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Bible Sacy/Saint Marc

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ÉVANGILE


DE


SAINT MARC
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COMMENCEMENT de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu.

2 Comme il est écrit dans le prophète Isaïe : J’envoie mon ange devant votre face, qui marchant devant vous, vous préparera le chemin.

3 Voici la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits ses sentiers.

4 Ainsi Jean était dans le désert, baptisant, et prêchant un baptême de pénitence pour la rémission des péchés.

5 Tout le pays de la Judée, et tous les habitants de Jérusalem venaient à lui, et confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain.

6 Or Jean était vêtu de poil de chameau : il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et vivait de sauterelles et de miel sauvage. Il prêchait, en disant :

7 Il en vient après moi un autre qui est plus puissant que moi : et je ne suis pas digne de délier le cordon de ses souliers, en me prosternant devant lui.

8 Pour moi, je vous ai baptisés dans l’eau : mais pour lui, il vous baptisera dans le Saint-Esprit.

9 En ce même temps Jésus vint de Nazareth, qui est en Galilée, et fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

10 Et aussitôt qu’il fut sorti de l’eau, il vit les cieux s’ouvrir, et l’Esprit comme une colombe, descendre et demeurer sur lui.

11 Et une voix se fit entendre du ciel : Vous êtes mon Fils bien-aimé ; c’est en vous que j’ai mis toute mon affection.

12 Aussitôt après, l’Esprit le poussa dans le désert ;

13 où il demeura quarante jours et quarante nuits. Il y fut tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

14 Mais après que Jean eut été mis en prison, Jésus vint dans la Galilée, prêchant l’Évangile du royaume de Dieu,

15 et disant : Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche : faites pénitence, et croyez à l’Évangile.

16 Or, comme il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car ils étaient pêcheurs :

17 et Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.

18 En même temps ils quittèrent leurs filets, et le suivirent.

19 De là s’étant un peu avancé, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient aussi dans une barque, où ils raccommodaient leurs filets :

20 il les appela à l’heure même, et ils le suivirent, ayant laissé dans la barque Zébédée, leur père, avec ceux qui travaillaient pour lui.

21 Ils vinrent ensuite à Capharnaüm ; et Jésus entrant d’abord aux jours du sabbat dans la synagogue, il les instruisait ;

22 et ils étaient étonnés de sa doctrine, parce qu’il les instruisait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes.

23 Or il se trouva dans leur synagogue un homme possédé de l’esprit impur, qui s’écria,

24 disant : Qu’y a-t-il entre vous et nous, Jésus de Nazareth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ? Je sais qui vous êtes : vous êtes le Saint de Dieu.

25 Mais Jésus lui parlant avec menaces, lui dit : Tais-toi, et sors de cet homme.

26 Alors l’esprit impur, l’agitant avec de violentes convulsions, et jetant un grand cri, sortit hors de lui.

27 Tous en furent si surpris qu’ils se demandaient les uns aux autres : Qu’est-ce que ceci ? et quelle est cette nouvelle doctrine ? Il commande avec empire, même aux esprits impurs, et ils lui obéissent.

28 Sa réputation se répandit en même temps dans toute la Galilée.

29 Sitôt qu’ils furent sortis de la synagogue, ils vinrent avec Jacques et Jean en la maison de Simon et d’André.

30 Or la belle-mère de Simon était au lit ayant la fièvre ; ils lui parlèrent aussitôt d’elle ;

31 et lui s’approchant, la prit par la main, et la fit lever. Au même instant la fièvre la quitta, et elle les servait.

32 Sur le soir, le soleil étant couché, ils lui amenèrent tous les malades et les possédés ;

33 et toute la ville était assemblée devant la porte.

34 Il guérit plusieurs personnes de diverses maladies, et il chassa plusieurs démons ; mais il ne leur permettait pas de dire qu’ils le connaissaient.

35 Le lendemain s’étant levé de fort grand matin, il sortit, et s’en alla dans un lieu désert, où il priait.

36 Simon et ceux qui étaient avec lui, l’y suivirent ;

37 et quand ils l’eurent trouvé, ils lui dirent : Tout le monde vous cherche.

38 Il leur répondit : Allons aux villages et aux villes d’ici alentour, afin que j’y prêche aussi : car c’est pour cela que je suis venu.

39 Il prêchait donc dans leurs synagogues, et par toute la Galilée ; et il chassait les démons.

40 Or il vint à lui un lépreux, qui le priant, et se jetant à genoux, lui dit : Si vous voulez, vous pouvez me guérir.

41 Jésus eut pitié de lui ; et étendant la main, il le toucha, et lui dit : Je le veux, soyez guéri.

42 Dès qu’il eut dit cette parole, la lèpre quitta cet homme, et il fut guéri.

43 Jésus le renvoya aussitôt, après lui avoir défendu fortement d’en parler,

44 en lui disant : Gardez-vous bien de rien dire de ceci à personne ; mais allez vous montrer au prince des prêtres, et offrez pour votre guérison ce que Moïse a ordonné, afin que cela leur serve de témoignage.

45 Mais cet homme l’ayant quitté, commença à parler de sa guérison, et à la publier partout : de sorte que Jésus ne pouvait plus paraître dans la ville ; mais il se tenait dehors dans des lieux déserts, et on venait à lui de tous côtés.



QUELQUES jours après il revint à Capharnaüm.

2 Aussitôt qu’on eut entendu dire qu’il était en la maison, il s’y assembla un si grand nombre de personnes, que ni le dedans du logis, ni tout l’espace qui était devant la porte, ne pouvait les contenir ; et il leur prêchait la parole de Dieu.

3 Alors quelques-uns vinrent lui amener un paralytique, qui était porté par quatre hommes.

4 Mais comme ils ne pouvaient le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où il était, et y ayant fait une ouverture, ils descendirent le lit où le paralytique était couché.

5 Jésus voyant leur foi, dit au paralytique : Mon fils, vos péchés vous sont remis.

6 Or il y avait là quelques scribes assis, qui s’entretenaient de ces pensées dans leur cœur :

7 Que veut dire cet homme ? il blasphème. Qui peut remettre les péchés que Dieu seul ?

8 Jésus connaissant aussitôt par son esprit ce qu’ils pensaient en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi vous entretenez-vous de ces pensées dans vos cœurs ?

9 Lequel est le plus aisé, de dire à ce paralytique, Vos péchés vous sont remis ; ou de lui dire, Levez-vous, emportez votre lit, et marchez ?

10 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés,

11 Levez-vous, dit-il au paralytique, je vous le commande ; emportez votre lit, et vous en allez en votre maison.

12 Il se leva au même instant, emporta son lit, et s’en alla devant tout le monde : de sorte qu’ils furent tous saisis d’étonnement ; et rendant gloire à Dieu, ils disaient : Jamais nous n’avons rien vu de semblable.

13 Jésus étant sorti une autre fois du côté de la mer, tout le peuple venait à lui, et il les enseignait.

14 Et lorsqu’il passait, il vit Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suivez-moi. Il se leva aussitôt, et le suivit.

15 Et Jésus étant assis à table dans la maison de cet homme, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie y étaient assis avec lui et avec ses disciples : car il y en avait même plusieurs qui le suivaient.

16 Les scribes et les pharisiens voyant qu’il mangeait avec les publicains et avec les gens de mauvaise vie, dirent à ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-il et boit-il avec des publicains et des gens de mauvaise vie ?

17 Ce que Jésus ayant entendu, il leur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien, mais les malades, qui ont besoin de médecin. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.

18 Or les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnaient souvent ; et étant venus le trouver, ils lui dirent : Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, et que vos disciples ne jeûnent pas ?

19 Jésus leur répondit : Les amis de l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Non, sans doute ; ils ne peuvent pas jeûner pendant qu’ils ont l’époux avec eux.

20 Mais il viendra un temps où l’époux leur sera ôté ; et ce sera alors qu’ils jeûneront.

21 Personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux vêtement ; autrement la pièce neuve emporterait encore une partie du vieux, et la rupture en deviendrait plus grande.

22 Et on ne met point non plus du vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; parce que le vin nouveau romprait les vaisseaux, le vin se répandrait, et les vaisseaux se perdraient ; mais il faut mettre le vin nouveau dans des vaisseaux neufs.

23 Il arriva encore, que le Seigneur passant le long des blés un jour de sabbat, ses disciples en marchant commencèrent à rompre des épis.

24 Sur quoi les pharisiens lui dirent : Pourquoi vos disciples font-ils le jour du sabbat ce qu’il n’est pas permis de faire ?

25 Il leur répondit : N’avez-vous jamais lu ce que fit David dans le besoin où il se trouva, lorsque lui et ceux qui l’accompagnaient furent pressés de la faim ?

26 comment il entra dans la maison de Dieu du temps du grand prêtre Abiathar, et mangea les pains de proposition, et en donna même à ceux qui étaient avec lui, quoiqu’il n’y eût que les prêtres à qui il fût permis d’en manger.

27 Il leur dit encore : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.

28 C’est pourquoi le Fils de l’homme est maître du sabbat même.



JÉSUS entra une autre fois dans la synagogue, où il se trouva un homme qui avait une main sèche.

2 Et ils l’observaient pour voir s’il le guérirait un jour de sabbat, afin d’en prendre sujet de l’accuser.

3 Alors il dit à cet homme qui avait une main sèche : Levez-vous, tenez-vous là au milieu.

4 Puis il leur dit : Est-il permis au jour du sabbat de faire du bien ou du mal ? de sauver la vie, ou de l’ôter ? Et ils demeurèrent dans le silence.

5 Mais lui les regardant avec colère, affligé qu’il était de l’aveuglement de leur cœur, il dit à cet homme : Étendez votre main. Il l’étendit, et elle devint saine.

6 Aussitôt les pharisiens étant sortis, tinrent conseil contre lui avec les hérodiens, sur les moyens de le perdre.

7 Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer, où une grande multitude de peuple le suivit de Galilée et de Judée,

8 de Jérusalem, de l’Idumée, et de delà le Jourdain ; et ceux des environs de Tyr et de Sidon ayant entendu parler des choses qu’il faisait, vinrent en grand nombre le trouver.

9 Et il dit à ses disciples, qu’ils lui tinssent là une barque, afin qu’elle lui servît pour n’être pas accablé par la foule du peuple.

10 Car comme il en guérissait beaucoup, tous ceux qui étaient affligés de quelque mal, se jetaient sur lui pour le toucher.

11 Et quand les esprits impurs le voyaient, ils se prosternaient devant lui, en criant :

12 Vous êtes le Fils de Dieu. Mais il leur défendait avec de grandes menaces de le découvrir.

13 Il monta ensuite sur une montagne, et il appela à lui ceux que lui-même voulut, et ils vinrent à lui.

14 Il en établit douze pour être avec lui, et pour les envoyer prêcher ;

15 et il leur donna la puissance de guérir les maladies, et de chasser les démons :

16 Le premier fut Simon, à qui il donna le nom de Pierre ;

17 puis Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, qu’il nomma Boanergès, c’est-à-dire, enfants du tonnerre ;

18 André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas ; Jacques, fils d’Alphée ; Thaddée ; Simon le Cananéen,

19 et Judas Iscariote, qui fut celui qui le trahit.

20 Et étant venus en la maison, il s’y assembla une si grande foule de peuple, qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.

21 Ce que ses proches ayant appris, ils vinrent pour se saisir de lui : car ils disaient qu’il avait perdu l’esprit.

22 Et les scribes qui étaient venus de Jérusalem, disaient : Il est possédé de Béelzébub, et c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons.

23 Mais Jésus les ayant appelés auprès de lui, leur disait en parabole : Comment Satan peut-il chasser Satan ?

24 Si un royaume est divisé contre lui-même, il est impossible que ce royaume subsiste ;

25 et si une maison est divisée contre elle-même, il est impossible que cette maison subsiste.

26 Si donc Satan se soulève contre lui-même, le voilà divisé, il est impossible qu’il subsiste : mais il faut que sa puissance prenne fin.

27 Nul ne peut entrer dans la maison du fort armé, et piller ses armes et ce qu’il possède, si auparavant il ne lie le fort, pour pouvoir ensuite piller sa maison.

28 Je vous dis en vérité, que tous les péchés que les enfants des hommes auront commis, et tous les blasphèmes qu’ils auront proférés, leur seront remis ;

29 mais si quelqu’un blasphème contre le Saint-Esprit, il n’en recevra jamais le pardon, et il sera coupable d’un péché éternel.

30 Il leur dit ceci sur ce qu’ils l’accusaient d’être possédé de l’esprit impur.

31 Cependant sa mère et ses frères étant venus, et se tenant dehors, envoyèrent l’appeler.

32 Or le peuple était assis autour de lui, et on lui dit : Votre mère et vos frères sont là dehors qui vous demandent.

33 Mais il leur répondit : Qui est ma mère ? et qui sont mes frères ?

34 Et regardant ceux qui étaient assis autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères ;

35 car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.



IL se mit de nouveau à enseigner auprès de la mer ; et une si grande multitude de personnes s’assembla autour de lui, qu’il monta sur mer dans une barque, et s’y assit, tout le peuple se tenant sur le rivage de la mer ;

2 et il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et leur disait en sa manière d’instruire :

3 Écoutez : Celui qui sème, s’en alla semer :

4 et lorsqu’il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin ; et les oiseaux du ciel étant venus, la mangèrent.

5 Une autre tomba dans des endroits pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre ; et elle leva aussitôt, parce que la terre n’avait pas de profondeur :

6 le soleil s’étant levé ensuite, elle en fut brûlée ; et comme elle n’avait pas de racine, elle sécha.

7 Une autre tomba dans des épines : et les épines étant venues à croître, l’étouffèrent, et elle ne porta point de fruit.

8 Une autre enfin tomba dans une bonne terre ; et elle porta son fruit, qui poussa et crût jusqu’à la maturité : quelques grains rapportant trente pour un, d’autres soixante, et d’autres cent.

9 Et il leur disait : Que celui-là l’entende, qui a des oreilles pour entendre.

10 Lorsqu’il fut en particulier, les douze qui le suivaient lui demandèrent le sens de cette parabole ;

11 et il leur dit : Pour vous, il vous est donné de connaître le mystère du royaume de Dieu ; mais pour ceux qui sont dehors, tout se passe en paraboles ;

12 afin que voyant ils voient et ne voient pas, et qu’écoutant ils écoutent et ne comprennent pas ; de peur qu’ils ne viennent à se convertir, et que leurs péchés ne leur soient pardonnés.

13 Eh quoi ! leur dit-il encore, n’entendez-vous pas cette parabole ? Comment donc pourrez-vous les entendre toutes ?

14 Celui qui sème, sème la parole.

15 Ceux qui sont marqués par ce qui est le long du chemin où la parole est semée, sont ceux qui ne l’ont pas plutôt entendue, que Satan vient et enlève cette parole qui avait été semée dans leurs cœurs.

16 De même ceux qui sont marqués par ce qui est semé en des endroits pierreux, sont ceux qui écoutant la parole la reçoivent aussitôt avec joie ;

17 mais n’ayant point en eux-mêmes de racine, ils ne sont que pour un temps ; et lorsqu’il survient des traverses et des persécutions à cause de la parole, ils en prennent aussitôt un sujet de scandale.

18 Les autres, qui sont marqués par ce qui est semé parmi les épines, sont ceux qui écoutent la parole ;

19 mais les sollicitudes de ce siècle, l’illusion des richesses, et les autres passions, s’emparant de leurs esprits, y étouffent la parole, et font qu’elle demeure sans fruit.

20 Enfin ceux qui sont marqués par ce qui est semé dans la bonne terre, sont ceux qui écoutent la parole, qui la reçoivent, et qui portent du fruit, l’un trente pour un, l’autre soixante, et l’autre cent.

21 Il leur disait aussi : Fait-on apporter la lampe pour la mettre sous le boisseau, ou sous le lit ? N’est-ce pas pour la mettre sur le chandelier ?

22 Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, et rien ne se fait en secret qui ne doive paraître en public.

23 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il l’entende.

24 Il leur dit encore : Prenez bien garde à ce que vous entendez : car on se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis envers les autres ; et il vous sera donné encore davantage :

25 car on donnera à celui qui a déjà ; et pour celui qui n’a point, on lui ôtera même ce qu’il a.

26 Il disait aussi : Le royaume de Dieu est semblable à ce qui arrive lorsqu’un homme a jeté de la semence en terre :

27 soit qu’il dorme, ou qu’il se lève durant la nuit et durant le jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment :

28 car la terre produit d’elle-même, premièrement l’herbe, ensuite l’épi, puis le blé tout formé qui remplit l’épi.

29 Et lorsque le fruit est dans sa maturité, on y met aussitôt la faucille ; parce que le temps de la moisson est venu.

30 Il dit encore : À quoi comparerons-nous le royaume de Dieu ? et par quelle parabole le représenterons-nous ?

31 Il est semblable à un grain de sénevé, qui étant la plus petite de toutes les semences qui sont dans la terre, lorsqu’on l’y sème,

32 monte, quand il est semé, jusqu’à devenir plus grand que tous les légumes, et pousse de si grandes branches, que les oiseaux du ciel peuvent se reposer sous son ombre.

33 Il leur parlait ainsi sous diverses paraboles, selon qu’ils étaient capables de l’entendre ;

34 et il ne leur parlait point sans parabole : mais étant en particulier il expliquait tout à ses disciples.

35 Ce même jour sur le soir, il leur dit : Passons à l’autre bord.

36 Et après qu’ils eurent renvoyé le peuple, ils l’emmenèrent avec eux dans la barque où il était, et il y avait encore d’autres barques qui le suivirent.

37 Alors un grand tourbillon de vent s’éleva, et les vagues entraient dans la barque, de telle sorte qu’elle s’emplissait déjà d’eau.

38 Jésus cependant était sur la poupe, dormant sur un oreiller ; et ils le réveillèrent, en lui disant : Maître ! ne vous mettez-vous point en peine de ce que nous périssons ?

39 Alors s’étant éveillé, il parla au vent avec menaces, et dit à la mer : Tais-toi, calme-toi. Aussitôt le vent cessa, et il se fit un grand calme.

40 Puis il leur dit : Pourquoi êtes-vous ainsi timides ? Comment n’avez-vous point encore de foi ? Ils furent saisis d’une extrême crainte ; et ils se disaient l’un à l’autre : Quel est donc celui-ci, à qui les vents et la mer obéissent ?



AYANT passé la mer, ils vinrent au pays des Géraséniens.

2 Et Jésus ne fut pas plutôt descendu de la barque, qu’un homme possédé de l’esprit impur vint à lui, sortant des sépulcres,

3 où il faisait sa demeure ordinaire ; et personne ne pouvait plus le lier, même avec des chaînes :

4 car souvent ayant les fers aux pieds, et étant lié de chaînes, il avait rompu ses chaînes et brisé ses fers, et nul homme ne le pouvait dompter.

5 Il demeurait jour et nuit dans les sépulcres et sur les montagnes, criant et se meurtrissant lui-même avec des pierres.

6 Ayant donc vu Jésus de loin, il courut à lui, et l’adora ;

7 et jetant un grand cri, il lui dit : Qu’y a-t-il entre vous et moi, Jésus, Fils du Dieu très-haut ? Je vous conjure par le nom de Dieu, de ne me point tourmenter.

8 Car Jésus lui disait : Esprit impur, sors de cet homme.

9 Et il lui demanda : Comment t’appelles-tu ? À quoi il répondit : Je m’appelle Légion, parce que nous sommes plusieurs.

10 Et il le priait avec instance, de ne le point chasser hors de ce pays-là.

11 Or il y avait là un grand troupeau de pourceaux qui paissaient le long des montagnes ;

12 et tous ces démons le suppliaient, en lui disant : Envoyez-nous dans ces pourceaux, afin que nous y entrions.

13 Jésus le leur permit aussitôt ; et ces esprits impurs, sortant du possédé, entrèrent dans les pourceaux ; et tout le troupeau, qui était environ de deux mille, courut avec impétuosité se précipiter dans la mer, où ils furent tous noyés.

14 Ceux qui menaient paître les pourceaux s’enfuirent, et en allèrent porter la nouvelle dans la ville et dans les champs : ce qui fit que plusieurs sortirent pour voir ce qui était arrivé.

15 Et étant venus à Jésus, ils virent celui qui avait été tourmenté par le démon, assis, habillé, et en son bon sens : ce qui les remplit de crainte.

16 Et ceux qui avaient vu ce qui s’était passé, leur ayant rapporté tout ce qui était arrivé au possédé et aux pourceaux,

17 ils commencèrent à le prier de sortir de leur pays.

18 Comme il rentrait dans la barque, celui qui avait été tourmenté par le démon, le supplia qu’il lui permît d’aller avec lui :

19 mais Jésus le lui refusa, et lui dit : Allez-vous-en chez vous trouver vos proches, et leur annoncez les grandes grâces que vous avez reçues du Seigneur, et la miséricorde qu’il vous a faite.

20 Cet homme s’en étant allé, commença à publier dans la Décapole les grandes grâces que Jésus lui avait faites ; et tout le monde en était dans l’admiration.

21 Jésus étant encore repassé dans la barque à l’autre bord, lorsqu’il était auprès de la mer une grande multitude de peuple s’assembla autour de lui.

22 Et un chef de synagogue, nommé Jaïre, vint le trouver ; et le voyant, il se jeta à ses pieds ;

23 et il le suppliait avec grande instance, en lui disant : J’ai une fille qui est à l’extrémité : venez lui imposer les mains pour la guérir et lui sauver la vie.

24 Jésus s’en alla avec lui ; et il était suivi d’une grande foule de peuple, qui le pressait.

25 Alors une femme malade d’une perte de sang depuis douze ans,

26 qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, et qui ayant dépensé tout son bien, n’en avait reçu aucun soulagement, mais s’en était toujours trouvée plus mal,

27 ayant entendu parler de Jésus, vint dans la foule par derrière, et toucha son vêtement :

28 car elle disait : Si je puis seulement toucher son vêtement, je serai guérie.

29 Au même instant la source du sang qu’elle perdait fut séchée, et elle sentit dans son corps qu’elle était guérie de cette maladie.

30 Aussitôt Jésus connaissant en soi-même la vertu qui était sortie de lui, se retourna au milieu de la foule, et dit : Qui est-ce qui a touché mes vêtements ?

31 Ses disciples lui dirent : Vous voyez que la foule vous presse de tous côtés, et vous demandez qui vous a touché ?

32 Et il regardait tout autour de lui pour voir celle qui l’avait touché.

33 Mais cette femme, qui savait ce qui s’était passé en elle, étant saisie de crainte et de frayeur, vint se jeter à ses pieds, et lui déclara toute la vérité.

34 Et Jésus lui dit : Ma fille, votre foi vous a sauvée ; allez en paix, et soyez guérie de votre maladie.

35 Lorsqu’il parlait encore, il vint des gens du chef de synagogue, qui lui dirent : Votre fille est morte ; pourquoi voulez-vous donner au Maître la peine d’aller plus loin ?

36 Mais Jésus ayant entendu cette parole, dit au chef de synagogue : Ne craignez point ; croyez seulement.

37 Et il ne permit à personne de le suivre, sinon à Pierre, à Jacques, et à Jean, frère de Jacques.

38 Étant arrivés dans la maison de ce chef de synagogue, il y vit une troupe confuse de personnes qui pleuraient, et qui jetaient de grands cris ;

39 et en entrant il leur dit : Pourquoi faites-vous tant de bruit ? et pourquoi pleurez-vous ? Cette fille n’est pas morte ; elle n’est qu’endormie.

40 Et ils se moquaient de lui. Alors ayant fait sortir tout le monde, il prit le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient venus avec lui, et il entra au lieu où la fille était couchée.

41 Il la prit par la main, et lui dit : Talitha, cumi ; c’est-à-dire, Ma fille, levez-vous, je vous le commande.

42 Au même instant la fille se leva, et se mit à marcher ; car elle avait douze ans : et ils furent merveilleusement étonnés.

43 Mais il leur commanda très-expressément de prendre garde que personne ne le sût ; et il leur dit, qu’on lui donnât à manger.



JÉSUS étant sorti de ce lieu, vint en son pays, où ses disciples le suivirent.

2 Le jour du sabbat étant venu, il commença à enseigner dans la synagogue ; et plusieurs de ceux qui l’écoutaient étant extraordinairement étonnés de l’entendre ainsi parler, disaient : D’où sont venues à celui-ci toutes ces choses ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? et d’où vient que tant de merveilles se font par ses mains ?

3 N’est-ce pas là ce charpentier, ce fils de Marie, frère de Jacques, de Joseph, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et ils se scandalisaient à son sujet.

4 Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est sans honneur que dans son pays, dans sa maison, et parmi ses parents.

5 Et il ne put faire là aucun miracle, sinon qu’il y guérit un petit nombre de malades, en leur imposant les mains ;

6 de sorte qu’il admirait leur incrédulité : il allait cependant enseigner de tous côtés dans les villages d’alentour.

7 Or, Jésus ayant appelé les douze, il commença à les envoyer deux à deux ; et il leur donna puissance sur les esprits impurs.

8 Il leur commanda de s’en aller avec leur bâton seulement, et de ne rien préparer pour le chemin, ni sac, ni pain, ni argent dans leur bourse ;

9 mais de ne prendre que leurs sandales, et de ne se pourvoir point de deux tuniques.

10 Et il leur dit : Quelque part que vous alliez, étant entrés dans une maison, demeurez-y jusqu’à ce que vous sortiez de ce lieu-là ;

11 et lorsqu’il se trouvera des personnes qui ne voudront ni vous recevoir, ni vous écouter, secouez, en vous retirant, la poussière de vos pieds, afin que ce soit un témoignage contre eux.

12 Étant donc partis, ils prêchaient aux peuples, qu’ils fissent pénitence ;

13 ils chassaient beaucoup de démons ; ils oignaient d’huile plusieurs malades, et les guérissaient.

14 Or, la réputation de Jésus s’étant beaucoup répandue, le roi Hérode entendit parler de lui ; ce qui lui faisait dire : Jean-Baptiste est ressuscité d’entre les morts ; et c’est pour cela qu’il se fait par lui tant de miracles.

15 D’autres disaient : C’est Élie. Mais d’autres encore disaient : C’est un prophète, égal à l’un des anciens prophètes.

16 Hérode entendant ces bruits différents, disait : Cet homme est Jean, à qui j’ai fait trancher la tête, et qui est ressuscité d’entre les morts.

17 Car Hérode ayant épousé Hérodiade, quoiqu’elle fût femme de Philippe, son frère, avait envoyé prendre Jean, l’avait fait lier et mettre en prison à cause d’elle ;

18 parce que Jean disait à Hérode : Il ne vous est pas permis d’avoir la femme de votre frère.

19 Depuis cela Hérodiade avait toujours cherché l’occasion de le faire mourir ; mais elle n’avait pu y parvenir,

20 parce qu’Hérode sachant qu’il était un homme juste et saint, le craignait et avait du respect pour lui, faisait beaucoup de choses selon ses avis, et l’écoutait volontiers.

21 Mais enfin il arriva un jour favorable au dessein d’Hérodiade, qui fut le jour de la naissance d’Hérode, auquel il fit un festin aux grands de sa cour, aux premiers officiers de ses troupes, et aux principaux de la Galilée :

22 car la fille d’Hérodiade y étant entrée, et ayant dansé devant Hérode, elle lui plut tellement, et à ceux qui étaient à table avec lui, qu’il lui dit : Demandez-moi ce que vous voudrez, et je vous le donnerai.

23 Et il ajouta avec serment : Oui, je vous donnerai tout ce que vous me demanderez, quand ce serait la moitié de mon royaume.

24 Elle étant sortie, dit à sa mère : Que demanderai-je ? Sa mère lui répondit : La tête de Jean-Baptiste.

25 Étant rentrée aussitôt en grande hâte où était le roi, elle fit sa demande, en disant : Je désire que vous me donniez tout présentement, dans un bassin, la tête de Jean-Baptiste.

26 Le roi en fut fort fâché ; néanmoins, à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut pas la refuser.

27 Ainsi il envoya un de ses gardes avec ordre d’apporter la tête de Jean dans un bassin ; et ce garde étant allé dans la prison, lui coupa la tête,

28 l’apporta dans un bassin, et la donna à la fille, et la fille la donna à sa mère.

29 Les disciples de Jean l’ayant su, vinrent prendre son corps, et le mirent dans un tombeau.

30 Or les apôtres s’étant rassemblés auprès de Jésus, lui rendirent compte de tout ce qu’ils avaient fait, et de tout ce qu’ils avaient enseigné.

31 Et il leur dit : Venez vous retirer en particulier dans quelque lieu solitaire, et vous reposez un peu. Car comme il y avait beaucoup de personnes qui venaient vers lui, les uns après les autres, ils n’avaient pas seulement le temps de manger.

32 Étant donc entrés dans une barque, ils se retirèrent à l’écart dans un lieu désert ;

33 mais le peuple les ayant vus partir, et plusieurs autres en ayant eu connaissance, ils y accoururent à pied de toutes les villes voisines, et ils y arrivèrent avant eux ;

34 de sorte que Jésus sortant de la barque, vit une grande multitude de peuple, et il en eut compassion, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de pasteur ; et il se mit à leur dire beaucoup de choses pour leur instruction.

35 Mais le jour étant déjà fort avancé, ses disciples vinrent à lui, et lui dirent : Ce lieu est désert, et il est déjà tard ;

36 renvoyez-les, afin qu’ils s’en aillent dans les villages et les bourgs d’ici autour, acheter de quoi manger.

37 Il leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui repartirent : Irons-nous donc acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger ?

38 Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? allez voir. Et y ayant regardé, ils lui dirent : Nous en avons cinq, et deux poissons.

39 Alors il leur commanda de les faire tous asseoir, en diverses troupes, sur l’herbe verte ;

40 et ils s’assirent en divers rangs, les uns de cent personnes, et les autres de cinquante.

41 Jésus prit donc les cinq pains et les deux poissons ; et levant les yeux au ciel, il les bénit ; et ayant rompu les pains, il les donna à ses disciples, afin qu’ils les présentassent au peuple ; et il partagea à tous les deux poissons.

42 Tous en mangèrent, et furent rassasiés.

43 Et les disciples remportèrent douze paniers pleins des morceaux qui étaient restés des pains et des poissons,

44 quoique ceux qui avaient mangé de ces pains, fussent au nombre de cinq mille hommes.

45 Il obligea aussitôt ses disciples de monter dans la barque, et de passer avant lui à l’autre bord, vers Bethsaïde, pendant qu’il renverrait le peuple.

46 Et après qu’il l’eut renvoyé, il s’en alla sur la montagne pour prier.

47 Le soir étant venu, la barque se trouvait au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre ;

48 et voyant que ses disciples avaient grande peine à ramer, parce que le vent leur était contraire, vers la quatrième veille de la nuit il vint à eux marchant sur la mer, et il voulait les devancer.

49 Mais eux le voyant marcher ainsi sur la mer, crurent que c’était un fantôme, et ils jetèrent un grand cri ;

50 car ils l’aperçurent tous, et en furent épouvantés. Mais aussitôt il leur parla, et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi ; ne craignez point.

51 Il monta ensuite avec eux dans la barque, et le vent cessa ; ce qui augmenta encore beaucoup l’étonnement où ils étaient ;

52 car ils n’avaient pas fait assez d’attention sur le miracle des pains, parce que leur cœur était aveuglé.

53 Ayant passé l’eau, ils vinrent au territoire de Génésareth, et y abordèrent.

54 Et dès qu’ils furent sortis de la barque, les gens du pays reconnurent Jésus ;

55 et parcourant toute la contrée, ils commencèrent à lui apporter de tous côtés les malades dans des lits, partout où ils entendaient dire qu’il était.

56 Et en quelque lieu qu’il entrât, soit bourgs, villes ou villages, on mettait les malades dans les places publiques, et on le priait de permettre qu’ils pussent seulement toucher la frange de son vêtement ; et tous ceux qui la touchaient, étaient guéris.



LES pharisiens et quelques-uns des scribes qui étaient venus de Jérusalem, s’assemblèrent auprès de Jésus.

2 Et ayant vu quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire, qui n’avaient pas été lavées, ils les en blâmèrent :

3 car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans avoir souvent lavé leurs mains, gardant en cela la tradition des anciens ;

4 et lorsqu’ils reviennent de la place publique, ils ne mangent point non plus sans s’être lavés. Ils ont encore beaucoup d’autres observations qu’ils ont reçues, et qu’ils gardent ; comme de laver les coupes, les pots, les vaisseaux d’airain, et les bois de lit.

5 C’est pourquoi les pharisiens et les scribes lui dirent : D’où vient que vos disciples n’observent point la tradition des anciens, mais qu’ils prennent leur repas avec des mains impures ?

6 Il leur répondit : C’est avec grande raison qu’Isaïe a fait de vous autres hypocrites cette prophétie qui se lit dans l’Écriture : Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est bien éloigné de moi ;

7 et c’est en vain qu’ils m’honorent, publiant des maximes et des ordonnances humaines.

8 Car laissant là le commandement de Dieu, vous observez avec soin la tradition des hommes, lavant les pots et les coupes, et faisant encore beaucoup d’autres choses semblables.

9 N’êtes-vous donc pas, leur disait-il, des gens bien religieux, de détruire le commandement de Dieu, pour garder votre tradition ?

10 Car Moïse a dit, Honorez votre père et votre mère ; et, Que celui qui outragera de parole son père, ou sa mère, soit puni de mort.

11 Mais vous dites, vous autres : Si un homme dit à son père, ou à sa mère, Tout don que je fais à Dieu vous soit utile ; il satisfait à la loi.

12 Et vous ne lui permettez pas de rien faire davantage pour son père, ou pour sa mère ;

13 rendant ainsi inutile le commandement de Dieu par votre tradition, que vous-mêmes avez établie ; et vous faites encore beaucoup d’autres choses semblables.

14 Alors ayant appelé de nouveau le peuple, il leur dit : Écoutez-moi tous, et comprenez bien ceci :

15 Rien de ce qui venant de dehors entre dans l’homme, n’est capable de le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, est ce qui le souille.

16 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il l’entende.

17 Après qu’il eut quitté le peuple, et qu’il fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent ce que voulait dire cette parabole.

18 Et il leur dit : Quoi ! vous avez encore vous-mêmes si peu d’intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui du dehors entre dans le corps de l’homme, ne peut le souiller ;

19 parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais cela va dans son ventre, d’où ce qui était impur dans tous les aliments, est séparé, et jeté dans le lieu secret ?

20 Mais ce qui souille l’homme, leur disait-il, c’est ce qui sort de l’homme même.

21 Car c’est du dedans, c’est-à-dire, du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les homicides,

22 les larcins, l’avarice, les méchancetés, la fourberie, la dissolution, l’œil malin et envieux, les médisances, l’orgueil, la folie, et le dérèglement de l’esprit.

23 Tous ces maux sortent du dedans, et souillent l’homme.

24 Il partit ensuite de ce lieu-là, et s’en alla sur les confins de Tyr et de Sidon ; et étant entré dans une maison, il désirait que personne ne le sût ; mais il ne put être caché :

25 car une femme dont la fille était possédée d’un esprit impur, ayant entendu dire qu’il était là, vint aussitôt se jeter à ses pieds.

26 Elle était païenne, et Syro-Phénicienne de nation. Et elle le suppliait de chasser le démon du corps de sa fille.

27 Mais Jésus lui dit : Laissez premièrement rassasier les enfants : car il n’est pas bon de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens.

28 Elle lui répondit : Il est vrai, Seigneur ! mais les petits chiens mangent au moins sous la table les miettes du pain des enfants.

29 Alors il lui dit : À cause de cette parole, allez, le démon est sorti de votre fille.

30 Et s’en étant allée en sa maison, elle trouva que le démon était sorti de sa fille, et qu’elle était couchée sur son lit.

31 Jésus quitta ensuite les confins de Tyr, et retourna par Sidon vers la mer de Galilée, passant au milieu du pays de la Décapole.

32 Et quelques-uns lui ayant présenté un homme qui était sourd et muet, le suppliaient de lui imposer les mains.

33 Alors Jésus le tirant de la foule, et le prenant à part, lui mit ses doigts dans les oreilles, et de sa salive sur la langue ;

34 et levant les yeux au ciel, il jeta un soupir, et lui dit : Éphphétha, c’est-à-dire, Ouvrez-vous.

35 Aussitôt ses oreilles furent ouvertes, et sa langue fut déliée, et il parlait fort distinctement.

36 Il leur défendit de le dire à personne : mais plus il le leur défendait, plus ils le publiaient ;

37 et ils disaient dans l’admiration extraordinaire où ils étaient : Il a bien fait toutes choses ; il a fait entendre les sourds, et parler les muets.



EN ce temps-là le peuple s’étant trouvé encore une fois en fort grand nombre auprès de Jésus, et n’ayant point de quoi manger, il appela ses disciples, et leur dit :

2 J’ai compassion de ce peuple ; parce qu’il y a déjà trois jours qu’ils demeurent continuellement avec moi, et ils n’ont rien à manger ;

3 et si je les renvoie en leurs maisons sans avoir mangé, les forces leur manqueront en chemin ; parce que quelques-uns d’eux sont venus de loin.

4 Ses disciples lui répondirent : Comment pourrait-on trouver dans ce désert assez de pain pour les rassasier ?

5 Il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Sept, lui dirent-ils.

6 Alors il commanda au peuple de s’asseoir sur la terre ; il prit les sept pains, et rendant grâces, les rompit, les donna à ses disciples pour les distribuer ; et ils les distribuèrent au peuple.

7 Ils avaient encore quelques petits poissons, qu’il bénit aussi ; et il commanda qu’on les leur distribuât de même.

8 Ils mangèrent donc, et furent rassasiés ; et on remporta sept corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés.

9 Or ceux qui mangèrent, étaient environ quatre mille ; et Jésus les renvoya.

10 Aussitôt étant entré dans une barque avec ses disciples, il vint dans le pays de Dalmanutha ;

11 où les pharisiens étant venus le trouver, ils commencèrent à disputer avec lui, et lui demandèrent pour le tenter, qu’il leur fit voir quelque prodige dans le ciel.

12 Mais Jésus jetant un soupir du fond du cœur, dit : Pourquoi ces gens-là demandent-ils un prodige ? Je vous le dis en vérité, il ne sera point donné de prodige à ces gens-là.

13 Et les ayant quittés, il remonta dans la barque, et passa à l’autre bord.

14 Or les disciples avaient oublié de prendre des pains, et ils n’en avaient qu’un seul dans leur barque.

15 Jésus leur donna alors ce précepte ; Ayez soin de vous bien garder du levain des pharisiens, et du levain d’Hérode.

16 Sur quoi ils pensaient et se disaient l’un à l’autre : C’est parce que nous n’avons point pris de pains.

17 Ce que Jésus connaissant, il leur dit : Pourquoi vous entretenez-vous de cette pensée, que vous n’avez point de pains ? N’avez-vous point encore de sens, ni d’intelligence ? et votre cœur est-il encore dans l’aveuglement ?

18 Aurez-vous toujours des yeux sans voir, et des oreilles sans entendre ? et avez-vous perdu la mémoire ?

19 Lorsque je rompis les cinq pains pour cinq mille hommes, combien remportâtes-vous de paniers pleins de morceaux ? Douze, lui dirent-ils.

20 Et lorsque je rompis les sept pains pour quatre mille hommes, combien remportâtes-vous de corbeilles pleines de morceaux ? Sept, lui dirent-ils.

21 Et il ajouta : Comment donc ne comprenez-vous pas encore ce que je vous dis ?

22 Étant arrivés à Bethsaïde, on lui amena un aveugle, qu’on le pria de toucher.

23 Et prenant l’aveugle par la main, il le mena hors du bourg, lui mit de la salive sur les yeux ; et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s’il voyait quelque chose.

24 Cet homme regardant, lui dit : Je vois marcher des hommes qui me paraissent comme des arbres.

25 Jésus lui mit encore une fois les mains sur les yeux, et il commença à mieux voir ; et enfin il fut tellement guéri, qu’il voyait distinctement toutes choses.

26 Il le renvoya ensuite dans sa maison, et lui dit : Allez-vous-en en votre maison ; et si vous entrez dans le bourg, n’y dites à personne ce qui vous est arrivé.

27 Jésus partit de là avec ses disciples, pour s’en aller dans les villages qui sont aux environs de Césarée de Philippe ; et il leur fit en chemin cette question : Qui dit-on que je suis ?

28 Ils lui répondirent : Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, que vous êtes égal à l’un des anciens prophètes.

29 Mais vous, leur dit-il alors, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Vous êtes le Christ.

30 Et il leur défendit avec menaces de le dire à personne.

31 Il commença en même temps à leur déclarer, qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup ; qu’il fût rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres et par les scribes ; qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après ;

32 et il en parlait tout ouvertement. Alors Pierre le tirant à part, commença à le reprendre.

33 Mais lui se retournant, et regardant ses disciples, reprit Pierre, et lui dit : Retirez-vous de moi, Satan ! parce que vous n’avez point de goût pour les choses de Dieu, mais seulement pour celles de la terre.

34 Et appelant à soi le peuple avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il porte sa croix, et qu’il me suive.

35 Car celui qui voudra se sauver soi-même, se perdra ; et celui qui se perdra pour l’amour de moi et de l’Évangile, se sauvera.

36 En effet, que servirait à un homme de gagner tout le monde, et de se perdre soi-même ?

37 Et s’étant perdu une fois, par quel échange pourra-t-il se racheter ?

38 Car si quelqu’un rougit de moi et de mes paroles parmi cette race adultère et pécheresse, le Fils de l’homme rougira aussi de lui, lorsqu’il viendra accompagné des saints anges dans la gloire de son Père.

39 Et il ajouta : Je vous dis en vérité, qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici qui ne mourront point, qu’ils n’aient vu arriver le règne de Dieu dans sa puissance.



SIX jours après, Jésus ayant pris Pierre, Jacques et Jean, les mena seuls avec lui sur une haute montagne à l’écart ; et il fut transfiguré devant eux.

2 Ses vêtements devinrent tout brillants de lumière, et blancs comme la neige, en sorte qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui puisse en faire d’aussi blancs.

3 Et ils virent paraître Élie et Moïse, qui s’entretenaient avec Jésus.

4 Alors Pierre dit à Jésus : Maître ! nous sommes bien ici ; faisons-y trois tentes : une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie.

5 Car il ne savait ce qu’il disait, tant ils étaient effrayés.

6 En même temps il parut une nuée qui les couvrit ; et il sortit de cette nuée une voix qui fit entendre ces mots : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le.

7 Aussitôt regardant de tous côtés, ils ne virent plus personne que Jésus, qui était demeuré seul avec eux.

8 Lorsqu’ils descendaient la montagne, il leur commanda de ne parler à personne de ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité d’entre les morts.

9 Et ils tinrent la chose secrète, s’entre-demandant ce qu’il voulait dire par ce mot : Jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité d’entre les morts.

10 Alors ils lui demandèrent : Pourquoi donc les pharisiens et les scribes disent-ils, qu’il faut qu’Élie vienne auparavant ?

11 Il leur répondit : Il est vrai qu’auparavant Élie doit venir, et rétablir toutes choses ; et qu’il souffrira beaucoup, et sera rejeté avec le même mépris qu’il a été écrit que le Fils de l’homme doit l’être.

12 Mais je vous dis qu’il est vrai aussi qu’Élie est déjà venu, selon ce qui avait été écrit de lui ; et ils lui ont fait souffrir tout ce qu’ils ont voulu.

13 Lorsqu’il fut venu au lieu étaient ses autres disciples, il vit une grande multitude de personnes autour d’eux, et des scribes qui disputaient avec eux.

14 Aussitôt tout le peuple ayant aperçu Jésus, fut saisi d’étonnement et de frayeur ; et étant accourus, ils le saluèrent.

15 Alors il leur demanda : De quoi disputez-vous ensemble ?

16 Et un homme d’entre le peuple prenant la parole, lui dit : Maître ! je vous ai amené mon fils, qui est possédé d’un esprit muet ;

17 et en quelque lieu qu’il se saisisse de lui, il le jette contre terre, et l’enfant écume, grince les dents, et devient tout sec. J’ai prié vos disciples de le chasser ; mais ils ne l’ont pu.

18 Jésus leur répondit : Ô gens incrédules ! jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous souffrirai-je ? Amenez-le-moi.

19 Ils le lui amenèrent ; et il n’eut pas plutôt vu Jésus, que l’esprit commença à l’agiter avec violence, et il tomba par terre, où il se roulait en écumant.

20 Jésus demanda au père de l’enfant : Combien y a-t-il que cela lui arrive ? Dès son enfance, dit le père ;

21 et l’esprit l’a souvent jeté tantôt dans le feu, et tantôt dans l’eau, pour le faire périr : mais si vous pouvez quelque chose, ayez compassion de nous, et nous secourez.

22 Jésus lui répondit : Si vous pouvez croire, tout est possible à celui qui croit.

23 Aussitôt le père de l’enfant s’écriant, lui dit avec larmes : Seigneur ! je crois ; aidez moi dans mon incrédulité.

24 Et Jésus voyant que le peuple accourait en foule, parla avec menaces à l’esprit impur, et lui dit : Esprit sourd et muet, sors de cet enfant, je te le commande, et n’y rentre plus.

25 Alors cet esprit ayant jeté un grand cri, et l’ayant agité par de violentes convulsions, sortit, et l’enfant demeura comme mort ; de sorte que plusieurs disaient qu’il était mort.

26 Mais Jésus l’ayant pris par la main, et le soulevant, il se leva.

27 Lorsque Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui dirent en particulier : D’où vient que nous n’avons pu chasser ce démon ?

28 Il leur répondit : Ces sortes de démons ne peuvent être chassés par aucun autre moyen que par la prière et par le jeûne.

29 Au sortir de ce lieu, ils traversèrent la Galilée ; et il voulait que personne ne le sût.

30 Cependant il instruisait ses disciples, et leur disait : Le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir, et il ressuscitera le troisième jour après sa mort.

31 Mais ils n’entendaient rien à ce discours ; et ils craignaient de lui en demander l’éclaircissement.

32 Ils vinrent ensuite à Capharnaüm ; et lorsqu’ils furent à la maison, il leur demanda : De quoi disputiez-vous ensemble pendant le chemin ?

33 Mais ils demeurèrent dans le silence ; parce que le sujet de la dispute qu’ils avaient eue entre eux dans le chemin, avait été qui d’entre eux était le plus grand.

34 Et s’étant assis, il appela les douze, et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous.

35 Puis il prit un petit enfant qu’il mit au milieu d’eux ; et l’ayant embrassé, il leur dit :

36 Quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit ; et quiconque me reçoit, ne me reçoit pas seulement, mais il reçoit celui qui m’a envoyé.

37 Alors Jean prenant la parole, lui dit : Maître ! nous avons vu un homme qui chasse les démons en votre nom, quoiqu’il ne nous suive pas ; et nous l’en avons empêché.

38 Mais Jésus lui répondit : Ne l’en empêchez pas : car il n’y a personne qui ayant fait un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi.

39 Qui n’est pas contre vous, est pour vous ;

40 et quiconque vous donnera à boire seulement un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez au Christ, je vous dis en vérité, qu’il ne perdra point sa récompense.

41 Mais si quelqu’un est un sujet de scandale à l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou une de ces meules qu’un âne tourne, et qu’on le jetât dans la mer.

42 Et si votre main vous est un sujet de scandale, coupez-la : il vaut mieux pour vous que vous entriez dans la vie n’ayant qu’une main, que d’en avoir deux et d’aller en enfer, dans ce feu qui brûle éternellement ;

43 où le ver qui les ronge ne meurt point, et où le feu ne s’éteint jamais.

44 Et si votre pied vous est un sujet de scandale, coupez-le ; il vaut mieux pour vous, que n’ayant qu’un pied vous entriez dans la vie éternelle, que d’en avoir deux et être précipité dans l’enfer, dans ce feu qui brûle éternellement ;

45 où le ver qui les ronge ne meurt point, et où le feu ne s’éteint jamais.

46 Et si votre œil vous est un sujet de scandale, arrachez-le : il vaut mieux pour vous, que n’ayant qu’un œil vous entriez dans le royaume de Dieu, que d’en avoir deux et être précipité dans le feu de l’enfer ;

47 où le ver qui les ronge ne meurt point, et où le feu ne s’éteint jamais.

48 Car ils doivent tous être salés par le feu, comme toute victime doit être salée avec le sel.

49 Le sel est bon ; mais si le sel devient fade, avec quoi l’assaisonnerez-vous ? Ayez du sel en vous, et conservez la paix entre vous.



JÉSUS étant parti de ce lieu, vint aux confins de la Judée par le pays qui est au delà du Jourdain ; et le peuple s’étant encore assemblé auprès de lui, il recommença aussi à les instruire, selon sa coutume.

2 Les pharisiens y étant venus, lui demandèrent pour le tenter : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ?

3 Mais il leur répondit : que vous a ordonné Moïse ?

4 Ils lui repartirent : Moïse a permis de renvoyer sa femme, en lui donnant un écrit par lequel on déclare qu’on la répudie.

5 Jésus leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur qu’il vous a fait cette ordonnance.

6 Mais dès le commencement du monde, Dieu ne forma qu’un homme et une femme.

7 C’est pourquoi il est dit : L’homme quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme ;

8 et ils ne seront plus tous deux qu’une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.

9 Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.

10 Étant dans la maison, ses disciples l’interrogèrent encore sur le même sujet ;

11 et il leur dit : Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l’égard de celle qu’il a renvoyée ;

12 et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère.

13 Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu’il les touchât ; et comme ses disciples repoussaient avec des paroles rudes ceux qui les lui présentaient,

14 Jésus le voyant s’en fâcha, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez point : car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.

15 Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra point le royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera point.

16 Et les ayant embrassés, il les bénit en leur imposant les mains.

17 Comme il sortait pour se mettre en chemin, un jeune homme accourut, et se mettant à genoux devant lui, lui dit : Bon Maître ! que dois-je faire pour acquérir la vie éternelle ?

18 Jésus lui répondit : Pourquoi m’appelez-vous bon ? Il n’y a que Dieu seul qui soit bon.

19 Vous savez les commandements : Vous ne commettrez point d’adultère ; Vous ne tuerez point ; Vous ne déroberez point ; Vous ne porterez point de faux témoignage ; Vous ne ferez tort à personne ; Honorez votre père et votre mère.

20 Il lui répondit : Maître ! j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse.

21 Et Jésus jetant la vue sur lui, l’aima, et lui dit : Il vous manque encore une chose : allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel ; puis venez, et me suivez.

22 Mais cet homme, affligé de ces paroles, s’en alla tout triste, parce qu’il avait de grands biens.

23 Alors Jésus regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu’il est difficile que ceux qui ont des richesses, entrent dans le royaume de Dieu !

24 Et comme les disciples étaient tout étonnés de ce discours, Jésus ajouta : Mes enfants, qu’il est difficile que ceux qui mettent leur confiance dans les richesses, entrent dans le royaume de Dieu !

25 Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.

26 Ils furent remplis d’un étonnement beaucoup plus grand, et ils se disaient l’un à l’autre : Et qui peut donc être sauvé ?

27 Mais Jésus les regardant, leur dit : Cela est impossible aux hommes, mais non pas à Dieu : car tout est possible à Dieu.

28 Alors Pierre prenant la parole, lui dit : Pour nous, vous voyez que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi.

29 Jésus répondit : Je vous le dis en vérité, personne ne quittera pour moi et pour l’Évangile sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres,

30 que présentement dans ce siècle même il ne reçoive cent fois autant de maisons, de frères, de sœurs, de mères, d’enfants et de terres, avec des persécutions ; et dans le siècle à venir, la vie éternelle.

31 Mais plusieurs qui auront été les premiers, seront les derniers ; et plusieurs qui auront été les derniers, seront les premiers.

32 Lorsqu’ils étaient en chemin pour aller à Jerusalem, Jésus marchait devant eux, et ils étaient tout étonnés, et le suivaient saisis de crainte. Et Jésus prenant à part de nouveau les douze disciples, commença à leur dire ce qui devait lui arriver :

33 Nous allons, comme vous voyez, à Jérusalem ; et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres, aux scribes et aux sénateurs ; ils le condamneront à la mort, et le livreront aux gentils ;

34 ils lui insulteront, lui cracheront au visage, le fouetteront, le feront mourir ; et il ressuscitera le troisième jour.

35 Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, vinrent à lui, et lui dirent : Maître ! nous voudrions bien que vous fissiez pour nous ce que nous vous demanderons.

36 Il leur répondit : Que voulez-vous que je fasse pour vous ?

37 Accordez-nous, lui dirent-ils, que dans votre gloire nous soyons assis, l’un à votre droite, et l’autre à votre gauche.

38 Mais Jésus leur répondit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?

39 Ils lui dirent : Nous le pouvons. Et Jésus repartit : Vous boirez en effet le calice que je dois boire, et vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé :

40 mais pour ce qui est d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est point à moi à vous le donner ; mais ce sera pour ceux à qui il a été préparé.

41 Et les dix autres apôtres ayant entendu ceci, en conçurent de l’indignation contre Jacques et Jean.

42 Mais Jésus les appelant à lui, leur dit : Vous savez que ceux qui sont regardés comme les maîtres des peuples, les dominent, et que leurs princes les traitent avec empire.

43 Il n’en doit pas être de même parmi vous ; mais si quelqu’un veut y devenir le plus grand, il faut qu’il soit prêt à vous servir ;

44 et quiconque voudra être le premier d’entre vous, doit être le serviteur de tous.

45 Car le Fils de l’homme même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la rédemption de plusieurs.

46 Après cela ils vinrent à Jéricho ; et comme il sortait de Jéricho avec ses disciples, suivi d’une grande troupe de peuple, un aveugle, nommé Bartimée, fils de Timée, qui était assis sur le chemin pour demander l’aumône,

47 ayant appris que c’était Jésus de Nazareth, se mit à crier : Jésus, Fils de David ! ayez pitié de moi.

48 Et plusieurs le reprenaient, et lui disaient qu’il se tût ; mais il criait encore beaucoup plus haut : Fils de David ! ayez pitié de moi.

49 Alors Jésus s’étant arrêté, commanda qu’on l’appelât. Et quelques-uns appelèrent l’aveugle, en lui disant : Ayez bonne espérance ; levez-vous, il vous appelle.

50 Aussitôt il jeta son manteau, et se levant il vint à Jésus.

51 Et Jésus lui dit : Que voulez-vous que je vous fasse ? L’aveugle lui répondit : Maître ! faites que je voie.

52 Allez, lui dit Jésus ; votre foi vous a sauvé. Et il vit au même instant, et il suivait Jésus dans le chemin.



LORSQU’ILS approchaient de Jérusalem, étant près de Béthanie, vers la montagne des Oliviers, il envoya deux de ses disciples,

2 et leur dit : Allez à ce village qui est devant vous ; et sitôt que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon lié, sur lequel nul homme n’a encore monté ; déliez-le, et me l’amenez.

3 Si quelqu’un vous demande, Pourquoi faites-vous cela ? dites-lui : C’est que le Seigneur en a besoin. Et aussitôt il le laissera amener ici.

4 S’en étant donc allés, ils trouvèrent l’ânon qui était attaché dehors auprès d’une porte entre deux chemins, et ils le délièrent.

5 Quelques-uns de ceux qui étaient là, leur dirent : Que faites-vous ? Pourquoi déliez-vous cet ânon ?

6 Ils leur répondirent comme Jésus leur avait ordonné ; et ils le leur laissèrent emmener.

7 Ainsi ayant amené l’ânon à Jésus, ils le couvrirent de leurs habits, et il monta dessus.

8 Plusieurs aussi étendirent leurs vêtements le long du chemin : d’autres coupaient des branches d’arbres, et les jetaient par où il passait.

9 Et tant ceux qui marchaient devant, que ceux qui suivaient, criaient : Hosanna, salut et gloire !

10 Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! béni soit le règne de notre père David, que nous voyons arriver ! Hosanna, salut et gloire, au plus haut des cieux !

11 Jésus étant ainsi entré dans Jérusalem, s’en alla au temple ; et après avoir tout regardé, comme il était déjà tard, il s’en alla à Béthanie avec les douze apôtres.

12 Le lendemain, lorsqu’ils sortaient de Béthanie, il eut faim ;

13 et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il y alla pour voir s’il pourrait y trouver quelque chose ; et s’en étant approché, il n’y trouva que des feuilles, car ce n’était pas le temps des figues.

14 Alors Jésus dit au figuier : Que jamais nul ne mange de toi aucun fruit. Ce que ses disciples entendirent.

15 Ils vinrent ensuite à Jérusalem ; et Jésus étant entré dans le temple, commença par chasser ceux qui y vendaient et qui y achetaient : il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des colombes ;

16 et il ne permettait pas que personne transportât aucun ustensile par le temple.

17 Il les instruisait aussi, en leur disant : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée la maison de prière pour toutes les nations ? et cependant vous en avez fait une caverne de voleurs.

18 Ce que les princes des prêtres et les scribes ayant entendu, ils cherchaient un moyen de le perdre : car ils le craignaient, parce que tout le peuple était ravi en admiration de sa doctrine.

19 Quand le soir fut venu, il sortit de la ville.

20 Le lendemain matin ils virent en passant le figuier, qui était devenu sec jusqu’à la racine.

21 Et Pierre se souvenant de la parole de Jésus, lui dit : Maître ! voyez comme le figuier que vous avez maudit, est devenu sec.

22 Jésus prenant la parole, leur dit : Ayez de la foi en Dieu.

23 Je vous dis en vérité, que quiconque dira à cette montagne, Ôte-toi de là, et te jette dans la mer ; et cela sans hésiter dans son cœur, mais croyant fermement que tout ce qu’il aura dit arrivera, il le verra en effet arriver.

24 C’est pourquoi je vous le dis : quoi que ce soit que vous demandiez dans la prière, croyez que vous l’obtiendrez, et il vous sera accordé.

25 Mais lorsque vous vous présenterez pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos péchés.

26 Si vous ne pardonnez point, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus vos péchés.

27 Ils retournèrent encore à Jérusalem ; et Jésus se promenant dans le temple, les princes des prêtres, les scribes et les sénateurs vinrent le trouver,

28 et lui dirent : Par quelle autorité faites-vous ceci ? et qui vous a donné l’autorité de faire ce que vous faites ?

29 Jésus leur répondit : J’ai aussi une demande à vous faire ; et après que vous m’y aurez répondu, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.

30 Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes ? répondez-moi.

31 Mais ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes : Si nous répondons, qu’il était du ciel ; il nous dira : Pourquoi donc ne l’avez-vous pas cru ?

32 Si nous disons, qu’il était des hommes ; nous avons à craindre le peuple : parce que tout le monde considérait Jean comme ayant été véritablement prophète.

33 Ainsi ils répondirent à Jésus : Nous ne savons. Et Jésus leur répliqua : Je ne vous dirai point non plus de quelle autorité je fais ceci.



JÉSUS commença ensuite à leur parler en paraboles : Un homme, dit-il, planta une vigne, l’entoura d’une haie, et creusant dans la terre y fit un pressoir, y bâtit une tour ; et l’ayant louée à des vignerons, il s’en alla dans un pays éloigné.

2 La saison étant venue, il envoya un de ses serviteurs aux vignerons, pour recevoir ce qu’ils lui devaient du fruit de sa vigne.

3 Mais l’ayant pris, ils le battirent, et le renvoyèrent sans lui rien donner.

4 Il leur envoya encore un autre serviteur, et ils le blessèrent à la tête, et lui firent toutes sortes d’outrages.

5 Il leur en envoya encore un autre, qu’ils tuèrent ; et plusieurs autres ensuite, dont ils battirent les uns, et tuèrent les autres.

6 Enfin, ayant un fils unique qu’il aimait tendrement, il le leur envoya encore après tous les autres, en disant ; Ils auront quelque respect pour mon fils.

7 Mais ces vignerons dirent entre eux : Voici l’héritier ; allons, tuons-le, et l’héritage sera à nous.

8 Ainsi s’étant saisis de lui, ils le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne.

9 Que fera donc le maître de cette vigne ? Il viendra lui-même ; il exterminera ces vignerons, et il donnera sa vigne à d’autres.

10 N’avez-vous point lu cette parole de l’Écriture : La pierre qui avait été rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue la principale pierre de l’angle :

11 c’est ce que le Seigneur a fait, et nos yeux le voient avec admiration ?

12 Alors ils cherchaient les moyens de l’arrêter : car ils virent bien que c’était d’eux qu’il voulait parler dans cette parabole : mais ils craignirent le peuple ; c’est pourquoi le laissant là, ils se retirèrent.

13 Voulant ensuite le surprendre dans ses paroles, ils lui envoyèrent quelques-uns des pharisiens et des hérodiens,

14 qui vinrent lui dire : Maître ! nous savons que vous êtes sincère et véritable, et que vous n’avez égard à qui que ce soit : car vous ne considérez point la qualité des personnes, mais vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité. Nous est-il libre de payer le tribut à César ? ou ne le payerons-nous pas ?

15 Mais Jésus connaissant leur hypocrisie, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, que je le voie.

16 Ils lui en apportèrent un ; et il leur demanda : De qui est cette image et cette inscription ? De César, lui dirent-ils.

17 Jésus leur répondit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils admirèrent sa réponse.

18 Après cela les saducéens, qui nient la résurrection, vinrent le trouver, et lui proposèrent cette question :

19 Maître ! Moïse nous a laissé par écrit, Que si un homme en mourant laisse sa femme sans enfants, son frère doit épouser sa femme, pour susciter des enfants à son frère mort.

20 Or il y avait sept frères, dont le premier ayant pris une femme, mourut sans laisser d’enfants.

21 Le second l’ayant épousée ensuite, mourut aussi sans avoir laissé d’enfants ; et le troisième de même ;

22 et tous les sept l’ont ainsi eue pour femme, sans qu’aucun d’eux ait laissé d’enfants ; et enfin cette femme est morte elle-même, la dernière.

23 Lors donc qu’ils ressusciteront dans la résurrection générale, duquel d’entre eux sera-t-elle femme, puisqu’elle l’a été de tous les sept ?

24 Jésus leur répondit : Ne voyez-vous pas que vous êtes dans l’erreur ; parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu ?

25 Car lorsque les morts seront ressuscités, les hommes n’auront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges qui sont dans les cieux.

26 Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous point lu dans le livre de Moïse ce que Dieu lui dit dans le buisson : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ?

27 Or il n’est point le Dieu des morts, mais des vivants ; et ainsi vous êtes dans une grande erreur.

28 Alors un des scribes, qui avait entendu cette dispute, voyant que Jésus avait si bien répondu aux saducéens, s’approcha de lui, et lui demanda : Quel est le premier de tous les commandements ?

29 Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est celui-ci : Écoutez, Israël : Le Seigneur, votre Dieu, est le seul Dieu.

30 Vous aimerez le Seigneur, votre Dieu, de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit et de toutes vos forces. C’est là le premier commandement.

31 Et voici le second, qui est semblable au premier : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Il n’y a point d’autre commandement plus grand que ceux-là.

32 Le scribe lui répondit : Maître ! ce que vous avez dit est très-véritable, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui ;

33 et que de l’aimer de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme et de toutes ses forces, et son prochain comme soi-même, est quelque chose de plus grand que tous les holocaustes et que tous les sacrifices.

34 Jésus voyant qu’il avait répondu sagement, lui dit : Vous n’êtes pas loin du royaume de Dieu. Et depuis ce temps-là personne n’osait plus lui faire de questions.

35 Mais Jésus enseignant dans le temple, leur dit : Comment les scribes disent-ils que le Christ doit être fils de David ;

36 puisque David lui-même a dit par le Saint-Esprit ; Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que j’aie réduit vos ennemis à vous servir de marchepied ?

37 Puis donc que David l’appelle lui-même son Seigneur, comment est-il son fils ? Une grande partie du peuple prenait plaisir à l’écouter.

38 Et il leur disait en sa manière d’instruire : Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener avec de longues robes, et à être salués dans les places publiques ;

39 à occuper les premières chaires dans les synagogues, et les premières places dans les festins ;

40 qui dévorent les maisons des veuves, sous prétexte qu’ils font de longues prières. Ces personnes en recevront une condamnation plus rigoureuse.

41 Après cela Jésus étant assis vis-à-vis du tronc, considérait de quelle manière le peuple y jetait de l’argent ; et que plusieurs gens riches y en mettaient beaucoup.

42 Il vint aussi une pauvre veuve, qui y mit seulement deux petites pièces de la valeur d’un quart de sou.

43 Alors Jésus ayant appelé ses disciples, leur dit : Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc :

44 car tous les autres ont donné de leur abondance ; mais celle-ci a donné de son indigence même, tout ce qu’elle avait, et tout ce qui lui restait pour vivre.



LORSQU’IL sortait du temple, un de ses disciples lui dit : Maître ! regardez quelles pierres et quels bâtiments !

2 Mais Jésus lui répondit : Voyez-vous tous ces grands bâtiments : ils seront tellement détruits, qu’il n’y demeurera pas pierre sur pierre.

3 Et lorsqu’il était assis sur la montagne des Oliviers, vis-à-vis du temple, Pierre, Jacques, Jean et André lui demandèrent en particulier :

4 Dites-nous, quand ceci arrivera, et quel signe il y aura que toutes ces choses seront prêtes à être accomplies.

5 Sur quoi Jésus commença à leur dire : Prenez garde que quelqu’un ne vous séduise :

6 car plusieurs viendront sous mon nom, et diront : C’est moi qui suis le Christ. Et ils en séduiront plusieurs.

7 Lorsque vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne craignez point ; parce qu’il faut que cela arrive : mais ce ne sera pas encore la fin.

8 Car on verra se soulever peuple contre peuple, et royaume contre royaume ; et il y aura des tremblements de terre en divers lieux, et des famines ; et ce ne sera là que le commencement des douleurs.

9 Pour vous autres, prenez bien garde à vous. Car on vous fera comparaître dans les assemblées des juges ; on vous fera fouetter dans les synagogues ; et vous serez présentés à cause de moi aux gouverneurs et aux rois, afin que vous me rendiez témoignage devant eux.

10 Il faut aussi auparavant que l’Évangile soit prêché à toutes les nations.

11 Lors donc qu’on vous mènera pour vous livrer entre leurs mains, ne préméditez point ce que vous devez leur dire ; mais dites ce qui vous sera inspiré à l’heure même : car ce ne sera pas vous qui parlerez, mais le Saint-Esprit.

12 Alors le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils ; les enfants s’élèveront contre leurs pères et leurs mères, et les feront mourir.

13 Et vous serez haïs de tout le monde à cause de mon nom : mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, sera sauvé.

14 Or, quand vous verrez l’abomination de la désolation établie au lieu où elle ne doit pas être (que celui qui lit entende ce qu’il lit) : alors que ceux qui seront dans la Judée, s’enfuient sur les montagnes ;

15 que celui qui sera sur le toit, ne descende point dans sa maison, et n’y entre point pour en emporter quelque chose ;

16 et que celui qui sera dans le champ, ne retourne point sur ses pas pour prendre son vêtement.

17 Mais malheur aux femmes qui seront grosses ou nourrices en ces jours-là !

18 Priez Dieu que ces choses n’arrivent point durant l’hiver.

19 Car l’affliction de ce temps-là sera si grande, que depuis le premier moment où Dieu créa toutes choses, jusqu’à présent, il n’y en a point eu de pareille, et il n’y en aura jamais.

20 Si le Seigneur n’avait abrégé ces jours, nul homme n’aurait été sauvé ; mais il les a abrégés à cause des élus qu’il a choisis.

21 Si quelqu’un vous dit alors, Le Christ est ici ; ou, Il est là ; ne le croyez point.

22 Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, qui feront des prodiges et des choses étonnantes, pour séduire, s’il était possible, les élus mêmes.

23 Prenez-y donc garde ; vous voyez que je vous ai tout prédit.

24 Mais dans ces jours-là, et après cette affliction, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière ;

25 les étoiles tomberont du ciel, et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.

26 Alors on verra le Fils de l’homme qui viendra sur les nuées avec une grande puissance et une grande gloire.

27 Et il enverra ses anges pour rassembler ses élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.

28 Apprenez sur ceci une comparaison tirée du figuier : Lorsque ses branches sont déjà tendres, et qu’il a poussé ses feuilles, vous savez que l’été est proche.

29 De même, lorsque vous verrez ces choses arriver, sachez que le Fils de l’homme est proche, et qu’il est déjà à la porte.

30 Je vous dis en vérité, que cette race ne passera point, que toutes ces choses ne soient accomplies.

31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

32 Quant à ce jour-là, ou à cette heure, nul ne la sait, ni les anges qui sont dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul.

33 Prenez garde à vous, veillez et priez ; parce que vous ne savez quand ce temps viendra.

34 Car il en sera comme d’un homme qui, s’en allant faire un voyage, laisse sa maison sous la conduite de ses serviteurs, marquant à chacun ce qu’il doit faire, et recommande au portier qu’il soit vigilant.

35 Veillez donc de même ; puisque vous ne savez pas quand le maître de la maison doit venir : si ce sera le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou au matin :

36 de peur que survenant tout d’un coup, il ne vous trouve endormis.

37 Or, ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.



LA pâque où l’on commençait à manger des pains sans levain, devait être deux jours après : et les princes des prêtres, avec les scribes, cherchaient le moyen de se saisir adroitement de Jésus, et de le faire mourir.

2 Mais ils disaient : il ne faut pas que ce soit le jour de la fête, de peur qu’il ne s’excite quelque tumulte parmi le peuple.

3 Jésus étant à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme qui portait un vase d’albâtre, plein d’un parfum de nard d’épi de grand prix, entra lorsqu’il était à table, et ayant rompu le vase, lui répandit le parfum sur la tête.

4 Quelques-uns en conçurent de l’indignation en eux-mêmes, et ils disaient : À quoi bon perdre ainsi ce parfum ?

5 car on pouvait le vendre plus de trois cents deniers, et le donner aux pauvres. Et ils murmuraient fort contre elle.

6 Mais Jésus leur dit : Laissez là cette femme ; pourquoi lui faites-vous de la peine ? Ce qu’elle vient de me faire est une bonne œuvre.

7 Car vous avez toujours des pauvres parmi vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous voulez ; mais pour moi, vous ne m’aurez pas toujours.

8 Elle a fait ce qui était en son pouvoir ; elle a embaumé mon corps par avance, pour prévenir ma sépulture.

9 Je vous le dis en vérité, partout où sera prêché cet Évangile, c’est-à-dire, dans tout le monde, on racontera à la louange de cette femme ce qu’elle vient de faire.

10 Alors Judas Iscariote, l’un des douze, s’en alla trouver les princes des prêtres, pour leur livrer Jésus.

11 Après qu’ils l’eurent écouté, ils en eurent beaucoup de joie, et lui promirent de lui donner de l’argent : et dès lors il chercha une occasion favorable pour le livrer entre leurs mains.

12 Le premier jour des azymes, auquel on immolait l’agneau pascal, les disciples lui dirent : Où voulez-vous que nous allions vous préparer ce qu’il faut pour manger la pâque ?

13 Il envoya donc deux de ses disciples, et leur dit : Allez-vous-en à la ville ; vous rencontrerez un homme qui portera une cruche d’eau ; suivez-le :

14 et en quelque lieu qu’il entre, dites au maître de la maison : Le Maître vous envoie dire : Où est le lieu où je dois manger la pâque avec mes disciples ?

15 Il vous montrera une grande chambre haute, toute meublée ; préparez-nous là ce qu’il faut.

16 Ses disciples s’en étant allés, vinrent en la ville, et trouvèrent tout ce qu’il leur avait dit ; et ils préparèrent ce qu’il fallait pour la pâque.

17 Le soir étant venu, il se rendit là avec les douze.

18 Et lorsqu’ils étaient à table, et qu’ils mangeaient, Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, que l’un de vous, qui mange avec moi, me trahira.

19 Ils commencèrent à s’affliger, et chacun d’eux lui demandait : Est-ce moi ?

20 Il leur répondit : C’est l’un des douze qui met la main avec moi dans le plat.

21 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme sera trahi ! Il vaudrait mieux pour cet homme-là que jamais il ne fût né.

22 Pendant qu’ils mangeaient encore, Jésus prit du pain ; et l’ayant bénit, il le rompit, et le leur donna, en disant : Prenez ; ceci est mon corps.

23 Et ayant pris le calice, après avoir rendu grâces, il le leur donna, et ils en burent tous ;

24 et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour plusieurs.

25 Je vous dis en vérité, que je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.

26 Et ayant chanté le cantique d’action de grâces, ils s’en allèrent sur la montagne des Oliviers.

27 Alors Jésus leur dit : Je vous serai à tous cette nuit une occasion de scandale : car il est écrit : Je frapperai le Pasteur, et les brebis seront dispersées.

28 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.

29 Pierre lui dit : Quand vous seriez pour tous les autres un sujet de scandale, vous ne le serez pas pour moi.

30 Et Jésus lui repartit : Je vous dis en vérité, que vous-même aujourd’hui, dès cette nuit, avant que le coq ait chanté deux fois, vous me renoncerez trois fois.

31 Mais Pierre insistait encore davantage : Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renoncerai point. Et tous les autres en dirent autant.

32 Ils allèrent ensuite au lieu appelé Gethsémani ; où il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu’à ce que j’aie fait ma prière.

33 Et ayant pris avec lui Pierre, Jacques et Jean, il commença à être saisi de frayeur, et pénétré d’une extrême affliction.

34 Alors il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort : demeurez ici, et veillez.

35 Et s’en allant un peu plus loin, il se prosterna contre terre, priant que s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui ;

36 et il disait : Abba, mon Père ! tout vous est possible, transportez ce calice loin de moi ; mais néanmoins que votre volonté s’accomplisse, et non pas la mienne.

37 Il vint ensuite vers ses disciples, et les ayant trouvés endormis, il dit à Pierre : Simon, vous dormez ! Quoi ! vous n’avez pu seulement veiller une heure ?

38 Veillez et priez, afin que vous n’entriez point en tentation : l’esprit est prompt ; mais la chair est faible.

39 Il s’en alla pour la seconde fois, et fit sa prière dans les mêmes termes.

40 Et étant retourné vers eux, il les trouva endormis : car leurs yeux étaient appesantis de sommeil ; et ils ne savaient que lui répondre.

41 Il revint encore pour la troisième fois, et il leur dit : Dormez maintenant, et vous reposez : c’est assez ; l’heure est venue : le Fils de l’homme va être livré entre les mains des pécheurs.

42 Levez-vous, allons : celui qui doit me trahir, est bien près d’ici.

43 Il parlait encore, lorsque Judas Iscariote, l’un des douze, parut suivi d’une grande troupe de gens armés d’épées et de bâtons, qui avaient été envoyés par les grands prêtres, par les scribes et les sénateurs.

44 Or celui qui le trahissait, leur avait donné ce signal, et leur avait dit : Celui que je baiserai, c’est celui-là même que vous cherchez : saisissez-vous de lui, et l’emmenez sûrement.

45 Aussitôt donc qu’il fut arrivé, il s’approcha de Jésus, et lui dit : Maître ! je vous salue. Et il le baisa.

46 Ensuite ils mirent la main sur Jésus, et se saisirent de lui.

47 Un de ceux qui étaient présents, tirant son épée en frappa un des gens du grand prêtre, et lui coupa une oreille.

48 Mais Jésus prenant la parole, leur dit : Vous êtes venus pour me prendre, armés d’épées et de bâtons, comme si j’étais un voleur.

49 J’étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point arrêté : mais il faut que les Écritures soient accomplies.

50 Alors ses disciples l’abandonnèrent, et s’enfuirent tous.

51 Or il y avait un jeune homme qui le suivait, couvert seulement d’un linceul ; et les soldats ayant voulu se saisir de lui,

52 il laissa aller son linceul, et s’enfuit tout nu des mains de ceux qui le tenaient.

53 Ils amenèrent ensuite Jésus chez le grand prêtre, où s’assemblèrent tous les princes des prêtres, les scribes et les sénateurs.

54 Pierre le suivit de loin, jusque dans la cour de la maison du grand prêtre, où s’étant assis auprès du feu avec les gens, il se chauffait.

55 Cependant les princes des prêtres, et tout le conseil, cherchaient des dépositions contre Jésus pour le faire mourir, et ils n’en trouvaient point.

56 Car plusieurs déposaient faussement contre lui ; mais leurs dépositions n’étaient pas suffisantes.

57 Quelques-uns se levèrent, et portèrent un faux témoignage contre lui, en ces termes :

58 Nous lui avons entendu dire : Je détruirai ce temple bâti par la main des hommes, et j’en rebâtirai un autre en trois jours, qui ne sera point fait par la main des hommes.

59 Mais ce témoignage-là même n’était pas encore suffisant.

60 Alors le grand prêtre se levant au milieu de l’assemblée, interrogea Jésus, et lui dit : Vous ne répondez rien à ce que ceux-ci déposent contre vous ?

61 Mais Jésus demeurait dans le silence, et il ne répondit rien. Le grand prêtre l’interrogea encore, et lui dit : Êtes-vous le Christ, le Fils du Dieu béni à jamais ?

62 Jésus lui répondit : Je le suis ; et vous verrez un jour le Fils de l’homme assis à la droite de la majesté de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.

63 Aussitôt le grand prêtre déchirant ses vêtements, leur dit : Qu’avons-nous plus besoin de témoins ?

64 Vous venez d’entendre le blasphème qu’il a proféré : que vous en semble ? Tous le condamnèrent comme ayant mérité la mort.

65 Alors quelques-uns commencèrent à lui cracher au visage ; et lui ayant couvert la face, ils lui donnaient des coups de poing, en lui disant : Prophétise, et dis qui t’a frappé. Et les valets lui donnaient des soufflets.

66 Cependant Pierre étant en bas dans la cour, une des servantes du grand prêtre y vint ;

67 et l’ayant vu qui se chauffait, après l’avoir considéré, elle lui dit : Vous étiez aussi avec Jésus de Nazareth.

68 Mais il le nia, en disant : Je ne le connais point, et je ne sais ce que vous dites. Et étant sorti dehors pour entrer dans le vestibule, le coq chanta.

69 Et une servante l’ayant encore vu, commença à dire à ceux qui étaient présents : Celui-ci est de ces gens-là.

70 Mais il le nia pour la seconde fois. Et peu de temps après, ceux qui étaient présents dirent encore à Pierre : Assurément vous êtes de ces gens-là : car vous êtes aussi de Galilée.

71 Il se mit alors à faire des serments exécrables, et à dire en jurant : Je ne connais point cet homme dont vous me parlez.

72 Aussitôt le coq chanta pour la seconde fois. Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq ait chanté deux fois, vous me renoncerez trois fois. Et il se mit à pleurer.



AUSSITOT que le matin fut venu, les princes des prêtres, avec les sénateurs et les scribes, et tout le conseil, ayant délibéré ensemble, lièrent Jésus, l’emmenèrent, et le livrèrent à Pilate.

2 Pilate l’interrogea, en lui disant : Êtes-vous le Roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Vous le dites.

3 Or, comme les princes des prêtres formaient diverses accusations contre lui,

4 Pilate l’interrogeant de nouveau, lui dit : Vous ne répondez rien ? Voyez de combien de choses ils vous accusent.

5 Mais Jésus ne répondit rien davantage ; de sorte que Pilate en était tout étonné.

6 Or il avait accoutumé de délivrer à la fête de Pâque celui des prisonniers que le peuple demandait.

7 Et il y en avait un alors, nommé Barabbas, qui avait été mis en prison avec d’autres séditieux, parce qu’il avait commis un meurtre dans une sédition.

8 Le peuple étant donc venu devant le prétoire, commença à lui demander la grâce qu’il avait toujours accoutumé de leur faire.

9 Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous délivre le Roi des Juifs ?

10 Car il savait que c’était par envie que les princes des prêtres le lui avaient mis entre les mains.

11 Mais les princes des prêtres excitèrent le peuple à demander qu’il leur délivrât plutôt Barabbas.

12 Pilate leur dit encore : Que voulez-vous donc que je fasse du Roi des Juifs ?

13 Mais ils crièrent de nouveau, et lui dirent : Crucifiez-le !

14 Pilate leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et eux criaient encore plus fort : Crucifiez-le !

15 Enfin Pilate voulant satisfaire le peuple, leur délivra Barabbas ; et ayant fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié.

16 Alors les soldats l’ayant emmené dans la cour du prétoire, assemblèrent toute la cohorte.

17 Et l’ayant revêtu d’un manteau de pourpre, ils lui mirent sur la tête une couronne d’épines entrelacées :

18 puis ils commencèrent à le saluer, en lui disant : Salut au Roi des Juifs !

19 Ils lui frappaient la tête avec un roseau, et lui crachaient au visage, et se mettant à genoux devant lui, ils l’adoraient.

20 Après s’être ainsi joués de lui, ils lui ôtèrent ce manteau de pourpre ; et lui ayant remis ses habits, ils l’emmenèrent pour le crucifier.

21 Et comme un certain homme de Cyrène, nommé Simon, père d’Alexandre et de Rufus, revenant des champs, passait par là, ils le contraignirent de porter la croix de Jésus.

22 Et ensuite l’ayant conduit jusqu’au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire, le lieu du Calvaire,

23 ils lui donnèrent à boire du vin mêlé avec de la myrrhe ; mais il n’en prit point.

24 Et après l’avoir crucifié, ils partagèrent ses vêtements, les jetant au sort pour savoir ce que chacun en aurait.

25 Il était la troisième heure du jour, quand ils le crucifièrent.

26 Et la cause de sa condamnation était marquée par cette inscription : Le Roi des Juifs.

27 Ils crucifièrent aussi avec lui deux voleurs, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.

28 Ainsi cette parole de l’Écriture fut accomplie : Et il a été mis au rang des méchants.

29 Ceux qui passaient par là, le blasphémaient en branlant la tête, et lui disant : Eh bien ! toi qui détruis le temple de Dieu, et qui le rebâtis en trois jours !

30 sauve-toi toi-même, et descends de la croix.

31 Les princes des prêtres, avec les scribes, se moquant aussi de lui entre eux, disaient : Il en a sauvé d’autres, et il ne peut se sauver lui-même.

32 Que le Christ, le Roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions. Et ceux qui avaient été crucifiés avec lui, l’outrageaient aussi de paroles.

33 À la sixième heure du jour, les ténèbres couvrirent toute la terre jusqu’à la neuvième.

34 Et à la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri, en disant : Éloï ! Éloï ! lamma sabachthani ? c’est-à-dire, Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’avez-vous abandonné ?

35 Quelques-uns de ceux qui étaient présents, l’ayant entendu, disaient : Voilà qu’il appelle Élie.

36 Et l’un d’eux courut emplir une éponge de vinaigre, et l’ayant mise au bout d’un roseau, il la lui présenta pour boire, en disant : Laissez, voyons si Élie viendra le détacher de la croix.

37 Alors Jésus ayant jeté un grand cri, rendit l’esprit.

38 En même temps le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas.

39 Et le centenier qui était là présent vis-à-vis de lui, voyant qu’il avait expiré en jetant ce grand cri, dit : Cet homme était vraiment Fils de Dieu.

40 Il y avait aussi là des femmes qui regardaient de loin, entre lesquelles étaient Marie-Magdeleine, Marie, mère de Jacques le mineur et de Joseph, et Salomé ;

41 qui le suivaient lorsqu’il était en Galilée, et l’assistaient de leur bien ; il y en avait encore plusieurs autres, qui étaient venues avec lui à Jérusalem.

42 Le soir étant venu (parce que c’était le jour de la préparation, c’est-à-dire, la veille du sabbat),

43 Joseph d’Arimathie, qui était un homme de considération et sénateur, et qui attendait aussi le royaume de Dieu, s’en vint hardiment trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus.

44 Pilate s’étonnant qu’il fût mort sitôt, fit venir le centenier, et lui demanda s’il était déjà mort.

45 Le centenier l’en ayant assuré, il donna le corps à Joseph.

46 Joseph ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul, le mit dans un sépulcre, qui était taillé dans le roc, et roula une pierre jusqu’à l’entrée du sépulcre.

47 Cependant Marie-Magdeleine, et Marie, mère de Joseph, regardaient où on le mettait.



LORSQUE le jour du sabbat fut passé, Marie-Magdeleine, et Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des parfums pour venir embaumer Jésus.

2 Et le premier jour de la semaine, étant parties de grand matin, elles arrivèrent au sépulcre au lever du soleil.

3 Elles disaient entre elles : Qui nous ôtera la pierre de devant l’entrée du sépulcre ?

4 Mais en regardant, elles virent que cette pierre, qui était fort grande, en avait été ôtée.

5 Et entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche ; elles en furent fort effrayées.

6 Mais il leur dit : Ne craignez point : vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité ; il n’est point ici : voici le lieu où on l’avait mis.

7 Mais allez dire à ses disciples et à Pierre, qu’il s’en va devant vous en Galilée : c’est là que vous le verrez, selon ce qu’il vous a dit.

8 Elles sortirent aussitôt du sépulcre, et s’enfuirent : car elles étaient saisies de crainte et de tremblement ; et elles ne dirent rien à personne, tant leur frayeur était grande.

9 Jésus étant ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, apparut premièrement à Marie-Magdeleine, dont il avait chassé sept démons.

10 Et elle s’en alla le dire à ceux qui avaient été avec lui, et qui étaient alors dans l’affliction et dans les larmes.

11 Mais eux lui ayant entendu dire qu’il était vivant, et qu’elle l’avait vu, ils ne la crurent point.

12 Après cela il apparut en une autre forme à deux d’entre eux, qui s’en allaient en une maison de campagne :

13 ceux-ci vinrent le dire aux autres disciples ; mais ils ne les crurent pas non plus.

14 Enfin il apparut aux onze, lorsqu’ils étaient à table ; il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, de ce qu’ils n’avaient point cru ceux qui avaient vu qu’il était ressuscité.

15 Et il leur dit : Allez par tout le monde, prêchez l’Évangile à toutes les créatures.

16 Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira point, sera condamné.

17 Ces miracles accompagneront ceux qui auront cru : Ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront de nouvelles langues ;

18 ils prendront les serpents avec la main ; et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains sur les malades, et ils seront guéris.

19 Le Seigneur Jésus après leur avoir ainsi parlé, fut élevé dans le ciel, où il est assis à la droite de Dieu.

20 Et eux étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant sa parole par les miracles qui l’accompagnaient.