujourd’hui et demain, et le troisième jour je serai consommé par ma mort.
33 Cependant il faut que je continue à marcher aujourd’hui et demain, et le jour d’après : car il ne faut pas qu’un prophète souffre la mort ailleurs que dans Jérusalem.
34 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui sont envoyés vers toi ! combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu !
35 Le temps s’approche où votre maison demeurera déserte. Or je vous dis en vérité, que vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
JÉSUS entra un jour de sabbat dans la maison d’un des principaux pharisiens pour y prendre son repas ; et ceux qui étaient là, l’observaient.
2 Or il y avait devant lui un homme hydropique ;
3 et Jésus s’adressant aux docteurs de la loi et aux pharisiens, leur dit : Est-il permis de guérir des malades le jour du sabbat ?
4 Et ils demeurèrent dans le silence. Mais lui prenant cet homme par la main, le guérit, et le renvoya.
5 Puis s’adressant à eux, il leur dit : Qui est celui d’entre vous, qui voyant son âne ou son bœuf tombé dans un puits, ne l’en retire pas aussitôt le jour même du sabbat ?
6 Et ils ne pouvaient rien répondre à cela.
7 Alors considérant comme les conviés choisissaient les premières places, il leur proposa cette parabole, et leur dit :
8 Quand vous serez convié à des noces, n’y prenez point la première place : de peur qu’il ne se trouve parmi les conviés une personne plus considérable que vous ;
9 et que celui qui aura invité l’un et l’autre ne vienne vous dire, Donnez votre place à celui-ci ; et qu’alors vous ne soyez réduit à vous tenir avec honte au dernier lieu.
10 Mais quand vous aurez été convié, allez vous mettre à la dernière place : afin que lorsque celui qui vous a convié sera venu, il vous dise : Mon ami, montez plus haut. Et alors ce vous sera un sujet de gloire devant ceux qui seront à table avec vous :
11 car quiconque s’élève, sera abaissé ; et quiconque s’abaisse, sera élevé.
12 Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque vous donnerez à dîner ou à souper, n’y conviez ni vos amis, ni vos frères, ni vos parents, ni vos voisins qui seront riches : de peur qu’ils ne vous invitent ensuite à leur tour, et qu’ainsi ils ne vous rendent ce qu’ils avaient reçu de vous.
13 Mais lorsque vous faites un festin, conviez-y les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles ;
14 et vous serez heureux de ce qu’ils n’auront pas le moyen de vous le rendre : car cela vous sera rendu en la résurrection des justes.
15 Un de ceux qui étaient à table, ayant entendu ces paroles, lui dit : Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu !
16 Alors Jésus lui dit : Un homme fit un jour un grand souper, auquel il invita plusieurs personnes.
17 Et à l’heure du souper il envoya son serviteur dire aux conviés de venir, parce que tout était prêt.
18 Mais tous, comme de concert, commencèrent à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté une terre, et il faut nécessairement que j’aille la voir : je vous supplie de m’excuser.
19 Le second lui dit : J’ai acheté cinq couples de bœufs, et je m’en vais les éprouver : je vous supplie de m’excuser.
20 Le troisième lui dit : J’ai épousé une femme : ainsi je ne puis y aller.
21 Le serviteur étant revenu, rapporta tout ceci à son maître. Alors le père de famille se mit en colère, et dit à son serviteur : Allez-vous-en promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amenez ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.
22 Le serviteur lui dit ensuite : Seigneur, ce que vous avez commandé est fait, et il y a encore des places de reste.
23 Le maître dit au serviteur : Allez dans les chemins et le long des haies, et forcez les gens d’entrer, afin que ma maison soit remplie :
24 car je vous assure que nul de ces hommes que j’avais conviés, ne goûtera de mon souper.
25 Une grande troupe de peuple marchant avec Jésus, il se retourna vers eux, et leur dit :
26 Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
27 Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.
28 Car qui est celui d’entre vous, qui voulant bâtir une tour, ne suppute auparavant en repos et à loisir la dépense qui y sera nécessaire, pour voir s’il aura de quoi l’achever ?
29 de peur qu’en ayant jeté les fondements, et ne pouvant l’achever, tous ceux qui verront ce bâtiment imparfait, ne commencent à se moquer de lui,
30 en disant : Cet homme avait commencé à bâtir, mais il n’a pu achever.
31 Ou, qui est le roi, qui se mettant en campagne pour combattre un autre roi, ne consulte auparavant en repos et à loisir s’il pourra marcher avec dix mille hommes contre un ennemi qui s’avance vers lui avec vingt mille ?
32 Autrement il lui envoie des ambassadeurs, lorsqu’il est encore bien loin, et lui fait des propositions de paix.
33 Ainsi, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple.
34 Le sel est bon ; mais si le sel devient fade, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?
35 Il n’est plus propre ni pour la terre, ni pour le fumier : mais on le jettera dehors. Que celui-là l’entende, qui a des oreilles pour entendre.
LES publicains et les gens de mauvaise vie se tenant auprès de Jésus pour l’écouter,
2 les pharisiens et les scribes en murmuraient, et disaient : Voyez comme cet homme reçoit les gens de mauvaise vie, et mange avec eux.
3 Alors Jésus leur proposa cette parabole :
4 Qui est l’homme d’entre vous, qui ayant cent brebis, et en ayant perdu une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert, pour s’en aller après celle qui s’est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve ?
5 et lorsqu’il l’a trouvée, il la met sur ses épaules avec joie ;
6 et étant retourné en sa maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai trouvé ma brebis qui était perdue.
7 Je vous dis, qu’il y aura de même plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence.
8 Ou, qui est la femme qui ayant dix drachmes, et en ayant perdue une, n’allume la lampe, et balayant la maison, ne la cherche avec grand soin, jusqu’à ce qu’elle la trouve ?
9 et après l’avoir trouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue.
10 De même, vous dis-je, c’est une joie parmi les anges de Dieu, lorsqu’un seul pécheur fait pénitence.
11 Il leur dit encore : Un homme avait deux fils,
12 dont le plus jeune dit à son père : Mon père, donnez-moi ce qui doit me revenir de votre bien. Et le père leur fit le partage de son bien.
13 Peu de jours après, le plus jeune de ces deux enfants ayant amassé tout ce qu’il avait, s’en alla dans un pays étranger fort éloigné, où il dissipa tout son bien en excès et en débauches.
14 Après qu’il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là, et il commença à tomber en nécessité.
15 Il s’en alla donc, et s’attacha au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya en sa maison des champs, pour y garder les pourceaux.
16 Et là il eût été bien aise de remplir son ventre des écosses que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait.
17 Enfin, étant rentré en lui-même, il dit : Combien y a-t-il chez mon père de serviteurs à gages, qui ont plus de pain qu’il ne leur en faut ; et moi, je meurs ici de faim !
18 Il faut que je parte et que j’aille trouver mon père, et que je lui dise : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous ;
19 et je ne suis plus digne d’être appelé votre fils : traitez-moi comme l’un des serviteurs qui sont à vos gages.
20 Il partit donc, et vint trouver son père. Lorsqu’il était encore bien loin, son père l’aperçut, et en fut touché de compassion ; et courant à lui, il se jeta à son cou, et le baisa.
21 Son fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous ; et je ne suis plus digne d’être appelé votre fils.
22 Alors le père dit à ses serviteurs : Apportez promptement la plus belle robe, et l’en revêtez ; et mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers à ses pieds ;
23 amenez aussi le veau gras, et le tuez ; mangeons et faisons bonne chère :
24 parce que mon fils que voici était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé. Ils commencèrent donc à faire festin.
25 Cependant son fils aîné, qui était dans les champs, revint ; et lorsqu’il fut proche de la maison, il entendit les concerts et le bruit de ceux qui dansaient.
26 Il appela donc un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était.
27 Le serviteur lui répondit : C’est que votre frère est revenu ; et votre père a tué le veau gras, parce qu’il le revoit en santé.
28 Ce qui l’ayant mis en colère, il ne voulait point entrer ; mais son père étant sorti, commençait à l’en prier.
29 Sur quoi prenant la parole, il dit à son père : Voilà déjà tant d’années que je vous sers, et je ne vous ai jamais désobéi en rien de ce que vous m’avez commandé ; et cependant vous ne m’avez jamais donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis ;
30 mais aussitôt que votre autre fils, qui a mangé son bien avec des femmes perdues, est revenu, vous avez tué pour lui le veau gras.
31 Alors le père lui dit : Mon fils, vous êtes toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à vous ;
32 mais il fallait faire festin et nous réjouir, parce que votre frère que voici, était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé.
JÉSUS dit aussi, en s’adressant à ses disciples : Un homme riche avait un économe, qui fut accusé devant lui d’avoir dissipé son bien.
2 Et l’ayant fait venir, il lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de vous ? Rendez-moi compte de votre administration : car vous ne pourrez plus désormais gouverner mon bien.
3 Alors cet économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de son bien ? Je ne saurais travailler à la terre, et j’aurais honte de mendier.
4 Je sais bien ce que je ferai, afin que lorsqu’on m’aura ôté la charge que j’ai, je trouve des personnes qui me reçoivent chez eux.
5 Ayant donc fait venir chacun de ceux qui devaient à son maître, il dit au premier : Combien devez-vous à mon maître ?
6 Il lui répondit : Cent barils d’huile. L’économe lui dit : Reprenez votre obligation, asseyez-vous là, et faites-en vitement une autre de cinquante.
7 Il dit ensuite à un autre : Et vous, combien devez-vous ? Il répondit : Cent mesures de froment. Reprenez, dit-il, votre obligation, et faites-en une de quatre-vingts.
8 Et le maître loua cet économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment : car les enfants du siècle sont plus sages dans la conduite de leurs affaires, que ne le sont les enfants de lumière.
9 Et moi, je vous dis : Employez les richesses d’iniquité à vous faire des amis ; afin que lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.
10 Celui qui est fidèle dans les petites choses, sera fidèle aussi dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les petites choses, sera injuste aussi dans les grandes.
11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui voudra vous confier les véritables ?
12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans un bien étranger, qui vous donnera le vôtre propre ?
13 Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir tout ensemble Dieu et l’argent.
14 Les pharisiens, qui étaient avares, lui entendaient dire toutes ces choses, et ils se moquaient de lui.
15 Et il leur dit : Pour vous, vous avez grand soin de paraître justes devant les hommes ; mais Dieu connaît le fond de vos cœurs : car ce qui est grand aux yeux des hommes, est en abomination devant Dieu.
16 La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean ; depuis ce temps-là le royaume de Dieu est annoncé aux hommes, et chacun fait effort pour y entrer.
17 Or il est plus aisé que le ciel et la terre passent, que non pas qu’un seul petit trait de la loi manque d’avoir son effet.
18 Quiconque renvoie sa femme, et en prend une autre, commet un adultère ; et quiconque épouse celle que son mari aura quittée, commet un adultère.
19 Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de lin, et qui se traitait magnifiquement tous les jours.
20 Il y avait aussi un pauvre, appelé Lazare, étendu à sa porte, tout couvert d’ulcères,
21 qui eut bien voulu se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; mais personne ne lui en donnait ; et les chiens venaient lui lécher ses plaies.
22 Or il arriva que ce pauvre mourut, et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et eut l’enfer pour sépulcre.
23 Et lorsqu’il était dans les tourments, il leva les yeux en haut, et vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein ;
24 et s’écriant, il dit ces paroles : Père Abraham, ayez pitié de moi, et envoyez-moi Lazare, afin qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, parce que je souffre d’extrêmes tourments dans cette flamme.
25 Mais Abraham lui répondit : Mon fils, souvenez-vous que vous avez reçu vos biens dans votre vie, et que Lazare n’y a eu que des maux ; c’est pourquoi il est maintenant dans la consolation, et vous dans les tourments.
26 De plus, il y a pour jamais un grand abîme entre nous et vous ; de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le peuvent, comme on ne peut passer ici du lieu où vous êtes.
27 Le riche lui dit : Je vous supplie donc, père Abraham, de l’envoyer dans la maison de mon père,
28 où j’ai cinq frères ; afin qu’il leur atteste ces choses, de peur qu’ils ne viennent aussi eux-mêmes dans ce lieu de tourments.
29 Abraham lui repartit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.
30 Non, dit-il, père Abraham ; mais si quelqu’un des morts va les trouver, ils feront pénitence.
31 Abraham lui répondit : S’ils n’écoutent ni Moïse, ni les prophètes, ils ne croiront pas non plus, quand même quelqu’un des morts ressusciterait.
JÉSUS dit un jour à ses disciples : Il est impossible qu’il n’arrive des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent !
2 Il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer, que non pas qu’il fût un sujet de scandale à l’un de ces petits.
3 Prenez garde à vous. Si votre frère a péché contre vous, reprenez-le ; et s’il se repent, pardonnez-lui.
4 S’il pèche contre vous sept fois le jour, et que sept fois le jour il revienne vous trouver, et vous dise, Je me repens de ce que j’ai fait ; pardonnez-lui.
5 Alors les apôtres dirent au Seigneur : Augmentez-nous la foi.
6 Le Seigneur leur dit : Si vous aviez une foi semblable au grain de sénevé, vous diriez à ce mûrier, Déracine-toi, et va te planter au milieu de la mer ; et il vous obéirait.
7 Qui est celui d’entre vous, qui ayant un serviteur occupé à labourer, ou à paître les troupeaux, lui dise aussitôt qu’il est revenu des champs : Allez vous mettre à table ?
8 Ne lui dit-il pas au contraire : Préparez-moi à souper, ceignez-vous, et me servez jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; après cela vous mangerez et vous boirez ?
9 Et quand ce serviteur aura fait ce qu’il lui aura ordonné, lui en aura-t-il de l’obligation ?
10 Je ne le pense pas. Dites donc aussi, lorsque vous aurez accompli tout ce qui vous est commandé : Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous n’avons fait que ce que nous étions obligés de faire.
11 Un jour comme il allait à Jérusalem, et passait par les confins de la Samarie et de la Galilée,
12 étant près d’entrer dans un village, dix lépreux vinrent au-devant de lui ; et se tenant éloignés,
13 ils élevèrent leur voix, et lui dirent : Jésus, notre Maître ! ayez pitié de nous.
14 Lorsqu’il les eut aperçus, il leur dit : Allez vous montrer aux prêtres. Et comme ils y allaient, ils furent guéris.
15 L’un d’eux voyant qu’il était guéri, retourna sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix ;
16 et vint se jeter aux pieds de Jésus le visage contre terre, en lui rendant grâces ; et celui-là était Samaritain.
17 Alors Jésus dit : Tous les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont donc les neuf autres ?
18 Il ne s’en est point trouvé qui soit revenu, et qui ait rendu gloire à Dieu, sinon cet étranger.
19 Et il lui dit : Levez-vous, allez ; votre foi vous a sauvé.
20 Les pharisiens lui demandaient un jour, quand viendrait le royaume de Dieu ; et il leur répondit : Le royaume de Dieu ne viendra point d’une manière qui le fasse remarquer ;
21 et l’on ne dira point, Il est ici ; ou, Il est là. Car dès à présent le royaume de Dieu est au milieu de vous.
22 Après cela il dit à ses disciples : Il viendra un temps où vous désirerez de voir un des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez point.
23 Et ils vous diront : Il est ici ; Il est là. Mais n’y allez point, et ne les suivez point.
24 Car comme un éclair brille et se fait voir depuis un côté du ciel jusqu’à l’autre, ainsi paraîtra le Fils de l’homme en son jour.
25 Mais il faut auparavant qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par ce peuple.
26 Et ce qui est arrivé au temps de Noé, arrivera encore au temps du Fils de l’homme.
27 Ils mangeaient et ils buvaient ; les hommes épousaient des femmes, et les femmes se mariaient, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et alors le déluge survenant, les fit tous périr.
28 Et comme il arriva encore au temps de Lot : ils mangeaient et ils buvaient, ils achetaient et ils vendaient, ils plantaient et ils bâtissaient ;
29 mais le jour où Lot sortit de Sodome, il tomba du ciel une pluie de feu et de soufre, qui les perdit tous.
30 Il en sera de même au jour où le Fils de l’homme paraîtra.
31 En ce temps-là, si un homme se trouve au haut de la maison, et que ses meubles soient en bas, qu’il ne descende point pour les prendre ; et que celui qui se trouvera dans le champ, ne retourne point non plus à ce qui est derrière lui.
32 Souvenez-vous de la femme de Lot.
33 Quiconque cherchera à sauver sa vie, la perdra ; et quiconque la perdra, la sauvera.
34 Je vous déclare qu’en cette nuit-là, de deux personnes qui seront dans le même lit, l’un sera pris, et l’autre laissé ;
35 de deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise, et l’autre laissée ; de deux hommes qui seront dans le même champ, l’un sera pris, et l’autre laissé.
36 Ils lui dirent : Où sera-ce, Seigneur ?
37 Et il répondit : En quelque lieu que soit le corps, les aigles s’y assembleront.
IL leur dit aussi cette parabole, pour faire voir qu’il faut toujours prier, et ne point se lasser de le faire :
2 Il y avait, dit-il, dans une certaine ville, un juge qui ne craignait point Dieu, et ne se souciait point des hommes ;
3 et il y avait aussi, dans la même ville, une veuve qui venait souvent le trouver, en lui disant : Faites-moi justice de ma partie.
4 Et il fut longtemps sans vouloir le faire ; mais enfin il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et que je n’aie point de considération pour les hommes,
5 néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, de peur qu’à la fin elle ne vienne me faire quelque affront.
6 Vous entendez, ajouta le Seigneur, ce que dit ce méchant juge ;
7 et Dieu ne fera pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et il souffrira toujours qu’on les opprime ?
8 Je vous déclare, qu’il leur fera justice dans peu de temps. Mais lorsque le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ?
9 Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui mettaient leur confiance en eux-mêmes comme étant justes, et qui méprisaient les autres :
10 Deux hommes montèrent au temple pour prier : l’un était pharisien, et l’autre publicain.
11 Le pharisien se tenant debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu ! je vous rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères ; ni même comme ce publicain.
12 Je jeûne deux fois la semaine ; je donne la dîme de tout ce que je possède.
13 Le publicain, au contraire, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant : Mon Dieu ! ayez pitié de moi qui suis un pécheur.
14 Je vous déclare que celui-ci s’en retourna chez lui justifié, et non pas l’autre : car quiconque s’élève, sera abaissé ; et quiconque s’abaisse, sera élevé.
15 On lui présentait aussi de petits enfants, afin qu’il les touchât : ce que voyant ses disciples, ils les repoussaient avec des paroles rudes.
16 Mais Jésus appelant à lui ces enfants, dit à ses disciples : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez point : car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.
17 Je vous le dis en vérité : quiconque ne recevra point le royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera point.
18 Un jeune homme de qualité lui ayant fait cette demande : Bon Maître ! que faut-il que je fasse pour acquérir la vie éternelle ?
19 Jésus lui répondit : Pourquoi m’appelez-vous bon ? Il n’y a que Dieu seul qui soit bon.
20 Vous savez les commandements : Vous ne tuerez point ; Vous ne commettrez point d’adultère ; Vous ne déroberez point ; Vous ne porterez point de faux témoignage ; Honorez votre père et votre mère.
21 Il lui répondit : J’ai gardé tous ces commandements dès ma jeunesse.
22 Ce que Jésus ayant entendu, il lui dit : Il vous manque encore une chose : vendez tout ce que vous avez, et le distribuez aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel ; puis venez, et me suivez.
23 Mais lui, ayant entendu ceci, devint tout triste, parce qu’il était extrêmement riche.
24 Et Jésus voyant qu’il était devenu triste, dit : Qu’il est difficile que ceux qui ont des richesses, entrent dans le royaume de Dieu !
25 Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, que non pas qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.
26 Et ceux qui l’écoutaient, lui dirent : Qui peut donc être sauvé ?
27 Il leur répondit : Ce qui est impossible aux hommes, est possible à Dieu.
28 Alors Pierre lui dit : Pour nous, vous voyez que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi.
29 Jésus leur dit : Je vous le dis en vérité : personne ne quittera pour le royaume de Dieu, ou sa maison, ou son père et sa mère, ou ses frères, ou sa femme, ou ses enfants,
30 qui ne reçoive dès ce monde beaucoup davantage, et dans le siècle à venir la vie éternelle.
31 Ensuite Jésus prenant à part les douze apôtres, leur dit : Nous allons à Jérusalem ; et tout ce qui a été écrit par les prophètes, touchant le Fils de l’homme, va être accompli.
32 Car il sera livré aux gentils : on se moquera de lui, on le fouettera, on lui crachera au visage ;
33 et après qu’on l’aura fouetté, on le fera mourir, et il ressuscitera le troisième jour.
34 Mais ils ne comprirent rien à tout cela : ce langage leur était caché, et ils n’entendaient point ce qu’il leur disait.
35 Lorsqu’il était près de Jéricho, un aveugle se trouva assis le long du chemin, demandant l’aumône ;
36 et comme il entendait le bruit du peuple qui passait, il s’enquit de ce que c’était.
37 On lui répondit, que c’était Jésus de Nazareth qui passait.
38 En même temps il se mit à crier : Jésus, Fils de David ! ayez pitié de moi.
39 Et ceux qui allaient devant, le reprenaient rudement pour le faire taire ; mais il criait encore beaucoup plus fort : Fils de David ! ayez pitié de moi.
40 Alors Jésus s’arrêta, et commanda qu’on le lui amenât. Et lorsqu’il se fut approché, il lui demanda :
41 Que voulez-vous que je vous fasse ? L’aveugle répondit : Seigneur ! faites que je voie.
42 Jésus lui dit : Voyez ; votre foi vous a sauvé.
43 Il vit au même instant ; et il le suivait, rendant gloire à Dieu. Ce que tout le peuple ayant vu, il en loua Dieu.
JÉSUS étant entré dans Jéricho, passait par la ville ;
2 et il y avait un homme, nommé Zachée, chef des publicains, et fort riche,
3 qui ayant envie de voir Jésus pour le connaître, ne le pouvait à cause de la foule, parce qu’il était fort petit.
4 C’est pourquoi il courut devant, et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là.
5 Jésus étant venu en cet endroit, leva les yeux en haut ; et l’ayant vu, il lui dit : Zachée, hâtez-vous de descendre, parce qu’il faut que je loge aujourd’hui dans votre maison.
6 Zachée descendit aussitôt, et le reçut avec joie.
7 Tous voyant cela, en murmuraient, disant : Il est allé loger chez un homme de mauvaise vie.
8 Cependant Zachée se présentant devant le Seigneur, lui dit : Seigneur ! je vais donner la moitié de mon bien aux pauvres ; et si j’ai fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, je lui en rendrai quatre fois autant.
9 Sur quoi Jésus dit : Cette maison a reçu aujourd’hui le salut, parce que celui-ci est aussi enfant d’Abraham :
10 car le Fils de l’homme est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu.
11 Comme ces gens-là étaient attentifs à ce qu’il disait, il ajouta encore une parabole, sur ce qu’il était près de Jérusalem, et qu’ils s’imaginaient que le règne de Dieu paraîtrait bientôt.
12 Il leur dit donc : Il y avait un homme de grande naissance qui s’en allait dans un pays fort éloigné pour y recevoir la puissance royale, et s’en revenir ensuite ;
13 et appelant dix de ses serviteurs, il leur donna dix mines d’argent, et leur dit : Faites profiter cet argent jusqu’à ce que je revienne.
14 Mais comme ceux de son pays le haïssaient, ils envoyèrent après lui des députés pour faire cette protestation : Nous ne voulons point que celui-ci soit notre roi.
15 Étant donc revenu, après avoir reçu la puissance royale, il commanda qu’on lui fît venir ses serviteurs, auxquels il avait donné son argent, pour savoir combien chacun l’avait fait profiter.
16 Le premier étant venu, lui dit : Seigneur, votre mine d’argent en a acquis dix autres.
17 Il lui répondit : Ô bon serviteur ! parce que vous avez été fidèle en ce peu que je vous avais commis, vous commanderez sur dix villes.
18 Le second étant venu, lui dit : Seigneur, votre mine en a acquis cinq autres.
19 Son maître lui dit : Je veux aussi que vous commandiez à cinq villes.
20 Il en vint un troisième, qui lui dit : Seigneur, voici votre mine, que j’ai tenue enveloppée dans un mouchoir ;
21 parce que je vous ai craint, sachant que vous êtes un homme sévère, qui redemandez ce que vous n’avez point donné, et qui recueillez ce que vous n’avez point semé.
22 Son maître lui répondit : Méchant serviteur ! je vous condamne par votre propre bouche : vous saviez que je suis un homme sévère, qui redemande ce que je n’ai point donné, et qui recueille ce que je n’ai point semé ;
23 pourquoi donc n’avez-vous pas mis mon argent à la banque, afin qu’à mon retour je le retirasse avec les intérêts ?
24 Alors il dit à ceux qui étaient présents : Ôtez-lui la mine qu’il a, et la donnez à celui qui en a dix.
25 Mais, Seigneur, répondirent-ils, il en a déjà dix.
26 Je vous déclare, leur dit-il, qu’on donnera à celui qui a déjà, et qu’il sera comblé de biens ; et que pour celui qui n’a point, on lui ôtera même ce qu’il a.
27 Quant à mes ennemis qui n’ont pas voulu m’avoir pour roi, qu’on les amène ici, et qu’on les tue en ma présence.
28 Lorsqu’il eut parlé de la sorte, il se mit à marcher avant tous les autres, pour arriver à Jérusalem.
29 Et étant arrivé près de Bethphagé et de Béthanie, à la montagne qu’on appelle des Oliviers, il envoya deux de ses disciples,
30 et leur dit : Allez-vous-en à ce village qui est devant vous : en y entrant vous trouverez un ânon lié, sur lequel nul homme n’a jamais monté ; déliez-le, et me l’amenez.
31 Si quelqu’un vous demande pourquoi vous le déliez, vous lui répondrez ainsi : C’est que le Seigneur en a besoin.
32 Ceux qu’il envoyait, partirent donc, et trouvèrent l’ânon comme il le leur avait dit.
33 Et comme ils le déliaient, ceux à qui il appartenait leur dirent : Pourquoi déliez-vous cet ânon ?
34 Ils leur répondirent : C’est que le Seigneur en a besoin.
35 Ils l’amenèrent donc à Jésus ; et mettant leurs vêtements sur l’ânon, ils le firent monter dessus.
36 Et partout où il passait, les peuples étendaient leurs vêtements le long du chemin.
37 Mais lorsqu’il approcha de la descente de la montagne des Oliviers, tous les disciples en foule étant transportés de joie, commencèrent à louer Dieu à haute voix pour toutes les merveilles qu’ils avaient vues,
38 en disant : Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur ! Que la paix soit dans le ciel, et la gloire au plus haut des cieux !
39 Alors quelques-uns des pharisiens qui étaient parmi le peuple, lui dirent : Maître ! faites taire vos disciples.
40 Il leur répondit : Je vous déclare que si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront.
41 Étant ensuite arrivé proche de Jérusalem, et regardant la ville, il pleura sur elle, en disant :
42 Ah ! si tu reconnaissais, au moins en ce jour qui t’est encore donné, ce qui peut te procurer la paix ! Mais maintenant tout cela est caché à tes yeux.
43 Aussi viendra-t-il un temps malheureux pour toi, où tes ennemis t’environneront de tranchées ; ils t’enfermeront, et te serreront de toutes parts ;
44 ils te renverseront par terre, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne te laisseront pas pierre sur pierre : parce que tu n’as pas connu le temps auquel Dieu t’a visitée.
45 Et étant entré dans le temple, il commença à chasser ceux qui y vendaient et y achetaient,
46 leur disant : Il est écrit, que ma maison est une maison de prière ; et néanmoins vous en avez fait une caverne de voleurs.
47 Et il enseignait tous les jours dans le temple. Cependant les princes des prêtres, les scribes et les principaux du peuple cherchaient occasion de le perdre ;
48 mais ils ne trouvaient aucun moyen de rien faire contre lui ; parce que tout le peuple était comme suspendu en admiration en l’écoutant.
UN de ces jours-là, comme il était dans le temple instruisant le peuple et lui annonçant l’Évangile, les princes des prêtres et les scribes étant survenus avec les sénateurs,
2 lui parlèrent en ces termes : Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses, ou qui est celui qui vous a donné ce pouvoir ?
3 Jésus leur fit réponse, et leur dit : J’ai aussi une question à vous faire ; répondez-moi :
4 Le baptême de Jean était-il du ciel, ou des hommes ?
5 Mais ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes : Si nous répondons qu’il était du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ?
6 Et si nous répondons qu’il était des hommes, tout le peuple nous lapidera : car il est persuadé que Jean était un prophète.
7 Ils lui répondirent donc, qu’ils ne savaient d’où il était.
8 Et Jésus leur répliqua : Je ne vous dirai pas non plus, par quelle autorité je fais ces choses.
9 Alors il commença à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne, la loua à des vignerons ; et s’en étant allé en voyage, il fut longtemps hors de son pays.
10 La saison étant venue, il envoya un de ses serviteurs vers ces vignerons, afin qu’ils lui donnassent du fruit de sa vigne ; mais eux l’ayant battu, le renvoyèrent sans lui rien donner.
11 Il leur envoya ensuite un second serviteur ; mais ils le battirent encore, et l’ayant traité outrageusement, ils le renvoyèrent sans lui rien donner.
12 Il en envoya encore un troisième, qu’ils blessèrent et chassèrent comme les autres.
13 Enfin le maître de la vigne dit en lui-même : Que ferai-je ? Je leur enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être que le voyant, ils auront quelque respect pour lui.
14 Mais ces vignerons l’ayant vu, pensèrent en eux-mêmes, et se dirent l’un à l’autre : Voici l’héritier ; tuons-le, afin que l’héritage soit à nous.
15 Et l’ayant chassé hors de la vigne, ils le tuèrent. Comment donc les traitera le maître de cette vigne ?
16 Il viendra, et perdra ces vignerons, et il donnera sa vigne à d’autres. Ce que les princes des prêtres ayant entendu, ils lui dirent : À Dieu ne plaise !
17 Mais Jésus les regardant, leur dit : Que veut donc dire cette parole de l’Écriture : La pierre qui a été rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue la principale pierre de l’angle ?
18 Quiconque tombera sur cette pierre, s’y brisera ; et elle écrasera celui sur qui elle tombera.
19 Les princes des prêtres et les scribes eurent envie de se saisir de lui à l’heure même, parce qu’ils avaient bien reconnu qu’il avait dit cette parabole contre eux ; mais ils appréhendèrent le peuple.
20 Comme ils ne cherchaient que les occasions de le perdre, ils lui envoyèrent des personnes apostées, qui contrefaisaient les gens de bien, pour le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer à l’autorité et à la puissance du gouverneur.
21 Ces gens-là vinrent donc lui proposer cette question : Maître ! nous savons que vous ne dites et n’enseignez rien que de juste, et que vous n’avez point d’égard aux personnes ; mais que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité :
22 Nous est-il libre de payer le tribut à César, ou de ne le payer pas ?
23 Jésus voyant leur artifice, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ?
24 Montrez-moi un denier. De qui est l’image et l’inscription qu’il porte ? Ils lui répondirent : De César.
25 Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
26 Ils ne trouvèrent rien dans ses paroles qu’ils pussent reprendre devant le peuple ; et ayant admiré sa réponse, ils se turent.
27 Quelques-uns des saducéens, qui sont ceux qui nient la résurrection, vinrent le trouver ensuite, et lui proposèrent cette question :
28 Maître ! lui dirent-ils, Moïse nous a laissé cette ordonnance par écrit : Si le frère de quelqu’un étant marié, meurt sans laisser d’enfants, son frère sera obligé d’épouser sa veuve, pour susciter des enfants à son frère mort.
29 Or il y avait sept frères, dont le premier ayant épousé une femme, est mort sans enfants.
30 Le second l’a épousée après lui, et est mort sans laisser de fils.
31 Le troisième l’a épousée de même ; et de même tous les sept, lesquels sont morts sans laisser d’enfants.
32 Enfin la femme même est morte après eux tous.
33 Lors donc que la résurrection arrivera, duquel des sept frères sera-t-elle femme ? car tous l’ont épousée.
34 Jésus leur répondit : Les enfants de ce siècle-ci épousent des femmes, et les femmes des maris ;
35 mais pour ceux qui seront jugés dignes d’avoir part à ce siècle à venir, et à la résurrection des morts, ils ne se marieront plus, et n’épouseront plus de femmes :
36 car alors ils ne pourront plus mourir ; parce qu’ils seront égaux aux anges, et qu’étant enfants de la résurrection, ils seront enfants de Dieu.
37 Et quant à ce que les morts doivent ressusciter un jour, Moïse le déclare assez lui-même, en parlant du buisson, lorsqu’il dit que le Seigneur lui parla en ces termes : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.
38 Or Dieu n’est point le Dieu des morts, mais des vivants : car tous sont vivants devant lui.
39 Alors quelques-uns des scribes prenant la parole, lui dirent : Maître ! vous avez fort bien répondu.
40 Et depuis ce temps-là, on n’osait plus lui faire de questions.
41 Mais Jésus leur dit : Comment dit-on que le Christ doit être fils de David ?
42 puisque David dit lui-même, dans le livre des Psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite,
43 jusqu’à ce que j’aie réduit vos ennemis à vous servir de marchepied.
44 David l’appelant donc lui-même son Seigneur, comment peut-il être son fils ?
45 Il dit ensuite à ses disciples, en présence de tout le peuple qui l’écoutait :
46 Gardez-vous des scribes, qui affectent de se promener avec de grandes robes ; qui aiment à être salués dans les places publiques, à occuper les premières chaires dans les synagogues, et les premières places dans les festins ;
47 qui sous prétexte de leurs longues prières, dévorent les maisons des veuves. Ces personnes en recevront une condamnation plus rigoureuse.
JÉSUS regardait un jour les riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc ;
2 et il vit aussi une pauvre veuve, qui y mit deux petites pièces de monnaie.
3 Sur quoi il dit : Je vous dis en vérité, que cette pauvre veuve a donné plus que tous les autres :
4 car tous ceux-là ont fait des présents à Dieu de ce qu’ils avaient en abondance ; mais celle-ci a donné de son indigence même, tout ce qui lui restait pour vivre.
5 Quelques-uns lui disant que le temple était bâti de belles pierres, et orné de riches dons, il leur répondit :
6 Il viendra un temps où tout ce que vous voyez ici sera tellement détruit, qu’il n’y demeurera pas pierre sur pierre.
7 Alors ils lui demandèrent : Maître ! quand cela arrivera-t-il ? et par quel signe connaîtra-t-on que ces choses seront prêtes à s’accomplir ?
8 Jésus leur dit : Prenez garde à ne vous laisser pas séduire : car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ. Et ce temps-là est proche : gardez-vous donc bien de les suivre.
9 Et lorsque vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne vous étonnez pas : car il faut que cela arrive premièrement ; mais la fin ne viendra pas sitôt.
10 Alors, ajouta-t-il, on verra se soulever peuple contre peuple, et royaume contre royaume.
11 Et il y aura en divers lieux de grands tremblements de terre, des pestes et des famines ; et il paraîtra des choses épouvantables et des signes extraordinaires dans le ciel.
12 Mais avant toutes ces choses, ils se saisiront de vous, et vous persécuteront, vous entraînant dans les synagogues et dans les prisons, et vous amenant par force devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom ;
13 et cela vous servira pour rendre témoignage à la vérité.
14 Gravez donc cette pensée dans vos cœurs, de ne point préméditer ce que vous devez répondre :
15 car je vous donnerai moi-même une bouche et une sagesse à laquelle tous vos ennemis ne pourront résister, et qu’ils ne pourront contredire.
16 Vous serez trahis et livrés aux magistrats par vos pères et vos mères, par vos frères, par vos parents, par vos amis ; et on fera mourir plusieurs d’entre vous ;
17 et vous serez haïs de tout le monde, à cause de mon nom ;
18 Cependant il ne se perdra pas un cheveu de votre tête.
19 C’est par votre patience que vous posséderez vos âmes.
20 Lorsque vous verrez une armée environner Jérusalem, sachez que sa désolation est proche.
21 Alors que ceux qui sont dans la Judée, s’enfuient sur les montagnes ; que ceux qui se trouveront dans le milieu du pays, s’en retirent ; et que ceux qui seront dans le pays d’alentour, n’y entrent point :
22 car ce seront alors les jours de la vengeance, afin que tout ce qui est dans l’Écriture soit accompli.
23 Malheur à celles qui seront grosses, ou nourrices, en ces jours-là ! car ce pays sera accablé de maux, et la colère du ciel tombera sur ce peuple.
24 Ils passeront par le fil de l’épée ; ils seront emmenés captifs dans toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les gentils, jusqu’à ce que le temps des nations soit accompli.
25 Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles ; et sur la terre les nations seront dans l’abattement et la consternation, la mer faisant un bruit effroyable par l’agitation de ses flots ;
26 et les hommes sécheront de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver dans tout l’univers ; car les vertus des cieux seront ébranlées :
27 et alors ils verront le Fils de l’homme, qui viendra sur une nuée avec une grande puissance et une grande majesté.
28 Pour vous, lorsque ces choses commenceront d’arriver, regardez en haut, et levez la tête ; parce que votre rédemption est proche.
29 Il leur proposa ensuite cette comparaison : Considérez le figuier et les autres arbres :
30 lorsqu’ils commencent à pousser leur fruit, vous reconnaissez que l’été est proche.
31 Ainsi, lorsque vous verrez arriver ces choses, sachez que le royaume de Dieu est proche.
32 Je vous dis en vérité, que cette race ne passera point, que toutes ces choses ne soient accomplies.
33 Le ciel et la terre passeront ; mais mes paroles ne passeront point.
34 Prenez donc garde à vous, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent par l’excès des viandes et du vin, et par les inquiétudes de cette vie, et que ce jour ne vienne tout d’un coup vous surprendre.
35 Car il enveloppera comme un filet tous ceux qui habitent sur la surface de la terre.
36 Veillez donc, priant en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d’éviter tous ces maux qui arriveront, et de paraître avec confiance devant le Fils de l’homme.
37 Or le jour il enseignait dans le temple, et la nuit il sortait, et se retirait sur la montagne, appelée des Oliviers.
38 Et tout le peuple venait de grand matin dans le temple, pour l’écouter.
LA fête des pains sans levain, appelée la Pâque, était proche,
2 et les princes des prêtres, avec les scribes, cherchaient un moyen pour faire mourir Jésus ; mais ils appréhendaient le peuple.
3 Or Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote, l’un des douze apôtres,
4 qui étant allé trouver les princes des prêtres et les capitaines des gardes du temple, leur proposa la manière en laquelle il le leur livrerait.
5 Ils en furent fort aises ; et ils convinrent avec lui de lui donner une somme d’argent.
6 Il promit donc de le leur livrer, et il ne cherchait plus qu’une occasion favorable de le faire à l’insu du peuple.
7 Cependant le jour des azymes arriva, auquel il fallait immoler la pâque.
8 Jésus envoya donc Pierre et Jean, en leur disant : Allez nous apprêter ce qu’il faut pour manger la pâque.
9 Ils lui dirent : Où voulez-vous que nous l’apprêtions ?
10 Il leur répondit : Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera ;
11 et vous direz au maître de cette maison : Le Maître vous envoie dire : Où est le lieu où je dois manger la pâque avec mes disciples ?
12 Et il vous montrera une grande chambre haute, toute meublée : préparez-nous-y ce qu’il faut.
13 S’en étant donc allés, ils trouvèrent tout comme il leur avait dit, et ils préparèrent ce qu’il fallait pour la pâque.
14 Quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui.
15 Et il leur dit : J’ai souhaité avec ardeur de manger cette pâque avec vous, avant de souffrir.
16 Car je vous déclare que je n’en mangerai plus désormais, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.
17 Et après avoir pris la coupe, il rendit grâces, et leur dit : Prenez-la, et la distribuez entre vous.
18 Car je vous dis, que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le règne de Dieu soit arrivé.
19 Puis il prit le pain, et ayant rendu grâces il le rompit, et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi.
20 Il prit de même la coupe, après le souper, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui sera répandu pour vous.
21 Au reste, la main de celui qui me trahit, est avec moi à cette table.
22 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui en a été déterminé ; mais malheur à cet homme par qui il sera trahi !
23 Et ils commencèrent à s’entre-demander, qui était celui d’entre eux qui devait faire cette action.
24 Il s’excita aussi parmi eux une contestation, lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand.
25 Mais Jésus leur dit : Les rois des nations les traitent avec empire ; et ceux qui ont l’autorité sur elles, en sont appelés les bienfaiteurs.
26 Qu’il n’en soit pas de même parmi vous ; mais que celui qui est le plus grand parmi vous, devienne comme le plus petit ; et celui qui gouverne, comme celui qui sert.
27 Car lequel est le plus grand, de celui qui est à table, ou de celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et néanmoins je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
28 C’est vous qui êtes toujours demeurés fermes avec moi dans mes tentations.
29 C’est pourquoi je vous prépare le royaume, comme mon Père me l’a préparé ;
30 afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
31 Le Seigneur dit encore : Simon ! Simon ! Satan vous a demandés tous, pour vous cribler comme on crible le froment ;
32 mais j’ai prié pour vous en particulier, afin que votre foi ne défaille point. Lors donc que vous serez converti, ayez soin d’affermir vos frères.
33 Pierre lui répondit : Seigneur ! je suis prêt à aller avec vous, et en prison, et à la mort même.
34 Mais Jésus lui dit : Pierre, je vous déclare, que le coq ne chantera point aujourd’hui, que vous n’ayez nié trois fois que vous me connaissiez. Il leur dit ensuite :
35 Lorsque je vous ai envoyés sans sac, sans bourse et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ?
36 Non, lui dirent-ils. Jésus ajouta : Mais maintenant, que celui qui a un sac, ou une bourse, les prenne ; et que celui qui n’en a point, vende sa robe pour acheter une épée.
37 Car je vous assure qu’il faut encore qu’on voie s’accomplir en moi ce qui est écrit. Il a été mis au rang des scélérats ; parce que ce qui a été prophétisé de moi, est près d’être accompli.
38 Ils lui répondirent : Seigneur ! voici deux épées. Et Jésus leur dit : C’est assez.
39 Puis étant sorti, il s’en alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers ; et ses disciples le suivirent.
40 Lorsqu’il fut arrivé en ce lieu-là, il leur dit : Priez, afin que vous ne succombiez point à la tentation.
41 Et s’étant éloigné d’eux environ d’un jet de pierre, il se mit à genoux, et fit sa prière,
42 en disant : Mon Père ! si vous voulez, éloignez ce calice de moi ; néanmoins que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la vôtre.
43 Alors il lui apparut un ange du ciel, qui vint le fortifier. Et étant tombé en agonie, il redoublait ses prières.
44 Et il lui vint une sueur comme de gouttes de sang, qui découlaient jusqu’à terre.
45 S’étant levé après avoir fait sa prière, il vint à ses disciples, qu’il trouva endormis à cause de la tristesse dont ils étaient accablés.
46 Et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, et priez, afin que vous ne succombiez point à la tentation.
47 Il parlait encore, lorsqu’une troupe de gens parut, à la tête desquels marchait l’un des douze apôtres appelé Judas, qui s’approcha de Jésus pour le baiser.
48 Et Jésus lui dit : Quoi, Judas ! vous trahissez le Fils de l’homme par un baiser ?
49 Ceux qui étaient autour de lui, voyant bien ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur ! frapperons-nous de l’épée ?
50 Et l’un d’eux frappa un des gens du grand prêtre, et lui coupa l’oreille droite.
51 Mais Jésus prenant la parole, leur dit : Laissez, demeurez-en là. Et ayant touché l’oreille de cet homme, il le guérit.
52 Puis s’adressant aux princes des prêtres, aux capitaines des gardes du temple, et aux sénateurs, qui étaient venus pour le prendre, il leur dit : Vous êtes venus armés d’épées et de bâtons, comme pour prendre un voleur.
53 Quoique je fusse tous les jours avec vous dans le temple, vous ne m’avez point arrêté ; mais c’est ici votre heure, et la puissance des ténèbres.
54 Aussitôt ils se saisirent de lui, et l’emmenèrent en la maison du grand prêtre ; et Pierre le suivait de loin.
55 Or ces gens ayant allumé du feu au milieu de la cour, et s’étant assis autour, Pierre s’assit aussi parmi eux.
56 Une servante qui le vit assis devant le feu, le considéra attentivement, et dit : Celui-ci était aussi avec cet homme.
57 Mais Pierre le renonça, en disant : Femme, je ne le connais point.
58 Un peu après, un autre le voyant, lui dit : Vous êtes aussi de ces gens-là. Pierre lui dit : Mon ami, je n’en suis point.
59 Environ une heure après, un autre assurait la même chose, en disant : Certainement cet homme était avec lui : car il est aussi de Galilée.
60 Pierre répondit : Mon ami, je ne sais ce que vous dites. Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta.
61 Alors le Seigneur se retournant, regarda Pierre ; et Pierre se souvint de cette parole que le Seigneur avait dite : Avant que le coq ait chanté, vous me renoncerez trois fois.
62 Et Pierre étant sorti dehors, pleura amèrement.
63 Cependant ceux qui tenaient Jésus, se moquaient de lui en le frappant.
64 Et lui ayant couvert la face, ils lui donnaient des coups sur le visage, et l’interrogeaient, en lui disant : Prophétise, et dis qui est celui qui t’a frappé.
65 Et ils lui disaient encore beaucoup d’autres injures et de blasphèmes.
66 Sur le point du jour, les sénateurs du peuple juif, les princes des prêtres et les scribes s’assemblèrent, et l’ayant fait venir dans leur conseil, ils lui dirent : Si vous êtes le Christ, dites-le-nous.
67 Il leur répondit : Si je vous le dis, vous ne me croirez point ;
68 et si je vous interroge, vous ne me répondrez point, et ne me laisserez point aller.
69 Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu.
70 Alors ils lui dirent tous : Vous êtes donc le Fils de Dieu ? Il leur répondit : Vous le dites ; je le suis.
71 Et ils dirent : Qu’avons-nous plus besoin de témoins, puisque nous l’avons entendu nous-mêmes de sa propre bouche ?
TOUTE l’assemblée s’étant levée, ils le menèrent à Pilate ;
2 et ils commencèrent à l’accuser, en disant : Voici un homme que nous avons trouvé pervertissant notre nation, empêchant de payer le tribut à César, et se disant Roi et le Christ.
3 Pilate l’interrogea donc, en lui disant : Êtes-vous le Roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Vous le dites.
4 Alors Pilate dit aux princes des prêtres et au peuple : Je ne trouve rien de criminel en cet homme.
5 Mais eux insistant de plus en plus, ajoutèrent : Il soulève le peuple par la doctrine qu’il répand dans toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici.
6 Pilate entendant parler de la Galilée, demanda s’il était Galiléen ;
7 et ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui était aussi alors à Jérusalem.
8 Hérode eut une grande joie de voir Jésus : car il y avait longtemps qu’il souhaitait de le voir, parce qu’il avait entendu dire beaucoup de choses de lui ; et il espérait de lui voir faire quelque miracle.
9 Il lui fit donc plusieurs demandes ; mais Jésus ne lui répondit rien.
10 Cependant les princes des prêtres et les scribes étaient là, qui l’accusaient avec une grande opiniâtreté.
11 Or Hérode avec sa cour le méprisa ; et le traitant avec moquerie, le revêtit d’une robe blanche, et le renvoya à Pilate.
12 Et ce jour-là même Hérode et Pilate devinrent amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant.
13 Pilate ayant donc fait venir les princes des prêtres, les sénateurs et le peuple,
14 il leur dit : Vous m’avez présenté cet homme comme portant le peuple à la révolte ; et néanmoins, l’ayant interrogé en votre présence, je ne l’ai trouvé coupable d’aucun des crimes dont vous l’accusez ;
15 ni Hérode non plus : car je vous ai renvoyés à lui ; et il paraît qu’il n’a rien fait qui soit digne de mort.
16 Je vais donc le renvoyer, après l’avoir fait châtier.
17 Or, comme il était obligé à la fête de Pâque de leur délivrer un criminel,
18 tout le peuple se mit à crier : Faites mourir celui-ci, et nous donnez Barabbas.
19 C’était un homme qui avait été mis en prison à cause d’une sédition qui s’était faite dans la ville, et d’un meurtre qu’il y avait commis.
20 Pilate leur parla de nouveau, ayant envie de délivrer Jésus.
21 Mais ils se mirent à crier, en disant : Crucifiez-le ! crucifiez-le !
22 Il leur dit, pour la troisième fois : Mais quel mal a-t-il fait ? Je ne trouve en lui rien qui mérite la mort. Je vais donc le faire châtier, et puis je le renverrai.
23 Mais ils le pressaient de plus en plus, demandant avec de grands cris qu’il fût crucifié ; et enfin leurs clameurs redoublaient.
24 Et Pilate ordonna que ce qu’ils demandaient, fût exécuté.
25 Il leur délivra en même temps celui qu’ils demandaient, qui avait été mis en prison pour crime de sédition et de meurtre ; et il abandonna Jésus à leur volonté.
26 Comme ils le menaient à la mort, ils prirent un homme de Cyrène, appelé Simon, qui revenait des champs, et le chargèrent de la croix, la lui faisant porter après Jésus.
27 Or il était suivi d’une grande multitude de peuple, et de femmes qui se frappaient la poitrine, et qui le pleuraient.
28 Mais Jésus se retournant vers elles, leur dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi ; mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants :
29 car il viendra un temps auquel on dira : Heureuses les stériles, et les entrailles qui n’ont point porté d’enfants, et les mamelles qui n’en ont point nourri.
30 Ils commenceront alors à dire aux montagnes, Tombez sur nous ; et aux collines, Couvrez-nous.
31 Car s’ils traitent de la sorte le bois vert, comment le bois sec sera-t-il traité ?
32 On menait aussi avec lui deux autres hommes, qui étaient des criminels qu’on devait faire mourir.
33 Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils y crucifièrent Jésus, et ces deux voleurs, l’un à droite, et l’autre à gauche.
34 Et Jésus disait : Mon Père ! pardonnez-leur : car ils ne savent ce qu’ils font. Ils partagèrent ensuite ses vêtements, et les jetèrent au sort.
35 Cependant le peuple se tenait là, et le regardait ; et les sénateurs, aussi bien que le peuple, se moquaient de lui, en disant : Il a sauvé les autres ; qu’il se sauve maintenant lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu.
36 Les soldats même lui insultaient, s’approchant de lui, et lui présentant du vinaigre,
37 en lui disant : Si tu es le Roi des Juifs, sauve-toi toi-même.
38 Il y avait aussi au-dessus de lui une inscription en grec, en latin et en hébreu, où était écrit : Celui-ci est le Roi des Juifs.
39 Or l’un de ces deux voleurs qui étaient crucifiés avec lui, le blasphémait, en disant : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous avec toi.
40 Mais l’autre le reprenant, lui disait : N’avez-vous donc point de crainte de Dieu, non plus que les autres, vous qui vous trouvez condamné au même supplice ?
41 Encore pour nous, c’est avec justice ; puisque nous souffrons la peine que nos crimes ont méritée : mais celui-ci n’a fait aucun mal.
42 Et il disait à Jésus : Seigneur ! souvenez-vous de moi, lorsque vous serez arrivé dans votre royaume.
43 Et Jésus lui répondit : Je vous le dis en vérité : vous serez aujourd’hui avec moi dans le paradis.
44 Il était alors environ la sixième heure du jour ; et toute la terre fut couverte de ténèbres jusqu’à la neuvième heure.
45 Le soleil fut obscurci, et le voile du temple se déchira par le milieu.
46 Alors Jésus jetant un grand cri, dit : Mon Père ! je remets mon âme entre vos mains. Et en prononçant ces mots, il expira.
47 Or le centenier ayant vu ce qui était arrivé, glorifia Dieu, en disant : Certainement cet homme était juste.
48 Et toute la multitude de ceux qui assistaient à ce spectacle, considérant toutes ces choses, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
49 Tous ceux qui étaient de la connaissance de Jésus, et les femmes qui l’avaient suivi de Galilée, étaient là, aussi, et regardaient de loin ce qui se passait.
50 Dans le même temps un sénateur, appelé Joseph, homme vertueux et juste,
51 qui n’avait point consenti au dessein des autres, ni à ce qu’ils avaient fait ; qui était d’Arimathie, ville de Judée, et du nombre de ceux qui attendaient le royaume de Dieu ;
52 cet homme, dis-je, vint trouver Pilate, lui demanda le corps de Jésus,
53 et l’ayant ôté de la croix, il l’enveloppa d’un linceul, et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n’avait encore été mis.
54 Or ce jour était celui de la préparation, et le jour du sabbat allait commencer.
55 Les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus, ayant suivi Joseph, considérèrent le sépulcre, et comment le corps de Jésus y avait été mis.
56 Et s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums ; et pour ce qui est du jour du sabbat, elles demeurèrent sans rien faire, selon l’ordonnance de la loi.
MAIS le premier jour de la semaine ces femmes vinrent au sépulcre de grand matin, apportant les parfums qu’elles avaient préparés.
2 Et elles trouvèrent que la pierre qui était au devant du sépulcre, en avait été ôtée.
3 Elles entrèrent ensuite dedans, et n’y trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus.
4 Ce qui leur ayant causé une grande consternation, deux hommes parurent tout d’un coup devant elles avec des robes brillantes.
5 Et comme elles étaient saisies de frayeur, et qu’elles tenaient leurs yeux baissés contre terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?
6 Il n’est point ici ; mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée,
7 et qu’il disait : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour.
8 Elles se ressouvinrent donc des paroles de Jésus.
9 Et étant revenues du sépulcre, elles racontèrent tout ceci aux onze apôtres, et à tous les autres.
10 Celles qui firent ce rapport aux apôtres, étaient Marie-Magdeleine, Jeanne, et Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles.
11 Mais ce qu’elles leur disaient, leur parut comme une rêverie, et ils ne les crurent point.
12 Néanmoins Pierre se levant, courut au sépulcre ; et s’étant baissé pour regarder, il ne vit que les linceuls qui étaient par terre ; et il s’en revint, admirant en lui-même ce qui était arrivé.
13 Ce jour-là même, deux d’entre eux s’en allaient en un bourg, nommé Emmaüs, éloigné de soixante stades de Jérusalem ;
14 parlant ensemble de tout ce qui s’était passé.
15 Et il arriva que lorsqu’ils s’entretenaient et conféraient ensemble sur cela, Jésus vint lui-même les joindre, et se mit à marcher avec eux ;
16 mais leurs yeux étaient retenus, afin qu’ils ne pussent le reconnaître.
17 Et il leur dit : De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant ? et d’où vient que vous êtes si tristes ?
18 L’un d’eux, appelé Cléophas, prenant la parole, lui répondit : Êtes-vous seul si étranger dans Jérusalem, que vous ne sachiez pas ce qui s’y est passé ces jours-ci ?
19 Et quoi ? leur dit-il. Ils lui répondirent : Touchant Jésus de Nazareth, qui a été un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple ;
20 et de quelle manière les princes des prêtres et nos sénateurs l’ont livré pour être condamné à mort, et l’ont crucifié.
21 Or nous espérions que ce serait lui qui rachèterait Israël ; et cependant après tout cela voici le troisième jour que ces choses se sont passées.
22 Il est vrai que quelques femmes de celles qui étaient avec nous, nous ont étonnés : car ayant été avant le jour à son sépulcre,
23 et n’y ayant point trouvé son corps, elles sont venues dire, que des anges mêmes leur ont apparu, qui leur ont dit qu’il est vivant.
24 Et quelques-uns des nôtres ayant aussi été au sépulcre, ont trouvé toutes choses comme les femmes les leur avaient rapportées : mais pour lui ils ne l’ont point trouvé.
25 Alors il leur dit : Ô insensés, dont le cœur est tardif à croire tout ce que les prophètes ont dit !
26 ne fallait-il pas que le Christ souffrît toutes ces choses, et qu’il entrât ainsi dans sa gloire ?
27 Et commençant par Moïse, et ensuite par tous les prophètes, il leur expliquait dans toutes les Écritures ce qui y avait été dit de lui.
28 Lorsqu’ils furent proche du bourg où ils allaient, il fit semblant d’aller plus loin.
29 Mais ils le forcèrent de s’arrêter, en lui disant : Demeurez avec nous, parce qu’il est tard, et que le jour est déjà sur son déclin. Et il entra avec eux.
30 Étant avec eux à table, il prit le pain, et le bénit ; et l’ayant rompu, il le leur donna.
31 En même temps leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant leurs yeux.
32 Alors ils se dirent l’un à l’autre : N’est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant dans nous, lorsqu’il nous parlait dans le chemin, et qu’il nous expliquait les Écritures ?
33 Et se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem, et trouvèrent que les onze apôtres, et ceux qui demeuraient avec eux, étaient assemblés,
34 et disaient : Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon.
35 Alors ils racontèrent aussi eux-mêmes ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu dans la fraction du pain.
36 Pendant qu’ils s’entretenaient ainsi, Jésus se présenta au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! C’est moi ; n’ayez point de peur.
37 Mais dans le trouble et la frayeur dont ils étaient saisis, ils s’imaginaient voir un esprit.
38 Et Jésus leur dit : Pourquoi vous troublez-vous ? et pourquoi s’élève-t-il tant de pensées dans vos cœurs ?
39 Regardez mes mains et mes pieds, et reconnaissez que c’est moi-même ; touchez-moi, et considérez qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai.
40 Après avoir dit cela, il leur montra ses mains et ses pieds.
41 Mais comme ils ne croyaient point encore, tant ils étaient transportés de joie et d’admiration, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ?
42 Ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti, et un rayon de miel.
43 Il en mangea devant eux ; et prenant les restes, il les leur donna ;
44 et il leur dit : Voilà ce que je vous disais étant encore avec vous : qu’il était nécessaire que tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes, fût accompli.
45 En même temps il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils entendissent les Écritures ;
46 et il leur dit : C’est ainsi qu’il est écrit ; et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour ;
47 et qu’on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
48 Or vous êtes témoins de ces choses.
49 Et je vais vous envoyer le don de mon Père, qui vous a été promis ; mais cependant demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut.
50 Après cela il les mena dehors, vers Béthanie ; et ayant levé les mains, il les bénit ;
51 et en les bénissant, il se sépara d’eux, et fut enlevé au ciel.
52 Pour eux, après l’avoir adoré, ils s’en retournèrent à Jérusalem remplis de joie.
53 Et ils étaient sans cesse dans le temple, louant et bénissant Dieu. Amen !