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Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore/Tome 1/Texte entier

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I.

POÉSIES DE 1819



I.

POÉSIES DE 1819

ÉLÉGIES, || MARIE, || ET || ROMANCES. || Par Mme Marceline Desbordes. || À Paris, || Chez François Louis, libraire, || Rue Haute-feuille, No 10. || 1819. ||

Trois parties en un volume in-12 de 72 pages, dont les deux premières ne sont pas chiffrées (le faux-titre porte au verso : Imprimerie de Richomme, Rue Saint-Jacques, No 67 ; titre blanc au verso, et début du texte) ; 92 pages ; 52 pages.

La première partie contient les Élégies, et la table occupe les deux dernières pages ; la seconde contient Marie (nouvelle en prose), et la dernière les Romances.

La première partie est d’une typographie plus serrée.

Frontispice (Marie. Mais par où tourner, ma mère…), gravé par Dupréel ; une planche (Me voici devant la chapelle…), gravée par Johannot d’après Desenne (p. 23), qui avait déjà servi pour l’Almanach des Muses de 1816 ; une planche (Son œil mourant s’entr’ouvre à la lumière…), non signée (p. 40) ; une planche (Courez, petit enfant…), gravée par Lecerf d’après Chasselat (p. 67).

HISTOIRE. Le volume que nous décrivons ici est l’édition originale du premier recueil de Marceline Desbordes-Valmore. Cette édition est devenue fort rare.

C’est par l’entremise du docteur Alibert, dont il sera question plus loin, que Marceline était entrée en rapports avec le libraire Louis qui publia ce volume. Tandis que le livre s’imprimait, Marceline jouait au Théâtre de La Monnaie de Bruxelles où elle tenait l’emploi des jeunes premières. La correspondance relative à l’impression du volume est inédite en majeure partie ; nous la reproduisons ci-dessous d’après les originaux qui, tous, sauf le premier, sont conservés à Lille dans la collection H. de Favreuil.

La plus ancienne de ces lettres est datée du 15 mars 1818[1] ; elle est adressée par Marceline à « Monsieur Louis, libraire, rue Haute-Feuille n° 8 à Paris » :

Bruxelles, 15 mars 1818.
« Monsieur,

« J’ai reçu de M. Alibert, une lettre à laquelle je me serais. empressée de répondre, si je n’eusse été enchaînée par le tra- vail : il est si bon qu’il daignera m’excuser. Vous l’êtes trop pour m’en vouloir aussi. Cette semaine m’offre une trêve, et j’en profite.

« Écoutez-moi, Monsieur, je ne suis pas contente de vous. Vous m’avez donné des éloges auxquels j’ai cru malgré moi petit à petit. Ils m’ont amenée à rêver que je pouvais risquer l’impression, puisqu’avec votre goût, des lumières que je n’ai pas, vous paraissiez le désirer un peu. Le prix que vous attachez vous-même à ces poésies, qui ne méritent peut-être que ce nom, me prouve clairement qu’elles sont dignes du feu. Hélas ! Monsieur, vous trouverez à Paris tant de petits poètes également faibles qui accepteront avec chaleur la distinction. que vous avez daigné m’offrir ! Ils seront plus excusables que moi de s’étourdir sur le ridicule qui tombe inévitablement sur la médiocrité qui veut paraître. Ils y seront forcés peut-être par l’infortune qui n’admet guère la modestie. J’ai toute la mienne, et un état qui me donne de quoi vivre honorablement.

« Si, comme j’aime à le penser, vous m’honorez de quelque estime et d’un peu d’intérêt, vous approuverez le premier la résolution où je suis de ne pas me donner de prétention. par la publication de choses si médiocres. Je m’en suis consolée au moment même par l’idée qu’elles avaient distrait quelques heures douloureuses dans ma vie et par l’idée aussi de leur devoir quelques lettres de vous, Monsieur, et le droit de me dire, en tous les temps, votre reconnaissante et affectionnée servante.

Mme Desbordes-Valmore

« Soulignez-moi pourquoi deux hommes d’esprit, pleins de sens et de raison, d’expérience et de talent, m’engageaient à une imprudence. Encore un peu, j’allais me croire un petit personnage. Je ne vous pardonne à tous deux que si vous m’aimez vraiment assez pour me dire que vous avez eu tort. »

Il n’a donc tenu qu’à un fil, ainsi que l’écrit M. Fernand Vandérem qui a publié cette lettre dans le Bulletin du Bibliophile du 20 juin 1935, « que cette femme de génie sombrât dans le silence et que ses poèmes s’arrêtassent à jamais à leurs premiers balbutiements. »

Cependant, Marceline céda à l’affectueuse insistance du docteur Alibert, et le mois suivant (16 avril 1818), elle écrivait au libraire Louis :

« Monsieur,

« J’ignore si l’usage veut deux signatures ; mon mari donne la sienne pour plus de poids. Voilà qui est fini.

« Vous recevrez donc l’acte par cette lettre, et ce qu’il vous assure, par la diligence ou quelque occasion prompte et sûre.

« Je m’arrêterai présentement sur votre lettre et vous rends grâce de m’appliquer ce trait d’amour oriental. Je l’ai trouvé d’une délicatesse touchante. Il vaut, je crois, toutes les étoiles du ciel pour celle qui l’a inspiré : un sentiment vrai d’amour, d’amitié, d’estime, est à mes yeux le plus beau présent pour certains cœurs.

« Vous m’offrez en exemple le Camoëns et Milton. Je vous demande un peu plus de pitié. Me croyez-vous si malade pour user de remèdes si violents ? Il faut ménager ce qui est faible. Si la douce vanité que l’on a cherché (vous aussi) à m’inspirer est un défaut de plus que j’ai acquis tout en rêvant, elle n’a pas besoin, je vous jure, d’être déracinée, elle ne tient pas.

« Je vous dirai sur le bon M. Williams tout ce que j’en sais. Depuis trois ans, à Bruxelles, il a été mon maître pendant quinze mois. Toujours logé dans la même maison, il s’y est fait chérir par la douceur de son caractère, l’irréprochabilité de ses mœurs, son exactitude à payer son petit loyer, ses dépenses. Les écoliers ont été assez nombreux. À l’époque de Waterloo, on était, ici, tout anglais ; par degrés l’enthousiasme s’est évaporé ; les maîtres augmentaient, les écoliers disparaissaient, et mon bon maître a lutté longtemps contre une misère qui me déchire d’autant plus l’âme, que je n’en ai été instruite qu’au moment de son départ. Il a cru trouver à Paris des ressources plus faciles ; car, il faut le dire, il ne sait pas en trouver, ni par l’importunité, ni par des plaintes. C’est une infortune noble, et il est courageux, insouciant, quand il a de quoi vivre à moitié. Vous pouvez, Monsieur, juger mieux encore que moi, qu’il n’est dépourvu ni de mérite, ni de connaissances. Son exactitude est scrupuleuse ; il n’est jamais importun. Je ne puis en parler que les larmes aux yeux.

« Je viens de lui faire tenir une bagatelle que quelqu’un me devait à Paris, une vraie bagatelle. Si nous n’avions beaucoup de famille de près et de loin, je le traiterais autrement. Ecoutez-moi, Monsieur, vous êtes un homme, et je puis, sans crainte de vous ennuyer, parler un peu. Quand vous aurez reçu toutes mes petites chansons, sur la somme qui doit les payer, rendez-moi l’important service de remettre à M. Williams, de mois en mois, vingt francs, jusqu’à concurrence de 100 Frs ; les autres trois cents seront versés par vous, dans leur temps, entre les mains de Monsieur Alibert à qui je les dois : car, il faut vous dire, Monsieur, que cet homme-là est POÉSIES DE 1819 aussi bon, aussi sensible qu’il est célèbre et savant, et que j’ai reçu de lui ce moyen de quitter l’Odéon où je languissais de misère comme mon maître anglais. "Je vous prie donc de faire servir à ces deux usages le contrat que je vous envoie. A ce prix, il m’est infiniment cher, et je vous en remercie. "Dites à M. Williams que ces petites sommes lui sont offertes par son écolière à qui il donnera encore des leçons plus tard, et ajoutez-y mille sincères compliments. Ce qui con- viendrait au mieux à ce brave anglais, ce serait une place de précepteur ou quelque chose à peu près. C’est la bonté sur la terre. "Moi, Monsieur, je suis de toute mon âme votre plus affectionnée servante. Mme DESBORDES-VALMORE "M. Williams a t-il donné à M. Alibert une lettre con- tenant deux élégies ? "Oui, Monsieur, je vous demande votre avis, vos con- seils. J’en adopterai avec vivacité, j’en rejetterai tout douce- ment, mais je les recevrai tous avec reconnaissance. "Le conte villageois de la petite Marie n’est pas encore copié ; il est un peu long. "L’Odéon est brûlé ; tout se détruit ainsi, mais la vie encore plus vite. Hélas ! Monsieur, cette flamme éteinte ne se rallume jamais ! Quand j’étais à l’Odéon, blessée par l’infor- tune, au moins cette idée ne me suivait pas. La mort était un mot vague, rien ne l’avait gravé au fond de mon cœur. J’étais alors une heureuse mère… A présent, je suis sur le point de le redevenir, et je pleure., , 7 Le 26 avril 1818, Marceline écrivait de Bruxelles à son libraire : " Monsieur, "Quand vous recevrez cette lettre, le manuscrit sera dans les mains de monsieur Alibert. C’est pour vous en prévenir 8 POÉSIES DE 1819 que je fais jeter quelques lignes à la poste. Les occasions sont bien difficiles, ne m’en veuillez pas. La diligence eût été plus prompte, mais c’est une inspection désobligeante sur toute la route : on veut tout lire ou en faire semblant, et les papiers arrivent chiffonnés. "Je m’en remets à vous seul du soin de classer par ordre chaque pièce de vers. Elles sont copiées pêle-mêle, je n’ai pas eu la patience de choisir leur place. Donnez-leur le rang qu’il vous plaira, et le titre qu’il leur convient ; car l’auteur de tout cela est un peu comme Monsieur Jourdain, qui fait de la prose sans le savoir. "Il manque au Recueil de romances, plusieurs qui se trouvent jetées dans le conte de Marie, comme des petites fleurs des champs. Vous recevrez avant peu ce dernier article au traité ; mais n’y attachez pas beaucoup d’importance, c’est une vraie bagatelle. Ce qui n’en est pas une, Monsieur, c’est le prix que j’attache à votre amitié. Si je puis la payer avec toute mon estime, je suis quitte avec vous. Vous irez donc chez monsieur Alibert. Vous êtes bien heureux ! Voici tantôt mille ans que je lui dis adieu. N’ai-je pas l’air d’être aussi en exil ? Je vous assure, Monsieur, que cette froide Belgique a quelque chose de la Sibérie, et qu’il faut un cœur né pour les souvenirs, pour y garder quelques idées tendres ou enjouées. Vous rirez peut-être quand vous songerez à mon enjouement : il est d’une sorte, à la vérité, toute particulière. "La Nuit d’hiver ne se trouve pas dans le cahier des élégies. En voici la raison:j’ai donné l’original de cette petite pièce sans garder de copie, et j’ai oublié des vers entiers ; c’est à une dame qui est à Paris. Je lui ai déjà écrit à ce sujet, mais on dit qu’elle est à la campagne. Si vouz tenez à l’avoir, vous pourrez la lui demander en mon nom. J’écrirai encore pour l’en prévenir; voici son adresse : Madame Turbot, rue St. Germain l’Auxerrois nº 69. (1) (1) Le destinataire a ajouté de sa main : "Mme Turbot à Fontainebleau, rue et hôtel de Neuville. }} POÉSIES DE 1819 "Recevez, Monsieur, l’assurance bien sincère de ma par- faite considération. Votre humble servante Mme DESBORDES-VALMORE " Je vais demander à mon oncle, qui dessine à ravir, un dessin qui vous sera remis Voici encore une lettre que Marceline adressait à Louis le 8 mai 1818 : 9 "Vous voyez, Monsieur, qu’un sort est jeté sur moi. Je suis entravée par mille petits hasards, qui me fâchent d’autant plus que vous pouvez m’accuser de négligence. La personne qui devait tout porter chez Mr. Alibert remet de jour en jour son départ, et la patience m’échappe. Je vous adresse donc le tout par la diligence, et vous prie de m’en accuser la ré- ception en cas d’événement. J’y joins la prière de faire jeter à la petite poste des lettres jointes aux papiers. "Voilà bien, des choses qui ne méritaient guère l’ennui qu’elles ont causé. Assurez-moi donc que vous ne m’en voulez pas. " Un billet adressé au libraire Louis par le dévoué docteur Alibert fait partie de la collection H. de Favreuil. Il est daté de "Paris, 28 juin 1818 :, , "Mon cher Monsieur Louis, "J’ai reçu hier une lettre de Mademoiselle Marceline Desbordes. D’après ce qu’elle m’écrit, vous devez avoir reçu non seulement ses élégies, mais encore le morceau de prose intitulé Marie. Elle me demande si j’en ai lu quelque chose ; je ne puis la satisfaire sur ce point parce que vous ne m’avez encore rien communiqué. Seriez-vous assez bon pour m’en faire parvenir un fragment que je vous renverrai cinq ou six jours après ? Mademoiselle Desbordes me charge également 10 POÉSIES DE 1819 de vous apprendre qu’elle possède déjà un petit dessin pour une élégie, qui a été composé par un homme de beaucoup de talent ; elle va vous l’envoyer. (1 Agréez tous mes compliments. ALIBERT Paris, rue de Varennes nº 4. Les épreuves sont corrigées. Marceline les retourne de Bruxelles à son libraire, le 3 octobre 1818, en les accompa- gnant des remarques que voici : "J’ai reçu, Monsieur, votre lettre et vos épreuves ; tout est bien, je les ai lues avec le plus d’attention possible, et j’ai cru qu’il fallait mettre les élégies dans l’ordre que je vous envoi par numéros ; tout ce que j’y ai trouvé à reprendre, je l’ai marqué. Quant aux pièces en général, je les trouve si médiocres, qu’il me semble qu’elles ne valent guère la peine d’être imprimées. Enfin,. Monsieur, vous l’avez voulu, M. Ali- bert aussi. S’il m’en arrive malheur, vous aurez la bonté de n’être bien fâché. J’ai changé le titre trop pompeux (l’Eternité). Tant de belles choses ont été écrites là-dessus, que ce serait trop hardi de ma part de vouloir parler avec prétention sur un sujet trop grand pour ma faiblesse. Vous m’approuverez. "Excusez-moi de tenir à ce vers : Adieu je ne crains plus d’oublier mon devoir. (1) "C’est qu’il est plus naïf que l’autre. Trouvez-vous qu’il ne soit pas juste de craindre l’orage quand on croit l’avoir fait gronder contre soi ? Je vous remercie dans la Pèlerine d’avoir mis Les charmes de ton âge. "Si dans les deux Bergères Claudine ne mourait pas, la critique serait juste ; l’expression "Je serai sous la terre deviendrait trop forte ; mais elle sent qu’elle y sera, elle le dit avec calme. J’épouserai la mort, oui, je sais bien que ce n’est (1) Vers de la pièce intitulée l’Orage. POÉSIES DE 1819 11 pas un mariage, mais je n’ai pas d’autre moyen pour exprimer que Claudine lui tend les bras et qu’elle ne veut d’aucun mari sur la terre. Au reste, ces tristes idées me couraient sans cesse de la tête au cœur… Je les ai mises sans les chercher, d’autres me viendraient moins naturellement. "Je suis heureusement rassurée sur la santé de mon oncle et j’en avais besoin ; je l’ai remercié de sa bonté pour moi. "Connaissez-vous Monsieur Adrien de Sarrazin, auteur de Caravansérail ? Monsieur Alibert m’avait bien promis de le trouver, mais il est trop chargé de travail ; il ne l’a pas cherché. Tout ce que je sais, c’est qu’il est employé comme secrétaire chez un Ministre, mais lequel ? Ce Monsieur de Sarrazin qui a vu dans le temps quelqu’une des élégies que vous imprimez, m’avait fait promettre, si je venais à les met- tre au jour, de lui laisser le soin de mettre en tête quelque ligne de sa charmante prose. Tant de malheurs m’ont acca- blée depuis !….. Ce serait un nouveau service à me rendre, Monsieur, que de le découvrir et de lui parler de moi pour lui rappeler sa promesse. Monsieur Alibert savait bien tout cela ; il paraît qu’il ne vous a rien dit. Au reste, c’est vous faire faire une connaissance bien agréable, vous verrez. Avez-vous, Monsieur, quelque moyen de m’envoyer par occasion ou par la poste le pont d’Austerlitz ? C’est pour l’architecte de la ville, M. Gantier qui en a grand besoin. Je vous souhaite, Monsieur, toute la gaîté, tout le bon- heur et la santé que je voudrais avoir, et surtout plus de temps. que moi pour vous occuper de la divine poésie. "Je vous remercie infiniment pour Monsieur Williams et pour moi. "Je suis et serai, Monsieur, votre humble et affectionnée Mme DESBORDES-VALMORE 11 Le 9 décembre 1818, Marceline écrit à Louis une dernière lettre ; celle-ci a trait surtout à des corrections que l’auteur voudrait apporter au texte de l’Arbrisseau, la première pièce du volume : POÉSIES DE 1819 (1 "Monsieur Sarrazin ne revient donc pas ? Surcroît de déplaisir. Rappelez-moi de grâce à son souvenir et dites-lui que personne ne lui souhaite plus de bonheur que moi. Per- sonne aussi ne sait mieux que moi combien il en mérite. "Vous êtes bien tourmenté, bien fatigué, bien dégoûté peut-être. Moi, je suis tout cela. Le théâtre m’absorbe toute, et cette saison ajoute encore au désagrément de jouer dans une salle glacée, ouverte à tous les vents. Encore un moment, j’allais à Marseille, mais j’ai signé ici : il est trop tard. Quant à l’élégie de la Colère, singulier titre, en effet. Vous ne l’imprimerez pas, n’est-il pas vrai ? "Monsieur Alibert vient de m’écrire. Il dit qu’il meurt d’impatience et qu’il n’a rien vu d’aussi lent que cette im- pression. Pour mon compte, je voudrais que vous l’eussiez retardée d’un an, le tout y eût gagné. Si j’avais eu plus de temps, j’aurais ôté à Marie bien des pompons inutiles, ou ajouté. Mais jugez-moi. Encore cette petite revue s’est-elle faite au milieu de migraines et d’études. (1 Croyez, Monsieur, au plaisir que j’éprouve de me dire toute à vous pour toujours. "Mme DESBORDES-VALMORE Le volume parut dans les derniers jours de décembre 1818 (1). Dès qu’Alibert reçut le livre, il écrivit à Marceline le billet que voici : "Mon amie, j’ai reçu votre recueil, je l’ai dévoré. Il est plein de choses charmantes. N’abandonnez pas, je vous prie, une carrière où vous brillez avec tant d’éclat. Vos vers ont un charme qui n’appartient qu’à vous. Il con- vient, ma chère Amie, que vous écriviez à d’Alvimare, qui est en résidence à Dreux. Il a fait des airs pour la plupart de vos romances. Une lettre de vous lui fera grand plaisir… 13 (1) Il est enregistré à la Bibliographie de la France du 26 décembre 1818 :

  • N.° 4830. Elégies, Marie et Romances. Par Mme Marceline Desbordes. In-12

de 9 files, plus 4 planches. Imp. de Richomme à Paris. Prix….. 5 francs. "A Paris, chez F. Louis. "Chaque partie a une pagination particulière., , 14 POÉSIES DE 1819 Revenons à votre livre. Il est charmant. Je voudrais que vous vous appliquiez à la prose. Rien n’empêcherait de l’entremêler de quelques romances. Mais j’ai la certitude qu’un roman de vous aurait un grand succès. Au surplus, si vous entreprenez quelque chose, il faudra le mûrir et composer un livre qui reste… Savez-vous que je ne suis pas content du tout de votre libraire Louis ? Mon intention était de vous faire une surprise. Je voulais employer le prix de votre ouvrage à quelque chose qui vous fût agréable, pour vous le faire parvenir à Bruxelles. Ne voilà-t-il pas qu’il me répond sottement, la veille du pre- mier de l’an, qu’il a employé tout son argent pour les gra- vures, qu’il faut attendre, etc. Je lui ai écrit sur cette pitoyable conduite deux mots qui ne l’ont pas flatté. Bon Alibert. Le 17 janvier 1819, Marceline écrivait à son frère Félix qui se trouvait alors à Saint-Rémy, chez sa sœur Eugénie (1) : "Nous n’avons pu tenir contre l’ennui terrible de ce pays. Tous les malheurs m’y éprouvent. Madame Gantier, la jeune, est au plus mal… Cette dernière perte comble la mesure, et nous fuyons cette ville comme un lieu d’exil et de larmes….. J’ai prié mon oncle d’envoyer à Eugénie un exemplaire de quelques élégies qui viennent d’être imprimées. Je voudrais bien qu’il en joignît un pour toi, mon ami, si cela peut te faire. quelque plaisir. Il y en a de si tristes, que vous me croirez voir en les lisant. Le dessin si joli de mon oncle est à la tête du livre… Demande à Camille si elle serait contente de voir sa petite marraine…(2), (1) Lettre inédite (Bibliothèque de Douai). (2) Marceline. 91 POÉSIES DE 1819 15 DÉPOUILLEMENT DES POÉSIES DE 1819. En tête du volume se trouve une pièce dédiée "A Mon- sieur Alibert et qui sert en quelque sorte de prélude au recueil : 11 1. La tristesse est rêveuse… et je rêve souvent ! (L’AR- BRISSEAU). (1) M. Bertrand Guégan a résumé dans les lignes qui suivent la vie du docteur Alibert et ses rapports avec Marceline (Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, p. 401) : " Né en 1768 à Villefranche-de-Rouergue, Jean-Louis Alibert étudia la médecine et fut nommé en 1802 médecin de l’hôpital Saint-Louis. Professeur à la faculté de médecine, mé- decin de Louis XVIII et de Charles X qui le fit baron, il se rendit célèbre par un traité de thérapeutique, d’importants ouvrages sur les maladies de la peau et une Physiologie des passions ou nouvelle doctrine des sentiments nouveaux, que l’on réimprimait encore en 1861. Le docteur Alibert était aussi un homme d’esprit : il réunissait, le dimanche, en des matinées fort brillantes, des actrices et des femmes de lettres, et il lui arrivait de faire des vers. Avant d’étudier la dermatologie, il avait été médecin de l’Opéra Comique, et c’est là, sans doute, qu’en 1805 il avait connu Marceline Desbordes. Il eut à la soigner" d’un mal horrible qui la renversait fréquemment. Ce bon monsieur Alibert, ajoute-t-elle dans une lettre à Pauline Duchambge, (2) a été toute une nuit agenouillé sur mon lit pour épier mes tortures qu’il croyait les dernières., , "M. Ali- (1) Comme Marceline a souvent publié ses poésies sous différents titres, nous désignerons chaque pièce par son incipit, que nous ferons suivre du titre qu’elle porte dans le volume que nous étudions. (2) Lettre du 15 avril 1850. 16 POÉSIES DE 1819 Marceline Ce fut un bert qui soignait ma santé devenue fort frêle, déclare-t-elle dans une note à Sainte-Beuve, me conseilla d’écrire comme moyen de guérison, n’en connaissant pas d’autre. finit par s’éprendre de son médecin ; mais celui-ci ne lui té- moigna jamais qu’une " affection clairvoyante et courageuse. amour blanc., , (L. Descaves, La Vie amoureuse de Marceline Desbordes-Valmore)… Plus tard quand elle fai- sait partie de la troupe de l’Odéon (1813-1815), Marceline tomba sur les genoux au cours d’une représentation ; on l’em- porta après le spectacle chez M. Alibert et elle dut garder la chambre huit jours (Lettre à Prosper Valmore, 20 décem- bre 1840)… C’est Alibert qui, en prêtant à Marceline 300 francs, lui donna " le moyen de quitter l’Odéon où elle languissait de misère. (Lettre au libraire Louis, 16 avril 1818). 11 La sollicitude du "bon Monsieur Alibert, , s’étendait à toute la famille de Marceline, ainsi qu’elle-même en témoigne dans cette lettre inédite adressée à Duthillœul et datée du 24 juin 1827 : "J’ai vu en passant Monsieur Alibert qui m’avait prise en affection et lui avait assuré à St-Louis une petite place con- venable où il était bien., , (Bibliothèque de Douai). L’hospita- lisé de Saint-Louis n’était autre que Félix Desbordes, le frère de Marceline ; et cependant c’est à ce même Félix que Mar- celine, oubliant la générosité du docteur, écrivait de Bordeaux, le 8 février 1824 : " Ton projet de retourner à Douai m’épou- vante pour toi. Notre famille y a été si malheureuse ! Nous n’y avons pas un ami. A quel titre pourrai-je écrire au maire et quel emploi lui demander ? Quant à monsieur Alibert, mon cher enfant, nous ne pouvons rien en attendre que des services relatifs à son état:une consultation gratis quand nous sommes malades ; c’est là tout ce que j’en ai jamais obtenu. De pa- reilles connaissances sont brillantes; mais cette protection ne m’a été d’aucun secours quand j’étais malheureuse, et j’ai perdu mon état et mon avenir, sans que personne n’ait jamais tendu une main secourable quand j’étais accablée par l’infor- tune. Tu dois t’en ressouvenir, et ma sœur te le rappellera elle-même : car elle m’a vue bien malheureuse et bien abandonnée à Paris., , (Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai). 11 11 POÉSIES DE 1819 Sur les corrections que Marceline apporta au premier texte de l’Arbrisseau, on consultera la lettre du 9 décembre 1818 que nous avons publiée ci-dessus. Ajoutons d’autre part, qu’après avoir surveillé l’impression du volume, Alibert s’occupa de son lancement, ainsi qu’il appert de cette prière d’insérer autogra- phe qui fait partie de la Collection M. H. de Favreuil, et qui parut le 22 octobre 1819 dans un journal dont nous ignorons le titre : "1 17 iademoiselle Desbordes qui a composé de si jolies romances et qui a épousé l’acteur Valmore du second Théâtre Français est fixée depuis quelques mois à Paris. On assure qu’elle s’occupe à mettre en ordre un recueil de poésies fu- gitives (1) qui ont déjà paru séparément dans des ouvrages périodiques et qui respirent la plus douce sensibilité. Made- moiselle Desbordes est nièce de M. Desbordes, peintre esti- mable de portraits, qui a exposé cette année et l’année der- nière un ou deux ouvrages fort intéressants. On regrette seu- lement qu’il soit trop avare de ses productions,. L’Arbrisseau est suivi de VINGT-SEPT ÉLÉGIES (2-28) : 2. Qu’est-ce donc qui me trouble et qu’est-ce que j’at- tends ? (L’INQUIÉTUDE). 3. Dieu qu’il est tard ! quelle surprise ! (L’ADIEU DU SOIR). 4. Oh ! quelle accablante chaleur (L’ORAGE). On lit dans l’ouvrage de M. Paul Courteault (Madame Desbordes-Valmore à Bordeaux, Bordeaux, Marcel Mounastre- Picamilh, 1923) : "Les manuscrits d’Edmond Géraud contien- nent une première rédaction, de la main de Marceline, d’une pièce, l’Orage, qu’elle imprima dans le recueil publié en 1830 chez Boulland et qui fut écrite à Bordeaux Cette as- (1) On ne manquera pas d’observer qu’Alibert annonce en octobre 1819 la publication d’un livre qui était en vente depuis le mois de décembre précéd G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 2 4 18 POÉSIES DE 1819 sertion est inexacte puisque cette idylle figure déjà dans l’édi- tion de 1819. 5. Quelle soirée ! O Dieu ! que j’ai souffert ! (LE CON- CERT). M. Marius Boisson a écrit une série d’articles pour tenter de prouver que l’amant de Marceline était un musicien du nom de Blangini : " Marceline parle souvent des fêtes où elle ren- contre son ami, écrit M. Boisson. Nous avons dit qu’il donnait souvent chez lui des concerts (dans une maison de la rue Basse- du-Rempart louée en 1799). L’une des élégies s’intitule auda- cieusement le Concert. Ses succès mondains rendaient jalouse la jeune femme ; elle en arrive à bénir l’éloignement, " rideau jeté sur ses conquêtes. Quant aux déchirantes voix, ce sont celles de Garat, de Caroline Branchu, qui chantaient avec Blan- gini ses romances et ses nocturnes… A ces brillantes matinées, elle ne voit que son amant, elle n’attend et n’entend que sa voix, elle nous le dit dans le Concert „. (Comedia, 5 avril 1927). Nous verrons plus loin (Poésie inédites de 1860, n° 14) toutes les conjectures qu’on a faites au sujet de l’"amant, de Marceline. 6. Votre empire a troublé mon bonheur le plus doux (PRIÈRE AUX MUSES). Cette poésie est l’une des premières où Marceline exprime l’inquiétude d’être abandonnée par son amant. Las de l’amour, celui-ci se serait tourné vers les Muses, qui le comblent de " leurs bienfaits 7. Comme une fleur méchamment effeuillée… (L’IMPRU- DENCE). 8. Que ce lieu me semble attristé ! (LE RETOUR AUX CHAMPS). Publiée d’abord dans l’Almanach des Muses de 1816. Bien que placée parmi des élégies, cette poésie est une idylle dans le style le plus pur du romantisme Louis XVIII. C’est une touchante évocation des bergers et de leurs troupeaux, des chapelles dans la verdure où les amoureuses apportent des POÉSIES DE 1819 19 couronnes de fleurs et où elles viennent pleurer quand elles sont abandonnées….. 9. Cette couleur autrefois adorée (LE RUBAN). 10. Message inattendu, cache-toi sur mon cœur (LE BILLET). Marceline révèle dans cette pièce un joli trait de sa sen- sibilité, que connaissait tout son entourage. Quand elle recevait la lettre la plus impatiemment attendue, elle ne la décachetait pas tout de suite, mais la portait sur elle pendant quelques jours ou quelques heures, en rêvant à son contenu. "On souffre de l’incertitude, On meurt de la réalité ». 11. Je ne veux pas dormir, ô ma chère insomnie (L’IN- SOMNIE). Cette poésie fait suite à la précédente. Le billet où son amant lui donne un rendez-vous la remplit de bonheur, et elle craint le sommeil qui lui enlèverait pendant quelques instants la conscience de sa félicité. "Je n’ose pas dormir : non, ma joie est trop pure, Un rêve en distrairait mes sens 17" 12. Elle avait fui de mon âme offensée (SON IMAGE). 13. Je m’ignorais encore ; je n’avais pas aimé (LES DEUX AMOURS). 14. Il est deux amitiés, comme il est deux amours (LES DEUX AMITIÉS). Cette pièce est dédiée "A mon amie Albertine Gantier "Cette Albertine Gantier, pour qui l’affection de Marce- line était si profonde, était d’un an plus jeune qu’elle. Fille d’un petit commerçant de Douai qui fut plus tard receveur de l’octroi de Bruxelles, elle était née à Douai le 14 mars 1787. Ayant suivi sa famille à Bruxelles, elle se maria en cette ville, le 7 no- vembre 1810, avec François-Joseph Gantier (son cousin, je 20 POÉSIES DE 1819 crois), garde du corps impérial du génie, né à Béthune le 1er avril 1775, qui devint par la suite architecte-adjoint de la ville de Bruxelles. Albertine mourut à Bruxelles à peine âgée de 32 ans, le 7 avril 1819, et son mari, qui quelques années après avait épousé en secondes noces sa belle-sœur, Héloïse Gantier, mourut lui-même en cette ville, le 30 juillet 1835. Albertine était un peu musicienne et mit en musique des vers de son amie Marceline, ce que prouve cette annonce du Journal des Dames (Bruxelles, du 22 février 1818) : "Trois romances, paroles de Madame Desbordes-Valmore, musique et accompagnement de guitare, composées et dédiées à madame Vanderfosse, née Gou- ban d’Hoogvorst, par Mme Albertine Gantier, amateur. Prix du cahier 2 francs (Note d’A. Pougin, dans La jeunesse de Mme Desbordes- Valmore, p. 22). Le souvenir d’Albertine resta toujours présent au cœur de celle qui l’avait tant aimée. Sur une page d’un des albums de Marceline que l’on peut voir à la Bibliothèque de Douai, on remarque un dessin représentant l’ombre blanche et vaporeuse d’une jeune fille debout près d’une tombe. Au-dessous se lisent ces mots : La première au rendez-vous, et, au revers, le nom : "Albertine Gantier !, , A d’autres pages l’on retrouve le même visage, le même nom, entourés de fleurs, de pensées et de myosotis. C’est qu’en effet l’une de ces affections de jeunesse qui ne se remplacent plus, affections ingénues et passionnées, pleines d’enthousiasme et de candeur, avait uni, l’une à l’autre, Marce- line et Albertine. "Je rencontre sur mon chemin, écrit Frédéric Loliée (Œuvres choisies de Marceline), de petites lettres toutes simples d’Albertine à Mlle Desbordes. Quelle impatience de camaraderie jaseuse ! Quels innocents transports d’une amitié pressée de se répandre en douces paroles et en chères confidences : "Ma Marceline, Ah ! ma chère petite, que nous allons nous retrouver ! Crois-tu "J’apprends que tu arrives et je ne puis contenir ma joie. que je n’y peux penser sans aussitôt sentir mes larmes couler POÉSIES DE 1819 21 de bonheur ? Ne tarde pas, chère amie, à venir me voir. Ma maison, ma table, tout est à toi. Avec quel bonheur je te ser- rerai dans mes bras ! "Mon époux ignore que je t’écris. Il me tourmente, lui. Il me dit que peut-être tu as changé pour moi, qu’il ne veut pas que j’aille te voir avant que tu viennes chez nous, Il ne te connaît pas, ma Marceline, mais il saura apprécier tout ton mérite, toute ton amitié pour Albertine. Mande-moi, au même instant, ton arrivée ; si tu es fatiguée, mande-le-moi, je t’en supplie, que je ne perde pas un instant. Oh ! mon amie, on n’aime pas comme nous ! Je dis nous… n’est-ce pas, ma Mar- celine, que tu partages ma joie ? "Au revoir, chère petite, je suis à moitié folle de bonheur. Ton amie, ALBERTINE GANTIER Notre adresse : aux Chartreux, rue Notre-Dame-du-Sommeil, ,. 15. Qui m’appelle à cette heure, et par le temps qu’il fait (LA NUIT D’HIVER). Marceline envoyait ses poésies à ses amis sans en garder souvent une copie. C’est ainsi que pour retrouver le texte de celle-ci, le libraire Louis dut s’adresser à une certaine madame Turbot, rue St Germain l’Auxerrois, n° 69, comme on a pu le voir par la lettre du 26 avril 1818, que nous avons publiée précédemment. 16. C’était jadis, pour un peu d’or (CONTE IMITÉ DE L’ARABE). 17. O Lise ! préférez le berger qui vous aime….. (L’OR- PHELINE). Cette pièce ne se retrouve dans aucune des autres éditions des poésies de Mme Desbordes-Valmore. 18. Adieu fauvette ! adieu ton chant plein de douceur ! (A MA FAUVETTE). 22 POÉSIES DE 1819 Cette poésie est dédiée " à Gabrielle B., , cantatrice et amie de Marceline, qu’il nous a été impossible d’identifier. 19. Votre main bienfaisante et sûre (LE SOUVENIR). Cette élégie est dédiée au docteur Alibert. Cette dédicace ne se retrouve pas dans toutes les éditions suivantes:tantôt l’auteur donne le nom d’Alibert en entier, tantôt seulement les initiales; de plus, certaines éditions ne contiennent pas la moin- dre dédicace. 20. Inconstance, affreux sentiment ! (L’INCONSTANCE). Cette élégie a été écrite, sans doute, à l’époque où Mar- celine allait épouser Prosper Valmore (4 septembre 1817). L’a- mour qu’elle porte à son futur mari ne l’empêche point de regretter l’amant qui l’a abandonnée… « Et mon cœur fut créé pour n’aimer qu’une fois ! ». 21. Par un badinage enchanteur (A DÉLIE, I). "Délia était née en Grèce d’une famille honorable, et fille d’un consul, comme elle ne détestait pas qu’on le sût:-Mon père, M. Joseph Amoreux, consul général de Sa Majesté Louis XVI à Smyrne, est mort à son poste lors de la Révolution; ses biens ont été perdus… Ma mère a obtenu en raison de ses services une pension de 1.000 francs sur les fonds de l’Etat, et elle s’est réfugiée à Constantinople. Les massacres qui me- naçaient les chrétiens l’ont forcée de fuir, et après avoir échappé aux plus grands dangers, elle vient de débarquer à Trieste sans avoir pu enlever son mobilier. Elle est donc sans ressources… " (5 octobre 1822. Lettre inédite au Ministère de la Maison du Roi pour obtenir une représentation à bénéfice. Archives Na- tionales, 0³. 1786). On ne sait par quelles aventures la fille du "consul général de S. M. Louis XVI, , avait été amenée à em- brasser la profession de comédienne, et c’est dommage. Quoi qu’il en soit, en 1809, Mlle Amoreux recevait à Paris les leçons que lui donnait Fleury, de la Comédie Française. Son professeur POÉSIES DE 1819 (1 23 la garda trois ans, puis il voulut la faire débuter aux Français. Mais, après l’avoir entendue, le Comité décida que son talent avait besoin de se confirmer et il lui conseilla de jouer quelque temps en province… Il semble pourtant que Me Amoreux, dite Délia, étant née grande coquette, n’avait rien à gagner à prendre l’air de la province. Alexandre Duval la devina et l’engagea pour l’Odéon où elle débuta avec succès, le 8 mai 1812. Elle avait de la distinction et de l’esprit, paraît-il, avec de grands yeux orientaux, , et beaucoup d’éclat ; enfin son jeu plaisait fort… Elle joua encore à la Porte-Saint-Martin, puis à Londres où un lord immensément riche " la protégea „, puis au Vaudeville en 1825 et 26. Après quoi je ne sais ce qu’elle devint. Telle était l’amie chez laquelle Marceline rencontra son perfide amant „. (Jacques Boulenger, Marceline Desbordes-Val- more, sa vie et son secret). Grâce aux heureuses recherches de M. Frédéric Ségu (1) dont il sera question plus loin, nous pouvons affirmer que c’est bien à Latouche que Marceline fait allusion au cinquième vers de cette pièce. 22. Du goût des vers pourquoi me faire un crime (A DÉ- LIE, II). Marceline oppose l’existence fêtée et heureuse de Délie à sa vie si malheureuse. Elle trouve dans la poésie une lation dont elle a besoin : elle éprouve à faire des vers satisfaction immense, et elle ne songe nullement à la gloire. "Tout le monde ne sait pas l’indifférence profonde de tous ces petits riens, écrit-elle à Boitel le 30 août 1830 ; et l’on me. supposerait l’envie de faire tapage avec si peu de chose ! (Dossier Mariéton-Vial). Deux années auparavant, elle écrivait à Duthilloul : "Je reçois à l’instant un volume intéressant de votre société d’Agriculture et des Arts. On y traite les femmes qui écrivent comme elles le méritent. Nous ne sommes pas 11 (1) Fr. Ségu, Un romantique républicain, H. de Latouche (1785-1851). Paris, les Belles Lettres, 1932. 24 POÉSIES DE 1819 nées, en effet, pour cela. Je n’en vois pas d’heureuses, et, comme on l’a dit, nous avons bien assez de chagrins sans la gloire, si l’on peut donner le nom de gloire à ce petit bruit qu’elles font à quelques pas autour d’elles,. (Lettre inédite de la Bi- bliothèque de Douai, datée de Lyon, 29 septembre 1828). Marceline n’aimait pas le théâtre ; elle n’y était entrée que pour fuir la misère. Elle était trop bourgeoise et trop sensible pour pouvoir supporter l’existence des actrices : "Le soir on vous honore au temple Et l’on vous dédaigne au grand jour A son frère Félix qui cherchait une situation, elle écrivait le 15 novembre 1817 : "Ne songe jamais à prendre le théâtre. C’est le pire des métiers quand on n’y brille pas ; et encore quels dégoûts l’entourent et flétrissent la vraie gloire qu’il pré- sente ! Talma lui-même, ce colosse de talent, ce prodige qui fait l’admiration et l’envie de ceux qui le suivent dans son art, n’est-il pas en butte à mille soucis de toute espèce ! Voici un passage d’une élégie que j’ai faite sur quelques-uns de mes malheurs : Le monde où vous régnez me repousse toujours, etc….. Et Marceline cite des vers de la présente élégie. En 1836, elle écrit à Lepeytre à propos d’une jeune actrice qui avait été un petit prodige : " J’ai une fille (Ondine) qui, dès l’âge de cinq ans, pouvait être aussi la merveille de ce genre. On me disait : "C’est un meurtre de ne pas montrer un tel diamant sur la scène. Vous pourriez faire sa fortune et la vôtre,. Cette idée me fait horreur. Mes enfants vont deux fois par an au spectacle. C’est une solennité choisie pour ces chères âmes,. (Lettre du 14 juillet 1836, publiée par Pougin). Enfin en 1839, Marceline tranquillise son mari au sujet de projets de théâtre ébauchés pour Ondine : "Mlle Mars n’a pas insisté une seconde quand je lui ai dit que son goût éloignait Ondine de la scène. Mars est une femme droite et grave, elle a fait avec moi la réflexion qu’il était, au reste, heureux que nous ne l’ayons pas élevée ainsi pour tous les chagrins qu’on y éprouve., (Lettre à Prosper Valmore, du 24 juin 1839). 26 POÉSIES DE 1819 trand Guégan, qui a longuement étudié la vie de Marceline, nous donne les précisions suivantes : " Le 25 juin 1810, naît à est gravement malade. A peine rétablie, elle se rend en Paris Màrie-Eugène, le fils naturel de Marceline. Marceline Normandie, avec l’enfant, chez l’une de ses sœeurs où elle vivra elle-même jusqu’à son retour à Paris. Avant la naissance de l’enfant, elle avait rompu violemment avec son amant, et celui-ci était parti pour l’Italie ; peut-être aussi n’a-t-il fait (Calen- ce voyage qu’en 1815, après la seconde rupture. drier Valmorien, page IX). Cet enfant mourut à l’âge de cinq ans ; voici, d’ailleurs, son acte de décès : "Du onzième jour du mois d’avril, l’an dix-huit cent seize, à onze heures, acte de décès de Marie-Eugène De Bonne, décédé le 10 de ce mois, à neuf heures de relevée, âgé de cinq ans neuf mois et seize jours, né à Paris (Seine) demeurant rue de l’Evêque, 5° section, n° 1377, fils de M. Jean-Eugène De Bonne, négociant, et de dame Marceline Desbordes, conjointe…. Jean-Eugène De Bonne qui a signé cet acte comme père prétendu, était caissier au théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Et c’est par complaisance, pour épargner à la jeune fille un aveu humiliant, qu’il s’est dit mari de Marceline et père de l’enfant. Or, après avoir longtemps fouillé les documents dont on dispose, et après avoir pris connaissance des documents que nous a fournis M. Ségu, nous avons acquis la conviction que le premier amant de Marceline, le père de cet enfant, est Latouche. Marceline adorait son enfant. Dans une lettre inédite, adressée à son frère Félix, elle écrivait : "….Adieu, je t’embrasse de tout mon cœur et guère plus gaiement que le jour de ton départ qui a été pour moi un vrai jour de deuil. Eugénie et son mari te disent mille amitiés. Eugène t’embrasse et te dit qu’il t’aime bien et que si tu venais, ça lui fra (sic) plaisir, mais que tu ne viens pas et que tu vas dans ton gétiment (sic). (Bibliothèque de Douai). Aussi la mort du petit Eugène call- sa-t-elle à Marceline un immense chagrin. Quelques mois après l’avoir perdu, elle écrivait à son frère : "Ah ! mon cher Félix, n’oublie jamais cet aimable enfant. C’était l’innocence et le POÉSIES DE 1819 27 bonheur sur la terre. Quelle perte pour une mère ! Oui, tu écriras à Monsieur Debonne, si tu le veux. Il s’est conduit toujours bien avec ceux que j’aime. Il a beaucoup souffert aussi, car il est très bon. Juge quel voyage pour lui ! Mon cœur en saigne de pitié. Il me demandait l’autre jour de tes nouvelles., , (5 septembre 1816, Bruxelles. Lettre inédite conservée à la Bi- bliothèque de Douai). Voici encore un fragment de lettre, également adressée à Félix : "… Quelle année vient de s’écouler pour votre pauvre Marceline !… Et ce qu’elle m’a ravi ne me sera jamais rendu, mon ami, non jamais dans ce monde ! Il faut attendre la fin d’un voyage pour moi bien long ! Mon cher fils, mon aimable enfant m’en rendait toutes les peines plus légères. Jamais un enfant adoré, pleuré à chaque heure par sa malheureuse mère, n’a mieux mérité de l’être. T’en souviens-tu ? Qu’il était beau ! Qu’il était bon !, , (2 janvier 1817). Vingt-quatre ans après, le 26 octobre 1840, Marceline écri- vait encore de Bruxelles à ses enfants : "Mes chers enfants, je vous conjure d’être heureux et de vous défendre surtout de ces tristesses sans cause dont l’imagination fait tous les frais. Toujours craindre le malheur, c’est oublier Dieu, et je l’aime tant de me laisser être votre mère, moi que ce doux nom a rendu si malheureuse dans cette ville où me voilà !, , (Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai. Les mots en italique sont en très grands caractères dans l’original). 28. N’approchez pas d’une mère affligée (LES DEUX MÈRES). Les Elégies sont suivies de TRENTE-ET-UNE ROMAN- CES (29-59) : 29. En vain l’Aurore (LE SOIR). Publiée d’abord dans l’Almanach des Muses de 1815 (1) et signée : Mile Desbordes ; (1) On voudra bien observer que l’Almanach des Muses de 1815 a été im- primé en 1814 et que, par conséquent, la présente élégie a été écrite au plus tard en 1814. Cette remarque, relative à la datation des pièces, s’applique à tous les almanachs et à tous les chansonniers que l’on rencontrera au cours de cette bi- bliographie. 28 POÉSIES DE 1819 l’Almanach des Dames de 1816 ; le Chansonnier des Grâces la Guirlande des Dames de 1818, et dans le Journal des Trou- de 1818, signée : Mile Desbordes (musique de Théobald-Walsh) ; vères, s. d. 30. O ma vie ! (A TOI). Publiée d’abord dans le Chanson- nier des Grâces de 1816, sous le titre : l’Amante inquiète, puis dans le Journal des Trouvères, sous le titre Reviens vite, mu- sique de Lélu. 31. Viens mon cher Olivier, j’ai deux mots à te dire ! (L’AVEU PERMIS). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1818. 32. Non tu n’auras pas mon bouquet (MON BOUQUET). 33. Petit portrait, tourment de mon désir (LE PORTRAIT). 34. On sonne, on sonne, on sonne encore… (LE RÉVEIL). Cette pièce a été réimprimée dans le Journal des Trouvères, 13e volume, avec de la musique de Thomassin. 35. Idole de ma vie ! (JE VEUX T’AIMER TOUJOURS). 36. Quand je t’écris à l’ombre du mystère (LE BILLET). Cette pièce fut publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1813, avec de la musique de Lélu, sous le titre : Je vous écris ; elle est signée : Mlle Marceline D… (C’est la première pièce imprimée de Marceline Desbordes-Valmore). 37. Comme un bouton près d’éclore (LES TROIS HEURES DU JOUR). 38. Quand l’amitié tremblante (REPRENDS TON BIEN). Publiée d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1814 ; elle était dédiée au Dr Alibert, signée Mle… et portait pour titre : Plainte d’amour (musique de Quinebaux). Elle parut ensuite dans l’Almanach des Muses de 1815, sous le titre Romance, et POÉSIES DE 1819 29 avec la signature : Mlle Desbordes ; puis dans la Guirlande des Dames de 1818. La dédicace au docteur Alibert a été supprimée dans les éditions. Marceline avoue franchement dans cette ro- mance l’amour qu’elle eut pour Alibert et auquel celui-ci ne répondit que par de l’amitié. 39. O douce Poésie ! (A LA POÉSIE). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1818, sous le titre : la Rêverie. 40. O délire d’une heure auprès de lui passée ! (LE SOU- VENIR). Imprimée d’abord dans l’Almanach des Muses de 1815, avec de la musique de Garat ; elle y est signée : Mlle Desbordes. Elle parut ensuite dans le Chansonnier des Grâces de 1815 et dans la Guirlande des Dames de 1819. 41. Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable (LE PARDON). Cette pièce parut d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1816, sous le titre : Le dernier adieu, musique de Quinebaux. 42. Aimable chien, fidèle et bon Médor (MÉDOR). 43. Embellissez ma triste solitude (IL VA PARLER). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1816. Cette pièce a été mise en musique par Fontvanne, Lechallier et Lémeric sous le titre : Le gage d’amour. 44. Comme une vaine erreur (L’ESPÉRANCE). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1816 sous le titre : L’Erreur, avec de la musique de Lélu. 45. Rive enchantée (A LA SEINE). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1816, sous le titre : Romance ; dans le Souvenir des Ménestrels de 1816, sous le titre : Plainte d’a- mour, dédiée au docteur Alibert (musique de Fabry-Garat), et dans le Souvenir des Ménestrels de 1818, sous le titre : Adieu (musique de Lélu). 30 POÉSIES DE 1819 46. Avec ta gente mie (LE TROUBADOUR EN VOYAGE). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1819. Dominique Garat, né à Ustaritz le 25 avril 1764, était le fils d’un avocat distingué. Il vint à Paris à l’âge de seize ans pour étudier le droit ; mais dès cette époque il négligeait ses études pour chanter dans les salons, et les compositeurs les plus célèbres le comblaient d’éloges. Son père lui ayant retiré sa pension, il trouva un protecteur dans la personne du comte d’Artois qui l’introduisit à la Cour. Garat donna des leçons à Marie-Antoinette et chanta aux concerts de la reine. Pendant la révolution, il fit des tournées en Allemagne, en Hollande, en Angleterre et en Espagne. En 1796, peu de temps après la fondation du Conservatoire, il fut nommé professeur dans cet établissement. Il mourut à Paris le premier mars 1823. Célèbre par sa prodigalité et l’excentricité de ses costumes, Garat fut l’un des chefs des Incroyables. Il chantait Gluck avec une pureté de style admirable et déployait dans la musique italienne la virtuosité la plus étourdissante. Personne n’a mieux dit la romance, personne non plus n’a peut-être aussi bien chanté. Sacchini disait de lui : " Il est la musique,. Il a composé des romances dont il faut louer le sentiment et l’expression. Nous en avons retrouvé quelques-unes, dont les paroles sont de "M¹¹e Desbordes, artiste de l’Odéon, , , à qui il avait donné des leçons lors de son court passage à l’Opéra-Comique. (Bertrand Guégan, Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore). 47. Ce n’est pas une vague et trompeuse espérance (C’EST LE BONHEUR, C’EST TOI). 48. C’était l’hiver, et la nature entière (LE SOMMEIL DE JULIEN). 49. Douce nuit, ton charme paisible (A LA NUIT). 50. Clémentine à genoux (CLÉMENTINE A MARIE). Publiée d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1815, sous le titre : Prière à Marie (musique de Joséphine Baptiste) et dans la Guirlande des Dames de 1816. 32 PŒSIES DE 1819 58. Cache-moi ton regard plein d’âme et de tristesse (LE REGARD). 59. Vous souvient-il de cette jeune amie ? (LE PREMIER AMOUR). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1815, et dans le Journal des Trouvères, 9 volume (musique de Carulli). La nouvelle en prose intitulée MARIE est mêlée de quel- ques pièces de vers, dont quatre avaient déjà été publiées dans des almanachs (Voir les lettres du 16 avril, du 26 avril et du 9 décembre 1818, où Marceline parle au libraire Louis de son petit roman). Voici les 8 pièces de vers que l’on rencontre dans Marie (60-67) : 60. Ne le croyez, si l’on vous dit un jour… Cette pièce a été réimprimée dans deux keepsakes : le Troubadour français, 1820, et la Guirlande des Dames, 1824, sout le titre : ON N’EN MEURT PAS. Elle n’a jamais été recueillie dans les œuvres poétiques de Marceline. 61. Viens donc, viens donc vite, bergère… Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1819 sous le titre : LES DEUX BERGÈRES, avec de la musique de Meissonnier. 62. Un étranger vint un jour au bocage… Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1816, sous le titre : L’ÉTRANGER AU VILLAGE. 63. Olivier, je t’attends, déjà l’heure est sonnée… Cette pièce parut d’abord dans l’Almanach des Muses de 1815, sous le titre : Inier des Grâces de 1815, sous le titre : L’absence au rendez-vous LE RENDEZ-VOUS (signée : Mlle Desbordes) ; dans le Chanson- (signée : Mlle Desbordes) ; dans le Souvenir des Ménestrels de 1815, musique de Ch. Lambert, et dans la Guirlande des Dames de 1816. Olivier est le nom que Marceline donne à son amant dans ses vers. Tout porte à croire qu’Olivier est Latouche. Bien des POÉSIES DE 1819 biographes sont de cet avis. Mais nous connaissons deux billets particulièrement précieux qui, adressés en 1809 ou 1810 à cet Olivier énigmatique, compliquent considérablement la question. Voici le texte du premier, tel que l’a trascrit Louis Vérité dans Un épisode peu connu de la vie de Marceline Desbordes- Valmore (Douai, 1896) : 33 "Ne viens pas demain, bien-aimé, j’ai mille corvées à faire, des visites d’obligation. Hier, j’ai reçu celle d’un gros homme d’esprit tout poudré, qui s’est d’abord mis à deux genoux pour demander merci. J’ai ri et j’ai reçu l’hommage de ses bonbons et de ses almanachs, que dis-je ! des plus précieux recueils du monde, puisque le nom de tout ce que j’aime s’y trouve. J’ai baisé ce nom qui décidera de mon sort. Adieu, mon Olivier ! "Et mes trois frères, mes trois amis ? Apporte-les-moi donc, je t’en prie, ne laisse pas écouler un jour sans travailler. Songe que tu t’occupes de mon bonheur. Je la veux, cette jambe de bois chérie, ce pauvre poète déchiré et surtout ce barbier si laid et intéressant (1) ; que tu as bien fait de les mettre en Espagne ! Ils n’ont jamais froid. Viens-y, petit ami, viens nous chauffer au soleil le plus pur. En attendant je te verrai samedi au coin du feu de mon amie Le second billet, vendu en 1899 par Noël Charavay, a été publié par Spoelberch de Lovenjoul : "Rappelle-toi bien ta promesse, cher bien-aimé ; n’oublie pas que je n’ai plus une âme que pour t’aimer, pour te suivre et s’attacher à toutes tes actions. "Ne restons pas plusieurs jours sans nous voir ; j’ai trop souffert ; demain à quatre heurs, je t’attends. Aime-moi petit ami, réponds à mon cœur, ô je t’en supplie, aime-moi bien ! C’est comme si je te disais : Donne-moi la vie. Ton amour est plus encore, Olivier, mon Olivier, mon Olivier. Tu ne sais pas à quel point tu peux me rendre heureuse ou malheureuse. G. Cavallucci Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore (1) L’histoire espagnole du « pauvre poète déchiré, , , du » barbier laid „ et de la jambe de bois chérie, se rapporte certainement à une nouvelle intitulée Gavino du journaliste marseillais Audibert. 3 12 34 POÉSIES DE 1819 Publiée d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1815, sous 64. Que n’as-tu comme moi pris naissance au village…. le titre : L’ABANDON, musique de Quinebaux. 65. Marguerite, fleur de tristesse. 66. Peux-tu dormir, paresseuse bergère. 67. La chanson du pêcheur. Marie a été réimprimée en 1820 par le libraire Louis avec trois autres nouvelles de Marceline. Nous étudierons plus loin

ce volume qui a pour titre : Les veillées des Antilles.

II.

POÉSIES DE 1820



II.

POÉSIES DE 1820 POÉSIES || DE || MADAME DESBORDES-VALMORE || A Paris, || Chez François Louis, || Libraire, rue Hautefeuille, n° 10 || 1820. In-8° de 1 feuillet (titre gravé reproduisant le texte ci-dessus autour d’une vignette-Le Berceau d’Hélène-gravée par Nar- geot d’après Chasselat) et 196 pages. Les quatre dernières pages sont occupées par la table. A la fin, errata de 6 lignes et : De l’Imprimerie de Didot le jeune, rue des Maçons Sorbonne, n° 13. Trois planches hors texte gravées sur acier : "Me voici devant la chapelle gravée par Johannot d’après Desenne et retouchée par Nargeot (p. 6) ; " Courez, petit enfant… z re- gravée par Nargeot qui a modifié le fond d’après Chasselat (p. 93) ; "Son il mourant…, non signée (p. 171). Ce sont les planches de l’édition de 1819, mais modifiées, entourées d’en- cadrements et regravées. Couverture ocre imprimée, avec encadrement typographique. Sur certains exemplaires le titre gravé porte la mention : "Troisième édition, ajoutée au burin. L’annonce parue à la 38 POÉSIES DE 1820 Bibliographie de la France le 1er juillet 1820 (1) présente, d’ail- leurs, ce volume comme une troisième édition alors qu’il n’est que la deuxième édition des Poésies (2). HISTOIRE DES POÉSIES DE 1820. Le libraire Louis reçut le texte du volume dans les trois premiers mois de 1820. Comme il eût souhaité ajouter au recueil de 1819 plus de pièces nouvelles que ne lui en offrait Marce- line, celle-ci lui répondit : " Je n’ai pas, je vous le jure, quatre vers à ajouter au recueil. Je ne sais plus où il y en a, ni comment on en fait… Parlez d’aimer à quelqu’un qui sort d’une passion malheureuse, et vous serez bien reçu… Je ne me charge pas d’annoncer à mon oncle ce que vous me dites. Je vous avertis que je l’ignore devant lui, et que vous ne m’en avez pas dit un mot. Rejetez-vous, je vous en prie, sur ce qu’il vous a fait trop attendre, et n’ajoutez pas une raison à celle-là ; car, si c’est un prétexte, c’est le meilleur. Il eût mieux valu suivre le conseil que j’avais hasardé plusieurs fois : c’était de ne rien mettre du tout, , (3). H. de Latouche qui, le 5 octobre 1819, écrivait à Mme Des- bordes-Valmore comme à une femme qu’il n’aurait jamais ren- contrée, (4) revit sans doute les épreuves et, en tout cas, s’occupa du traité. C’est ce qui ressort d’une lettre de Latouche au li- braire Louis, datée du 12 juin 1820 : "…..J’irai voir demain Mme Valmore et finir ce qui regarde son acte avec vous. Force (1) En voici le texte : "N. 2439. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troi- sième édition. In-8º de 12 feuilles un quart. Impr. de Didot le jeune, à Paris. A Paris, chez François Louis. (2) L’exemplaire que Marceline offrit à Alibert faisait partie de la collection L. Barthou. Il est relié en vélin blanc et doublé de moire bleue. Sur le premier plat le nom "Mr ALIBERT, , gravé en lettres dorées (capitales Didot et anglaise), est entouré d’un cadre doré composé de filets doubles et d’une guirlande de roses. (3) Lettre inédite du 9 avril 1820 (Collection H. de Favreuil). La dernière partie de la lettre a évidemment trait à des illustrations de Constant Desbordes que Louis ne voulait point faire paraître dans l’édition de 1820. (4) J. Boulenger, p. 163. POÉSIES DE 1820 m’a été d’aller à la campagne ; il ne me fallait rien moins que l’impossible pour m’empêcher d’aller la voir plus tôt, (1). Le recueil de 1820 est, comme nous l’avons dit, une SE- CONDE ÉDITION ORIGINALE des Poésies de Marceline. Une an- nonce du Journal de Lyon (16-17 mai 1821) nous apprend qu’il a été publié à 4 fr. 50. Ce recueil adopte une disposition légèrement différente de celle du volume de 1819 ; et il a été augmenté de 24 pièces nouvelles dont voici le détail : QUATORZE ÉLÉGIES (1 — 14) : 39 1. Hélas ! que voulez-vous de moi (LES LETTRES). 2. Presse-toi, vieux berger, tout annonce l’orage (PHILIS). 3. Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie ! (LA PROMENADE D’AUTOMNE). 4. L’air était pur, la nuit régnait sans voiles (LES ROSES). 5. Le soleil brûlait la plaine (LE RUISSEAU). 6. Inexplicable cœur, énigme pour toi-même (LA PRIÈRE PERDUE). 7. Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs (LA COLÈRE). Marceline écrivait de Bruxelles au libraire Louis, le 9 dé- cembre 1818 : "Quant à l’élégie de la Colère, singulier titre, en effet, vous ne l’imprimerez pas, n’est-ce pas vrai ?, ,. Si, conformément aux désirs de Marceline, Louis ne publia pas la Colère en 1819, il la donna dans l’édition de 1820. Cette élégie, publiée à nouveau dans le recueil de 1822, change de titre dans les Élégies de 1825 pour s’intituler : A l’Amour. 8. Prête à s’élancer joyeuse (L’HIRONDELLE ET LE ROSSIGNOL). (1) Inédite (Collection H. de Favreuil). 40 POÉSIES DE 1820 Cette poésie figure dans l’Album manuscrit n° 6 de la Bibliothèque de Douai, sous le titre : Le Rossignol ; elle y est datée de " Bruxelles, avril 1819 „. L’Hirondelle et le Rossignol est dédiée" à M. Arnaud, ,. Vincent-Antoine Arnaud (1766-1834) s’était acquis une grande réputation par ses tragédies, ses co- médies et surtout par ses fables. 9. Toi, dont jamais les larmes (A DÉLIE, IV). Il est vraisemblable que cette élégie fut écrite entre le 10 avril 1816, date de la mort du fils de Marceline, et le 4 sep- tembre 1817, date à laquelle la poétesse épousa Prosper Val- more. Elle l’avait écartée de son recueil de 1819 pour des rai- sons de convenance ; mais le libraire Louis exigeait si instam- ment de nouveaux textes que Marceline dut se résigner à publier tous les vers qu’elle avait écrits jusque là. 10. Comme un enfant cruel tourmente la douceur (LE MIROIR). 11. J’ai tout perdu ! mon enfant par la mort (LES RE- GRETS). 12. Que je suis heureuse avec toi ! (LA JEUNE ÉPOUSE). Marceline fait allusion dans cette pièce à la mort de sa fille Junie, décédée à l’âge d’un mois, le 22 juillet 1818. 13. Que fais-tu, pauvre Hélène, au bord de ce ruisseau ? (LES DEUX BERGÈRES). Voir sur cette pièce la lettre écrite de Bruxelles par Mar- celine le 6 octobre 1818 et publiée plus haut. 14. Me voici… je respire à peine (LA JOURNÉE PERDUE). L’élégie de l’édition de 1819, C’est en vain que l’on nomme erreur (LE PRESSENTIMENT), a reparu entre temps dans la Guirlande des Dames de 1820, et dans l’Hommage aux Demoiselles de 1820, sous la signature "Mlle Desbordes „. POÉSIES DE 1820 41 CINQ ROMANCES NOUVELLES (15-19) : 15. Distraite et malheureuse (CLÉMENTINE). Publiée la même année dans le Chansonnier des Grâces, 1820. Elle porte en sous-titre : Imitation de Richardson. Samuël Richardson (1689-1769), romancier anglais des plus célèbres, est l’auteur de Paméla, de Clarisse Harlowe, et de bien d’autres histoires non moins attendrissantes. Il a été traduit en français par l’abbé Prévost. 16. Tes mépris, ton inconstance (A UN TROMPEUR). Publiée d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1817, sous le titre : Romance, avec musique de Quinebaux ; dans le Chansonnier des Grâces de 1819 et dans le Chansonnier des Belles, 1820. 17. Adieu, douce pensée (LA FLEUR RENVOYÉE). Parue d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1818 avec musique de Meissonnier (signée : Mile Desbordes). 18. Pour trouver le bonheur, je me ferais bergère (LE CHIEN D’OLIVIER). Publiée d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1820, avec de la musique de Mazas (signée : Mile Desbordes). 19. Ah ! que le monde est difficile ! (L’ÉTRANGÈRE). La romance LE PARDON (Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable) a paru en 1820 dans le Troubadour français, sous le titre : LE DERNIER ADIEU, musique de Monier-Séguénol. La romance A LA POÉSIE (O douce poésie) qui figurait aussi dans. le recueil de 1819, avait reparu dans l’Offrande aux Muses de 1820, sous la signature : Mme Marceline Desbordes. Six romances de l’édition de 1819 ont changé de titre : IDOLE DE MA VIE (Je veux t’aimer toujours) est intitulée ici : LE SERMENT ; A TOI (O ma vie) est intitulée ici : DORS MA MÈRE. Cette romance avait reparu entre temps dans le Troubadour français de 1820, sous le titre REVIENS VITE (musique de Lélu) et dans le Souvenir des Ménestrels de 1820 (musique de Lechallier) ; 42 POÉSIES DE 1820 C’EST LE BONHEUR, C’EST TOI (Ce n’est pas une vague et trom peuse espérance) est intitulée : C’EST TOI dans le recueil da 1820 ; ADIEU MES FIDÈLES AMOURS (Adieu mes fidèles amours) porte le nouveau titre : ADIEU, MES AMOURS ; CLÉMENTINE À MARIE (Clémentine à genoux). Cette romance re- maniée porte maintenant pour titre : LA PRIÈRE DE LAURE, et commence par le vers : Laure offrait à genoux ; LA CHANSON CRÉOLE (N’a plus pouvoir dormir tout près toi dans cabane) devient ici : LE RÉVEIL CRÉOLE. Par contre une romance de l’édition de 1819 a été supprimée : MÉDOR (Aimable chien, fidèle et bon Médor). CINQ PIÈCES DIVERSES (20-25) sont réunies sous le titre : MÉLANGES : 20. Adieu Muse, on me marie (UN BEAU JOUR) ; 21. Toi, qui reçus par artifice (LA MONTRE) ; 22. Sous les arbres touffus, naïves pastourelles (LA NYMPHE TOULOUSAINE) porte comme sous-titre : Imitation de Gou- delin. Pierre Goudelin est un célèbre poète languedocien, né en 1579, mort en 1649, qui sut donner à la poésie romane un charme tout nouveau. On sait que les bergers, les chanteurs et les nymphes de la Garonne et de l’Adour jouèrent un grand rôle dans le romantisme" dessus-de-pendule, ,. La pièce la plus estimée de Goudelin est son "Ode sur la mort d’Henri IV., , 23. Il ne faut plus courir à travers les bruyères (CONTE D’ENFANT). C’est le premier conte que Marceline ait écrit pour les enfants. Nous pensons qu’il fut composé après la mort de sa fille Junie et avant la naissance d’Hippolyte. 24. Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance (LE BERCEAU D’HÉLÈNE). POÉSIES DE 1820 43 Cette pièce se trouve dans l’album n° 13 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est datée de février 1820. On la retrouve encore dans l’album nº 7 avec un grand dessin au crayon de Constant Desbordes qui l’illustre. Comme son éditeur la priait de corriger quelques vers de cette pièce, Marceline lui répondit : "Je ne vous appellerai ni barbare, ni serpent. Il y a toujours de la vérité dans ce que vous dites ; mais excusez pour cette fois ma paresse. Le berceau d’Hélène peut bien aller se coucher. Si j’y change une feuille, ce sera dans un siècle. J’ai un dégoût mortel de poésie en ce moment ; c’est presque dire de la vie, ,. (Lettre inédite du 9 avril 1820. Coll. H. de Favreuil). Trois ans après, Marceline envoyant cette poésie à Duthil- lœul, l’accompagnait de ces quelques mots : "J’ai un souvenir très clair de mes premières années. Notre maison tenait au ci- metière Notre-Dame. Il y avait un calvaire, des tombeaux, la vue d’un rempart, une tour avec beaucoup de prisonniers. Je courais partout ; partout je trouvais des clochettes, des fleurs de carême et des petites compagnes dont les figures sont encore toutes peintes dans mon souvenir. Je l’ai dit faiblement dans le Berceau d’Hélène. Il n’y a pas de mots aussi doux que les rêves de l’âme… Dans l’Atelier d’un peintre, Marceline décrit ainsi l’église Notre-Dame qui s’élevait non loin de sa maison : "Nous re- vînmes par des détours, jusqu’à l’église Notre-Dame. Il m’y fit entrer au milieu des décombres, et, de là, me montra la place où mon grand-père, puis mon père, puis nous tous leurs enfants avions été ondoyés par lui. Il pointa aussi du fond de cette église mutilée toutes les tombes de notre famille, dans le vert cimetière où jouaient à cette heure quelques enfants… Les murs délabrés, l’orgue en ruine, les saints sans tête renversés dans les hautes herbes de ce cimetière agreste, les vitraux brisés, comme les bancs déserts, tout cela décoloré par un soleil rouge, ardent, qui passait, laissant tomber aux mêmes heures ses rayons éternels sur ces débris abandonnés… Dans ce roman Marceline raconte aussi la peur que lui faisait, quand elle avait quatre ans, un grand Saint-Nicolas tombé de sa niche et déposé dans l’allée qui traversait la 44 POÉSIES DE 1820 maison de son père. "J’en avais peur, mon oncle. Il n’avait pas de nez ; sa longue crosse paraissait s’agiter dans l’ombre pour m’atteindre, quand je passais en me rapetissant. Je lui disais ma prière. Je ne glissais jamais dans cette allée noire que les genoux tremblants. Ils ployaient tout seuls devant le saint, qui m’imprimait de l’effroi mêlé à je ne sais quel amour ; car on le faisait patron des écoliers. De plus, il me semblait mal- heureux et offensé, dans ce coin, si loin de son paradis. Et je lui faisais l’hommage de ma flatterie, pour qu’il me laissât le courage de m’envoler au fond de la maison, quand on me de-

mandait d’y aller seule…

III.

POÉSIES DE 1822



III.

POÉSIES DE 1822

POÉSIES || DE MADAME || DESBORDES-VALMORE || Troisième édition, || revue, corrigée, augmentée. || Paris, || Théophile Grandin, libraire-éditeur, || Rue d’Anjou-Dauphine, Nº 7, F. S. G. || 1822[2].

In-16 de 3 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Imprimerie de Fain, place de l’Odéon ; titre gravé entourant la vignette de 1820 retouchée ; titre imprimé), et 239 pages. À la suite, 7 pages du catalogue de Grandin avec l’avis de son changement de domicile. On y trouve le détail du tirage de cette édition : « Il a été tiré 12 exemplaires sur papier vélin superfin, figures avant la lettre, épreuves sur papier de Chine, à 20 frs. »

Il y a eu aussi des papiers de couleur.

Quatre figures hors-texte de Chasselat : "Reste mon bien- aimé….., , gravé par Couché (page 15) ; "C’est ici sous ses fleurs… gravé par Lefèvre aîné (p. 97) ; "Pastourelle naïve… gravé par Ad. Godefroy (p. 160) ; "Elle pleure en voyant son seigneur à genoux…", gravé par Ad. Godefroy (p. 197).

Couverture rose imprimée, avec encadrement typographique,

TROISIÈME ÉDITION ORIGINALE, dans laquelle apparaît pour la première fois l’ordre adopté pour l’édition de 1830, avec la division des pièces en idylles, élégies, romances et poésies diverses. Elle est augmentée de 16 pièces nouvelles, dont voici le détail :

DEUX IDYLLES (1-2) :

1. Viens, le jour va s’éteindre… il s’efface et je pleure (LA NUIT).

Se trouve dans l’album n° 13 de la Bibliothèque de Douai, avec la date : juillet 1820.

2. L’avez-vous rencontré ? Guidez-moi, je vous prie (L’ABSENCE).

CINQ ÉLÉGIES (3-7) :

3. J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu (ÉLÉGIE).

Cette poésie figure dans l’album n° 13 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est datée d’octobre 1820. Le vers par quoi elle commence nous en évoque un autre de Philis (recueil de 1819) :

« Je crus l’avoir aimée avant même de naître. » POÉSIES DE 1822 Rapportant dans l’Atelier d’un peintre (1833) l’impression que lui fit son amant la première fois qu’elle le rencontra, Marceline écrit encore : "Elle voulut le voir, le connaître ; car il lui sembla qu’en ce moment, elle le regardait tout à fait pour la première fois. Mais d’où vient qu’en même temps elle croyait se rappeler le connaître depuis longtemps, bien longtemps avant qu’il vînt ?…. C’est étrange comme elle se le rappelait ! Elle ne put se rendre compte de ce prodige et baissa la tête sous son poids brûlant., , 49 4. Ma sœur, il est parti ; ma sœur il m’abandonne (ÉLÉGIE). Publiée d’abord dans les Annales de la littérature et des arts (1820), puis dans l’Almanach des Muses de 1821. Dans l’Album n" 13 conservé à la Bibliothèque de Douai, cette élégie est datée de juillet 1820. 11 Nous nous rallions entièrement à l’opinion de M. Bertrand Guégan (ouvrage cité, I, 408) : "Ce n’est pas à sa sœur Cécile, ainsi que le prétend Hippolyte Valmore, mais bien à Eugénie la cadette, que Marceline s’adresse dans ses Élégies. La cor- respondance de Marceline, les lettres contenues dans l’Atelier d’un peintre prouvent sans nul doute qu’Eugénie était la sœur préférée, celle qui recevait toutes les confidences. On a remar- qué que le fils naturel de Marceline s’appelait Eugène, et il est fort vraisemblable que Marceline passa chez Eugénie (sur des rives sans fleurs), les trois étés qu’elle vécut loin de Paris (1810-1812). Née à Douai le 17 novembre 1780, Eugénie— Marie- Anne Desbordes épousa en 1808 Désiré Drapier, contremaître dans une filature aux Andelys. Elle mourut à Paris le 7 sep- tembre 1850.. D’ailleurs Marceline, s’adressant" à sa sœur dans une de ses élégies, la plus déchirante de toutes peut-être : Qu’ai-je appris ? le sais-tu ? sa vie est menacée… nomme Eugénie au vers 68. Dans l’Atelier d’un peintre, ce roman où elle se met en scène sous le nom d’Ondine, l’héroïne a une sœur du nom d’Eugénie. "Les jours de fête, Ondine les consacrait à s’exa- miner pour rendre à sa sœur un compte pieux d’elle-même. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 4 50 C’était le seul confesseur mortel devant lequel son cœeur s’ou- vrit tout entier…, Nous ne pouvons résister au plaisir de citer un long pas- sage des Contes et scènes de la vie de famille, où Marceline décrit d’une façon exquise la coquetterie de sa petite sœur à l’âge de huit ans : "— N’est-ce pas, maman Catherine, que je ne peux pas sortir avec des bas comme cela ? POÉSIES DE 1822 "Et elle montrait avec une certaine aversion ses bas, bleu de Prusse par la moitié d’en bas, et bleu de ciel par la moitié d’en haut. Qu’est-ce qu’ils ont donc ces bas ? répondit Cathe- rine étonnée, les trouvant parfaitement remontés en coton neuf et bon. Quel inconvénient y trouvez-vous, ma petite amie ? "Oh ! mais voyez, maman ! des bas de deux couleurs, et j’en ai encore une paire pareille pour le jour de la confes- sion, avec mes beaux souliers à la mode ! oh ! maman….. - Raison de plus, Eugénie. En supposant que vous y attachiez un peu de mortification, elle comptera le jour de la confession pour racheter une faute, allez ! "Eugénie ne bougeait pas. Allez, reprit madame Catherine, ne vous inquiétez pas. Personne ne vous demandera compte à quinze ans des bas que vous aurez portés à huit. L’enfant immobile méditait sur ces paroles. " — Pas plus qu’on ne vous demandera compte au ciel de votre chaussure de la terre, partez. - "Elle voulait partir, mais elle était enchaînée par le con- traste de ces deux bleus et se permit d’essayer quelques pa- roles inintelligibles….. "Le penchant d’Eugénie pour les talons hauts s’était ré- vélé de très bonne heure par la première faute qu’elle eût commise. Le cordonnier de la famille, appelé un jour pour renouveler toutes les chaussures en détresse, reçut de madame Aldenhoff (1) un morceau de damas rouge envoyé à cet effet (1) La mère de Marceline s’appelle Catherine Aldenhoff dans les Contes et scènes de la vie de famille. POÉSIES DE 1822 51 par la marraine d’Agnès (1). Cette généreuse marraine était la femme d’un conseiller au parlement d’Arras. On avait déjà tiré tant de souliers du coupon de Damas, qu’il en restait à peine pour une paire d’enfant. Elle fut adjugée à Eugénie qui brûla de les avoir en tout pareils à ceux de sa jeune maman Cathe- rine. L’idée de faire du bruit avec ses talons lui tourna la tête, et quand le cordonnier Bégano sortit avec ses mesures et le damas cramoisi, elle le suivit et l’arrêta sur le seuil en lui com- mandant d’une voix timide des talons blancs, les plus hauts possible. Le cordonnier surpris la regarda et se permit d’objecter qu’elle tomberait, si petite encore, en courant dans la rue ou par les escaliers. — Monsieur Bégano, dit Eugénie, en baissant les yeux avec l’air d’une profonde réflexion, faites la volonté de la fa- mille Aldenhoff. Je saurais bien ne pas tomber avec les hauts talons blancs. "C’était d’une audace qui eut le malheur de convaincre le cordonnier. M. Bégano ayant envoyé peu après toutes les chaussures commandées pour la famille, celle d’Eugénie passa pour une fâcheuse méprise, et comme les souliers étaient jolis et urgents, Eugénie eut la joie de ses talons usurpés. Aussi ne manqua-t-elle pas le dimanche, dès l’aurore, de s’enfuir à demi- habillée pour les faire résonner dans la rue et jusque dans le cimetière Notre-Dame,. 5. Quoi, les flots sont calmés et les vents sans colère (ÉLÉGIE). Dans l’Album n° 13 de la Bibliothèque de Douai, cette élégie est datée de novembre 1820. 6. Peut-être un jour sa voix tendre et voilée (ÉLÉGIE). Cette pièce porte la date : avril 1820, dans l’album nº 13 de Douai, (1) Agnès est le nom que Marceline se donne dans ces récits. 52 POÉSIES DE 1822 7. Qui, toi mon bien-aimé, t’attacher à mon sort (ÉLÉGIE). Cette élégie figure également dans l’album n° 13, avec la date : novembre 1820. L’élégie Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs, intitulée LA COLÈRE en 1820, porte ici le titre : A L’AMOUR. L’élégie Je m’ignorais encore, je n’avais pas aimé, intitulée aupara- vant LES DEUX AMOURS, a pour titre : ÉLÉGIE dans le recueil de 1822 ; elle avait reparu en 1820 dans l’Hommage aux Dames et en 1821 dans la Guirlande des Dames, sous son titre primitif. De même, l’élégie Message inattendu, cache-toi sur non caur (LE BILLET) a été reproduite dans la Guirlande des Dames de 1821. QUATRE ROMANCES (8-11) : 8. A ma belle patrie (LA FIANCÉE). 9. L’heure du bal enfin se fait entendre ! (LE BAL). 10. Adieu pour toujours (L’ADIEU). 11. Viens si tu veux rêver d’amour (LES SONGES ET LES FLEURS), Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1821 (signée : Mile Marceline Desbordes) avec musique de Caroline Martainville. Cette élégie se retrouve dans l’Album n.° 13 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est suivie de la mention : "Paris, 1820. Imitation de T. Moore Thomas Moore (1779-1852), ce poète irlandais dont Mme Desbordes-Valmore fit plusieurs imitations, est l’auteur de Irish Melodies (1807) que John Stevenson mit en musique, de Na- tional Airs (1815) et de Sacred Songs (1816). Ces ceuvres va- lurent à leur auteur une grande popularité, que consacra en 1817 la publication de Lalla Rookh, poème oriental. C’est à Moore que Lord Byron avait confié le manuscrit de ses mé- moires ; Moore vendit le manuscrit à un libraire, puis le racheta et le brûla pour qu’il ne fut pas imprimé. (Bertrand Guégan, ouvrage cité, I, 418). POÉSIES DE 1822 53 Douze romances, parues dans les deux éditions antérieures, avaient été publiées à nouveau, entre temps, dans les almanachs : Viens, mon cher Olivier, j’ai deux mois à te dire (L’AVEU PERMIS) dans l’Almanach des Muses de 1821. O ma vie (DORS, MA MÈRE), dans le Souvenir des Ménestrels de 1821, avec musique de Caroline Martainville. Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore (LE RÉVEIL CRÉOLE) dans l’Hommage aux Dames de 1822, sous le titre : ROMANCE. Embellissez ma triste solitude (IL VA PARLER) dans la Lyre française, 1822, avec musique de Lechallier, et sous le titre : GAGE D’AMOUR. O douce poésie (A LA POÉSIE), dans l’Almanach des Demoiselles de 1822, sous le titre : STANCES A LA PŒSIE (signée : Mme Marceline Desbordes). Comme une vaine erreur (L’ESPÉRANCE), dans la Lyre française, 1822, avec musique d’Ed. Brugnière, sous le titre : O DOUCE CHIMÈRE. Quand l’amitié tremblante (REPRENDS TON BIEN), dans la Guir- lande des Dames de 1821, où elle est dédiée " à M. le docteur Alibert „, ; cette pièce est accompagnée d’une musique de F. Dupierge. Avec ta gente mie (LE TROUBADOUR EN VOYAGE), dans l’Hom- mage aux Dames de 1820. Tout pour l’amour (L’ÉCHO), dans l’Almanach des Demoiselles de 1822 (signée : Dame Desbordes Valmore). Distraite et malheureuse (CLEMENTINE), dans le Chansonnier des Graces de 1820. Ah ! que le monde est difficile (L’ÉTRANGÈRE) dans le Chansonnier des Graces de 1821 et dans la Lyre française, 1822, avec musique de J. B. Woët. La romance Sur ce lit de roseaux, puis-je dormir encore est intitulée dans cette édition : LE REVEIL, au lieu de : RÉVEIL CRÉOLE (1820). Tes mépris, ton inconstance (A UN TROMPEUR) devient : LE VŒU. Laure offrait à genoux (LA PRIÈRE DE LAURE) devient : LA PRIÈRE. CINQ" POÉSIES DIVERSES, (12-16) : 12. A l’heure où s’éteignait le chant de l’alouette (LE PASTEUR). 54 POÉSIES DE 1822 13. On accourt, on veut voir la mère infortunée (UNE MÈRE, imitation de Shakespeare). Publiée d’abord dans l’Al- manach des Muses de Lyon et du Midi de la France, 1822). Cette poésie et la suivante, parues dans des recueils et en volume au cours de l’année 1822, prouvent que Marceline ne s’associa point au mouvement d’anglophobie, qui se des- sina à Paris dans les milieux artistiques, à l’occasion de re- présentations shakespeariennes organisées à la Porte Saint- Martin par une troupe anglaise : "C’est une date peu hono- rable dans notre histoire littéraire et qu’il faudrait effacer, mais à la condition que le fait ne se reproduisît jamais Ainsi s’est exprimé Sainte-Beuve à propos de ces représen- tations tumultueuses, où les acteurs furent "bombardés de pommes de terre, de noix, d’œufs et de gros sous. 14. Par mon baptême, ô ma mère (LE PETIT ARTHUR DE BRETAGNE A LA TOUR DE ROUEN). Cette pièce parut d’abord dans l’Almanach des Muses de Lyon et du Midi de la France, 1822 ; dans l’Almanach des Muses de 1822, avec le sous-titre : "imitation de Shakespeare ; et dans l’Almanach des Dames de 1822. Arthur de Bretagne, comte d’Anjou, neveu de Richard Cœur de Lion, fut assassiné en 1202 par Jean-sans-terre, son oncle, frère puiné de Geoffroy, père d’Arthur. Le jeune prince avait à peine atteint sa quinzième année. 15. Voyageuse de l’air, mouche bleue et gentille (LA MOUCHE). 16. Un tout petit enfant s’en allait à l’école (L’ÉCOLIER). Publiée d’abord dans les Tablettes historiques et littéraires de Lyon, 1822, et dans l’Almanach des Muses de Lyon et du Midi de la France, 1822. M. Lucien Descaves pense que ce sont ses propres im- pressions que Marceline a évoquées ici : "Le petit serpent de POÉSIES DE 1822 turbulence, qu’était celle-ci, enfant, se dérobait le plus possi- ble aux leçons ou bien y apportait une inattention soutenue. Le livre avait tort… Elle était en quelque sorte fortifiée dans son inapplication par sa mère elle-même, qui défendait de la faire savante. Elle déclarait : "L’enfant sait tout, qui dit à son ange gardien : Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien., 55 (Lucien Descaves, La vie douloureuse de Marceline Desbordes- Valmore). Une petite poésie qu’on peut lire dans un album manuscrit de la Bibliothèque de Douai (album nº 3, f. 71), exprime une pensée analogue : "Danse petit enfant, danse sur nos genoux, Ne pense pas encor : Dieu pense assez pour nous ! Deux pièces, publiées antérieurement, avaient reparu entre temps dans l’Almanach des Muses de 1821. Ce sont : Adieu Muse, on me marie (UN BEAU JOUR) ; C’était jadis, pour un peu d’or (CONTE IMITÉ DE L’ARABE). Cette pièce était classée parmi les Elégies dans les recueils de 1819 et de 1820. Par contre, deux romances de 1819 et de 1820 ont été supprimées dans l’édition de 1822. Ce sont : N’as plus pouvoir dormir tout près toi dans cabane (CHANSON

CREOLE) et l’Amour lui-même avait formé Sophie (JONE ET SOPHIE).

IV.

ÉLÉGIES DE 1825



IV.

ÉLÉGIES DE 1825 ÉLÉGIES || ET || POÉSIES NOUVELLES, || par Mme Desbor- des Valmore. || Paris, || chez Ladvocat, libraire || MDCCCXXV.(1) In-12 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Imprimerie de Firmin-Didot, Imprimeur du Roi, rue Jacob, n° 24 ; titre imprimé, blanc au verso) et 248 pages ; les 4 dernières occupées par la table. Couverture rose (ou gris verdâtre) imprimée, répétant le titre dans un enca- drement. Publié à 4 francs. (1) Le 4 mars 1830, Marceline écrivait à propos de ses Élégies, à son amie Caroline Branchu : A vous dire la vérité, Caroline, je n’ai pas eu de bonheur d’attacher de prix à ces pauvres élégies dont vous me parlez avec bonté. Je les ai toutes écrites devant les murailles de ma chambre et comme si je disais un peu de mes ennuis qui n’intéressaient personne. Je n’avais aucune éducation littéraire, et il y a cent choses de travers qui me causeraient maintenant de la honte et du chagrin, si je n’etais absorbée dans d’autres pensées. Je vous les offre de bon caur, telles qu’elles sont, et je suis affligée d’avoir su trop tard un désir que je n’aurais pas osé espérer. Votre beau nom, qui m’a toujours été si cher, n’y sera done pas pour cette édition qui était imprimée, et ce sera pour la prochaine. Je vous saurai un gré éternel de me l’avoir demandé. Que pouviez-vous me dire qui me prouvât davantage que vous m’aimez comme je vous aime ?, , (Publié par Ben- jamin Rivière dans la Correspondance intime). 60 POÉSIES DE 1825 Enregistré dans la Bibliographie de la France le 11 dé- cembre 1824 (1). ÉDITION ORIGINALE, contenant 56 pièces, toutes inédites en volume, soit : VINGT ÉLÉGIES (1-20) : 1. Le printemps est si beau ! Sa chaleur embaumée (LE PRINTEMPS). 2. Il m’aima. C’est alors que sa voix adorée (L’ATTENTE). En juin 1833, son ami Gergerès s’entremit pour faire im- primer cette pièce dans La Gironde, la nouvelle revue bor- delaise de Lacour. 3. Ne viens pas, non ! Punis ton injuste maîtresse (L’IM- PATIENCE). 4. Dans la paix triste et profonde (L’INDISCRET). Le secret de Marceline fut connu, sans doute, de bien des gens, qui n’avaient rien de plus pressé que d’entretenir la pauvre femme des tromperies de son amant. Pour la première fois, Marceline se laisse ici emporter par la colère, jusqu’à réunir dans ses malédictions l’amant et l’indiscret et leur re- procher amèrement le mal qu’ils lui font. E. Géraud, poète et critique bordelais, a parlé de cette élégie dans les Annales de la Littérature et des Arts du 12 février 1825. 5. Pour la douzième fois, hier, sur ma demeure (LA FÊTE). 6. Quoi ! ce n’est plus pour lui, ce n’est plus pour l’at- tendre (L’ISOLEMENT). 7. Mes yeux rendus à la lumière (L’ACCABLEMENT). 8. Quand il pâlit un soir et que sa voix tremblante (SOU- VENIR). (1) "No 6547. Élégies et poésies nouvelles. Par Mme Desbordes-Valmore. In-18 de 7 feuilles. Imprim de F. Didot, à Paris. A Paris, chez Ladvocat. 22 POÉSIES DE 1825 61 9. Ah ! prends garde à l’amour, il menace ta vie (A Me GEORGINA NAIRAC). Marceline avait été introduite grâce à Sophie Gay qui l’avait recommandée à la maîtresse de maison, dans ce salon de la rue du Palais Gallien, 27, où se retrouvaient tous les beaux esprits de Bordeaux (Courteault, Madame Desbordes-Valmore à Bordeaux). Voici, d’ailleurs, une lettre où Sophie Gay dépeint à Mar- celine la famille Nairac (avril 1823) : "Je vous adresse une petite lettre pour mon ancienne amie, Mme Nairac. C’est la meilleure, la plus fidèle qui soit au monde, et le malheur ne l’a pas épargnée plus que nous. Un fils de vingt ans est mort dans ses bras, il y a dix-huit mois:c’était son enfant chéri. Vous comprenez sa douleur. Il lui reste une fille excellente, quoique d’une couleur un peu exagérée; mais c’est celle du pays, et, d’ailleurs, cette couleur ne ternit aucune de ses qua- lités. C’est la folie d’une jeunesse malheureuse, car cette bonne fille est née avec cent mille livres de rente, et elle ne se marie pas, aujourd’hui, parce qu’elle n’a pas de dot., C’est dans le salon de l’armateur Nairac que Marceline rencontra le poète Edmond Géraud et Alfred de Vigny qui l’appelait " le plus grand esprit féminin de ce temps., , Mar- celine avait une affection profonde pour Georgina Nairac, cette "fille excellente quoique d’une couleur un peu exagérée, dont parle Sophie Gay ; et elle n’oublia jamais les tendres entretiens qu’elle avait eus avec sa jeune amie sous les om- brages de Lormont, la propriété que les Nairac possédaient sur les bords de la Garonne. Georgina mourut le 6 janvier 1825 (Cf. Bertrand Guégan, ouvrage cité, t. I., p. 408). 10. Son image comme un songe (SOUVENIR). Dans les Annales de la Littérature et des Arts (12 fé- vrier 1825), Géraud déclare que cette élégie " est écrite d’un style qui respire la passion sans blesser la justesse. „ 11 11. Que veux-tu ? je l’aimais. Lui seul savait me plaire (A MA SŒUR). & 62 POÉSIES DE 1825 Sophie Gay écrivait à Marceline le 25 décembre 1822 : "M. de Vigny me relisait, l’autre soir, votre charmante élégie : Que veux-tu ? je l’aimais… ! Il en était comme nous dans l’en- chantement. Je répète souvent : Que l’amour a de pleurs quand il est dédaigné ! «  Le vers » Tout change, il a changé, est une variante ma- gnifique du fameux vers de Lamartine : Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. 12. Qu’ai-je appris, le sais-tu ? Sa vie est menacée (A MA SŒUR). Après sa première rupture avec Marceline, l’amant est parti en voyage, et il vient de rentrer, gravement malade. Marceline exprime ici toute l’inquiétude et le désespoir que lui cause cette nouvelle. 13. Vous dont l’austérité condamne la tristesse (POINT D’ADIEU). Marceline ne cessa jamais de croire, et l’idée de l’éternité allégea souvent ses peines. Cette pensée se mêlait chez elle aux incidents les plus divers de la vie. C’est ainsi qu’un jour elle écrivit à Valmore : "Mes dents qui te charmaient, me font bien souffrir. Mais sois tranquille : nous en aurons un jour de plus durables. Je ne comprends bien que l’éternité, et je t’aime trop pour ne pas la souhaiter ardemment avec toi…., , (Paris, 25 février 1840). 14. Que j’aimais à te voir, à t’attendre, Albertine ! (AL- BERTINE). Albertine, dira Lucien Descaves, nous apparaît dans dix élégies "comme sur autant de petites médailles frappées à son effigie. (Voir la note sur Les deux amitiés). 15. Toujours je pleure au nom de mon enfant (SOUVENIR). POÉSIES DE 1825 En 1821, la Minerve littéraire (p. 49) et l’Almanach dédié aux dames pour l’année 1822 publiaient le poème suivant de H. de Latouche : A MME DESBORDES-VALMORE Ton sexe, à qui l’Amour a décerné l’empire, Sait triompher encor aux combats de la lyre. Comme elle (Corinne) tu vivras dans un long souvenir : Soit qu’Amour, dans tes chants dictés pour l’avenir, Célèbre sa douceur et ses lois éternelles, Soit que tes vers, trempés de larmes maternelles, De ton fils qui n’est plus consolent le tombeau, Ton fils, ange du ciel et si jeune et si beau ! Tel le bouton naissant, fugitive espérance, Cache un ver ennemi qui le ronge en silence : La nymphe qui, la veille, admirait ses couleurs, Ne le retrouve plus en visitant ces fleurs. 63 12 Marceline éprouvait la plus grande difficulté à trouver des titres pour ses poésies. Voilà pourquoi nous avons tant de Souvenir, tant d’A ma sœur, etc… D’ailleurs elle l’avoue elle-même à Duthilloul en lui envoyant des vers (11 octo- bre 1829) "… Vous trouverez une romance inédite dans ma lettre, et je vous prie de lui donner un titre, car je ne sais jamais en trouver (Collection de la Bibliothèque de Douai). 16. " Mère, petite mère Il m’appelait ainsi (LE RÊVE DE MON ENFANT). Dédié " à Madame Pauline Duchambge, ,. Marie-Barbe-Charlotte-Antoinette Pauline du Montet était née à la Martinique vers 1778. Elle épousa vers 1796 Désiré Duchambge, trésorier général de la Martinique, qui était d’ori- gine douaisienne. Elle le quitta par amour pour le composi- teur Auber. Mais cet homme, à qui ses succès théâtraux va- laient d’innombrables conquêtes, abandonna bientôt la pauvre 64 POÉSIES DE 1825 Pauline. Celle-ci ne s’en consola jamais et, comme Marceline durant sa vie entière, elle porta, si l’on peut dire, son cœur en écharpe. D’après Lucien Descaves, Pauline et Marceline se seraient connues entre 1817 et 1820 ; d’après M. Jacques Boulenger, elles se connaissaient "au temps de la liaison de Me Desbor- des. " Nous penchons pour cette seconde hypothèse, que la dédicace de cette élégie nous paraît confirmer ; en effet, il y a toujours chez Marceline un rapport étroit entre le sujet de ses poésies et la personne à qui elle le dédie. Pauline Duchambge, qui mourut dans la plus grande pauvreté, a composé des ro- mances célèbres et des pièces pour le piano et la guitare. Nous reparlerons d’elle à propos de l’amitié touchante qui unissait la poètesse et la musicienne. 17. Te souvient-il, ma sœur, du rempart solitaire (LA GUIR- LANDE DE ROSE-MARIE). Publiée d’abord dans La Muse Française (1823). Une pièce intitulée La Rose flamande et recueillie dans les Poésies posthumes de 1860, nous apporte quelques rensei- gnements sur cette Rose-Marie qui fut, avec Albertine Gantier, une des premières amies de Marceline. Elle s’appelait Rose Dassonville et habitait à Douai, rue de la Maison-de-Ville. Si ces renseignements sont bien vagues, ceux que Marceline nous donne dans la Guirlande sur sa propre enfance, sont inexacts en partie. Ainsi elle raconte qu’elle avait quitté Douai à douze ans (c’est-à-dire vers 1798) et qu’elle y était revenue deux ans après. Or nous savons que Marceline n’est revenue de la Gua- deloupe qu’en Novembre 1802. Par conséquent, Marceline s’est rajeunie de deux ans dans cette pièce, ou bien son absence a duré quatre ans. Quand elle revint à Douai, elle ne retrouva plus son frère qui s’était engagé dans l’armée. Son père oc- cupait encore sa vieille maison natale avec ses deux sœurs, et la famille était plongée dans la plus affreuse misère. Marceline ne retrouva pas, non plus, son amie Rose-Marie qui venait de mourir et dont la mère ne la reconnut même pas. POÉSIES DE 1825 65 La Guirlande de Rose-Marie est transcrite dans l’Album n° 7 de la Bibliothèque de Douai. Elle est suivie de cette note de la main de Marceline : "Pauvre petite ! j’ai su par sa mère qu’elle m’avait appelée presqu’en mourant. Ce souvenir m’a toujours poursuivie., , 18. Vous dont la voix absente enhardit mon courage (A MADAME SOPHIE GAY). Cette pièce se trouve dans l’Album n° 7 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est datée de " Lyon, octobre 1822. 11 Madame Sophie Gay (1776-1823) était plutôt une femme du monde qu’une femme de lettres. Elle fut de la pléiade des Grâces du Directoire et trôna dix ans à Aix-la-Chapelle où son mari était receveur général de l’Empire. Revenue à Paris, Sophie Gay ouvrit un salon qui connut une grande vogue sous le règne de Louis-Philippe. C’est en 1822, à Lyon, qu’elle rencontra pour la première fois Mme Desbordes-Valmore ; le 24 octobre 1822, peu après son retour à Paris, elle lui écrivait : "Et moi aussi je suis triste. Je regrette et j’ai la férocité de me plaire à vous savoir de même, ma chère Marceline (car votre Madame m’est odieux et je vous prie de la garder pour vos connaissances). Oui, le souvenir de notre dernier entretien dans ce petit salon où il y avait tant de gens et personne, je le conserverai éternelle- ment. Il m’a semblé que je vous entendais même dans ce que vous ne disiez pas et que je vous laissais voir ce que je ne m’étais pas avoué à moi-même. Jamais je ne me suis trouvée sous l’empire d’un charme pareil, et je ne voudrais pas, pour rien au monde, m’exposer à vous voir le jour où j’aurais un secret à cacher. La moindre flatterie de votre cœur vous ou- vrirait le mien, et l’imbécile laisserait tomber sa proie… En voilà bien long ! C’est pour vous encourager à me dire tout ce qui vous passera par la tête et le cœur, comme sur ce petit canapé où les vers, les larmes, le crêpe rose, tout fournissait à notre causerie…. Et voici la lettre par laquelle Sophie Gay remerciait Mar- celine de lui avoir dédié ces vers (Paris, 2 février 1823) : "Quels G. Cavallucci— Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 5 66 POÉSIES DE 1825 vers divins, chère Marceline ! Qu’ils vous ressemblent et que je suis fière de les avoir inspirés ! Jamais émotion plus douce n’a pénétré mon cœur. Car c’est à mon amitié pour vous que je les dois ; c’est à ce sentiment que je voulais fuir, qui m’a tant blessée, et dont je ne médisais si vivement avec vous que parce que je le sentais s’emparer de moi. Mais je n’en médis plus, et le bonheur que j’en recueille aujourd’hui, m’ôte jusqu’au souvenir de ce bienfait, et dites-vous : "Je console un cour malheureux, (Note de Bertrand Guégan, ouvrage cité). 19. On avait couronné la vierge moissonneuse (LE VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Publiée d’abord dans le Réveil (octobre 1822), dans les Tablettes historiques et littéraires de la ville de Lyon (23 no- vembre 1822 ; titre : Le crieur du Rhône), dans l’Almanach des Muses de Lyon et du Midi de la France, 1823 (Titre : Le crieur du Rhône), dans l’Almanach des Muses de 1823 (titre : L’aveugle ou le crieur du Rhône), dans les Tablettes roman- tiques de 1823 et dans l’Album des poètes contemporains (1824). C’est dans les termes suivants que Sophie Gay annonce à Marceline la publication de cette poésie dans le Réveil : "… J’ai à vous instruire de l’apparition de votre Crieur du Rhône dans le Réveil. Un peu surprise de le rencontrer là et, craignant d’être soupçonnée d’une indiscrétion dont je rou- girais, j’ai demandé à l’un des rédacteurs de ce journal qui leur avait procuré cette bonne fortune. Il m’a répondu qu’il tenait cette romance d’un ami de M. Alibert à qui vous l’avez envoyée. Ainsi n’accusez que lui du succès qu’elle obtient déjà., (Paris 24 Octobre 1822). 20. Le vieux crieur allait contant l’histoire (LA SUITE DU VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Cette pièce avait paru d’abord dans la Muse française (1823-1824). POÉSIES DE 1825 67 QUATRE IDYLLES (21-24) : 21. Et moi je n’aime plus la fontaine d’eau vive (LA FON- TAINE). 22. Ce jour si beau, ma mère, était-ce un jour de fête (UNE JEUNE FILLE ET SA MÈRE). 23. Eh quoi ! c’est donc ainsi que tu devais m’attendre (LA VISITE AU HAMEAU). Dans l’Album n° 7 de la Bibliothèque de Douai, cette poésie est intitulée : Le Matin ou le rendez-vous des deux amies. Marceline y raconte une visite qu’elle fit à sa fille Ondine, alors âgée de six mois, en compagnie de Betzi Vinay, fille du médecin du Grand Théâtre de Lyon (Ondine était en nourrice dans les environs de Lyon). Sophie Gay écrivit à Marceline à propos de cette idylle : "Paris, 2 mars 1823. Les vers que Betzi vous a inspirés nous ravissent. Notre jeune mère Elisa (Mme O’Donnel, fille de Sophie Gay) pleure du plus tendre de son âme en répétant:Me condamner jalouse à la reconnais- sance; car elle n’a pas nourri son premier enfant. D’où vient que ces derniers vers me causent plus d’émotion que tous les autres ? C’est, sans doute, parce qu’ils me transportent, comme par magie, dans ce petit salon où je les entendis à travers des voix indifférentes. C’était un chant mélodieux qui se mêlait au bruit d’un orchestre indifférent. C’était la confidence d’un cœur à un autre:rien ne m’a jamais paru plus intime. Cepen- dant, ce jour-là, quatre de ces vers m’ont échappé, ou vous ne me les avez pas dits; car ils m’ont frappée de surprise Devinez-les et, si vous m’en parlez franchement, vous verrez à ma réponse qu’ils ont encore ajouté à tout ce que j’éprouve pour vous. " L’âge d’Ondine dans la Visite au hameau, date cette pièce du printemps de 1822. 24. Venez mes chers petits, venez mes jeunes âmes (LE SOIR D’ÉTÉ). 68 POÉSIES DE 1825 VINGT-TROIS ROMANCES (25-47) : 25. Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre (LE SECRET). Parue dans le Chansonnier des Grâces de 1825. 26. J’eus en ma vie un si beau jour (LE BEAU JOUR). 27. Qu’as-tu fait d’un aveu doux à ton espérance ? (LA JALOUSIE). 28. Il m’attend : je ne sais quelle mélancolie (LE RENDEZ- VOUS). Parue d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1825. M. Bertrand Guégan a bien voulu nous remettre une lettre de M. Quidant relative à cette romance, lettre qu’il tenait de son cher et regretté ami Albert Caplain. "Je tiens de mon père, écrit M. Quidant, une petite aventure romanesque que l’auteur de mes jours eut avec Marceline Desbordes-Valmore. La voici : "En 1840, un jeune musicien s’éprit follement de Marce- line qui, elle ne partageant nullement cet amour insensé, envoya une charmante pièce de vers à son adorateur. Mais le piquant de l’aventure est l’esprit avec lequel la tendre et douloureuse Marceline choisit le titre : Il m’attend. Hélas ! c’est ce que fit toute sa vie l’infortuné amoureux, qui pour se consoler mit en musique la romance… Albert Caplain possédait, en effet, cette romance, qui portait la signature d’Alfred Quidant. " 29. Seule avec toi dans ce bocage sombre (LE SOIR). 30. Hélas ! que les vieillards savent de tristes choses ! (LES SERMENTS). 31. Il m’a demandé l’heure, oh ! le triste présage (BONSOIR). 32. Dans sa course brûlante (L’ORAGE). 33. Le ciel sera-t-il beau demain ? (QUE JE TE PLAINS). POÉSIES DE 1825 69 34. Il le faut, je renonce à toi (LA SÉPARATION). 35. Si ta marche attristée (C’EST MOI). 36. Un moment suffira pour payer une année (UN MOMENT). 37. Hélas ! que je dois à vos soins ! (LA RECONNAISSANCE). Parue d’abord dans la Collection de romances chanson- nettes et nocturnes de A. Romagnési (2e volume, 1824), sous le titre La pénible reconnaissance, puis en 1825 dans l’Album lyrique, avec la même musique. 38. S’il avait su quelle âme il a blessée (S’IL AVAIT SU). 39. Désirer sans espoir (ON ME L’A DIT). 40. Sans oublier, on peut fuir ce qu’on aime (SANS OUBLIER). 41. Heureuses pastourelles ! (CELLE QUI NE RIT PAS). 42. Je ne sais plus d’où naissait ma colère (JE NE SAIS PLUS, JE NE VEUX PLUS). 43. Le soleil de la nuit éclaire la montagne (LA VEILLÉE DU NÈGRE). Publiée d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1824, sous le titre Le naufragé, avec musique de Ch. Plantade ; puis dans l’Hommage aux Dames de 1825 et dans les Annales romantiques de 1825. Dans l’Album n° 7 de la Bibliothèque de Douai, au feuillet 77 il y a un dessin que Constant Des- bordes a exécuté pour " Le naufragé ou la veillée du nègre „i ce dessin est daté de septembre 1823. 44. Bon captif, la fée Urgande (A M. BÉRANGER). "Poursuivi devant la Cour d’Assises de la Seine pour les chansons anti-royalistes et anti-cléricales de son second recueil (Chansons, 1821, 2 volumes, in-18), Béranger avait été con70 . POÉSIES DE 1825 damné, le 8 décembre 1821, à trois mois de prison et 500 francs d’amende. La reproduction des chansons incriminées et la réu- nion des débats en volume attirèrent à l’auteur un second procès au cours de sa détention. Mais le jury donna raison à l’avocat Dupin et à Berville qui plaidait pour l’imprimeur. „ (Bertrand Guégan, ouvrage cité). 45. Il est un bosquet sombre où se cache la rose (CHANT D’UNE JEUNE ESCLAVE, imité de Moore). Publiée dans le Chansonnier des Grâces de 1821, sous le titre : Le fleuve Bendémir et dans l’Hommage aux Demoiselles de 1825, sous son titre définitif. Dans l’Album nº 13 de la Bi- bliothèque de Douai on retrouve cette pièce avec la mention : "Paris, 1820 11* 46. Un barde a vu sa reine fugitive (UNE REINE). Dans l’Album n° 7 de la Bibliothèque de Douai, cette pièce est suivie de la mention : "1820, dans l’automne. 47. De Thalie (A MADEMOISELLE MARS). Publiée d’abord dans le Souvenir des Ménestrels de 1821 avec musique de F. Paër. Anne-Françoise-Hippolyte Boutet, dite Mars cadette, était née à Rouen en 1778. Elle débuta au théâtre Feydeau et entra en 1799 à la Comédie Française, où elle s’acquit une juste cé- lébrité par ses interprétations inimitables de Molière, de Ma- rivaux et de Beaumarchais. Dans un des articles qu’il a con- sacré à Mme Desbordes-Valmore, Edouard Fétis écrit : " C’est à Bruxelles, en 1818, que les deux artistes se rencontrèrent et que des relations d’intimité s’établirent entre elles. Mlle Mars vint donner à la Monnaie une série de représentations, ayant dans presque chacune d’elles, pour la seconder, Mme Desbor- des-Valmore, dont le talent sympathique et la distinction per- sonnelle lui inspirèrent un attachement pour toute la vie., (Indépendance Belge, 27 août 1893). De son côté, Marceline avait pour M¹le Mars une affection et une admiration très grandes. Dans l’Atelier d’un peintre, ce roman où elle se met en scène POÉSIES DE 1825 71 sous le nom d’Ondine, elle décrit avec enthousiasme la grande actrice à la voix merveilleuse. La jeune fille avait accompagné son oncle Constant à la Comédie-Française pour entendre Talma dans Hamlet. Une autre pièce fut jouée où elle entendait pour la première fois Mars. "Elle était bien belle cette femme ; car Ondine la laissa régner sur sa tristesse tout le temps qu’elle apparut, tout le temps qu’elle parla. Il est vrai que c’était ra- vissant d’entendre parler ainsi, jamais voix humaine n’a recélé tant d’attraction et de puissance. M. Léonard (1) rêva qu’il écoutait la voix jeune et limpide de Marianne ; Ondine ne put la comparer à rien ; elle se grava unique, inoubliable, au fond de sa mémoire !, 11 Quelques pages plus loin, Ondine rêve à Me Mars : "Dieu ! qu’elle était belle avec ses grands yeux noirs pleins d’étoiles et de rayons !….. Cette voix où l’on croit entendre rouler des perles !….. (Atelier d’un peintre, tome II, ch. VIII). SIX CONTES (48-53): 48. Venez bien près, plus près qu’on ne puisse m’entendre (LE PETIT MENTEUR). Paru d’abord dans la Muse française, 1823; dans l’Hom- mage aux Demoiselles de 1824, et dans l’Abeille du Parnasse, sans date. 49. Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs (LES DEUX ABEILLES). Paru d’abord dans l’Hommage aux Demoiselles de 1825 (2). Cette poésie est dédiée par Marceline à son oncle, Cons- tant Desbordes. Né à Douai le 1 février 1761, Constant Des- (1) Constant Desbordes. ce En (2) Nous connaissons une poésie (inédite) de Marceline, intitulée : Les abeilles de Madame de Genlis (Collection Maurice Delort). Cette pièce de 32 vers, écrite à Lyon, est un dialogue entre la jeune fille et les abeilles. Il se peut que soit une pièce de circonstance, un texte de cantate qui ait été mis en musique. tout cas, les Abeilles de Madame de Genlis n’ont aucun rapport avec les Deux abeilles. 72 POÉSIES DE 1825 bordes montra de bonne heure des dispositions pour le dessin. Dès qu’il eut atteint sa seizième année, il vint à Paris étudier la peinture sous la direction de Nicolas Brenet qui fut le maître de Gérard. Marceline l’a décrit longuement dans l’Atelier d’un peintre sous le nom de Léonard ; elle l’y représente comme un bonhomme au cœur d’or, un peu rude, vertueux, très pauvre, naïf, désintéressé, ne vivant que pour son art : type rebattu et que l’on voit d’ici, mais qui se caractérise par une grande piété et gravité de mœurs (J. Boulenger). Marceline nous décrit aussi dans son roman l’atelier de son oncle : il était situé dans un cloître en ruines, dont on voyait encore les restes en 1864, et où habitaient une douzaine de peintres, parmi lesquels Girodet, pour qui l’oncle Constant avait une vénération extrême. Cons- tant Desbordes fit plusieurs fois le portrait de Marceline. La première fois qu’il peignit sa nièce, celle-ci n’avait que quatre ans. Voici d’ailleurs la description charmante que Marceline a faite de ces séances de pose dans l’Atelier d’un peintre : "Vous étiez haute comme ma grande boîte à couleurs (c’est l’oncle qui parle), quand je faisais votre portrait, vous assise sur votre petite chaise, tenant gravement votre poupée dans vos bras et lui faisant manger vos gâteaux, que vous digériez fort bien toute seule, généreuse enfant… J’ai gardé ce petit portrait, curieux d’époque et de contraste. Je crains seulement qu’il ne vous rappelle ce que je vous chantais alors sur vos trois vêtements du matin, qui n’étaient jamais de la même lon- gueur. Vous en ressouvenez-vous ? — Non, mon oncle. C’est étonnant, car ce fut une de vos premières douleurs de coquet- terie. Elle était déjà manifeste, et vous aviez quatre ans ! Et comme j’étais plus gai qu’à présent, j’essayais de fouetter votre amour-propre en chantant : Elle est à trois étages Dans son ajustement. - D’abord ma satyre vous rendait immobile et comme vous étiez attentive et oppressée, je reprenais plus fort : Elle est à trois étages Dans son ajustement. POÉSIES DE 1825 73 Votre mère me lançait des yeux… de mère quand on s’at- taque à sa progéniture ; et vous alliez vous réfugier à l’ombre de sa jupe et vous osiez de là me crier : "Non !, , Vous sentiez que c’était un refrain salutaire. Alors, quand vous cachiez votre figure rouge et en larmes dans les genoux de votre faible mère qui m’eût battu de bon cœur, je dansais autour de vous deux, en chantant de toutes mes forces : Dans son ajustement ! Dans son ajustement !, Marceline avait une affection immense pour cet oncle, bien qu’il eût été trés sévère pour elle et qu’il ne lui eût pardonné que très tard sa " faute, de jeunesse (Voir la note du Pauvre Pierre). Constant Desbordes eut une vieillesse triste et besogneuse. Il mourut le 30 avril 1828. Quand Marceline, qui se trouvait à Lyon, apprit cette nouveile, elle lui écrivit cette lettre étrange et bouleversante, et qui n’a d’autre pendant dans la littérature que la lettre qu’Eugénie de Guérin écrivit dix ans plus tard à son frère mort : "Mon oncle ! — Adieu, mon oncle ! — Il y a une heure que je le sais. Tout est fini. — Adieu !… "Et j’ouvrais cette lettre sans défiance, car celle d’avant- hier m’avait tranquillisée. Vous étiez mieux, mon oncle. Je ne craignais rien en rompant ce cachet. Je cherchais une nouvelle certitude de votre convalescence. Hélas ! mon Dieu, à la se- conde ligne, j’ai reçu un coup dans le cœeur, je l’ai reconnu ! J’ai cru sentir des fils se casser dans ma tête et un nuage a passé sur moi. — Adieu, mon oncle ! — Mais regardez-moi main- tenant des yeux de votre âme qui m’a tant aimée. "Vous êtes bien sûr que je vous l’ai bien rendu. —Quel lien se brise pour moi ! Comme je sens qu’il a commencé avec ma vie, mon oncle ! J’étouffe de la douleur de ne pas vous avoir revu. Mais regardez-moi bien jusqu’au fond du cœur, ai-je assez souffert de vos peines ? Elles entraient dans les mien- nes, elles pèseront toujours sur ma mémoire et troubleront jusqu’à la douleur de votre souvenir ! Vous avez été bien mal74 POÉSIES DE 1825 heureux ! Mes enfants m’ont vue pâlir et chanceler, mais ils n’ont pleuré d’abord qu’à me voir pleurer. Je n’ai rien dit. Comment trouver le courage de frapper, même l’enfance, par un mot ?…. Adieu, mon oncle ! Avez-vous revu votre mère ? Embras- sez aussi mon père pour moi. Vous êtes bien heureux, bien exaucé si vous les avez revus. Moi, je suis bien triste ! Je suis atteinte jusque dans l’avenir. Je demandais si ardemment à Dieu de vous y trouver ! de vous y payer du chagrin de mon ab- sence ! Dieu ne m’aime pas… Qu’il vous reçoive dans son sein ! Adieu, mon oncle !.. "Quel désespoir ! Quoi ! Je ne partirai pas pour courir vers vous ? Non ! Il n’y a plus que votre ombre qui vient me tendre les bras…., , (Lettre publiée par A. Pougin). Le musée de Douai conserve quelques tableaux de Cons- tant Desbordes : un portrait de son père, un portrait de lui- même et une grande composition intitulée : l’Invention de la vaccine qui lui avait été commandée par l’Etat en 1812 ; on y reconnaît le docteur Alibert, Marceline et ses deux scurs Cécile et Eugénie. 50. Tremblante, prise au piège et respirant à peine (LA SOURIS CHEZ UN JUGE). Cette pièce est antérieure au 14 octobre 1823, comme le montre une lettre de Sophie Gay à Marceline, publiée par M. J. Boulenger d’après l’autographe conservé dans le fonds Spoelberch. 51. D’une sourde blessure encor faible et malade (FABLE IMITÉE DU RUSSE). "Fables russes tirées du recueil de M. Kriloff et imitées en vers français et italiens par divers auteurs… publiées par M. le comte d’Orloff, Paris, Bossange, 1825 (2 volumes in-8")., Tel est le titre du recueil pour lequel Marceline avait été in- vitée de mettre en vers français une fable russe dont on lui avait fourni le canevas. Plusieurs poètes français y avaient colPOÉSIES DE 1825 75 laboré, parmi lesquels nous citerons : Arnauld, Soumet, Mme Amable Tastu, Rouget de l’Isle, Delphine et Sophie Gay. Le 4 septembre 1822, cette dernière écrivait à Marceline le billet que voici : "L’Académie a dû vous adresser la fable russe qu’elle vous prie de mettre en vers. J’ai déjà fait la mienne tant bien que mal. Delphine, très fière d’avoir été choisie par ces messieurs pour en traduire une à côté de vous, se dépê- che de finir la sienne…., , Mais la fable de Marceline ne cor- respondait pas aux données ; elle était trop longue et pleine de digressions fastidieuses ; aussi le comte d’Orloff ne la publia point. Dans un Album non numéroté de la Bibliothèque de Douai, cette fable porte pour titre : Le rossignol et l’oiseau grec. 52. Il était dans le monde une goutte d’eau pure (LA GOUTTE D’EAU). Au député Jars, qui lui avait envoyé des remarques sur cette poésie, Marceline écrivait de Bordeaux, le 18 août 1823 : "Vos avis sur cette Goutte d’eau sont d’une grande justesse: je les ai mis à profit, peut-être moins heureusement que je l’aurais dû. Toutefois j’ai corrigé autant que j’ai pu cette moitié qui vous a déplu, et qui me déplaît aussi présentement. Si vous voulez voir le fruit de vos observations, je vous ren- verrai cette pièce et quelques autres sur lesquelles il me faudra vos observations intègres., (Lettre publiée par Arthur Pougin). Malgré les corrections qu’elle subit, cette poésie est restée fort mauvaise; Marceline, qui s’en rendait parfaitement compte, ne l’a jamais réimprimée, ni en recueil, ni en volume. 53. Un bruit de fête agitait mes compagnes (LE BAL DES CHAMPS OU LA CONVALESCENCE). ET TROIS "POÉSIES DIVERSES, (54-56) : 54. Salut ! rivage aimé de ma timide enfance (LE RETOUR A BORDEAUX). 76 POÉSIES DE 1825 S’il fallait en croire Marceline, les liens qui la rattachaient à Bordeaux remonteraient fort haut. Du côté paternel, elle af- firmait être issue d’une famille protestante qui y habitait au XVIIe siècle (Paul Courteault, Mme Desbordes-Valmore à Bordeaux). Ce qui est plus certain, c’est que Marceline vint à Bordeaux avec sa mère vers 1800-1801 afin de s’y embarquer pour la Guadeloupe. 55. Oh ! qu’il ne fût, m’écrivait une amie (LE BILLET D’UNE AMIE). Il est assez vraisemblable que Marceline ait pensé aux malheurs de son amie Pauline Duchambge en écrivant cette poésie. Nous savons, en tout cas, qu’elle envoya ces vers à l’infortunée musicienne, le 3 novembre 1824. 56. Tout perdu dans le soin de ma jeune famille (L’AU-

TRUCHE ET LE PÉLICAN).

V.

CONTREFAÇON BELGE
DES ÉLÉGIES DE 1825



V.

CONTREFAÇON BELGE DES ÉLÉGIES DE 1825 ÉLÉGIES || ET || POÉSIES NOUVELLES, || par || Mme Des- bordes-Valmore. || Bruxelles, || Chez H. Tarlier, libraire, et de l’imprimerie de || M. Hayez, rue de la Montagne n° 1023. || MDCCCXXV. In-12 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre et titre), 209 pages et 1 feuillet blanc. Couverture grise imprimée, avec encadrement typographi- que ; sur le second plat, liste d’ouvrages en vente à la même librairie. Cette édition de la plus grande rareté reproduit textuel- lement l’édition parisienne de Ladvocat, parue la même année. Nous ne l’avons rencontrée que dans la collection H. de

Favreuil.

VI.

QUATRIÈME ÉDITION BELGE
DES POÉSIES



QUATRIÈME

VI. ÉDITION BELGE DES POÉSIES POÉSIES || DE MADAME || DESBORDES-VALMORE. || Nou- velle édition, || revue, corrigée et augmentée. || Bruxelles, P. M. de Vroom, imprimeur-libraire, || Rue de Louvain. || MDCCCXXV. In-16 de 4 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant la mention : Ceuvres de Madame Desbordes-Valmore. Tome I ; une planche de Chasselat, gravée par Callens, pour illustrer l’Orage-" Reste mon bien-aimé, reste je t’en con- jure ; un titre gravé, le titre imprimé reproduit ci-dessus) et 383 pages chiffrées. Voici maintenant le libellé du titre gravé : POÉSIES | DE MADAME || DESBORDES-VALMORE. || Qua- trième Édition. || Paris, || Théophile Grandin, Libraire-éditeur, || Rue d’Anjou-Dauphine, N° 7, F. S.-G. || 1825. L’imprimeur a tiré ce titre avec la planche de l’édition de 1822. Il a simplement fait graver le mot Quatrième au lieu de Troisième, et fait changer en 5 le dernier chiffre de 1822. La présente édition est rarissime. L’exemplaire qui figu- rait à la vente Montesquiou, n’a pu être retrouvé. Celui que 84 QUATRIÈME ÉDITION BELGE DES POÉSIES M. Bertrand Guégan a fini par découvrir, porte l’étiquette d’un libraire de Lima. L’édition de Vroom doit être considérée comme une con- trefaçon. Elle reproduit intégralement et page pour page les Poésies données par Grandin en 1822. Quant à la deuxième partie du volume, que Vroom annonce à la page 241 par le faux-titre : Supplément ou Poésies nouvelles. Elégies, elle repro- duit textuellement le volume publié par Ladvocat en 1825, les cinq pièces suivantes exceptées : Quand il pâlit un soir et que sa voix tremblante (SOUVENIR, élégie) ; Qu’ai-je appris, le sais-tu ? Sa vie est menacée (A MA SCŒUR, élégie) ; Eh quoi ! c’est donc ici que tu devais m’attendre (LA VISITE AU HAMEAU, élégie) ; J’eus en ma vie un si beau jour (LE BEAU JOUR, romance) ;

Dans sa course brûlante (L’ORAGE, romance).

VII.

POÉSIES DE 1830



VII.

POÉSIES DE 1830 POÉSIES || DE MADAME || DESBORDES-VALMORE. || Paris. || A. Boulland, libraire-éditeur, || Rue Saint-Honoré, nº 199 ; || Librairie centrale, Palais Royal, || MDCCCXXX. Deux volumes in-8°. TOME I : 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre orné d’une grande vignette sur bois gravée par Andrew d’après Henry Monnier, au verso duquel on lit : Paris. Imprimerie et fonderie de G. Doyen, Rue Saint-Jacques, n° 38 ; titre orné d’une vignette sur bois d’après Henry Monnier, au centre duquel est inscrite la tomaison), et 555 pages ; les 5 dernières sont occu- pées par la table. TOME II : 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre et titre semblables à ceux du tome I), 510 pages (les quatre dernières sont occupées par la table) et 1 feuillet blanc. 4 figures hors-texte gravées sur acier et tirées sur Chine monté : " De l’air, de l’air au prisonnier…., , , gravée par Cousin d’après Tony Johannot (frontispice du tome 1) ; " Dans le demi sommeil où je tombe rêveuse… gravée par Durand d’après A. Deveria et datée de 1829 (en face de la page 295) ; “ Et le gravée par Frilley vieux prisonnier de la haute tourelle…. 113 88 POÉSIES DE 1830 d’après Abel Pujol (1) (frontispice du tome II) ; "Bon dogue, voulez-vous que je m’approche un peu ?, gravée par Frilley d’après Henry Monnier (en face de la page 90). Le texte, remarquablement imprimé, est orné d’initiales et de nombreux et jolis petits culs-de-lampe gravés sur bois qui se rapportent au texte. Couvertures ocre, ornées des vignettes des faux-titres dans un double encadrement de filets ; les seconds plats, ornés des mêmes encadrements, portent dans le bas le nom de l’impri- meur et au centre une petite vignette. Le papier n’est pas homogène de la première feuille à la dernière ; et dans tous les exemplaires du tome II, le dernier cahier est devenu complètement roux. Il a été tiré quelques exemplaires sur papier vélin fin. HISTOIRE DE L’ÉDITION BOULLAND. Dès l’année 1826, Marceline avait formé le projet de faire réimprimer par Ladvocat ses Elégies de 1825, auxquelles elle aurait adjoint des pièces nouvelles. Au mois de mars de cette même année, elle écrivait de Bordeaux à son oncle Constant : "Je viens de vous envoyer un gros rouleau de poésie par une occasion sûre, je le crois du moins. Vous le lirez, vous le jugerez, vous le remettrez ensuite aux soins de Monsieur de Latouche, qui s’est engagé à les livrer à Monsieur Ladvocat pour augmenter le dernier volume ou en faire disparaître de mauvaises choses. Obtenez-moi, je vous prie, des exemplaires, parce que beau- coup de personnes m’en demandent. Dites à Monsieur de La- touche qu’il ait cette bonté ; car pour moi, je ne connais pas le libraire, et je ne sais pas non plus à quoi je peux préten- dre pour le peu que je lui envoie, , (2). Le 21 juin 1826, ni Latouche ni Ladvocat n’avaient donné de leurs nouvelles, et Marceline reprenait la plume pour char- (1) Le peintre Abel de Pujol avait été le camarade de Constant Desbordes à l’atelier Gros. Il aimait beaucoup Marceline et composa pour quelques-uns de ses ouvrages d’assez jolis dessins. (2) Lettre publiée par Jacques Boulenger. POÉSIES DE 1830 89 ger son oncle Constant de s’occuper de ses vers et de leur impression : "On m’a dit que Monsieur de Latouche avait les vers que je destinais à l’impression et qu’il trouve mieux de garder pour une autre fois. Il ne nous écrit pas et je ne veux pas le fatiguer de nos lettres ; mais dites-lui, en le remerciant mieux que je ne ferais moi-même, qu’il devrait me faire en- voyer une épreuve pour que je regarde un peu comment on m’arrange:car ils font tout cela comme si j’étais morte (1). 12 Mais Ladvocat était pauvre, ce qui explique qu’il ait été plus prodigue de compliments que d’argent. Au mois d’avril 1827, il n’avait pas encore mis à l’impression les vers de Mar- celine; mais comme Pauline Duchambge et un certain M. Tissot lui demandaient son opinion sur le talent de la poétesse, il ouvrit un volume et, " lisant une pièce entière tout haut, il fit mille réflexions brusques et touchantes que Prosper Valmore eût été bien aise d’entendre…, (2). Ladvocat finit par offrir 2.000 écus (3) du manuscrit:du moins, c’est Marceline qui l’affirme; elle dit aussi qu’elle refusa cette offre à laquelle elle eût dû faire meilleur accueil. " Un nommé, Charles Durand, l’engagea, vers la fin de l’année, à traiter avec Mahler, " libraire très connu,. Alors commença pour Marceline une série d’aventures et d’infortunes que nous lui laisserons conter elle-même. Voici, d’ailleurs, ce qu’elle écri- vait de Lyon, le 27 janvier 1828, à son ami Duthillocul : "Dès le 15 décembre, j’avais vendu un manuscrit pour la somme de mille écus à M. Mahler, éditeur-libraire à Paris. J’en avais re- fusé 2.000, il y a huit mois à M. Ladvocat, Un homme, nommé Charles Durand, m’écrit de Paris, s’offre à me servir, me pro- pose son libraire (Mahler), me fait en ce nom très connu la proposition de 1.000 écus et me presse de lui envoyer sans délai mon manuscrit. Pleine de reconnaissance de ce souvenir d’un homme que j’avais vu deux fois à Lyon, je lui envoie ce (1) Publié par Arthur Pougin. (2) Lettre de Marceline à Prosper Valmore (Paris, 5 avril 1827). (3) A. Pougin croit qu’il faut lire " deux mille francs.. 90 POÉSIES DE 1830 qu’il me demande et j’attends… L’inquiétude succède par de- gré à ma confiance. J’entends mal parler de ce Durand. J’écris deux lettres à ce M. Malher ; pas de réponse. Notre député M. Jars part pour remplir sa mission et, plein de bonté pour nous, va chez les libraires. Il apprend que M. Malher, après avoir consenti au prix demandé, mais ne voulant traiter qu’avec moi, n’a plus revu ce chargé de mes pouvoirs dont il vient d’imprimer un cours d’éloquence. Enfin, c’est chez M. Ambroise Dupont que quelques renseignements le dirigent. Là, en effet, il a vendu le manuscrit pour mille francs et pour toujours. Cette somme reçue en billets à son ordre, il a disparu et je viens d’apprendre ce malheur, il y a trois jours, par M. Ambroise Dupont lui-même qui voyage dans le midi avec M. Tastu….. "Cet homme qui nous a tant trompés, a du talent. Il s’était fait le fondateur d’une Académie à Lyon. Il avait ouvert un cours d’éloquence. Il a l’air bon comme le pain, et il parle de la vertu avec des larmes dans les yeux. J’ai su de terribles détails depuis quelques jours. Il doit ici plus de 20.000 francs qu’il enlève d’une manière honteuse. J’avais encore le bonheur de croire que de tels êtres n’existaient pas. "M. Dupont, qui me paraît touché de ma confiance trop grande et par contre de la sienne propre, m’a offert 500 francs et la rupture de l’acte qui me lie pour la vie. Il fera une édi- tion à ses frais et me laissera ensuite la propriété des vers. J’en ai écrit à M. Jars que j’avais chargé de pouvoirs illimités, et son avis réglera ma conduite ; car c’est un homme de let- tres, et bon pour nous, comme vous, Monsieur, (1). Comme le libraire Ambroise Dupont ne se pressait pas de refaire le traité qu’il avait annulé, Marceline lui écrivit, le 29 mars 1828, pour lui rappeler sa promesse. Elle lui envoyait (1) Dans une lettre adressée de Lyon à Gergerès, le 6 avril 1828, Marceline donne une version quelque peu différente de cette histoire et en raconte le dé nouement. On notera que le manuscrit a été vendu 100 francs et non mille, comme dans la lettre à Duthilloul. " Le manuscrit est vendu pour toujours, à vil prix. Ce prix disparaît avec l’infortuné ; car il faut l’être pour en tromper d’autres. Enfin, j’attends. Je ne vois, après deux mois d’un silence accablant, qu’un libraire voyageur (Ambroise Dupont) qui vient en passant, me demande si j’ai reçu le prix… de ce traité, et il me montre cette triste conviction de ma doulouPOÉSIES DE 1830 91 des vers par la même occasion pour " les deux premiers vo- lumes qu’il était dans le dessein d’imprimer:il y en avait quatre cents que M. Jars se chargeait de classer (1). Nous n’avons pu savoir pourquoi Dupont n’avait pas donné suite à ses projets ; d’ailleurs cette période de la vie de Mar- celine est assez mal connue. L’éditeur Boulland finit par hé- riter des vers qui avaient changé de mains tant de fois; il publia deux éditions des Poésies de Marceline, qui sortirent des presses de l’imprimeur Doyen au mois de décembre 1829 (2), en même temps qu’un petit volume de vers pour les enfants, in- titulé : Album du jeune âge. - Au mois de septembre 1830, la faillite de Boulland fit perdre 1500 frs à Marceline, " somme immense, écrit-elle, pour le besoin que j’en ai, ,. Elle ne fit aucune démarche pour re- couvrir une partie de son dû et chargea simplement son ami Boitel, un pharmacien lyonnais qui habitait Paris, de reprendre au libraire qu’elle excuse et qu’elle plaint-la première partie d’une grande nouvelle en prose qu’elle terminait " en pleine sécurité, , (3). reuse aventure. Nous sommes restés aussi confondus l’un que l’autre. Mais comme c’est un homme d’honneur, il a rayé d’abord l’article pour toujours, au prix de cent francs et, de retour à Paris, il a dirigé la chose tout droit au Procureur du Roi. La famille du fugitif, alarmée de ses démarches dont les conséquences pou vaient être si graves pour un homme qui lui est cher, s’est jetée en avant du li- braire allumé et a rendu l’argent. On a excusé (ce que j’accepte de tout mon cœur) cet imprudent en parlant de distraction, de défaut d’ordre en affaires, et tout va à merveille présentement. (1) Lettre inédite envoyée de Lyon à Monsieur Ambroise Dupont, rue Vi vonne N° 16, à Paris, (Collection Gilbert Medioni). (2) Nous reparlerons de ces deux éditions (in-8° et in-16) à la fin de la notice consacrée aux Poésies de 1830. C’est l’édition in-8° qui est décrite en tête de cette notice. Voici comment elle a été annoncée à la Bibliographie de la France : 5 décembre 1829. N° 7243. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Vo- lume 11 (sic). In-8° de 32 feuilles 1 4, avec une planche. Impr. de Doyen, à Paris (1830).— A Paris, chez Boulland, rue Saint-Honoré, nº 199. Prix… 24 frs., " 19 décembre 1829, No 7000. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome Ier In-8° de 55 feuilles, plus une planche, Imprim. de Doyen, à Paris (1830). — A Paris, chez Boulland, rue Saint-Honore, no 199, Prix des deux volumes… 24 frs. Le deuxième volume a été annoncé sous le n° 7243., , (3) Lettre du dossier Mariéton analysée par Eugène Vial. 92 DÉPOUILLEMENT DE L’ÉDITION DE 1830. Elle contient 140 pièces qui avaient déjà paru dans les éditions antérieures et 64 pièces nouvelles. Les pièces qui avaient été imprimées dans les éditions de 1819, 1820, 1822 et 1825, sont les suivantes : La tristesse est rêveuse, et je rêve souvent (L’ARBRISSEAU). 16 IDYLLES : POÉSIES DE 1830 L’air était pur, la nuit régnait sans voiles (LES ROSES). Me voici… je respire à peine ! (LA JOURNÉE PERDUE). Dieu qu’il est tard ! quelle surprise ! (L’ADIEU DU SOIR). O quelle accablante chaleur ! (L’ORAGE). Viens, le jour va s’éteindre… il s’efface, et je pleure (LA NUIT). L’avez-vous rencontré ? guidez-moi, je vous prie (L’ABSENCE). Comme un enfant cruel tourmente la douceur (LE MIROIR). Que ce lieu me semble attristé ! (LE RETOUR AUX CHAMPS). Repris dans l’Almanach des Dames de 1834. Que fais-tu, pauvre Hélène, au bord de ce ruisseau ? (LES DEUX BER- GÈRES). Que je suis heureuse avec toi ! (LA JEUNE ÉPOUSE). Le soleil brûlait la plaine (LE RUISSEAU). Presse-toi, vieux berger, tout annonce l’orage (PHILIS). Et moi, je n’aime plus la fontaine d’eau vive (LA FONTAINE). Ce jour si beau, ma mère, était-ce un jour de fête ? (UNE JEUNE FILLE ET SA MÈRE). Eh quoi ! c’est donc ainsi que tu devais m’attendre ? (LA VISITE AU HAMEAU). Venez, mes chers petits ; venez, mes jeunes âmes (LE SOIR D’ÉTÉ). 51 ÉLÉGIES : Qu’est-ce donc qui me trouble, et qu’est-ce que j’attends ? (L’IN- QUIÉTUDE). POÉSIES DE 1830 93’Quelle soirée ! ô Dieul que j’ai souffert ! (LE CONCERT). Votre empire a troublé mon bonheur le plus doux (PRIÈRE AUX MUSES). Message inattendu, cache-toi sur mon cœur (LE BILLET). Repris dans les Femmes poètes, 1829. Je ne veux pas dormir, ô ma chère insomnie (L’INSOMNIE). Elle avait fui de mon âme offensée (SON IMAGE). Repris dans l’Alma- nach des Dames de 1827. Comme une fleur, à plaisir effeuillée (L’IMPRUDENCE). Inexplicable cœur, énigme de toi-même (LA PRIÈRE PERDUE). Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs (A L’AMOUR). Cette couleur autrefois adorée (LE RUBAN). Hélas que voulez-vous de moi (LES LETTRES). Qui m’appelle à cette heure, et par le temps qu’il fait ? (LA NUIT D’HIVER). Repris dans l’Almanach des Dames de 1827. Inconstance, affreux sentiment (L’INCONSTANCE). Du goût des vers pourquoi me faire un crime (A DÉLIE). Par un badinage enchanteur (A DÉLIE). Oui cette plainte échappe à ma douleur (A DÉLIE). Votre main bienfaisante et süre (LE SOUVENIR). Il est fini, ce long supplice ! (LA SÉPARATION). Adieu, mes fidèles amours ! (ADIEU, MES AMOURS). Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie (LA PROMENADE D’AUTOMNE). J’ai tout perdu ! mon enfant par la mort (LES REGRETS). Toi, dont jamais les larmes (A DÉLIE). Sombre douleur, dégoût du monde (LA DOULEUR). N’approchez pas d’une mère affligée (LES DEUX MÈRES). Repris dans l’Almanach des Dames de 1836. C’est en vain que l’on nomme erreur (LE PRESSENTIMENT). Repris dans le Tribut des Muses, 1825, dans les Femmes poètes, 1829 et dans la Perle s. d. J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu (ÉLÉGIE). Repris dans l’Alma- nach des Dames de 1831. Je m’ignorais encor, je n’avais pas aimé (ÉLÉGIE). Repris dans les Fem- mes poètes, 1829, sous l’ancien titre : les deux amours. Ma sœur, il est parti, ma sœur il m’abandonne (ÉLÉGIE), Repris dans l’Almanach des Dames de 1823 et dans l’Album des poètes contemporains, 1824. 1 94 POÉSIES DE 1830 Quoil les flots sont calmés et les vents sans colère (ÉLÉGIE). Peut-être un jour sa voix tendre et voilée (ÉLÉGIE). Qui, toi, mon bien-aimé, t’attacher à mon sort (ÉLÉGIE). Repris dans l’Al- manach des Dames de 1828. Le printemps est si beau. Sa chaleur embaumée (LE PRINTEMPS). Il m’aime. C’est alors que sa voix adorée (L’ATTENTE). Ne viens pas, non. Punis ton injuste maîtresse (L’IMPATIENCE). Dans la paix triste et profonde (L’INDISCRET). Pour la douzième fois, hier, sur ma demeure (LA FÊTE). Quoi, ce n’est plus pour lui, ce n’est plus pour l’attendre (L’ISOLEMENT). Mes yeux rendus à la lumière (L’ACCABLEMENT). Quand il pâlit un soir et que sa voix tremblante (SOUVENIR). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1826. Ah prends garde à l’amour ; il menace ta vie (A Mile GEORGINA NAIRAC). Son image, comme un songe (SOUVENIR). Que veux-tu ? je l’aimais. Lui seul savait me plaire (A MA SŒUR). Repris dans l’Almanach des Dames de 1826 et dans l’Almanach des Dames de 1838. Qu’ai-je appris ? Le sais-tu ? Sa vie est menacée (A MA SCEUR). Vous, dont l’austérité condamne la tendresse (POINT D’ADIEU). Toujours je pleure au nom de mon enfant (SOUVENIR). "Mère, petite mère., , Il m’appelait ainsi (LE RÊVE DE MON ENFANT). Que j’aimais à te voir, à t’attendre, Albertine (ALBERTINE). Te souvient-il, ma sœur, du rempart solitaire (LA GUIRLANDE DE ROSE-MARIE). Repris dans l’Almanach des Grâces de 1826 et dans la Cou- ronne des poètes vivants, 1827 (Sous les arbres vieillis du rempart solitaire..), puis dans l’Almanach des Dames de 1838. Vous dont la voix absente enhardit mon courage (A Mme SOPHIE GAY). On avait couronné la vierge moissonneuse (LE VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1825 sous le titre : L’A- veugle ou le Crieur du Rhône, et dans le Choix de poésies contempo- raines, 1829. Le vieux crieur allait contant l’histoire (LA SUITE DU VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Repris dans l’Almanach des Dames de 1826, et dans le Choix de poésies contemporaines, 1829. 52 ROMANCES : POÉSIES DE 1830 C’était l’hiver, et la nature entière (LE SOMMEIL DE JULIEN). En vain, l’Aurore (LE SOIR). 95 Petit portrait, tourment de mon désir (LE PORTRAIT). Non, tu n’auras pas mon bouquet (LE BOUQUET). pour trouver le bonheur, je me ferais bergère (LE CHIEN D’OLIVIER). Viens, mon cher Olivier, j’ai deux mots à te dire (L’AVEU PERMIS). Repris dans la Guirlande des Dames de 1823, et dans les Femmes poètes, 1829. O ma vie (DORS, MA MÈRE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826. Idole de ma vie (LE SERMENT). Repris dans les Contemporaines de 1825. Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore ? (LE RÉVEIL). Repris dans la Guirlande des Dames de 1824 sous le titre : Romance. Quand je t’écris à l’ombre du mystère (LE BILLET). Repris dans le Sou venir des Ménestrels de 1828 ; dans la Guirlande des Dames de 1827, sous le titre : Je vous écris, et dans celle de 1829, sous le titre : Quand je t’écris, avec musique de X. Désargus. O délire d’une heure auprès de lui passée (LE SOUVENIR). Embellissez ma triste solitude (IL VA PARLER). Repris dans la Guirlande des Dames de 1825. O douce Poésie (A LA POÉSIE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826, sous le titre : La Rêverie. Comme un bouton près d’éclore (LES TROIS HEURES DU JOUR). Comme une vaine erreur (L’ESPÉRANCE). Adieu, douce Pensée (LA FLEUR RENVOYÉE). Repris dans le Souvenir des Ménestrels de 1829, avec musique de Castellacci, puis dans la Couronne de Flore, 1837, sous le titre : La Pensée. On sonne, on sonne, on sonne encore (JE DORMAIS). Quand l’Amitié tremblante (REPRENDS TON BIEN). Vous souvient-il de cette jeune amie (LE PREMIER AMOUR). Repris dans la Guirlande des Dames de 1827. Oui, je le sais, voilà des fleurs (L’EXILÉ.) Reparaîtra dans l’Almanach des Dames de 1836 (Oui, je le vois, voilà des fleurs). Avec ta gente mie (GARAT À BORDEAUX). Repris dans la Guirlande des Dames de 1824 et dans l’Almanach des Demoiselles de 1829 sous le titre : Le Troubadour en voyage. 96 POÉSIES DE 1830 Douce nuit, ton charme paisible (A LA NUIT). Rive enchantée (A LA SEINE). A ma belle patrie (LA FIANCÉE). Pèlerine, où vas-tu si tard ? (LA PÈLERINE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826. L’heure du bal, enfin, se fait entendre (LE BAL). Distraite et malheureuse (CLÉMENTINE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1824 et dans l’Album lyrique, 1825 (signée : Dame Desbordes- Valmore). Cache-moi ton regard plein d’âme et de tristesse (LE REGARD). Ahl que le monde est difficile ! (L’ETRANGÈRE). Repris dans la Guir- lande des Dames de 1826 et dans l’Almanach des Demoiselles de 1826, avec musique de J. B. Woët. Adieu pour toujours (L’ADIEU). Viens, si tu veux rêver d’amour (LES SONGES ET LES FLEURS). Re- pris dans la Couronne de Flore, 1837. Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre (LE SECRET). Re- pris dans le Souvenir des Ménestrels de 1826, avec musique de E. Brugnière, et dans la Guirlande des Dames de 1826 et de 1829. Qu’as-tu fait d’un aveu doux à ton espérance ? (LA JALOUSIE). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1826. Il m’attend : je ne sais quelle mélancolie (LE RENDEZ-VOUS). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826. Hélasl que les vieillards savent de tristes choses ! (LES SERMENTS). Il a demandé l’heure : Oh ! le triste présage ! (BONSOIR). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1833, avec musique de Mlle Lecomte. Dans sa course brûlante (L’ORAGE). Dis-moi, fera-t-il beau demain ? (QUE JE TE PLAINS). Il le faut, je renonce à toi (LA SÉPARATION). Si ta marche attristée (C’EST MOI). Repris dans le Souvenir des Ménes- trels de 1827, sous le titre : Me vois-tu, m’entends-tu ? avec musique de Lélu ; dans la Psyché, 1829, dans l’Almanach des Demoiselles de 1831 et dans la Revue des Deux-Mondes, 1822, avec musique de Mme Ménessier-Nodier. Un moment suffira pour payer une année (UN MOMENT). Hélas ! que je dois à vos soins ! (LA RECONNAISSANCE). Repris dans l’Almanach des Demoiselles de 1826 sous le titre : La pénible reconnaissance, avec musique de Romagnési. POÉSIES DE 1830 S’il avait su quelle âme il a blessée (S’IL AVAIT SU). Désirer sans espoir (ON ME L’A DIT). Sans l’oublier, on peut fuir ce qu’on aime (SANS L’OUBLIER). Repris dans le Souvenir des Ménestrels de 1828, sous le titre : Le souvenir, avec musique de A. Andrade ; dans la Guirlande des Dames de 1829, et dans le Chansonnier des Grâces de 1829. Heureuses pastourelles (CELLE QUI NE RIT PAS). Je ne sais plus d’où naissait ma colère (JE NE SAIS PLUS, JE NE 97 VEUX PLUS). Le soleil de la nuit éclaire la montagne (LA VEILLÉE DU NÈGRE). Re- pris dans la Corbeille de Fleurs, 1826 (signé par erreur : M. le chevalier Lablée). Bon captif, la fée Urgande (A M. DE BÉRANGER). Repris en 1829 dans la Couronne poétique de Béranger, sous le titre : Si j’étais petit oiseau. Il est un bosquet sombre où se cache la rose (CHANT D’UNE JEUNE ESCLAVE). Un barde a vu sa reine fugitive (UNE REINE). De Thalie (A Mile MARS). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1826 et dans la Corbeille des Muses, 1827. ET 21 POÉSIES DIVERSES : Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ? (LE BERCEAU D’HÉLÈNE). Il est deux amitiés comme il est deux amours (LES DEUX AMITIÉS). Prête à s’élancer joyeuse (L’HIRONDELLE ET LE ROSSIGNOL). Un seigneur d’aimable figure (L’ORPHELINE). Adieu, Muse ! on me marie (UN BEAU JOUR). A l’heure où s’éteignait le chant de l’alouette (LE PASTEUR). Toi qui reçus par artifice (LA MONTRE). On accourt, on veut voir la mère infortunée (UNE MÈRE). Repris dans l’Almanach des Muses de 1823 et dans l’Hommage aux Dames de 1823. Par mon baptême, ô ma mere (LE PETIT ARTHUR DE BRETAGNE À LA TOUR DE ROUEN). Repris dans l’Almanach des Demoiselles de 1823 et dans les Femmes poètes, 1829. Sous les arbres touffus, naïves pastourelles (LA NYMPHE TOULOUSAINE). C’était jadis pour un peu d’or (CONTE IMITÉ DE L’ARABE). Humble fille de l’air, mouche bleue et gentille (LA MOUCHE BLEUE). Un tout petit enfant s’en allait à l’école (L’ÉCOLIER). Repris dans l’Hom- Image aux Dames de 1823 et dans l’Almanach de 1827. G. Cavallucci— Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 7 98 POÉSIES DE 1830 Il ne faut plus courir à travers les bruyères (CONTE D’ENFANT). Ohl qu’il ne fût, m’écrivait une amie (LE BILLET D’UNE AMIE). Tout perdu dans le soin de sa jeune famille (LE PÉLICAN, OU LES DEUX MÈRES). Venez bien près, plus près, qu’on ne puisse m’entendre (LE PETIT MENTEUR). Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs (LES DEUX ABEILLES). Tremblante, prise au piège et respirant à peine (LA SOURIS CHEZ UN JUGE). D’une sourde blessure encor faible et malade (FABLE IMITÉE DU RUSSE). Un bruit de fête agitait mes compagnes (LE BAL DES CHAMPS, OU LA CONVALESCENCE). Repris dans l’Almanach des Dames de 1830. La pièce de 1819 qui a été supprimée en 1820, n’a pas été reprise en 1830, non plus que les deux pièces de 1819 et 1820 supprimées en 1822. Seule l’une d’elles : Aimable chien, fidèle et bon Médor (MÉDOR) a reparu en 1836 dans l’Almanach des Dames. Sept pièces de 1822 on été également supprimées en 1830 : Adieu fauvette, adieu ton chant plein de douceur (A MA FAUVETTE). Reprise dans l’Almanach des Dames de 1830 et dans l’Almanach des Dames de 1836. Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable (LE PARDON). Ce n’est plus une vague et trompeuse espérance (C’EST LE BONHEUR, C’EST TOI). Laure offrait à genoux (CLÉMENTINE À MARIE). Repris dans la Guir- lande des Dames de 1824 et dans les Femmes poètes, 1829 (sous le titre : Prière à Marie). Tout pour l’amour (L’ÉCHO). Reprise dans la Guirlande des Dames, 1823. Elle s’en va la douce pastourelle (LA PASTOURELLE). Reprise dans l’Al- manach des Demoiselles de 1829. Tes mépris, ton inconstance (A UN TROMPEUR). Quatre pièces de l’édition de 1825 ne se retrouvent pas non plus dans l’édition Boulland : J’eus en ma vie un si beau jour (LE BEAU JOUR). Seule avec toi dans ce bocage sombre (LE SOIR). Il était dans le monde une goutte d’eau pure (LA GOUTTE D’EAU). Salut, rivage aimé de ma timide enfance (LE RETOUR À BORDEAUX). PIÈCES NOUVELLES. POÉSIES DE 1830 SEPT ÉLÉGIES, disséminées parmi les pièces ci-dessus (1-7) : 1. Toi qui m’as tout repris jusqu’au bonheur d’attendre (ÉLÉGIE). 2. Il fait nuit, le vent souffle et passe dans ma lyre (ÉLÉGIE). Dans l’Album N° 9 de la Bibliothèque de Douai, cette élégie porte en sous-titre : "imitation d’anglais. „ 3. Il avait dit un jour : Que ne puis-je auprès d’elle (ÉLÉGIE). 4. Dicu ! créez à sa vie un objet plein de charmes (PRIÈRE POUR LUI). 5. Dusses-tu me punir de rompre la première (ÉLÉGIE). 6. O fleur du sol natal ! O verdure sauvage. A Monsieur D. (LA FLEUR DU SOL NATAL). Duthilloul, d’abord juge de paix, puis bibliothécaire de la ville de Douai, fut le protecteur infatigable de Félix, ce frère indigne et malheureux de Marceline. Je trouve une note d’Hip- polyte Valmore ainsi conçue : "En mai 1824 ma mère, alors à Bordeaux, reçut de Douai un petit panier rempli de mousse fraîche où s’étaient conservées des fleurs des champs cueillies sur les remparts de la ville à l’entrée de la porte Notre-Dame, Il était envoyé par M. Duthilloul., , (Pougin, La jeunesse de Madame Desbordes-Valmore). 99 En réponse à cet envoi gracieux, Marceline composa la présente élégie qui porte la dédicace : A Monsieur D. " Je n’avais, pas osé, écrit-elle à Duthilloul, mettre votre nom tout entier à la Fleur du sol natal., , (Lyon, 12 janvier 1830. Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). Cette poésie parut le 1 avril 1828 dans le Mémorial de la Scarpe, le journal de Duthilloul. Marceline se souvenait donc 100 POÉSIES DE 1830 des fleurs de Douai, quatre ans après avoir quitté Bordeaux ! Elle ne les avait pas encore oubliées en 1833, puisque, remer- ciant Duthilloul d’un article sur les Pleurs, elle lui écrivait : J’ai reçu les émotions que m’ont apportées à Bordeaux les fleurs de Douai (que j’ai toujours) et qui m’ont fait du bien jusqu’à m’en faire du mal, car j’en étais demeurée stupide de joie…., , (Lettre publiée par J. Boulenger). 7. Oui, nous allons encore essayer un voyage (A MES ENFANTS). Parue d’abord dans le Kaleidoscope, 1827, sous le titre : Le départ, cette poésie fut écrite par Marceline peu avant qu’elle ne quittât Bordeaux. Du printemps 1823 au printemps. 1827, elle y avait passé quatre années qui furent les plus tran- quilles, sinon les plus heureuses de sa vie. Le 5 décembre 1827, elle écrivait de Lyon à son fidèle ami Gergerès, qui était avocat et bibliothécaire à Bordeaux : "Adieu ! car bien que je vous aime, vous n’êtes pas le seul qui m’attiriez par la pensée à ce charmant Bordeaux, où il ne manque que des bancs hospitaliers dans les promena- des, des Savoyards ramoneurs surveillés par la ville, et de l’eau ! de l’eau ! de l’eau !… autre part que dans la rivière. Attendez, je vois cela, je crois, en latin : Onda ! Onda ! Onda ! Onda ! Onda ! Onda !… plus ou moins. Vous les arrangerez. Mais vos incendies glacent de terreur et d’étonnement, par le peu d’eau qui coule. Vous souvenez-vous de ce tapage d’artistes que nous fîmes, un soir, à vos oreilles, en criant : " Des bancs ! des Sa- voyards ! des pompes !, Je mourais de fatigue. 11 Marceline ne cesse de regretter Bordeaux. En 1829, elle écrit encore à Gergerès : "Votre Bordeaux m’a gâté toutes les autres villes. Malgré toutes les démarches qu’elle entreprit pour faire engager son mari au Grand Téâtre, les Valmore ne purent jamais retourner dans cette ville où ils avaient laissé tant d’amis ; et Marceline s’en plaint à nouveau en 1832, quand la famille se prépare à quitter Lyon pour Rouen : "Puisqu’il fallait enfin remettre cette frêle barque aux vents, pourquoi ne pas nous ramener à Bordeaux ?, , A défaut de la ville qu’elle POÉSIES DE 1830 101 ne peut revoir, il lui faut des nouvelles de la ville : "Je veux, écrit-elle de Lyon à Gergerès, le 17 janvier 1835, je veux, comme disent les rois ou les enfants malades, un détail de tout Bor- deaux, de Bordeaux illuminé de soleil, pavé de sable blanc et d’huîtres, et rose du reflet de son vin qui calme et anime l’es- prit., , En 1845, sa fille Inès, la petite bordelaise, est malade, et Marceline gémit encore de ne pouvoir revenir à Bordeaux : " Notre chère Inès est toujours si malade qu’un voyage seul à Bordeaux lui rendrait la santé perdue à l’ombre de mes chagrins…Nul changement ne survient dans la santé de ma chère Inès. Il lui faudrait Bordeaux et son soleil (Lettres re- cueillies et annotées par Hippolyte Valmore). A Bordeaux, Marceline menait ses enfants au jardin pu- blic, " vert comme poirée, grand, superbe et tranquille, ; elle leur apprenait, sous les grands arbres, les jeux de son en- fance, ceux auxquels elle avait elle-même joué à Douai. Elle leur enseignait à chanter : Inès avait une "voix mélodieuse, , , Ondine chantait "comme un rossignol (1). TRENTE-SEPT POÉSIES DIVERSES (8-44). 8. Minuit ! l’année expire, et l’année est éclose (LA PRE- MIÈRE HEURE DE L’ANNÉE). 9. D’où venez-vous, couple triste et charmant ? (LES DEUX RAMIERS). Publiée dans le Kaleidoscope, 1826 ; dans la Psyché, 1826 ; dans le Memorial de la Scarpe, 1826 ; et dans l’Almanach des Muses de 1831. Cette poésie se trouve dans l’Album N° 1 de la Biblio- thèque de Douai ; elle y est datée : "Paris, 13 avril 1823 „. (1) Le 14 décembre 1828, Marceline mandait de Lyon à Gergerès : "… Ces anges (ses enfant-) me font une petite cour d’amour, , où la poésie se glisse quel- quefois. Ils composent des vers à mourir de rire, et Valmore n’y tient pas. D’après tout ceci, vous jugerez qu’il y a mille moments heureux pour moi dans cette re- traite mélancolique… » 17 102 POÉSIES DE 1830 Peu après l’avoir écrite, Marceline l’envoya à Duthilloul en l’accompagnant d’un mot charmant : "…Je me dépêche, avant d’être alitée moi-même, de vous envoyer le tribut de cette tendresse que je nourris pour mon pays regretté. L’amour que je lui porte va souvent jusqu’à la douleur ; car je m’en sens si loin, si séparée… Enfin, Monsieur, je juge qu’au mi- lieu de votre doux et heureux ménage, Les ramiers que je vous envoie trouveront un gracieux accueil. Ce petit tableau d’une vraie amitié vous fera un moment sourire et quelqu’un vous répondra, (Lettres inédites de Douai). Trois ans après, Marceline reprenait ses vers et en don- nait une nouvelle version. En les adressant sous leur nouvelle forme à son oncle Constant, elle lui mandait : "Voilà ce que je vous envoie : cette lettre et Les deux ramiers que j’ai faits cet hiver d’après nature : ils étaient bien jolis et amoureux comme en plein été, , (Lettre publiée par A. Pougin). 10. Quand les cloches du soir dans leur lente volée (LES CLOCHES DU SOIR). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1829, sous la signa- ture : Mme Duboidet-Valmore (sic) ; cette pièce fut reprise dans le Chansonnier des Grâces de 1832. Frédéric Lepeytre, secrétaire de la Mairie de Marseille, avait promis à Marceline que sa fiancée, M¹le Blanc, mettrait cette poésie en musique. Lepeytre s’était marié, et Marceline attendait toujours la musique. Le nouveau marié s’en étant excusé, la poétesse lui fit cette réponse exquise : "Pourquoi dites-vous que je suis un peu fâchée contre les Cloches du soir en quoi que ce soit ? En vérité, Monsieur, quand je ne vous serais pas redevable d’un procédé qui me touche jus- qu’aux larmes pour notre pèlerin anglais (il s’agit ici de Williams, le professeur d’anglais de Marceline, à qui Lepeytre venait de donner de l’argent pour qu’il pût se rendre en Al-, gérie), quand je ne serais pas liée à votre ménage par cette action d’une éternelle et douce mémoire, me viendrait-il en pensée d’être surprise de ce que l’état nouveau de votre bien-aimée femme la dérobe un peu aux arts que moi-mêmə POÉSIES DE 1830 103 cultive si peu ?, (Lettre de Lyon, 6 mars 1831, publiée par H. Valmore). Lepeytre resta pour les Valmore l’ami le plus obligeant et, en maintes circonstances, leur rendit des services considé- rables. Sans l’argent qu’il leur envoya pendant leur malheureux voyage en Italie, ils n’auraient peut-être jamais pu rentrer en France. Et ce qu’il y a de plus extraordinaire dans tout ceci, c’est que cet ami dévoué n’entretint avec les Valmore que des rapports épistolaires et qu’il ne les vit jamais ! 11. Image de la mort, effroi du tendre amour (AU SOMMEIL). Publiée d’abord dans la Psyché 1827, et dans le Mémorial de la Scarpe, 1827. 12. D’où vient-il ce bouquet oublié sur la pierre ? (LE BOUQUET SOUS LA CROIX). Publiée d’abord dans le Kaléïdoscope, 1827 ; dans le Mémorial de la Scarpe, 1827 ; dans les Annales Romantiques, 1827-1828, où cette poésie est dédiée à H. de Latouche ; dans le Chansonnier des Dames de 1830, avec musique de Font- vanne, et dans le Chansonnier des Grâces de 1830. Elle a été réimprimée en 1837 dans la Couronne de Flore sous le titre : Rose et lilas blanc ou Le bouquet sous la croix. "Dans les mots que j’ai soulignés, écrit M. J. Boulenger (les trois derniers vers de la 4ème strophe et les deux derniers de la 5ème), on a voulu trouver des allusions, douteuses d’ailleurs, fort douteuses, sous prétexte que la pièce est dédiée à Latouche, (Marceline Desbordes-Valmore. Sa vie et son secret). Nous sommes de l’avis que Marceline songeait bien à Latouche quand elle a composé ces vers. Pour s’en convain- cre on n’a qu’à lire l’épigraphe de la poésie A Monsieur A. de L., signée " H. de Latouche, , et extraite de Clément XIV et Carlo Bertinazzi, le roman de Latouche paru en 1827, que Marceline préférait entre tous. "Quand je suis seul en voyage, et que sur ma route près d’un village, au carrefou 104 POÉSIES DE 1830 d’un bois, je rencontre une chapelle, une croix, une madone, j’y dépose un bouquet ou bien une prière pour toi ; je demande Le Bouquet sous la croix, écrit peu tout ce que tu désires après la publication de ce roman, reprend le sujet indiqué }}’par Latouche. Le Bouquet sous la croix fut mis en musique par un com- positeur douaisien, du nom de Colin : "Monsieur Colin, notre compatriote, écrivait Marceline le 25 janvier 1831, m’a fait parvenir une jolie romance de lui (Le bouquet sous la croix) et je lui ai témoigné tout le plaisir que j’en ai ressenti en lui envoyant en retour les Ailes d’ange, que je l’ai prié de vous remettre quand il en aura fait la musique (Lettre inédite à Duthilloul, Bibliothèque de Douai). 11° 13. Quand je me sens mourir du poids de ma pensée (L’ABSENCE). 14. Oui, je vais le revoir, je le sens, j’en suis sûre (LE PRÉSAGE). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1828 ; dans l’Almanach des Muses de 1829, où elle est signée:Mme Marceline Desbordes ; dans l’Almanach dédié aux Dames de 1829; dans les Annales Romantiques de 1829. Reprise dans l’Hommage aux Dames de 1831. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la correspondance de Marceline pour être surpris de la foi absolue qu’elle avait dans les présages, les songes et la Providence. Voici, d’ail- leurs, en quels termes elle parle de ses songes à Mle Mars : "Mille causes m’ont rendue superstitieuse et confiante dans mes rêves ; ils ne m’ont jamais trompée,. (Lyon, 2 juin 1829). Mais feuilletons au hasard cette correspondance : Valmore, engagé à Bruxelles, avait reçu un accueil"brutal, de ce peuple que l’on ne peut aimer pour lui-même, ; Marceline le console et lui rappelle qu’elle " avait bien rêvé, en effet, qu’elle voyait des nuages sombres sur Bruxelles et qu’elle le lui avait fait remarquer, (Paris, 8 septembre 1840). Quelques POÉSIES DE 1830 105 jours après, elle écrit à son mari à propos de l’inondation de Lyon qui avait pris les proportions d’un désastre : "Si tu étais à Lyon seul ou avec nous, que serions-nous à présent ? La Providence nous en a éloignés à temps, (17 novembre 1840). Le surlendemain, elle mande à son mari : "J’ai un fond de sécurité qui ne peut venir que d’en haut, et ma tristesse plie au milieu de tous les événements, comme si je n’avais aucun fâcheux résultat à en redouter, (19 novembre 1840). Voici encore une citation empruntée aux lettres de novembre 1840 le lecteur aura remarqué que nous avons limité nos extraits à l’automne de cette année-là- : "Mon bon Prosper, je ne peux me défendre de pressentiments meilleurs. Tu seras à nous, nous à toi, , (Paris, 26 novembre 1840). Ce sentiment de l’amour qui peut influer sur les événe- ments de la vie, embellir et transformer tout ce qui nous entoure, Marceline l’avait déjà exprimé en 1833 dans son roman qui a pour titre:L’Atelier d’un peintre. Ondine a décou- vert qu’Yorick ne l’aimait pas et qu’il aimait une autre femme. Accablée de tristesse, elle regarde autour d’elle, dans cet atelier, ces mêmes objets si beaux, si animés hier, qu’elle retrouve à présent si voilés, si froids ! Les toits ruissellent de neige fondue, comme sous une avalanche ; les nuages pendent, on le dirait, à la hauteur du couvent, chargés d’une neige nou- velle, comme un large voile blanc étendu devant le soleil. Les dernières feuilles du treillage de la fenêtre d’Elisabeth s’envolent, jaunes et humides, dans un tourbillon de janvier; des frag- ments de nids d’hirondelles partent en lambeaux dans cette haleine destructive… (L’Atelier d’un peintre, tome II, ch.XV). 15. Le voilà cet écrit qu’ont demandé mes larmes (LE MESSAGE). 16. Parti ! Fut-elle donc pour moi seule charmante (ÉLÉGIE). Dans cette pièce la pauvre Marceline se demande pour- quoi son amant ne l’aime plus. Ne serait-ce point par son trop grand amour qu’elle aurait rebuté celui qu’elle aime, par cet amour qui croyait inutiles les artifices de la coquetterie ? 106 POÉSIES DE 1830 17. Un jour, écoute, un jour, j’étais bien malheureuse (ÉLÉGIE). 18. Il fait nuit. Le front triste et couvert de poussière… (LE PAUVRE PIERRE). Publiée d’abord dans le Mercure du XIX siècle, 1825, sous forme de fragments et avec un commentaire de H. de Latouche ; un nouveau fragment est publié dans le Mercure de 1826, sous le titre : La vallée d’Aoste. La pièce est publiée en entier dans l’Almanach des Dames de 1828, puis reprise dans l’Almanach des Dames de 1831 (Un soir d’automne au coucher du soleil). Le Docteur Alibert dans sa Physiologie des Passions, et précisément dans la chapitre sur le Courage, avait conté l’histoire du Pauvre Pierre, en prévenant le lecteur, au début de sa nouvelle, que le Pauvre Pierre avait réellement existé, que c’était un exalté, une espèce de philosophe stoïcien : "Dans son fol enthousiasme pour Zénon, il avait adopté la doctrine du stoïcisme… Par effet du hasard, l’hôpital Saint Louis servait alors de refuge à plusieurs gens de lettres, que d’amers souvenirs tourmentaient, aussi bien que les infirmités de la vieillesse. On remarquait, entre autres, parmi les indi- vidus qui assistaient aux leçons de notre philosophe, le labo- rieux traducteur de toutes les œeuvres de Bacon, un juriscon- sulte retiré depuis lontemps… Il y avait enfin un peintre assez habile et quelques artistes plus ou moins estimables Marceline reprend fidèlement, dans son poème, cette péni- ble histoire ; mais elle y ajoute deux personnages nouveaux, merveilleusement esquissés : le lépreux inspiré par le Lépreux de la cité d’Aoste de Xavier de Maistre, dont la première édition française avait paru en 1817, et la jeune fille malheu- reuse que le Pauvre Pierre rencontre souvent dans le jardin solitaire du saint hospice et pour qui Marceline n’est rede- vable à personne. POÉSIES DE 1830 107 Dans le numéro du Mercure du XIX siècle (1825, page 529) M. de Latouche publie des fragments encore inédits du poème avec ce commentaire : "C’est dans l’hôpital Saint Louis, vers la fin de l’année 1812, que le Pauvre Pierre fut accueilli. Son existence n’est point une fiction. Il employait l’éloquence de ses paroles à consoler les infirmes. Souvent dans le silence des nuits, ce mystérieux indigent, qui peut-être avait été un poète, élevait des plaintes touchantes… Pierre avait rencontré plus d’une fois dans les jardins de l’hospice une jeune fille qui avait coutume d’y cacher sa douleur. Cet épisode du poème en est le morceau le plus frappant. C’est là que l’auteur a ras- semblé toute la grâce et tout le pathétique qui sont le carac- tère de son beau talent… etc. Il faut remarquer que Latou- che révèle la date où se passe l’histoire du Pauvre Pierre vers la fin de 1812-tandis qu’Alibert ne donne pas ce détail. La connaissait-il ? L’avait-il apprise de Marceline ? On est sûr toufefois que la jeune fille qui traînait son secret dans l’humide solitude du cloître est la poétesse elle- même. C’est en effet vers la fin de 1812 que Marceline délaissée de son amant, repoussée par son oncle Constant, accablée de remords et de craintes, se rendait souvent à l’hôpi- tal Saint-Louis, où le bon docteur Alibert, médecin en chef, lui soignait le corps et l’âme. Connaissant le talect et le goût de la poétesse, Alibert l’avait introduite dans le cercle d’écri- vains et d’artistes qu’il avait abrité dans cet hospice. Ce fut peut-être la publication de la Physiologie des Passions, en 1825, qui l’aurait décidée à fixer dans des vers touchants le souvenir de ces tristes jours. M. Guégan dit à ce propos : " Comment pourrait-on expli- quer, si Latouche était l’amant, que Marceline l’eût prié de présenter cette histoire ? Comment pourrait-on expliquer qu’il l’eût accepté ?, , Nous nous permettons, cependant, de faire remarquer que Marceline, foncièrement bonne, avait déjà pardonné à son amant volage. Au Pauvre Pierre qui lui demande pour qui elle prie, la jeune femme répond : 108 POÉSIES DE 1830 81 … Pour l’auteur de mon crime ; Pour que Dieu soit content d’une seule victime ; Pour qu’un être si cher, entraîné par l’amour, Ne soit pas avec moi condamné sans retour. Latouche, dans son commentaire du Mercure, nous dit "ranimé sous aussi que le peintre Constant Valmore avait de nobles traits, le stoïcien du portique Saint-Louis, aux leçons duquel il avait peut-être assisté. Ce tableau fut offert à Victor Cousin par Marceline qui lui était reconnaissante pour un prêt de 500 frs. accordé à son oncle (Lettre de Marce- line à son mari, du 18 juillet 1839). Voici, maintenant, la lettre que Marceline écrivait de Bordeaux à son oncle, au sujet de cette pièce (28 février 1826): …J’ai prié M. Alibert de vous revoir. Je lui ai écrit, par occasion, en lui envoyant à la fin le Pauvre Pierre, auquel il ne pense plus. N’importe ! Il lui appartient ; bon ou mau- vais, il faut maintenant qu’il s’en contente. Vous le recevrez dans peu de jours, avec d’autres poésies dans lesquelles M. de Latouche, qui ne se lasse pas d’être toujours bien pour nous, choisira ce qu’il faut livrer à l’impression pour satis- faire à la demande de M. Ladvocat.. Je vous demande en grâce de ne pas rêver de punition trop terrible de la part de Dieu et pas plus pour vous que pour moi, qui en ai tant d’effroi. Comme homme, comme oncle, et j’ose presque dire comme père, vous m’avez pardonné. Croyez-vous que Dieu soit moins bon qu’un père ? qu’un oncle ? qu’un homme ? Oh ! mon oncle, c’est impossible à croire !….. Je n’ai qu’une chose à vous dire, c’est qu’il faut effacer ce que je croyais de mieux dans Pierre, parce que vous m’aviez dit vous-même qu’il par- donna au nom de Dieu ; car si cette idée m’abandonne encore une fois, je ne veux plus ni manger ni dormir; je ne veux plus de pension, car elle ne doit en effet appartenir qu’à la vertu sans un seul reproche. Si Dieu nous en voulait de haine, vous n’auriez pas une seconde de bonheur ni de bien dans ce qui rend la vie supportable. Il vous aime donc, mais il ne veut pas, je crois, de ces craintes excessives qui dénaturent ses promesses. POÉSIES DE 1830 109 Le 21 juin 1826, elle écrivait encore de Bordeaux, à son oncle : "Il faut qu’il (Latouche) obtienne de M. le libraire (Ladvocat) qu’il fasse mettre deux lignes en note au bas du Lépreux, que cette faible copie est un hommage, ou quelque chose comme cela, rendu à l’auteur du Lépreux de la cité d’Aoste. Et à propos, si le Pauvre Pierre n’est pas adressé à M. Alibert, croyez-vous qu’il soit content ? Arrangez cela selon son goût ; car d’un autre côté c’est bien peu de chose à lui offrir 19. Une autre le verra, tendre et triste auprès d’elle (LE PRESSENTIMENT). 20. Laisse ! j’ai vu tes yeux, dans leur douce lumière (LE REGARD). Publiée d’abord dans le Keepsake français, 1830. 21. Vous à peine entrevus au terrestre séjour (AUX ENFANTS QUI NE SONT PLUS). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1827. Se trouve aussi dans l’Album nº I de la Bibliothèque de Douai, avec ce sous- titre:Imité d’un sermon protestant; la pièce y est datée de (1 Bordeaux 1826 22. Avec l’aube toujours ta plainte me réveille (L’IDIOT). Publiée d’abord dans l’Almanach des Dames de 1828. 23. Des roses de Lormont, la rose la plus belle (REGRET). Publiée d’abord dans l’Abeille du Parnasse, sans date. Cette poésie a été écrite en souvenir de Georgina Nairac morte le 6 janvier 1825. Se reporter à la note qui commente la poésie intitulée : A Mile Georgina Nairac. 24. C’est ici… Pardonnez, je respire avec peine (LE RETOUR CHEZ DÉLIE). 110 POÉSIES DE 1830 Publiée d’abord dans les Annales Romantiques, 1827-1828. Un fragment en avait déjà été publié dans le Mémorial de la Scarpe (1826), avec un fac-similé de l’écriture de Mme Des- bordes-Valmore et cette note que nous transcrivons : "Lavater en voyant cette écriture aurait dit qu’elle était celle d’une personne douce et très sensible ; ce moëlleux que l’on remar- que dans les formes, lui aurait révélé de la facilité, de la grâce ; l’incertitude de certains traits lui aurait fait penser que l’ima- gination de l’écrivain pouvait avoir quelque chose de vague et de rêveur… « Les trois étés pendant lesquels Marceline » s’exila sur des rives sans fleurs écrit M. Bertrand Guégan, sont ceux des an- nées 1810 1811 1812. Marceline les passa à Rouen après la naissance de son fils (lettre à Félix du 24 décembre 1811), non loin de ses deux sœurs : Eugénie, dont le mari était con- tremaître dans une filature des Andelys, et Cécile, qui avait épousé un filateur à Charleval. Elle habita sans doute quelque temps, rue Ancrière, chez sa sœur Eugénie qui avait quitté les Andelys (voir dans les Poésies Posthumes la pièce intitulée : A Rouen, rue Ancrière) ; elle fit d’ailleurs plusieurs séjours aux Andelys et à Charleval, vint une fois à Paris à la fin de 1812 (voir la note du Pauvre Pierre), mais elle ne revint dé- finitivement à Paris qu’en mars 1813 ; le mois suivant, elle dé- butait à l’Odéon. 31 1 "Nous nous sommes souvent demandé, écrit M. Lucien Descaves dans le Frère de Marceline (Les Œuvres libres, jan- vier 1932), si cet enfant (le fils de Marceline), censément né à Paris et dont l’acte de naissance n’a jamais été produit, ne serait pas venu au monde à Rouen, soit dans les environs, où Marceline aurait caché sa grossesse, fait ses couches et séjourné trois ans durant. C’est peut-être alors que l’acteur Jeuclier aurait servi de père, pour rendre service à sa cama- rade de théâtre. Nos recherches sur la vie de Marceline nous avaient amené à la même conviction ; mais nous attendions d’avoir compulsé l’état-civil de Rouen et de quelques villages situés aux alentours des Andelys pour tâcher d’offrir à nos lecteurs une certitude au lieu d’une hypothèse. Nous n’avons POÉSIES DE 1830 111 pas encore eu la possibilité de faire ces recherches. Disons, cependant, qu’à notre avis, si Marceline séjourna chez Eugénie Drapier, elle dut faire ses couches chez sa sœeur Cécile. Une pièce des Poésies posthumes, dédiée à Cécile, nous paraît jus- tifier cette hypothèse : L’orage avait grondé, ma tête était brûlante, Et ma tête vers toi se tourna sans effort ; Tu ne m’avais pas dit : " Je veille sur ton sort ; l’entendis en moi dans cette heure accablante. Quand tous m’offraient leur vie en courant à la lète, Tu ne m’offris rien, toi, mais tu m’as tout donné. Après avoir donné le jour chez Cécile à son fils Marie- Eugène, Marceline aurait mis l’enfant en pension chez Eugénie (qui paraît avoir été la marraine), et, pendant trois ans, elle serait restée en Normandie, près de son fils,. (Bertrand Gué- gan, ouvrage cité, II, pp. 376-377). Dans une lettre à Lepeytre (15 février 1832) où Marceline se dépeint à cet ami qui ne la connaissait pas personnelle- ment, nous relevons ces lignes :….Quand je suis seule, j’ap- partiens au passé. Plus il me fait de mal, plus il me rentraîne, et plus il me fait peur de l’avenir qui se présente à moi comme inévitablement malheureux, errant, tout composé d’habitudes et de liens brisés….. Et puis j’ai des jours légers, radieux, inno- cemment fortunés, des jours d’enfance retrouvés. Heureuse d’un rien, jamais malheureuse à demi, ,. Cette dernière pensée était une réminiscence du vers 84 du Retour chez Délie. 25. Toi que l’on plaint, toi que j’envie (ÉLÉGIE). Cette pièce parut d’abord dans les Annales Romantiques de 1826, sous le titre : La vieille indigente ; puis, sous le même titre, dans l’Hommage aux Dames de 1828. Se trouve aussi dans l’Album non numéroté de Douai sous le titre : La vieille mendiante. 112 POÉSIES DE 1830 Cette poésie pourrait être celle à laquelle fait allusion Marceline dans une lettre inédite adressée " à M. Degeorge, aux bons soins de M. Pagnerre "…..Gardera-t-on La prière de la vieille femme ? Un seul mot à ce sujet, s’il vous plaît, et n’en soyez pas en peine : j’en ai le placement pour un recueil de jour de l’an ou un journal au mois 11° 26. Quand le fil de ma vie (hélas ! il tient à peine) (ÉLÉGIE). 27. Mon beau pays, mon frais berccau (LA VALLÉE DE LA SCARPE). Publiée par fragments dans le Mémorial de la Scarpe, en 1828 et 1830. Marceline s’adresse dans ce long poème à son frère Félix et lui rappelle un épisode de leur enfance qu’elle a raconté tout au long sous le titre : "Just et Agnès en voyage pour aller chercher la liberté,. Hippolyte Valmore, qui pré- para en 1865 l’édition des Contes et scènes de la vie de fa- mille, où ce récit figure, a fait précéder la nouvelle de sa mère de la note que l’on va lire : "Tout enfant, Marceline était, en effet, partie à pied pour aller chercher la liberté. C’était la divinité du moment que cette liberté. M. Desbordes, qui tenait cachés sous la pierre du foyer les titres de noblesse et de propriété d’une grande famille alors expatriée, parlait avec respect de la liberté, et cette grande figure était restée pure et sainte pour tous les siens. L’image qu’un paysan avait pu se faire autrefois d’une reine n’était pas plus fantastique que celle qui se présentait à l’esprit des enfants quand on leur parlait de la nouvelle Notre-Dame-de-Délivrance, vers qui tous les cœurs naïfs s’é- taient un moment tournés. Plus tard, dans un récit resté in- complet, Marceline a rappelé ce trait d’illusion charmante de ses jeunes jours. Elle avait déjà l’intelligence secrète de la vraie charité, la charité personnelle. Le dévouement qui la portait toute sa vie à voir un créancier dans un malheureux, remuait déjà sa poitrine et semblait la pousser en avant. "Voici le fragment, malheureusement bien court, de ce POÉSIES DE 1830 récit. Nous le donnons parce qu’il y a là un trait de caractère, et parce qu’il explique l’élégie dédiée à La vallée de la Scarpe. Elle et son frère, autre naïf, sont déjà en route et rencontrés par l’oncle Jean (le peintre Constant Desbordes. Dans le récit, Marceline s’appelle Agnès et donne le nom de Just à son frère Félix) : " —…Puis-je savoir ce qui me procure l’avantage de vous rencontrer à cette heure, en habits de voyage, hors des portes de la ville ? Toi Just, qui parais t’être mis à dessein sur la dé- fensive avec ton casque en papier d’or et ton baudrier de la même étoffe, parle. Voilà de plus un sabre de bois qui sent le soudard d’une lieue. A quelle intention, par ce temps ma- gnifique et sur cette route où l’on n’entend plus que les oi- seaux chanter ? 113 "-C’est pour Agnès qui est petite, mon oncle, et qui a peur des loups ; nous allons là-bas chercher la liberté. Dame. "-Ah ! diable ! dit l’oncle Jean qui avait fait son tour de France et qui savait à quoi s’en tenir sur la liberté en que- stion. Où croyez-vous donc qu’elle soit la liberté ? "-Elle est à Paris, mon oncle, et voilà son portrait, ré- pondit Just avec une entière confiance, en montrant le médaillon qui pendait au cou d’Agnès, tenu par un large ruban tricolore. "-Et vous y allez aussi, ma petite amie ? -Oui, mon oncle Jean. "-Vous me donnez vraiment envie d’en être, dit-il, et, regardant machinalement l’énorme médaillon, il vit en effet sous la figure enluminée le nom de l’artiste et celui de la rue où se trouvaient ces images à la mode. "-Et qu’en ferez-vous après l’avoir trouvée ? -Nous la rapporterons au prisonnier de la tour Notre- i "--Vous le connaissez ? -Oui, nous le voyons passer ses mains à travers les barres, et il nous envoie ses amitiés quand Agnès lui fait la révérence. "Le cœur d’Agnès commençait à se gonfler sans qu’elle pût articuler une parole. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 8 114 POÉSIES DE 1830 "-Mais saurez-vous le chemin pour aller et revenir ? insista l’oncle Jean.. " —Nous demanderons, mon oncle, et si vous voulez ve- nir avec nous, vous nous ramenerez avant le coucher du soleil. "L’oncle Jean ne put se défendre d’être attendri des bon- nes intentions des voyageurs ; mais jugeant à propos de remet- tre l’exécution du projet à une autre fois, il songeait en lui- même au moyen d’en détourner les enfants sans les affliger, lorsqu’il aperçut un officier de hussards, cheminant à cheval sur la route et qui logeait, dans ce pays de guerre, chez le riche propriétaire du perron doré, père de Ferdinand. Le parti de l’oncle Jean fut pris à l’instant même. Conduisant les en- fants vers le colonel qui le saluait cordialement, il se décou- vrit, et lui raconta en ces termes le projet de voyage des pe- tits Flamands, et le motif qui le leur faisait entreprendre : "-Voici, dit-il, monsieur le colonel, deux enfants saisis de l’amour de la liberté, qui ont mis dans leur tête d’aller la chercher à Paris, où l’on assure qu’elle habite en ce moment. Vous devez savoir de plus que ces innocents n’ont pas d’autre intention, dans cette grande entreprise, que de rapporter la liberté à un pauvre diable enfermé dans la tour Notre-Dame, pour avoir manqué à l’appel : ce qui fend le cœur des petites créatures. Si j’osais comme votre humble voisin, et comme oncle du frère et de la sœur entraînés dans cette grande aven- ture, vous prier de faire sortir ce pauvre soldat, vous épar- gneriez un voyage lointain à ces jeunes chevaliers errants qui vont se perdre peut-être dans la capitale, sans un liard dans leur poche. Vous sauveriez de plus à madame Aldenhoff (c’est le nom que, dans ce récit, Marceline donne à sa mère, Ca- therine Desbordes) la surprise du départ de ses deux enfants, qu’elle doit déjà chercher en ce moment avec d’affreuses in- quiétudes. "Le colonel de hussards, que les enfants regardaient de tous leurs yeux, prit la main du jeune peintre et lui dit qu’il croyait pouvoir promettre la liberté du soldat, en considéra- tion de ses défenseurs. Sur ces propos qui les amusaient, en dépit de l’air grave des quatre auditeurs arrêtés sur la POÉSIES DE 1830 115 route, il souleva vant lui sur son doucement Agnès de terre, et la plaça de- cheval, la ramenant ainsi comme en triomphe à sa ville natale, mais au petit pas pour ne point s’éloigner de Jean qui tenait Just par la main. Just émerveillé de voir Agnès à cheval, et le soldat en bon train de sortir de la tour, marchait fièrement entre son oncle et le cheval dont il n’a- vait pas peur. "Le soleil dardait ses fils d’or brûlants sur leurs têtes et les cuisait ; la moisson s’inclinait devant eux ; Just, frôlant les tiges, égrenait les blés, et les paysans, en voyant luire l’épau- lette sur le cheval qui portait Agnès, enfonçaient leurs faucil- les dans la terre et soulevaient lentement leur chapeau, pen- sant mille choses du groupe qui s’en allait d’un pas solennel vers la ville. "Ah ! ah ! disait Just, le paysan voit que mon oncle connaît le colonel ; il voit que je suis le frère d’Agnès assise sur le cheval du colonel, et il ne courra plus sur moi avec sa fourche en l’air quand je traverserai le champ de pommes de terre pour m’amuser, ah ! ah ! "Il n’était pas mal ambitieux le petit Just. (Scènes et Contes de la Vie de famille, édit. Garnier, tome II, pp. 331 — 335). 28. J’étais enfant : l’enfance est écouteuse (A MES SŒURS). Marceline écrit dans Huit Femmes, recueil de nouvelles qu’elle publia en 1845 chez Chlendowski : "….Plus tard encore, ne pouvant rien faire de mieux que d’écouter, durant les longs jours d’une traversée tantôt ardente, tantôt brûmeuse, je lais- sais passer devant moi de nouveaux fantômes, vrais ou ima- ginaires, qui le sait ? Je les évoque à mon tour, altérés, mo- difiés, dans le sommeil de ma mémoire qui les a logés sans (tome I, p. 7, les bien connaître, mais qui les aime encore… " Mon retour en Europe). 29. Rentrons, mes chers enfants ; de la foule éplorée (UN JOUR DE DEUIL). 116 POÉSIES DE 1830 Marceline a dû composer cette pièce de circonstance à Bordeaux, peu après la mort du général Foy, survenue le 26 novembre 1826. On lit dans l’étude de M. Courteault : "En septembre 1825, Marceline avait vu passer à Bordeaux le gé- néral Foy, qui revenait avec sa femme des eaux des Pyrénées. Il descendit à l’hôtel de France… Il y reçut les hommages des libéraux bordelais, à qui il exprima ses regrets de la mort récente de Balguerie-Stuttenberg. Il visita incognito la ville. Mais sa présence ayant été connue, il fut l’objet, le 5 sep- tembre, d’une manifestation organisée en son honneur par les musiciens amateurs de la société du Muséum. Ils lui don- nèrent le soir, après le spectacle, une sérénade, et la foule cria : Vive le roi ! Vive la Charte ! Vive le général Foy ! tandis qu’on lui offrait une couronne de lauriers et d’immortelles. La police laissa faire. Le lendemain, le général et sa famille s’embar- quèrent sur le bâteau à vapeur la Marie-Thérèse. La foule se pressait sur le quai. Le général gagna le bateau à pied et fut l’objet d’une ovation enthousiaste. Les musiciens amateurs, placés sur le pont, jouèrent à son arrivée : Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille, tandis qu’on criait : Vive le général Foy ! L’ancre fut levée au son des symphonies qui retentirent dans toute la rade et annoncèrent le départ du héros législateur. 30. Vous voilà bien riant, mon amour. Quelle joie (LE PETIT OISELEUR). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1827, sous le titre : Le petit oiseleur et sa mère et dans le Kaléïdos- cope, 1827. 31. Quel bruit ! Quel triste bruit s’échappe de la ville ? (UN BRUIT D’AUTREFOIS). Cette piece parut d’abord dans le Kaleïdoscope, 1827, et le Mémorial de la Scarpe, 1827. Le comte de Peyronnet, ministre de Charles X, était l’au- teur de la loi sur la presse qui fit condamner Béranger, le 8 POÉSIES DE 1830 117 décembre 1821, à trois mois de prison et 500 francs d’amende. C’est sans doute à cette loi sur la presse que Marceline fait ici allusion. Peyronnet fut, d’ailleurs, condamné plus tard à six ans de prison qu’il fit au fort de Ham. 32. Quoi ! Béranger ! quoi ! l’ami de la France (LA PRE- MIÈRE CAPTIVITÉ DE BÉRANGER). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1827 (La poésie, non signée, y est suivie de cette note : "Ah ! que nous voudrions être l’auteur de cette pièce de vers !, , LA RÉDACTION). La Captivité est signée dans le Kaleidoscope de 1829. Cette poé- sie parut également, le 11 novembre 1828, dans le Mémorial de la Scarpe, sous le titre : " Béranger (inédit) mars 1822 ; la note suivante accompagne la pièce de Marceline : "La muse douaisienne nous envoie de Lyon ces vers touchants, qu’elle laissait depuis six ans dormir dans son portefeuille ; vers en tout dignes de Béranger. Les nouvelles poursuites exercées contre le premier poète de l’époque, donnent à ce morceau un air de nouveauté, qui accroîtra encore l’intérêt qu’il ne pouvait manquer d’inspirer à tout lecteur sensible. Nous reproduirons ci-dessous, d’après A. Pougin (La jeunesse de Mme Desbordes-Valmore), la lettre que Béranger écrivit à Marceline pour la remercier de ses vers : "Madame, Si j’avais conservé quelque ressentiment des persécutions qu’on m’a fait éprouver, il se dissiperait à la lecture des vers charmants que vous avez bien voulu m’adresser. Je suis tout glorieux d’avoir inspiré une muse aussi distinguée et dont les produc- tions m’avaient déjà fait passer de si doux instants. C’est en vers que je devrais et même que je veux répondre à des té- moignages si enivrants d’un intérêt que j’étais loin d’attendre. Mais il faut que j’encourage longtemps ma musette avant de la déterminer à traiter le sujet que la reconnaissance m’inspire. Il n’est pas facile d’exprimer tous les sentiments et il est des éloges d’autant moins aisés à faire qu’ils sont plus générale- ment sentis. N’attribuez donc, Madame, je vous prie, le retard que j’y mets qu’à l’admiration que j’ai pour vos ouvrages. Ne voyez pas dans ce mot un simple échange de choses flatteuses. 118 POÉSIES DE 1830 Le mérite de votre élégie et de votre romance est l’affaire de mon cœur ; mais bien précédemment mon amour pour le na- turel et pour la belle poésie m’avait rendu cher votre livre plein de grâce et de délicatesse. "Permettez-moi donc, Madame, de remettre à quelque bon moment de vous prouver de nouveau le plaisir et la re- connaissance que m’ont inspirés vos beaux vers. "J’ai l’honneur d’être, Madame, avec les sentiments les plus distingués d’estime et de dévouement, Votre très humble serviteur, BERANGER. 11 33. Un ministre du ciel courbé sous les offrandes (LE MENDIANT, imité de l’anglais). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1826, puis dans le Kaleidoscope, 1827. Autant Marceline aime les églises, autant elle éprouve d’a- version pour les prêtres et les cérémonies du culte. Elle ne parle que rarement des prêtres dans sa correspondance, elle en parle encore moins dans sa poésie, et ce n’est, chaque fois, que pour afficher un anticléricalisme indigne d’elle, mais bien dans la tradition des républicains de 1848. Rappelons ce vers saisissant : "Le prêtre est là marquant le prix des funérailles et l’histoire de l’abbé Goguillon que la révolution avait chassé de Douai. Ce dernier s’était enfui à Ypres. A demi mort de fatigue et d’inanition, il entre dans une église et implore la pitié d’un prêtre qui venait d’officier. " Celui-ci, raconte l’abbé Goguillon, se détourna pour serrer ses ornements et ses burettes d’argent, où il restait encore assez de vin pour ranimer mes forces épuisées. Puis, me faisant du doigt un signe empreint douloureusement dans ma mémoire, il me dit: Nous avons nos pauvres !, , (l’Atelier d’un peintre). Par contre, Marceline ne passe presque jamais devant une église sans y entrer; elle écrit à son frère : "Nous avons été bien malheureux, Félix. Cela rachètera-t-il quelques fautes assez POÉSIES DE 1830 119 amères déjà par elles-mêmes ? Demande cela, cher soldat blessé, à ton confesseur, en me mettant aussi à ses genoux. Moi, je ne me confesse ici qu’à Dieu. Je n’entre aux églises que quand elles sont désertes et profondes. J’y vais souvent à ce compte ; car toujours, tu le sais, le cœur m’y a poussée d’une manière irrésistible, et je n’en suis jamais loin, quand même je serais arrêtée par un travail moins pieux., (Lettre inédite du 22 avril 1849, conservée à la Bibliothèque de Douai). Dans son journal d’Italie, nous lisons encore sous la date du 19 juillet 1838 : " J’use de la liberté mélancolique d’errer, de parler, de pleurer, le long de ces rues désertes, de ces maisons inconnues, de ces églises hospitalières où je me pré- cipite comme si j’entrais par une porte dérobée dans la mai- son de mon père. Là, je suis bien sûre que l’on m’entend. Se mettre à genoux, signer son front et rester tristement sur quelque marbre d’où personne n’a le droit de vous éloigner, c’est une grande douceur que je partage avec toi ; car ton cœur est dans le mien., (Rivière. Fragment d’album inédit, Mercure de France, 1910). 34. Un ruisseau, frais enfant d’une source cachée (LE DERVICHE ET LE RUISSEAU). Publiée d’abord dans l’Almanach des Demoiselles de 1820 ; dans la Psyché, 1826 ; dans le Mémorial de la Scarpe, 1826 ; dans les Annales Romantiques de 1827-1828 et dans la Guir- lande des Dames de 1829. Cette pièce est imitée d’un Apologue oriental en prose, publié lui aussi sous le titre : "Le derviche et le ruisseau dans le Kaleïdoscope de 1825-1826. Voici le texte de cet apo- logue, signé Hoang-Kin-Pouf : "Dans une province de la la Chine (c’était, je crois, sous le règne du grand Scha-a-Baam) un Lettré publiait à la fin de chaque lune la revue exacte de ce qui s’était passé pendant la lune précédente. Le mandarin de la province, qui craignait sans doute de voir censurer les actes de son autorité, voulut inquiéter le Lettré pour lui faire abandonner son entreprise. 120 POÉSIES DE 1830 Celui-ci, loin de se décourager, fut trouver le fonctionnaire public. O mandarin, lui dit-il, écoutez un apologue : "Dans un bocage délicieux serpentait paisiblement un ruisseau dont les eaux limpides, roulant en flots argentés sur un fin gravier, portaient la vie et la fécondité dans les cam- pagnes d’alentour. Un derviche, dont la cellule était voisine et qui se désalterait chaque matin dans le cristal de la source, s’avisa un beau jour de trouver que le doux murmure de l’onde troublait son sommeil et ses pieuses méditations. Le ruisseau avait une pente trop prononcée pour qu’on pût songer à le faire changer de direction. L’anachorète, après avoir bien rêvé, crut avoir trouvé un excellent moyen de faire cesser le bruit qui l’importunait ; il souleva une grosse pierre et vint la poser juste au milieu du courant. Qu’arriva-t-il ? L’onde, arrêtée un instant par ce léger obstacle, l’eut bientôt franchi ; mais au lieu du faible murmure qu’elle faisait entendre auparavant, elle se précipita en cascade écumeuse, et son fracas fut tel qu’il força le der- viche désappointé à déserter sa paisible retraite. "Le mandarin avait de l’esprit, il comprit l’apologue ; mais les annales de la Chine ont oublié de dire s’il ne suscita pas d’autres tracasseries au pauvre Lettré., , 35. Juin parfumait la nuit, et la nuit transparente (LE VER LUISANT). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1826 ; dans la Psy- ché, 1826 ; dans le Mercure du XIXe siècle, 1829 ; dans la Guirlande des Dames, 1829 (L’été régnait aux champs, et la nuit transparente). Cette pièce a été réimprimée dans l’Hom- mage aux Dames de 1829, de 1830 et de 1832, avec la signa- ture : Dame Marceline Valmore. 36. Las des fleurs, épuisé de ces longues amours (LE PAPILLON MALADE). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1825, sous le titre : A un vieillard ; dans le Kaleidoscope, 1825-1826 (Un papillon dans sa vieillesse) ; puis dans l’Almanach des POÉSIES DE 1830 121 Muses de 1826, la Corbeille de Fleurs, 1826, l’Hommage aux Demoiselles de 1826, l’Almanach des Demoiselles de 1828 et les Femmes poètes, 1829. 37. Levez-vous de bonne heure, enfants, disait un sage (LE SAGE ET LES DORMEURS). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1828, et dans le Mémorial de la Scarpe, 1828. 38. Un enfant avait mis les bottes de son père (LE PETIT AMBITIEUX). Cette poésie a été écrite à Lyon, en novembre 1828 (Cf. la lettre publiée par l’Intermédiaire des Chercheurs). 39. Je sais lire, ô bonheur ! ô clarté ! Je sais lire (LE BILLET). Cette pièce a été réimprimée dans le Chansonnier des Grâces de 1831. 40. Viens mon jeune époux (L’EXIL). La pauvre Marceline n’a jamais cessé de se plaindre de la vie errante, à laquelle elle était condamnée et dont elle ne pouvait prendre son parti. Menacée de quitter Lyon (au mo- ment sans doute où elle composait l’Exil), elle écrivait à Du- thillul : " Vous n’imaginez pas comme c’est triste d’errer toujours. N’ayant rien de stable, rien à soi, c’est toujours vers sa ville mère que l’on se rejette,… comme si elle voulait de nous., , (Lyon, 2 mars 1829, lettre inédite conservée à la Bi- bliothèque de Douai). En 1831, elle écrit à Me Mars : "Les autorités, comme il arrive en province, ne prêtent nul appui aux artistes, et chacun a la triste liberté du grand chemin., , (Lyon, 5 mai 1831 ; dans Rivière, Correspondance intime). A peine installée dans une nouvelle ville, elle se préoc- cupe déjà du départ : " Tout me paraît encore une fois nou- veau, dans cette ville, écrit-elle de Rouen en 1832, et je cher122 POÉSIES DE 1830 che à m’appuyer avec cette arrière-pensée triste, que ce n’est ici, comme partout, qu’en passant., (Lettre du 7 septembre 1832, adressée à Lepeytre). Les voyages à cette époque étaient particulièrement péni- bles. En juillet 1835, Marceline se rendit de Grenoble à Saint- Jean-le-Vieux, pour rendre visite à son vieil ami le député Jars. "J’ai pensé mourir cette nuit-là, dit-elle à son mari. Nous étions huit dans l’intérieur. Inès et mes deux paniers sur les genoux, une femme du peuple étendue sur mon épaule, des arrosoirs, des balles de savon, six chapeaux pendus aux filets, des parapluies et des jambes de géants, partout, quinze personnes sur l’imperiale. Enfin, j’ai été forcée de descendre et de faire autant de chemin que possible à pied, pour ne pas étouffer dans cet affreux cabanon, Quand on arrive la nuit, il faut souvent attendre le jour dans une cour ou une auberge froide : "Nous sommes arri- vés cette nuit, la troisième, à trois heures et demie, après un temps déplorable qui coupait les yeux au pauvre postillon et aux chevaux… Personne n’était levé dans Paris à cette heure, et nous avons attendu jusqu’à huit, pour venir nous réchauf- fer au cœur et au feu de Caroline. (Lettre du 6 avril 1837). On comprend que Marceline ait écrit à Lepeytre : "Voya- gez peu, s’il est possible., , (Lyon, 30 mars 1829). 17 41. Quoi, Daniel ! à six ans vous faites le faux brave (LE PETIT PEUREUX). Publiée en 1830 dans le Mémorial de la Scarpe. En même temps que cette pièce, Mme Desbordes-Val- more envoyait la lettre suivante à une amie dont le nom ne nous est point connu : "Je vous envoie, Madame, Le petit Da- niel. Votre valeureux enfant me trouvera bien insolente d’avoir donné son nom au peureux qui se laisse mordre par derrière, lui qui a regardé, l’autre été, une couleuvre sans frémir. Mais vous lui direz que je n’ai pas voulu l’offenser, que je suis pleine d’estime pour son courage, comme je suis pleine d’amitié pour sa charmante mère. Votre humble servante Marceline. (Collection H. de Favreuil à Lille). 3 POÉSIES DE 1830 123 Une lettre inédite, qu’on peut lire à la Bibliothèque de Douai, nous apprend que le jeune enfant dont il est question dans Le petit peureux s’appelait Daniel Duphot, et que la lettre précédente était adressée à sa mère. Voici quelques passages de la lettre de Douai : "Lyon, 30 mai 1830. A Madame Duphot… L’aimable madame Favier change aussi et me paraît toucher plus au ciel qu’à la terre. Elle va quitter Lyon. Y resterai-je après elle ? Je l’ignore… J’aime toujours Daniel et son courage… " 11 42. Sous les mêmes zephyrs, sous les mêmes orages (LES DEUX PEUPLIERS). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1829, puis dans l’Almanach des Dames de 1830. Voici la lettre qui accompagnait l’envoi de cette poésie à Duthilloul : " Cher Monsieur, au nombre des vœux ardents que j’ai faits pour vous, en retour de vos bontés et nobles procédés, j’insiste pour que vous soyez bien heureux en amitié. Je dois à ma chère Albertine de Douai, de me l’avoir fait con- naître dans toute son étendue et sa pureté ; aussi je prie bien souvent pour elle et je sens aussi bien souvent que je l’ai perdue. "….Je vous envoie une petite romance ; c’est toujours un souvenir de mon pays qui me l’a fait écrire., , (Lyon, 2 mars 1829. Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). 32 Plus de vingt-cinq ans après avoir composé ces vers, Mar- celine se les rappelait encore, et elle écrivait à son amie Pau- line Duchambge : "…Tu sais la suite dont les mots m’échap- pent, mais qui devaient dire : "Nous pleurerons toujours, nous pardonnerons et nous tremblerons toujours. Nous sommes nées peupliers. (Lettre du 19 avril 1856 publiée par Boyer d’Agen). 43. Vois-tu, mon bel enfant, venir un pèlerin ? (L’EXILÉE). 44. Ne me fais pas mourir sous les glaces de l’âge (PRIÈRE). 124 POÉSIES DE 1830 VINGT ROMANCES (45-64) : 45. Je reviens à vos pieds, Marie (L’ORAISON). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1828, puis dans le Mémorial de la Scarpe, 1828. Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1838, sous le titre : A Marie. 46. Hélas, je devrais le haïr ! (SON RETOUR). 47. De ses fuseaux légèrement blessée (LA PIQÛRE). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1829 (Pour mon malheur, elle est coquette, Isaure). 48. Je vous défends, châtelaine (LA JEUNE CHÂTELAINE). Publiée d’abord dans la Psyché, 1826, sous le titre La châ- telaine ; dans le Kaleidoscope, 1826, et dans le Chansonnier des Dames de 1828. 49. Qu’attend-il sur la route (NOTRE-DAME D’AMOUR). Cette pièce parut dans le Mémorial de la Scarpe, 1828. 50. Non ! je ne verrai plus de si belle vallée (LA VALLÉE). 51. Tristesse amère (LA FIANCÉE DU MARIN). 52. Regarde-le, mais pas longtemps (REGARDE-LE). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope de 1827. 53. Ma sœur, il ne faut me blâmer (JE L’AI VU). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1826. 54. Puisque tu vas, Angélique (LE CALVAIRE). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1828 ; dans le Mer- cure du XIX siècle, 1829 ; dans l’Almanach dédié aux DaPOÉSIES DE 1830 125 mes de 1830 ; dans l’Almanach des Muses de 1830, sous la si- gnature" Mme Marceline Valmore, , et dans les Annales Ro- mantiques de 1830. Cette poésie se trouve aussi dans l’Album n° 9 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est suivie de la men- tion : "Lyon, 30 mars, dimanche des Rameaux, 1828., , Mar- celine a intercalé cette romance dans Violette, le roman qu’elle publia en 1839 chez l’éditeur Dumont. 55. Que ce rameau béni protège ta demeure (L’ANGE ET LE RAMEAU). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1827 ; dans le Mercure du XIX siècle, 1828 ; dans l’Almanach des Muses de 1829 ; dans l’Almanach dédié aux Dames de 1829 ; dans le Chansonnier des Grâces de 1829. Cette poésie a été reprise dans la Couronne de Flore, 1837, sous le titre:Le rameau (Respect). 56. Ermite, votre chapelle (LE BON ERMITE). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1826 ; dans le Mémo- rial de la Scarpe, 1826 ; dans le Souvenir des Ménestrels, 1827 avec musique de A. Andrade ; dans le Chansonnier des Grâces de 1827 ; dans la Guirlande des Dames de 1828 et de 1829, avec la même musique. 57. Pour aller en Galice (PÈLERINAGE). Cette pièce parut d’abord dans le Kaleidoscope, 1827 ; dans le Mémorial de la Scarpe, 1827 ; dans le Mercure du XIXe siècle, 1827 ; dans l’Almanach des Demoiselles de 1829; dans l’Al- manach des Dames de 1829. Cette romance, qui a été repro- duite dans le Keepsake américain, 1831, se trouve encore dans Violette (Paris, Dumont, 1839). 58. Je voudrais aimer autrement (L’ESPOIR). 59. Une jeune et blanche novice (LA NOVICE, imité de Moore). 126 POÉSIES DE 1830 Publiée d’abord dans le Kaleïdoscope, 1826 ; dans la Psyché, 1826 ; dans le Mercure du XIX siècle, 1826 ; dans l’Alma- nach des Muses de 1827 ; dans le Chansonnier des Grâces de 1827 et dans l’Almanach dédié aux Dames de 1828. 60. Vous demandez si l’amour rend heureuse (L’AMOUR). 61. Eglantine ! humble fleur comme moi solitaire (ÉGLAN- TINE). Publiée dans la Guirlande des roses, 1830 ; dans le Chanson- nier des Grâces de 1831 ; dans la Couronne de Flore, 1837 (Vous persuadez mon cœur). 62. Tu t’en vas ? Reste encore (LE PRISONNIER DE GUERRE). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1829. 63. T’ai-je vu chez mon père (RÉPONDS-MOI). Dans l’Album n°9 de la Bibliothèque de Douai, cette poésie est datée du "Lundi 20 juillet 1829. Sainte Marguerite 64. Mon seul amour ! embrasse-moi (LE DERNIER RENDEZ- VOUS).

Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1829.

VIII.

POÉSIES DE 1830
IN-16


POÉSIES || DE MADAME DESBORDES-VALMORE. || Tome premier (second et troisième) || Paris. || A. Boulland, libraire-éditeur, || Rue Saint-Honoré, nº 199. || Librairie centrale, Palais-Royal. || MDCCCXXX.

Trois volumes in-16 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Paris, Imprimerie et fonderie de G. Doyen, rue Saint-Jacques, n° 38, et titre), 432 pages (la dernière chiffrée par erreur 513) et 1 feuillet blanc, pour le tome 1 ; de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre et titre), 366 pages et 1 feuillet blanc, pour le tome II ; de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre et titre), 381 pages et 1 feuillet blanc pour le tome III.

4 figures gravées sur acier et tirées sur Chine monté : " Dans le demi-sommeil…, , gravée par Durand d’après A. Devéria, datée de 1829 (frontispice du tome 1) ; "Bon dogue, voulez- vous… gravée par Frilley d’après H. Monnier (frontispice du tome 11) ; " Et le vieux prisonnier…., , gravée par Frilley d’après Abel Pujol (frontispice du tome III) ; "De l’air, de l’air au pauvre prisonnier…., gravée par Cousin d’après Tony Johannot (en face de la page 179). 128 POÉSIES DE 1830 Enregistrée dans la Bibliographie de la France du 18 dé- cembre 1829 (1). Cette édition contient exactement les mêmes pièces et les mêmes gravures que l’édition en 2 volumes in-8° Les pièces y sont, d’ailleurs, rangées dans le même ordre. Les poésies inédites occupent le tome III. (1) " N° 7601. Poésies de Madame Desbordes — Valmore. Trois volumes in-18 ensemble de 35 feuilles 5/8 plus 3 planches. Imprim. de Doyen à Paris.-A Paris, chez Boulland., , On notera que la Bibliographie de la France n’annonce que 3 planches, au lieu des 4 que nous avons rencontrées dans les exemplaires que nous

avons examinés.

IX.

POÉSIES INÉDITES DE 1830


POÉSIES INÉDITES | DE MADAME || DESBORDES VAL- MORE. | Paris. || A. Boulland, libraire-éditeur. || Rue Saint- Honoré, Nº 199.|| Librairie Centrale. Palais-Royal || DCCCXXX. (sic). Couverture bleu marine imprimée. Enregistré comme suit dans la Bibliographie de la France du 19 décembre 1829 : "Poésies inédites de Madame Desbor- des-Valmore. In-18 de 10 feuilles 2/3, avec une planche. Im- primerie de Doyen à Paris-A Paris, chez Boulland., , Ce volume n’est autre que le tome III de l’édition précé- dente (n° VIII) avec une nouvelle couverture. Les bibliographes et les libraires ne sont point d’accord pour classer les trois éditions parues chez Boulland en 1830, l’in-8° en deux volumes, l’in-16 en trois volumes et les Poé- sies inédites de format in-16. Si l’on baptise édition originale celle qui a été mise en vente la première, ce titre revient à l’édition in-8° ; car son tome II a été annoncé à la Bibliographie de la France le 5 dé- cembre 1829 (n° 7243), alors que l’édition in-16 et les Poésies inédites n’ont été annoncées que le 19 décembre (nºs 7602 et 7603), en même temps toutefois que le tome Ier de l’édition in-8°. Cependant, le fait que ces six volumes avaient été impri- més par G. Doyen et qu’ils avaient tous paru en décembre 1829, G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 9 130 POÉSIES INÉDITES DE 1830 nous avait naturellement induit à penser que nous n’avions pas à faire à des compositions typographiques différentes, mais bien à une réimposition : les Poésies inédites n’étaient-elles point déjà le tome III de l’in-16 sous une nouvelle couverture ? En réalité, il ne s’agit pas exactement de réimposition ; mais la composition typographique est strictement la même pour l’in-8° et l’in-16. L’in-8° a 22 lignes à la page : comme l’in-16 n’en pouvait contenir que 18 en raison de sa hauteur, l’imprimeur a rejeté 4 vers à la page suivante. Les initiales et les culs-de-lampe sont les mêmes dans les deux éditions ; parfois cependant un cul-de-lampe de l’une des éditions ne se retrouve pas dans l’autre, parce que l’espace resté blanc à la fin du poème n’était pas assez grand pour l’admettre. Les titres courants sont les mêmes. La seule différence réside dans le corps des faux-titres et des titres de départ : ils sont plus petits dans l’in-16 en raison du format. Ayant établi que nous nous trouvions en présence d’une composition unique, il nous restait à déterminer l’édition qui avait été tirée la première. Nous nous fondions dans cette re- cherche sur les lettres qui, intactes dans une édition, auraient été cassées ou écrasées dans l’autre. Un examen minutieux nous a permis de conclure que certaines feuilles de l’in —8° ont été tirées avant les feuilles correspondantes de l’in-16 ; dans d’autres cas, et presque aussi souvent, c’est l’inverse qui s’est passé. Les deux éditions ont donc été tirées rigoureuse- ment en même temps, et, à moins de se reporter aux annon- ces singulières de la Bibliographie (1), l’in-16 a le même droit que l’in-8° d’être considéré comme l’édition originale. Les Poésies inédites ne sont, en somme, qu’une super- cherie d’éditeur. Quant à l’album A mes jeunes amis, dont nous parlerons au prochain chapitre, c’est un choix de pages empruntées par le même imprimeur à la composition typo- graphique qu’il avait établie pour l’édition in-16. (1) On trouvera le texte de ces annonces dans une note de la page 91. Le ré- dacteur de l’annonce du 5 décembre 1829 a commis une erreur inimaginable,

ainsi que le lecteur a dû le remarquer.

X.

À MES JEUNES AMIS


À || MES JEUNES AMIS || Mme Desbordes-Valmore. || Paris, || A. Boulland, Libraire, Rue Saint-Honoré, nº 199. || Et à la Librairie Centrale Palais Royal. || 1830.

In-12 de VIII pages préliminaires chiffrées en romain jusqu’à X (faux-titre : Album || du Jeune Âge. || portant au verso : Paris. — Imprimerie et fonderie de G. Doyen, Rue Saint-Jacques, n° 38, et Avertissement), 305 pages et 1 feuillet non chiffré de table.

Titre gravé par Aubert et George, pour la calligraphie, avec une vignette (trois enfants près d’un rocher sur lequel est écrit : Album || du || Jeune Âge), gravée sur acier par Frilley d’après Henry Monnier, et 3 planches : « De l’air, de l’air au prisonnier… » (en frontispice) ; « Et le vieux prisonnier de la haute tourelle… » (en face de la page 29) ; et « Bon dogue, voulez-vous… » (en face de la page 223). Ces trois dernières planches sont des retirages sur blanc des figures des Poésies de 1830.

Le titre gravé est compris dans la pagination des pages préliminaires, bien qu’il ne soit qu’encarté dans le cahier, ainsi que le frontispice.

La figure de la Vallée de la Scarpe manque à la plupart des exemplaires de ce recueil rare. 132 A MES JEUNES AMIS Enregistré dans la Bibliographie de la France du 26 décembre 1829 (n° 7689) (1). Ce recueil est un choix de 38 pièces extraites de l’édi- tion de 1830 et qui sont destinées aux enfants : C’est en vain que l’on nomme erreur (LE PRESSENTIMENT). Vous à peine entrevus au terrestre séjour (AUX ENFANTS QUI NE SONT PLUS). Avec l’aube toujours ta plainte me réveille (L’IDIOT). Mon beau pays, mon frais berceau (LA VALLÉE DE LA SCARPE). J’étais enfant, l’enfance est écouteuse (A MES SŒURS). Rentrons, mes chers enfants ; de la foule éplorée (UN JOUR DE DEUIL). Vous voilà bien riant, mon amour ! quelle joiel (LE PETIT OISELEUR). Un ministre du ciel courbé sous les offrandes (LE MENDIANT). Un ruisseau, frais enfant d’une source cachée (LE DERVICHE ET LE RUISSEAU). Juin parfumait la nuit, et la nuit transparente (LE VER LUISANT). Las des fleurs, épuisé de ses longues amours (LE PAPILLON MALADE). Levez-vous de bonne heure, enfants, disait un sage (LE SAGE ET LES DORMEURS). Un enfant avait mis les bottes de son père (LE PETIT AMBITIEUX). Quoi, Daniel à six ans vous faites le faux brave (LE PETIT PEUREUX). Vois-tu, mon bel enfant, venir un pèlerin ? (L’EXILÉE). N’approchez pas d’une mère affligée (LES DEUX MÈRES). "Mère, petite mèrel, Il m’appelait ainsi (LE RÊVE DE MON ENFANT). Te souvient-il, ma sœur, du rempart solitaire (LA GUIRLANDE DE ROSE-MARIE). On avait couronné la vierge moissonneuse (LE VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Le vieux crieur allait contant l’histoire (LA SUITE DU VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Oui, nous allons encore essayer un voyage (A MES ENFANTS). C’était l’hiver, et la nature entière (LE SOMMEIL DE JULIEN). Le soleil de la nuit éclaire la montagne (LA VEILLÉE DU NÈGRE). (1) “ Nº 7689. Album du jeune âge. Par Mme Desbordes-Valmore. In-12 de 13 feuilles. Imp. de Doyen à Paris.-A Paris, chez Boulland. En vers. 17 A MES JEUNES AMIS 133 Il est un bosquet sombre où se cache la rose (CHANT D’UNE JEUNE ESCLAVE). Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ? (LE BERCEAU D’HÉLÈNE). Il est deux Amitiés comme il est deux Amours (LES DEUX AMITIÉS). Prête à s’élancer, joyeuse (L’HIRONDELLE ET LE ROSSIGNOL). Par mon baptême, ô ma mère (LE PETIT ARTHUR DE BRETAGNE). C’était jadis. Pour un peu d’or (CONTE IMITÉ DE L’ARABE). Humble fille de l’air, mouche bleue et gentille (LA MOUCHE BLEUE). Un tout petit enfant s’en allait à l’école (L’ÉCOLIER). Il ne faut plus courir à travers les bruyères (CONTE D’ENFANT). Tout perdu dans le soin de sa jeune famille (LE PÉLICAN, OU LES DEUX MÈRES). Venez bien près, plus près, qu’on ne puisse m’entendre (LE PETIT MENTEUR). Tremblante, prise au piège et respirant à peine (LA SOURIS CHEZ UN JUGE). Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs (LES DEUX ABEILLES). Venez, mes chers petits ; venez, mes jeunes âmes (LE SOIR D’ÉTÉ). On accourt, on veut voir la mère infortunée (UNE MÈRE). Le volume se termine par deux contes en prose : Le Phi- losophe sans le savoir (p. 285) et L’Incendie (p. 299). Didier, libraire — éditeur, quai des Grands — Augustins, 47, écoula le stock de cette édition, en 1833, sous une couverture

de rechange.

XI.

LES PLEURS (1833)



XI.

LES PLEURS 1833 LES || PLEURS || Poésies Nouvelles | par Madame Desbordes-Val- more. | Paris, | chez Charpentier, libraire, Palais Royal. || li MDCCCXXXIII. In-8° de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Everat, Imprimeur, rue du Cadran, nº 16, et titre imprimé, orné d’une vignette sur bois de Brevière), VIII-389 pages, et 1 feuillet non chiffré de table, plus 12 pages (Catalogue Charpentier). Frontispice gravé sur acier par Charles Mauduit d’après Alfred Johannot ; il est tiré sur Chine monté et représente deux jeunes filles et un petit garçon qui pleurent sur la grève de- vant un jeune homme mort. Les huit pages qui précèdent le texte, sont occupées par une préface d’Alexandre Dumas. Couverture gris beige imprimée, dans un encadrement de filets et fleurons typographiques ; elle porte en plus : Avec une préface || par || M. Alexandre Dumas. Il a été tiré quelques exemplaires sur papier rose et bleu. 138 LES PLEURS C’est à Rouen, dans le courant de l’année 1832, que Mar- celine termina le manuscrit des Pleurs (1). Elle fit en novem- bre un voyage à Grenoble pour y conduire son fils Hippolyte ; au retour, elle s’arrêta à Paris et se mit en quête d’un éditeur pour son nouveau recueil de vers. Le 2 décembre, elle écrivait à son mari : "Au moment où je sortais avec Arago pour me rendre chez Mme Tastu qui m’attendait, Alibert est entré lui-même. Il nous a embarqués dans sa voiture et nous a conduits rue Vaugirard, chez Mme Tastu qu’il connaît. Cette visite a renoué l’espoir de la vente d’un livre, mais du dernier volume, le reste étant encore chez tous les libraires… Madame Tastu mit Marceline en rapports avec Janet. " M. Janet, le libraire, est venu à l’heure indiquée, écrit Marceline le 4 décembre. J’ai de l’espoir. Il veut tout acheter. Son air m’a plu beaucoup. Je lui ai fait mes conditions, qu’il a paru goûter : c’est le renouvellement du traité de Boulland. Demain il doit m’envoyer ses résolutions. Le 6 décembre, Marceline note : "Hier déjà, j’attendais les propositions écrites de M. Janet. Je n’ai rien reçu aujour- d’hui non plus… C’est déjà long. Arago m’a montré une lettre. d’un autre libraire qui met beaucoup d’empressement à traiter avec moi. Nous allons voir demain. C’est un grand supplice que ce commerce. }} Le 8 décembre : "Nous en sommes aux prises avec le li- braire. Je ne te dirai rien de cette affaire conclue, car elle se hérisse de détails si longs. «  Le 10 décembre : » Et puis rien de fini avec M. Janet. C’est ceci, c’est cela, qui fait perdre un jour. Je n’ai d’espoir solide que 700 francs. Encore faut-il que je livre mon manus- crit pour les recevoir. 1) Les pourparlers n’aboutirent point avec le libraire Janet et Marceline traita avec Charpentier (2) qui mit le volume en (1) Le manuscrit des Pleurs fait partie de la collection Louis Barthou. (2) Marceline dut signer son contrat entre le 10 et le 14, puisqu’elle repartit le 14 pour Rouen. LES PLEURS 139 vente au mois de mai suivant (1). Charpentier avait payé le volume 750 francs. " Il est bien marchand, M. Charpentier ! écrivait cette pauvre Marceline à son ami Gergerès. Pourtant je lui dois cette obligation de m’avoir acheté les Pleurs dont personne ne voulait. 11 Il semble que le titre de ce volume exprime la tristesse et le dégoût que causait à Marceline son séjour à Lyon. Elle y habita lontemps, " rue Clermont, une maison qui faisait angle avec la rue Lafort, et c’était pour elle une torture d’assister de sa fenêtre et, comme malgré elle, à l’exposition publique des insurgés, condamnés aux travaux forcés ou aux exécutions capitales, qui avaient lieu sur la place des Terreaux., , (Eugène Vial, Mme Desbordes Valmore et ses amis lyonnais). Voici d’ail- leurs, cueillies dans la correspondance de Marceline, quelques phrases qui ne permettront plus de douter de la vie de caucheinar que la poétesse dut mener à Lyon : "Nos jours sont pleins de pluie, et les nuits, lourdes del brouillard, jettent sur les êtres délicats et nerveux un poids de tristesse et d’angoisse impossible à soulever… Et je loge vis-à- vis une prison, sur une place où l’on attache des hommes à ce poteau, plus triste que le cercueil…, , (A Lepeytre). "Ah ! Gergerès, que Lyon est sale et bruyant ! On dirait l’Univers qui s’agite dans la boue et dans la soie. Partout des toiles d’araignées et des rubans nouveaux ; une poussière noire et grasse, sur laquelle s’étend de la gaze et des fleurs…… (Lyon, 1829). "Il pleut dans ce moment comme quand vous avez quitté Milan. Jugez de Lyon sous cette avalanche d’eau. Il n’en sera pas plus propre, car on dit que le déluge seul pourra laver cette ville d’où sortent tant de gazes et de rubans délicieux… (Lettre inédite à Mle Mars, Bibliothèque de Douai). "Tu n’as pas idée de la misère, ne l’ayant pas vue à Lyon : elle est plus maigre et plus noire qu’ailleurs et ne se lave qu’avec du sang." (Au sculpteur Bra). 11 (1) Les Pleurs sont enregistrés dans la Bibliographie de la France du 18 mai 1833 sous le N° 2702. Nous y apprenons que ce volume a été mis en vente à 6 francs. 140 LES PLEURS J’ai couru le danger de la vie par une affection déce- vante au larynx. Ma voix s’était comme brisée dans des cris de terreur, à la vue d’un pont qui s’est brisé sous mes yeux et où cinq victimes ont perdu leur vie., , (Lyon, 22 novem- bre 1830). "Bénissez Dieu : vous n’habitez pas Lyon., , (A Mélanie Waldor, 4 mai 1835). "Lyon, ville de toutes les douleurs, marais impraticable aux pieds faibles !, , (A Gergerès, 17 février 1835). "Lyon, ville de pleurs ! Si vous saviez combien elle est incrustée dans ma vie, vous auriez la certitude que tout m’y a consolée et est encore frais à mon souvenir comme la goutte d’eau qui fit reprendre haleine à Celui qui portait sa croix., , (A Sylvain Blot, d’après Madame Desbordes-Valmore à Lyon par A. Bletin). "J’ai trop souffert de Lyon et à Lyon pour ne pas y demeurer attachée par le cœur., , (A Boitel, 23 mai 1838). Je deviendrai folle ou sainte dans cette ville., , (A Mé- lanie Waldor, 9 mars 1837). (1 Quand parurent les Pleurs, Alfred de Vigny demanda à Sainte-Beuve, qui ne connaissait pas encore Mme Desbordes- Valmore, d’écrire un article sur ce volume. L’article parut au mois d’août dans la Revue des Deux Mondes et fit sensation. L’auteur des Lundis devint par la suite, l’un des amis les plus sûrs de la poétesse, et, quand elle mourut, il lui consacra un livre charmant de souvenirs d’où nous extrayons l’anecdote suivante : " Un critique éminent et bienveillant, M. Vinet, en par- lant du recueil des Pleurs de Mme Valmore, n’a pu s’empê- cher de voir, lui chrétien positif, une sorte de sacrilège dans cette confusion d’adorations par laquelle elle mêlait Dieu et les anges à ses divers amours, et même au plus orageux de tous : c’est qu’aucun amour digne de ce nom et sincère n’était profane à ses yeux. » Cet article de Vinet avait paru dans le Semeur, journal protestant, Marceline en fut vivement attristée, et, le 8 décem- bre 1833, elle écrivit à ce sujet à l’instituteur Froussard, chez LES PLEURS 141 qui son fils était en pension à Grenoble : "J’ai lu l’article lit- téraire que vous m’avez signalé. Je le trouve grave et juste. Il m’a fait beaucoup pleurer. L’amour de mes enfants comme je l’éprouve, ardent et dévoué, me fera peut-être pardonner l’autre. Si une punition, triste et éternelle, suivait une vie si orageuse et si amère, mon âme éclaterait de douleur…, , (Let- tre inédite de la Bibliothèque de Douai). Son âme aimante, encore plus que son bon sens, se refusait à croire à l’éternité des peines… Au mois de juin 1835, Marceline fit hommage à l’Acadé- mie de Lyon des Pleurs et de quelques autres de ses livres. "Ces ouvrages précieux, dit en la remerciant le secrétaire de l’Académie, ont été placés au premier rang de la Bibliothèque publique de l’Académie. Chacun viendra y puiser des jouis- sances délicates et pures, chacun y trouvera des modèles de sensibilité et de grâce. Aux remerciements de l’Académie, per- mettez-moi d’ajouter le tribut de respects avec lequel, je suis, Madame…… " Le procès-verbal des élections à l’Académie de Lyon, du premier décembre suivant, est ainsi conçu : " Au premier tour de scrutin pour les associés Mme Desbordes-Valmore a été nommée à l’unanimité des suffrages.. Alexandre Dumas a écrit pour les Pleurs la belle préface que l’on va lire : PRÉFACE "Si vous avez voyagé en Écosse, il a dû vous arriver ceci : "Après une journée longue et fatigante, comme l’est une journée dans les montagnes, vous êtes sorti au soleil couchant de quelque gorge sombre, et les derniers rayons du jour vous ont permis d’embrasser de la vue la longue plaine de bruyères arides qui s’étendait devant vous et au-delà de laquelle vous attendait votre gîte. A peine, en jetant les yeux à droite et à gauche, avez-vous remarqué vers l’horizon, situé à un quart de lieue à peu près du chemin, un de ces châteaux écossais 142 LES PLEURS perdus dans un massif de sapins et de mélèzes et dont les cheminées seules, dépassant la cime des arbres, se découpent sur le fond rougeâtre du ciel ; vous ne l’avez pas remarqué, car ce n’était point là que tendait votre course, et, fatigué que vous étiez du paysage monotone, brisé par le trot court et saccadé de votre petit cheval de montagne, menacé peut-être par un orage qui s’amoncelait, vous n’aviez qu’un désir, celui d’arriver vite où vous attendait le repos. Bientôt alors vous êtes tombé dans cette disposition où l’esprit, fixé sur une seule pensée, ne permet aux yeux de s’arrêter que sur un seul objet : vous voyiez se dérouler devant vous la route étroite, tortueuse et sans fin, qui semblait se prolonger à percer cet horizon où vous la suiviez s’amincissant toujours et peu à peu toute la partie animiste de votre organisme, tout ce qui pensait en- fin en vous, cédant à la fatigue, s’engourdissait, vaincu par la partie matérielle. Vous n’aviez plus une pensée distincte de vos autres pensées ; vos yeux continuaient de voir, mais ne distinguaient plus ; vous n’auriez pu dire si le mouvement de votre monture était le trot d’un cheval ou le balancement d’un bateau, et si ce sable dans lequel il s’enfonçait jusqu’aux ge- noux et qu’il faisait voler à chaque pas en poussière, n’était pas une vague et son écume ; les arbustes amaigris et tortueux qui garnissaient la route vous semblaient des figures fantas- tiques qui vous regardaient passer dans différentes postures, les unes debout, les autres accroupies, celles-ci vous menaçant et semblant vous poursuivre, celles-là immobiles et se raillant de vous ; c’était un songe sans sommeil, un engordissement qui eût été la mort, s’il se fût étendu jusqu’au cœeur, une atonie dont un coup de tonnerre ou une blessure ne vous eussent pas tiré. Et cependant vous avez tressailli tout à coup, et tout à coup vous avez retrouvé vos facultés les plus ardentes pour écouter. "Un son venait de traverser l’espace. "Ce son était si faible qu’il sembla se perdre à quelques pas du chemin ; mais il était en même temps si pur, si suave, qu’il avait été chercher tout ce qui restait de vivant en vous, et qu’au fond du corps engourdi il avait trouvé l’âme. LES PLEURS ange ; 143 "A Kachemyr ou à Bagdad, vous aussiez cru entendre le chant d’une péri ; "Aux pieds du Carmel ou du Gelboé, les plaintes d’un "Dans les forêts d’Underwald ou de Glaris les soupirs d’une fée. "Alors tout a disparu pour vous, faim, fatigue et som- meil ; vous vous êtes arrêté la tête inclinée, la bouche entr’ou- verte, l’œeil fixé sur ce massif noir, duquel semblaient sortir ces souffles d’harmonie qui se mêlaient à l’air du soir et venaient à vous dans l’ombre ; et pendant que vous étiez là immobile et en extase, les sons se sont succédé ; vous avez pu les suivre, les analyser et bientôt désenchanté comme d’un premier amour, vous vous êtes dit, en piquant des deux votre cheval et en reprenant votre route : "-Ce n’est que la vibration d’une harpe dans laquelle passe le vent. "Cependant dédaigneux que vous fûtes alors, combien de fois, depuis, soit dans un bal, soit au théâtre, dans votre veille ou dans votre sommeil, combien de fois, dites, quoique votre esprit fût alors tout entier attaché aux choses qui en étaient les plus éloignées, combien de fois n’avez-vous pas tressailli tout à coup, croyant entendre encore ces sons éoliens qui vous avaient frappé au soir sur une route d’Edimbourg ou de Dum- fries, et dont votre âme avait gardé le souvenir ! "Ce n’était cependant que la vibration d’une harpe dans laquelle passait le vent. "Mais cette harpe, c’était celle d’Ossian, ce vent, c’était le vent d’Ecosse. "Eh bien, moi aussi, comme ce voyageur, j’ai ma harpe éolienne ; j’ai des sons qui, quelque part que je sois, quelque pensée qui préoccupe mon esprit, quelque amour qui me tienne le cœur, retentissent tout à coup au fond de mon âme ; j’ai une voix qui me parle dans le tumulte ou dans le silence, dans le jour ou dans l’ombre, et me fait frissonner, comme lorsque les cheveux d’une femme que j’aime me passent sur le visage. Harpe inconnue, sons mystérieux, voix divine !… 144 LES PLEURS "La première fois qu’elle me parla, j’étais enfant ; la voix était douce et naïve : je la pris presque pour celle de ma mère. Elle me dit : Quoi ! Daniel, à six ans vous faites le faux brave "Plus tard, à l’âge où l’homme commence à se sentir vivre, où des souffle brûlants lui passent sur le cœur à l’aspect d’une femme, où tout le langage mystérieux de la créa- tion ne murmure à son oreille qu’un mot:Amour ! et où son cœur le répète comme un écho à chacun de ses battements, j’entendis de nouveau cette voix éolienne, tendre et mélanco- lique, tendre comme celle d’une amante; cette voix qui disait : LE PRINTEMPS. Le printemps est si beau ! sa chaleur embaumée "Et maintenant que plus avant dans la vie, après avoir laissé à chaque pas de cette rude montagne que nous gravis- sons, une espérance, une illusion, un bonheur ; maintenant qu’arrivé haletant et fatigué au sommet de la jeunesse, je dé- tourne les yeux des débris qui jonchent ma route pour étendre ma vue vers le côté grave de l’existence ; maintenant qu’il me faut dire adieu aux folles joies et aux jeunes amours, aux lon- gues rêveries, avant que je ne m’engage dans le sentier aride, ô ma harpe éolienne ! un dernier son ; ô ma voix inconnue ! un dernier chant, un son mélancolique, un chant de souvenir. J’écoute. Ondine, enfant joyeux qui bondis sur la terre "O ma voix amie ! merci ; car votre dernier chant est le plus doux de vos chants. ALEX. DUMAS. " LES PLEURS DÉPOUILLEMENT DES "PLEURS „. Le volume que nous avons décrit au début du chapitre XI, constitue l’ÉDITION ORIGINALE des Pleurs. Il contient 67 pièces nouvelles dont voici le détail : 145 1. Vois-tu, d’un cœur de femme il faut avoir pitié (RÉVÉLATION). Les pièces qui composent le volume des Pleurs, ont été écrites entre 1829 et 1832, à une période où les Valmore ont souffert de tous les déboires, de toutes les inquiétudes : maladies, fermeture des théâtres et la misère qui devait s’ensuivre… " C’est sur ma figure, écrit Marceline, que mes chers enfants regardaient s’ils pouvaient être tranquilles., , Elle les soignait avec amour ; elle veillait aussi avec tendresse sur son mari dont le caractère s’aigrissait. Il manifestait une irritation très vive, et il était faible à l’excès., , Ses " grincements de dents envers la destinée, , et, sans doute aussi, ses reproches injustes, ont inspiré à la pauvre Marceline ces poésies débordantes d’amour et de lar- mes. Lucien Descaves a écrit un jour : "Comme il y a les re- ligieuses, il y a les épouses de l’Adoration ; Marceline en est une., (La vie amoureuse de Mme Desbordes-Valmore). Il n’est que de feuilleter au hasard les lettres qu’elle adressa à Prosper Valmore, pour retrouver à chaque page le même sentiment de renoncement et de tendresse : Paris, 12 février 1834. Comment peux-tu m’aimer comme tu m’aimes et me dire et avoir le courage de me dire que j’ai mal choisi ? D’abord tu as en toi tout ce qui m’honore, et de plus, tu connais bien peu la femme de mon caractère, si tu es à savoir que l’idée d’une affection profonde ne tient pas la place, avec un im- G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 10 146 mense avantage, à toutes les gloires et à tous les luxes de ce monde. Je ne te comprendrai jamais en cela. Ne pouvant résoudre selon mon cœeur une opinion si constante en toi, je pleure. Si tu pouvais te pénétrer une bonne fois de la sim- plicité de mon cœur ! il me semble que le tien serait dilaté de tous les vains scrupules et de tous les préjugés qui l’ob- sèdent. „ Paris, le 8 novembre 1832. Mon cher Valmore, tu es inquiet quand même ; ce n’est pas ma faute, j’en suis contrariée et attristée. Toi, ne le sois pas ! Qu’importe qu’on ne se soit pas entendu, quand on finit par s’entendre ; et, à présent, il me semble que tu me comprends bien ! Merci, cher Prosper, c’est tout ce que je demande à Dieu ; car je suis sûre alors que tu m’aime, et que tu es content de ma tendresse, à l’épreuve de tout., , (1 LES PLEURS … 11 Paris, 10 avril 1837. Je te quitte pour ce soir, mon bon Prosper, triste en moi du désert où tu es resté sans moi. Mais cet intervalle froid va être comblé, et nous serons deux au moins, nuit et jour, pour causer de la vie et y trouver de bien doux mo- ments. Tu es injuste, quand tu te soulèves de m’avoir fait ce sort. Je te proteste que je n’en envie aucun, que je n’en vou- drais point d’autre et que, si nous sommes éprouvés, j’y trouve au contraire une source d’immense consolation, puisque nous le sommes ensemble. Oh ! bonsoir. Paris, 21 avril 1839. (1 … N’as-tu pas été malade de cette torture ? Cette idée, ajoutée à la mienne, je suis comme ivre… Je crois t’avoir dit, hier, que je pensais à chaque instant au Dernier jour d’un condamné. cond "Je demande à Dieu du soleil pour toi, de la santé pour toi, et s’il a presque épuisé nos forces, il éveillera peut-être sa bonté. Mon cher ami, mon bon mari, que je t’aime et qu’il me semble te l’avoir prouvé jusque dans les efforts que je viens de faire pour te cacher les souffrances infinies de ce LES PLEURS 147 sacrifice, commencé depuis trois mois ! Nous l’accomplissons à deux, mon cher enfant ! Que cette pensée au moins te sou- tienne ! Tu as besoin de tes forces physiques, pauvre ouvrier à la journée ; moi, j’en aurai aussi par l’idée d’avoir rempli un devoir… Tu as l’âme, et tu sais à peu près ce que je suis devenue, brisée de larmes. Nous nous sommes tous couchés à neuf heures, nos pauvres enfants étaient sauvages de tristesse…." (1 Orléans, 14 Mai 1839. … Tu réveilles un sentiment d’une douleur profonde en me demandant si je ne suis pas fâchée d’être mariée à toi !… Tiens, Valmore, tu me fais bondir hors de moi-même, en me supposant une si petite et si vaine et si basse créa- ture. Me supposer une idée ambitieuse, un regret d’avarice ou d’envie pour les plaisirs du monde, c’est me déchirer le cœur qui n’est rempli que de toi et du désir de te rendre heureux. Je te suivrais avec joie au fond d’une prison ou d’une nation étrangère, tu le sais, et ces pensées, pour mon malheur, ne t’assaillent jamais qu’après la lecture de mauvais barbouillages dont j’ai honte, en les comparant aux belles choses écrites que tu m’as donné le goût de lire. Après quoi je te dirai sim- plement, vraiment et devant Dieu, qu’il n’existe pas un homme sur terre auquel je voulusse appartenir par le lien qui nous unit. Tous leurs caractères ne m’inspiraient que de l’effroi. Ne te l’ai-je pas dit assez pour t’en convaincre ? Mais, hélas ! c’est donc vrai : « On ne voit pas les cœurs. » 2. De la colombe au bois, c’est le ramier fidèle (LA VIE ET LA MORT DU RAMIER). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1829, dans la Guir- lande des Roses, 1830 et dans les Annales romantiques de 1831. Dans le catalogue de vente de Sarah Bernhardt le ma- nuscrit de cette poésie était annoncé sous le nº 304 avec une lettre d’envoi : "A Monsieur l’Editeur du Mercure du 19e siècle. Je vous prie de recevoir un bien pauvre tribut de ma reconnaissance. Je ne mérite pas le don que vous me faites avec tant de constance du journal qui m’attache le plus, mais 148 LES PLEURS dans l’impossibilité de reconnaître ce bon procédé, j’éprouve le besoin de vous dire au moins combien je suis sensible, etc… Cet autographe avait été offert à Sarah Bernhardt pour la remercier d’avoir dit des vers à Douai, lors de l’inauguration du monument de Marceline (13 juillet 1896). Le comte Jules de Rességuier, auquel est empruntée l’épigraphe de ce poème, était l’auteur de Tableaux poétiques publiés en 1828. Marceline avait donné des vers à la Muse française, qu’il fonda en 1823 et qui eut pour collaborateurs Victor Hugo, Charles Nodier et Alfred de Vigny ; mais elle ne connut Rességuier qu’en 1835, lors d’un voyage à Lyon. 3. Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure (L’ATTENTE). Publiée d’abord dans la Gironde, juin 1833. 4. Et toi ! dors-tu quand la nuit est si belle (DORS-TU). Marceline associait son mari à toutes ses impressions, même les plus fugitives. Bien des années après avoir écrit ces vers, elle mandait à Valmore : " Que faisais-tu pendant l’im- mense orage d’avant-hier, mon cher ami ?, , (Paris, 7 août 1846). 5. Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge (AMOUR). Latouche avait donné en 1819 la première édition des Œuvres complètes d’André Chénier auxquelles est empruntée l’épigraphe de cette pièce. En 1833 (l’année des Pleurs), il publiait chez Charpentier (l’éditeur des Pleurs) les " Poésies posthumes et inédites d’André Chénier, nouvelle et seule édi- tion complète., 6. Petit ange, dernier venu (LE JUMEAU PLEURÉ. A sa mère, Madame Henriette Duthilloul). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe du 24 juillet 1832, sous le titre : " L’enfant pleuré, inédit et avec la dédicace : "A Félicie D. LES PLEURS Marceline avait une affection profonde pour Duthilloul, ancien juge de paix, puis bibliothécaire de la ville de Douai et directeur du Mémorial de la Scarpe, où parurent de nom- breuses pièces de la poétesse à partir de l’année 1824. Madame Duthilloul avait eu trois enfants : l’aîné Oscar, né en 1830 et deux jumeaux, Paul et Félicie ; cette dernière mourut en 1832 à l’âge de deux mois, et c’est en son souvenir que furent écrits ces vers. Marceline composa des contes et de petits poèmes pour Paul et pour Oscar. 7. Souvent toute plongée au fond de ma tendresse (LES MOTS TRISTES). 149 Nous lisons dans la Vie amoureuse de Marceline Desbor- des Valmore par M. Lucien Descaves : "La plupart de ces beaux vers sont en germe dans sa correspondance. Il vinrent naturellement à l’esprit et sous la plume de Marceline, lors- qu’elle en eut besoin pour consoler son cœur. " Cette pièce si belle nous fournit de multiples exemples de la remarque précédente ; on y lit : Ah ! ne t’étonne pas. J’aime ! je suis crédule……. Marceline écrira aussi dans une lettre à Caroline Branchu : " Crédule comme ta pauvre Marceline, qui ne croit jamais avoir été blessée que quand elle voit du sang…., (Lyon, 7 juin 1835). Sainte-Beuve traduisit, d’ailleurs, sa "devise, , Credo par : Je suis crédule. Là, jamais un fil noir ne traverse la joie…. Le 26 mars 1832, Mme Desbordes— Valmore écrivait en- core à son amie Caroline : " Adieu, au revoir, un fil de plus et bien fort nous attache à présent pour nous réunir, ce fil noir du malheur roulé à l’entour de moi. Est-ce ton âme en peine, en quête de mon sort, Sous une aile traînante et paresseuse encor, Dont le doux bruit de plume et m’effleure et m’appelle ? "Heureux qui s’abandonne, , oh ! tu l’as dit souvent, "Et qui s’envole à Dieu comme la plume au vent. 12 150 LES PLEURS Les ailes et les plumes constituent une image obsédante sous la plume de Marceline. Le 24 juillet 1837, elle écrit à Caroline : "Après quoi nous irons te visiter en masse, si les projets de cœur peuvent quelquefois arriver à leur but, sans être éffeuillés en route par les grandes ailes du Destin ; j’ai une horrible expérience de ces vilaines ailes-là., , Elle mande à la même : "J’irai donc à Orléans sous peu de jours et je descendrai chez toi comme un pigeon voyageur, que tu re- connaîtras à ses plumes absentes et à la fidélité de son instinct. „ Le 22 avril 1837, elle avait déjà écrit à Mélanie Waldor:Je suis, moi, comme une plume dans l’air; je tourne à bien des vents contraires et je me meurs de fatigue inutile., , (Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). (1 L’épigraphe des Mots tristes est de Madame Amable Tastu. Sabine-Casimire Amable Voïart, née à Metz le 31 août 1798, avait épousé en 1816 Joseph Tastu, imprimeur à Perpignan. Elle s’installa à Paris, avec Tastu peu après son mariage, et publia en 1826 son premier recueil de Poésies. Un second recueil, paru en 1829 sous le titre Chronique de France, ne rencontra aucun succès auprès du public. Joseph Tastu, durement éprouvé par la crise économique qui suivit la révolu- tion de 1830, dut vendre son imprimerie et solliciter une place. de bibliothécaire. Sa femme vécut dès lors très retirée et n’écrivit plus que des livres pour les enfants. Sainte-Beuve a dit de sa poésie : "Mme Tastu se rattache à l’école nouvelle par un grand sentiment de l’art dans l’exécution. Cette pensée rê- veuse et tendre aime à revêtir le rythme le plus exact, à la façon de Béranger que par endroits elle imite un peu. (Por- traits Contemporains). Et Marceline qui lui avait voué une tendre amitié écrivait d’elle : "Mme Tastu, modèle des femmes C’est une âme pure et distinguée qui lutte avec une tristesse paisible contre sa laborieuse destinée. Son talent est, comme sa vertu, sans tache. Je l’aime ; je la trouve souffrante et jamais moins courageuse. Douce femme, que je voudrais oser nommer sœur., , (Bertrand Guégan, ouvrage cité, p. 390). LES PLEURS 151 8. Quand tu souris en homme à ces tendres orages (TOI ME HAIS-TU ?) Publiée d’abord dans le Talisman, 1832, sous le titre : Laisse-moi t’aimer. "Les années 1831-1834, écrit M. Bertrand Guégan, sont parmi les plus tragiques que les Valmore aient eues à vivre. Le théâtre de Lyon avait fermé ses portes à cause des émeu- tes. Engagé à Rouen, Prosper Valmore avait été sifflé (Voir au tome I, le Calendrier Valmorien. Après des démarches sans nombre, Marceline réussit à le faire entrer à la Porte- Saint Martin. Un nouvel insuccès lui était réservé à Paris. Valmore finit par retourner à Lyon, et la famille fut de nouveau séparée. Cette série de déboires avait terriblement déprimé Valmore, qui pensa même un moment à se suicider pour ne plus être à charge à sa femme. Plusieurs poésies des Pleurs reflètent cet état de nervosité et de découragement dans lequel ont vécu les époux, les orages et les dissentiments pas- sagers qui ont pu les séparer, mais aussi l’amour profond qui les unissait à travers toutes ces épreuves. Les pièces qui ont pour titre:Toi me hais-tu, Minuit, Malheur à moi, Ne viens pas trop tard, L’attente, etc. ont certainement été inspirées par Prosper Valmore. D’autres, nous ne le nions pas, ont été inspirées par l’amant, dont le souvenir était encore vivace ; mais le mari tient dans les Pleurs une bien plus grande place que dans les recueils précédents. Voici, d’ailleurs, quelques frag- ments de lettres de Marceline adressées à son mari à l’époque où elle écrivait les Pleurs; rien ne pourrait mieux expliquer son état d’âme: $6 Paris, le 7 novembre 1832. … Il est dix heures et je me délasse dans le plaisir de causer avec toi; car, je le répète, le bonheur de te voir me man- que cruellement. Des longues rues de Paris, au bout desquelles je ne dois pas me retrouver avec toi, me sont d’une tristesse insupportable…., 152 LES PLEURS Paris, le 11 novembre 1832. Tu sais bien aussi qu’il n’y a rien de calme dans mon affection pour toi. J’ai souvent renfermé des orages qui auraient trouble ta vie, déjà fort agitée par ton caractère qui ne te pardonne rien. A ce titre seulement, je mérite de toi une amitié, un sentiment indestructible, et tu me le garderas. Sois toujours sûr d’une vérité : c’est que tu peux en toute confiance me céder, quand je te demande quoi que ce soit avec insi- stance et chaleur ; car, je te le proteste, ta dignité d’homme m’est aussi sacrée qu’à toi. C’est pour qu’elle ne fût jamais compromise que j’ai toujours évité d’exalter ton cœur déjà si sévère contre tes étourderies. Le mien pleurait souvent, mais tu n’en savais rien ; car tu aurais été trop irrité contre toi- même et les autres à qui je pardonne devant Dieu tout ce qui peut t’attrister dans le passé… Nous pouvons être infini- ment heureux l’un à l’autre, en ce qui concerne au moins la douceur d’un ménage bien uni, et c’est le premier bien de ce monde. „ Grenoble, 18 novembre 1832. Ta lettre que j’ai reçue hier au moment de quitter Lyon, m’a fait beaucoup pleurer. Elle m’a reportée à des temps de torture et de malheur qu’il ne faut pas réveiller, puisque j’ai pu y survivre. — Quoi ! j’impose moi ! Moi si écrasée alors dans le sentiment du dédain que je croyais t’inspirer, c’est de moi que tu parles ! Tiens, je te le dis, on vit en aveugle dans ce monde, et, à côté l’un de l’autre, on ne s’en- tend pas. La pensée est donc bien voilée chez moi, mon ami ! Moi si vraie, j’ose dire si naïve pour tous les autres, c’est toi qui me redoutais ! Quand j’avais le cœur martyrisé de ta froideur et de ta lassitude de me voir… Ah Prosper ! qu’il y a de tristesses dans la découverte des causes qui nous ont fait verser tant de larmes ! N’en doute pas, mon ami, c’est à ces premières sources que tu as puisé, à ton insu, mille va- gues préjugés contre moi. Tu m’as vue souvent à travers les jugements bien troublés de ta maman.

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Lyon, 23 novembre 1832. Et puis écoute, tu m’as parlé de mots détournés et qui t’avaient fait du mal. Du mal à toi ! quand je te donne- rais mon sang, quand je te suivrais au bout du monde et partout à tout prix. Oh ! bien, reçois le serment vrai que jamais une parole volontaire ne te réveillera du passé, qu’il est anéanti pour moi et que je te conjure de l’oublier de même. Mais aussi, prends bien les choses. A force d’être rigide avec toi-même, tu ne crois pas assez que les autres t’aiment, t’ai- ment et t’aiment. Sois liant, sois sans crainte ; je n’ai de ran- cune contre quoi que ce soit, et juge avec toi. LES PLEURS …. (1 153 11 Paris, 4 décembre 1832. … Non, Valmore, je ne serai jamais heureuse que de ton bonheur, et l’idé : que tu me le devras, est la plus péné. trante pour mon cœur où tu es aussi incrusté pour la vie.,

Paris, le 26 mai 1833 (après l’aventure de Rouen). Je souffre de ne pouvoir t’envoyer que des paroles vides, cet espoir effrayé qui est à chaque heure prêt à fuir. Et puis malgré l’accueil reçu partout, bon, tendre même, si tu savais quelle douleur d’être en ce moment loin de toi, de te savoir sans moi dans tout cela, et l’impatience où tu dois brûler ton pauvre cœeur que je voudrais savoir rendre si heu- reux !, Rouen, 16 juin 1833. "Ta lettre me traverse le cœeur, comme un couteau. Mon énergie ne tient qu’à la tienne, mon cher Valmore, et quand tu t’abats, la terre me manque… Ah ! Prosper, s’il ne fallait que tout mon sang pour assurer ta vie, comme tu serais heu- reux ! De quoi parles-tu, de fléau ? Mais perds-tu le sens ? et oublies-tu le mal profond que tu me fais en cherchant à te rabaisser devant un malheur, à moi, qui ne te demande pour- tant jamais pardon de t’avoir associé à ma bizarre étoile ? Va ! ce n’est pas toi qui l’as faite, c’est un ordre d’en haut., Voici trois fragments significatifs extraits des lettres de 1827 et 1834. 154 LES PLEURS Paris, 14 avril 1827. Tu ne sais donc pas comme tu es moi, comme j’existe à présent de toi seul, du besoin d’être là, de sentir tes mains, tes yeux sur moi ; cet amour, cette âme sincère et pure qui tourne autour de ma vie qui, sans toi, ne me serait plus supportable. Va ! tu peux me donner, j’ai de quoi te rendre, et si tu as le bonheur d’aimer ta femme, j’ai celui de te pré- férer à tout l’univers. Je ne veux que toi, je n’aime que toi. Je t’en prie, ne me parle pas de couronnes, de talent, de rien du tout. La vanité ne tient pas de place dans mon cœur plein de tendresse, de larmes ; car je pleure souvent, tu sais, en cachette, et ce n’est pas toujours de tristesse. " Paris, 2 février 1834. … Cet enrouement, le croirais-tu, m’en a donné un sym- pathique ; car il porte à tel point sur mes nerfs tendus vers toi, que je souffre comme toi de l’altération si douloureuse de cette voix dont tu as tant besoin. Paris, 12 février 1834. "Ne me plains-tu pas dans cette position vide où je flotte sans toi, qui me casse tout courage et fait que je m’assieds des heures entières devant mon petit feu solitaire, sans avoir la force de combattre ma maladie nerveuse à laquelle est venu se joindre ton enrouement ? Car il a eu sur moi une telle puis- sance magnétique, par ce qu’il m’a fait ressentir d’impatience et d’inquiétude pour toi, que j’ai la voix éteinte., , 9. Quand je sens entre nous la cité tout entière (MINUIT). Cette pièce figure dans l’Album n° 14 de la Bibliothèque de Douai. Une branche sèche de rosier est collée en travers sur la poésie, au-dessous de laquelle se lisent ces mots : "Lyon, Saint-Clair. „ Dans l’Atelier d’un peintre, que Marceline fit paraître la même année que les Pleurs, on trouve la phrase suivante : "Le cri lamentable d’un chien perdu jeta dans l’air une ter- reur qui l’atteignit dans l’âme, , et quelques pages plus loin : LES PLEURS 155 "J’avais les yeux fixés sur ma lumière vacillante, et j’y lisais dans un flocon de la mèche fortement enflammé : Nouvelle superstition de nos pays !, Les vers de Charles Nodier, qui servent d’épigraphes aux Pleurs, sont extraits des " Poésies diverses de Charles Nodier, recueillies et publiées par M. Delangle., , (Paris, Delangle, 1827). 10. Partir ! tu veux partir ! ta voix chère et cruelle (ADIEU). Dans Sa Vie amoureuse de Marceline Desbordes-Valmore, M. Lucien Descaves a donné une interprétation tres vraisem- blable de cette poésie : " Olivier était las de Marceline et le jour vint où ses parents invoqués lui fournirent le moyen et les moyens de se séparer d’elle sans éclat, sans même qu’elle s’affolât d’une rupture définitive. L’âge et la dépendance d’Olivier rendaient plausible l’impossibilité de désobéir. Il feignit d’être envoyé sous un prétexte quelconque à l’étranger. Le voyage sauvait les apparences. Marceline se laissa prendre au piège d’autant plus qu’il l’avait enguirlandée de fleurs. Il al- lait profiter de l’occasion pour fléchir une famille ombrageuse, incapable d’admettre qu’on pût épouser une petite actrice. Mais l’éloquence d’Olivier vaincrait cette résistance. Les trois vers de "Joseph de Lorme, que Marceline a inscrits en tête d’Adieu sont empruntés au livre que Sainte- Beuve fit paraître en 1829, sous le titre : "Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme. „ 11. Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire (MALHEUR A MOI !) Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1829, sous le titre : Le mal d’aimer, et dans le Chansonnier des Grâces de 1830. Cette pièce a été mise en musique par Pauline Duchambge. 12. Sans signer ma tristesse, un jour, au seul que j’aime (LA JALOUSE). 156 LES PLEURS 13. C’était un songe : il me parlait (LE SONGE). Publiée d’abord dans l’Almanach des Dames de 1831 (C’était un rêve…) Les vers de Latouche n’avaient pas encore été publiés en volume, quand parurent les Pleurs. 14. Sais-tu qu’une part de ma vie (NE VIENS PAS TROP TARD). 15. Oh ! si j’avais de grandes ailes (SERAIS-TU SEUL ?) Pauline Duchambge a mis cette pièce en musique sous le titre : T’enfuiras-tu ? 16. Et toi, crois-tu comme eux le ciel inexorable ? (PARDON). On se rappelle la lettre à Froussard que nous avons publiée au début de ce chapitre : L’amour de mes enfants comme je l’éprouve, ardent, dévoué, me fera peut-être par- donner l’autre. Si une punition triste et éternelle suivait une vie si orageuse et si amère, mon âme éclaterait de douleur., (Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai). Dans une lettre à Gergerès, Marceline citant les derniers vers de ce poème (Dieu n’a pas dit : Brisez son facile cou- rage, etc…), ajoute : "Voilà mon portrait., , (Lyon, 16 mai 1829). 17. Vous aussi, vous m’avez trompée (LES AILES D’ANGE). Publiée d’abord dans les Annales romantiques de 1832 et, l’année précédente, dans le Mémorial de la Scarpe, avec la note suivante de la Rédaction : "Cette romance, qui vient d’être mise en musique par notre compatriote M. Colin, se trouve sur tous les pupitres de Paris. Voir la lettre de Marceline à Duthilloul (Lyon, 21 janvier 1831) que nous avons publiée au cours de notre notice sur Le Bouquet sous la croix. }} 18. O menteur ! qui disait sa vie (SEULE AU RENDEZ- VOUS). LES PLEURS 157 Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1832, sous le titre : Le menteur d’amour. Jean Polonius (1790-1855), qui a fourni l’épigraphe de ce poème, s’appelait de son vrai nom François-Xavier Labinsky. Il avait publié des Poésies en 1827. 19. Autant que moi-même (L’ADIEU TOUT BAS). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1833. 20. Sois libre, je t’oublie (NE ME PLAINS PAS). En 1803, écrit M. Bertrand Guégan, parurent pour la première fois les " Poésies de Marguerite-Eléonore-Clotilde de Vallon-Chalys, depuis Madame de Surville, poète françois du XVe siècle, publiées par Ch. Vanderbourg., , (Paris, chez Henrichs). Une 2e édition de ces poésies vit le jour en 1804, une 3e en 1824 chez Nepveu, une 4e et une 5e en 1826 chez le même libraire. Enfin de Roujoux et Nodier publiaient en 1827 des Poésies inédites de Clotilde de Surville. On a longtemps cru que le véritable auteur de ces Poésies qui firent les délices d’une époque, était un certain marquis de Surville, ami de Vander- bourg, qui fut emprisonné comme émissaire royaliste et fusillé au Puy-en-Velay, le 8 octobre 1798 ; mais les poésies avouées du marquis de Surville sont si mauvaises que bien des lettrés se sont refusés à lui attribuer celles de Clotilde. De même on a prétendu que les poésies de 1827, "pastiche d’un pastiche, seraient l’œuvre de Charles Nodier. Cependant, un article de Nodier, qui a toutes les appa- rences de la sincérité (Description raisonnée d’une jolie col- lection de livres, Paris, Techener, 1844, p. 125), restitue au marquis de Surville la paternité des deux pastiches de 1803 et 1827. On n’en a pas fait état jusqu’ici, à notre connaissance du moins, et nous croyons devoir y renvoyer le lecteur curieux. 21. Allez, pensers d’amour, vers de nouvelles âmes (JE NE CROIS PLUS). 158 LES PLEURS 22. La vois-tu comme moi cette étoile brillante ? (SOLITUDE). Les deux vers de Lamartine qui servent d’épigraphe à cette pièce sont empruntés à la 16e strophe d’Ischia (Nouvel- les Méditations poétiques, Paris, Cassel, 1823). 23. C’est qu’ils parlaient de toi quand, loin du cercle as- sise (RÉVEIL) On lisait encore beaucoup en 1830 les œuvres d’Évariste Parny (1753-1814). 24. Eh ! pourquoi ces clameurs, cet effroi, ces prières ? (PITIÉ). 25. Il est des maux sans nom, dont la morne amertume (DÉTACHEMENT). Voici encore une illustration frappante de la "poésie vécue de Marceline (l’expression est de M. Jacques Bou- lenger). Au temps où elle composait Détachement, Marceline écrivait à Caroline Branchu : "… Je te souhaite à présent l’espèce d’engourdissement où je me crois tombée pour mes peines. Il vient une heure, vois-tu, où l’on n’a plus la force de souffrir. On reste immobile devant le passé. On regarde l’incendie qui a tout dévoré et le désespoir finit par s’amortir comme toutes ces flammes éteintes. Ce n’est qu’en voyant le ciel qu’on peut achever cette vie. Je veux le ciel et j’y crois., , (23 mai 1832). 26. N’irai-je plus courir dans l’enclos de ma mère (TRISTESSE). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1832, puis dans les Soirées littéraires de Paris, sans date (1833). Un fragment de cette pièce a reparu en 1837 dans la Couronne de Flore, sous le titre : l’Iris d’eau. Au milieu des souvenirs d’enfance que Marceline égrène (1), (1) Voir les notes que nous avons consacrées à La fleur du sol natal, au Berceau d’Hélène et à La maison de ma mère. LES PLEURS Notre-Dame de Douai surgit, qu’avait dévastée la révolution. et où le " timbre pur de l’enfant remplaçait l’orgue absente D’une voix frêle mais jolie, Marceline chantait, toute jeune, des romances dont elle imaginait le texte, et c’est en l’enten- dant un jour que sa mère eut l’idée de lui faire enseigner le chant. Mais laissons la parole à Marceline, qui a conté elle- même cette histoire dans les Petits Flamands où elle se met en scène sous le nom d’Agnès (Scènes et Contes, p. 261) : Agnès, encouragée par le silence profond qui ré- gnait dans la chambre, essayait le premier souffle de son go- sier mélodieux, composant le chant et les paroles, et racon- tait le tout à son oiseau qui l’écoutait à son tour : "Je suis Agnès, je suis Agnès, ah ! ah ! Et j’ai deux mères, et j’ai deux mères, ah ah ! Et toi oiseau, tu es oiseau, ah ah ! Et moi je t’aime, et moi je t’aime, ah ah ! Je grandirai, je grandirai, ah ! ah ! J’aurai des ailes, j’aurai des ailes, ah ah ! Mon père est bon, mon père est bon, ah ! ah ! Et je l’embrasse, et je l’embrasse, ah ah ! 159 Et toi qui chantes, et toi qui chantes, ah ah ! Je te dis tout, je te dis tout, ah ! ah ! "Ce petit poème était entremêlé de roulades impossibles, mais d’une telle douceur pour l’oreille des femmes qui l’écou- taient, que leur cœur en était fondu de tendresse. "Il faut absolument, dit tout bas madame Catherine à sa belle-mère en l’emmenant au fond de l’allée, faire venir M. Mouton, l’organiste de Notre-Dame, pour qu’il entende la voix d’Agnès et lui apprenne les notes en musique. Mon Dieu ! que cette enfant chantera bien ! oui, et qu’elle aura de feu ! Qu’en pensez-vous ma mère ? "Je le crois comme vous, répondit la mère de Félix, et je prédis qu’elle aura cette voix de famille dont il m’est bien permis d’être fière., 160 LES PLEURS T Marceline, dont la voix était agréable bien que frêle, ainsi que nous l’avons dit, dut abandonner le chant après la nais- Isance de sa fille Ondine ; car sa voix "la faisait pleurer "Telle une jeune femme, écrit-elle dans l’Atelier d’un peintre, dont le nom pouvait devenir cher aux arts, fut condamnée à se taire, dans l’impossibilité d’entendre et de supporter ses propres chants d’une mélancolie enivrante, réagissant avec tant d’empire et de force sur son cœur, qu’elle pâlissait, fondait en larmes, et souvent finissait par perdre connaissance., , Toute la famille Desbordes chantait ; Marceline le rappelle dans le même roman avec mélancolie. "Elle revoyait, dit-elle, une rue flamande, calme, silencieuse, animée seulement en été par leurs concerts de famille, où, le soir, autour de l’humble porte verte, on était assis sur la fraîcheur du seuil, formé d’une vaste pierre unie et bleue… » Plus loin elle évoquera la voix de son père : " M. Léo- nard (l’oncle Constant) avait la voix de son frère. Il ne savait pas quel triste et pieux souvenir il éveillait en elle, (elle, c’est Marceline) ; il ne savait pas qu’autrefois, quand elle était sur les genoux de son père, où on la croyait endormie, elle sen- tait son cœur se fondre et ses joues se couvrir de larmes à ce timbre sensible et sonore qui tremblait dans son oreille. La voix de Dieu sera comme cela, pensait la petite fille qui savait ses prières. Et sous le voile de ses cheveux blonds elle se pressait sur la poitrine puissante de son père, comme si elle eût dit : " Mon père, priez pour moi. En 1847, Marceline offrit au Musée de Douai le portrait de son père, peint par Constant Desbordes. Voici la lettre qu’elle écrivait à Duthilloul en le priant de remettre cette peinture au Musée : "Paris, 19 mars. Monsieur et cher compatriote. "Votre âme vous dira ce qui vient de se passer dans la mienne. Mon pieux hommage est présentement dans vos mains. C’est vous qui l’offrirez à la ville natale de votre peintre, et c’est honorer le peintre et la ville qui n’avait aucune preuve parlante de son amour. Je me suis arrachée avec larmes au LES PLEURS portrait de mon père. Si l’on vivait toujours, je sens que vous ne l’auriez pas reçu ; mais de douces et tristes arrière-pensées m’ont aidée à cet adieu précoce. Il est présentement dans un sanctuaire, à l’abri des mutations du sort. Avant de l’avoir retrouvé ailleurs, mon âme ira le saluer là, au milieu de tout ce qu’il a aimé. Ne me plaignez donc pas, cher Monsieur, j’ai en moi de quoi me consoler ; car j’ai accompli cette action comme un devoir envers les deux frères, et jamais frères ne se sont plus aimés. 161 "Ce portrait a eu l’honneur du salon en 1819, je crois, et la Médaille d’or qui n’a pas rendu le peintre plus fier. Sinon la vie, jamais portrait n’a été plus ressemblant. "Vous aurez la bonté de me rassurer et de me dire si cet envoi vous est bien arrivé. Vous aurez compris, j’en suis sûre, le sentiment particulier d’estime qui m’a fait vous l’en- voyer directement, afin que ce soit par vous que ma chère ville natale en reçut l’offrande au nom de Marceline Desbor- des-Valmore (1). „ Le 2 janvier 1848, Marceline écrivait, au sujet de ce portrait, à son frère Félix, alors hospitalisé à Douai : "Tu ne m’as jamais répondu relativement au portrait de notre bon père peint par mon oncle et que j’ai envoyé au Musée de Douai. Ce portrait y est certainement, et j’ai cru que ce se- rait un bonheur pour toi d’aller l’y voir. Bonheur doulou- reux, je le sais, comme tous ceux qui nous restent ! J’ai dans le temps beaucoup pleuré de cet hommage au pays de mon père ; mais je l’ai courageusement fait dans l’idée secrète que son âme en serait contente, que le talent de notre pauvre oncle serait ainsi en souvenir à la ville natale, et que ce portrait fort beau, qui a valu à Paris la médaille d’or à son peintre, ne courrait plus ainsi le risque d’être perdu ou gâté durant les absences forcées dont nous étions alors menacés à chaque instant. Ne vas-tu pas au Musée ? Est-ce un obstacle ou un chagrin pour toi ?… Je t’aime bien et te remercie de planter (1) Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai. G. Cavallucci Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 162 LES PLEURS ton nom, comme tu fais, dans l’estime de qui t’entoure. Grain à grain, c’est une moisson qui ne trompe pas., , 27. Si solitaire, hélas ! et puis si peu bruyante (ABNÉGA- TION). propos. La pauvre Marceline était persécutée, à cette époque, par l’idée de la mort ; et ce mot revenait constamment sous sa plume. Elle écrivait à Gergerès : "Me croyez-vous morte, que vous ne m’adressiez pas même quelque doux reproche ou quel- ques mots inquiets sur mon silence ? Hélas ! Gergerès, vous savez bien qu’on meurt rarement et jamais à (Lyon, 14 janvier 1830. Lettre recueillie par H. Valmore). Et à Caroline : "… C’est fatal, c’est affreux de dire : il n’y a que le temps ou la mort pour guérir. La mort qui n’arrive que bien rarement à propos et le temps qui se traîne sur nous avec une pitié bien froide…, , (Lettre inédite de Lyon, 26 mars 1832, conservée à la Bibliothèque de Douai). 28. Je veux aller mourir aux lieux où je suis née (LE MAL DU PAYS). Marceline écrivait dans l’Atelier d’un peintre (1833), ce roman autobiographique que nous avons cité tant de fois : "Je lui racontai en peu de mots, ma vie errante et ce mal impérieux, ce mal du pays, frénésie filiale et tendre, qui enfièle tout l’air étranger que l’on respire, jusqu’à ce qu’on revienne désaltérer son cœur à celui de sa naissance. Arthur Pougin a retrouvé une note très curieuse, écrite de la main de Marceline et datée du 21 mai 1831. C’est le récit d’un rêve dont Albertine était le sujet : "Je sors d’un rêve étrange. Je ne puis me refuser à l’écrire pour me convaincre qu’il n’y faut pas croire… ou pour qu’il étonne de tristesse quelqu’un qui m’aura aimée, s’il se réalise dans un an. 41 Je traversais vers la nuit une longue allée d’arbres. J’étais seule, sans mélancolie et sans frayeur. J’allais vite et je ne sais où. Tout à coup au milieu de deux arbres, Albertine LES PLEURS - s’est montrée vêtue de noir, mais sous les traits de ma bonne Ruissel (une couturière, voisine et amie tout à la fois de Mme Desbordes-Valmore). Cette différence ne dérangea pas mon idée que c’était bien Albertine, et je lui dis sans trop de sur- prise, en lui tendant les bras avec promptitude, presque en riant : "Ah ! viens-tu me chercher ? Pas encore, me dit-elle, ce n’est pas le temps. Je ne viendrai que dans un an. Mais dans un an il faut te tenir prête, et je t’emmènerai. Oh ! que tu seras bien alors ! — Dans un an, repétai-je avec quelque plai- sir, bien vrai, bien sûr ? Oui, tu peux y compter et m’at- tendre. Jusque-là tu dois souffrir., , Ses yeux, où je regardais alors, curieuse et avec émotion, brillaient d’une clarté singulière et s’agitaient comme pour parler. Elle me conduisit pour me faire panser le cou, où j’avais une blessure ouverte, mais ce qu’on me donna et que j’y appliquai avec indolence, bien que je sentisse des douleurs et des élancements cruels, ne faisait qu’ouvrir cette blessure, à travers laquelle je voyais jusqu’au fond de mon cœur. Qu’il y faisait triste ! Tout est confus de ce qui me reste de ce rêve. Ces deux scènes sont là comme arrivées ou bien montrées d’avance. "Et j’ai senti les lèvres d’Albertine s’attacher longtemps avec une pitié passionnée sur les miennes. Alors j’ai eu un peu de frayeur, mais je ne bougeais pas, dans la crainte d’af- fliger cette chère ombre., 163 L’épigraphe signée " Madame de Balzac, , ne peut être de Mme Hanska que Balzac n’épousa qu’en 1850. M. Bertrand Guégan l’a attribuée à Laure de Balzac, dame de Surville, la sæœur du grand romancier (1800-1871). Le bibliophile Parran possédait l’exemplaire des Pleurs que Marceline avait offert à Balzac. Il portait la dédicace suivante : "A Monsieur de Balzac vir nobilis Par vous et pour vous j’ai appris deux mots latins Marceline Valmore Ier Octobre 1833., , 164 LES PLEURS 29. Ouvre-toi, cœur malade ! et vous, lèvres amères (LA CRAINTE). 30. Ni du furtif oiseau la voix mélodieuse (SOUS UNE CROIX BELGE). Cette pièce a été inspirée à Marceline par la révolution. belge de 1830. Le poète Auguste Barbier, aux ceuvres de qui est emprun- tée l’épigraphe de cette pièce, était allé voir Marceline à Lyon, au mois de décembre 1831 en compagnie de Brizeux (Souvenirs de Barbier, p. 336 et suiv.). 31. D’où sait-il que je l’aime encore ? (L’ÉTONNEMENT). (1) Imprimée pour la première fois dans le Mémorial de la Scarpe, 1830, puis dans le Chansonnier de Grâces de 1831. Frédéric Ancillon (1766-1837), auteur de l’épigraphe, a écrit de nombreux essais de philosophie, de littérature et d’histoire. 32. Veux-tu l’acheter (LA SINCÈRE). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1831 ; dans les Annales romantiques de 1832 et dans le Chansonnier des Grâces de 1833. Cette pièce a été mise en musique par Pauline Duchambge. 33. Elle était belle encor ! Tu me l’avais donnée (UNE FLEUR). Repris en 1837 dans la Couronne de Flore, sous le titre : La Violette. Marceline a traité le même sujet dans l’Atelier d’un peintre (tome II, ch. 13) : Yorick est venu voir Ondine en tenant une fleur à la main. Ondine ne pense pas que cette fleur se trouve par hasard dans les mains d’Yorick, et elle la consi- dère comme un aveu "devant tous, lisible pour elle seule… Que dut-elle donc ressentir, lorsqu’elle le vit ramené par le hasard auprès de la table, y retrouver, y reprendre et froisser (1) Nous ne manquerons pas de reproduire en entier cette pièce, lorsqu’il sera question de l’amour de Marceline pour Latouche. avec colère l’aveu qu’elle croyait avoir compris si bien, le broyer, le tordre dans ses doigts contractés d’une sourde irritation, et comme s’il s’amusait à la manière des enfants qui détruisent pour observer, suspendre la fleur fanée au-dessus de la lampe, comme au dessus d’un bûcher, l’y consumer patient et curieux ; suivre les convulsions de chaque feuille refoulée sur elle-même, par l’action corrosive du feu, en recueillir la cendre au creux de sa main, et la disperser ensuite au souffle de son haleine puissante, aussi content de lui que s’il avait fait la plus belle chose du monde. »

Clément XIV et Bertinazzi est un roman de Latouche, publié en 1827, que Marceline trouvait « d’un charme indéfinissable ». Ramond, auteur de la première épigraphe, est le charmant Ramond de Carbonnières (1755-1827) auteur d’ouvrages de botanique et d’un célèbre Voyage au Pic du Midi et au Mont Perdu.

34. Elle est aux cieux, la douce fleur des neiges (NADÈGE).

Cette poésie est datée « Rouen 1832 » dans l’Album n° 11 de la Bibliothèque de Douai.

Le Dictionnaire des Comédiens français de M. Henry Lyonnet contient une notice fort intéressante sur Nadège : « Mme Fusil raconte dans ses Souvenirs que, auprès de Vilna, pendant la retraite de Russie, elle trouva un enfant dans la neige à côté de cadavres. Elle la recueillit et la fit élever à Luxembourg chez des parents. La légende était créée. Dès qu’elle le put, elle fit de l’enfant un petit prodige, la produisit sur toutes le scènes bien avant l’âge de raison. Nadège joua la comédie à Potsdam, devant Frédéric Guillaume. À quatorze ans, elle débutait à l’Odéon (22 février 1824) dans Lisinska, rôle d’une bohémienne ; chanson et danse russe. Trois ans après, elle débutait au Théâtre Français, et la presse accueillit la nouvelle ingénue avec bienveillance. Mais Nadège à qui l’on reconnaissait de l’intelligence, du goût, de la tenue, ne reste pas à la Comédie Française ; elle voyage beaucoup. Enfin, la voici engagée à Rouen, 1830-1832… La santé de la pauvre enfant n’avait été toujours que bien fragile et elle s’éteignait le 9 août 1832 à Rouen, emportée par une maladie de poitrine. Le Courrier des théâtres du 14 août reproduisit le bel article nécrologique de l’Écho de Rouen. Mme Desbordes-Valmore qui avait connu Nadège à Rouen, écrivit une épitaphe poétique pour la tombe de cette malheureuse jeune fille (Histoire du théâtre de Rouen).

« On s’est demandé quels liens véritables attachaient Louise Fusil à Nadège. Et M. Paul Ginisty nous a rapporté la version de Régnier. Quand Fusil fut à son lit de mort, sa femme, qui était toujours restée en bons termes avec lui, alla le voir. Elle avait une confession à lui faire et venait chercher son pardon. Nadège n’était pas une orpheline, mais sa propre fille à elle, née de sa liaison avec un officier russe. Le moribond, à cette révélation, tenta de se soulever, et rassemblant ce qui lui restait de forces : « Fiche-moi la paix ! » s’écria-t-il. Se non è vero… »

35. Pauvre exilé de l’air, sans ailes sans lumière (LE ROSSIGNOL AVEUGLE. À Madame Caroline Branchu).

Publiée d’abord dans l’Almanach des Muses de 1832.

« Caroline de Lavit, née à Saint-Domingue en 1780, était fille d’un mulâtre. Sa famille étant venue en France, Caroline apprit le chant au Conservatoire et remporta deux prix. Elle joua quelque temps salle Feydeau, puis elle débuta à l’Opéra dans Œdipe à Colone de Sacchini (1801) ; elle y créa triomphalement la Vestale (15 déc. 1807) et Fernand Cortez (1809). Caroline avait épousé en 1804 le danseur Branchu qui mourut fou ; elle n’en continua pas moins d’être la maîtresse de Garat, son professeur de chant, d’avoir des faiblesses pour le violoniste Kreutzer et d’agréer les « hommages prolongés » de Napoléon. En 1826, elle quitta le théâtre et se retira à Orléans. Il semble que Madame Desbordes-Valmore ait connu Caroline Branchu en 1807 (lettre publiée par J. Boulenger) ; il est possible, cependant, qu’elle l’ait rencontrée plus tôt à Rouen, en 1803 ou en 1806. En tous cas, une véritable intimité ne s’établit entre les deux femmes que dans les derniers mois de 1831. Caroline venait d’être abandonnée par un amant, plus jeune qu’elle de dix-huit ans, le docteur Pierquin de Gembloux qui « par intérêt allait épouser une bête ». À l’exemple de Marceline et de LES PLEURS 167 Pauline Duchambge, la légère Branchu se convertit à la reli- gion du souvenir ; et peut-être est-ce l’amour qu’elle garda à l’infedèle Pierquin qui lui conquit l’amitié de Marceline. Celle- ci reçut souvent à Paris la pauvre chanteuse ; elle vint la voir plusieurs fois à Orléans avec ses enfants, enfin elle ne cessa jusqu’à sa mort de lui adresser des lettres affectueuses qui témoignent que jamais "un nuage ne passa entre leurs deux cœurs, (Bertrand Guégan). Dans ces lettres de Mme Desbords — Valmore à Caroline Branchu nous avons cueilli quelques phrases émouvantes où la poétesse soutient et console sa vieille amie désespérée, mais toujours ardente : "… Je vous admirais avec tant de joie, ma bonne Caro- line ! de cette joie sérieuse que donne un grand talent. Je ne savais pas trop vous le dire ; car vous n’etiez pas là quand je pleurais de vous entendre. Mais vous avez bien vu sur ma pen- sive personne quelques traces de ces émotions profondes qui ne se révèlent bien qu’à ceux qui les inspirent. Je vous jure que c’est toujours à cause de vous que je n’entends jamais prononcer le nom d’Alceste et de Didon (les meilleures créa- tions de Mme Branchu) sans tressaillir comme si je vous voyais ; il ne m’est pas possible de leur prêter une autre voix et d’autres traits que les vôtres., (Lyon 4 mars 1830). "Tu as un cœur de reine et d’enfant, Caroline, et je t’apprends si tu l’ignores que tu es la meilleure des femmes. (3 novembre 1837). A propos d’un concert que Caroline avait organisé dans un village, Marceline lui écrit : 11 "6… Ton charmant sabbat m’a forcée de rire. Comment as-tu incrusté toi et Martini dans ces gosiers de village ? Je te vois d’ici avec ton étonnement sublime. Ah ! ta place était au conservatoire où l’empereur t’aurait sacrée reine de l’harmonie, ,. (1 janvier 1841). … Oui ! Caroline, écrit encore Mme Desbordes-Valmore, le 12 avril 1843, tu aurais bien fait de venir, si tu l’avais pu, relever tes idées abattues à force d’être tendres. Il te fallait une vie d’amour, parce que ton âme en est faite. Trop de recueil168 LES PLEURS lement te dévore, et tu ne pourrais jamais végéter, mais te dévorer au bûcher de ta mémoire. Femme, fille, mère et am : e, tu as été complète partout. Je ne dis rien de l’artiste : l’étais-tu autrement qu’avec tes passions sublimes ? Va, je t’ai comprise aussi. Moi, fourmi dans l’herbe, je t’éprouvais jusqu’au fond de mon intelligence voilée alors, et je savais pourquoi Garat qui t’écoutait l’oreille béante, et les mains tendues, pleurait com- me on doit pleurer en écoutant à la porte du ciel… "(Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai). Le député Kératry (1759-1869), qui fournit l’épigraphe de ce poème, est l’auteur de nombreux ouvrages de philosophie et de quelques romans. 36. Que ton cœur prenne ma défense (LA DERNIÈRE FLEUR). Un fragment de cette pièce a été repris dans la Couronne de Flore, 1837, sous le titre:La cloche bleue. 37. Triste et morne sur le rivage (A M. A. de LAMARTINE). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1832; reprise dans la France littéraire, 1834. Cette pièce est suivie dans les Pleurs de la poésie de Lamartine : Souvent sur les mers où se joue (A MADAME DESBORDES-VALMORE), qui avait paru dans le Mémo- rial de la Scarpe, 1831. Dans le livre qui a pour titre : Madame Desbordes-Valmore, Sa vie et sa correspondance (Michel Lévy, 1870), Sainte-Beuve a raconté (pp. 221-232) à quel quiproquo l’on doit les deux beaux poèmes de Lamartine et de Marceline Desbordes. "Il faut bien pourtant en venir aux hommages littéraires, à commencer par le plus magnifique et le plus royal de tous, celui de Lamartine. Lui seul en eut l’initiative, et un quiproquo y aida. Il y avait dans les dernières années de la Restauration un poète errant et des plus bohèmes, Franc-Comtois d’origine ou à peu près, resté de tout temps provincial, voué à l’Épître laudative et à l’Élégie, d’une verve facile et un peu banale dans son harmonie coulante, Aimé de Loy. Il avait poussé son odyssée LES PLEURS 169 jusqu’au Brésil et en était revenu pour mourir pauvre en 1834. C’est à ce poète, de plus d’infortune et de malchance que de talent, qu’un jour Mme Valmore adressa des vers insérés dans un Keepsake avec ces seules initiales : A. M. A. D. L.……… Mais A. D. L., que pouvaient signifier de telles initiales à cette date, sinon le grand poète régnant, Alphonse de Lamartine ? Le Keep- sake lui étant tombé sous les yeux, Lamartine, en effet, prit ces vers pour lui, et, à l’instant, il s’échappa de son sein une nuée de strophes ailées, un admirable chant et vraiment su- blime, à la louange de son humble sœur en poésie. Il y avait des années déjà qu’il avait noté et distingué entre tous l’accent particulier à Mme Valmore. Un jour (vers 1828) qu’il s’entre- tenait avec M. de Latour, comme celui-ci avait amené dans la conversation quelques noms contemporains de femmes poètes, Lamartine s’était écrié : "Mais il y a bien autre chose au dessus, bien au-dessus de tout cela. Cette pauvre petite comé- dienne de Lyon… comment l’appelez-vous ?, , Et lui-même avait aussitôt retrouvé le nom. Il fit donc cette admirable pièce qui commence avec grandeur, et où il montre le vaisseau de haut bord qui, dans l’orgueil du départ, se rit des flots et se joue même de la tempête ; puis, en regard, la pauvre barque comme il en avait tant vu dans le golfe de Naples, une barque de pêcheur dans laquelle habite toute une famille, et qui, jour et nuit, lui sert d’unique asile et de foyer:le père et le fils à la manœuvre, la mère et les filles aux plus humbles soins. Mais il faut citer ces stances qui, pour nous désormais, ont tout leur sens et toute leur vérité. Remarquez que Lamartine ne connaissait qu’à peine et de loin seulement Mme Valmore; mais la divination du génie est comme une seconde vue, et du premier coup d’œil il avait tout compris de cette existence, il avait tout exprimé en images vivantes et dans un tableau immortel : Souvent sur les mers où se joue… etc. "Qu’ajouter à de tels accents ? et combient aux années heureuses et innocentes, avant la politique, il lui a été donné de verser de semblables chants dans les âmes souffrantes, lui, le 170 LES PLEURS grand consolateur à qui il doit être tant pardonné. En même temps que cette pièce de vers, Mme Valmore recevait la lettre que voici : © 25 janvier 1831 " Madame, "J’ai lu dans le Keepsake des vers de vous que j’ai voulu croire adressés à l’auteur des Harmonies poétiques. C’était un motif ou un prétexte que je ne voulais pas laisser échapper d’adresser moi-même un bien faible hommage à la femme dont l’admirable et touchant génie poétique m’a causé le plus d’émotion. Agreéz donc, Madame, ces stances trop imparfaites où j’ai essayé d’exprimer ce qu’une situation si indigne de vous et du sort m’a si souvent inspiré en pensant à vous ou en par- lant de vous. Voyez-y, je vous prie, seulement, Madame, un témoignage de profonde sympathie, d’admiration et de respect. "AL. DE LAMARTINE, " Ainsi touchée au fond de l’âme et aussi prompte que l’écho, Mme Valmore répondait à l’instant dans la même mesure et sur le même rythme. Je ne mettrai de sa réponse que deux ou trois strophes dans lesquelles elle réclamait avec confusion contre le mot de gloire que lui avait jeté magnifiquement le grand poète. Mais dans ces chants que ma mémoire… etc. Envoyant à M. Duthilloul, de Douai, qui lui en avait demandé copie, la pièce de vers de Lamartine, elle ajoutait ces lignes qui sont dictées par le même sentiment : "L’attendrissement l’a emporté sur la modestie, monsieur, et j’ai transcrit ces beaux vers à travers mes larmes, oubliant qu’ils sont faits pour un être si obscur que moi. Mais non, ils sont faits pour la gloire du poète, pour montrer son âme dans ce qu’elle a de sublime et de gracieuse pitié. Je vous les donne, ,. "Quant à Lamartine, il remerciait Mme Valmore de sa ré- ponse émue et palpitante, par une lettre que je donnerai en- core et qui clôt dignement cet échange harmonieux, ce cartel de haute et tendre poésie : LES PLEURS 171 " Madame, "Je suis payé au centuple, et je rougis en lisant vos vers des éloges que vous donnez aux miens. Une de vos strophes vaut toutes les miennes. Je les sais par cœur. "J’espère que la fortune rougira aussi de son injustice, et vous accordera un sort indépendant et digne de vous. Il ne faut jamais désespérer de la Providence quand elle nous a marqué au berceau pour un de ses dons les plus signalés, et quand on sait comme vous l’adjurer dans une langue divine. "Je compte aller bientôt passer deux jours à Lyon. Je m’estimerais bien heureux de joindre le plaisir de vous con- naître à celui de vous admirer et de vous remercier. "AL. DE LAMARTINE. 12 38. Ondine ! enfant joyeux qui bondis sur la terre (MA FILLE). Cette pièce a été réimprimée dans le Livre de jeunesse et de beauté, 1834, dans La Mosaïque poétique, 1834, sous le titre : A ma fille et dans la Fauvette, 1842, sous le titre : Ondine. Hyacinthe-Marceline Valmore, que l’on appelait Ondine, était née à Lyon le 1 novembre 1821. Dans une lettre qu’elle adressait à Ondine le 1 mars 1842, Marceline dit à sa fille de cette poésie qu’elle aimait particu- lièrement : " Tu verras le volume de Charpentier (Il s’agit du choix de poésies de Marceline publié chez Charpentier par Sainte-Beuve). Ils n’ont pas mis Ondine ! enfant joyeux qui bondis sur la terre, sûrement parce qu’il y en a un fragment cité par M. Sainte-Beuve, mais cela m’a fait de la peine., Le poète écossais Robert Burns, auquel est empruntée l’épigraphe de cette pièce, était mort en 1796. 39. Nacelle abandonnée (A MONSIEUR A. DE L.) Publiée d’abord dans le Mercure du 19e siècle, 1830 ; le Mémorial de la Scarpe, 1831 ; le Keepsake français, 1831, sous le titre : A l’auteur des Harmonies et dans l’Almanach des Muses de 1832, sous le titre : Nacelle, dédiée à M. A. de Loy. 172 LES PLEURS Aimé de Loy, encore une victime du romantisme ! L’exis- tence la plus aventureuse et la plus tourmentée. Docteur ès lettres et en droit, il semblait fait pourtant pour une vie régulière. Il était né en Franche-Comté, il avait là-bas une famille, une femme, des enfants… Mais une sorte de fatalité lui faisait tout oublier. Il allait de ville en ville, frappant aux portes, troubadour attardé, bien accueilli parfois, chassé plus souvent. Il voyage ainsi à travers la France, la Suisse, l’Alle- magne, le Portugal, le Brésil, fantasque et enthousiaste, avec des élans de gaîté et de mornes découragements, passionné de poésie, d’ailleurs, et vraiment poète. En 1827, un éditeur lyonnais avait publié de lui des Préludes poétiques. Mais il ne pouvait faire autre chose que préluder. Sa folie le reprit. Au lendemain de sa mort, quelques amis réunirent ses poé- sies éparses, Feuilles au vent (Jules Marsan. Marceline Des- bordes-Valmore et G. Charpentier. Mercure de France, 15 avril 1921). Dans son ouvrage sur Mme Desbordes-Valmore, M. Eugène Vial nous apprend, en outre, qu’Aimé de Loy "ouvrit un cours de droit à Douai, rédigea le Mercure Ségusien à St Etienne, le Mémorial de la Scarpe à Douai, et la Revue de St Etienne., , M. Fernand Vandérem croit aussi que ce poète aima Mme Desbordes-Valmore d’un amour qui ne fut payé que d’affection. (Bull. du Bibliophile, 1930). C’est aux recommandations de Marceline qu’Aimé de Loy dut d’être reçu à Douai. Marceline ne tarda point, d’ailleurs, à s’en repentir ; car là comme partout, le poète ambulant com- mit de graves indélicatesses. Nous avons retrouvé dans le fonds de Douai une lettre inédite adressée à Duthilloul où Marce- line s’excuse d’être la cause indirecte de l’un de ces manque- ments à l’honneur : "Votre lettre, Monsieur, m’a jetée dans une consternation que je ne peux vous peindre. Au milieu du tumulte et de la fatigue de notre effrayant voyage, je vous avoue que j’ai été frappée du plus triste étonnement à cette nouvelle découverte de la perversité humaine. Valmore en a perdu la parole, et le regret que ce soit sur vous que tombe une telle indignité, LES PLEURS 173 nous la rend doublement odieuse. Monsieur de Sigoyer, dans un de ses derniers voyages à Lyon m’avait bien confié qu’au plus beau talent, et au caractère le plus inoffensif, Monsieur de Loy joignait le malheur de s’appuyer trop sur ses amis et d’avoir les pieds légers pour les fuir ; mais rien de bas ni de gravement coupable n’entrait alors dans notre pensée. Que l’expérience est amère, Monsieur ! et que je suis désolée d’avoir innocemment aidé ce malheureux à vous être ingrat ! J’en ai pleuré dans la vénération que je vous porte. J’ai reçu tant de blessures de ce genre que j’en pèse toute la douleur pour les autres. Je vais écrire à St Chamand, dans le vague espoir de découvrir la marche de M. Loy. Monsieur Coignet, dans une extrémité pareille à celle dont vous l’avez tiré, sera bien confondu de cette nouvelle. C’est un candide de notre nature, qui voit et juge les autres à travers son cœur. {{

J’avais lu avec tendre joie, dans votre journal, l’heu- reuse et double délivrance de votre charmante femme que Dieu bénisse la mère et les deux berceaux !, , (Rouen, 3 mai 1832. Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai). Nous avons déjà parlé de l’épigraphe de cette pièce dans la note que nous avons consacrée au Bouquet sous la croix. 40. Tais-toi, ma sœeur ! le passé brûle (LA MÉMOIRE). Byron, dont Marceline cite un vers en épigraphe, était mort à Missolonghi en 1824. 41. Quoi ! c’est là ton berceau, poétique Louise (LOUISE LABÉ). Marceline donne en épigraphe le sonnet XIV et les sept premiers vers de la troisième élégie de Louise Labé. Elle avait lu, sans doute, les ouvres de la poétesse lyonnaise dans la réimpression qu’en avait donnée le lyonnais Bréghot du Lut en 1824 (Lyon, Durand et Perrin). Le 18 vers de cette pièce "Ressemble au papillon sur l’épine arrêté „ manque à l’édition originale des Pleurs. Il a été rétabli au crayon par Marceline sur l’exemplaire que pos- sède M. Lucien Descaves. 174 LES PLEURS 42. Quelle mère un moment ne fut ambitieuse ? (AGAR). Cette pièce a été reproduite dans Consolation et Espé- rance, 1836. Dix ans après la publication des Pleurs, Marceline écri- vait à son ami Gergerès : "… Nous aurons donc, provisoire- ment du moins, un répit contre la famine : c’est l’ange descendu aux pleurs d’Agar dans le désert. Mon fils, notre cher Ismaïl, aura un peu d’eau : par combien de sueurs son pauvre et ado- rable père l’achète-t-il ?, , (5 mai 1843). 43. Muse à la voix d’enfant ! Quelle route épineuse (LUCRETIA DAVIDSON). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1832, et dans le Talisman, 1832, sous le titre : A Lucretia Davidson, jeune américaine morte à 17 ans. La jeune poétesse américaine était morte en 1825. 44. Pour Dieu ! mon amie (ÉCRIVEZ-MOI). 45. Comme tout change vite ! arbres de Belle-Allée (AUX MANES D’EDMOND GÉRAUD). Edmond Géraud, critique dramatique du Mémorial borde- lais et fondateur de la Ruche d’Aquitaine, avait publié deux volumes de vers en 1818 et 1822. Marceline était liée avec sa famille presque autant qu’avec les Nairac, et la nouvelle sa mort lui causa une peine profonde. Peu après la mort du poète, survenue le 21 mars 1831, elle répondit à Gergerès qui lui avait demandé des vers en souvenir d’Edmond Géraud : "L’événement qui vous frappe, bon Gergerès, dans votre plus intime amitié, m’a troublée de surprise et de douleur. Tous vos souvenirs se sont réveillés en moi, comme si je vous voyais moi-même, et vos larmes, votre pâleur, ce triste silence qui suit la perte irréparable de ce qu’on aime, tout m’est entré dans l’âme avec le regret personnel que j’éprouve de ne plus chérir, dans M. Géraud, qu’un ami pour toujours absent. Je vous as- sure que le serrement de cœur que j’en éprouve me rapproLES PLEURS 175 che bien tristement, depuis cette triste nouvelle, de vous, Ger- gerès, que je sens bien malheureux, et de la charmante femme qu’il avait tant de peine à quitter. Comme elle reste à plaindre ! pauvre petite mère d’Elodie ! Personne ne la regarde dans le présent et dans l’avenir, avec plus d’attendrissement que moi, croyez-le. J’ai déjà connu tant de chagrins, que je les devine tous. Aussi, je ne consolerais pas Mme Géraud, mais je l’entendrais si j’étais auprès d’elle. "Je ne pourrais, dans ce moment, mettre assez d’ordre dans mes idées pour vous envoyer rien qui fût digne d’être jeté sur la tombe d’un poète. J’aimais M. Géraud pour quelque chose de pareil qui se trouvait dans nos âmes, une mélancolie qu’il cachait mieux que moi, et une ardeur vraie et profonde qui brûlait, qui charmait ou qui consolait sa vie, et je crois le voir devant moi qui me dit : "Oui, vous ne vous trompez pas !, , Mais il me le dit avec le calme du ciel, à présent ; et nous sommes tous, cher ami, plus troublés, plus malheureux que lui. Quel dommage de s’en aller ainsi un à un ! Que je plains surtout sa femme, elle qui était aimée ! "Vous aurez plus tard l’hommage bien dur de mes regrets. Il s’y mêlera toujours un doux sentiment, celui de la recon- naissance ; car il m’a conduite et menée lui-même à la Belle- Allée, moi pauvre étrangère. Croyez bien aussi que le souvenir de Bordeaux m’est ineffaçable., (Lyon, 3 juin 1831). 46. Oh ! de l’air ! des parfums ! des fleurs pour me nourrir ! (LES FLEURS). Cette poésie a été reimprimée en 1837 dans la Couronne de Flore. 47. Qui me rendra ce jour où la vie a des ailes (L’IMPOSSIBLE). 48. Oui, d’une flamme à part cette âme fut formée (L’ÂME DE PAGANINI). Paru d’abord dans l’Echo de Rouen et de la Seine- Inférieure, 16 octobre 1832 (titre:Le nom de Paganini); le 176 LES PLEURS Papillon, 23 octobre 1832 (titre : A Paganini) ; et l’Almanach des Muses de 1833. Cette poésie a été reprise dans la Mosaïque poétique de 1834 (titre : Le nom de Paganini) et dans les Annales romantiques de 1835 (titre : Paganini). Voici les lignes que M. Bertrand Guégan consacre à cette pièce dans ses précieuses notes sur les poésies de Marceline : "Cette poésie n’avait que trente vers dans sa première rédaction:seize vers en ont été conservés par Marceline pour sa pièce des Pleurs; huit autres vers, ceux par quoi débute la première version, on été repris dans Une halte sur le Simplon. Un journaliste qui signe V. V. présente ainsi la poésie de Marceline dans l’Écho de Rouen du 16 octobre 1832 : "Théâtre des Arts, Deuxième concert de M. Paganini… Quant à Paganini, dont il faut bien enfin parler, il a été comme la première fois sublime, inconcevable ; et, comme la première fois, hier en sortant du théâtre, nous ne savions que dire, nous nous mettions à la torture pour inventer des mots qui pussent donner quelque idée de cet homme surnaturel, de ce violon-orchestre, vaste épopée qui sait tout chanter, lorsque nous sont tombés comme du ciel les vers qu’on va lire ; ils peignent avec une grâce facile, qui n’appartient qu’à leur auteur, les sentiments d’admiration que chacun éprouve pour le mer- veilleux artiste. Nos lecteurs en remercieront autant que nous l’honorable et obligeante amitié de Mlle Valmore à qui nous les devons,. "Rendant compte, le jeudi 18 octobre, du concert d’adieu de Paganini, le même V. V. écrit dans l’Echo de Rouen : "On avait déjà battu des mains, crié, trépigné, Paganini jouait son troisième morceau. Il était là sur la scène, paraissant lutter con- tre son violon et user ses forces à le vaincre, tant il était pâle, tant ses yeux étincelaient. La foule enchantée l’écoutait silen- cieuse comme un seul homme ; les musiciens, rangés autour de lui, respiraient à peine. Muets d’admiration, ils attachaient leurs regards sur cet homme, sur cet instrument dont eux-mêmes ne peuvent comprendre les prodiges, lorsque des couronnes de lauriers, de roses, d’immortelles, sont tombées sur le théâtre LES PLEURS aux applaudissements de tous les spectateurs. Ce fut, je vous assure, un beau moment. "A ces couronnes étaient attachés des billets, dont on a demandé lecture. L’inexorable règlement de police, pour cette fois, a bien voulu se taire et Valmore est venu faire confidence au public des hommages poétiques adressés à Paganini. Des trois pièces qu’il a lues, nous n’avons pu nous en procurer que deux ; les voici : A PAGANINI (L’auteur de ces vers est M. Valmore) D’où s’échappe la voix frémissante et cachée Qui vibre dans tes doigts ? Est-ce une voix de fée ? Dis-nous ? Est-ce un caur d’homme aux pleurs harmonieux, Un sourire de femme égaré dans les cieux ? Ce coloris des sons, fascinante merveille, Semble créer pour nous le prisme de l’oreille. Le cœur bat, l’âme écoute et meurt de tes accens, L’ivresse à flots pressés ruisselle dans nos sens : Si ton rapide archet de ses ailes de flammes Vole comme l’éclair sur tes brillantes gammes, Jetant des notes d’or dans un sillon de feu, N’est-ce pas qu’en ton sein vient s’agiter un dieu ? De la divinité, toi vivante étincelle, Toi seul prouverais l’âme et sa source immortelle ; Quand ton génie altier sait d’un sublime écart Renverser à tes pieds les barrières de l’art, 177 On dirait sous ta corde et sans frein et sans règle Un nid de rossignols couvés par des yeux d’aigle ! "L’épigraphe de la page 310 reproduit les deux derniers vers de l’hommage de Prosper Valmore., , (Bertrand Guégan, II, pp. 406-407). Le 21 novembre 1832, Marceline écrit à son ami Lepeytre pour lui annoncer le passage à Marseille de la cantatrice Mazi et du merveilleux Paganini qu’elle avait entendus à Rouen, le G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 12 178 (1 mois précédent : J’ai eu la consolation que porte partout le talent de grands artistes. Vous jugerez en les entendant que c’est, en effet, comme une faveur du ciel de rencontrer sur son chemin si triste deux voyageurs qui ont après eux tant de charmes. L’un par une de ces voix qui enchantent ; l’autre par des mains puissantes et pleines d’un génie saisis- sant. Vous allez voir. J’ose me mettre entre eux et vous, pour leur assurer à Marseille un accueil de plus. Votre âme ira au devant d’eux, et ce sera presque rencontrer la mienne qui les suit de vœux et de regrets., , (Grenoble, 21 novembre 1832). Voici, pour clore cette si longue note, en quels termes le sculpteur David d’Angers remercie Marceline de lui avoir en- voyé une copie de son poème :.. Je suis bien touché du précieux cadeau que vous m’avez fait de vos vers sur Paga- nini. Cette sublime poésie est faite pour remuer jusqu’au fond de l’âme. Vous lui avez élevé une statue impérissable : c’est lui tout entier., , (Paris, 23 mars 1833).

LES PLEURS 49. Ne t’en va pas, reste au rivage (JAMAIS ADIEU). Paru d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1829, avec de la musique de Pauline Duchambge. Peu après la mort du docteur Alibert, Marceline écrivait à son ami Gergerès (Paris, 25 novembre 1837) : "Je ne com- prends pas la mort. Si c’est au revoir, pourquoi cette immense douleur ? Si c’était mon Dieu, pardon ! — si c’était adieu, pourquoi cette révolte ardente contre la loi, qui doit être belle encore puisqu’elle vient de la source de toute justice ?, , - 50. Petits enfants, vos jeunes yeux (LE RETOUR DU MARIN). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1830, puis dans l’Almanach des Dames de 1831, cette pièce a été réim- primée dans le Chansonnier des Grâces de 1834. 51. Prends ce rameau, jeune fille (L’ENFANT AU RA- MEAU). LES PLEURS 179 Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1832, sous le titre : La jeune fille au rameau. Cette pièce a été mise en musique par Pauline Duchambge. 52. Ouvrez ! Qui frappe à l’heure (LA FIANCÉE POLO- NAISE). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1831. En 1833, au moment où la cabale chassait Prosper Val- more du théâtre de Rouen, la famille Valmore dut engager tout ce qu’elle possédait pour quitter cette ville ; Marceline dut même sacrifier ce qui lui était le plus précieux, son an- neau de mariage. Voici un fragment de lettre à son mari où elle rappelle cette aventure navrante ; il montre combien fut grande sa misère : … Si ma lettre te parvient encore, écoute bien l’unique chose que je te conjure de m’apporter de Bruxelles. Tu de- manderas à Sophie l’adresse de Willem, celui ou le fils de celui qui nous a fait nos anneaux de mariage, et tu lui en achèteras un petit pour moi, que tu feras bénir par le bon curé des Finistères. Tu peux faire venir Willem chez toi, par la bonne Sophie. Tu ignores que mon cher anneau a été vendu à Rouen avec ce que nous y avions laissé en gage. Ma sœur n’a plus eu enfin de quoi renouveler les frais. Jamais elle ne m’a répondu à ce sujet, mais je le devine trop et je te rede- mande un anneau, comme un présent nécessaire à mon bonheur. Je sens que le moment n’est pas opulent pour toi, mais il m’en sera plus précieux et mieux béni., , (Paris, 25 décem- bre 1840). Le 16 août, Marceline remerciait en ces termes Dutilleul d’avoir publié la Fiancée polonaise dans le Mémorial de la Scarpe : Votre cœur, à ce compte, me défendra mieux que moi-même ; car je le reconnais partout, Monsieur, et encore dans les lignes bienveillantes qui soutiennent la Fiancée polo- naise. Un parrain comme vous lui portera bonheur, et jamais on n’a prié plus ardemment, jamais on ne s’est trouvé plus d’accord sur une grande question politique, parce qu’elle est 180 LES PLEURS toute d’humanité. Jamais, comme vous le dites, sympathie n’a été plus générale, et sans rien comprendre aux profondeurs de cette fatale science, je suis stupéfaite de douleur et d’admiration quand je songe aux blessures de la Pologne., , (Lyon, 16 août 1831. Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai). 53. O mes enfants ! ne dansez pas (LE VIEUX PÂTRE). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, et dans le Nouveau Keepsake français, 1833. Cette pièce a été inspirée à Marceline par la révolution de juillet. Le 25 novembre 1830, la poétesse écrivait de Lyon à son ami Frédéric Lepeytre : "Cette avalanche glorieuse a pensé m’entraîner, moi, pauvre roseau, comme elle a déraciné des chênes. Heureux morts de juillet ! Quel mouvement, Mon- sieur, leur chute a donné à la terre ! Ne la sentez-vous pas bouger ? Vous me parlez de chanter à travers tant d’émotions. Ah ! Monsieur ! Quelle voix en ce moment vaut la voix du peuple ! Qu’elle est touchante, noble, poétique… et simple ! Béranger, lui-même, regarde et se tait. Que voulez-vous qu’une femme si frêle que moi murmure dans le tumulte de gloire et de grandes espérances ? J’ai pleuré comme toutes les fem- mes. Les hommes sont les poètes de pareilles époques… » (Lettre recueillie par Hippolyte Valmore). Le 3 août de la même année, elle avait écrit à Duthilloul : "Lyon est plein de courage, d’harmonie et de joie. Tout s’est levé, tout a pris les armes. Le peuple ouvrier, le bourgeois, le riche marchand, les théâtres, les voisins des faubourgs, tout est garde national. Pas une tache de sang, pas un malheur à déplorer. La même pensée anime cent mille âmes. La même voix a crié vers le ciel, et tout est selon sa justice… Les couleurs libres flottent partout. (Publié par Arthur Pougin). Le lendemain, Marceline envoyait Le vieux pâtre à Duthil- loul en l’accompagnant du billet que voici : " Les femmes viennent de mourir pour leur patrie. Heu- reuses femmes ! Il peut donc être permis d’oser la chanter cette chère et glorieuse patrie. LES PLEURS 181 "Faites ce qu’il vous plaira des vers que je vous envoie, Monsieur. C’est l’élan d’un cœur pur que le vôtre peut ap- précier. Je vous salue de toute ma joie., , (Lettre inédite du 4 août 1830, conservée à la Bibliothèque de Douai). On ne saurait trop répéter que Marceline n’a jamais eu d’opinions politiques ; mais elle était d’une générosité rare et désirait passionnément la liberté, tant pour les peuples que pour les individus. C’est cet ardent amour de la liberté qui la faisait saluer avec joie la révolution de 1830. 54. Ange ou prophète ! oh ! que je te revoie (BÉRANGER). Vivement touché de l’admiration que Marceline lui témoigne une fois de plus, Béranger la remercia de ses vers par le délicieux billet que voici : " Ne pas me souvenir de votre ami- tié. Voilà, madame, une bien vilaine phrase, sortie d’une plume qui n’a l’habitude d’en écrire que de charmantes. Il ne fallait rien moins, pour vous faire pardonner, que les strophes que vous m’adressez. Elles m’ont ému parce qu’elles partent du cœur, comme tout ce que vous faites ; mais si votre talent est si vrai, si touchant, c’est grâce sans doute aux illusions que vous vous faites quelquefois, et je suis heureux que ma Muse y trouve si bien son compte. Vous la voyez toute brillante des qualités que votre belle et tendre imagination lui prête. Vos vers m’en sont la preuve. Tant mieux, puisque en voyant ainsi vous avez produit des vers si charmants… (Passy, 11 février 1833). 55. Éveillez-vous, gens qui dormez (LE CRIEUR DE NUIT). Cette poésie, imprimée pour la première fois dans le Mé morial de la Scarpe, 1831, a été réimprimée dans l’Hommage aux Dames de 1834. Dans le Mémorial de la Scarpe, le Crieur de nuit, qua- lifié de "ballade inédite est suivi d’une note de la rédaction : "Depuis 1616, y est-il dit, des crieurs de nuit étaient établis à Douai dans chacune des six paroisses. Ils commençaient leur tournée à onze heures du soir et annonçaient d’abord leur 182 1 LES PLEURS passage par la sonnerie d’une cloche qu’ils portaient et ensuite par ce cri : Éveillez-vous, gens qui dormez, Priez Dieu pour les trépassés ! "Le 21 septembre 1792, sur l’invitation de la Société Po- pulaire, la municipalité mit fin à cet usage incommode. La ballade de notre célèbre compatriote est une allusion à cette ancienne coutume. Au chapitre XVI de l’Atelier d’un Peintre, écrit M. Ber- trand Guégan (II, p. 408), l’oncle Constant raconte comment la famille Desbordes célébra la fête des Rois le 6 janvier 1796. Constant était arrivé de Paris en compagnie de deux cama- rades douaisiens, et la petite Marceline, revêtue de la robe noire de son aïeule, avait élu pour roi le joyeux et "infati- gable, Martin. Tous buvaient et riaient quand "le crieur de nuit, Bisian, de lugubre mémoire, dont le ministère avait été aboli à l’aube de la Révolution, rentrant chez lui fort tard, transfuge de quelque cabaret, trouva plaisant de nous glacer d’effroi ou peut-être de se faire jeter une part de notre gâ- teau, pour le prix de sa lamentable sérénade. Il courut, en toute hâte, au pied du rempart où logeaient sa misère et sa cloche, dont le son terrible nous fit bientôt, et tout à coup bondir d’étonnement et de souvenir. Planté devant la maison de votre père, si bien connue des pauvres, il ressaisit dans le passé toute la splendeur de ses poumons, pour hurler en dépit des Ordonnances: Éveillez-vous, gens qui dormez, Priez Dieu pour les trépassés !….. Le fou, qu’avait élu Marceline, fut frappé de stupeur. Il regarda l’assistance d’un air hagard, marmonna la complainte du crieur de nuit, puis il tomba à terre et fut saisi de con- vulsions. L’oncle Constant courut réveiller le curé; mais quand celui-ci arriva, il ne bénit qu’un cadavre. 56. La rivière est amoureuse (UNE ONDINE). LES PLEURS 183 Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1833. Le Pêcheur de Goethe, auquel est empruntée cette épi- graphe, ne fait point partie des Poésies allemandes traduites par Gérard de Nerval en 1830. 57. Entends-tu les gondoles (TROIS NOCTURNES. Imita- tion de Moore). 58. Quand le soleil couchant sur les flots se balance (id.). 59. Sur l’eau qui nous balance (id.). Le premier nocturne avait déjà paru dans le Kaleïdoscope de 1826, dans le Chansonnier des Dames de 1827, dans le Souvenir des Ménestrels de 1827, sous le titre : Belle, viens à moi (musique de A. Panseron), et dans la Guirlande des Da- mes de 1829. Le second nocturne avait été publié dans le Kaleidoscope, 18.5, dans la Psyché, 1826, dans l’Hommage aux Dames de 1827, et dans la Guirlande des Dames de 1829. Le troisième nocturne a été imprimé dans la Psyché, 1826, sous le titre : Barcarolle, et dans l’Almanach des Dames de 1828. 60. Sur les bords d’une source où fermente la vie (LES TROIS BARQUES DE MOORE). 61. Mon cœeur battait à peine et vous l’avez formé (ADIEU D’UNE PETITE FILLE À L’ÉCOLE). Voici la notice que M. Bertrand Guégan a consacrée à Madeleine Desroches, dont quelques vers s’inscrivent en tête de cette pièce et du Premier chagrin d’un enfant : "Madeleine Desroches, née à Poitiers vers 1530, jouit d’une réputation assez étendue pour son esprit et sa beauté. De son mariage avec André Fredonnet, sieur des Roches, elle eut une fille, nommée Catherine, dont elle soigna elle-même l’éducation, et qui eut plus de talent que sa mère. L’illustre 184 LES PLEURS com- Pasquier, ayant un jour aperçu une puce sur le sein de la jeune Catherine, donna à ses amis l’idée de faire l’éloge de cette puce, et vingt poètes et plusieurs " doctes personnages, posèrent un recueil de poèmes grecs, latins et français intitulés La Puce de Madame Desroches (Paris, Langelier, 1583). La mère et la fille moururent, le même jour, de la peste qui dé- solait Poitiers en 1587… Le libraire Langelier avait publié en 1578 les Œuvres de Mesdames Desroches, mère et fille (2e édi- tion en 1579) et, en 1586, les Missives de Mesdames Desroches de Poitiers. Enfin des Secondes Œuvres des dames des Roches parurent à Poitiers, chez N. Courtoys, en 1585. 62. Laissez entrer ce chien qui soupire à la porte (LE PETIT RIEUR). Au mois de novembre 1832, Marceline se rendit de Rouen à Grenoble pour mettre son fils en pension chez l’instituteur Froussard. Elle s’arrêta à Paris pour chercher un libraire qui imprimât les Pleurs, et placer dans des journaux des poésies et des contes. C’est de cette époque que date la lettre suivante adressée à son mari, qui jouait à Rouen au théâtre des Arts : "Envoie à Arago, copié de ta main, dans mon livre vert qui contient les poésies inédites, le Petit Railleur. Il l’a vendu, on l’attend. Mets-y tout le soin possible. Je n’ai pu m’en res- souvenir., , (11 novembre 1832). Quelques jours après, Marceline annonçait à Prosper Val- more l’échec des négociations : "J’attendais Arago, et, je te l’avoue, avec l’espoir qu’il allait me remettre le prix de ce qu’on m’avait demandé pour le Journal des Enfants. L’étoile était là ! toujours inclémente ! On a trouvé le Petit Railleur trop scien- tifique pour le premier âge, et le Petit Oreiller trop court…… J’ai gardé un pénible silence, et j’ai reconnu mon sort. (Lettre non datée). Marceline avait longtemps hésité à intituler cette pièce Le Petit Railleur ou Le petit rieur. Dans l’Album n° 11 de Douai, où ces vers figurent, elle a biffé le mot railleur pour le rem- placer résolument par rieur. LES PLEURS 185 63. Le chagrin t’a touché, mon beau garçon. Tu pleures (LE PREMIER CHAGRIN D’UN ENFANT). Cette pièce fut imprimée d’abord dans le Papillon du 19 fé- vrier 1833, puis dans la Mosaïque lyonnaise du 29 février 1833. Marceline écrivait à Boitel, le gérant de la Mosaïque lyon- naise, qui allait publier cette pièce : "Je ne veux de mal à personne ; jugez quand je me mets à vouloir du bien. Je vous remercie de celui que vous avez fait au Premier chagrin d’un enfant par vos observations très justes. J’ai revu tout ce qui vous a paru embarrassé et je l’ai effacé sans hésitation, n’en mettez jamais à me dire votre avis sur ce qui vous passe de moi sous les yeux. Je n’ai que moi pour juger, et je suis trop près pour bien voir. (9 mars. Extrait du Dossier Mariéton). 64. Couchez-vous, petit Paul ! Il pleut. C’est nuit. C’est l’heure. (LE COUCHER D’UN PETIT GARÇON). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1830, sous le titre: Le petit Oscar au petit Paul D ; dans la Françe Littéraire, 1832; La Revue provinciale de Lyon, sous le titre:Le coucher d’un enfant; dans les Annales romantiques de 1833 (signée : Mme Desbordes Marceline). On a noté que les deux fils de Duthilloul sont nommés dans le titre que cette poésie porte dans le Mémorial de la Scarpe. En envoyant ces vers encore inédits à leur père, Mar- celine les accompagna du billet que voici : "Vous trouverez ici un enfantillage que vous ferez appren- dre un jour à notre petit ami. Vous savez présentement par vous-même combien les enfants remplissent l’esprit et le cœur de leurs parents, et j’aime tant ces aimables créatures inno- centes, que je me plais à les entendre bégayer ce que j’écris pour eux dans les intervalles des pensées plus graves et plus tristes. (Lyon, 30 juin 1830. Lettre inédite conservée à la Bi- bliothèque de Douai.) 65. Cher petit oreiller doux et chaud sous ma tête (L’OREILLER D’UNE PETITE FILLE). 186 LES PLEURS Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1830, sous le titre : "Le coucher de l’enfant, au jeune Oscar D., ; dans la Revue provinciale de Lyon, 1831, sous le titre:L’oreiller d’un enfant ; dans le Chansonnier des Grâces de 1832 ; dans la France littéraire, 1832; dans les Soirées littéraires de Paris, 1833. Cette pièce a été réimprimée dans l’Almanach des Da- mes de 1835. Vers 1840, le libraire Auguste Boyer mit en vente un petit volume, dont voici la description : ARLEQUIN || Pièce à tiroirs pour demoiselles || par Mmes Desbordes-Valmore, Elise Moreau, || M. de Jussieu, etc. || Pa- ris | Aug. Boyer et Cie, Libraires-éditeurs || 49, rue Saint-André des Arts, 49. (s. d.) In-16 de 36 pages. Au bas de la dernière page : Coulom- miers. Typog. Albert Ponsot et P. Brodard. Couverture bleue imprimée (par Larousse). Le verso du premier plat et les deux pages du second plat sont occupées par le catalogue du nouveau théâtre d’éducation, d’une nouvelle série de pièces et de dialogues, de monologues et de chanson- nettes publiées chez Larousse. - On retrouve dans cette "pièce à tiroirs, l’Oreiller d’un enfant de Mme Desbordes-Valmore. Nous pensons que la col- laboration de la poétesse à cet Arlequin se borne à avoir prêté sa célèbre poésie ; encore n’est-il pas certain qu’on lui ait de- mandé son autorisation. 66. Frêle création de la fuyante aurore (L’ÉPHEMÈRE). Cette pièce se retrouve dans la Mosaïque poétique, 1834, et dans le Keepsake-Hommage aux Dames, s. d. (1836) avec la signature:Mme Marceline Valmore. Nous inclinons à penser que cette poésie, publiée pour la première fois en 1833 dans les Pleurs, a été écrite au cours de l’année 1830 et que Marceline l’a conservée en portefeuille; car nous connaissons une lettre adressée à L. Boitel en septembre 1830, où se reflète l’état d’âme exprimé par ces vers : " Je suis LES PLEURS 187 toute triste de vivre, à présent que je vois comme la vie est faite. De quelque côté que je la retourne, j’y vois des choses… Mais j’oublie que vous avez un gros bagage d’illusions, et me préserve le Ciel d’en ravir jamais à personne. Je les aime bien mieux que les diamants, qui ne me paraissent beaux que changés en pain, en feu, en vin, pour les pauvres comme no- tre bonne Ruissel qui se dessèche lentement dans sa lutte avec la misère., , (Bossier Mariéton). Et ceci nous remet en mémoire les phrases d’Arthur Pougin dans La jeunesse de Marceline : "Madame Desbordes-Valmore ne chantait pas pour chanter, et chacune de ses poésies lui était inspirée par un sentiment, un souvenir. C’était, si l’on peut dire en parlant le jargon à la mode, de la poésie vécue, partant de l’âme et faite pour toucher les âmes., , 67. Mon Dieu ! ce que j’entends si suave en moi-même (LE CONVOI D’UN ANGE, A ma mère qui n’est plus). Constant Desbordes, l’oncle de Marceline, était l’auteur d’une toile qu’il avait appelée : Le convoi d’un enfant. Marceline en parle dans l’Atelier d’un Peintre. Nous empruntons à l’ouvrage si précieux de M. Bertrand Guégan les renseignements que nous allons donner sur Catherine Desbordes, la mère de Marceline : Catherine-Josèphe Lucas, la mère de Marceline, "était belle comme une vierge, (lettre à Sainte-Beuve). Elle avait des yeux bleus et une longue chevelure d’or, ,. Elle était "si belle, si brillante, toujours si rose, écrit Marceline dans l’Atelier d’un Peintre (chap. VI), "sous la forêt de cheveux blonds dont le poids adorable s’échappait souvent des fines dentelles qui la paraient. Que j’aimais ma mère !… Ma sœur, où est ma mère ? (Elle s’adresse à sa sceur Eugénie)… Je me sens à genoux devant son souvenir. Quelle suite et quelle liaison d’idées fondues ensemble ont, depuis, incrusté fortement son image dans cette scene d’hirondelles et d’orage. (Une hirondelle avait quitté le nid, laissant au mâle le soin d’élever ses quatre petits)… J’en ai froid. Et vous ? Surtout en me rappelant le père qui l’aimait 188 LES PLEURS avec une passion si grave, si sainte et si fidèle. Surtout en me rappelant ce nid où le mâle abandonné se livra tout à coup à une douleur si frénétique, et si puissante !. En 1799, lasse de la vie de privations qu’elle menait à Douai, Catherine Desbordes décida de se rendre à la Guadeloupe, afin de retrouver le mari d’une cousine devenu riche, "qui plusieurs fois avait appelé quelqu’un des siens pour lui rendre quelque chose de la patrie perdue., , (Note manuscrite de Mme Desbordes-Valmore). Elle emmenait la plus jeune de ses quatre enfants, la pauvre Marceline qui n’avait pas plus de treize ans. Quand elles arrivèrent en Amérique (fin de 1801), elles trouvè- rent la cousine veuve, chassée par les nègres de son habitation, "la colonie révoltée, la fièvre jaune dans toute son horreur… Ma mère ne para pas ce coup, écrit Marceline. Son réveil, ce fut de mourir à 41 ans. " Les sept dernières pièces (61-67) sont réunies à la fin des Pleurs sous le titre : AUX PETITS ENFANTS. XII à XV CONTREFAÇONS BELGES XII. CONTREFAÇON BELGE DES POÉSIES DE 1830 ŒUVRES | DE MADAME || DESBORDES | VALMORE. || Bruxelles. E. Laurent, imprimeur éditeur, || Place de Louvain, n° 7. || 1833. In-32 de deux feuillets (faux-titre portant au verso : Bruxel- les-Imprimerie de E. Laurent et titre), et 512 pages dont la dernière est blanche. Couverture ocre rose, imprimée en noir sur fond qua- drillé bleu. Cette édition belge fort rare est dans le format des Pleurs (voir le n° XIV) et de Pauvres fleurs (voir le n° XVII). Elle a été réimprimée en 1839 sous le titre : Poèmes et Poésies de Madame Desbordes-Valmore (voir le nº XV) Le texte est semblable à celui des éditions de 1830, bien que disposé dans un ordre légèrement différent. F XIII. DEUXIÈME ÉDITION DES "PLEURS, , LES | PLEURS || Poésies nouvelles || par Madame Desbordes- Valmore || Deuxième édition. || Paris, || chez Madame Goullet, libraire, || Palais-Royal, nº 7. || MDCCCXXXIV. Cette seconde édition, datée de 1834, est la même que celle de 1833. Seul le titre a été renouvelé et donne une adresse dif- férente. Comme dans l’édition originale, le frontispice porte la mention : Publié par Charpentier. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmor 13 XIV. CONTREFAÇON BELGE DES "PLEURS, , LES PLEURS, || par Madame || Desbordes-Valmore. || Bruxelles. || E. Laurent, Imprimeur-éditeur, || Place de Louvain, n° 7 || 1837. In-32 de 222 pages. Les cinq premières (faux-titre portant au verso : Bruxelles-Imprimerie de E. Laurent, titre et début de la préface) et la dernière (blanche) ne sont pas chiffrées. Le volume se termine par un feuillet blanc. Couverture ocre, imprimée en noir sur fond quadrillé bleu. Cette édition, bien imprimée en caractères très fins, est une contrefaçon de l’édition originale française de 1833, sur laquelle elle a été fidèlement copiée. Elle fait suite aux Œuvres décrites sous le n° XII, et elle est complétée par les Pauvres fleurs de 1839, publiées par le même éditeur et dans le mê- me format. XV. DEUXIÈME CONTREFAÇON BELGE DES POÉSIÉS DE 1830 POÈMES || ET || POÉSIES || par Madame || Desbordes-Valmore. || Bruxelles. || Mme Laurent, imprimeur-éditeur, || Place de Lou- vain, nº 7. | 1839. In-32 de 431 pages. Les cinq premières ne sont pas chif- frées ; elles contiennent le faux-titre (Œuvres | de Madame || Valmore || I.), le titre et le début du texte. Couverture ocre imprimée en noir sur fond quadrillé bleu. Cette édition belge, qui donne le texte intégral des Poésies de 1830 (Paris, Boulland), est la réimpression du n° XII sur papier plus fin et avec une disposition typographique différente (l’édition XII a 512 pages tandis que celle-ci n’en comporte que 431). L’indication de tomaison, qui se lit sur le faux-titre, signifie que ce volume est le tome premier de la collection, dont les Numéros XIV et XVII constituent le complément. M. Georges Heilbrun nous affirme avoir vu un exemplaire de la présente contrefaçon sous la date 1837. Nous signalons ce tirage sous toutes réserves ; car, pour notre part, nous ne l’avons jamais rencontré. XVI. PAUVRES FLEURS 1839 fz XVI. PAUVRES FLEURS 1839 PAUVRES || FLEURS || par Mme Desbordes-Valmore. || Paris || Dumont, Editeur, || Palais-Royal, 88— Salon littéraire. || 1839. In-8° de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : E. Dépée, Imprimeur à Sceaux, et titre), 333 pages et 1 feuillet d’errata ; plus 16 pages de catalogue des Publications de la librairie Dumont. On trouve cette édition avec des titres et des couvertures renouvelées portant la mention : Deuxième ou Troisième édition. Couverture ocre ou mauve très pâle, répétant le titre ; au verso du second plat sont annoncés des libres de la librairie Dumont, parmi lesquels Violette, un roman de Mme Desbor. des-Valmore que Dumont publia la même année. HISTOIRE DES " PAUVRES FLEURS. Le 14 avril 1837, Marceline écrivait à Valmore : " M. Du- mont ayant appris mon arrivée par le bon Fournier, est déjà venu pour s’entendre avec moi. Il a dit à Dumas, et je le sais de Fournier, que, si en arrivant à Paris j’avais besoin de 1000 à 1500 francs, il me les avancerait, pourvu que je prisse l’en202 PAUVRES FLEURS gagement de lui donner un ouvrage dans l’année. Cette assu- rance peut te tranquilliser d’une part ; et de l’autre, M. Jars m’a conjurée de lui remettre le manuscrit afin d’en traiter lui- même, tant il a peur que je me laisse tromper., , Nous ignorons si M. Jars prit part aux négociations ; nous ne savons pas davantage ce qu’elles furent. En tout cas, Marceline remit au libraire Dumont deux manuscrits : un re- cueil de vers, intitulé Pauvres fleurs, qui parut le 2 février 1839 (1), et le roman de Violette, qui fut mis en vente le 8 juin suivant. Dans l’article qu’il a consacré à Pauvres fleurs, Sainte- Beuve souhaitait que l’on tirât de ce volume une suite d’Élé- gies-romances, " dont la forme est si assortie à la manière de Mine Valmore et dans lesquelles son sentiment soutenu se produit quelquefois jusqu’au bout avec un parfait bonheur, sans les tourments plus ordinaires à l’alexandrin., , Et Sainte- Beuve proposait de comprendre dans cette suite : Croyance, la Femme aimée, Aveu d’une femme, Ne fuis pas encore, La double image, Fleur d’enfance, Rêve d’une femme, la pièce sur les troubles de Lyon, celle à Adolphe Nourrit, Milan et l’Hymme au Soleil. Le recueil de Pauvres fleurs paru en 1839 est une ÉDI- TION ORIGINALE. Il contient QUATRE — VINGT pièces nouvelles (1-80) dont voici le détail : 1. Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde ! (LA MAISON DE MA MÈRE). Cette pièce parut d’abord dans le Musée des familles, novembre 1834. L’aimable poète Antoine de Latour, l’élégant traducteur de Silvio Pellico, alors précepteur du jeune duc de Montpen- sier, fils du roi Louis-Philippe, s’était pris de sympathie et (1) Ce volume a été enregistré comme suit à la Bibliographie de la France du 2 février 1839 : "591. Pauvres fleurs, par Mme Desbordes-Valmore. In-8° 22 feuil- les 1/2. Imp. de Dépée à Sceaux.-A Paris, chez Dumont, Palais-Royal-7fr., 50. PAUVRES FLEURS 203 d’admiration pour Madame Desbordes — Valmore. En lui en- voyant un volume de ses propres poésies, il lui avait demandé quelques détails sur sa vie et sa façon de travailler (1). C’est à cette demande que la poétesse répondit, le 15 octobre 1836, par une longue lettre d’où nous extrayons un passage relatif à La maison de ma mère : "… Cette frêle existence, Monsieur, s’est glissée comme à regret sur la terre au bruit des cloches d’une révolution qui devait la faire tourbillonner avec elle. Née à la porte d’un cimitière, au pied d’une église dont on allait briser les saints, mes premiers amis solitaires ont été ces statues couchées dans l’herbe des tombes. Pour ne pas appuyer trop longtemps sur des souvenirs pleins de charmes pour moi, mais trop longs pour vous, je joins ici La maison de ma mère où mon cœur a essayé de répandre cette passion malheureuse et charmante du pays natal, quitté violemment à dix ans pour ne jamais le revoir… (A. Pougin. La jeunesse de Mme De- sbordes-Valmore). 11 48 On sait que Marceline avait l’habitude d’envoyer ses poé- sies inédites à Duthillœul et singulièrement celles qui lui avaient été inspirées par son pays natal. Cinq jours après avoir répondu à Latour, la poétesse écrivait à Duthilloul pour s’excuser de ne pas lui avoir encore envoyé La maison de ma mère : Quand je pourrai, de mon côté, transcrire une pièce nou- velle sur cette mère absente, je vous l’enverrai, afin que vous jetiez dessus des fleurs de carême et un peu de la mousse fraîche du rempart ! Mon Dieu ! Si l’on prend des ailes après la mort, j’irai rafraîchir mon âme devant ces tableaux qui me tirent à eux comme une chaîne invisible et charmante…, (Lyon, 20 octobre 1836. Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). Traversant Lyon à son retour d’Italie, Alexandre Dumas s’en fut rendre visite à Marceline. Il donnait peu après à la Revue de Paris (1837) un article des plus élogieux sur Mme (1) Ces renseignements devaient être utilisés par Latour pour une étude sur Madame Desbordes — Valmore qui parut le 18 décembre 1836 dans la Revue de Paris, 204 PAUVRES FLEURS Desbordes — Valmore, auquel nous empruntons le passage qui suit : "Au milieu de cette population préoccupée tout entière d’intérêts matériels, je savais cependant que je devais rencon- trer, enchaînée à Lyon par ses devoirs de mère et de femme, une des organisations les plus poétiques de notre époque, Mme Marceline Valmore que je connaissais depuis longtemps par ses œuvres, et depuis un an ou deux personnellement. La pauvre prophétesse exilée, qui, à Paris, serait l’honneur de nos salons, était là aussi ignorée que si elle eût habité un village des Landes ou de la Bretagne, et elle se gardait bien de rompre son incognito de peur qu’à la moindre révélation de son beau talent, le petit cercle d’amis au milieu duquel elle vit, ne s’éloignât d’elle. Aussi me reçut-elle comme un frère dans le même dieu, dieu inconnu à Lyon, et à qui elle n’osait adresser, que dans la solitude et l’isolement, ses subli- mes prières. A force de la tourmenter, je parvins à lui faire ouvrir le tiroir d’un petit secrétaire fermant à secret, et dans lequel étaient cachées à tous les yeux ces fleurs nées dans l’ombre, et dont elle me permit d’emporter une des plus fraî- ches et des plus humides ; ce qu’elle n’eût pas fait, sans doute, si elle eût pu penser que je serais assez indiscret pour trahir son incognito. "La maison de ma mère. "Maison de la naissance, ô nid ! perle du monde…….. Lyon sera bien humilié lorsqu’il apprendra que le bruit de ses trente mille métiers inspire de pareils vers ; il est vrai qu’il se consolera en pensant que Mme Valmore n’est pas du (1 commerce… " Nous avons déjà parlé de Catherine Desbordes au cours de notre note sur le Convoi d’un ange, (Les Pleurs, N° 67). Mais le portrait que Marceline trace de sa mère dans les Petits Flamands est d’une telle grâce que nous ne pouvons résister au plaisir de le reproduire : "Alors entra Madame Catherine, riante et les mains pleines d’écheveaux de son lin, renommé a trente lieues dans les Flandres parmi les tisseurs de batiste. Elle les remit à sa mère glorifiée du courage de sa bru. Les quatre PAUVRES FLEURS 205 enfants couvrirent de baisers et de caresses son beau visage qu’elle penchait vers eux, se livrant tout émue à la joie qu’ils ressentaient de sa présence. Dans l’empressement de les serrer tous contre elle, l’étroit bonnet, retenant à grand’peine sa lourde chevelure, glissa sous le poids de cette parure cachée, et ses cheveux blonds, les plus admirables que l’on ait vus au monde se répandirent par flots ; les petites têtes empressées disparurent sous ce voile soyeux et doré ; il tombait jusqu’à terre…" A propos du vers de Marceline : Elle se défendait de me faire savante…. on nous permettra de transcrire une note d’Hippolyte Valmore que nous a conservée Arthur Pougin : "Le fait est qu’elle ne savait rien, ni histoire, ni géographie, ni rien de ce qu’on apprend en pension. Elle avait acquis l’écriture en copiant de l’imprimé, et n’était pas plus instruite qu’une petite mercière de petite ville, il y a un siècle… Mais elle savait pénétrer les cœurs, conseiller, relever, donner sans humilier, cacher ses douleurs aux siens et se montrer gaie. Elle savait écouter, s’ennuyer, enfin une foule de choses familières aux gens bien élevés. Elle ignorait ce qui s’enseigne, et possédait ce qui ne s’apprend pas. Plus chré- tienne que catholique, malgré quelques superstitions gracieuses, elle avait le vrai sentiment religieux. On l’eût dite née dans les premiers siècles de l’Eglise, et plus près de la crêche que du Vatican. Dans la lettre dont nous avons cité un fragment au début de la présente note, Marceline, exprimant à Latour sa recon- naissance pour les corrections qu’il a apportées à quelques-unes de ses poésies, ajoute avec une modestie incroyable : "Vous êtes ingénieux à cacher les fautes ou à leur créer des excuses, et j’en ai pleuré de reconnaissance ; car tout ce que j’écris doit être, en effet, monstrueux d’incohérence, de mots impro- pres et mal placés. J’en aurais honte si j’y pensais sérieusement ; mais, Monsieur, ai-je le temps ? Je ne vois âme qui vive de ce monde littéraire qui forme le goût, qui épure le langage. „ Marceline considérait le latin comme une " langue savante interdite à tout ce qui vient au monde sans barbe, , (Lettre à 206 PAUVRES FLEURS Boitel du 26 novembre 1840). Et elle écrivait un jour à son amie Pauline : " Tu sais que je ne suis guère plus savante que les arbres qui se penchent et se relèvent., , 2. Toi dont l’âme à la fois lumineuse et sensible (AU MÉDECIN DE MA MÈRE, M. Taranget de Douai). Taranget, né à Lille le 2 août 1752, était docteur en méde- cine. En 1809, il fut nommé recteur de l’Académie de Douai, professeur et doyen de la faculté des Lettres. Il quitta le rectorat le 4 octobre 1827 et mourut à Douai, le 26 août 1837. Peu après avoir composé la pièce dont il est ici question, Marceline écrivait à Taranget : "Monsieur, c’est dans l’un des jours les plus tristes de ma vie, l’anniversaire des pertes les plus sensibles à l’âme et qui la secouent de tout ce que le souvenir a de puissance, qu’il s’élève en moi un besoin impé- rieux de porter ma mélancolie aux lieux où je suis née, où je n’ai plus de père pour m’entendre et me plaindre, où de tout ce que j’ai vu, aimé, honoré dans mon humble enfance, Monsieur Taranget seul existe encore pour l’honneur du cher pays où mon cœur m’attire incessamment, sans que mon faible corps puisse jamais lui obéir. Il ne me semble pas possible au moins que vous n’accueilliez pas d’un de vos sourires, encore présents à ma mémoire, le salut lointain du dernier enfant d’un homme qui vous a tant aimé, tant béni ! Partout où je lis le nom de Monsieur Taranget avec les distinctions qui l’accompagnent toujours, je crois entendre parler mon père qui n’a jamais prononcé ce nom sans une émotion étrange, et je fonds en larmes de tout ce qu’il rappelle à mon âme isolée. Vous avez sauvé la vie deux fois à ma mère, Monsieur, et votre nom errait aussi dans ses derniers adieux au monde et à moi, quand elle me laissa orpheline aux Antilles où elle m’avait portée… Je ne sais pourquoi ce rappel est aujourd’hui plus frappant ; on dirait que sa voix chère et triste me sonne votre nom dans l’oreille. Elle avait alors rêvé de vous, Monsieur Taranget, et elle m’a dit en s’éveillant : "Monsieur Taranget vient de me dire que je n’en reviendrai pas., , C’était vrai. PAUVRES FLEURS 11 207 Pourquoi ce souvenir s’éveille-t-il aujourd’hui plus doux et plus triste ? Et d’où vient que je cède sans résistance à l’entraînement de vous chercher, d’oser ce que je n’ai osé de ma vie : saluer une des gloires les plus pures de ma chère ville natale, et me réfugier un moment dans l’indulgence de l’homme qui tant de fois a consolé ma pauvre maison, rue Notre-Dame, et tous ceux qui l’habitaient : Félix Desbordes, humble peintre, sa femme Catherine et ses enfants, dont j’étais le dernier, et souvent caressé par votre bonté grave et pénétrante ; car je vous vois encore parmi ces chères images. Me pardonnez-vous, Monsieur, d’avoir tant de mémoire et surtout tant de courage ? Il y a des jours où l’on est si triste que l’on attend beaucoup de Dieu. Tous mes parents aimés ont disparu de la terre. Voulez-vous me permettre d’attacher votre nom à quelques vers consacrés à des regrets qui vivent en moi et qui cherchent votre gloire ? Je vous les enverrai : vous les lirez du cœur, et s’ils ne vous paraissent pas indignes de s’attacher à votre souvenir, vous m’autoriserez à vous les dédier. Une seule ligne de vous, Monsieur, me fera du bien. Vous ne dédaignerez pas d’étendre jusqu’à moi cette habitude de votre belle vie. (Lyon, 10 avril 1836. Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai.) Comme le docteur Taranget n’avait pas répondu à sa lettre, Marceline écrivit à Duthillceul, en le " priant, dit-elle de mettre quelques vers à l’honorable docteur Taranget. Ils’n’ont pu je ne sais pourquoi, ajoute-t-elle, parvenir encore jusqu’à cette solide gloire de notre bien aimé pays., , (Lyon, 23 mai 1836. Collection de la Bibliothèque de Douai). A propos du vers : Que ton nom a tremblé dans sa febrile voix, rappelons que Marceline, au cours de sa vie, souffrit périodi- quement de la fièvre. Elle fait de fréquentes allusions dans ses lettres à cette mystérieuse et incurable maladie, comme on pourra le voir par les fragments que nous reproduisons ci- dessous : 208 (1 Lyon, 11 février 1829. . J’ai été très malade : six mois de fièvre, une insomnie

dévorante…, , (A Gergerès). Lyon, 16 mai 1829. "C’est vrai j’ai été malade, Gergerès, et vous êtes bien bon de vous y être intéressé. Je l’étais déjà beaucoup en vous écrivant à travers la fièvre et un abattement profond., , (Au même). Lyon, 20 octobre 1836. Je manque d’haleine, et une fièvre lente me dévore., (Au même). PAUVRES FLEURS 800 Lyon, 11 novembre 1834. "… Et il t’a embrassé autant que le souhaitait son cœur. Le mien est resté gonflé de ton départ, et j’ai eu la fièvre ; mais je l’ai revu en rêve, comme un ange qui vient consoler sa mère. (A Hippolyte). 1) (1 Lyon, 5 mai 1835. Je me promettais de te répondre vite. Une secousse nouvelle dans ma santé me l’a interdit. J’ai la fièvre…, , (Au même).

Décembre 1835. Je cherche un jour moins mélancolique depuis une semaine pour t’envoyer le cœur de ta mère dans tout son tendre courage : la fièvre et mille soins ne l’ont pas voulu. (Au même). 984 800 12 Lyon, 25 novembre 1836. Le lendemain, j’étais au lit avec la fièvre, parce que je suis trop faible pour ces luttes du cœur., , (Au même). Le 12 octobre 1841. "Les premiers froids vifs, les courses forcées et mon sort ont ramené cette fièvre qui me surmonte souvent et que, si souvent aussi, on prend pour une inégalité d’humeur, parce qu’alors je suis plus grave et que parler me tue., , (A Ondine). PAUVRES FLEURS 10 décembre 1842. ".. Je t’aurais répondu de suite, mais j’étais encore et toujours malade. Il paraît que cela devient mon sort tous les hivers. De quinze en quinzaine, je passe huit jours dans mon lit et hors d’état d’écrire., , (A Caroline Branchu). 209 29 septembre 1856. J’étais hors d’état de lire moi-même, les yeux enflés par un érysipèle et une fièvre… comme j’en ai. L’embrasement de l’Orient qui me terrasse par intervalles., , (A Mme Camille Derain). 3. Bien venu, mon enfant, mon jeune, mon doux hôte (UN NOUVEAU-NÉ). Publiée d’abord dans la Revue de Rouen, en septembre 1833 ; puis dans le Sélam, 1834 (signé Marceline Valmore) et dans le Rameau d’or, 1837 (Salut mon nouveau-né…) En l’année 1832, Marceline accompagna son fils Hippolyte à Grenoble : le docteur Pierquin venait de le faire admettre dans l’institution de M. Froussard, où il resta jusqu’en 1857. Cette séparation affecta beaucoup Marceline, et nous ne sommes pas éloignés de croire que c’est le souvenir de son fils qui lui inspira ces vers. D’ailleurs, elle les lui envoya le 20 mars 1835, en les accompagnant de ces mots : "Ta sœur a copié, pour toi, mon Nouveau-né et te l’envoie en t’embras- sant de tout son cœur ainsi qu’Inès. 4. Fleur naine et bleue, et triste, où se cache un emblème (LA FLEUR D’EAU). Publiée d’abord dans la France littéraire, 1834 ; puis dans le Sélam, 1834 (signé:Marceline Valmore); dans le Keep- sake, 1837 sous le titre : Ne m’oubliez pas, et dans la Couronne de Flore, 1837, sous le titre : Le myosotis. 5. Lasse de douleur (UNE AME). Imprimée d’abord dans le Conseiller des femmes, 1833, sous le titre : L’âme et les sons ; dans le Chansonnier des Grâces de 1834 ; et dans le Mémorial de la Scarpe, 1834. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmor 14 210 PAUVRES FLEURS 6. Souvent il m’apparut sous la forme d’un ange (CROYANCE). Publiée d’abord dans l’Églantine, 1834 ; dans les Étoiles, 1834 ; dans la Revue poétique du XIXe siècle, 1835. Dans l’Al- bum N° 2 de la Bibliothèque de Douai cette poésie est suivie de la mention : "2 août 1834, Lyon Le 25 mars de la même année, Marceline écrivait au sta- tuaire Théophile Bra (qui était son cousin) : "C’est à tes deux anges à genoux, mon bon Théophile, que je dois l’éclosion. d’une pensée qui couvait depuis des années dans le cœur de ta pauvre cousine. Tu conviendras qu’elle est si flagellée dans ce monde, qu’elle doit trouver et chercher constamment, comme toi, la vie au-dessus d’elle… " Le 20 septembre suivant, Marceline envoyait Croyance à son cousin avec le billet que voici : "Je t’envoie des vers que tu liras en te promenant sous le parvis Notre-Dame, je t’en prie ! Il y avait là une vierge, à qui je les dis au fond de mon cœur, en même temps qu’à une charmante mère qui aimait beaucoup la tienne. Sois heureux, Théophile ; car tu revois ton berceau qui s’honore de toi. Je suis si attendrie que je ne peux presque pas t’écrire…, , (Lyon, 20 septembre 1834. Let- tres publiées par F. Loliée). 7. L’année avait trois fois noué mon humble trame (AVANT TOI). Marceline se rajeunit dans ce premier vers:ce n’est pas de trois ans, mais bien de sept, qu’elle était plus âgée que son mari (Voir J. Boulenger, Marceline Desbordes-Valmore, sa vie et son secret, p. 171 ; L. Descaves, Vie amoureuse de Mar- celine Desbordes-Valmore, p. 117-118). Prosper Valmore était fils d’un petit acteur de province; Marceline l’avait connu enfant au Grand-Théâtre de Bordeaux, où elle joua, toute jeune, avant de s’embarquer pour les An- tilles. "Je ne pensais pas, disait-elle un jour à Delhasse, que cet enfant turbulent qui courait par toute la chambre, serait un jour mon époux ! (Rivière, Correspondance intime). „ PAUVRES PLEURS 211 Valmore était très beau, et Marceline avait pour lui une admiration extrême. Elle lui écrivait en 1827 : " Ah ! qu’ils sont loin, tous ces beaux, de ta grâce romaine, non, grecque toute pure, et mieux, s’il est possible ! N’es-tu pas dans ce délicieux tableau des Bergers du Poussin ? Tu ferais faire des élégies au milieu des landes…, (Paris, 5 avril). 1 Voilà pour l’extérieur. Voyons maintenant ce que Marce- line pense de son mari comme acteur : "… Il est certain, mon bon ange, que, quand tu te possèdes, je ne te connais pas de rival au théâtre. Ta chère voix a des physionomies aussi mo- biles que ton visage, et quand elle est dans ses bons jours, je sais qu’il y en a peu d’aussi pénétrante ; car la prononciation est aussi distinguée que celle de Mile Mars. Accepte cela de ton juge le plus sincère, et, crois-moi, l’amour donne des clairvoyances bien délicates et bien craintives… Aussi j’ai mille fois souhaité que tu te visses par mes yeux pour tirer parti de tes avantages que tu n’as jamais compris, parce qu’il est bien vrai que tes qualités sont toutes naturelles et que, quand tu es opprimé par la peur, ce naturel en effet s’altère et devient très froid. Mais que ton âme soit à l’aise et relevée du désir de plaire, tu as toutes les séductions et l’entraînement qui charme le spectateur., (Paris, 25 septembre 1840. Lettre publiée par Boyer d’Agen). A propos du 45e vers de cette pièce : Par ma ceinture noire à la terre arrêtée, rappelons cette note trouvée dans les papiers d’Hippolyte Valmore : "Elle avait horreur des vêtements de deuil et ne portait de noir que dans son cœur ; mais ce noir-là, elle ne le quittait presque jamais., , Après la mort de son oncle Constant Desbordes, elle écrivait à Gergerès :,… Je vous en aurai d’autant plus d’obligation, que je ne peux me justifier que par lex explications les plus tristes du monde et que ce n’est pas pour pleurer que je vous écris. Un coup d’œil sur ma ceinture noire, sur une figure encore moins colorée, vous dira qu’une peine profonde m’a 988 212 PAUVRES FLEURS frappée ; mais comme vous n’avez connu ce que j’ai tant de droits de regretter, n’en parlons pas., , (Lyon, 3 août 1828). Sur la fin de sa vie, Marceline éprouvait pour la couleur noire une repulsion non moins grande ; c’est ainsi que, le 3 ..Il n’y janvier 1857, elle écrivait à Mme Camille Derains : .. a que l’enfer et le remords qui doivent s’envelopper de noir. Il y a bien des années que je pense ainsi, et que je m’efforce de convaincre les cœurs déchirés et profondément délicats qui peuvent me comprendre… „ Au vers 72, Marceline appelle son mari : "Mon frère devant Dieu ! ". Le 3 juin 1839, l’année où fut imprimée cette pièce, elle lui écrit : "… Oh ! que tu m’as appris à comprendre le vrai ! Pourquoi les âmes les plus droites sont-elles prises par ces formes brillantes ? Toi, toi seul ! pour mon frère et mon maître !… " … Quinze jours après, elle écrivait encore : ". Quant à ces noms de frère et de maître que j’ajoute à tous ceux que je te donne sans cesse dans l’amour que je te porte, ils sont arrivés tout naturellement, relativement aux prétentions que l’on élevait de se faire maître ou frère ou protecteur de moi, malgré moi. Je t’ai dit que tous ces titres t’appartenaient à toi seul, et je crois vraiment te l’avoir prouvé. Non, non, mon bon ange, tu ne m’aimes pas plus que je t’aime, et pourtant je te jure que je suis pénétrée de la sincérité, de la profondeur de ton amour pour moi. Embrasse-moi ! Cette protestation d’amour n’est, d’ailleurs, pas très diffé- rente de celle qui se lit aux vers 73 et 74 : "Tu ne sauras jamais, comme je sais moi-même, A quelle profondeur je t’atteins et je t’aime !, Notons, à ce propos, que plusieurs des historiens de Marce- line, entre autres M. Lucien Descaves (Vie douloureuse de Marceline Desbordes-Valmore), ont pensé bien à tort que la pièce que nous étudions ici concernait son amant. Les vers 85 et 86 : Toi, ne sois pas jaloux ! Quand tu me vois penchée, Quand tu me vois me taire, et te craindre et souffrir… PAUVRES FLEURS 213 sont développés dans vingt lettres où Marceline se défend des accusations de son mari et lui prouve l’inanité de sa jalousie maladive. "Ta lettre, lui écrit-elle le 18 novembre 1832, m’a rapportée à des temps de torture et de malheur, qu’il ne faut pas réveiller puisque j’ai pu y survivre Quoi ! j’impose, moi ! moi, si écrasée alors dans le sentiment de dédain que je croyais t’inspirer !… Peux-tu trouver le moindre rapprochement dans l’égarement solennel de deux êtres qui ont voulu s’unir et s’aimer et se rendre heureux avec les tracasseries jalouses d’une mère aigrie par de petites prétentions d’autorité menacée ?.. Tu m’as vue souvent à travers les jugements très troublés de ta maman… 11 Quelques jours après, il faut encore qu’elle se défende et qu’elle se justifie : "Je lis et relis ce que tu as la cruauté de me dire sur ma tendresse ; je pleure et je t’accuse dans mon étonne- ment. Quoi ! cette pénible patience de t’avoir caché mes tourments n’est pas mieux payée, cher et ingrat ami ! Des éclats qui t’eussent rendu malheureux, que je redoutais pour ton repos… et puis qui me semblaient devoir t’éloigner encore de moi, tu as pris tout cela pour de la froideur ! Ah ! c’est trop déchirant ! et pourtant on eût profité de cela peut-être pour t’arracher à moi ? J’ai manqué d’en mourir et d’étouffer de silence. Tu n’as rien compris, aveuglement d’un cour dont j’ai cru si longtemps être effacée !.. Tu ne vois pas clair sur toi-mème, et moi ! j’ai été aussi bien défiante. Quoi ! tu m’aimais, Prosper, tu m’aimais !… tu me le diras cent fois, j’ai tant besoin de l’espérer !, , (1 décembre 1832). Le lendemain Marceline affirme que ce sont les joies et les souffrances d’autres femmes qu’elle a décrites dans ses vers : "…Ces poésies qui pèsent sur ton cœur soulevent maintenant le mien de les avoir écrites. Je te répète avec candeur qu’elles sont nées de notre organisation. C’est une musique comme en faisait Dalayrac ; ce sont des impressions observées chez d’autres femmes qui souffraient devant moi. Je disais : "Moi, j’éprouve- rais telle chose dans cette position, , , et je faisais une musique solitaire, Dieu le sait., , (2 décembre 1832). Sept ans après, Valmore ne lui aura point encore pardonné certains poèmes, et Marceline de lui écrire : "Si tu vas chercher 214 PAUVRES FLEURS dans le peu de talent dont j’abhorre l’usage à présent, des recherches pour égarer ta raison, où sera le refuge où j’abriterai mon cœur ? Il est à toi tout entier. La poésie est donc un monstre, si elle altère ma seule félicité : notre union. Je t’ai dit cent fois, je te le répéterai, que j’ai fait beaucoup d’élégies et de romances de commande sur des sujets donnés, dont quelques- unes n’étaient pas destinées à voir le jour, , (23 juin 1839) (1). Voici pour terminer un fragment d’une lettre que Marceline écrivait en 1840 à son mari, pour calmer ses inquiétudes (le lecteur voudra bien observer qu’elle avait alors 54 ans !) : "Je ne t’ai pas encore répondu sur le militaire très poli qui m’a offert son manteau dans ma nuit de fièvre, en te quittant. Je ne sais pas du tout, mon cher ami, s’il me connaissait. Tu es enfant de t’occuper de cela ! Il voyait que j’étais triste de quitter mon mari, c’était bien assez pour le toucher., , (Paris, 2 décembre 1840). 8. Savez-vous pourquoi, Madame (AVEU D’UNE FEMME). Publiée d’abord dans le Perceneige, 1836. Encore une pièce inspirée par le souvenir de l’amant inoubliable ! 9. Oui, vous avez un ange, un jeune ange qui pleure (L’ANGE GARDIEN). Publiée d’abord dans la Revue poétique de XIX siècle, 1835 ; et dans les Annales romantiques de 1836. 10. Si l’enfant sommeille (DORMEUSE). Publiée d’abord dans le Musée des familles, août 1835. Cette pièce a été mise en musique par Doré. (1) Cependant dans l’Atelier d’un peintre (1833), Marceline fera dire à M. Léonard : "Le chagrin caché se fait jour quelquefois à travers une fable, une élégie, une pauvre chanson… Songez que le chant même de la cigale dit quelque chose dans la création, et fait ressortir çà et là un souvenir, une joie, une émotion tendre., (Tome II, chap. XIII). PAUVRES FLEURS 215 11. C’est beau la vie (MA FILLE). 12. Qui m’a couvé neuf mois dans son sein gros d’alarmes (UN ENFANT À SON FRÈRE). Publiée d’abord dans l’Amulette, 1834, sous le titre : Les deux enfants. 13, Quand j’ai grondé mon fils, je me cache et je pleure (HIPPOLYTE). Marceline n’admettait pas la sévérité dans l’éducation de ses enfants. Elle écrivait à son mari : "Va, Hippolyte a bien le temps de se gronder lui-même ! ne le grondons pas !, (27 février 1834). Ecris à mon cher fils. Mon Dieu ! que je suis triste de l’avoir grondé, la veille de mon départ !, , (7 avril 1837). "… Je n’ai jamais que les remords du courage d’avoir grondé, (31 janvier 1838). 14. Toujours notre madone (LA MADONE DES CHAMPS, à mes filles). Publiée d’abord dans la Mosaïque lyonnaise, octobre 1834, sous le titre:Notre-Dame; et dans l’Album lyrique, 1835, sous le titre:Notre Madone. Cette poésie a été mise en musique par Pauline Duchambge. 15. Quand ma pensée oiseau s’envole et fend l’absence (A MADAME HENRIETTE F.) Madame Henriette Favier était une amie très intime de Marceline. Il est mille fois question d’elle dans les lettres que Marceline écrit à son mari et à ses enfants ; mais nous ne sa- vons au juste qui elle était. Nous ne serions pas surpris que cette pièce remontât aux environs de l’année 1829; car le vers 14 résume parfaitement le petit tableau que Marceline faisait de ses enfants à Gerge. rès, le 12 septembre 1829 (ils avaient alors respectivement 9, 8 210 PAUVRES FLEURS et 4 ans). "… Il est temps que je vous demande pardon d’avoir tardé à répondre à la meilleure de vos lettres. Voilà mes en- fants que je vous présente, trois petits avocats en chemise, qui sortent du bain et qui peuvent attester que je n’ai pas beaucoup de temps à prendre sur mes soins pour eux. Un jour, peut-être, vous m’en présenterez de tout pareils, pour vous justifier de m’avoir fait attendre. Je ne demande pas mieux que d’écouter leurs raisons. 11 16. Vous partez donc, Marie (LA FEMME AIMÉE, à Marie D.). Publiée d’abord dans la Revue du Lyonnais, juillet 1836 ; puis dans le Chansonnier des Grâces de 1839. Cette poésie a été mise en musique par Desmons. Cette Marie D. serait-elle Marie Davout, dont il sera ques- tion plus loin. 17. Tu crois, s’il fait sombre (NE FUIS PAS ENCORE). Imprimée d’abord dans le Papillon, 1834, sous le titre: La fuite; puis dans l’Album musical de Mme Duchambge, sous le titre : La jalouse. 18. Tu me reprends ton amitié (JE L’AI PROMIS). Cette pièce est une preuve de plus de l’attachement de Marceline pour les strophes de huit vers. 19. Je l’ai rêvé ! c’eût été beau (J’AVAIS FROID). Selon M. Lucien Descaves c’est au docteur Alibert que Marceline fait allusion dans cette poésie (voir la Vie amou- reuse de Marceline Desbordes-Valmore). 20. En ce temps-là je montais dans ta chambre (A PAULINE DUCHAMBGE). Cette poésie est une preuve certaine que Marceline con- naissait Pauline bien avant de se marier. Lorsqu’elle fut abanPAUVRES FLEURS 217 donnée par son amant, c’est Pauline qui fut sa confidente, c’est elle " Qui regardait sous mon aile blessée le dard… celui qui me fait mal encor. » En 1857, deux ans avant sa mort, Marceline écrivit à Pau- line cette lettre émouvante, où éclate son amitié de toujours : "Tu sais bien qu’en dehors, je peux dire même au milieu des deux liens sacrés qui me tiennent à la vie, tu viens seule en amitié de femme. Je n’aime que toi complètement. N’ayant pu rien t’offrir des biens dont je suis privée moi-même, je t’ai donné tous les mystères de ma vie. J’ai beaucoup attristé la tienne, mais je crois t’avoir fait développer pour moi tous les trésors de ta bonté. Tu m’en donnes des preuves si pro- fondes, ma chère Pauline, et si pénétrantes que, sans vouloir analyser la vie (j’ai bien le temps !), tu ne m’empêcheras pas de croire que, destinée au plus impénétrable chagrin, il était arrêté que tu serais là pour le savoir, pour me dire tout ce que tu me dis et m’aimer encore. J’ai bien des sujets de t’aimer ! (11 juin 1857, collection de la Bibliothèque de Douai). Aucun biographe n’a, que je sache, relevé le fait qu’at- teste la douzième strophe de cette pièce : Marceline chantait aux prisonniers qu’elle visitait des mélodies de Pauline Du- chambge. 21. Que fais-tu dans mon rêve (LA DOUBLE IMAGE). 22. Abîme à franchir seule où personne, oh ! personne (SOLITUDE). 23. Non, ce n’est pas l’été dans le jardin qui brille (HIVER). 24. Tu sais qu’elle était sainte et mourut sans remord (A ALBERTINE, à Madame Héloïse Saudeur). Albertine Gantier, l’amie d’enfance de Marceline, avait épousé un de ses cousins, qui portait le même nom qu’elle. 218 PAUVRES FLEURS Lorsqu’Albertine mourut, le veuf se remaria avec sa belle-sœur Héloïse, qui elle-même épousa un certain Saudeur, après la mort de son mari. Marceline avait reporté sur les Saudeur une partie de l’affection qu’elle portait à Albertine. Voici d’ailleurs quelques fragments de lettres adressées à son mari, où l’on voit que des projets de mariage ont été esquissés entre les deux familles : 5 Juin 1839. "Mme Saudeur et ses fils sont tous les jours avec nous… "Mme Saudeur voulait absolument m’avoir en juillet à Gayant. Mon cœur aussi voulait bien, mais tout le reste dit non. 7 Juin 1839. Cette chère Mme Saudeur n’a-t-elle pas appris, pour son fils Edouard, les préoccupations enfantines de Line pour l’autre charmant petit que tu connais (et auquel, par paren- thèse, elle ne pense plus) ? Je t’assure que Mme Saudeur m’a fait tomber des nues avec ses idées d’avenir. Tout le monde veut notre avenir. (1 6 août 1839. "1 … A propos d’Héloïse, elle m’en veut un peu. Je n’ose pas lui dire ouvertement que le cœur de Line est loin de s’ouvrir à ses charmants projets de mère. Ce voyage si peu frayeux selon elle, et auquel elle attache tant de prix, n’est manqué que par ma faute, et son amitié s’en trouve blessée aux larmes.., 25. Veux-tu recommencer la vie ? (RÊVE D’UNE FEMME). Publiée d’abord dans Le Conseiller des femmes, 1833, sous le titre : Dieu dans un rêve. 26. L’haleine d’une fleur sauvage (FLEUR D’ENFANCE). Publiée d’abord dans le Perceneige, 1836, sous le titre : Amour d’enfant. PAUVRES FLEURS

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219 Arthur Pougin a retrouvé dans les papiers de Mme Des- bordes-Valmore une longue note sur Henry, le " petit amou- de Marceline. Ce fragment délicieux, Arthur Pougin voudrait qu’on l’appelât " le poème des cheveux blonds, ,: 11 Il me rappelle Henry, mon premier petit ami. J’étais sur la porte de ma mère, quand il ne faisait plus ni jour ni nuit. Je l’entrevoyais dans ce voile doux qui couvre les rues à l’heure du soir. Ses pas se pressaient; sa tête blonde et bouclée se dirigeait comme une tête d’ange vers notre maison. Il sortait du cimitière qui bordait notre vieux rempart, il ve- nait. Nous nous regardions sérieusement, nous parlions bas et peu : "Bonsoir, , , disait-il, et je recevais de ses mains qu’il avançait vers moi de larges feuilles vertes et fraîches, qu’il avait été prendre sur les arbres du rempart pour me les appor- ter. Je les prenais avec joie, je les regardais longtemps, et je ne sais quel embarras attirait enfin mes yeux à terre. Je les tenais alors fixés sur ses pieds nus et l’idée que l’écorce des arbres les avait blessés me rendait triste. Il le devinait, car il disait : "Ce n’est rien !, , Nous nous regardions encore et, par un mouvement soudain du cœur, en forçant ma voix faible de prononcer sans trembler : "Adieu, Henry !, Il avait dix ans, et j’en avais sept. "Mon Dieu, quel charme demeure attaché à ces amitiés innocentes. Il est imprégné de la même fraîcheur que je sen- tais à ces feuilles que m’apportait Henry quand elles touchaient mes mains… "Qu’est devenu Henry ? A quels yeux a-t-il demandé ce qu’il avait entrevu dans mes regards étonnés et confiants ? Je ne me souviens pas s’il était beau. Sa bouche et une partie de ses traits ne se représentent plus à ma mémoire ; ses yeux seuls me parlent encore. C’est que son âme s’y peignait sans le savoir. Ses paroles brèves, qu’il jetait à voix basse, ont laissé leur bruit dans mon oreille et c’est à présent que je reconnais que j’en étais émue. Alors je ne me rendais pas compte. Seule- ment j’attendais Henry sans bouger de place, sans détourner ma tête du chemin où j’étais sûre de le voir paraître… et il 220 PAUVRES FLEURS paraissait. Il paraissait toujours sans m’avoir dit de l’attendre. Que le bonheur le plus pur l’en récompense !, Dans son conte des Petits Flamands, Marceline a mis en scène son petit ami Henry sous le nom de Ferdinand ; elle-même s’y appelle Agnès Aldenhoff. Le conte s’ouvre sur une jolie description de la fête des Innocents en Flandre, où l’usage voulait que l’on donnât aux enfants, pendant "un jour tout entier de l’année, le gouver- nement de la maison paternelle. Ce jour-là, le dernier-né com- mande en maître, , après que, selon la tradition, il a revêtu les habits du chef de la famille. En l’année où se passe le conte, Agnès était l’innocente et, parée des vêtements de sa grand’mère, elle se tenait ferme "sous l’ample jupe de camelot noir bril- lant, raccourcie à sa taille au moyen de grands plis que l’aïeule avait faufilés la veille. Le corsage à basques gothiques la couvrait tout entière. Elle ne pouvait bouger ; mais qu’elle était contente et qu’elle était jolie, coiffée du large bonnet de linon à tuyaux roides qui entourait sa figure mignonne ! Sa joie fut encore rehaussée d’une belle faille en soie de Grenade, qui ne se déployait sur la tête de l’aïeule, à la manière des saintes femmes, que dans les grandes occasions…..Agnès fut menée au seuil pour être vue des passants et des bons voisins qui l’aimaient. Ils la regardèrent avec bienveillance à travers leurs vitres et leurs jalousies en guipure de fil gris. Elle demeura là patiemment vouée aux saluts de ceux qui paraissaient contents de son beau jour… Il y avait dans la rue une autre "inno- cente, mais, c’était une petite fille riche et dédaigneuse, et quand Agnès, de loin, lui envoya un baiser, elle se détourna avec dédain. "-Ne lui fais donc pas honneur à cette froide innocente, dit une jeune voix ferme dans l’oreille d’Agnès, qui bondit. Cette voix était celle d’un troisième innocent habillé en grand-père, fils de l’avare possesseur de la maison habitée par la famille Aldenhoff. Depuis un quart d’heure, le petit voisin regardait Agnès du haut de sa porte, à lui, de sa porte en face, élevée au-dessus du sol par un large perron à rampe de fer doré dans le goût espagnol. On voyait pendre à cette porte, PAUVRES FLEURS (1 221 toujours fermée, un noble pied de chevreuil, en signe de la richesse qui rendait cette maison saillante et enviée entre toutes. "L’aïeul opulent avait aussi, dès l’aurore, départi ses vêtements à Ferdinand Duhein, qui les portait avec une joie pareille à celle d’Agnès. Il était, à cette heure, décoré d’une tabatière d’argent finement ciselée, d’un chapeau à trois cornes, dont son grand-père conservait précieusement l’usage. Ce grand-père, puisqu’il faut l’avouer, malgré notre sympathie pour Ferdinand, passait dans la paroisse pour un Harpagon, bien qu’il fût propriétaire de la moitié des maisons de la rue natale d’Agnès. Ferdinand, qui avait en vain crié bonjour à la petite voisine, ennuyé de n’en être point aperçu, venait s’offrir à son admiration. Agnès aimait Ferdinand qui n’était point fier et qui avait joué maintes fois aux osselets avec elle ; l’innocente lui avait rendu de loin son bonjour par un signe de tête ; mais sa voix n’eût osé prendre l’essor vers la maison d’où sortaient tous les chagrins de ses parents, cette maison dont le maître s’armait de tant de rigueur contre son père qu’elle aimait comme on aime Dieu. Les mots saisie, prison, prononcés tout à l’heure à voix basse dans sa famille, laissaient l’empreinte de la tris- tesse sur son petit visage amical. " Ferdinand, trop loin pour causer comme il en avait envie, sans s’inquiéter de la dignité que lui imposaient ses habits de velours, avait enfin franchi la haute rampe et la rue, pour venir se planter devant Agnès. Ils s’examinèrent d’abord sérieusement et se trouvèrent bien. Le monde était si nouveau devant ces deux cœurs d’anges, qu’ils sentaient à peine le souffle piquant de décembre ; ils semblaient être encore dans les frais jardins du paradis ouverts à leurs regards enchantés. Ferdinand s’approcha du visage d’Agnès. Pressé de deviner au parfum ce qu’elle avait mangé, il respira curieusement sa bouche rose. Agnès qui n’en faisait pas mystère, dit : Que sentez-vous ? "Comme un fruit, répliqua-t-il. Et elle lui dit oui, de la tête, avec un petit sourire. -Qu’as-tu commandé depuis ce matin ? continua Ferdi- nand, en train de parler sans attendre la réponse. Moi, j’ai 222 voulu le chocolat de grand-père. avec deux pains français chauds et beurrés, j’ai voulu de la crème, du cafè, de l’anisette de Hollande, et du vin de Grenache ; j’au voulu dix feuilles impri- mées en bêtes d’or, pour les découper et les mettre dans les livres : tu en gagneras à la gageure pour des épingles, et je te rendrai les épingles. J’ai voulu des ombres chinoises et je les ai eues ! J’ai commandé pour ce soir Raoul, le jouer de violon, qui jouera des airs de contredanse ; j’ai commandé Grenade, le carillonneur, qui siffle aussi bien que la flûte. Ils viendront au dessert et ils auront du vin ; nos caves en sont toutes pleines. Moi, je boirai de l’hydromel, de la bière d’orge, et de tout comme les hommes et je serai content ! A présent, parle, toi ! "Mais Agnès n’eut rien à répondre. Qu’aurait-elle pu répondre ? Qu’aurait-elle pu raconter de son règne ? Toutefois il l’y contraignit ; car il avait le ton péremptoire que donnent une canne à pomme d’or et un habit de bouracan bleu, chargé de brandebourgs en or. " — De tout ce que j’ai voulu, dit-elle, on n’en a pas ; il y avait un ceuf au beurre noir, mais je ne l’aime pas. Just qui l’aime mieux l’a mangé. PAUVRES FLEURS "Ferdinand la regarda plein d’étonnement. "-L’œuf était tout entier, au moins, fit-elle observer à Ferdinand. — Après, dit-il, qu’as-tu mangé ? "-Plus rien. Tous les hier, j’avais de meilleures choses ; mais je crois que ce n’est plus la saison des gâteaux ! "— Si ! C’est toujours la saison chez le pâtissier ; j’en ai commandé trente pour ce soir ! — Ce n’est donc la faute de personne, dit Agnès. Alors, malgré qu’elle fit effort pour être joyeuse, deux ruisseaux de larmes prirent leur cours le long de ses joues. Ferdinand, stupéfait, perdit tout son aplomb ; son tricorne même parut triste sur ses longs cheveux châtains bouclés, mais comme il s’était habitué dès le matin à dire : Je veux, il continua de même avec Agnès. R — Je veux savoir pourquoi tu pleures ! (1 (1 18 Pourquoi pleure-t-elle ? "— Parce que ton grand-père veut que mon père aille en prison, à cause qu’il n’a plus d’argent pour payer nos loyers de Noël. On ne veut pas attendre qu’il en gagne ! Ma grand’mère a dit : "Agnès a le droit tout le jour d’aller demander un délai, puis d’ajouter:soyez humain ! C’est un innocent qui vient vous le demander de la part du Sauveur !, , Mais mon père ne veut pas que j’aille dire cela contre une pierre, et ma mère pleure; voilà ce que j’ai, Ferdinand. PAUVRES FLEURS - — C’est que ma mère pleure. 11 - 223 "Ferdinand n’osa plus parler de son bonheur. Après avoir regardé devant lui, puis par terre, il s’en alla disant : 11 - — Adieu, Agnès. - — Adieu, Ferdinand, répondit la petite reine désolée, qui demeura là pour le voir s’en retourner, puis remonter lentement le perron, puis tirer violemment le pied de chevreuil pour qu’on vint lui ouvrir, puis disparaître enfin tout à fait… Le petit Ferdinand reparaît en un autre passage du conte. Il apporte une pomme à Marceline, qui est assise avec son frère Félix sous un grand parapluie rouge (Félix comme on l’a déjà vu est appelé Just dans le conte) : "1 "La tête du petit voisin Ferdinand Duhein se montra demi-engloutie dans un bonnet fourré, d’où sortit à voix étouffée le mot habituel : "Et Agnès ? "… Je suis le voisin d’Agnès et je viens ! Bonsoir, Ma- dame, voilà une pomme pour Agnès !…, , Et il passa prompt sans s’arrêter jusque dans la chambre à feu, marchant d’un pas résolu vers Agnès qu’il aperçut assise avec Just, sous un large parapluie rouge, ouvert devant l’étuve. Agnès, en com- pagnie de Just et de ses poupées, s’y réfugiait souvent, avec la permission de leur mère, qui l’étendait sur eux en forme de solitude au milieu de la chambre. Ah ! qu’il faisait beau temps sous le parapluie ! Ferdinand s’y glissa sur ses genoux et l’on se reconnut. Aucune tente arabe n’accueillit jamais per- sonne avec plus de joie et d’hospitalité. -J’avais trois pommes, dit Ferdinand ; j’en ai mangé 224 PAUVRES FLEURS deux sans m’en apercevoir et j’ai eu peur de manger l’autre qui était pour toi, Agnès ; prends-là ! (1 Agnès la prit de ses deux mains qui pouvaient à peine la contenir, tant était grosse la pomme, tant les mains étaient petites. Just regarda le fruit rouge d’un air riant, sachant bien ce qu’en devait faire Agnès. Il semblait en effet que ce que l’on donnait à sa sœur fût d’avance coupé en deux, tant elle trouvait urgent de lui en donner la moitié…. 27. De ses discours charmants mon âme sort parée (MA- DAME HENRIETTE FAVIER). Cette pièce se trouve dans l’Album n° 2 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est intitulée : Henriette. Nous avons déjà dit quelques mots de cette mystérieuse Favier au cours d’une note précédente (note 15). Les fragments de lettres que nous publions ci-dessous montreront quelle ad- miration fervente Marceline eut jusqu’à sa mort pour cette amie : 26 novembre 1834. A Caroline Branchu. "… T’avais-je trompée sur Madame Favier, et n’est-elle pas en effet ravissante ? Avec cela si bonne ! Que je t’aime de tout ce que tu dis de moi à cause d’elle !… (lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). Lyon, 6 janvier 1835. (A la même). Madame Favier est une femme profondément malheu- reuse par le cœur, d’une intégrité qui tient du sauvage, d’une passion sincère, même en amitié, la poussant jusqu’au despo- tisme quand elle se croit choisie par Dieu pour veiller sur le sort de quelqu’un. Ce qu’elle a été pour sa jeune sœur qui (soit dit entre nous) la bénit aujourd’hui d’avoir eu ce courage, dont elle, Madame Favier, a failli mourir ! Elle voit très peu et très rarement M. Alibert, qu’elle juge bon, léger et frivole. Cette femme-là, Caroline, m’a paru jusqu’ici un être tellement distingué qu’elle aurait horreur d’une finesse. Si je me trompais en elle, je me croirais tout à fait comme le pauvre gentilhomme qui prenait des moutons pour des moulins… (Lettre inédite de Douai).

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12 PAUVRES FLEURS Lyon, 6 juin 1836. A Hippolyte.

. J’ai reçu des nouvelles de madame Milloz Girand qui t’embrasse ainsi que Mme Favier, toujours bonne et tendant vers toi dans l’avenir ses mains de Madone protectrice… (Lettre inédite de Douai). 18 avril 1855. A Mme Camille Derain. "… J’ignore où est en ce moment le bûcher d’Henriette ; mais je sens bien qu’elle brûle, et c’est fort douloureux puis- qu’on l’aime infiniment. Non, je n’ai plus d’amitiés que cou- ronnées d’épines… " 225 18 mai 1855. (A la même). …Je sens bien qu’Henriette est trop absorbée pour songer à moi ; tout ce que j’aime souffre et pleure…..

28. Ce gracieux enfant, cette innocence nue (L’ENFANT GREC AU TOMBEAU DE BOTZARIS. Statue de David) se trouve dans l’Album nº 2 de la Bibliothèque de Douai, sous le titre : La jeune grecque. David d’Angers est né à Angers, en 1789, d’une pauvre famille. Jean Pierre David dut son éducation à son célèbre homo- nyme et aux sculpteurs Ménageot et Pajou, grand prix de Rome. Il alla étudier Michel-Ange sous Canova et se rendit ensuite en Angleterre où il faillit mourir de faim devant les marbres du Parthénon. On lui proposa alors la fortune’s'il voulait composer le monument de Waterloo. "Plutôt la mort !, , répondit le jeune français. A partir de ce moment, son ciseau ne se reposa plus ; il devint membre de l’Institut, professeur de l’Ecole des Beaux-Arts et le statuaire le plus recherché de toute l’Europe (Notice nécrologique parue dans le Musée des Familles, 1856). Pendant le court séjour qu’elle fit à Paris en 1832, Marce- line posa pour David d’Angers. Voici, d’ailleurs, une lettre dans laquelle elle donne à Valmore des nouvelles de son médaillon (à cette époque Valmore jouait à Rouen, au Théâtre des Arts) : G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore "Paris, le 10 décembre 1832. "…J’ai passé une grande partie du jour chez David. C’est lui qui fait la statue de Corneille pour Rouen. Je l’ai vue, 15 226 PAUVRES FLEURS elle est prodigieuse, noble, calme, simple. Il se repose d’avoir trouvé "qu’il mourût !, Cet atelier est bien loin, mais plein d’illustres. David est bon comme un paysan ; il a une blouse bleue, et il m’a reçue en frère. Il m’a demandé en grâce de rester encore mercredi pour achever le plâtre qu’il va mouler d’après son ébauche en cire. Ce sera un médaillon deux fois grand comme une cruchade, je ne trouve pas d’autre mot. C’est une collection qu’il fait ainsi. J’ai vu M. de Vigny et trente autres dans cette grandeur. Hélas ! mon cher ange, ton amour ne sera peut-être pas content ; moi je me trouve d’un laid aux larmes. La coiffure est belle pourtant et te plaira. J’en suis sûre. Il dit que je ressemble aux filles des bardes de Girodet. Enfin, tu verras. Arago pousse des cris sur la ressemblance. Moi, je ne connais pas bien mon profil., , Lorsqu’il eut terminé son médaillon, David D’Angers en envoya six exemplaires à Marceline qui le remercia chaleu- reusement par le présent bitlet : "Si je l’avais ignoré, c’est là que j’aurais appris qu’il n’y a rien au monde de meilleur que Monsieur David… Il ne devinera jamais combien il m’a été doux de trouver sa signature six fois sur les traits de sa plus honorée et plus humble servante, Marceline Valmore., , (12 février 1833). Trois mois après avoir reçu son médaillon, Marceline écrivit les deux quatrains de l’Enfant grec pour être agréable au sculpteur ; elle les lui fit tenir avec le mot que voici : "J’aime Mon- sieur et Madame David pour ma vie entière, à travers le bonheur… que j’espère, à travers les chagrins que j’éprouve. Conservez, l’un et l’autre, la douce pensée que votre accueil a répandu quelque chose de céleste dans mon sort., , (Lyon, 13 mai 1833). On sait l’engouement de l’Europe, à cette époque, pour tout ce qui était grec. La Grèce inspirait les poètes et les pein- tres, on donnait des fêtes en son honneur. (Voir H. Malo, Une Muse et sa mère). 29. Quand tu te ferais sœur grise (A PAULINE DU- CHAMBGE. Elle voulait quitter le monde). Paru d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1836, sous le titre : Amour (signé : Marceline-Valmore). PAUVRES FLEURS Pauline ! Dans une lettre que Marceline adressait à son mari le 8 novembre 1839, nous relevons ces lignes : "…Songe que plus tu fuiras le monde, plus tu en auras peur. Ne prends rien dans l’excès, s’il t’est possible. Dieu ne nous hait pas plus que d’autres ; il m’aime par toi, je le sens à la consolation douce et profonde qui m’arrive avec tes lettres. Ne fuis donc pas des rapports bienveillants qui rompent la monotonie des cha- grins. Songe, mon bon Prosper, que ce goût d’un entier reti- rement est une maladie de l’âme qu’il faut s’ordonner de com- battre, pour ceux même à qui l’on est si cher ! Je vois Mme Duchambge dévorée maintenant de ce dégoût amer qui suit les grandes déceptions. Mme Branchu se laisse choir tout à plat dans cette chambre noire. Moi, s’il faut te l’avouer, je suis prise depuis les pieds jusqu’à la tête par cette lassitude morale., , Dix ans après, envoyant un cadeau à Pauline, Marceline lui rappelle les premiers vers de cette pièce : Tu penseras à moi, sous ces humbles tissus. Mais, 227 Quand tu te ferais sœur grise, Un bandeau blanc sur les yeux… "Et moi aussi. Tu sais la suite dont les mots m’échappent, mais qui devaient dire : Nous pleurerons toujours, nous pardonne- rons et nous tremblerons toujours. Nous sommes nées peupliers. "Ecris-moi un mot. J’ai eu de grandes tristesse et la fièvre. Mon cœeur est plein de toi., , (5 juillet 1849). En 1857, Marceline, cherchant à consoler son amie Pauline Duchambge, ne lui disait pas de choses bien différentes de celles qu’exprimait la pièce de Pauvres fleurs : " Ce qu’il y a de terrible, c’est la quantité prodigieuse de femmes dans la même position. Elles ne savent où poser leur existence. J’en vois !… Mais cela ne m’encourage que plus, pour tâcher de n’être pas inutile à de si chères infortunées. "Toi qui ne fais pas autre chose, comment pourrais-tu jamais dire de la vie : "C’est assez !, , Ah ! Pauline ! ce n’est jamais assez quand on aime et quand on est aimée comme toi ! A toujours done !, (18 janvier 1857. Lettre inédite de la Bi- bliothèque de Douai). 228 PAUVRES FLEURS 30. Amour et charité ! Quelque part qu’on vous trouve (AMOUR ET CHARITÉ). 31. Vous ne me voulez plus… Qu’ils en eherchent la cause (AU REVOIR). 32. Ave Maria (AVE MARIA). Cette pièce imprimée pour la première fois dans le Chan- sonnier des Grâces de 1836, se trouve dans l’Album nº 14 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est datée : "Lyon, 22 avril 1834., , L’Ave Maria a été mis en musique par Beauvais, sous le titre : L’heure où l’ange pria. 33. S’il m’eût aimée, oh ! que la vie… (Pièce sans titre). Publiée d’abord dans les Romances et chansonnettes de Pauline Duchambge, 1836 (sous le titre : Une femme), cette poésie se retrouve dans l’Album n° 2 de Douai, sous le titre : "Une femme, romance pour Pauline. „ 34. S’en aller à travers des pleurs et des sourires (AFFLICTION). A Publié d’abord en décembre 1833 dans le Musée des Familles, sous le titre : La fuite. mois Marceline fait allusion dans cette pièce aux malheurs qui lui advinrent à Rouen, en 1833. Son mari fut sifflé, de mai, et la famille Valmore dut quitter la ville sans la moindre indemnité : "… Après un an d’épreuves, de faveur, d’estime et souvent d’enthousiasme, écrit Marceline dans une lettre citée par M. Lucien Descaves (La vie douloureuse), deux ou trois juges de ce tribunal secret ont jeté l’avenir de trois ou quatre familles dans un bol de punch, et Valmore, son père, moi et ses enfants, nous étions le lendemain à la merci de la Providence. C’est horrible ! Renvoyés sans indemnité, sans dédit, du soir même où ces forcenés se sont mis à hur- ler contre leurs victimes. Il y a eu un soulèvement, fort ho- norable mais inutile pour Valmore, de tout le public indigné 230 PAUVRES FLEURS (1

Je tâche de tromper mon étoile qui m’entraîne où je ne veux pas. J’ai toutes sortes de causes de haïr le pays où nous retournons, et le choléra va me rendre ce voyage ou mortel ou affreux. Nous sommes tant à trembler l’un pour l’autre ! Enfin l’engagement de mon mari est fini, celui de Rouen commence : il faut s’en aller en aveugle au-devant de la volonté de Dieu ! lamentable c’est ainsi Quatre ans après cette " fuite, , que Marceline qualifiait le départ des Valmore dans le Musée des Familles, la poétesse écrivait à son mari : " J’ai revu cette ville, mon ami, et je suis contente que tu sois à Paris, même au risque de t’ennuyer seul et sans moi… Mais Rou n’a qu’un tas d’épines sous mes pieds, et je t’avoue que j’y suis malade depuis que je suis rentrée dans toutes ces froi- deurs. (Rouen, 22 juin 1837). "} "Cette ville, toute moyen âge, écrira-t-elle encore à Le- peytre en 1842, est hérissée pour moi de souvenirs durs comme des pointes de fer. J’avais quinze ans, lorsque j’y suis entrée avec une de mes scœurs et mon père : c’est quand je revenais d’Amérique. Là, j’étais la petite idole de ce peuple encore sauvage et qui sacrifie tous les ans deux ou trois artistes, comme autrefois des taureaux. Moi l’on me jetait des bou- quets, et je mourais de faim en rentrant sans le dire à per- sonne. De là et d’un travail forcé pour cet âge, une santé chancelante à travers la vie orageuse qui a suivi…, , (9 juil- let 1842). - En 1834, les éditeurs Charpentier et Dumont avaient publié : Les Veillées d’hiver, un Keepsake où figurent trois petits contes de Marceline, réunis sous le titre : Le nain de Beau- voisine, et qui lui ont été inspirés par son séjour à Rouen. Le premier de ces contes décrit l’"exécution, de Valmore au théâtre des Arts. Les trois années qui suivirent cette exécution sont mar- quées, pour Marceline, par une grande fatigue et une lassitude immense ; il est vrai que le malheur ne cessa de la harceler. Voici des fragments de trois lettres écrites de Lyon, à un an d’intervalle ; Marceline y confesse son découragement à la pauvre PAUVRES FLEURS 231 Caroline Branchu : "… Trois mois de perdus au théâtre toujours fermé par l’immense faillite de M. Leconte qui est en fuite. Nous sommes réduits à l’extrême misère, et si je déchire ton amitié par cette, confidence, mon ange Caroline, c’est pour te prier, si tu peux, de trouver dans quelques-unes de tes con- naissances à vendre les meubles que ta fille veut bien me garder… Tu vois, ma Caroline, que je pressentais tout mon sort en quittant Paris, et que, comme toi, le malheur tient mon âme pour l’éprouver jusqu’au bout. Il y a de grands mystères dans nos grandes douleurs, mon amie, et il faut attendre ! Lutter avec un corps faible et brisé contre cet ouragan qui nous a prises depuis si longtemps pour victimes…, (Lyon, 14 septembre 1834). . Va, Caroline, nous sortons par lambeaux de ce monde, et nous n’avons jamais raconté nos dernières larmes à ceux qui pleurent comme nous. Le bûcher sur lequel je t’ai vue t’étendre ne s’effacera jamais de ma mémoire, à force que tu y étais triste et belle ! Ah ! Caroline ! c’est là qu’il fallait mourir, toutes deux peut-être, pour n’emporter que la poésie des dou- leurs qu’il nous était imposé de subir plus tard. Que de pres- sentiments dans tes cris sublimes et dans mes sanglots en te regardant !, , (Lyon, 7 juin 1835). "… J’ai le vertige de toutes ces terreurs profondes ; mais elles me font croire au ciel plus encore que le bonheur, toujours fuyant comme de l’eau. Oui, nous passons à travers cette route pour lutter et souffrir, et l’on nous regarde d’en haut marcher sous toutes nos flèches. Tout sera bien, Caroline, sois sûre, nous bénirons nos peines…, (Lyon, 24 octobre 1836. Lettres publiées par Benjamin Rivière). Dans une lettre que Marceline écrivait à Pauline Du- chambge trois ans après avoir composé l’Affliction, nous re- trouvons un écho du vers 73 de ce poème : "Vraiment ! le pardon calme à défaut d’espérance. » Mais voici cette lettre : "… Tu es triste ! Ne sois pas triste, mon bon ange, ou du moins lève-toi sous ce fardeau de dou- leurs que je comprends, que je partage. Toutes les humiliations 232 PAUVRES FLEURS tombées sur la terre à l’adresse de la femme, je les ai reçues. Mes genoux ploient encore, et ma têle est souvent courbée comme la tienne sous des larmes encore bien amères ! Mais, Pauline, écoute : il y a pourtant en nous quelque chose d’in- dépendant de toutes ces blessures. D’abord le pardon. C’est d’un soulagement immense pour un cœur qui éclate d’amer- tume, et puis l’éternelle espérance qui vole incessamment du ciel à nous et de nous au ciel !, (Lyon, 24 décembre 1836. Publié par B. Rivière, Correspondance intime). 35. Quoi ! c’est d’une prison que sort cette lumière ! (A M. DE PEYRONNET, prisonnier, sur son œeuvre : De la femme dans l’adversité). Le comte Pierre-Denis de Peyronnet naquit à Bordeaux le 9 octobre 1778. L’exécution de son père en 1793, la con- fiscation de ses biens et un exil momentané, lui inspirèrent la haine de la démagogie et déterminèrent son orientation poli- tique. Il entra au barreau de Bordeaux sous le Directoire et s’y fit remarquer par sa défense courageuse des émigrés en butte aux dernières persécutions révolutionnaires. Sous l’em- pire, il prit une part active à la lutte que menaient des so- ciétés secrètes pour le retour du roi ; il en fut récompensé, en novembre 1815, par la présidence du tribunal de Bordeaux. Elu député à la chambre, il fut nommé procureur général et eut à s’occuper de la conspiration militaire du 19 août 1820. La chute définitive du ministère de Richelieu amena la for- mation d’un ministère de droite, et Peyronnet fut nommé garde des sceaux ; il se distingua dès lors par son hostilité au parti libéral. En 1824, il fut envoyé à la Chambre ; il y déploya une grande activité et défendit très énergiquement les lois sur le sacrilège et les successions. Sa popularité, déjà compromise par cette attitude, reçut un échec plus vif encore, lors de la présentation du projet de loi destinée à réglementer la presse. Les élections générales de 1827 marquèrent l’expiration de son mandat législatif et du cabinet dont il faisait partie. Sous le ministère Polignac, il accepta le département de l’intérieur. Quand éclata la révolution de 1830, il fut condamné à la déPAUVRES PLEURS 233 tention perpétuelle et conduit au fort de Ham, où il resta six ans. Il y écrivit de nombreux ouvrages d’histoire et de juris- prudence, jusqu’à sa libération qu’autorisa une ordonnance royale du 17 octobre 1836. Il se retira alors dans les envi- rons de Bordeaux, où il mourut, le 2 janvier 1854, d’une at- taque d’apoplexie. Gergerès, l’ami bordelais de Marceline, avait attiré l’atten- tion de la poétesse sur les malheurs de Peyronnet, bordelais comme lui. Avec son impétuosité habituelle, Marceline, sans faire état des opinions réactionnaires de l’ancien ministre et sans lui tenir rigueur d’avoir envoyé en prison son ami Bé- ranger, répondit par ces lignes au plaidoyer de Gergerès : … Paris, 4 décembre 1833. Votre notice sur M. de Peyronnet m’a ouvert le cœur. J’ai pleuré !… J’ai trouvé de lui un article charmant dans un journal d’éducation (1) ; mais je ne peux ranger mes larmes sur un malheur si grave et si profond. Il aurait de grandes élégies autour de sa prison, si les âmes stupéfaites de sa destinée pouvaient se lire et se voir. Moi qui peux souffrir et soupirer sur les boulevards, je n’ose plus me croire à plaindre, quand je regarde une prison. C’est ce que je n’ai jamais compris ; mon cœeur et ma tête éclatent quand j’y pense longtemps, et hier encore, j’ai vu la tête du Tasse… Ah ! Dieu a donc bien fait la mort, puisque le monde est ainsi., , Le 23 décembre suivant, Marceline mandait encore à Ger- gerès en lui envoyant des vers pour Peyronnet (c’était la pre- mière esquisse du poème dont il est ici question) : "… En envoyant à votre illustre prisonnier les tristesses de mon cœur, vous ne saurez peut-être pas que vous m’avez fait éprouver une émotion terrible de surprise et d’attendrissement. J’ai reçu un élan de l’âme de M. Peyronnet. Je vous assure, Gergerès, que j’ai senti son âme près de moi dans des vers, des lignes (1) Il s’agit, sans doute, des "Femmes dans l’adversité, , dont il est question dans le titre du poème de Marceline. Les Femmes dans l’adversité, forment un chapitre des Pensées d’un prisonnier, ouvrage de Peyronnet qui parut en octo- bre 1834 (Paris, Allandin, 2 vol. in-8°). 234 PAUVRES FLEURS et. des mots, dont l’impression sur la mienne est aussi ineffa- çable que son malheur. Le malheur est donc sublime ! "Si vous avez, comme je n’en doute pas, l’occasion de lui écrire, sachez de lui s’il a reçu ma réponse. Elle contenait ces vers transcrits pour lui et des larmes aussi qui voulaient passer à travers les grilles. Quand je vous disais, Gergerès, d’ouvrir toutes les prisons politiques ! Allez ! j’ai de l’instinct. Dieu n’a rien fait de tout ce que les hommes fabriquent avec du fer. Je mourrai triste, car je laisserai au monde les prisons et la peine de mort. Ah ! si j’avais les clefs de tout cela, Gergerès, quel pèlerinage ! Je prie Dieu en vous écrivant ; car tout l’amour dont mon âme était pleine et dont on n’a pas voulu en ce monde, se change en pitié pour ceux qui souffrent comme j’ai souffert, et ma bénédiction sur M. de Peyronnet lui portera bonheur. Ah ! si la fourmi pouvait faire envoler la colombe ! Le prisonnier répondit à la poésie de Marceline par de fort mauvais vers dont voici un échantillon : "C’est à toi de pleurer, c’est à moi de souffrir. Pleure et tes pleurs sacrés allégeront mes chaînes….. Et pendant que je lutte avec le malheur, toi, Toi, Sapho, toi, Tyrtée, anime et soutiens-moi !, Ecrivant peu après une lettre à Marceline pour la remercier du poème qu’elle lui avait dédié, il ajoutait : " Gergerès vous a-t-il dit, Madame, qu’ayant eu quelque envie de publier la réponse que je vous avais adressée l’an passé, je l’avais un peu changée, sinon corrigée ? Je voulais qu’on vous l’offrît dans sa nouvelle parure, et qu’on vous demandât d’ailleurs votre assentiment. (Ham, 22 octobre 1834. Citée par A. Pougin). Marceline avait aussi corrigé son poème et elle écrivit à ce sujet à Gergerès : "Ne laissez pas paraître dans la Gironde les vers incomplets pour M. de Peyronnet ; je les ai envoyés tout corrigés à la Revue du Nord, à Lille, où j’ai lu plusieurs fois des articles si remarquables de cet homme infortuné. Si vous les voulez, je vous les enverrai moins indignes du senti- ment qui me les a fait écrire., , (Lyon, 17 février 1835). PAUVRES FLEURS 235 36. En regardant briller l’auréole de rêves (ELISA MERCŒUR, à sa mère). Publiée d’abord dans la Revue du Lyonnais, décembre 1835, puis dans Fleurs sur une tombe, 1836 (En regardant briller la couronne de rêves…) Elisa Mercœur, la charmante "Muse armoricaine était morte le 7 janvier 1835, à l’âge de vingt-six ans. "Sa mort, écrit Jules Claretie, fut le signal d’un deuil général. On plaignit alors la destinée de cette enfant qui pouvait dire comme cette Atala : "j’ai passé comme la fleur, j’ai séché comme l’herbe des champs !, Madame Waldor prit l’initiative d’un monument et Mme Desbordes-Valmore ouvrit à Lyon, pour l’impression des ceuvres d’Elisa, une souscription qui fut bientôt couverte, , (1) (Jules Claretie. Elisa Mercœur, 1864). Marceline avait rencontré pour la première fois la jeune poétesse en décembre 1832. "A midi, écrit-elle à Valmore le 6 décembre 1832, j’ai été déjeuner chez Mme Favier, après chez Alibert, avec elle et sa sœur. J’y ai vu Mile Mercœur. Je ne peux mieux te la peindre, qu’en te rappelant Mile Michelet de Bruxelles, peu élégante, l’air sincère et très bizarre. Elle m’a fait beaucoup d’accueil. Sa mère lui nuira partout ; c’est une drôle de femme, très commune jusqu’au cuir, comme la mère de Simonet, le bon sens excepté !… " Peu après la mort d’Elisa Mercœur, Marceline écrivit à l’éditeur Charpentier, pour le remercier d’avoir obligé la jeune poétesse : "La mort de Me Mercœur m’a fait tout le mal que vous pouvez penser. On a trompé cette chère fille par de gros- sières flatteries qui lui ont coûté la vie ; car vous savez si une femme peut vivre de sa plume ! Les déceptions déchirantes qui l’attendaient à Paris, avec une ambition ardente et une santé frêle, ont brisé son talent et son existence. Je l’ai pleurée (1) La première édition des Poésies d’Elisa Mercœur avait été publiée à Nantes en 1827 ; la seconde sortit des presses de Crapelet à Paris, en 1829. Quant aux Ceuvres complètes de Me Mercœur, auxquelles Marceline fit souscrire ses amis, elles ne virent le jour qu’en 1843 ; elles forment trois volumes in-8°, publiés "Paris, chez Mme veuve Mercœur et chez Pommeret et Guénot, , 236 PAUVRES FLEURS sincèrement et amèrement ; car je ľ’ai vue déjà beaucoup souf- frir une fois chez M. Alibert, sans pouvoir lui prouver que mon intérêt silencieux était réel et profond. Elle est bien main- tenant ! Oui, tous ceux qui sont à cette place sont bien ! Mais c’est sombre et triste de les y voir par une telle cause ! Je vous remercie aussi d’avoir été très bon pour elle. Il vaut mieux perdre un peu d’argent et n’avoir pas un froid repentir de dureté. Nous ne serons pas toujours dans cette vie de vanité et de calcul ; tout ce que vous aurez donné vous sera rendu. Cette jeune fille aura du bien à dire vous et vous paye déjà peut-être d’où elle peut se rappeler sans fièvre le triste monde où elle a passé., , (11 mars 1835. Lettres publiées par F. Marsan dans le Mercure de France du 15 avril 1921). Le mois suivant, Marceline écrivait à Mélanie Waldor : "Ai-je besoin de vous recommander de m’inscrire pour Me Mercour partout où vous mettrez votre nom ? (1) Mais écrivez-moi ce que vous aurez fait, afin que je vous envoie de l’argent….. C’est donc vrai ! Elle n’est plus !… Quelle douleur irrépa- rable pour les riches qui la savaient si pauvre et qui disaient l’aimer ! et qui lui faisaient lire ses vers à lui enflammer la poitrine… Lire des vers… Ah ! mon Dieu ! Une fois je l’ai entendue, j’ai pleuré de tristesse de lui entendre lire ses vers… Qui est-ce qui la comprenait dans tout cela ? Moi, qui pleurais de son avenir. Sa mort m’a fait un mal affreux., (Lyon, 15 avril 1835. Lettre publiée par B. Rivière). Le fragment de la poésie A ELISA MERCEUR, qui a paru dans la Revue du Lyonnais, est accompagné, dans cette revue, d’une notice où il est dit que Madame Desbordes-Valmore, qui venait d’être "agrégée à l’Académie de Lyon et à qui on avait demandé de lire sa poésie, n’est pas venue à la séance. Ces vers sont une touchante consolation accordée à la douleur d’une mère. Ils serviront de préface aux œuvres de la jeune poétesse, morte avant le temps, que l’on rassemble à cette heure en deux beaux volumes. " (1) Mélanie Waldor organisa un concert au profit de la mère d’Elisa. PAUVRES FLEURS 237 La pièce dédiée à Elisa Mercœur " avait été demandée à Marceline par un certain Alfred de Montferrand, directeur de la Biographie des Femmes, qui publia dans les premiers jours de février 1836 : FLEURS || SUR || UNE TOMBE. || A Elisa Mercœur || par Alf. de Montferrand. || Paris. || L’éditeur est Armand Ambrée | 1836. La deuxième esquisse de la pièce de Mme Desbordes- Valmore (100 vers au lieu de 106 de la rédaction définitive des Pauvres fleurs) s’y trouve imprimée à la page 9. En mars 1836, Marceline mandait de Lyon à Mélanie Waldor : "Ce M. Montferrand a fait une impiété. Il m’écrit, me demande et j’envoie une fleur pour ce livre destiné à la pauvre mère d’Elisa. Il en détourne l’emploi et jette ce triste don dans un journal à lui. C’est du beau ! (Lettre publiée par B. Rivière). 11 Ceci prouve tout au moins, puisque Fleurs sur une tombe avaient été mises en vente le 6 février précédent, que ce M. de Montferrand prenait tout son temps pour envoyer des exemplaires à ses collaborateurs. 37. Si mes petites chéries (TRISTESSE DE MÈRE). 38. Vous demandez pourquoi je suis triste : à quels yeux… (A MONSIEUR A. L.). Imprimé pour la première fois dans la Revue du Lyon- nais (décembre 1836) sous le titre : Pourquoi je suis triste. (A M. A. L. F.). Cette poésie fut écrite après la seconde insurrection de Lyon, qui fut plus terrible encore que la première ; la répres- sion fut d’une férocité sauvage. Marceline en entretint tous ses amis ; mais la lettre qu’elle écrivit alors à Caroline est peut-être la plus pathétique : Lyon, 23 avril 1834. "Si je n’eusse été à demi morte de terreur, mon bon ange Caroline, je ne me pardonnerais pas les inquiétudes de ton 238 PAUVRES FLEURS excellent cœur. Je les ai si parfaitement devinées, que j’ai con- juré Victor Augier de te donner de mes nouvelles dans quelques lignes que je lui ai écrites le 14 au matin, durant une heure trompeuse où l’on laissait sortir et vivre… Je lui disais, je crois, que j’allais t’écrire aussi ; ce qui le justifie de son côté de ne t’avoir pas communiqué ma lettre, ou plutôt mon billet écrit en haletant encore de nos quatre premiers jours d’une sanglante semaine. Mais je n’ai pas pu tenir le vœu que je formais de te rassurer ; car Valmore, qui voulait aller aux informations de la vie de plusieurs connaissances, venait d’être arrêté au bas de l’escalier de la rue, par la sen- tinelle qui faisait rentrer à la hâte, sous peine de la vie. Ce serait replonger une âme dans l’eau-forte que de te raconter tout ce que nous venons de voir et de souffrir. Toutes les horreurs de la guerre civile ont désolé Lyon, durant six jours et demi et six nuits d’épouvantables terreurs. Le canon, les balles, le tocsin permanent, l’incendie partout, les maisons écroulées avec leurs infortunés habitants et la triste tentation de regarder aux fenêtres, punie partout de mort… Le danger était partout, la fuite était impossible. Nous nous sommes re- trouvés après ce grand fléau, tous étonnés et presque tristes d’être vivants au milieu de tant de victimes. Je rendais pour- tant mille grâces au ciel d’être près de mon mari dans ces graves circonstances ; que serais-je devenue en le sachant de loin au milieu de telles calamités ! Si la résignation la plus profonde peut être appelée du courage, j’en ai eu sur tout ce qui m’était personnel, mais mon âme se brisait pour tout ce qui m’entourait ; jamais la pitié n’a déchiré un cœur plus horriblement que le mien. "J’appelle une grâce de la Providence l’arrivée des forces imposantes qui contiendront toute révolte ; mais dans cette ville sauvage où le peuple ne craint pas la mort, le moindre mouvement nouveau de quelques imprudents peut nous replon- ger dans les horreurs qui viennent de se passer. Que Dieu nous regarde en pitié s’il nous en juge dignes ! Je ne peux pas avoir d’autre volonté que celle d’obéir à mon inflexible destinée. Faire son devoir est du moins une secrète consolaPAUVRES FLEURS 239 tion, je l’offre à Dieu. Mon pauvre mari était au désespoir de nos dangers. Par bonheur mes chères petites filles ont eu bien du courage et bien de la confiance dans celle que je tâchais de leur montrer. Leur santé n’a pas souffert et une terreur curieuse, jointe à mes prières au ciel, ont soutenu la mienne. C’est après que j’ai été comme disloquée par tout mon corps. Mais de quoi ose-t-on se plaindre devant des maux si grands !, Les deux premiers vers de la 5e strophe se trouvent dans l’Album n° 1 de la Bibliothèque de Douai, mais modifiés en- tièrement : Adieu mes deux lilas ! jardin de ma fenêtre, Seule verdure à moi, mes terres ! mes parfums. Cette idée sera reprise par Marceline dans les deux pre- miers vers de La fiancée du matelot (fr. Pauvres fleurs, pièce 54). En 1837, Marceline envoya le manuscrit des Pauvres fleurs à Antoine de Latour, qui le lui avait demandé pour le lire et le corriger. Quand Latour le lui retourna avec ses observa- tions, Marceline lui écrivit une longue lettre où nous relevons les lignes suivantes relatives à cette poésie : "Le désordre de cette pièce tient surtout à l’état de fièvre et de profonde tris- tesse où j’étais quand ils (sic) me sont venus. Ceux-là, je n’ai pas pu les chanter comme je fais de presque tous les autres, en les essayant sur les airs que j’adore et qui me forcent à mon insu à plus de rectitude sans distraction., , (Paris, 23 décembre 1837). Louis-Antoine Tenant de Latour était né le 31 août 1808 à Saint— Yrieix. Après avoir professé aux collèges Bourbon et Henri IV, il fut nommé en 1832 précepteur du duc de Mont- pensier. Secrétaire des commandements du prince en 1843, il l’accompagna en Orient en 1846 et, après la révolution de 1848, le suivit en Espagne. Latour traduisit les Prisons de Silvio Pellico (1833), les Mémoires d’Alfieri (1835), et le Téâ- tre et les Poésies de Manzoni (1842) ; il fit des vers (La Vie intime, 1839 ; Poésies complètes, 1841), des ouvrages histori- ques et des livres sur l’Espagne. Il collabora au Journal des 240 PAUVRES FLEURS Débats, à la Revue des deux Mondes, au Correspondant, à la Revue de Paris, et c’est à ce dernier périodique qu’il donna, le 18 décembre 1836, une étude sur Mme Desbordes — Valmore. 39. Pourtant, mon Dieu ! ce monde est plein de belles choses (ADOLPHE NOURRIT, à Lyon, après la guerre civile). Adolphe Nourrit, né à Paris le 3 mars 1802, avait appris le chant avec le célèbre Garat. Il débuta à l’Opéra le 1er sep- tembre 1821 et, pendant quinze ans, fut le seul ténor de no- tre Académie nationale ; entre autres pièces il créa Moïse, le Comte Orry, la Muette de Portici, Guillaume Tell, la Juive, Robert le Diable et les Huguenots. Quand l’Opéra engagea le ténor Dupuy, il donna sa démission, et s’en fut jouer à Bruxelles, où un accident, qui lui arriva en scène, détermina chez lui une première crise de folie. Nourrit fit alors une tournée en Italie ; il chanta à Milan, à Florence et à Rome. Le 8 mars 1839, à la suite d’une représentation à laquelle il avait pris part à Naples, il se précipita par la fenêtre de son hôtel et mourut sur le coup : il avait 37 ans. Nourrit était un des meilleurs amis de Marceline, et sa mort affecta vivement la poétesse. Le lecteur trouvera ci-dessous quelques fragments de lettres où Marceline communique à Valmore ses impres- sions sur la mort de Nourrit (On vaudra bien noter que la poésie des Pauvres fleurs fut écrite avant la mort de Nourrit : Paris, 30 avril (1839). Il est doux et cruel de penser que tu arrives à Lyon pour rendre un si triste hommage à celui que nous avons tant pleuré. N’ôtons rien à l’admiration que nous devons tous à sa femme infortunée. Je n’ai pas l’ombre d’une de ses vertus. O mon cher ami, je t’en prie, ne sois pas aveugle sur ta pau- vre Marceline : je croirais que tu n’aimes en moi qu’un beau rêve de ton imagination., Orléans, 6 mai 1839. … La blessure que cet homme innocent nous a faite, s’est rouverte à ta lettre, comme pour souffrir avec toi, mon (1 PAUVRES FLEURS bon Prosper ! Cette triste solennité devait-elle donc ajouter à la douleur de ton retour là-bas ? Je n’ai pu me mouvoir, tout ce jour-là. Faut-il qu’une mélancolie aussi sombre s’attache à l’une des plus douces créatures de ce monde ! Vraiment le courage de supporter la vie est un témoignage d’amour qui est quelquefois immense. Une des tortures qui doit être horrible au fond de toutes celles de sa pauvre femme, c’est de se dire : "Il ne m’aimait donc pas !, Encore s’il l’avait tuée avec lui ! C’eût été plus impie, dira-t-on à cause des enfants. Mais, mon Dieu les enfants s’élèvent et se consolent 16 Paris, 29 mai 1839. J’ai vu Mme Adolphe Nourrit qui l’avait demandé à Pauline. Je ne tiendrai pas ton âme sur un tel récit. Une telle chose, mon cher enfant, c’est le ciel et la terre tout ensemble: le ciel, dans ce qu’il y a de plus saint ; la terre, dans ce qu’elle a de plus triste. Je ne pouvais me tenir, ni en allant, ni en revenant ; t’écrire hier m’eût été impossible. Tout ce qu’elle m’a dit de toi et pour toi, n’est pas à te rendre. Tu ne sais pas, à notre insu, comme nous en étions aimés. Elle se persuade que, si nous avions été à Naples, ce malheur ne fût pas arrivé, parce qu’il nous aurait ouvert son âme. A elle, il n’osait pas ! Hélas ! comme elle l’aime ! Il me semble bien qu’elle se meurt, ce qu’elle n’ose pas souhaiter; mais on voit bien qu’elle n’est plus du monde… (Lettres publiées par Benjamin Rivière). Mme Nourrit mourut, en effet, le 8 août suivant : elle n’avait pas " voulu, , survivre à son mari. … 241 40. Reine pieuse aux flancs de mère (CANTIQUE DES MÈRES). "En 1834, à l’époque de la grande insurrection ouvrière et républicaine, dont elle avait été témoin et dont elle s’était sentie comme victime, Marceline avait adressé une espèce de cantique à la reine Marie-Amélie, au mon des femmes et des mères. Cette complainte a un certain air de ballade du temps G. Cavallucci Bibliographle de Marceline Desbordes-Valmore 16 1 242 PAUVRES FLEURS de la Reine Blanche. Le poète s’y déguise en trouvère. (Sainte-Beuve). }} 41. C’est… hélas ! non, c’était la lointaine colombe (HOR- TENSE SELIGMANN, morte à douze ans). Nous n’avons pu découvrir qui était cette Hortense Se- ligmann. 42. Notre-Dame des voyages (CANTIQUE DES BANNIS. A Notre-Dame de Fourvières. 1835). Cette poésie a été reprise dans les Mélanges poétiques et littéraires (1846), sous le titre : A la Vierge de Fourvières. Elle se trouve aussi dans l’Album n° 2 de la Bibliothèque de Douai, sous le titre : "Cantique des voyageurs (pour Pauline). Après l’insurrection de 1834, les ouvriers qui avaient pris part à l’émeute furent jugés et condamnés par les tribunaux à l’exil ou au bagne. Marceline fut révoltée par cette sentence. et composa le Cantique des bannis. Mais, l’émeute passée, la condition des ouvriers lyonnais ne s’améliora aucunement, et Marceline était bouleversée par ce qui lui était donné de voir chaque jour. Les souffrances du peuple lui arrachaient des cris de compassion, lui dictaient des appels à la générosité et à la clémence. Voici en quels termes, le 9 mars 1837 (un mois avant de quitter Lyon), elle exprimait à Mélanie Waldor les sentiments qui ne cessaient de l’agiter devant la situation misé- rable du peuple. "Quelle année ! trente mille ouvriers sans pain, errant dans. le givre et la boue, le soir, le visage caché d’un lambeau et chantant la faim… Je ne peux pas vous dire ce qui m’arrache l’âme, jugez. Non, non, jamais Paris n’a de ces aspects, de ces attitudes, de ces longs désastres tout nus. — Ah ! les puis- sants n’oseraient pas laisser arriver la faim si au fond de tant de familles ouvrières. — Allez ! le peuple de Lyon, que l’on peint orageux et mauvais, est un peuple sublime, un peuple croyant. C’est vraiment ici, et seulement ici, qu’une pauvre Madone, surmontant un rocher, arrête trente mille lions qui PAUVRES FLEURS 243 ont faim, froid et haine dans le cœeur….. et ils chantent comme des enfants soumis. C’est là le miracle. — Moi, je deviendrai folle ou sainte dans cette ville. Et ils n’ont pas peur du feu pourtant, ceux-là, mais ils ont peur de la Vierge de Fourvières. Mélanie, on n’ose plus manger, ni avoir chaud, contre de telles infortunes. On a versé quelques secours, quel- ques seaux d’eau dans la mer !, , (Lettre publiée par B. Rivière). 43. Jardin si beau devenu sombre (LE LUXEMBOURG, au cœur de Béranger). L’ex-capucin Chabot, Delaunay et Julien (de Toulouse) furent enfermés au Luxembourg, le 23 brumaire 1793 (cf. Lenô- tre, le Baron de Batz). La prison du Luxembourg fut reconstruite en 1840. On lit à ce sujet dans Choses vues de Victor Hugo : "Une particularité, c’est que c’est M. Teste qui a fait construire, étant ministre des travaux publics (1840), cette prison du Luxembourg ; il a été le premier ministre qu’on y ait enfermé., (Choses vues, Procès Teste et Cubières 1847-titre 21 juillet. 44. Alors que pour l’hymen un palais s’illumine (AMNISTIE). Une phrase de Marceline que nous relevons dans une lettre. à son mari nous permet de dater cette poésie. Marceline de- mand donc à Valmore, le 22 juin 1837, s’il " a porté à Dumas les vers de l’Amnistie., 45. Il sera fait ainsi qu’Henry me le demande (SOL NATAL. A Monsieur Henry B.) Publiée d’abord dans l’Anémone (1838), sous le titre : A mon frère de Flandre. Samuel-Henri Berthoud est né à Cambrai le 19 janvier 1804. Fils d’un typographe, il fut admis, en qualité de bour- sier au collège de Douai. En 1828, il fonda la Gazette de Cambrai et écrivit des feuilletons, qui furent assez remarqués pour que des éditeurs de revues littéraires le fissent venir à Paris. En 1830, on le voit participer à la rédaction de la Mode, 244 PAUVRES FLEURS de la Revue des deux Mondes, de la Revae de Paris, de l’Artiste et d’autres périodiques. En 1831, il publie les Chroniques et traditions surnaturelles de la Flandre. A Cambrai, où il est nommé secrétaire perpétuel de la Société d’émulation, il institue des cours gratuits d’hygiène, d’anatomie, de géométrie appliquée aux arts, et de droit commercial. Il professe lui-même la litté rature. Administrateur des hospices lors du choléra de 1832, il organise en peu de temps à Cambrai un hôpital spécial. Ce- pendant il écrivait des romans, des contes et des essais qui étaient favorablement accueillis. En 1834, il devint directeur du Musée des familles qui prospéra entre ses mains. En 1835, il publia le Nouveau Mercure de Françe qui eut moins de succès, puis il entra à la rédaction de la Presse qui venait de se fonder… Au vers 54 du Sol natal, Marceline parle de "petits enfants qui sautent sur les tombes Nous avons retrouvé ces enfants dans le passage des Petits Flammands que nous transcrivons ci-dessous : "… C’était alors le rendez-vous de toutes les petites filles de cette rue paisible. Elles allaient s’asseoir et faire des bouquets, parfois même danser autour des tombes vertes. Elles y portaient leurs paniers d’école pleins de fruits, de pain d’alouette, d’herbes fines et aromatiques mêlées au beurre et au laitage choisi des jours de fête. Ce banquet dressé sur la plus haute tombe qui servait d’autel à l’innocent sacrifice, ne reveillait les morts que pour les faire sourire. "Cest là que dans le creux d’une muraille effondrée au- dessus de la margelle d’un vieux puits sans eau, se soutenait encore le Christ flagellé couronné d’épines et les mains liées de cordes. Cette figure en pierre grise, d’un travail incorrect et rugueux, faisait une impression ineffaçable sur les femmes qui passaient et sur les jeunes filles qui s’y rassemblaient en rond pour jouer au bouquet…, 46. Vous aviez mon cœur (QU’EN AVEZ-VOUS FAIT ?). 47. L’harmonie et les fleurs (L’AUMÔNE AU BAL). PAUVRES FLEURS 245 Cette poésie, qui a été imprimée pour la première fois dans le Mémorial de la Scarpe (1834), a été mise en musique par Pauline Duchambge sous le titre : La walse et l’aumône. Trois ans après avoir composé ce poème, Marceline écri- vait à Gergerès (Lyon, 4 février 1837) : "… Hier un commen- cement d’émeute a eu lieu à la porte d’un bal brillant où deux ou trois cents ouvriers s’étaient rassemblés en criant anathème aux danseurs. Dieu veuille que ce peuple au désespoir ne nous entraîne pas avec lui dans un abîme. Nous sommes environnés de forts et l’on s’est expliqué sur l’usage qu’on en ferait au moindre mouvement des ruisseaux. C’est ici le nom que don- nent les fabricants à leurs ouvriers. Que d’imprudence !, 48. Toujours quelque cyprès se cache dans nos fleurs (BOÏELDIEU). Publiée d’abord dans la Mosaïque lyonnaise, en 1834. Boïeldieu, l’auteur de Jean de Paris (1812), du Nouveau seigneur de village (1813), du Petit chaperon rouge (1818), des Voitures versées (1820), de la Dame blanche et des Deux nuits, était mort le 8 octobre 1834. C’est peu de jours après cette date que Marceline écrivit la pièce dédiée au célèbre compositeur, puisque cette pièce parut dans la Mosaïque lyonnaise de 1834. De passage à Paris en janvier 1834, Marceline avait rencontré Boïeldieu chez son ami Jars. "Hier j’ai dîné chez M. Jars avec huit députés, écrit-elle à Valmore le 21 janvier 1834. J’y ai vu Boïeldieu muet par une maladie inguérissable. M. Jars l’a servi très activement pour lui faire rendre ses pensions et la position qu’il avait perdues., Marceline connaissait Boïeldieu depuis fort longtemps, puisqu’en 1805 elle avait joué le Calife de Bagdad à l’Opéra-Comique. 49. Mère, faut-il donner quand le pauvre est bien laid ? (L’ENFANT ET LE PAUVRE). Imprimé pour la première fois dans le Musée des famil- les, septembre 1834. 246 PAUVRES FLEURS Nous avons déjà eu l’occasion de parler de la charité et de la générosité de Marceline. Voici un extrait d’une notice qu’Hippolyte Valmore a faite sur sa mère, à la demande de son ami Lacaussade : "Elle me disait parfois q’un objet quelconque, précieux ou non, ne lui semblait plus être rien, aussitôt qu’il avait été désiré par quelqu’un. Et elle le donnait, et elle n’a cessé de donner jusqu’à la fin. Son armoire était vide des vêtements les plus nécessaires au moment où elle cessa de vivre. Da pe morte, dit le Roumain, donne jusqu’à la mort. C’était bien sa devise. Les pauvres ont été constamment l’objet des plus hau- tes manifestations de son âme. Il y avait de la sainte en elle dans le mouvement qui la portait dès l’enfance vers les déshérités de l’humanité. Elle s’excusait d’être ou de paraître plus heureuse qu’eux,. Sa charité ne se bornait pas à distribuer en aumônes le peu d’argent qu’elle possédait. Quand elle n’avait plus rien, elle donnait son temps : elle faisait des démarches pour des malheureux, elle adressait des suppliques aux ministres, elle visitait des prisonniers et leur chantait des romances pour les distraire. "Je ne sais quel sentier amène ainsi toutes les douleurs vers les miennes, écrivait-elle à Valmore peu après la publi- cation de Pauvres fleurs. Je comprendrais cela, si au désir de les soulager se joignait la possibilité de le faire. Mais plus ! Mais point !… (Paris, 27 mai 1839). Marceline s’efforça d’inculquer à ses enfants la pitié et la charité dès leur plus jeune âge. Chaque occasion lui était bonne. Elle écrit à son fils, en pension à Grenoble : "… Il y a ici un prédicateur qui fait grande émotion. Ton petit papa l’a en- tendu et s’afflige de ce qu’il ne fait pas usage de sa belle et grande voix pour prêcher la charité. O charité ! qui fait les doux entretiens et les relations innocentes ! Apprends bien ce mot dans toutes les langues, mon ange, et écris-le moi, je t’en prie. Je ne le sais bien que dans la langue de l’âme. Pour- quoi sommes-nous pauvres et pourquoi y a-t-il des pauvres ? " (Lyon, 9 décembre 1836). PAUVRES FLEURS 247 Dans l’Album n° 3 de la Bibliothèque de Douai, Marceline a écrit ces deux vers qui résument l’Enfant et le pauvre : "Tu donneras toujours ! Ta main petite encore Tend déjà vers le pauvre une part de ta part. „ 50. Deux roseaux dans les airs entrelaçaient leurs jours (LES ROSEAUX, à ma sœur). Cette poésie a été écrite avant le mois de juin 1837 ; car Marceline en parle dans une lettre qu’elle adressa de Rouen à son mari le 22 juin de cette année-là : "Verras-tu avant moi M. Dessez du Panthéon pour lui remettre les Deux roseaux ? 51. Si vous ne dormez pas, jetez-moi vos paroles (A MA- DAME A. TASTU). On voudra bien consulter la note que nous avons con- sacrée à Madame Amable Tastu, à propos des Mots tristes (les Pleurs, n° 7). Marceline nourrissait une grande affection pour Mme Tastu. Le 7 février 1837, elle écrivait de Lyon à Antoine de Latour, qui s’était institué en quelque sorte son correcteur et son conseiller littéraire : "… Je vous ai dit ma pensée sur Mme Tastu:je l’aime d’une estime profonde. C’est une âme pure et distinguée qui lutte avec une tristesse pai- sible contre sa laborieuse destinée. Son talent est comme sa vertu, sans tache. Je lui ai fait des vers, ils sont là depuis deux ans ; je n’ai pas osé les lui envoyer. Je suis tout anéan- tie devant ces charmantes célébrités, et, quand j’entends mon nom sonner après les leurs, Dieu seul sait ce que je deviens dans le tremblement de mon cœur., 52. Dieu bénit les enfants qui vont vite à l’école (LE LI- VRE DE MA FILLE INÈS). Comme nous avons eu maintes fois l’occasion de le dire, Hippolyte Valmore était en pension à Grenoble chez M. Frous- sard. Sa mère lui écrivait des lettres charmantes pour l’encou- rager au travail; elle lui disait dans l’une d’elles : "Remplis F 248 PAUVRES FLEURS jour par jour, la tâche d’étude qui t’est donnée. Un peu à la fois, tu te trouveras moins ignorant et muni de quelques pro- visions pour ta route, quelle qu’elle soit. Une science n’est jamais de trop, et l’on bénit dans quelque circonstance imprévue ceux qui nous l’ont apprise, qui ont eu la vertu de lutter contre l’aversion de leur élève. J’ai vu pleurer mon oncle à quarante-cinq ans d’avoir refusé d’apprendre la perspective. (8 janvier 1836). Un regret inutile est toujours fort amer. Une autre fois, elle lui disait : "Au revoir, bon courage à l’étude ! Emplis tes poches et tes greniers pour l’avenir, mon fils. Une bonne éducation bien retenue est la clef d’une position honorable, et dans la vie est d’un bon accueil par- tout. (26 juin 1836). 11 53. Dans le port de Marseille (LE RÊVE DU MOUSSE). Cette pièce a été publiée dans le Chansonnier des Grâces de 1834 (L’air était froid, ma mère…), avec de la musique d’Andrade ; elle a été aussi mise en musique par Pauline Du- chambge. Sainte-Beuve écrivait à Madame Desbordes — Valmore de Lausanne, où il faisait un cours de littérature française : "… Quand je dis que la poésie est loin, j’entends du milieu de mes journées ; car le soir, chez les amis chez qui je suis, M. et Madame Olivier, tous deux poètes et vrais poètes, nous en parlons ; ils m’en disent, ils me chantent de leurs chants ou des vôtres. Ceci n’est que vrai. L’autre soir, un de nos étudiants d’ici, M. Durand, jeune troubadour qui fait des chansons et les chante sur la guitare, nous a, entre autres choses et sans qu’on le lui demandât, chanté Le rêve du jeune mousse. Jugez de ma joie émue ! Je me rappelais cette soirée chez madame de Simonis, et sa voix me revenait sous celle de notre jeune chanteur. Ainsi nous faisons. J’ai lu à mes amis les vers à Pauline. Comme ils ont compris ! Remer- ciez-la de ses douleurs, qui inspirent de telles plaintes et qui sont nées elles-mêmes d’une âme brisée dans ses chants !… n (2 janvier 1838). PAUVRES FLEURS 249 54. Jardin de ma fenêtre (LA FIANCÉE DU MATELOT, à Madame Frédéric Lepeytre). Cette pièce avait déjà été imprimée dans l’Album musical, sous le titre : La femme du matelot, puis dans l’Echarpe (1838) où elle est donnée avec de la musique d’Eugène Paturel. Sur Madame Frédéric Lepeytre on consultera la note re- lative aux Cloches du soir (Poésies de 1830, Nº 10). Marceline aimait beaucoup les fleurs. Dans tous les ap- partements qu’elle occupa, ses balcons et ses fenêtres en étaient décorés. Chaque enfant avait ses plantes : L’un-nous le savons par les lettres de la poétesse— possédait un jasmin, l’autre un liseron, le troisième un lilas. 55. Sur le navire en quarantaine (LA FIANCÉE ET LE CHOLÉRA. Marseille). Une grande épidémie de choléra sévit en 1832. Les Val- more quittaient alors Lyon pour se rendre à Rouen en pas- sant par Paris, qui était particulièrement infecté. Dans une note d’Hippolyte Valmore nous relevons quelques phrases re- latives à ce voyage : "On partait pour Rouen. Nous restâmes cinq jours environ à Paris, durant une violente recrudescence de choléra ; les enfants enfermés et saupoudrés de camphre ; le père, la mère, le grand’père courant chez leurs amis. L’été de 1835 fut marqué par une nouvelle épidémie qui n’épargna ni Lyon ni Marseille. Marceline écrivit alors de nombreuses lettres d’encouragement à ses amis ; parmi celles-ci, nous retiendrons, celle particulièrement émouvante qu’elle adressa à son ami Lepeytre, qui habitait Marseille : "… Ce que vous me dites est vrai, de l’étourdissement qu’on éprouve au milieu des morts. Tant qu’il reste des vi- vants, les yeux, le cœur, la pitié s’y attachent. Les larmes sont pour plus tard. J’ai pleuré une mère mille fois plus amè- rement, quand j’ai été loin de l’horrible cimitière et de l’épidémie qui planait sur tout ce qui survivait… Courage ! Nous sommes ici pour beaucoup souffrir. La mort doit être belle, car nous l’achetons par une triste vie. Be faithful in 250 PAUVRES FLEURS death (1). Mais cette approche, mais cette vue, mais le cercueil, voilà où l’éblouissement passe sur mon âme, et où je me jette dans les bras de Dieu. Vous avez regardé de terribles choses…. On a eu, on a encore ici, de graves appréhensions. La grande quantité des émigrants du Midi a jeté d’autant plus de terreur, qu’il en est mort plusieurs immédiatement après leur arrivée. Des groupes se formaient, le peuple murmurait, et cette ville infecte restait dans sa puanteur ordinaire. Quelle souffrance intérieure, pour moi qui suis Flamande, de lutter sans fruit avec les habitudes innées des servantes de cette ville fangeuse et noire ! Mais d’où vient que je parle de moi, qui suis tout anéantie devant des infortunes bien autrement intéressantes ! (Lyon, 11 août 1835). 56. Amour encore enfant descendait dans nos fleurs (LA FONTAINE, de Thomas Moore). Cette pièce a paru d’abord dans le Chansonnier des Grâ- ces de 1837, sous le titre : La fontaine aux larmes ; elle y est signée : Marceline Valmore. 57. Partez, Arnold ! faites un long voyage (UN BOUQUET DE FEMME). 58. Puisque c’est toi qui veux nouer encore (UN BILLET DE FEMME). Dans un carnet qui appartient à M. Lucien Descaves et où Marceline a noté ses impressions de voyage en Italie, cette poésie est datée : Milan, juillet 1838. En l’envoyant à son amie Pauline, Marceline a accompagné cette pièce des phrases que voici : "Je t’envoie, comme un sourire, mon premier chant d’Italie. Leurs voiles, leurs balcons, leurs fleurs m’ont soufflé cela, et c’est à toi que je les dédie. Venir en Italie pour guérir un cœur blessé à mort d’.. c’est étrange et fatal., , (1) Marceline ajoute en note : "J’ai un cachet anglais qui dit cela (Ayez foi dans la mort). » PAUVRES FLEURS 251 (Milan, 30 juillet 1838. Le mot qui manque a été découpé sur l’original de la lettre). Cette poésie figure dans l’Album nº 10 de la Bibliothèque de Douai ; elle y porte le titre : Nouvel amour et la date : 1838. Arthur Pougin affirme qu’elle a été composée sur l’air du Bambino d’Hippolite Monpou. 59. Au-devant de cet hymne et si grave et si tendre (AU POÈTE). Cette poésie se trouve dans l’Album n° 10 de la Biblio- thèque de Douai, avec le titre : A Monsieur S. B. Marceline avait beaucoup d’amitié pour Sainte-Beuve et d’estime pour l’écrivain. Recommandant un jour à son fils la lecture de Volupté, elle terminait ainsi sa lettre : " Pour moi, je m’y consacre, et je m’y attache comme à tout ce qu’il écrit. Il y a du Rousseau, il y a du Marivaux, il y a surtout de lui-même et des ailes d’oiseaux, qui contrastent beaucoup avec la mélancolie du froid ; mais c’est par cela même que c’est vrai. Nous ne sommes pas tout d’une pièce. Ces nuances infinies deviennent attachantes, parce qu’elles forment mille portraits, tous ressemblants, de la même personne que nous aimons., , (Orléans, 20 juillet 1842. Lettre publiée par F. Loliée). 60. Pour me plaindre ou m’aimer, je ne cherche personne (SOLITUDE). Cette poésie a été réimprimée dans Bouquets et Prières avec quelques variantes. 61. Enfant, sois doux au pauvre, il en est d’adorables (UN PAUVRE, à mon fils). 62. A Milan, quand on se promène (MILAN). Ecoutons la pauvre Marceline raconter à Gergerès sa mal- heureuse odyssée : "… Quand votre ami partait, l’Odéon se fermait. Nous étions encore une fois sans position et dans 252 PAUVRES FLEURS l’effroi d’attendre. On propose alors à Valmore une année de l’Italie (sic), trois mois à Milan, trois à Rome, trois à Naples et trois autres à Gênes, son voyage et le mien payés, des honoraires convenables, assurés par une société de millionnaires, le tout attes ! é par un correspondant de théâtre, homme âgé, prudent et plein d’expérience. On nous pousse de prendre ce parti. Me Mars se laisse entraîner, comme nous. En cinquante heures, ce déchirement s’opère ; mes meubles reçus chez un ami, mes malles faites, nos places arrêtées, mon fils placé en pleurant comme l’exigent ses études, et nous, tombant tous quatre dans la diligence, mon mari mes deux filles et moi, ivres de douleur, de surprise et de fatigues. "Nous courions à notre perte, tout déchirés de ce nouveau sacrifice. Les contrats étaient faux, les privilèges faux ; des fripons voulaient exploiter le couronnement de l’empereur d’Autriche à Milan:ce qu’ils ont fait en abandonnant après leurs victimes, dans ce pays étranger, à 260 lieues de Paris. Mile Mars a perdu 10.000 francs pour le plaisir d’être couron- née et couverte de fleurs par ce peuple idolâtre de son talent; et nous Gergerès, nous avons vendu ce qu’ils avaient eu la pitié de nous laisser pour regagner… quoi ? les rues chères et indifférentes de cette France qui ne veut pas de nous., , (16 décembre 1838. Lettres de l’édition Michaud). Dans le Mercure de France du 16 juin 1910, Benjamin Rivière a publié sous le titre "Milan, un fragment d’album inédit de Mme Desbordes-Valmore. Nous allons en extraire quelques passages qui complètent les impressions que Marce- line nous donne de Milan dans la pièce qui porte ce titre. La poétesse ne pouvait pas s’exprimer autrement, étant donné les jours malheureux qu’elle vécut dans la capitale lombarde. Elle voyait tout en noir : 19 juillet (1838). (1 La population semble partagée en deux espèces, tout à fait distinctes : l’une saine, élancée, complète ; l’autre avortée, misérable, rampante. Sur les portes, dans les églises, partout des nains difformes, affligés de goîtres et de membres impar- faits qu’ils appuient sur des béquilles. C’est un spectacle fort PAUVRES FLEURS 253 triste pour ceux que l’habitude ne rend pas insensibles. Pell de familles pauvres sont exemptes de ce fléau ; une superstition pieuse s’y attache par bonheur et fait soigner ces infortunés comme une sorte de génie familier et bienveillant, qui prend cette figure humble pour garder la maison de tout mal. "Notre padrone, qui prend du plaisir à nous conduire dans sa calèche partout où il espère nous voir admirer sua cara città, assigne une cause triste à cette triste différence ; c’est la misère, hideuse et pâle aussi sous le soleil dont elle parvient à corrompre les doux rayons. D’abord et à tous, par le rite en usage au baptême, on plonge au fond du bénitier la tête du nouveau-né qui s’y fait chrétien et qui demeure im- prégné d’eau durant toute la longueur de la cérémonie. L’enfant riche s’en tire avec d’autres bonnets de dentelles, avec les ablutions moins saisissantes de vin tiède et parfumé qui remet le sang et le cerveau en ordre. Mais le petit chrétien pauvre demeure sous son humide et unique bonnet peut-être, et comme il pousse des cris, on le garrotte comme on le fait encore à Orléans… Il dit aussi que l’extrême pauvreté du peuple le force à porter fréquemment ses enfants à l’hôpital, où des sœurs de charité les reçoivent et les introduisent par un tour, usage dont il est défendu de s’écarter, et que ce tour, étant horriblement étroit, mutile les enfants que l’on y fait passer. J’aime mieux douter que croire à un pareil récit., Deux mois de séjour à Milan ne changèrent point les im- pressions de Marceline, ainsi qu’on le voit par une lettre du 12 septembre qu’elle adresse à son fils : "… Pour te faire une idée juste de ce climat mobile et d’une action mauvaise sur les nerfs, rappelle-toi Lyon, qu’il me retrace plus que je ne voudrais, mais dans cela des rues larges, des maisons basses en granit ; la plus belle cathédrale des rêves d’Adrienne et des églises du IVe siècle, encombrées de richesses et de tombes ; quelques jolies femmes bien fières, bien froides, quelques hom- mes grands et droits comme des peupliers s’élevant au-dessus d’une population rampante de nains, de bossus, d’êtres diffor- mes et traînants, tu auras une idée de Milan, tout rempli d’un parfum de résine et de tabac, de fromage et de jambon qui 254 PAUVRES FLEURS porte au cœur, par les rues et jusque dans les loges des théâtres., , Ajoutons, pour terminer, que les Valmore ne purent quitter Milan que grâce à l’argent que leur envoya Lepeytre, cet ami si dévoué qu’ils n’avaient jamais vu ! 63. Qu’avais-tu ? Quelle idée au milieu de leur joie . (L’AUGURE, à une amie que j’avais). 64. Que je vous crains que je vous aime ! (AU CHRIST). Cette poésie a été imprimée en 1836 dans le Mémorial de la Scarpe sous le titre : Prière au Christ. Elle a été certaine- ment inspiré par Prosper Valmore.-Voir à ce sujet les notes qui commentent Révélation (Les Pleurs, N° 1) et Avant toi (Pauvres fleurs, N° 7). "Chaque cœur croyant, écrit Sainte-Beuve dans son livre sur Marceline, a ainsi, un jour ou l’autre, son heure de tenta- tion et de doute, son délaissement et sa sueur froide, son jardin des Oliviers. C’est dans une de ces heures abattues que Mme Valmore écrivait encore ceci : " (A Madame Derains, 15 mai 1856.) "Travaillez-vous ? appuyez-vous quelque part ce cœur…… pareil au mien, mais plus convaincu encore, plus sûr ? Pour- tant je vois d’une immense distance le Christ qui revient. Son souffle arrive au-dessus des foules. Il tend les bras tout grands ouverts, et ils ne sont plus cloués ! plus jamais cloués ! — Mais si je me mets à regarder la terre, les transes me reprennent et, à la lettre, je crois tomber, et je glisse à genoux contre une porte ou contre la fenêtre. C’est violent et silencieux ! Ma bonne amie quelle épreuve ! Et je ne sens pas toujours les anges qui me soutiennent !, , Quand son frère, hospitalisé à Douai, lui écrit qu’il se sent attiré vers Dieu, Marceline exulte et lui répond sur-le- champ : "… Tu me rends bien heureuse de m’avouer la ten- dance de ton âme à prier, mon bon frère. Je ne sais s’il y a sur la terre rien de plus utile et de plus doux que de retourner de bonne volonté à la source de notre être et de tout ce que PAUVRES FLEURS 255 nous avons aimé au monde. Tous les biens se perdent et s’évanouissent, ce but seul est immuable. Rien n’humilie avec la foi dans ce juge équitable et tendre. Il nous rend tout ce que nous avions cru volé ou perdu. J’aime beaucoup Dieu ! Ce qui fait que j’aime encore davantage tous les liens qu’il a lui-même attachés à mon cœur de femme. Tu sentiras aussi par degrés toutes les fougues de ton cœur d’homme s’apaiser devant cet immense amour qui purifie tous les autres, et tu seras comme un enfant qu’une fleur contente et rend riche. Juge de quelle considération tu peux t’entourer jusque dans cette retraite qui sera devenue le lazaret de ton âme, cher ami !, , (14 avril 1843. Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). L’idée que Marceline exprime aux vers 21 et 22 de ce poème : Voyez ! je suis comme une feuille Qui roule et tourbillonne au vent, se retrouve dans une lettre à Caroline : "… Les événements et la volonté d’autrui défont tous mes projets et tous mes désirs ; je ne suis qu’une feuille qui roule à tous les vents contraires. (Lyon, sans date. Collection de la Bibliothèque de Douai). 65. O ma charmante mère ! (LA TOMBE LOINTAINE). Cette poésie figure dans l’Album N° 10 de la Bibliothèque de Douai ; elle n’y porte pas de titre, mais la date : Milan, juillet 1838. 66. Comme aux inertes flancs de sa mère expirée (L’AGONIE DU MINEUR). Cette pièce fut inspirée à Marceline par un fait qu’elle a raconté elle-même à la suite de cette poésie : "Un ouvrier de Lyon fut englouti vif ef vécut sous la terre l’espace de onze jours. Le prêtre qui descendit pour l’assister du dernier sacre- ment le rapporta dans ses bras à la foule rassemblée qui les croyait morts tous deux. 67. Deux vrais amis, deux chiens arrêtés dans la rue (DEUX CHIENS). 256 PAUVRES FLEURS Sainte-Beuve a noté qu’au 77e vers de cette pièce, le mot qui se lit bazar dans l’édition originale doit être corrigé en hasard. 68. Quel chant divin se fait entendre ? (NOËL, imité de Goudouli). 69. Avant ce parfum du temps qui tout consume (LE PARFUM D’UN ALBUM). 70. Jeune âme ! qui venez regarder sur la terre (A MA- DEMOISELLE A….). 71. Quoi ! vous voulez savoir le secret de mon sort (A QUI ME L’A DEMANDÉ). Ce quatrain a peut-être été écrit pour Antoine de Latour, qui en 1836, avait demandé à Marceline des détails sur sa vie et ses travaux, afin d’écrire un article sur elle. M. Jacques Boulenger a donné une version différente des deux derniers vers. Cette version, qui est celle du manuscrit original, modifie considérablement le sens de la pièce : "Mon secret, c’est un nom ; ma souffrance, la vie ; "Mon effroi, la pensée, et mon espoir, la Mort !, 72. Donnez-lui du mystère (ELLE A VOULU MOURIR). Cette poésie figure sous le titre : Morte dans l’album N° 10 de la Bibliothèque de Douai. Elle y est datée de juin 1838. 73. Pasteur ! est-il loin encore (LA PAUVRE ORPHELINE). Publiée pour la première fois dans l’Album lyrique (1834) sous le titre : Le monastère, avec musique de Pauline Duchambge. 74. Cache bien cette fleur (LE MARIAGE D’UNE JEUNE REINE). Publiée d’abord dans la Revue poétique du XIX siècle, 1835, et dans l’Abeille, 1836. 75. A genoux ! l’angélus appelle ! (ANGELUS). PAUVRES FLEURS Cette pièce a été imprimée pour la première fois dans le Musée des familles (31 octobre 1833) sous le titre : L’angélus au village ; elle a été mise en musique par Pauline Duchambge. En l’envoyant à Duthilloul, Marceline l’accompagnait de ces mots : L’Angélus, que je vous envoie, ne peut aller sans musique et si vous n’avez pas le temps ni le musicien pour le soutenir, n’en parlez pas et gardez-le dans un coin de votre cœur, quelquefois triste aussi !, , (s. d., lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). 257 76. Déjà, blanche meunière (LA MEUNIÈRE ET SON SEIGNEUR, imité de Goethe). Cette poésie a été imprimée pour la première fois dans le Chansonnier des Grâces de 1834, sous le titre : Le page et la meunière. 77. Je crains Dieu, ma mère (LE MARINIER). 78. Entends-tu le canon du fort… (DEUX JEUNES FILLES). 79. Ami de la pâle indigence (AU SOLEIL, Italie). Marceline avait une sorte d’adoration pour le soleil ; c’est la seule beauté de la nature qui lui ait toujours donné de la joie et lui ait apporté des consolations. Sa correspondance est tout émaillée d’hymnes brefs de reconnaissance et d’ad- miration au soleil. Nous en avons cueilli quelques-uns que l’on trouvera ci-dessous : 11 Lyon, 1829, à Gergerès. Que de peine pour trouver un asile au milieu de tous ces ateliers en mouvement ! J’ai monté six cents étages, enfin j’ai trouvé du soleil, je le paie bien cher ; mais je m’y établis avec une joie d’enfant qu’ils ne comprennent pas… " Lyon, 17 février 1835, au même. . Voyez-vous encore le soleil, mon bon Gergerès ? Y a-t-il encore un soleil ? On me dit que c’est lui qui fait cette G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 17 258 espèce de brouillard visible où nous essayons de nous recon- naître et de vivre. On calomnie le soleil. Ce n’est pas lui ! Une chose si majestueuse et si grande en produirait une si laide et si morte !, PAUVRES FLEURS Orléans, 12 mai 1839, à Lepeytre. 11

C’est pourtant au milieu du soleil que je vous écris, le soleil qui me pénètre toujours de joie et de reconnaissance, et près d’un petit jardin…. 4 octobre 1840, à Prosper Valmore. "Je te souhaite ce furtif soleil qui est le seul bonheur de ton absence…. 12 12 2 septembre 1843, à Hippolyte. "Mais le soleil et la croyance soutiennent. Tu as passé sous des fenêtres d’un riche cristal, mon bon fils, et je l’aime, tu le sais. Pourquoi n’est-il plus aussi pur que les ruisseaux de là où tu es ?… Une larme de la Vierge efface bien des choses !.., , 1842, à Brizeux. "… Car le soleil, c’est le grand maître des cérémonies, pour toutes les fêtes qui se passent en moi. Il faut que je sois bien malheureuse pour pleurer au soleil….. 201 11 juin 1843. La maladie des jeunes filles, c’est le soleil qui se charge de la guérir, c’est le mouvement et l’air, c’est la na- ture enfin. Tu sais que c’est aussi mon seul médecin… 30 novembre 1853, à Mme Camille Derains. Et pourtant, je vous écris avec le soleil dans les yeux, seule beauté de la nature que j’aime encore, et qui m’atten- drit jusqu’aux larmes. Il m’aide à vivre. 22 12 C’est au début de la 2e strophe de ce poème que l’on trouve ces deux vers que Sainte-Beuve aimait entre tous : " Tu nourris le jeune platane, Sous ma fenêtre sans rideau. PAUVRES FLEURS 259 Marceline envoya une feuille de ce platane à son amie Pauline, avec ce billet émouvant : "… Ainsi au revoir… Peut- être avec ce papier qui te porte un feuillage séché comme moi, une feuille de platane qui m’a servi de rideau à ma chambre et une fleur prise au Mont-Cenis. Je les embrasse en te nommant. Qu’elles te portent bonheur ! C’est du ciel que cela vient, comme toi et notre affection., , (Milan, 19 septem- bre 1838). Sainte-Beuve, qui aimait beaucoup cette poésie, l’a citée en entier dans son étude sur Mme Desbordes-Valmore : "Rien, écrit-il, ne nous a plus touché, comme grandeur, élévation et bénédiction au sein de l’amertume, que l’hymne Au Soleil. Je voudrais insister sur cette belle pièce et auprès de l’auteur lui-même, parce qu’à la profondeur du sentiment elle unit la largeur et la pureté de l’expression. Ici aucun tourment… Oh ! que le poète, dût-il beaucoup souffrir, fasse souvent ainsi ! Quand l’Italie et son soleil n’auraient valu à la chère famille errante que cette fleur sombre au parfum profond, tant de douleur ne serait pas perdu !, , 80. Je suis là toute seule, immobile, cachée (L’ÂME EN PEINE, Italie). 86 Comme l’a remarqué Sainte-Beuve, le 4 vers de cette pièce doit se lire : « Je ne peux m’éteindre, et non » je ne peux m’étendre, (leçon de l’édition originale). Personne n’a pu déchiffrer le sens exact de cette élégie nébuleuse, étrange, troublante, , , ainsi que la qualifie M. Lu- cien Descaves dans la Vie douloureuse. Cette prostration com- plète devant la vie et l’amour, cet accablement singulier, Mar- celine l’éprouvait fréquemment. Voici, d’ailleurs, en quels ter- mes elle parle à son fils de sa "maladie dans une lettre inédite que nous avons retrouvée à Douai : "Tu dis vrai : si l’amour n’était pas le soleil, je ne verrais pas clair aujourd’hui pour t’écrire, mon bien bon ange ! Mais tu as appris depuis si longtemps à me déchiffrer, que ma plus tremblante écriture te sera… aussi lisible que mes yeux 260 PAUVRES FLEURS où tu sais si bien lire ! Je ne crois pas que personne sur la terre ait jamais vu comme toi jusqu’au fond de ma vie, et il y a des instants où je voudrais t’en voir moins préoccupé. Je parle des instants accablés durant lesquels, si ce n’est pour toi, je me sens incapable d’exister pour personne ; et alors tu t’alarmes de ce repos qui n’est qu’un bienfait de mon orga- nisation. Je te dirai que je suis ainsi, disait ma mère, depuis l’âge de trois ans. Je t’expliquerai sa maladie qu’elle m’avait donnée, tu en raisonneras avec ton cœeur ; car tout son cœur ardent était dans cette maladie que j’ai bue et que je t’ai bien un peu transmise malgré moi., , (sans date : 1854). Trois ans plus tard, près de vingt ans après avoir écrit l’Ame en peine, Marceline écrivait à son amie Pauline Duchambge : "… J’étais donc seule, comme tous les autres jours de la semaine. J’étais parvenue à supporter ces longues solitudes avec la résignation que les prisonniers finissent par obtenir du Ciel. Une sorte d’engourdissement y aidait mon âme. C’était là mon calme, comme le tien sans doute ?… Où est le tien ? L’orage est partout. Il y a des temps où l’on ne peut plus soulever un brin d’herbe sans en faire sortir un serpent. C’est ce qui me tient depuis longtemps immobile et cachée. (11 mai 1857). 32 XVII. CONTREFAÇON BELGE DES "PAUVRES FLEURS, , PAUVRES || FLEURS, || par Madame || Desbordes-Valmore. || Bruxelles. | Mme Laurent, Imprimeur-éditeur, || place de Louvain, n° 7. || 1839. In-32 de 214 pages. Les 7 premières, non chiffrées, contien- nent un faux-titre (Œuvres || de madame || Valmore. | III.) avec verso blanc, le titre imprimé, un second faux-titre (Pauvres || fleurs) et le début du texte. A la fin du volume, une page blanche et un feuillet blanc. Couverture ocre imprimée en noir sur fond quadrillé bleu. Cette contrefaçon belge de Pauvres fleurs, parue aussitôt après l’originale parisienne, complète les deux premiers re- cueils poétiques de Mme Desbordes-Valmore publiés par l’im- primeur E. Laurent : Poèmes et poésies (n° XV) et les Pleurs (n° XIV). L’imprimeur belge a servilement copié l’édition parisienne. La pièce Un enfant à son frère est intitulée à la table : Un enfant à son père, tout comme dans l’édition Dumont. Certains exemplaires de cette contrefaçon sont à l’adresse : Éditions Haumaz et Ci, Bruxelles. XVIII. CONTES EN VERS POUR LES ENFANTS 1840 XVIII. CONTES EN VERS POUR LES ENFANTS 1840 CONTES EN VERS | POUR LES ENFANTS, || par || Mme || Desbordes-Valmore. || Lyon. || chez l’éditeur L. Boitel, Impri- meur, quai Saint-Antoine, 36, || et chez les libraires Guymon, rue Lafont. || Gibberton et Brun, petite rue Mercière, 11. || 1840. In-8° de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Lyon, Imprimerie de L. Boitel, quai Saint- Antoine, 36 ; et titre), et 170 pages. Le texte est orné de nombreux culs-de-lampe gravés sur bois, provenant de fonds d’imprimeurs parisiens. PREMIÈRE ÉDITION de ce recueil, enregistrée dans la Biblio- graphie de la France du 18 janvier 1840, sous le N° 217. Elle comprend 23 pièces, dont l’une (L’enfant amateur d’oiseaux) est publiée ici pour la première fois. Né à Rive-de-Gier, le 26 octobre 1806, Léon Boitel avait quinze ans et devait être encore au collège de Lyon, quand les Valmore arrivèrent dans cette ville en 1821. Lors de leur retour en 1827, il achevait sa vingtième année et débutait dans la littérature au grand mécontentement de son père, Simon Boitel, pharmacien, rue Laffont, 22, chez qui il faisait son ap- prentissage. 266 CONTES EN VERS POUR LES ENFANTS Un jour, Mme Desbordes-Valmore, souffrante, fait demander un loch chez son voisin le pharmacien Boitel, et c’est le jeune Léon que son père charge de porter la potion commandée. L’élève-en-pharmacie-malgré-lui bondit de joie. Chez Madame Valmore ! Lui qui rêve justement d’approcher le poète en renom qui fut aussi une actrice réputée ! Il se précipite avec le remède, muni aussi d’un sonnet de sa façon qu’il récitera à sa glo- rieuse cliente. Reçu par Valmore et introduit par lui auprès de sa femme, étendue sur un lit de repos autour duquel sont deux enfants, il commence à débiter ses vers d’une voix mal assurée ; mais voyant la stupéfaction de Valmore et de la malade, il se trouble tout à fait, s’interrompt, lâche son chapeau puis sa fiole, en cherchant son manuscrit dans ses poches pour le lire ; il s’affole, veut s’enfuir, se trompe de porte et se réfugie dans un office sombre où il culbute des meubles et fait choir des pots de confiture qui se brisent avec fracas. A la fin-car il s’est enfermé-il se laisse délivrer par les Valmore qui le remettent dans le bon chemin en riant aux larmes sur son ahurissement (Eugène Vial, p. 33). Boitel, à partir de ce jour, devint l’un des amis les plus fidèles des Valmore. Il ne cessa de correspondre avec Marce- line, de lui envoyer ses vers, ses articles et ses couplets ; et quand il s’installe imprimeur, l’un des premiers ouvrages qui sortit de ses presses, fut les Contes de Marceline. Voici le détail des pièces qui composent les Contes en vers pour les enfants : Un tout petit enfant s’en allait à l’école (L’ÉCOLIER). Il ne faut plus courir à travers les bruyères (CONTE D’ENFANT). Cette pièce a été reprise dans le Trésor littéraire des jeunes personnes, 1842. Mère, faut-il donner quand le pauvre est bien laid ? (L’ENFANT ET LE PAUVRE). Deux vrais amis, deux chiens arrêtés dans la rue (DEUX CHIENS). Qui m’a couvé neuf mois dans son sein gros d’alarmes ? UN ENFANT À SON FRÈRE). Cette pièce a été réimprimée dans l’Abeille poétique, 1847 ; elle y est signée : Mme Valmore-Desbordes. Venez bien près, plus près, qu’on ne puisse m’entendre (LE PETIT MENTEUR). Cette pièce avait été reprise dans le Journal des Enfants, 1832' CONTES EN VERS POUR LES ENFANTS 267 Ecoute, oiseau, je t’aime et je voudrais te prendre (L’ENFANT AMA- TEUR D’OISEAUX). Tout perdu dans les soins de sa jeune famille (LE PÉLICAN OU LES DEUX MÈRES). Venez, mes chers petits, venez, mes jeunes âmes (LE SOIR D’ÉTÉ). Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs (LES DEUX ABEILLES). Vous voilà bien riant, mon amour quelle joie ! (LE PETIT OISELEUR). Tremblante, prise au piège et respirant à peine (LA SOURIS CHEZ UN JUGE). Un enfant avait mis les bottes de son père (LE PETIT AMBITIEUX). Enfant sois doux au pauvre. Il en est d’adorables (UN PAUVRE). Quoi Daniel, à six ans vous faites le faux brave (LE PETIT PEUREUX). C’est beau, la vie (LA MÈRE À SA FILLE). Quand j’ai grondé mon fils, je me cache et je pleure (LA MÈRE A SON FILS). Laissez entrer ce chien qui soupire à la porte (LE PETIT RIEUR). Dieu bénit les enfants qui vont vite à l’école (LE LIVRE D’UNE PETITE FILLE). Le chagrin t’a touché, mon beau garçon. Tu pleures (LE PREMIER CHAGRIN D’UN ENFANT). Couchez-vous, petit Paul. Il pleut ; c’est nuit, c’est l’heure (LE COUCHER D’UN PETIT GARÇON). Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête (L’OREILLER D’UNE PETITE FILLE). Cette pièce qui, depuis qu’elle avait paru dans les Pleurs, avait été réimprimée dans l’Almanach des Dames de 1835, sera reprise dans le Trésor littéraire des jeunes personnes, 1842, dans l’Abeille poétique, 1847, sous la signature : Mme Valmore-Desbordes ; et dans la Croix d’Or, s. d. (titre : L’oreiller d’un enfant). Mon cœeur battait à peine et vous l’avez formé (ADIEU D’UNE PETITE FILLE À L’ÉCOLE). A ce recueil de contes en vers, fait suite un recueil de contes en prose. Les deux recueils ont été refondus ensemble pour former le Livre des mères et des enfants (voir le N° XIX). XIX. LE LIVRE DES MÈRES ET DES ENFANTS 1840 LE LIVRE || DES || MÈRES ET DES ENFANTS, || Contes en vers et en prose, || par Mme Desbordes-Valmore. | Tome I (et II) || Lyon. | Chez l’éditeur L. Boitel, Imprimeur, quai Saint-Antoine, 36, et chez les libraires | Guymor, rue Lafont. || Gibberton et Brun, petite rue Mercière, 11. || 1840. Deux volumes in-8° de 2 feuillets préliminaires non chif. frés (faux-titre portant au verso : Lyon, Imprimerie de L. Boi- tel, quai Saint-Antoine, 36, et titre) et 216 pages, dont deux pages de table, pour le tome I. Deux feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre et titre) et 162 pages, dont deux pages de table, pour le tome II. Le texte est décoré de culs-de-lampe gravés sur bois provenant de fonds d’imprimeurs parisiens. Le Livre des Mères et des Enfants se compose des Con- tes en vers et des Contes en prose parus en janvier chez le même éditeur (voir le n° XVIII). Une pièce des Contes en vers alterne avec un conte en prose. Les quatre contes du Livre des petits enfants (Paris, Charpentier et Dumont, 1834, 2 vol. in-12), qui avaient été supprimés dans les Contes en prose, ont été replacés ici dans leur ordre. Ce sont : La poupée monstre, La briseuse d’aiguilles, La lumière, et Les mains blanches. La Revue du Lyonnais insérait l’annonce suivante en 1839 : 270 LE LIVRE DES MÈRES ET DES ENFANTS "Il sera mis en vente le 15 décembre, chez l’éditeur L. Boitel, deux petits volumes d’étrennes, en prose et en vers par Mme Desbordes-Valmore : le nom de l’auteur est la meilleure recom- mandation que nous puissions faire du Livre des Mères et des Enfants. Deux volumes, 6 francs. Le 31 décembre 1839, l’ouvrage n’était pas encore en vente, sans doute parce que Boitel avait mal calculé le temps qu’il lui faudrait pour tirer les deux autres " moutures, , (Contes en vers et Contes en prose) sur la même composition typographique. Et Marceline se désolait. Elle écrivait à son mari : "As-tu dit à Boitel qu’il est trop tard pour sa vente à Paris ? C’est une belle Boitelade qu’il fait là dans son intérêt même. Je ne parle pas du nôtre, c’est toujours ainsi. Le 12 janvier 1840, Marceline mandait de nouveau à Val- Puisqu’il n’a pu envoyer le livre des Petits enfants, il devrait l’enfermer jusqu’en 1841 comme une nouveauté. Mais Boitel avait achevé son impression et distribué, sans en rien dire, des volumes aux libraires. Le 18 janvier, Marce- line envoie Hippolyte chez le libraire Moniquet, et le jeune messager trouve des exemplaires des " Petits Enfants, que Marceline attendait de Boitel depuis trois semaines. "Où les vendre à présent ?, , demande Marceline. Comme nous l’avons déjà dit, les Contes en vers pour les enfants ont été enregistrés à la Bibliographie de la France du 18 janvier 1840. Le Livre des Mères et des Enfants est enregistré sous le N° 561 à la Bibliographie de la même année (1). Marceline ne reçut jamais ses droits d’auteur pour les quatre volumes dont nous venons de parler. " M. Boitel est léger, écrivait-elle à Louise Rabeuf le 18 mai 1843. Je n’y perds que 500 Frs. Il assure qu’il perd, de son côté, à son édition ; et pourtant il l’a toute vendue sans m’en donner un centime ! Ce doit être vrai puisqu’il le dit ! Voilà ! J’attendrai un an ou deux que ces petits livres soient épuisés, et peut- être un éditeur nouveau se trouvera…. (1) Numéro du 8 février 1840. XX. L’INONDATION DE LYON 1840 XX. L’INONDATION DE LYON 1840 L’INONDATION || DE LYON EN 1840. || (Au verso du titre : Imprimerie César Bajat, rue Montmartre, 131. In-8° de 4 feuillets. Cette pièce débute par le simple titre ci-dessus, formant couverture. Le texte, qui comprend 4 pages, numérotées de 1 à 4, commence sur le second feuillet. Le 4 feuillet, qui forme le second plat de la couverture, est blanc. ÉDITION ORIGINALE, très rare, enregistrée dans la Biblio- graphie de la France du 26 décembre 1840, sous le n° 6294… (1). Cette pièce qui commence par le vers : " C’est toujours la pitié qui rassemble les femmes, a été composée dans les premiers jours de décembre 1840. Elle a été imprimée en 1841, dans la Couronne poétique, et en 1843, dans Bouquets et prières. La terrible inondation, à laquelle Marceline consacra ce poème, se produisit au mois de novembre 1840. Les deux (1)-(6294). L’inondation de Lyon en 1840. In-8° d’une demi-feuille. Imp. de Bajat, à Paris. En vers. Par Mme Valmore Desbordes. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 18 274 L’INONDATION DE LYON fleuves envahirent les faubourgs, puis 1 ville, où l’eau s’éleva en certains points jusqu’à plus de deux mètres au-dessus du niveau des rues. Plus de cinq cents maisons s’écroulèrent (Kauffmann. Récits de toutes les inondations). Les Valmore avaient quitté Lyon au printemps de cette année-là. Marceline apprit la nouvelle par son ami, l’éditeur Boitel, auquel elle répondit de Paris, le 24 novembre : "…C’est à Bruxelles, et près de Valmore, que j’ai eu la consternation des nouvelles qui nous poignent encore. Tant de désastres ne seront jamais réparés !….. Si je n’étais pas la plus ruinée du monde, je céderais au triste désir d’aller prier Notre-Dame de Fourvières et de vous embrasser tous au milieu de vos ruines… (Lettre du dossier Marićéton). En réalité, Marceline avait quitté Bruxelles au début de novembre ; elle avait passé huit jours à Douai auprès de son frère Félix et elle était rentrée dans la soirée du 16, à Paris, où elle avait trouvé la "grosse lettre grosse lettre de Boitel. Le lende- main, elle écrivait à son mari : " Boitel donne les tristes détails de leurs désastres. Lui et sa femme ont été obligés de se sauver par la fenêtre du premier étage de leur maison. Ils viennent d’y rentrer après huit jours d’absence… Notre rue de la Mon- naie était un torrent., , (17 novembre 1840). Une fête de charité fut organisée pour les inondés de Lyon, et l’on demanda des vers à Marceline pour les lire à cette occasion. "J’ai tant couru avec Mme Babeuf pour le concert prochain des Lyonnais, écrit-elle à Valmore qui jouait à Bruxelles, que j’ai composé les vers qu’on m’a demandés dans les rues, en omnibus et dans les antichambres. „ (12 dé- cembre 1840). Huit jours après, elle mande encore à son mari : " J’ai écrit plus de quarante lettres depuis mon retour, et j’ai passé des nuits pour les vers que l’on est venu me demander à l’oc- casion des tristesses de Lyon. On les lit ce soir au concert de M. Hertz, pour lequel j’ai couru depuis huit jours, à tra- vers la pluie, la neige, le froid et le plus rude hiver que je me rappelle. Firmin devait lire les vers, et avant-hier la ter- reur le prend ; il accourt effaré pour redemander sa parole. Il L’INONDATION DE LYON 275 est si vrai et si bon que je me suis chargée de tout vis-à-vis la commission Lyonnaise !… Bocage s’est conduit comme il fait, quand on frappe à son cœur. Il lit en ce moment. Nos enfants y sont allés ; pour moi ta chère lettre m’en a ôté le courage. Je reste ce soir avec toi, mon bon cher enfant. Line, conduite par M. Jules Favre, vendra les vers pour les pau- vres inondés. Elle est jolie comme un ange ! Mais il fait un temps affreux et il n’y aura personne !, , (20 décembre 1840). XXI. POÉSIES DE CHARPENTIER 1842 XXI. POÉSIES DE CHARPENTIER 1842 POÉSIES || DE MADAME || DESBORDES VALMORE, || avec une notice || par M. Sainte-Beuve. | Paris. || Charpentier, libraire- éditeur, || 29 rue de Seine. || 1842. In-12 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre, au verso duquel est imprimé le Catalogue de la Bibliothèque Charpentier, ainsi que la mention : Imprimé par Béthune et Plon ; puis le titre), VIII-380 pages et 2 feuillets non chif- frés de table. PREMIÈRE ÉDITION de ce choix de poésies de Mme Desbordes- Valmore, composé et préfacé par Sainte-Beuve. Elle est enre- gistrée dans la Bibliographie de la France du 2 juillet 1842 (1). La notice de Sainte-Beuve (pp. I. VIII) avait d’abord paru dans la Revue de Paris de juin 1842 ; elle a été reprise dans les Portraits contemporains, t. II, pp. 124-137. Cette édition a été remise en vente avec des couvertures rajeunies en 1849 et en 1852. (1)-(3356). Poésies de Mme Desbordes Valmore, avec une Notice, par M. Sainte- Beuve. In-12 de 16 feuilles 112. Imprim. de Béthune, à Paris. A Paris, chez Char- pentier, rue de Seine, n. 29. Prix 3-50 280 POÉSIES DE CHARPENTIER HISTOIRE DES POÉSIES DE 1842. Le 28 juillet 1839, Marceline écrivait à Prosper Valmore : "… Il faut croire que la librairie se relèvera d’un moment à l’autre et que nous trouverons un éditeur pour lui vendre la totalité des poésies, comme nous avons été sur le point de le faire avec le Panthéon., , Peu après, elle mandait à Valmore : "Je ne sais quel fond je peux faire sur les promesses d’Arago ; mais un autre libraire désire nouer avec nous pour la réimpression des volumes épui- sés. La Providence nous sourit à travers bien des nuages….., , Le 19 août, elle commence à désespérer : "Arago, plein de zèle et d’espoir, m’avait presque assuré une réimpression des Poésies-Boulland et de l’Atelier d’un peintre. Mais les jours marchent et je ne vois rien venir !, , Le libraire attendu ne se présenta point,…..ou bien les négociations échouèrent. Toujours est-il qu’un an après, il n’était plus question que d’un choix que ferait Sainte-Beuve : "M. Sainte-Beuve prépare le volume-extrait de toutes mes poésies-dont il est venu prendre la liste, et que doit imprimer Charpentier pour le jour de l’an. Encore de l’argent sûr !, (8 septembre, 1840). "Ne t’ai-je pas dit, écrit Marceline à son mari le 19 sep- tembre, ne t’ai-je pas dit que M. Sainte-Beuve s’occupe d’un volume choisi que Charpentier fera imprimer cet hiver ? Ce sera toujours un peu d’argent. Je voulais aussi faire un volume de prose ; mais, je te l’avoue, j’ai peur de ne pas être prête, ,. "J’achève ma lettre ce soir, écrit-elle le 25 septembre ; car demain j’assiste à la messe de mariage de Charpentier. Il re- vient de voyage pour cela (sic), et il ne peut imprimer mon livre pour cet hiver. Ses affaires sont détestables. Ce sera pour plus tard ! Un an plus tard, presque jour pour jour, le 23 septembre 1841, Marceline écrit à sa fille Ondine : " M. Sainte-Beuve a reçu ta lettre. Il m’en a bien récompensé par des poésies et le soin POÉSIES DE CHARPENTIER 281 religieux qu’il va prendre d’émonder un volume pour M. Char- pentier, afin d’avoir un peu d’argent pour déménager., , Le manuscrit était terminé au début de l’année suivante. "Nous sommes prêts, écrivait Marceline à Charpentier, le 7 février 1842. M. de Sainte-Beuve y a mis un soin, dont je suis bien touchée. Je ne vous répéterai pas de quel secours est cette petite barque dans mon naufrage. Que la Providence m’acquitte envers vous ! Devenez bien riche pour vous récom- penser de m’avoir rendue moins pauvre., Le livre parut au début de juillet 1842 (il est annoncé à la Bibliographie de la France du 2 juillet ; mais Marceline en avait eu un exemplaire le 28 juin et, le lendemain même, elle écrivait à Sainte-Beuve la lettre que voici : Paris, 29 juin 1842. … Hier soir, Monsieur Brizeux m’est venu voir en pas- sant. Il avait le livre béni de votre nom, que vous ne pouvez plus séparer du mien, tout humble qu’il est. Vous venez de l’élever plus haut qu’il n’était jamais venu en moi de l’espérer. Demeurée seule avec le livre, dont j’ignorais l’apparition, (1) je n’ai pas osé l’ouvrir. J’ai ressenti quelque chose de ce que l’on ressentira tout près du jugement dernier : car je n’ai point de peur du monde que j’ignore ; mais j’ai peur de vous. qui savez tout ce que je ne sais pas ! "Ce matin, j’ai ouvert le livre et n’ai pu finir cette no- tice. Vous m’avez bouleversée de mon propre malheur. J’ai pleuré, comme en quittant cette charmante mère perdue. Je n’ai pas de force pour lire davantage. Mais je n’aurais pas non plus. de repos si je ne vous envoyais cette palpitation de mon cœur. Elle vous tiendra lieu, n’est-ce pas, de l’éloquence qui me manque pour vous dire la grande consolation dont vous relevez votre sœur., , (Publié par Spoelberch de Lovenjoul, Sainte-Beuve inconnu). Le 21 juillet suivant, Marceline écrivait à sa fille Ondine : "M. Sainte-Beuve est venu deux fois récemment et te prend la main. Il a fait une notice au livre de Charpentier qui paraît (1) On voudra bien noter que Marceline ne se sert pas du mot "parution,. 282 dans quinze jours. Cette notice est très touchante (il t’y laisse entrevoir comme une harmonie voilée). Tout cela est dit, com- me il dit…. POÉSIES DE CHARPENTIER "Tu verras le volume de Charpentier, continue Marceline, le 1er août. Ils n’ont pas mis Ondine ! enfant joyeux qui bondis sur la terre, sûrement parce qu’il y en a un fragment dans la préface par M. Alex. Dumas ; mais cela me fait de la peine. Du reste, je n’ai pas eu encore le temps de relire cela, ni le goût. Moins que jamais, mon cher enfant, je ne me sens faite pour écrire, ,. Le recueil de 1842 contient 145 pièces dont voici le détail : 9 IDYLLES : L’air était pur, la nuit régnait sans voiles (LES ROSES). Dieu qu’il est tard ! quelle surprise I (L’ADIEU DU SOIR). Oh ! quelle accablante chaleur (L’ORAGE). Que ce lieu me semble attristé ! (LE RETOUR AUX CHAMPS). Le soleil brûlait la plaine (LE RUISSEAU). Presse-toi, vieux berger, tout annonce l’orage (PHILIS). Et moi, je n’aime plus la fontaine d’eau vive (LA FONTAINE). Ce jour si beau, ma mère, était-ce un jour de fête (UNE JEUNE FILLE ET SA MÈRE). Venez, mes chers petits, venez, mes jeunes âmes (LE SOIR D’ÉTÉ). 52 ÉLÉGIES : Qu’est-ce donc qui me trouble, et qu’est-ce que j’attends ? (L’INQUIÉ- TUDE). Quelle soirée ! Ô Dieu ! que j’ai souffert ! (LE CONCERT). Votre empire a troublé mon bonheur le plus doux (PRIÈRE AUX MUSES). Message inattendu, cache-toi sur mon cœur (LE BILLET). Je ne veux pas dormir, ô ma chère insomnie (L’INSOMNIE). Elle avait fui de mon âme offensée (SON IMAGE). Comme une fleur à plaisir effeuillée (L’IMPRUDENCE). Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs (A L’AMOUR). Hélas ! que voulez-vous de moi (LES LETTRES). Qui m’appelle à cette heure, et par le temps qu’il fait ? (LA NUIT D’HIVER). POÉSIES DE CHARPENTIER Du goût des vers pourquoi me faire un crime ? (A DÉLIE I). Par un badinage enchanteur (A DÉLIE II). Oui ! cette plainte échappe à ma douleur (A DÉLIE III). Votre main bienfaisante et sûre (LE SOUVENIR). Il est fini ce long supplice (LA SÉPARATION). 283 Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie (LA PROMENADE D’AUTOMNE). Il fait nuit, le vent souffle et passe dans ma lyre (ÉLÉGIE). Toi, dont jamais les larmes (A DÉLIE IV). N’approchez pas d’une mère affligée (LES DEUX MÈRES). C’est en vain que l’on nomme erreur (LE PRESSENTIMENT). J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu (ÉLÉGIE). Je m’ignorais encore, je n’avais pas aimé (ÉLÉGIE). Ma sœur, il est parti I ma sœeur, il m’abandonne ! (ÉLÉGIE). Quoil les flots sont calmés, et les vents sans colère (ÉLÉGIE). Peut-être un jour sa voix tendre et voilée (ÉLÉGIE). Qui ? toi, mon bien aimé, t’attacher à mon sort (ÉLÉGIE). Dieul créez à sa vie un objet plein de charmes (PRIÈRE POUR LUI). Il m’aima. C’est alors que sa voix adorée (L’ATTENTE). Quoi ce n’est plus pour lui ; ce n’est plus pour l’attendre (L’ISOLE- MENT). Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante (SOUVENIR). Vous, dont l’austérité condamne la tendresse (POINT D’ADIEU). On avait couronné la Vierge moissonneuse (LE VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Le vieux crieur allait contant l’histoire (LA SUITE DU VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). O fleur du sol natall ô verdure sauvage (LA FLEUR DU SOL NATAL). Oui, nous allons encore essayer un voyage (A MES ENFANTS). Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance (LE BERCEAU D’HÉLÈNE). Un bruit de fête agitait mes compagnes (LE BAL DES CHAMPS OU LA CONVALESCENCE). D’où venez-vous, couple triste et charmant (LES DEUX RAMIERS). Image de la mort, effroi du tendre amour (AU SOMMEIL). Oui ! je vais le revoir, je le sens, j’en suis sûre (LE PRÉSAGE). Partil fut-elle donc pour moi seule charmante (ÉLÉGIE). Vous, à peine entrevus au terrestre séjour (AUX ENFANTS QUI NE SONT PLUS). 284 POÉSIES DE CHARPENTIER Des roses de Lormont la rose la plus belle (REGRET). C’est ici… Pardonnez, je respire avec peine (LE RETOUR CHEZ DÉLIE). Toi que l’on plaint, toi que j’envie (ÉLÉGIE). Quand le fil de ma vie (hélas ! il tient à peine) (ÉLÉGIE). Mon beau pays, mon frais berceau (LA VALLÉE DE LA SCARPE). Salut ! rivage aimé de ma timide enfance (LE RETOUR À BORDEAUX). Quoi ! Béranger ! quoi ! l’ami de la France ! (LA PREMIÈRE CAPTIVITÉ DE BÉRANGER). Viens, mon jeune époux (L’EXIL). Il est deux Amitiés comme il est deux Amours (LES DEUX AMITIÉS). Ne me fais pas mourir sous les glaces de l’âge (PRIÈRE). 29 ROMANCES : C’était l’hiver, et la nature entière (LE SOMMEIL DE JULIEN). En vain l’aurore (LE SOIR). Non, tu n’auras pas mon bouquet (LE BOUQUET). Viens, mon cher Olivier, j’ai deux mots à te dire (L’AVEU PERMIS). Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore (LE RÉVEIL). O douce Poésie (A LA POÉSIE). Olivier, je t’attends ! déjà l’heure est sonnée (L’ATTENTE). Que n’as-tu comme moi pris naissance au village (LE HAMEAU). Comme une vaine erreur (L’ESPÉRANCE). Vous souvient-il de cette jeune amie (LE PREMIER AMOUR). Oui, je le sais, voilà des fleurs (L’EXILĖ). Cache-moi ton regard plein d’âme et de tristesse (LE REGARD). Il m’attend : je ne sais quelle mélancolie (LE RENDEZ-VOUS). Hélas ! que les vieillards savent de tristes choses (LES SERMENTS). Il le faut, je renonce à toi (LA SÉPARATION). Si ta marche attristée (C’EST MOI). Le soleil de la nuit éclaire la montagne (LA VEILLÉE DU NÈGRE). Bon captif, la fée Urgande (A M. DE BERANGER). Il est un bosquet sombre où se cache la rose (CHANT D’UNE JEUNE ESCLAVE). De Thalie (A Mile MARS). Non I je ne verrai plus de si belle vallée (LA VALLÉE). Regarde-le, mais pas longtemps (REGARDE-LE). Puisque tu vas, Angélique (LE CALVAIRE). POÉSIES DE CHARPENTIER 9 CONTES : 285 Que ce rameau béni protège ta demeure (L’ANGE ET LE RAMEAU). T’ai-je vu chez mon père (RÉPONDS-MOI). Mon seul amour I embrasse-moi (LE DERNIER RENDEZ-VOUS). D’où vient-il, ce bouquet oublié sur la pierre ? (LE BOUQUET SOUS LA CROIX). Quand les cloches du soir, dans leur lente volée (LES CLOCHES DU SOIR). Un étranger vint un jour au bocage (LE NOM D’OLIVIER). Avec l’aube, toujours ta plainte me réveille (L’IDIOT). J’étais enfant, l’enfance est écouteuse (A MES SCEURS). Prête à s’élancer, joyeuse (L’HIRONDELLE ET LE ROSSIGNOL). Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs (LES DEUX ABEILLES). Humble fille de l’air, mouche bleue et gentille (LA MOUCHE BLEUE). Un ruisseau, frais enfant d’une source cachée (LE DERVICHE ET LE RUISSEAU). Juin parfumait la nuit, et la nuit transparente (LE VER LUISANT). Las des fleurs, épuisé de ses longues amours (LE PAPILLON MALADE). Tremblante, prise au piège et respirant à peine (LA SOURIS CHEZ UN JUGE). 36 PIÈCES extraites des Pleurs et de Pauvres fleurs : Vois-tu, d’un cœur de femme, il faut avoir pitié (RÉVÉLATION). De la colombe au bois, c’est le ramier fidèle (LA VIE ET LA MORT DU RAMIER). Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure (L’ATTENTE). Et toi, dors-tu quand la nuit est si belle (DORS-TU ?) Souvent toute plongée au fond de ma tendresse (LES MOTS TRISTES). Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire (MALHEUR À MOII) Sans signer, ma tristesse, un jour, au seul que j’aime (LA JALOUSE). Sais-tu qu’une part de ma vie (NE VIENS PAS TROP TARD !) Et toi, crois-tu comme eux le ciel inexorable ? (PARDON). Vous aussi, vous m’avez trompée (LES AILES D’ANGE). Autant que moi-même (L’ADIEU TOUT BAS). C’est qu’ils parlaient de toi, loin du cercle assise (RÉVEIL). 286 POÉSIES DE CHARPENTIER Il est des maux sans nom, dont la morne amertume (DÉTACHEMENT). N’irai-je plus courir dans l’enclos de ma mère ? (TRISTESSE). Si solitaire, hélas ! et puis si peu bruyante (ABNÉGATION). Je veux aller mourir aux lieux où je suis née (LE MAL DU PAYS). Veux-tu l’acheter ? (LA SINCÈRE). Triste et morne sur le rivage (A MONSIEUR ALPHONSE DE LAMAR- TINE). Souvent sur les mers où se joue (A MADAME DESBORDES-VALMORE). Tais-toi, ma sœur ! le passé brûle (LA MÉMOIRE). Ohl de l’air des parfums ! des fleurs pour me nourrir ! (LES FLEURS). Qui me rendra les jours où la vie a des ailes (L’IMPOSSIBLE). Petits enfants, vos jeunes yeux (LE RETOUR DU MARIN). La rivière est amoureuse (UNE ONDINE). Entends-tu les gondoles. Quand le soleil couchant sur les flots se balance. ● ● (TROIS NOCTUR- NES, IMITATION DE MOORE). Sur l’eau qui nous balance. Savez-vous pourquoi, Madame (AVEU D’UNE FEMME). Toujours notre Madone (LA MADONE DES CHAMPS). En ce temps-là, je montais dans ta chambre (A PAULINE DUCHAMBGE). Veux-tu recommencer la vie (RÊVE D’UNE FEMME). L’haleine d’une fleur sauvage (FLEUR D’ENFANCE). Quand tu te ferais sœur grise (A PAULINE DUCHAMBGE. ELLE VOU- LAIT QUITTER LE MONDE). Amour et charité quelque part qu’on vous trouve (AMOUR ET CHARITÉ). Vous aviez mon cœeur (QU’EN AVEZ-VOUS FAIT ?) Ami de la pâle indigence (AU SOLEIL. ITALIE). Ces 36 pièces sont précédées de la préface qu’Alexandre Dumas a écrite pour les Pleurs. 10 PIÈCES, dédiées : Aux petits enfants. Mon cœur battait à peine, et vous l’avez formé (ADIEU D’UNE PE- TITE FILLE À L’ÉCOLE). Laissez entrer ce chien qui soupire à la porte (LE PETIT RIEUR). Couchez-vous, petit Paul ! il pleut. C’est nuit, c’est l’heure (LE COU. CHER D’UN PETIT GARÇON). POÉSIES DE CHARPENTIER 287 Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête (L’OREILLER D’UNE PETITE FILLE). Frêle création de la fuyante aurore (L’ÉPHÉMÈRE). Quoil Daniel, à six ans vous faites le faux brave (LE PETIT PEUREUX). Venez bien près, plus près, qu’on ne puisse m’entendre (LE PETIT MENTEUR). Un tout petit enfant s’en allait à l’école (L’ÉCOLIER). Quand j’ai grondé mon fils, je me cache et je pleure (HIPPOLYTE). Si l’enfant sommeille (DORMEUSE). 40 XXII. BOUQUETS ET PRIÈRES 1843 G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 19 XXII. BOUQUETS ET PRIÈRES 1843 BOUQUETS || ET|| PRIÈRES || par || Mme DESBORDES- VALMORE || Paris | Dumont éditeur, || Palais-Royal, 88, au Salon Littéraire || 1843. || In-8°. Deux feuillets prélim. non chiff. (faux-titre portant au verso, dans un petit encadrement typographique : Imprime- rie de E. Depée-A. Sceaux et titre) et 307 pages (les 5 der- nières sont occupées par la table). EDITION ORIGINALE, enregistrée à la Bibliographie de la France du 11 mars 1843 (1). Elle contient 79 pièces qui, sauf trois d’entre elles (La Ronce, Sur l’inondation de Lyon en 1840, l’Enfant amateur d’oiseaux), paraissent ici pour la première fois. La table indique 80 poésies : elle mentionne séparément le distique d’envoi de la pièce Départ de Lyon (p. 73), im- primé à la fin du poème dédié à Mme Dupin. Le 2 août 1839, Marceline écrivait à son frère Félix : " Mon Dieu ! mon cher enfant, je ne sais plus faire de vers. Et toi ? Je n’écris pas, et pourtant, j’ai deux nouvelles qui me roulent (1)-(1113) Bouquets et prières ; par Mme Desbordes-Valmore. In-8° de 19 feuilles 1/2. Impr. de Dépée, à Sceaux. — A Paris, chez Dumont, Palais-Royal. Prix…7-50. 292 BOUQUETS ET PRIÈRES sous le front. Il me faudrait un peu de solitude et un temps calme. „ Moins de trois ans après, Marceline avait, cependant, com- posé les 79 pièces qui forment le volume Bouquets et Prières, et elle mandait à sa fille Ondine : "J’ai mis enfin en ordre pour l’impression le volume de poésies inédites, avec le titre : Les bruits dans l’herbe. Dis-moi si ce titre te plaît. C’est pour moi le plus difficile du livre., , (3 juin 1842). Publiant cette lettre de sa mère, Hippolyte Valmore l’an- notait ainsi : "Ce titre a été abandonné pour Bouquets et Prières. Le romancier avait mis ces titres à la mode. Poésies tout seul paraissait trop menaçant, trop cru, et le lecteur fran- çais veut être ménagé. Au mois de novembre 1842, Marceline annonçait la pu- blication prochaine de son volume à son ami Lepeytre. " Je vous enverrai un nouveau livre que M. Dumont a le courage d’imprimer. Les vers ne sont plus lus à Paris, mais je vous enverrai tout. (Lettre du 11 novembre, publiée par Hippo- lyte Valmore). Le 24 décembre suivant, l’ouvrage était imprimé (1). Mar- celine l’envoyait à Gergerès en s’excusant de ne pas l’avoir dédicacé, faute d’argent pour affranchir le volume : " Vous verrez, cher frère en poésie, en charité, en amitié pure, lui écrivait-elle, vous verrez un livre tomber dans vos bras, comme un oiseau lourd de tous les plombs qu’il porte en lui. Je n’y attache pas le plus léger désir de succès. Qu’importe ce monde ! Je n’ai pu que le signer du nom que vous aimez toujours, parce que la poste est très rude. J’apprendrai l’orthographe, et tout, ailleurs. Ce livre, c’est l’acquit d’une avance faite par un honnête éditeur. Il a fait un coup de tête et de cœur, en mettant de l’argent sur une si faible garantie. Faites-en vendre deux à Bordeaux. Ce sera bien pour M. Dumont. Mettez-les sur votre fenêtre, aux rayons du beau soleil de Bordeaux, parmi les fleurs de vos sœurs, et leurs prières aussi, plus di- gnes de monter., (1) L’éditeur a donc attendu trois mois pour le mettre en vente. 11 … BOUQUETS ET PRIÈRES Le même mois, la poétesse remettait à Mle Mars un exemplaire de Bouquets et Prières ; il porte cette dédicace (Vente Franchetti, nº 324) : "A Mademoiselle Mars une adoration de ma vie entière Marceline Valmore 10 bre. 42., 293 Enfin, Alexandre Dumas remerciait en ces termes Marce- line de lui avoir adressé Bouquets et Prières : "Ma chère et bonne sœur, j’ai reçu votre lettre à 4 heu- res. A 5 heures, mon fils et moi l’avions lu. Vous n’aviez rien écrit de plus agréable. Vous êtes la seule femme qui fas- siez des vers comme les anges doivent en faire, lorsque Dieu leur dit tour à tour de sourire et de prier. Votre Arc de triomphe, votre Moineau franc, votre Grillon, et vingt autres pièces sont des chefs-d’œeuvre. Si, à quarante ans, je m’avise comme le métromane de faire des vers, je promets bien de n’avoir pas d’autre grammaire que vos quatre ou cinq adorables vo- lumes. Je vous embrasse bien tendrement. Al. Dumas., , (Lettre publiée par Arthur Pougin). Voici la préface en prose, par quoi s’ouvre le volume : UNE PLUME DE FEMME. "Courez ma plume, courez : vous savez bien qui vous l’ordonne.’Je prie un génie indulgent de répandre sur votre travail le charme mystérieux de la fiction, afin que nul ne sache la source de vos efforts et de la fièvre qui vous conduit. On se détourne des sources tristes. Que mon âme soit ouverte seu- lement au regard da Créateur. Laissez-la seule dans ses nuits d’insomnie : elle ne raconte pas la cause de ses débats avec la terre. Dieu sait qu’à cette sainte cause est suspendu l’espoir de rentrer un jour dans son ciel, comme un enfant dans la maison de son père. L’enfant prodigue a souffert avant de 294 BOUQUETS ET PRIÈRES Ivoir la porte maternelle se rouvrir devant lui : sans ses larmes amères y serait-il jamais revenu ? "Courez donc, ma plume, courez : vous savez bien qui l’ordonne. "Je vous livre mes heures afin qu’elles laissent, par vous, une faible trace de leur passage dans cette vie. Quan : elles traverseront la foule, sur les ailes de mon affliction, si l’on . crie : "Elles n’ont pas d’haleine, , , dites que le grillon caché dans les blés forme une musique faible aussi, mais qui n’est pas sans grâce, au milieu du tumulte pompeux des merveilles de la nature ; répondez pour moi ce que Dieu a répondu pour le Grillon : "Laissez chanter mon grillon ; c’est moi qui l’ai mis où il chante. Ne lui contestez pas son imperceptible part de l’im- mense moisson que mon soleil jaunit et fait mûrir pour tous. "Courez donc, ma plume, courez : vous savez bien qui l’ordonne, "L’austère inconstant, le Sort, qui m’a dit:Assez, quand je lui demandais ma part des biens de l’existence; le Sort, qui m’a dit : Non ! quand je levais mes yeux pleins de prières pour obtenir encore un de ses sourires, a laissé pourtant tom- ber dans ma consternation, un bien dont l’apparence était de peu de valeur, mais qui deviendrait une palme de salut, si quelque fil de la Vierge l’enveloppait de divine pudeur : c’est vous, ma plume, détachée du vol d’un pauvre oiseau comme mon âme, peut-être ; c’est vous, que personne ne m’apprit à conduire ; c’est vous, que sans savoir tailler encore, j’ai fait errer sous ma pensée avec tant d’hésitation et de décourage- ment ; c’est vous, tant de fois échappée à mes doigts ignorants, vous, qui par degrés plus rapides, trouvez parfois, à ma pro- pre surprise, quelques paroles moins indignes des maîtres, qui vous ont d’abord regardée en pitié. "Ainsi, courez, ma plume, courez : vous savez bien qui vous l’ordonne, "Vous ne blesserez pas ; vous ne bégayerez pas un mot de haine, quand ce serait pour repousser l’injure : il vaudrait mieux tomber en poussière, afin que, quand je serai poussière BOUQUETS ET PRIÈRES 295 aussi, je ne tressaille encore que d’amour et jamais de honte ; afin que, si j’attends au fond du purgatoire décrit si triste, mais si doux, par Dante, qui l’a vu, toutes les âmes heureuses, en passant légères et sauvées devant moi, me disent avec un sourire : au revoir ! "A ce prix donc, trempée d’encre ou de larmes, courez, ma plume, courez : vous savez bien qui vous l’ordonne. 11 1. Vous surtout que je plains si vous n’êtes chéries (A CELLES QUI PLEURENT. Marceline avait déjà écrit, dans l’Atelier d’un peintre et dans plusieurs poèmes, que nous portons tous un livre dans l’âme ou dans le cœur. Voici ce qu’elle disait en 1833, dans l’Atelier d’un peintre : "Vous ne voulez que de la prose, forte, puissante, libre, sévère… Tout le monde n’en sait pas écrire:la pensée élo- quente meurt souvent étouffée sous des lèvres découragées. Nous avons chacun un grand livre dans le cœur, plein de leçons austères et utiles, si nous pouvions le faire imprimer ; mais on l’emporte avec soi, comme un registre à régler de- vant Dieu. (Tome II, chap. XIII). La charité aussi lui a inspiré de belles pièces. Nous en avons déjà traité dans le présent ouvrage; citons cependant un fragment inédit d’une lettre adressée à Caroline, qui date à peu près de cette époque : … Toi qui es la providence des affligés, que d’occasions Dieu te donne de multiplier cette ardente charité que je vois si rare et qui remplace Dieu sur la terre !, , (Paris, 18 février 1844. Colletion de la Bibliothèque de Douai). 2. Ma sœur m’aimait en mère : elle m’apprit à lire (JOURS D’ÉTÉ). Cécile avait appris à lire à Marceline dans Estelle et Né- morin, de Florian. Quand elle arrivait au paragraphe où le vieux Raymond dit à Némorin : "Cependant vous aimez ma fille, elle se sauvait au cimitière, et répétait ces mots durant de longues heures. Cécile avait un goût très vif pour la lec- 32 296 BOUQUETS ET PRIÈRES ture ; c’est à Saint-Preux, son héros favori, qu’elle pensait, semble-t-il, " en poursuivant l’ombre d’un mari., , Plus tard, elle épousa un filateur qui n’était pas Saint-Preux, et qui ne lui donna que le pain de ménage. Dans le conte exquis des Petits flamands, où Marceline se met en scène sous le nom d’Agnès, Cécile est représentée comme une seconde mère de la poétesse : Enfin depuis la naissance d’Agnès, Cécile n’était ja- mais lasse de l’embrasser, de la porter et de l’instruire à toutes choses, ce qui faisait qu’Agnès, en allant de côté et d’autre dans les bras de sa sœur, lui prenait le visage, plein de fos- settes gracieuses, et la regardait longtemps comme la plus jeune des mères., , (Contes et scènes de la vie de famille). Marceline fait allusion, dans cette poésie (à partir du vers 75), à un frère né après elle, et qui est mort très jeune. Cel trait n’a encore été signalé par aucun valmorien. 3. Puisque l’enfance envolée… (ÂME ET JEUNESSE). 4. Je suis fleur des champs (MARGUERITE). Cette pièce a été reprise dans Lis et Violette, 1844. 5. Ma demeure est haute (MA CHAMBRE). Publiée d’abord dans l’Album musical de Pauline Du- chambge (1841), sous le titre : Les deux chaises, puis avec la musique de Maréchal. Lucien Descaves retrouve dans cette pièce le souvenir du premier amant ; c’est aussi notre avis, car dans l’Atelier d’un peintre, où elle se peint sous le nom d’Ondine, Marceline parle encore de cette chaise signée d’un ruban : "Un sen- timent profond de reconnaissance pour l’amour qu’elle éprouve pour celui qu’elle inspire, l’entraîne à genoux ; car elle est sûre que Dieu la regarde, et lui permet d’aimer, ainsi. Glissée au pied d’une chaise qu’elle a marquée d’un ruban, parce qu’elle ne sert qu’à Yorik, elle prie devant cette majestueuse église du ciel, où quelque ange peut-être suspend chaque soir BOUQUETS ET PRIÈRES une lampe ardente pour surveiller les âmes commises à sa garde., , (Tome II, chap. XV). 297 6. Je t’écrirai toujours, ne fût-ce que des larmes (DEUX NOMS). Cette pièce parut d’abord dans le Conseiller des femmes, 1834 ; dans l’Opale, 1834 ; dans le Chansonnier des Grâces de 1835, sous le titre : Un nom pour deux cœurs. Nous savons qu’elle existe aussi dans l’Album nº 11 de la Bibl. de Douai, sous le titre : Un nom pour deux cœurs ; elle y est précédée d’un vers, souligné par Marceline : " Vous me manquez, je suis absente de moi-même 119 Dans la version originale de cette pièce (1834), nous relevons une variante importante et des plus significatives. Après le vers : "Ton nom, partout ton nom console mon oreille Marceline avait écrit : "Tu sais que dans mon cœur le Ciel daigna l’écrire. Il est là dans les fleurs à lui parler de toi ; Il tient tant à mon cœur qu’il t’attire vers moi,. Dans la version remaniée pour Bouquets et Prières, Marceline a rejeté cette pensée à la dernière strophe ; mais elle l’a atténuée, elle l’a rendue moins précise. D’ailleurs cette pensée était déjà exprimée dans une poésie de 1830 intitulée Élégie ("J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu,). Trente-quatre vers durant, Marceline ne parle que de ce nom, " oracle de son sort La présente montre que, treize ans après l’élégie que nous venons de citer, Marceline était encore obsédlé : par ce nom „. 7. Entends-tu l’orage (UNE PLACE POUR DEUX). Se trouve dans l’Album nº 3, sous le titre : A mon mari, et avec la date : Paris, 1840. Cette année-là, Valmore était engagé au théâtre de Bruxel- les, et Marceline vivait à Paris avec ses enfants. 298 BOUQUETS ET PRIÈRES 8. Nuage, nuage (LA VIE). Se trouve dans l’Album n° 3, sans titre, mais avec la date : 1839. 9. J’ai rencontré sur la terre où je passe (MERCI MON DIEU). Ce poème a paru dans le Musée des Familles, en 1843. 10. Achète-moi si l’or est ton partage (ENVOI DU LIVRE DES PLEURS, au Bazar Polonais. A celui qui peut donner pour la Pologne). En juin 1831, le Bazar Polonais inaugurait sa carrière : on y vendait des dons en nature recueillis au profit des in- surgés. Silvain Blot était secrétaire de l’Administration de ce Bazar ; il reçut de Mme Desbordes-Valmore un exemplaire de son volume, Les Pleurs, enrichi d’une dédicace de huit vers, adressée au futur acquéreur du livre, et dont la poétesse fit la dixième pièce de Bouquets et Prières. Eugène Vial, dont M. Guégan nous a parlé, commet une erreur grave en affirmant que Les Pleurs furent envoyés au "Bazar Polonais, en 1831 : car ce volume ne parut qu’en 1833, Les faits doivent être rétablis comme suit : un comité de souscription en faveur des Polonais s’organisa au mois de février 1831 ; et, au mois de juin suivant, le " Bazar Polonais ouvrit ses portes. Marceline, qui habitait Lyon cette année-là, avait envoyé son obole (9 frs, 50) au comité ; son nom figure, en effet, sur la liste que publia le Censeur. L’existence de ce bazar dut se prolonger pendant plu- sieurs années, puisque Marceline lui adressa de Rouen, en 1833, le volume de vers qu’elle venait de publier (Valmore jouait alors au Grand Théâtre de Rouen). Le Docteur Dessaix, membre de la Société du " Bazar Polonais fit tenir à Marceline une médaille d’argent que le Comité de secours pour les réfugiés polonais avait fait frapper en commémoration de l’arrivée des exilés en France. La poé- tesse l’en remercia en ces termes : 22 1 BOUQUETS ET PRIÈRES 299 " Monsieur, vous vous en ressouvenez. Dans la morne consternation où l’agonie de la Pologne tenait toutes nos âmes, votre voix fut la première à m’apporter la nouvelle conso- lante que Lyon s’agitait pour étancher quelques plaies de la nation abandonnée. Laissez-moi bénir cette voix et la sainte conspiration dont elle était l’organe. Qu’elle soit aujourd’hui l’écho de la mienne pour saluer tous ces hommes généreux, ces amis du malheur lontain, ces frères libres, ligués à la face du monde, pour tendre leurs mains pleines à leurs frères dé- pouillés ! Que vos noms, trempés de charité, se hâtent de con- soler cette nation encore sanglante, égorgée presque sous l’aile de Dieu, et qu’il appartient à Dieu seul de venger ! De tels noms, Monsieur, porteront bonheur aux enfants lyonnais quil les recevront comme héritage, et la France sera fière de les compter parmi ceux qui signent ses gloires. Jugez si je me sens honorée du touchant souvenir de l’Association pour les Polonais, qui n’a pas dédaigné le tribut de mon humble et profonde sympathie., , (Pougin, Lettres inédites). Cette passion pour la Pologne était partagée par les amies de Marceline. Ainsi Caroline Branchu dont la situation était loin d’être brillante, avait recueilli un réfugié polonais. "1 … Ne perds pas de vue, lui écrit Marceline, que tu rem- plis en ce moment une tâche noble et providentielle. Tu re- présentes la bonté paternelle de Dieu envers un être exilé de sa patrie, que j’adore. Tu représentes à cet homme sa mère, sa ville perdue, ses amis absents et tous ses moyens glorieux d’existence. Cette grande pensée que tu réalises par tes bien- faits de tous les jours, ne doit-elle pas mettre un baume sur tes ennuis de la terre ?, , (Lettre du 23 mars 1839). 11. Triste à ma cellule (LE GRILLON). Cette pièce avait paru avec musique de Duprez. Marceline aime l’image du grillon dans le foyer ; elle la reprend dix ans plus tard dans une lettre à Richard, le mari de sa sœur Cécile : "Et, quoique je ne sache de quel côté donner de la tête, je prends sur la nuit pour vous écrire, — la nuit de Noël, mon cher Richard, qui changerait les destinées 300 BOUQUETS ET PRIÈRES de ce triste monde et la vôtre, si le Sauveur écoutait son pauvre grillon, humblement à genoux dans la cheminée… où il y a bien peu de feu, sinon celui de mon âme très fervente, très en peine !…, , (24 décembre 1849, in Sainte-Beuve, Mme D.V.). Nous n’avons pu découvrir qui est "Madame Li… 12. Mon saint amour ! mon cher devoir ! (PRIÈRE DE FEMME). Cette poésie, si émouvante, doit être un témoignage d’amour de Marceline à son mari. Valmore était très tourmenté à cette époque ; il s’accusait, pauvre acteur errant, d’avoir at- taché à sa destinée une femme de talent. Marceline lui écrivait des lettres de consolation enflam- mées : “… Tu réveilles un sentiment d’une douleur profonde, en me demandant si je ne suis pas fâchée d’être mariée à toi… Tiens, Valmore, tu me fais bondir hors de moi-même, en me supposant une si petite, si vaine et si basse créature…. Je te suivrais avec joie au fond d’une prison ou d’une nation étrangère, tu le sais, et ces pensées pour mon malheur, ne t’assaillent jamais qu’après la lecture de mauvais barbouil- lages dont j’ai honte en les comparant aux belles choses écrites que tu m’as donné le goût de lire. Après quoi, je te dirai simplement, vraiment et devant Dieu, qu’il n’existe pas un homme sur terre auquel je voulusse appartenir par le lien qui nous unit. Tous leurs caractères ne m’inspireraient que de l’effroi. Ne te l’ai-je pas dit assez pour t’en convaincre ? Mais hélas ! c’est donc vrai : " On ne voit pas les cœurs, , (Orléans, le 14 mai 1839). Quelques jours après : " Dieu ! quel tumulte s’opère dans l’âme, quand la distance donne tant de prise à l’imagination sur ce que nous aimons le plus au monde ! Oui, le sort nous a fait bien du mal en nous séparant ; mais je me sens aussi pénétrée de l’espoir que ce n’est qu’une grande et sévère épreuve ; après quoi, je serai réunie à toi, Valmore, pour qui je donnerais vingt fois ma vie. Si ce serment, vrai devant Dieu, ne sufflit pas à la tendre exigence de ton affection pour moi, je suis alors bien malheureuse ! (Paris, 23 juin 1839). 11 BOUQUETS ET PRIÈRES Déjà en 1834, dans une lettre à Caroline, Marceline ex- primait le même sentiment pour son mari… "Je le suivrai où il voudra comme tu ferais à ma place, et, commne je pense au fond de l’âme que c’est le devoir que Dieu m’impose comme femme, je crois que Dieu ne se plaira pas à m’en punir, (Lettre inédite, citée par J. Boulenger dans M. D.V. sa vie et son secret). 301 13. Quand je touche, rêveuse, à ces feuilles sonores (AU LIVRE DES CONSOLATIONS par M. Sainte-Beuve). Paris, 21 mai 1839. … M. de Latour m’a envoyé un énorme album en me demandant d’y écrire les beaux vers adressés à Me Mars ; et quand il est venu chercher le tout, je lui ai expliqué comment il y fallait une autre signature. Dans le fait, m’a-t-il dit, je le croyais de vous, parce qu’ils sont beaux et s’appelaient Val- more, mais leur tournure de sonnet me désorientait beaucoup. Je vous sais par cœur, et jamais sous la forme d’un sonnet.- Mon avis est, comme je le lui ai répondu, que ce genre ré- gulier n’appartient qu’à l’homme, qui se fait une joie de triom- pher de sa pensée, même en l’enfermant dans cette entrave brillante ; je t’avoue qu’il ne m’a pas su mauvais gré de mon opinion, et qu’elle était d’avance la sienne. - 11 Voilà ce que Marceline écrivait à son mari. Cependant, l’idée d’écrire un sonnet tentait la poétesse, et elle s’essaya dans ce genre en composant les vers à Sainte-Beuve. Ce de- vait être le premier et le dernier sonnet de Marceline. Marceline admirait beaucoup les Consolations de Sainte- Beuve ; elle mandait d’Orléans à leur auteur : "Il était sans doute écrit quelque part que je vous devrais partout des consolations, de celles qui conviennent aux cœurs qui ont beaucoup saigné : des consolations qui pleurent. N’est-ce pas que celles-là sont les plus vivantes et les plus profondes dans la solitude ? J’avais hésité depuis longtemps d’entrer jusqu’au fond de ce livre, un de vos plus beaux, redoutant d’éveiller mille pointes déchi- rantes qu’il ne faut plus qu’assoupir. Ne serez-vous pas touché d’apprendre que votre livre est souvent pressé d’un front qui 302 BOUQUETS ET PRIÈRES s’y cache comme dans le sein d’un frère, quand les yeux sont trop pleins de larmes pour suivre les lignes qui tremblent et s’animent trop ?, , (18 juillet 1842. Publiée par A. Pougin, La jeunesse de Mme D.V.). Sainte-Beuve fut un ami très dévoué pour les Valmore (1). Il admirait vivement le talent de la poétesse qu’il célébra par de nombreux articles et le livre qu’il fit paraître sur elle en 1860. Il n’était pas non plus insensible aux charmes d’Ondine, avec qui il avait ébauché une idylle dont on pensait qu’un mariage serait la conclusion. Mais le critique amoureux se déroba, sans que l’on ait jamais très bien compris pourquoi. Les lettres de Marceline fourmillent de phrases affectueuses à l’adresse de Sainte-Beuve : 26 août 1839. (1 … Avant-hier je me suis laissée conduire chez Mme Ré- camier qui m’attendait, par M. de Sainte-Beuve toujours le même, c’est-à-dire enfant, aigle et papillon. 21 30 août 1839. 11 … J’ai revu M. de Sainte-Beuve, affectueux et serviable. „ 19 décembre 1839. "… Mme d’Agoult m’a cherchée et trouvée par M. de Sainte-Beuve qui se proclame à tous notre ami., , (Boyer d’Agen, Lettres de Marceline à Prosper Valmore). (1) Voici un quatrain que Marceline a dédié à Sainte-Beuve : A Sainte-Beuve. "Vous avez une plume, au vulgaire cachée, Qui semble près du cœur, toute vive arrachée, Comme si quelque oiseau, divin et familier, Logeait dans ce cœur tendre, et s’y laissait lier. „ Cette petite pièce n’est pas datée. M. de Speolberch de Lovenpoul, qui l’a publiée pour la première fois dans son Sainte-Beuve inconnu (p. 189), senible la croire antérieure à 1836. En août 1833, Sainte-Beuve avait publié dans la Revue des Deux Mondes un article des plus aimables et des plus justes sur les Pleurs ; il allait même jus- qu’à recommander Une Raillerie de l’amour, petit roman naïf et fade à la mode du temps….. Mme Valmore dut lui savoir gré de la flatteuse opinion qu’il avait d’elle, et c’est peut-être pour l’en remercier qu’elle lui adressa ce quatrain (J. Bou- lenger, Ondine Valmore, p. 27). BOUQUETS ET PRIÈRES 303 A Frédéric Lepeytre : "M. Ampère a dit de son cher, de notre cher Sainte- Beuve : Ami volage et sûr ! "C’est toute une biographie dans un hémistiche. Il y a, en effet, de certains cris qui disent tout notre caractère., , (Paris, 5 septembre 1845, Lettres inédites publiées par H. Valmore). 14. Horloge d’où s’élançait l’heure (L’HORLOGE AR- RÊTÉE). 15. O mes rêves ! mes prières (SOLITUDE). Cette pièce a été publiée sous le titre : La pendule de ma mère, et avec de nombreuses variantes par Boyer d’Agen, dans son "Album de pièces inédites. 11 16. Si je brisais de la terre (A MADAME HENRIETTE FAVIER). 17. Beaux innocents morts à minuit (CROYANCE PO- PULAIRE, Prière aux innocents). Cette pièce figure dans l’Album nº 3 de la Bibliothèque de Douai, sous le titre:Marguerite, prière aux innocents; on y lit en marge cette mention : imité de Gathe. Cette poésie a été mise en musique par Dauchin, sous le titre : Les enfants de minuit. 18. Que sais-tu, cher ingrat, quand tu ris de mes larmes (AMOUR). 19. Il fallait la laisser, solitaire et pieuse (DIEU PLEURE AVEC LES INNOCENTS). 20. Laissez venir à Dieu la grâce et l’innocence (LES EN FANTS À LA COMMUNION). Marceline parle de cette pièce dans une lettre à l’éditeur Boitel qui habitait Lyon. Boitel collaborait à tous les périodi304 BOUQUETS ET PRIÈRES ques lyonnais : aux Tablettes historiques et littéraires, à l’Al- manach des Muses de Lyon, au Précurseur, etc. etc. .. J’ai envoyé à M. Dessaix, il y a deux mois ou trois environ, une pièce de vers en remerciement d’un souvenir académique ; et je l’ai adressée à M. Terme. Je voulais vous l’envoyer peu après pour votre journal, si elle est digne d’y entrer ; mais le temps de copier, où le prendre dans notre tourbillon au 5e étage ! Si vous teniez un peu à cette pièce, ne pourriez-vous la demander à M. Terme, ou bien m’écrire que non, afin qu’enfin, je vous la transcrive avant décembre, où doit paraître un volume nouveau, chez Dumont. Cette pièce a pour titre : Les enfants à la Communion, (1842, dans Vial, M. D.-V. et ses amis lyonnais). 21. Dieu vous garde, humbles fleurs sous la tuile venue (DÉPART DE LYON, A Madame Dupin). Ces vers parurent d’abord dans le Dahlia, 1840, sous le titre : Au jardin de ma fenêtre. Madame Antoinette Dupin, femme de lettres, à qui est dédié ce poème, est l’auteur de deux romans, Cynodie (1833) et Marguerite (1836), de nombreuses nouvelles, d’études litté- raires sur Chateaubriand, Sénancour, Alexandre Dumas, enfin de divers ouvrages d’éducation. Née à Lyon en 1802, elle mourut à Paris, le 6 janvier 1843, deux mois avant la publi- cation de Bouquets et Prières, laissant deux jeunes orphelines sans fortune et sans soutien. Marceline, sensible à toutes les douleurs, s’adressa à An- toine de Latour, qui approchait la famille royale, pour lui demander de protéger les orphelines. (1 Paris, 14 janvier 1843 Monsieur, "C’est à vous, qui ne vous détournez pas des afflictions de la terre, que j’ose en signaler une grande et sainte. Nous pleurons Madame A. Dupin qui meurt si jeune, si noble, si honnête qui vient de nous donner à tous l’exemple d’un si haut courage au milieu d’une agonie de six mois ! Ses petites BOUQUETS ET PRIÈRES 305 orphelines n’ont plus rien sur la terre en perdant la possession de leur mère, pauvre et laborieuse. "La Reine, ô Monsieur, ne sera-t-elle pas leur mère ? Un mot de cette voix puissante peut faire incliner la justice cha- ritable de M. Villemain [alors ministre de l’Instruction Publi- que]. Venez en aide à tous ces hommes émus, qui le sollici- tent déjà de laisser aux deux jeunes filles de quoi devenir des femmes intelligentes et vertueuses comme leur charmante mère. C’est là une noble aumône, qui survit aux morts pour les con- soler de quitter sitôt ce monde où ils laissent leurs enfants dans la pauvreté. Je suis demeurée si anéantie de cette mort précoce que je n’ai qu’aujourd’hui, Monsieur, la force de vous conjurer d’en adoucir pour tous la vraie douleur. Tous vos frères, les poètes, sont, je crois, unis pour une demande en faveur des enfants orphelins. La voix la plus faible et qui vient la dernière avec beaucoup de larmes ne sera pas la plus dédaignée. Vous êtes si bon, Monsieur, et la Reine a tant besoin de consolations ! Les seules à la portée d’une telle âme, c’est de couvrir les orphelins de son noble et douloureux manteau. M. Villemain est, dit-on, bien disposé. Monsieur, je vous en prie, aidez M. Villemain et pardonnez-moi de croire en vous, car je suis déjà tant votre redevable servante ! MARCELINE VALMORE. 11 Marceline écrivit cette poésie à son départ de Lyon, où elle avait vécu trois ans : de mars 1834 au printemps 1837. Les Valmore habitaient, à ce moment-là, le dernier étage d’un immeuble situé au nº 12 de la rue de la Monnaie. C’est là que Marceline reçut la visite de Brizeux et d’Auguste Barbier. Les deux poètes, qui la trouvèrent " comme une hirondelle sous sa tuile, , , ont décrit sa rue triste, étroite et sombre, presque en face de la cathédrale Saint-Jean ; la maison vieille, laide aux murs suintants ; l’escalier en colimaçon, "tout en pierre, , qui grimpait au dernier étage. Cent vingt marches à monter (E. Vial). 22. L’orage de tes jours a passé sur ma vie (DORS !) G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 20 306 BOUQUETS ET PRIÈRES 23. N’entend-elle jamais une voix mc défendre (LE MAU- VAIS JOUR). 24. Vous le saurez, la vie a des abîmes (MOI, JE LE SAIS. A Mademoiselle Louise Crombach). Cette pièce parut d’abord dans le Keepsake de l’art en province, 1842. Louise Crombach était couturière à Lons-le-Saulnier, lors- que les refrains politiques des réfugiés polonais lui inspirè- rent ses premiers vers : du moins c’est elle qui l’a dit. Mme Tastu la protégea. Vers 1845, elle passait en Cour d’Assises : nommée inspectrice de Saint-Lazare, elle s’était laissée atten- drir par les fables d’une faussaire qu’elle avait fait évader. C’était une très romantique personne. (J. Boulenger). Louise Crombach était très liée avec Marceline ; elle était aussi fort intime avec Ondine. Voici quelques lignes où On- dine parle à son père de cette amie : "… A propos de poésie, tu n’as pas entendu parler de Mademoiselle Louise Crombach. C’est une jeune fille sortie du peuple, pleine d’esprit, et, ce qui vaut mieux, qui fait des vers pleins d’élévation et de la prose charmante. (Paris, 13 avril 1840). Et Marceline surenchérit encore en écrivant à Ondine : 11 novembre 1840. "Louise Crombach est très judicieuse et bonne ; c’est une bonne fille, et j’aurais du plaisir à la reprendre. „ 26 août 1841. "Louise m’a donné un livre d’elle. Je pleure tout à tra- vers parce qu’il y a de la vérité, de la grâce et des misères. Elle t’embrasse. (Autographe à la Bibliothèque de Douai). Et cependant, lorsque Louise Crombach passa en cours d’Assise, Marceline chercha à éviter de donner son témoignage (il est vrai qu’elle avait horreur de la foule), et elle écrivit au docteur Veyne : "} BOUQUETS ET PRIÈRES 307 J’ai besoin, comme souvent, de votre secours. Voici pourquoi : vous m’avez vue malade, il y a quatre jours. Je le suis au moins autant et dans la prostration totale qui suit les grandes luttes. Je ne peux sortir et j’ai besoin de l’attester par une voix dont l’autorité soit connue. Il faut donc deux lignes de vous pour me justifier de ne pas aller à Versailles assister aux Assises comme témoin appelé dans le procès de Mademoiselle Louise Crombach. La séance est pour le 28. Ne pensez-vous pas qu’il suffit pour moi, d’envoyer l’attestation à Monsieur le Président ? (Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). 17 25. Dans la ville tout églises (ROUEN. A mes sœurs). Nous avons consacré à Rouen de nombreuses notes, et publié maints extraits de la correspondance de Marceline relatifs à cette ville. Voici un nouveau paragraphe d’une lettre à son mari, où Marceline rapporte des impressions analogues à celles qui lui ont inspiré cette poésie : "….. Hier matin, j’ai visité Notre-Dame, plus belle que jamais avec son clocher incomparable et sa cloche absente, dont le silence change quelque chose à cette ville boutique:la cloche est le seul accent que j’en aie jamais aimé ! J’ai revu profon- dément Saint-Maclou avec toutes vos chères images dans les yeux; je l’ai salué pour toi qui l’aimes tant. Enfin, je connais St-Patrice, et ses vitraux ne s’effaceront plus de ma mémoire. Quel brillant oratoire ! Quelle merveille de paradis !, , (Rouen, 25 juillet 1845). 26. J’ai vu dans l’air passer deux ailes blanches (UN PRÉSAGE). 27. Reine du pauvre, ouvrez ! Il est à votre porte (PRIÈRE À MON AMIE, A Notre-Dame des Champs). Cette poésie porte la dédicace : "A Pauline Duchambge dans un Album de Marceline d’après lequel Boyer d’Agen l’a publiée. 11 1 Pauline Duchambge, la meilleure amie de la poétesse, avait subi des revers de fortune, et elle était tombée dans une 308 BOUQUETS ET PRIÈRES Valmore : détresse affreuse, qu’elle cachait à tout le monde, même à Marceline. C’est par hasard que cette dernière apprit la situation de son amie. Voici en quels termes elle en parle à Prosper … Si tu savais ce que je sais à présent ! D’abord elle est très malade, c’est une femme que l’infortune dévore. Elle n’a pas de bois, elle a tout mis en gages. Elle garde son loyer dans l’impossibilité de sortir en payant. J’ai tout vu, je suis resté consternée et j’ai pleuré de douleur d’avoir ignoré cette triste arrière-scène. C’est souvent ainsi. On ne voit pas la vie à jour, il faut nous garantir des apparences. Pauline est une pauvre victime de sa faiblesse, (11 novembre 1832). Pauline vivait de quelques leçons de piano ; elle composait des romances qui étaient de plus en plus difficiles à placer. Marceline s’entremettait souvent. La musicienne s’inquiétant un jour d’une romance que son amie avait envoyée à Lyon, et dont on ne recevait pas de nouvelles, Marceline écrit à son mari : "… Informe-toi bien soigneusement de ce qu’est devenue la romance de Mme Duchambge qui m’en parle tous les jours., (17 novembre 1839). Enfin la romance est retrouvée, et Marceline demande à son mari de prier Boitel d’arranger ce petit compte de cinquante francs ; "car Pauline en est comme toujours très pressée. Elle ne vend ici rien qu’au comptant. La situation de Pauline s’aggravait tous les jours ; elle recevait quelques secours sur la cassette royale, et elle assaillait le roi quand elle n’avait plus d’autre recours. Repoussée par tous les éditeurs de musique, je ne veux plus, écrivait-elle, m’exposer à la risée des artistes nouveaux qui considèrent, je le sais, mes productions comme des vieilleries., , (Lettre inédite à M. Bauchesne, publiée par J. Boulenger). Certain jour, elle conçoit l’espoir que Mme Récamier pourrait lui faire donner des leçons de piano trois fois par semaine à l’Abbaye-auy-Bois. Marceline la détrompe et lui mande que "nulle maîtresse n’est admise de l’extérieur au Sacré-Cœur. Ce sont les religieuses qui donnent les leçons de piano, parce qu’il se trouve toujours parmi elles d’excellentes musiciennes. Les règles sont tellement austères que maître étranger ne pénètre sous ces grilles. Voilà, mon bon ange, la triste vérité sur cette lueur d’espoir qui n’est (1 BOUQUETS ET PRIÈRES 309 pas réalisable. Pauline, il en est ainsi de tous les vœux que je fais pour nous deux ! Tout nous échappe et nous déchire. (25 septembre 1884. Lettre de la Bibliothèque de Douai). Cette note un peu longue sur la situation de Pauline aidera à comprendre les pièces que la musicienne inspira à Marceline, et que celle-ci, le plus souvent, dédia à son amie. 11 28. C’était donc votre mort que vous chantiez, poète (AUX MÂNES d’AIMÉ DE LOY). Voir la note sur Aimé de Loy qui commente la poésie intitulée : A. M. d. L. (A. de Loy s’était suicidé au mois de mai 1834). 29. Pour me plaindre ou m’aimer, je ne cherche personne (LA RONCE). Cette pièce figurait déjà dans Pauvres Fleurs, sous le titre : Solitude. 30. Ne me plaignez pas, Madame ! (A MADAME RÉCAMIER). Marceline avait écrit cette poésie sur la première page de l’exemplaire de Pauvres fleurs qu’elle offrit à Madame Récamier. Madame Récamier s’intéressait depuis longtemps à Marce- line. En 1825, comme la poétesse se trouvait dans une situation très difficile, Latouche avait attiré l’attention de Mme Récamier sur la pauvre Marceline. A son tour, Mme Récamier l’avait désignée au duc Mathieu de Montmorency, qui, récemment élu à l’Académie Française, désirait abandonner son traitement à un littérateur malheureux. Marceline refusa l’aumône dans cette lettre fort adroite qu’elle adressa à Mme Récamier. (Cf. P. Courteault, Mme D. V. à Bordeaux) : "Pardonnez si mes mains ne s’ouvrent pas pour accepter un don bien offert. Mon cœur seul peut recevoir et garder d’un tel bienfait tout ce qu’il y a de précieux et de consolant, le souvenir du bienfaiteur et la reconnaissance sans le poids de l’or. Il me reste à vous supplier de prendre sur vous mes vifs remerciements, et mon respectueux refus ; c’est à vos ado- rables bontés que j’ai dû la distinction d’un homme illustre qui m’ignorait et c’est à vous, Madame, que mon âme demeure 1 310 BOUQUETS ET PRIÈRES (1 d’humilité éternellement acquise., Cependant, dans cette même lettre, faisant allusion aux démarches que Mme Récamier avait entre- prises pour lui faire obtenir une pension régulière par l’entre- mise du vicomte de la Rochefoucauld, Marceline ajoutait : Je vous la devrai, Madame, et avec joie, si quelque jour on accorde à votre demande ce dont vous ne me jugez pas indigne ; je voudrais avoir bien du talent pour justifier votre protection qui m’honore et pour mériter l’encouragement vraiment litté. raire que vous entrevoyez dans l’avenir ; je serai contente alors de l’obtenir de vous, et je n’aurai ni assez d’orgueil, ni assez pour m’y soustraire., , (Cf. Sainte-Beuve, Mme D.-V.). Toute sa vie, Mme Récamier poursuivra ses démarches : il faut faire engager Valmore à la Comédie Française, Ondine demande une recommandation pour ses examens, Hippolyte veut entrer dans l’atelier d’un grand peintre, Constant voudrait des commandes de portraits… Aussi Marceline témoignait- elle. une grande affection à Mme Récamier. " Eh bien !, écrivait- elle à Lepeytre après la mort de sa bienfaisante amie. Adieu Mme Récamier et sa grâce et ses douces mains bien coura- geuses aussi, pour attirer et soutenir les plus souffrants. La perte de M. de Chateaubriand l’a déracinée de la terre. Ses beaux yeux sont devenus aveugles ; et cette créature, jugée légère parce qu’elle souriait même en pleurant, a voulu mou- rir… Elle me l’a dit, près de ces places vides quittées par Ballant et le grave René… Quelle solitude pour moi dans ce coin autrefois si habité, si bon, si sûr ! Adieu !…" du 2 juin 1849, recueillie par Hippolyte Valmore). (Lettre 31. Saule de Sainte-Hélène. (LE SAULE). Cette poésie fut écrite à l’occasion du retour des cendres de l’Empereur. Marceline l’annonçait en ces termes à son mari : " Duverger m’a fait faire une romance sur l’air admi- rable du Saule d’Othello par Rossini. Cette romance est sur le saule de Saint-Hélène. Je te l’enverrai par quelque occasion. Le sujet trop grand m’a glacée., , (2 décembre 1840). Quelques jours plus tard, elle mandait encore à Prosper : " Je ne t’envoie pas aujourd’hui ma pauvre feuille de saule sur lui. Victor BOUQUETS ET PRIÈRES 311 Hugo a soufflé dessus avec sa puissante haleine. Son ode est grande comme le rocher, et puis adorable de tendresse. Il nous venge., , (15 décembre 1840). Après avoir assisté au retour des cendres, Marceline adres- sait cette lettre enflammée à Caroline Branchu, qui, si l’on en croit les biographes, avait été jadis une des conquêtes heureuses et enviées de Bonaparte : "Le 15 décembre 1840. Napoléon dans Paris. "Il est rentré sous le soleil qui ne l’a jamais quitté en France, Caroline. Il est avec nous, il couche cette nuit au milieu de son peuple harassé de joie et d’émotions. Dieu ! quel repos !… Je ne comprends pas que tu ne sois pas là près de moi, ma chère amie, à nous en parler ensemble. Mais non, tu n’aurais pu peut-être supporter ce spectacle ; il aurait épuisé ta vie et je t’approuve du courage qui t’en a éloigné. "Il est revenu vraiment entre ciel et terre. Comme on est sûr qu’il planait sur sa ville bien-aimée. Chère amie ! que c’était solennel et beau ! Demande à Orléans le journal Le Siècle, du 14, hier. Victor Hugo vient d’écrire une admirable pièce sur lui. Je te jure que toute cette poésie semble être écrite avec du sang de l’Empereur du monde, lâchement assassiné… Il nous venge de l’Angleterre et lui donne le soufflet de la France avec l’aile de l’Aigle impériale. Oh ! c’est grand ! "Je pensais, ce matin, que je regardais ce spectacle pour toi et pour moi. Non, je n’avais pas froid. Le ciel brûlait de clarté au moment où il entra aux Champs-Elysées. Le canon m’a fait bondir comme sa voix. Il disait, j’en suis sûre : "Je vous aime toujours !, , Va, Caroline, nous le reverrons partout. N’a-t-il pas été l’âme de la France ! Il est impossible qu’il ne fût pas au-dessus d’elle ce matin et qu’il ne la réchauffe pas, maintenant, de ses grands rayonnements. Mon cœur a la fièvre. Je n’ai pu dormir l’autre nuit ; cette nuit, je la passerai sans doute au pied de l’autel qu’on lui a fait enfin ! "Je n’écris qu’à toi et à Péla et à mon mari, dans le trouble où je suis. Je sens que c’est à qui m’entend que je parle ; mal ou bien. Pauvre Caroline, tu connaîtras un peu 312 BOUQUETS ET PRIÈRES la langue divine que tu as si longtemps parlée. Bonsoir ! „, (Vial, D.-V. et ses amis lyonnais). Un enthosiasme inouï régnait à Paris, Marceline avait vaine- ment tenté d’avoir des billets pour entrer aux Invalides. "Il y court cinquante mille personnes par jour, écrivait-elle à son mari le 24 décembre 1840 ; la queue dépasse le Champ de Mars. Il y a beaucoup de paysans dans ce grand pèlerinage. De jour en jour il s’accroît, c’est une ardeur, inouïe. Les bouchers entaillent les moutons et font sur leurs dos des tableaux admis rables de patience et d’amour, chose bizarre, l’apothéose de l’empereur et des aigles comme s’il en pleuvait !, , 32. Où t’a-t-on vu, poète à la voix douloureuse (AU JEUNE PARALYTIQUE. Louis Saint-M.) On trouve une pièce de L. de Saint-Marc ou Mars dans En pleine mer, Keepsake (Paris, Hippolyte Souverain, ed. 1837, in-8°). Serait-ce là le poète à qui Marceline a dédié cette poésie ? 33. C’est toujours la pitié qui rassemble les femmes (SUR L’INONDATION DE LYON EN 1840). Cette poésie avait paru en brochure en 1840 (voir le n° XX), puis dans la Couronne poétique (1841). 34. Vous que j’ai vu passer dans l’été de votre âge (AU POÈTE PROLÉTAIRE, LE BRETON). Cette pièce est adressée au poète-ouvrier Théodore Lebreton, imprimeur sur étoffes à Rouen, dont on peut dire que Marce- line fit la fortune. D’une santé débile, Lebreton avait grand’peine à gagner pauvrement sa vie, Il avait appris, tout seul, à lire et à écrire ; puis il s’était mis à faire des vers, un peu frustes, auxquels Arthur Pougin reconnait " de la grâce, du charme et de l’harmonie, ,. Marceline en eut connaissance, elle prit intérêt à Lebreton, et s’efforça de communiquer cet intérêt à de plus puissants qu’elle, pour venir en aide à l’humble poète. Elle obtint, d’abord, l’insertion de deux poèmes de son protégé BOUQUETS ET PRIÈRES 313 dans un journal de Rouen ; puis elle lui chercha des souscripteurs pour la publication de son premier volume : Heures de repos d’un ouvrier. Dans ce but, elle s’adressa à Béranger, à Chateau- briand et, comme on le verra plus loin, à son ami Antoine de Latour. Envoyant une poésie de Lebreton à Sainte-Beuve, elle l’accompagne de cette lettre : "C’est au cœur de M. de Sainte-Beuve que j’envoie une des choses les plus faites pour le toucher. Si je n’étais pas tout à fait malade en ce moment, je lui racon- terais la triste et simple histoire du jeune infirme, qui ne marche plus, qui ne parle plus et ne peut même signer son Ame, qu’il adresse à son poète bien-aimé, vous, Monsieur, dont les Conso- lations ont souvent enchanté sa vie qui s’en va, à vingt-trois ans ! (Lyon, 28 octobre 1836. Publiée par Spoelbergh de Lovenjoul, Sainte-Beuve inconnu). Tiré de l’obscurité par son illustre protectrice, Théodore Lebreton publia bientôt ses Heures de repos, qu’il fit suivre d’autres recueils. Il fut nommé en 1840 conservateur de la Bibliothèque de Rouen ; en 1848, 150.000 suffrages de ses compatriotes l’envoyaient à l’Assemblée constituante. Non réélu à l’Assemblée Législative, il termina paisiblement sa vie dans sa bibliothèque (cf. Pougin, La jeunesse de M. D.-V.). Voici la lettre charmante que Marceline adressait à M. de Latour pour lui recommander les essais du poète-ouvrier : " Monsieur, "Il est dit dans un livre qu’un pauvre oiseau jeté à terre et roulé dans le vent de l’orage, fut relevé par une créature charitable et puissante, qui lui remit son aile malade comme eût fait Dieu lui-même ; après quoi l’oiseau retourna où vont les oiseaux, au ciel et aux orages. "Le guérisseur n’ouït plus parler de lui et dit : "La reconnaissanee, où est-elle ? "Un jour, il entendit frapper vivement à sa fenêtre et l’ouvrit. Dieu lui répondait. L’oiseau lui en ramenait un autre, blessé, traînant son vol et mourant. 314 BOUQUETS ET PRIÈRES "Sur quel cœur l’image de la créature qui relève était-elle mieux gravée que sur ce cœeur qui semblait absent ?…… (Sainte-Beuve. Mme D.-V.). 11 35. Au sort de votre père en étoile attachée (MERCI POUR MA FILLE). Au mois de septembre 1839, Ondine était allée passer ses vacances à Lyon. Peut-être cette séparation aurait-elle évoqué à Marceline l’autre séparation ? Ondine alors avait été laissée en nourrice à Lyon, tandis que toute la famille s’établissait à Bordeaux. 36. Rome, où ses jeunes pas ont erré, belle Rome (UNE PRIÈRE À ROME, Pour mon frère). Cette poésie a suscité un intérêt considérable chez tous les commentateurs et biographes de Marceline. D’après L. Descaves (dans la Vie douloureuse), J. Boulenger, Boyer d’Agen etc., cette poésie évoquerait le premier amant de la poétesse ; et le passage suivant d’une lettre à Pauline semble confirmer cette hypothèse : "Valmore qui t’aime bien à travers ses grincements de dents contre la destinée, te parle ou plutôt t’aime par moi, hélas ! qu’il aime aussi beaucoup. Il a horriblement souffert, mais il ne se consolera jamais de ne nous avoir pas fait voir Rome. Et moi, sais-tu ce que je regrette de cette belle Rome ? La trace rêvée, qu’il y a laissée de ses pas, de sa voix, si jeune alors, si douce toujours, si éternellement puissante sur moi. Je ne demanderais à Rome que cette vision, -je ne l’aurai pas. » (Milan, le 20 septembre 1838). Notre conviction personnelle, résultant d’une étude appro- fondie de la vie de Marceline, de sa correspondance et de ses poésies, est que ces vers s’appliquent à Latouche qu’elle n’oublia jamais et qui, en 1812, était descendu à Rome. BOUQUETS ET PRIÈRES Il nous plaît de citer le début de cette pièce : Rome, où ses jeunes pas ont erré, belle Rome ! Je ne demande pas tes antiques malheurs, Tes siècles admirés, tes sanglantes douleurs ! Ta grande ombre est couchée, elle rêve un gran homme ; C’est le trésor du temps, le temps l’enfantera ; Tes flancs seront rouverts et ton deuil sourira. Dors au bruit des tombeaux dont la poudre frissonne ; Ils se réveilleront. Je n’éveille personne, Moi ; je suis la prière inclinée à genoux, Disant à la Madone : "Ayaz pitié de nous !, Je suis l’aile d’oiseau qui traverse la terre, Et qu’arrête en passant t1 splendeur solitaire ; Je suis le grain de sable à tout vent emporté, Sollicitant aussi sa part d’éternité. 315 37. Les flots plus mollement portent les matelos (PRISON ET PRINTEMPS, AU SPIELBERG). 38. Prompt ramier, fleur des toits, d’où viens-tu ce matin ? (L’ENFANT ET LA FOI, Italie). 39. Vos vers, c’est le printemps : pluie et soleil ensemble (A L’AUTEUR DE MARIE, M. BRIZEUX). Virgile (c’est ainsi que Marceline et Pauline Duchambge avaient surnommé le poète Brizeux) Virgile, dis-je, ne vivait presque jamais à Paris. " C’était, écrit Sainte-Beuve, une nature particulière, une sensibilité poétique, une volonté poétique, plus forte que sa puissance d’exécution et que son talent. Par ses éclipses et par ses absences, il donnait du souci aux deux amies ; Mme Valmore y prenait doublement part, à cause de la sympafhie qu’elle éprouvait pour la tendre Pauline Duchambge, ,. (Sainte-Beuve, Mme D.-V). 316 BOUQUETS ET PRIÈRES "Je partage ta préoccupation sur Brizeux ; écrivait Marceline à son amie Pauline, le 3 février 1857. Pourquoi ne t’écrit-il pas ? Le sentir là-bas, loin de sa mère, malade peut-être et presque certainement sans argent, est un chagrin de plus dans tous nos chagrins… Lui, si farouche et si irritable, quand il ne cueille pas tranquillement ses fleurs et ses blés ! Ah ! Pauline ! n’être que poète, n’être qu’artiste au milieu de toutes les faims dévorantes des ours et des loups qui courent les rues. Le 27 décembre 1855, Marceline mandait à son amie : "J’ai revu ton breton ferré qui est venu s’asseoir cordialement avec nous. Il ne sentait plus la lavande. Mais quoi ! ses vers sentent toujours le ciel. Quel poète ! Combien la vie est dure et marâtre puisqu’elle amène des hommes d’un tel mérite à devenir ce que celui-ci devient… et deviendra !… Vois-tu, ces hommes divins ont froid dans leurs affreuses chambres d’auberge ruineuses, et leur soleil les brûle en dedans. Je t’assure qu’ils vivent comme des somnambules. Regarde leurs yeux,. (Lettre publiée par Sainte-Beuve). Brizeux, qui aimait également les deux amies, a mêlé leurs deux noms dans une strophe de son Journal rustique : ma main "Je redis vos vers, Marceline, Le cœeur ému, les yeux en pleurs. A cette douceur féminine, Pauvre, j’adresse quelques fleurs, Les plus fraîches de ma colline. Détachez-en une églantine, O vous, sa compagne en douleur, Harpe plaintive et cristalline : Le cœur ému, les yeux en pleurs, Je redis vos chansons, Pauline ! ", Dans le vers 111 Frère, attardant son pas pour rencontrer Marceline fait allusion à la visite que Brizeux et Barbier lui firent à Lyon en 1831. Nous avons retrouvé dans BOUQUETS ET PRIÈRES 317 les Souvenirs personnels et Silhouettes contemporaines, d’Auguste Barbier (Paris, Dentu, 1883), le récit de cette entrevue : " Au mois de décembre 1831, l’auteur de Marie et l’auteur des lambes arrivaient à Lyon, par un temps pluvieux, glacial, et très fatigués d’un voyage en diligence, qui leur avait coûté deux grands jours de route… Mon ami se souvint qu’une de ses plus vives admirations et une de ses plus chères amitiés, Mme Desbordes-Valmore, résidait à Lyon. Son mari était attaché au Grand-Théâtre de la ville. Il me demanda si je voulais l’accompagner dans une visite à l’aimable poétesse. -Très volontiers, lui dis-je, j’aime trop son talent pour ne pas désirer la connaître. -Eh bien, cherchons où elle peut demeurer : "Nous nous dirigeâmes rapidement vers le Grand-Théâtre où nous nous enquîmes, chez le concierge, de la rue et du numéro de la maison qu’habitait M. Valmore. C’était près du quai de la Saône qu’elle se trouvait, presque en face de l’église Saint-Jean. Nous atteignîmes bientôt l’endroit. La rue était étroite et assez triste, l’habitation, vieille et laide. On montait par un escalier noir en colimaçon, escalier tout en pierre et dont les murs humides suintaient l’eau à grosses gouttes. Nous nous arrêtâmes à plusieurs étages, mais lorsque nous y faisions tinter les sonnettes, on nous disait : "Plus haut. Enfin, au dernier on nous ouvrit une forte porte, et après avoir demandé si Mme Valmore était chez elle, il nous fut répondu : " Oui et nous entrâmes dans la salle à manger. Mon ami donna sa carte à la servante, et aussitôt nous vîmes une dame encore jeune, à la taille élancée, aux yeux bleus expressifs, et aux cheveux blonds tombant en boucles autour de sa tête, s’avancer vers nous en tendant les deux mains à mon compagnon. C’était Mme Desbordes. Elle embrassa mon compagnon qui me nomma et me présenta ; aimable sourire et gracieux salut de sa part, puis nous passâmes dans une grande chambre qui paraissait être un salon et dans un coin duquel jouaient deux petites filles près d’une table. Les deux enfants, sans bouger, arrêtèrent leurs jeux et nous regardèrent en silence. -Ah ! Messieurs, dit Mme Desbordes après nous avoir 318 BOUQUETS ET PRIÈRES fait asseoir, qu’il est aimable à vous d’être venu voir une pauvre hirondelle sous sa tuile ! — Chère dame, répondit Brizeux, passant par Lyon et sachant que vous y demeurez, nous n’avons eu garde d’oublier l’hirondelle. L’hirondelle ne porte-t-elle pas toujours bonheur aux voyageurs ? — Et où allez-vous donc, Messieurs ? — En Italie. -En Italie ! Ah ! que vous êtes heureux, vous allez au pays du soleil et des muses. Je voudrais vous y suivre, mais il faudrait quitter sa couvée, sa chère couvée, dit-elle en nous montrant ses enfants, et cela n’est pas possible ! Les bons petits. cœurs valent plus encore pour moi que le plus beau soleil et les plus admirables peintures. Et puis, qui prendrait soin de leur père ? — M. Valmore, est-il ici ? ajouta Brizeux. -Non, il est sorti pour l’instant, mais il sera désolé de ne pas s’être trouvé chez lui. Il est allé au théâtre pour réorganiser des représentations et ensuite ramener du collège mon petit garçon ; car tout mon bien est avec moi, et dans ces mauvais temps on est si heureux d’être réunis ! -Vous avez dû avoir de grandes terreurs, Madame ? répli- quai-je. — Ah ! Monsieur, ne m’en parlez pas ; il ne nous est rien arrivé de fâcheux, mais cela a été horrible. Il y a eu des faits d’acharnement inouïs. On a vu des vieillards, des enfants et des femmes massacrés sans pitié. Un dragon flottait dans le Rhône, tenant un homme à chaque main ; les ouvriers avaient inscrit sur leurs drapeaux : "Vivre en travaillant ou mourir en combattant !, , Et, en effet, ils se sont battus comme des lions. Ils ont été victorieux de la garde nationale et de l’armée, les maîtres de la ville ; mais après, sans plan, sans direction et sans doctrine, ils ont rappelé d’eux-mêmes les autorités et sont rentrés comme des moutons dans leurs ateliers. — Et tant de sang, tant de ruines, pour des questions de salaires qu’on pouvait débattre pacifiquement, c’est abominable, repris-je. BOUQUETS ET PRIÈRES -Oh ! oui, bien abominable, répondit-elle. — Encore une œuvre du Saint-Simonisme ! dit fougueu- - sement Brizeux. - 319 -Non, mon ami, répondit Mme Desbordes, mais l’œuvre de la misère et de la souffrance, qui n’entendent pas et n’atten- dent pas. Et il y en a tant ici ! Hélas ! les intérêts ne sont que trop souvent impitoyables. Cruauté partout, en haut comme en bas. Quel affreux monde que le nôtre !, , [Madame Desbordes montre alors à ses visiteurs l’épître en vers de Lamartine et la réponse qu’elle y fit.] "Dans cette admirable pièce, reprend Barbier, elle s’était peinte toute entière avec ces vers : "Ma pauvre lyre, c’est mon âme ; je n’ai su qu’aimer et souffrir., , Elle était là sans plus ample commentaire. Brizeux s’attendrissait, les larmes lui venaient aux yeux, il l’aimait et la connaissait si bien…. “Je lui pressai la main très affectueusement, et Brizeux l’embrassa de tout cœur. Comme nous gagnions la porte, elle appella ses deux enfants qui étaient restés dans un coin de la chambre, immobiles et silencieux. Ils s’approchèrent et elle leur dit : "Vous voyez bien ces Messieurs ? Eh bien, mes chers enfants, ce sont deux poètes, souvenez-vous… «  » Les petites filles nous regardèrent avec de grands yeux et sans doute comme des êtres extraordinaires, mais sans trop comprendre l’aimable exaltation de leur maman. Nous les embras- sâmes et nous partîmes. En regagnant notre logis, nous disions Brizeux et moi : Quelle charmante femme, quelle admirable nature de poète, tout sentiment, tout cœur, toute âme ! Elle est évidemment la première de nos lyres féminines. — Et point la dernière de nos lyres masculines, ajouta Brizeux. — Je le pense comme vous. 11 40. On est moins seul au fond d’une église déserte L’ÉGLISE D’ARONA (Italie). Marceline écrivait de Milan à Caroline, le 6 août 1838 : "Nous sommes ici comme au milieu des sauvages, et je me sauve, dans les belles églises, de l’ardente chaleur du ciel et 320 BOUQUETS ET PRIÈRES des froides maisons dans lesquelles notre exil passe triste- ment. Le 28 août 1840, elle mandait à son mari : "Et puis l’Italie m’a fait naître aux églises. Sans ta compagnie pourtant je n’en sentirais pas les détails. Avant, elles entraient entières dans mon esprit., , 11 41. Pour que tu sois de Dieu l’aimée (JEUNE FILLE. Mademoiselle Zoé Dessaix). Jean-Marie Dessaix exerçait à Lyon la profession de médecin homéopathe. Il fut dans cette ville le meilleur ami de Marceline, qui avait pour lui une véritable vénération. En 1841, il avança aux Valmore l’argent nécessaire pour acheter un remplaçant à Hippolyte (cf. La mosaïque lyonnaise, L. Descaves, etc.). Marceline en fait part à son mari dans les termes qui suivent : "Notre excellent apôtre M. Dessaix m’écrit qu’il tient à notre dispo- sition la somme du remplacement d’Hippolyte, et cela dans des termes si affectueux, si tendres, qu’il serait doux de lui avoir cette nouvelle obbligation., , (12 sept. 1840). Dans une autre lettre adressée à son mari quelques an- nées auparavant, Marceline, faisant allusion à une personne qu’elle estimait pour sa bonté, la comparait au docteur Dessaix : .. Il est passionné comme toi, il a cette active charité de M. Dessaix, que je nomme mon pur apôtre., , (Lyon, 23 nov. 1832). 11 42. Ondine ! prends cette page (LA PAGE BLANCHE. A ma fille). Un volume intitulé : Harmonies sociales et poétiques, au bénéfice des victimes de l’inondation de 1840 (Paris, Dellorge et Lyon 1891, in-8°) contient la présente poésie de Marceline. Ondine était née à Lyon en novembre 1821 ; sa mère l’y avait laissée en nourrice, dans les environs. On notera que Marceline associe sa fille préférée à tous les événements qui se produisent dans cette ville. 43. Lune ! blanche figure assise à l’horizon (LE SOLEIL DES MORTS). BOUQUETS ET PRIÈRES Un souvenir, plein de larmes, à cette mère bien-aimée qu’elle a laissée là-bas, bien loin par delà les mers, et dont jamais elle n’a pu visiter la tombe… (A. Pougin, Jeunesse de M. D.-V.). 321 44. C’était l’heure où des monts les géantes structures (UNE HALTE SUR LE SIMPLON. A Pauline Duchambge). Un fragment de cette pièce, intitulé : Le nom de Paganini, avait paru dans l’Almanach des Muses de 1833, dans la Mosaïque poétique (1834) et dans les Annales Romantiques de 1835. C’est à Pauline Duchambge, comme on vient de le voir, que Marceline a dédié cette pièce. D’ailleurs, elle lui avait déjà envoyé de Milan une description de ce clair de lune (19 septem- bre 1839) : "Je me rappelle avoir vu aussi la lune, comme suspendue aux rochers des Alpes, s’y poser tremblante et soli- taire comme une tête divine, se balancer sur un pic, briller dans un nuage blanc, pareil au mouchoir de Véronique ; illu- miner un moment la montagne silencieuse, puis disparaître en laissant derrière elle une trace lumineuse et triste. Nous descen- dions à pied le Simplon, bordé de verdures profondes…, Cinq ans plus tard, Marceline rappellera ces impressions à sa fille Ondine, qui était alors en villégiature " chez notre amie Mme Marie Castaine, femme d’un négociant de Tarare, petite- fille du général Mouton-Duvernet, fusillé à Lyon, après Waterloo. Une vraie madone de Raphaël, mais rieuse., , (H. Valmore). "…C’était comme au temps du Simplon, écrit Marceline. Te souviens-tu du trajet que nous avons fait à pied, et des profondeurs éclairées au loin, comme une autre vie apparaissant aux voyageurs ? (12 septembre 1844. Lettres recueillies par H. Valmore). A Mile Mars, qui devait les rejoindre à Milan, Marceline parle aussi des « chemins doux à suivre, , (vers 18) : » Vous aurez de la poussière, mais un chemin dans les Alpes, facile comme le boulevard de Paris. Mais que de beautés inconnues ! J’ai failli me jeter hors de la diligence pour me mettre à genoux devant Dieu qui a fait tout cela., , (Milan, 19 juillet 1838). G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 21 322 BOUQUETS ET PRIÈRES Mais après ces beaux chemins, les yoyageurs connurent « l’effroi de deux abîmes, , (vers 113). » La vie tremble en moi et devant mes yeux, malgré mon courage, écrivait Marceline à son ami Lepeytre après son retour d’Italie. Nous avons été à deux doigts de la mort, sur le Simplon ; mais nous voici tous quatre entourés d’affectueux amis., , (Lyon, 5 octobre 1838). Hippolyte Valmore commente ainsi ce passage : "La diligence à la descente côtoyait l’abîme. Un voyageur sauta à terre et ramena les chevaux vers le bord intérieur de la route : "Oh ! nous avions deux pouces !, , disait le conducteur., , 45. Jour cher au pèlerin qui demande sa voie (LE DIMANCHE DES RAMEAUX). Cette poésie fut, sans doute, ébauchée au cours du voyage d’Italie ; Marceline en griffonna alors quelques vers dans son carnet. Elle reprit cette pièce et la termina après une nouvelle catastrophe la fermeture de l’Odéon, le lendemain du jour des Rameaux. (Voir Descaves, Vie douloureuse, p. 176 et la lettre de Marceline à Boitel, datée du 4 mars 1842 (dans Vial, M. D.-V. et ses amis lyonnais). - - 46. Jeune homme irrité sur un banc d’école. (***) Cette pièce a paru d’abord dans la Revue du Lyonnais (1843), sous le titre : A M. Gaschon de Molènes. Gaschon de Molènes, critique en titre de la Revue des Deux Mondes, avait écrit un article très dur contre les femmes- poètes, et où Marceline était attaquée vivement. " Ses élégies, y lisait-on, ont l’intérêt que présentent toutes les lettres amou- reuses, intérêt très puissant pour ceux qui les ont écrites ou ceux à qui elles sont adressées, mais très faible pour ceux que le hasard ou une indiscrétion en a rendu maîtres. Justement blessée, écrit Sainte-Beuve, Madame Desbordes- Valmore répondit sans méchanceté, sans colère, avec un mouve- ment naturel, vrai, triste et vif. Elle a très finement touché le fouet pédant du rude écolier avec un poétique bouquet de roses, un peu tourné, non sans raison, du côté des épines., BOUQUETS ET PRIÈRES 323 47. L’ange nu du berceau qui l’appela Marie (A UNE BELLE MARIE). Celle que Marceline appelait la belle Marie, était la jeune Marie-Louise Koch, que Léon Boitel avait épousée le 19 septem- bre 1833… Marie-Pierrette, leur fille était née le 28 mars 1837 (Cf. Vial, Mme D.-V. et ses amis lyonnais). 48. Que font les poissons d’or sous la prison de verre (LES POISSONS D’OR, A M. Alibert, médecin). Cette pièce a paru pour la première fois dans le Dahlia (1840) ; elle y est dédiée à M. A… médecin, et comporte cette variante : "Que font vos poissons d’or dans…. 12 Alibert mourut au mois de novembre 1837, et cette poésie est la dernière que Marceline lui ait dédiée. En janvier 1836, Marceline écrivait à l’éditeur Charpentier qui faisait imprimer son Salon de lady Betty : "Oui, Monsieur Charpentier, Monsieur Alibert m’écrit: Ne me dédierez-vous rien avant que je meure ? Cela m’a fait pleurer; car il a aimé beaucoup et un peu secouru mon oncle ! Je n’ai rien que ce petit volume, et je le lui offre au nom de tous les malheureux que je lui ai jetés dans les bras et qu’il a recueillis, à mes prières, dans son hôpital Saint-Louis. Je lui en ai porté de tous les rangs, de tous les âges et de tous les partis:vous savez comme j’ai du courage quand je ne demande rien pour moi. Il ne m’a jamais refusé un pauvre, et je n’ai rien que ce livre pour l’en remercier. Vous arrangerez cela avec lui, et vous me direz s’il est temps de faire précéder le titre par cette page que je vous enverrai alors de suite. (J. Marsan, Mme D.-V. et G. Charpentier, Lettres inédites, dans le Mercure du 15 avril 1921). Mais cette lettre dut arriver trop tard; car le volume parut sans la dédicace demandée. Voici en quels termes Marceline apprit la mort d’Alibert à son ami Gergerès : "… Sans en oppresser votre tendre indulgence pour moi, je vous dirai que Dieu m’a honorée de ses plus graves épreuves et que je les ai subies à genoux. Monsieur Alibert, l’ami fidèle de ma première 324 BOUQUETS ET PRIÈRES vie errante, vient de quitter tous ceux qui l’adoraient, au moment où mon retour à Paris venait de le combler de joie. Je l’ai vu et embrassé mort, un jour que je montais avec confiance chez lui, contente de voir qu’il allait sortir en voiture ! Je m’élance pour monter l’escalier, on me prend par mon manteau et l’on me frappe ce coup dans le cœur ! Je ne sais où j’ai pris l’élan d’arriver à lui… Que voulez-vous, mon bon Gergerès ? Il était écrit dans ma bizarre destinée que je rentrerais de tous mes pèlerinages pour presser de mes lèvres ce pauvre front glacé !… Son cœur si bon, si pur, si fidèle à sa cause, ne battait plus sous le crucifix qu’il avait demandé. Deux heures auparavant, ce cœur d’enfant dormait. Moi, j’étais à demi-morte !, , (Lettre du 25 novembre 1837, publiée par A. Pougin). 49. Quoi ! les Dieux s’en vont-ils, Madame ? et notre France (MADEMOISELLE MARS). Cette poésie fut écrite pour commémorer le départ de Me Mars, de la Comédie Française, en avril 1341. Le jour même que la grande actrice prenait congé du public (7 mars 1841), Marceline écrivait à Louise Babeuf : "Je ferai lire votre lettre à Mle Mars. Cette lettre-là vaut bien une couronne. Nous tâche- rons de lui en jeter une ou une fleur ; moi je n’y peux aller, mais vous prendrez mon cœur dans votre poche et je verrai par vos yeux. " On sait l’amitié et l’admiration de Marceline pour la célèbre tragédienne (cf. la note sur la pièce : De Thalie, etc.). Voici un curieux épisode de leurs relations, rapporté par Jacques Boulanger dans son livre sur Marceline : "En 1840, Marceline qui avait tous les courages, trouva celui de déclarer à son illustre amie qu’il était grand temps qu’elle renonçât désormais à faire aux Français les jeunes femmes et les grandes coquettes. Mars avait alors soixante et un ans. Depuis plusieurs années, on s’efforçait en vain de lui faire entendre que l’heure de la retraite avait sonné pour elle. Or, Mme Valmore osa le lui écrire dans une lettre qui est, d’ailleurs, un chef-d’œuvre d’adresse. Eh bien, la vieille grande comédienne ne se fâcha point. BOUQUETS ET PRIÈRES 325 50. Votre dernier bonsoir, ma mère ! (LOUISE DE LA VALLIÈRE QUITTANT SA MÈRE, Fragment de Bulwer). Le peintre Ducis avait exposé un tableau représentant Mme de la Vallière en conversation avec Mme de Thémines dans le cimetière du couvent des Carmélites. Ce tableau, gravé sur acier, sert de frontispice au Keepsake Lavallière (Lefuel, s. d.), où parurent pour la première fois ces vers de Marceline. Après Mme Desbordes-Valmore, ce tableau a inspiré Delphine Gay et peut-être encore d’autres poétesses. 51. Comme ils s’aiment là-bas ! Mon père qu’elle est belle ! (LOUISE DE LA VALLIÈRE À GENOUX). 52. Sois fière, ô Rachel ! sois bien jeune fille ! (RACHEL LA CRÉOLE). 53. Tout ce qu’ont dit les hirondelles (UN ARC DE TRIOMPHE). 54. Ecoute, oiseau ! je t’aime et je voudrais te prendre (L’ENFANT AMATEUR D’OISEAU). Cette pièce figurait déjà dans les Contes en vers pour les enfants (voir le n° XVIII), et dans le Livre des mères et des enfants (voir le n° XIX). 55. Nourri comme un enfant par sa mère idolâtre (CAMÉ- LÉON). 56. Sacrebleu ! voilà le soleil (LE MOINEAU FRANC). Cette pièce a été mise en musique par Henrion. Le 8 septembre 1840, Marceline écrivait à son amie Caro- line Branchu : "L’hiver qui s’approche resserre encore l’âme en voilant le soleil. Le soleil, c’est ta voix qui m’enlevait hors de mes peines, ce sont les rêves divins de la poésie qui n’est pas encore écrite. O Caroline ! le soleil sera notre monde un jour. Tu en es descendue évidemment ainsi que Péla, et pour 326 BOUQUETS ET PRIÈRES moi je suis saisie aux larmes quand je regarde ce roi lumineux qui fait fondre toute fausseté et toute froideur., , (Autographe à la Bibliothèque de Douai). 57. La vieille Rachel, filant à sa porte (LA PAROLE D’UN SOLDAT). 58. Mon Dieu, que c’est beau le baptême (LE BAPTÊME D’UN PRINCE À NOTRE-DAME). Le 18 juillet 1839, Marceline écrivait à son mari : " Sais-tu que j’ai vu Notre-Dame, en plein soleil comme le dôme de Milan ? Les portails me semblent admirables. L’énorme dedans serait d’une majesté profonde, si l’on n’avait jugé à propos de peindre ce colosse en jaune tendre, comme les gants absurdes de toute la jeune France à longue barbe ; et puis, qu’elle est pauvre de tous les sérieux ornements du dôme, cette église ! Toutefois, la façade m’a fait beaucoup d’émotion, et la pro- fondeur du monument m’a fait comprendre comment les ailes de Victor Hugo s’étaient élevés si haut et si loin !… Charles nous a tous conduits à Notre-Dame en plein soleil, et nous avons fait manger aux enfants des cerises et des gâteaux de Nanterre. J’étais fort triste d’être là sans toi ! En 1839, l’Institution Lévi avait proposé comme sujet de concours Le baptême d’un prince à Notre-Dame ; Ondine Valmore y prit part et le poème qu’elle écrivit remporta un succès considérable. La Revue de Lyon relatait ainsi l’événement : "Une de nos jeunes compatriotes, Hyacinthe Valmore, vient d’obtenir à Paris, au grand concours de l’Institution Lévi, le premier prix de poésie. Le sujet donné par le professeur était Le baptême du Comte de Paris. Mlle Valmore a su trouver un cadre ingénieux, éviter la forme courtisanesque, presque d’obligation en pareil cas, et revêtir sa jeune poésie de toute l’innocente pureté de l’âme… Nous le voyons avec bonheur, Mile Hyacinthe Valmore ne laissera pas s’éteindre le poétique nom que sa mère lui léguera un jour… (Revue de Lyon, tome X, 2º semestre de 1839). , BOUQUETS ET PRIÈRES Voici deux strophes du poème d’Ondine : "Pour qui la ville en fête et le bruit de la foule ? Et les canons grondant sans exciter l’effroi ? Le fleuve populaire au long flot qui s’écoule ? Pour un enfant qui sera roi. Mais le temple est ouvert. La cloche appelle et chante, Au vibrant Te Deum le prêtre unit le sien. Pour qui sur les autels cette pompe touchante ? Pour un enfant qu’on fait chrétien… „. 327 59. Du frais matin la riante lumière (TOI ! DE THOMAS MOORE). 60. Pourquoi demander l’heure ? Eh ! qu’importe comment ! (LA FÊTE DE THOMAS MOORE). 61. De vous gronder je n’ai plus le courage (AUX TROIS AIMÉS). Marceline aimait beaucoup ses enfants, et elle souffrait de constater que leurs caractères ne s’harmonisaient pas toujours avec le sien. Dans ses lettres à son mari, elle décrit leur vie à chaque instant : "Inès te jette ses bras autour de toi. Elle grandit beaucoup, ses défauts et ses qualités sont d’une grande franchise. Hippolyte rêve de toi, d’amour et de gloire. Il a de l’esprit comme La Fontaine. Tout est pour lui matière à réfléchir., , (26 février 1840). "Inès se porte très bien et grandit à vue d’œil, mais j’ai toujours bien des difficultés avec son caractère. Je dis toujours aussi comme la bonne Ruissel : "C’est l’âge ingrat. Laissons agir le temps. Du reste, elle étudie bien et prend un goût passionné pour la musique. J’ai l’idée que son cœur est très bon, sous cette enveloppe goudronnée qu’elle a prise à Bordeaux, ,. (15 décembre 1840). …Les enfants sautent de bonheur en pleurant de tendresse (à la nouvelle du retour de Valmore] ; ils sont en ce moment, comme toujours, éparpillés à leurs leçons. Grand Dieu ! quelle 328 BOUQUETS ET PRIÈRES époque, que trois éducations qui marchent à la fois en sens inverse, sans servante, et dans l’hiver. La tête me saute par moment. Mais ils ont zèle et courage, et le succès console des fatigues. (25 décembre 1840). Dans le temps que Marceline écrivait cette poésie, elle mandait à Caroline : "En grandissant, nos enfants nous con- sidèrent comme des guides importuns et, tout en continuant de nous aimer, commencent à sourire de nos conseils. Ah ! quel changement douloureux ! Et combien de mères me font de pareilles confidences. (23 avril 1842. Lettre publiée par B. Rivière). 62. C’est demain qu’une ville aimée, (FÊTE D’UNE VILLE DE FLANDRE POUR PHILIPPE-LE-BON). Une Notice historique sur Philippe le Bon publiée à Douai (Adolphe Obez) en 1842, contient cette pièce, mais avec des variantes et des changements dans l’ordre des strophes. Dans cette plaquette le poème s’intitule:L’Amour du pays; il est daté de juillet 1842. 63. Puisque la Vierge vous défend (L’ENFANT BÉNI. A Marie B.). Cette pièce a paru pour la première fois dans le Musée des Familles (1842) avec une dédicace à Marie Berthoud. 64. Ah ! mon père ! mon père ! où retrouver mon père ? (L’ENFANT ABANDONNÉ). Voici un passage d’une lettre à Ondine, qui explique cette poésie : "…Mais on rêve toujours mille dangers pour ses en- fants, on tremble de les laisser dans la foule, et c’est ce qui rend les mères quelquefois assomantes tembre 1841). (Paris, 14 sep- " La Une note d’Hippolyte commente ainsi ce passage : fille de M. Félix Delhasse, notre ami de Bruxelles, portée sur les bras de son père au milieu d’une fête publique, lui disait . BOUQUETS ET PRIÈRES 329 de sa voix calme et irrésistible : Vous ne laisserez pas votre enfant dans la foule 11° 65. Sous tes longs cheveux d’or, quand tu cours sur la grève (AU REVOIR. A ma fille). 66. L’air manque à ma voix solitaire (LE ROSSIGNOL ET LA RECLUSE). 67. Hélas ! qu’il fut froid mon mois d’août ! (LE LIVRE DE PRIÈRE. A Jean-Paul). 68. J’aurai toujours une prière (LE SALUT AUX MORTS). 69. D’une pauvre âme en cheveux blancs (UNE ÂME. A Jean-Paul). 70. Je ne reproche rien au passé ; je l’oublie (A MES ENFANTS). 71. Tes yeux noirs, ma fille (LA PREMIÈRE COMMUNION D’INÈS). 72. Des nœuds dont sa vie est liée (LES AUTORITÉS DE LA JEUNESSE). 73. Quand ma lampe est éteinte, et que pas une étoile (VEILLÉES). 74. C’est l’oiseau qui passe (FRILEUSE). 75. Le ciel est haut, la lune est rouge et pleine (FRILEUSE). 76. Frère, époux et maître (***). On voudra bien se reporter à la note qui commente la pièce intitulée Avant toi. 330 Le 21 février 1851, Marceline écrivait à Mélanie Waldor : …..Vous savez, dès longtemps, que mon cher Valmore, Frère, époux et maître, 11 BOUQUETS ET PRIÈRES est homme à me contredire en fait de solitude. Pour lui, si les chartreuses n’existaient pas, il faudrait les inventer. Aussi s’en fait-il une partout où il y a quatre murs et des livres à dévorer., (Lettres de la Bibliothèque de Douai). 77. Jeunesse, adicu ! car j’ai beau faire (POINT D’ADIEU). 78. Enfant d’un nid, loin du soleil éclos (PLUS DE CHANTS. A Madame Simonis, Elisa de Knyff). Mme de Simonis était une des plus chères amies de Marce- line. La poétesse s’exprimait ainsi à son sujet dans des lettres. à son mari et à Pauline : Paris, 21 janvier 1834 (A Prosper Valmore). "Mme de Simonis est à Paris, elle est devenue belle et charmante femme. Son mari est un gros et bon Belge. Des teints de Belgique, simples et caressants. Paris, 7 avril 1837 (A Prosper Valmore). "Enfin, ma dernière visite a été chez Mme Simonis. Elle m’a reçue, comme on reçoit ce qu’on a de plus cher. Je te raconterai toute cette entrevue. J’ai eu mille peines à lui persuader que je ne pouvais loger chez elle. (1 11 Paris, 11 juin 1857 (A Pauline Duchambge). … Mme Simonis m’a écrit qu’elle te remercierait avec reconnaissance de ton intérêt pour elle, et de te le dire. Elle est très atterrée. Sa vie est finie pour l’espérance. Je vois bien qu’elle avait tout placé dans le retour de son mari. La voilà seule dans l’univers. Tu ne pourrais lire sa lettre, devenue à présent si simple mais si poignante !, (Lettre conservée à la Bibliothèque de Douai). XXIII et XXIV. LES ANGES DE LA FAMILLE 1849 ET 1854 XXIII. LES ANGES DE LA FAMILLE 1849 LES ANGES || DE || LA FAMILLE || par || Mme Desbordes- Valmore || Paris || Alph. Desesserts, éditeur || de la librairie à illustrations pour la jeunesse 38, passage des Panoramas et Galerie Feydeau, 12 || s. d. (1849). In-12 de 3 feuillets prélim. non chiff. (faux-titre portant au verso : Paris-Imprimerie Dondey-Dupré, rue Saint-Louis, 46, au Marais, titre blanc au verso et dédicace : Aux mères), et 246 pages. Frontispice (Elle se traînait en rampant….) et 7 planches non signées, litographiées sur fond teinté : p. 44, Rose se pen- cha… ; p. 92, Buvez, lui dit-elle… ; p. 115, C’est toi, Grand- Père… ; p. 131, J’ai vingt francs… ; p. 133, Monte avec moi… ; p. 192, Augustine pensa qu’ils riaient… ; p. 217, Je n’ai pus de prix… Après l’année 1843 (celle de la publication de Bouquets et Prières), Mme Desbordes-Valmore rencontre des difficultés de plus en plus grandes pour trouver un éditeur ou un directeur de revue qui accepte ses poésies et ses contes. En dehors du 334 LES ANGES DE LA FAMILLE Musée des familles, où son ami H. Berthoud insère quelques lignes d’elle, nous ne retrouvons son nom nulle part. En 1845, elle écrira à Caroline Branchu : " Pour moi, bonne chérie, j’ai gagné un peu d’argent avec des contes d’enfant, et je demande à Dieu qu’il me donne du travail. (Lettre du 25 Lepeytre de "Moi, je suis à moitié morte, et j’écris des contes d’en- fants, à cinq francs la page d’impression dans un journal…. Un éditeur m’a proposé ce marché:un volume de contes inédits pour les enfants, composé de huit ou dix petits drames; 500 francs pour un tirage de 5.500 exemplaires. Voilà à Paris ce que l’on nomme la littérature de femme !, (29 Novembre 1845). "Mais ce projet n’aboutit point. Cependant la situation de la pauvre Marceline allait s’aggravant de jour en jour. Le 9 février 1848 (elle habitait alors au nº 89 de la rue de Richelieu), la poétesse écrivait à un de ses amis : "Je vous remercie bien tard du soin que vous avez pris pour moi. Je suis malade de la recherche inutile d’un logement, par le froid le plus rigoureux ou la pluie. Notre nid tient à peine parmi les murs croulants. On ne pourra bientôt plus monter l’escalier. M. Lehuby m’a dit, en recevant les manuscrits des petits Drames des enfants, qu’il était surchargé des comptes de 1848 et ne pourrait peut-être lire avant bien du temps. Ce peut-être m’a bien abbattue dans les tristes réalités du moment. Soutenir honnêtement une chère famille est difficile jusqu’à la fin des deux surnumérariats que vous savez, si je n’obtiens aucun relief de ma misérable plume….. " Cependant, le 18 décembre de l’année suivante, Marceline annonçait à son frère qu’elle avait trouvé un éditeur pour son nouveau livre, mais dans quelles conditions ! "Je croule sous le travail, écrit-elle. Travailler tant pour rien est amer ! est c’est là où en sont arrivées les choses en librairie. Je viens de donner mon livre, uniquement pour rien, mais comme justification de la pension dont on m’a laissé les deux tiers. 13 octobre 1845). Le mois suivant, elle fait part à son ami pourparlers qu’elle avait avec un éditeur : LES ANGES DE LA FAMILLE Le 30 janvier 1850, l’impression des Anges de la Famille était achevée, et Marceline offrait le volume à son frère en l’accompagnant du billet que voici : " Moi, cher Félix, je t’envoie le petit livre que j’ai eu tant de peine à faire imprimer quoique pour rien. L’éditeur m’a dit fort poliment, qu’il fallait que ce fût moi seule, pour qu’il risquât les frais d’une telle édition ! Il a fallu me décider en dévorant mes larmes. Tout le monde me l’a conseillé, pour ne pas me laisser oublier tout à fait par un trop long silence. Ce livre enfantin n’est guère propre à réveiller un nom assoupi, mais les grands chagrins que j’ai subis depuis trois ans ne m’ont pas laissé la liberté de travailler davantage, littéraire- ment parlant., , (Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). L’exemplaire de Félix Desbordes appartient aujourd’hui à Lucien Descaves. Il porte la dédicace suivante : "à mon bon frère Félix comme un souvenir de notre enfance, et du foyer béni par Notre-Dame ! 335 envoyé par sa sœur Marceline Desbordes Valmore Janvier 1850. «  » Au mois de février de l’année suivante, Marceline offrait à Lepeytre un exemplaire des Anges de la Famille ; elle joignait au volume les lignes que nous allons transcrire : "Puisque vous le souhaitez avec de si tristes paroles, je vous envoie ce petit livre, cher Frédéric. Vous n’y trouverez ni la mère qui pleure, comme moi, ni trace visible de nos bles- sures. Je n’ai pas eu et n’aurai peut-être jamais le courage d’appuyer sur des portraits si vivants et si douloureux. Mais ces tableaux d’enfants sont redoutables pour nos deuils ; et je vous les avais épargnés par un tendre égard. „ 336 LES ANGES DE LA FAMILLE Voici maintenant le détail de l’édition de 1849 : Tout d’abord une charmante préface en prose, dédiée "Aux Mères ", que nous reproduisons ci-dessous : AUX MÈRES. "Dans le tumulte de vos devoirs et de vos peines, lasses des bruits ou des orages du monde, mères ! n’avez-vous jamais, en rangeant vos armoires, retrouvé tout à coup quelques-uns des jouets de votre enfance ? Ne vous êtes-vous pas laissé prendre à regarder longtemps, avec un sourire presque tendre, ces bergères de porcelaine de Nuremberg, dont les couronnes durent encore ; les moutons en bois sculptés, sentant la résine ; les anges de cire aux ailes de carton et de gaze sur lesquelles l’imagination du jeune âge va vite et si haut ? "Moi, j’ai un tiroir où je retiens sous clef les chères visions des premiers beaux jours de ma vie. Parfois, quand je demande au sort une caresse qui ne vient pas, je vais revoir ces rêves ingénus et lustrés, dont les couleurs brillantes tiennent bon contre le temps. J’aime toujours les poupées sans rides dont nos jeunes cœurs étaient charmés, que nous appelions nos filles, et qui n’ont pas la moindre trace de raillerie ni d’irritation sur la figure. C’est encore là tout ce que je leur demande pour les chérir du meilleur de mon âme. En effet, leur indul- gence impassible, leur silence bienveillant me rappellent notre jadis comme le ferait un entretien à voix basse. Ce sont de chastes chroniques, qui redisent souvent des vérités utiles ; qui suspendent, ne fût-ce qu’une heure, le présent quelquefois si pénible ; qui rapprennent des joies vives, des fautes même, dont le regret n’est pas sans fruit pour la raison plus mûre. "Ces innocentes compagnes de l’enfance m’ont aidée souvent à mieux comprendre mes enfants, et sont demeurées pleines de conseils pour moi, mères ! et je partage leurs conseils avec vous !, Suivent 7 pièces de vers mélangées, comme suit, à 9 pièces de prose : LES ANGES DE LA FAMILLE 1. L’APPARITION D’UNE PETITE CALÈCHE… (1) (L’ENFANT DES CHAMPS-ELYSÉES). 337 2. Mère, je veux crier et faire grand tapage (LE PETIT MÉCONTENT). Cette pièce a paru d’abord dans le Musée des familles, 1846. 3. DIS TA PRIÈRE, BONNE VIEILLE… (L’AVENIR D’UNE VIEILLE FEMME). 4. Maman, comme on grandit vite (LA GRANDE PETITE FILLE). 5. TROIS JOURS APRÈS NOËL (LA ROYAUTÉ D’UN JOUR). Cette pièce avait paru en 1849 dans le Musée des Familles. 6. Bonjour, la jeune fille ! (LA JEUNE FILLE ET L’OISEAU). 7. QUOIQU’IL N’Y AIT POINT ICI… (LES ÉTRENNES DE GUSTAVE). 8. On m’appelle enfant (LA PETITE PLEUREUSE À SA MÈRE). Cette pièce a été réimprimée en 1850 dans le Musée des familles. Marceline songeait peut-être à sa fille Ondine quand elle écrivit cette petite poésie, car Ondine pleurait facilement. Marce- line écrivait d’elle à Prosper : "Line, toujours un peu pleureuse, pleure de ne pas t’écrire…., , (27 novembre 1840). 9. ALBERT N’AVAIT PAS LE GOÛT… (CLOCHETIN OU LE ROYAUME DE SA-SA). Ce conte avait paru en 1843 dans le Musée des Familles. (1) Nous avons imprimé en italique l’incipit des 7 pièces en vers ; les pièces en prose sont designées par des incipits en petites capitales. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 22 338 LES ANGES DE LA FAMILLE 10. L’enfant disait au nuage (LE NUAGE ET L’ENFANT). 11. UN PHILOSOPHE RAPPORTA DE L’UN DE SES VOYAGES… (LE CÔTÉ DU SOLEIL). 12. DANS LES PREMIERS JOURS DE MON ÂGE… (LA MAISON BLANCHE). 13. Ah ! je suis inconsolable (LA PETITE FRIVOLE). 14. C’ÉTAIT EN 1830. SEPTEMBRE… (LES VACANCES OU LES PETITS POLITIQUES). Ce conte avait paru en 1843 dans le Musée des Familles. 15. Si j’étais assez grande (LES ENFANTS ET LES MIROIRS. A Me Emilie Bascans). Me Sophie Lagut, née en 1800, avait épousé Ferdinand Bascans, rédacteur à la Tribune. Après son mariage, "il s’était mis à enseigner avec douceur la philosophie et la littérature », à l’institution de Chaillot, dont sa femme était directrice. C’est dans cette institution qu’Ondine Valmore fit ses études ; c’est là aussi qu’elle fut sous-maîtresse. M. Bascans était particuliè- rement lié avec Armand Marrast, qui devenu maire de Paris en 1848, nomma Ondine inspectrice des pensions de demoiselles de la Ville. Mme Bascans avait deux filles, Emma et Emilie. Cette poésie est dédiée à l’une d’elles. 16. UN ROI FAISAIT BATIR… (LES PÉPINS DU ROI GUILLAUME). XXIV. LES ANGES DE LA FAMILLE (2E ÉDITION) 1854 LES ANGES || DE | LA FAMILLE | par || Mme Desbordes- Valmore. || Ouvrage couronné par l’Académie française || Paris | L. Bonneville, éditeur || 21, quai des Grands-Augustins || || 1854 || In-12 de 2 feuillets prélim. non chiffrés (faux-titre portant au verso : Lagny-Imprimerie de Vialat & Cie, et titre), 243 pages et 1 feuillet de table. Deux planches gravées sur acier et non signées : Laissez votre bénédiction sur cette enfant… (en frontispice) ; Sa nourrice, grand amateur de contes… (face à la page 69). Couverture crème entourée d’un filet typographique ; le second plat porte une vignette au centre et, au bas, le nom de l’imprimeur. Les 7 pièces de vers de la première édition ont disparu. Il y a, par contre, un conte de plus que dans l’édition de 1849 : Deux philosophes sans le savoir (" Il y avait et je désire qu’il y ait toujours…) ; ce conte avait déjà paru dans l’Album à mes jeunes amis, de 1830. La Maison blanche est intitulée ici : Le faiseur d’hosties. 340 LES ANGES DE LA FAMILLE Le 29 octobre 1849, Marceline adressait à Sainte-Beuve les épreuves des Anges de la Famille en le priant d’user de son influence auprès de ses confrères de l’Académie pour lui faire obtenir un prix. Voici ce qu’elle écrivait à ce propos à son illustre ami : "Je vous envoie ce livre avec un grand serrement de cœur, sans espérer que vous ayez le loisir d’y jeter sérieusement les yeux, et ne me résignant pas à l’idée que votre amitié seule le protège où j’ose l’envoyer. Dieu sait, et vous aussi, n’est-ce pas, si c’est l’orgueil qui me donne un pareil courage ! "Mais je ne voudrais pas, au prix de tout au monde, que votre appui fit gronder votre conscience, et j’aime bien mieux subir toutes les conséquences de la détresse inouïe où le sort me livre, que de tenter votre justice en vous demandant de protéger un mauvais livre. Comme c’est uniquement pour quelque argent que j’ose aspirer à ce que je n’ai jamais souhaité de ma vie, je continuerai de demander l’aumône à Dieu, plutôt que de vous faire mentir une fois, même en faveur de nos souffrances., , (Spolbergh de Lovenjoul, Sainte-Beuve inconnu). Le prix ne fut pas accordé. Cependant, en 1854, sur les conseils de Victor Cousin, Marceline présentait à l’Académie la seconde édition de son ouvrage ; elle obtint, cette fois, le prix Laroche-Lambert. On pourra s’étonner que la seule distinction que l’illustre compagnie ait jamais accordée à la grande poé- tesse, ait précisément récompensé un volume de prose ! (1) Voici en quels termes pleins de grâce Marceline fit part de cette heureuse nouvelle à son amie Marie Babeuf : "La Providence me jette un prix comme on fait pleuvoir sur les plantes qui n’en peuvent plus. La justification de ce prix académique, c’est la Providence elle-même, qui n’y regarde pas de si près pour relever les souffrances. Peu importent les (1) L’édition de 1854 ne devrait pas figurer dans cette Bibliographie de l’œuvre poétique. Nous ne l’y avons admise que pour mieux souligner les différences consi- dérables qu’elle présente avec l’édition de 1849. LES ANGES DE LA FAMILLE 341 fautes d’orthographe ; sa tendresse met des fleurs dessus, et ce n’est pas surtout entre femmes qu’il faut s’arrêter à cette grave dispute. Que de raisons plus graves encore me forcent à bénir cette indulgence inespérée des grands juges ! Moi qui passe ma vie à genoux à demander à Dieu des juges cléments à tous. "Je n’ai pu réjouir plus tôt ta mère de ce filet d’eau pure versé vers mon désert. J’irai la voir pour lui expliquer un tel événement qui est encore comme à l’état de rêve pour moi. Puisse-t-il entrer comme un bon présage dans votre maison ! Je suis sûre qu’il épanouira vos chers visages de la bienveil- lance satisfaite de vos cœurs ! (Lettre publiée par Arthur Pougin).

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XXV.

POÉSIES INÉDITES
DE 1860




XXV.

POÉSIES INÉDITES
DE 1860



POÉSIES INÉDITES || DE || MADAME DESBORDES-VALMORE || publiées par || M. Gustave Revilliod || Genève || Imprimerie de Jules Fick || 1860.

In-8° de 4 feuillets préliminaires non chiffrés (1 feuillet blanc, faux-titre, titre dans un encadrement gravé sur bois par F. Burillon, titre de la première partie avec le mot Amour dans un petit médaillon floral du même graveur) ; 281 pages, 1 page non chiffrée d’errata au verso de la page 281, et 1 feuillet non chiffré (catalogue des publications de Fick).

Couverture crème imprimée dans un encadrement gravé sur bois (le même que celui du titre). La plupart des exemplaires de cette édition ont été recouverts d’un cartonnage de toile bleue, décoré de fers à froid.

Un certain nombre d’exemplaires ont été brochés sous des couvertures à l’adresse du libraire parisien Dentu.

Il a été tiré quelques exemplaires sur papier vergé teinté.

Édition originale, publiée après la mort de Mme Desbordes-Valmore par Gustave Revilliod. Elle contient 117 pièces qui n’avaient jamais été recueillies en volume, sauf neuf qui sont tirées, soit des Anges de la Famille (7), soit de Pauvres fleurs (2).

Le 31 août 1851, Marceline écrivait à son mari : « Dis à Jacques Langlais qu’en lui prenant les deux mains, je lui crie une prière : c’est que, s’il voit son imprimeur, son éditeur, son libraire, enfin, celui qu’il m’a dit, il persiste à lui dire que j’ai un volume à éditer : le volume de poésies, enfin, que nous avons envoyé à Bruxelles, et qui est arrivé trop tard, m’écrit-on. M.A. Jamar, croyant que j’avais refusé ses offres trop modestes, a entrepris autre chose et recule à son tour l’époque de cette publication. C’est le cas de nouer, s’il se peut, avec la Sarthe et l’Anjou. »

Sept jours après, Marceline mandait encore à son mari : « Si tu revois bientôt Langlais, parle-lui de mes pauvres vers, puisqu’il en faut chercher de l’argent. Je viens d’en faire pour le bibliophile Jacob qui m’en a demandé ardemment pour un Keepsake superbe. »

Deux ans plus tard, le livre n’était pas encore placé, bien que Brizeux s’y fût employé avec un dévouement admirable. M. Guégan a conservé la lettre que Marceline écrivit le 16 juin 1853, en réponse à la missive où le poète de Marie et des Bretons lui annonçait l’échec des négociations qu’il avait entreprises :

« Je me sens plus touchée, lui écrivait Marceline, des peines que vous avez prises pour moi, que si vous aviez réussi ; car vous êtes sans la joie de m’avoir secourue. Pourtant, songez que c’est une extrême douceur de vous sentir intéressé à mes grands ennuis; mais vous n’aurez plus à vous y intéresser d’ici longtemps. Il sera bon de laisser oublier ce pauvre livre et le besoin que j’avais d’en faire… un peu de ce qui coûte si cher dans la vie. Peut-on mettre son salut sur une si petite planche ? Mais le naufrage explique tout.

« À vous humble et sincère tant que je serai

Marceline Desbordes-Valmore »

Les dernières poésies de Marceline ne parurent que sept ans plus tard, un an après la mort de la poétesse : c’est l’édition Fick que prépara G. Revilliod, l’un des plus ardents admirateurs de Mme Desbordes-Valmore.

Amour

1. Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire (UNE LETTRE DE FEMME).

Verlaine, citant cette pièce dans son étude sur Madame Desbordes-Valmore (Les poètes maudits), écrit pour tout commentaire : « Est-ce assez divin ! »

2. Ce fut un jour pareil à ce beau jour (JOUR D’ORIENT)

Cette poésie se trouve dans l’Album n° 4 de la collection de Douai ; elle y porte la date : 6 juin 1857.

3. Allez en paix, mon cher tourment (ALLEZ EN PAIX).

Cette pièce se trouve dans l’Album n° 4 (Collection de Douai), sous le titre : Jour d’Orient ; elle est datée du 6 juin 1857, comme la précédente.

M. Lucien Descaves cite cette pièce « gracieuse et tendre » dans sa Vie douloureuse, et fait suivre les vers des réflexions que voici : « Cette pièce est datée 6 juin 1857, Mme Valmore a soixante et onze ans ! Et elle y pense encore — toujours !

Et elle s’écrie :

Mais si de la mémoire on ne doit point guérir,
À quoi sert, ô mon âme, à quoi sert de mourir !

N’en avait-elle pas, un jour, averti doucement son mari sous le couvert d’un portrait d’Albertine, l’amie d’enfance à jamais regrettée : « On n’oublie pas. On reste jeune en dedans. Je suis prise quelquefois de transports que je n’ose pas te montrer. Va, l’âme est impérissable, et tout ce qui est gravé dessus l’accompagne à l’éternité. » Ainsi, jusqu’à la fin, se manifestait la survivance du premier amour, et sa fraîcheur, dans un cœur de cristal.

4. Sur la terre où sonne l’heure (LES CLOCHES ET LES LARMES).

5. Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! (UN CRI).

Marceline envoya cette poésie à Duthillœul, son fidèle ami douaisien, en l’accompagnant de ces quelques mots émouvants : « Vous comprendrez pour la pl… (illisible) l’amertume qui coule encore dans tous mes souvenirs relatifs à mon frère. Il m’est resté plus cher que s’il avait été puissant et riche. Son épreuve a été bien dure, et bien peu d’honneurs ont consolé cet homme ! Comment voulez-vous que j’oublie que vous l’avez regardé avec vos bons yeux sans dédain ? Allez, Monsieur Duthilloul, il s’en ressouvient, où il est ; et Dieu s’en ressouvient aussi, comme je l’ai dit à Monsieur Dubois qui m’a redit ses dernières paroles ! C’est pourquoi je vous envoie cette sorte de ballade sauvage qui m’est sortie du cœur en pensant à tout cela ! » (9 juillet 1855. Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai).

La collection d’où nous avons extrait ce billet, nous apprend encore que Marceline envoya la même poésie à Pauline Duchambge, le 15 janvier 1856 ; elle l’intitulait alors : Cri dans l’air.

« Tu dis, chère âme fidèle, que la poésie me console. Elle me tourmente, au contraire, comme une amère ironie. C’est l’indien qui chante tandis qu’on le brûle… »

Enfin, dans l’Album n° 4 de la collection de Douai, Marceline intitule cette poésie : Un cri vers l’Orient !

6. Va-t-il écrire à sa maîtresse (LA FEUILLE VOLÉE).

Dans l’Album nº 3 de la collection de Douai, cette poésie porte le titre : Billet volé par un oiseau.

7. Veux-tu connaître l’avenir (SIMPLE ORACLE).

8. Orages de l’amour, nobles et hauts orages (LES ÉCLAIRS).

9. J’ai voulu, ce matin, te rapporter des roses (LES ROSES DE SAADI).

Cette poésie fut écrite sans doute pour Sainte-Beuve, qui venait de rendre un grand service aux Valmore ; Marceline l’en remercie dans une lettre du 22 février 1848 :

« Voici ce que je pourrais vous dire, véritable Saadi de nos climats : " J’avais dessein de vous rapporter des roses ; mais j’ai été tellement enivrée de leur odeur délicieuse qu’elles ont toutes échappé de mon sein. »

« Si vous saviez quelle détresse cachée vous venez d’adoucir, vous tressailleriez dans votre âme d’une joie divine. Je tremblais quand vous m’avez quittée. Je n’ai pu vous rien dire. Vous étiez aussi très ému, je le crois, et vous deviez l’être, même ignorant l’étendue de la peine que vous veniez secourir. Un pauvre athée n’eût pu résister à cette preuve de l’existence de Dieu. » (Spoelbergh de Lovenjoul, Sainte-Beuve inconnu).

10. Les rumeurs du jardin disent qu’il va pleuvoir (LA JEUNE FILLE ET LE RAMIER).

Sainte-Beuve écrit fort justement du dernier vers (Amants, vous attendez ! de quoi vous plaignez-vous ?) : « Ce dernier vers n’est-il pas un vers oublié de La Fontaine ? » (Causeries du Lundi, XIV).

11. L’eau nous sépare, écoute bien, (L’ENTREVUE AU RUISSEAU).

Cette poésie avait paru dans le Chansonnier des Grâces de 1830 et dans l’Hommage aux Dames de 1833, accompagnée de la musique de Paër.

12. Fontaine, fontaine… (L’IMAGE DANS L’EAU).

13. Pitié de moi ! j’étais l’eau douce (L’EAU DOUCE).

Cette pièce se trouve dans l’Album n° 3 de la Coll. de Douai ; elle porte comme titre : La vie et, comme date : février 1848.

14. Si tu n’as pas perdu cette voix grave et tendre (LA VOIX D’UN AMI).

Le lecteur sait combien Marceline était sensible au timbre de la voix. Cent fois dans sa correspondance et dans ses poèmes elle fait allusion à la voix de Valmore qui était remarquablement belle. La jeune épouse, que la poétesse écrivait en 1820, contient déjà le vers :

Qu’il m’apporte ces mots avec ta voix chérie !

Quand on considère la place que tient la voix de l’amant dans la poésie de Marceline, on est induit à penser que c’est par la beauté de cette voix que la poétesse avait été séduite.

Dans l’Attente, qui fait partie des Élégies de 1825, on rencontre ces vers qui constituent un aveu indiscutable :

« … C’est alors que sa voix adorée
M’éveilla toute entière et m’annonça l’amour. »

Dans le même volume, l’élégie À ma sœur débute par ces mots :

« Que veux-tu ? Je l’aimais. Lui seul savait me plaire.
Ses traits, sa voix, ses vœux lui soumettaient mes vœux… »

Une autre pièce, qui porte encore le titre d’Attente, mais qui figure dans les Pleurs de 1833, contient ces deux vers où se trouve transformé de la façon la plus émouvante, le thème de la voix :

« Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir,
Je tressaille, j’écoute… et j’espère immobile. »

Dans maint autre poème, il est question de cette voix « tendre et voilée » de cette « voix saisissante, éternellement puissante » sur Marceline, de cette « flamme sonore. »

Tous les biographes de Marceline ont cherché à mettre un nom sur cette voix mystérieuse. Selon L. Descaves, c’était celle du docteur Alibert, et l’éminent écrivain cite à ce propos le témoignage de L. Bourdon : « Il professait sans gravité ; mais sa parole avait du charme, et le son de sa voix était enchanteur. » L. Descaves ajoute : « La remarque doit être juste ; car Beaugrand la confirme en disant que, dans sa vieillesse, Alibert avait conservé sa voix fraîche et harmonieuse. » (La vie amoureuse de M. D.-V.).

Pour M. J. Boulenger (Mme D.-V., sa vie et son secret), c’est la voix de H. de Latouche que Marceline célèbre, et cette assertion est appuyée par des citations nombreuses. « Sa voix, écrit M. de Comberousse, était un peu voilée, mais d’autant plus pénétrante » ; et George Sand : « Il avait une voix douce et pénétrante, une prononciation aristocratique et distincte. » « Il avait de la sirène dans la voix, écrit encore Sainte-Beuve » ; Émile Deschamps : « Sa conversation était séduisante comme sa voix » ; et Jules Lefèvre : « Sa voix, la plus caressante et la plus affectueuse… »

Le moment est venu, puisque nous parlons de Latouche, de discuter les opinions que divers valmoriens ont émises à son sujet.

« Si l’on veut absolument que Latouche soit Olivier et qu’Olivier soit Latouche, écrivait M. Lucien Descaves dans la Vie amoureuse de Marceline Desbordes-Valmore (pp. 166-67), il faut admettre que Marceline, dans sa candeur ou son cynisme, n’ait eu rien de plus pressé, une fois mariée, que d’introduire son ancien amant dans son ménage ; et il faut prêter, d’autre part, à Valmore assez de complaisance pour le juger capable, sachant ce qu’il sait certainement, de consentir à l’indigne replâtrage.

« Encore une fois, et c’est la dernière, les deux suppositions me paraissent aussi gratuites l’une que l’autre à l’égard d’un mari et d’une femme dont rien n’entache l’union intime et tendre.

« Car Marceline aima Valmore ; on n’en peut pas douter après avoir lu, imprimées, les lettres qu’elle lui adressa pendant trente-cinq ans et dont la Bibliothèque de Douai est dépositaire. C’est le bréviaire de l’amour conjugal. Comme il y a les religieuses, il y a les épouses de l’Adoration : Marceline en est une. Leurs séparations sont des déchirements ; mais elle en souffrit plus que lui ; car elle n’est pas seulement peuplier, elle est tourterelle, et, pour elle, écrire, c’est encore roucouler. Quand elle rentre brisée de fatigue dans une pauvre chambre d’hôtel, elle ne se couche pas avant de lui avoir raconté sa journée et surtout de s’être mise humblement à ses pieds. C’est un homme inquiet et méconnu qui a toujours besoin de confiance en soi. Elle lui en donne, et sincèrement, d’un cœur et d’une fibre aussi sensibles l’un que l’autre. »

M. Jacques Boulenger écrivait d’autre part (Le secret de Marceline, p. 167) : « Si nous admettons que le jeune homme de Marceline, le père de son premier enfant, c’est Latouche ; il nous faudra admettre du même coup d’autres choses qui sont fâcheuses. »

Dans le Temps du 2 octobre 1925, Paul Souday admettait qu’il y avait eu « deux jeunes hommes de Marceline » : l’un Olivier, qui aurait été Audibert ou le docteur Alibert, et l’autre le « mufle », tant recherché, H. de Latouche.

Quant à nous, nous avons longtemps hésité entre les différentes opinions. Mais après avoir étudié les documents que M. Frédéric Ségu nous a apportés dans son ouvrage considérable sur l’auteur de Fragoletta[3], nous sommes d’avis que le « jeune homme » l’inconnu le père enfin du premier enfant de Marceline, c’est Latouche.

Retraçons donc l’histoire des amours de Marceline et de Latouche, à la lumière des documents que M. Fr. Ségu ajoute à ceux que nous avaient déjà livrés MM. Jacques Boulenger, Lucien Descaves et Bertrand Guégan.

C’est au cours de l’été 1808 que Marceline rencontra chez l’actrice Délia Amoreux celui qui devait être son amant. Marceline, sans ressources et sans emploi, habitait alors chez son oncle Constant, dans l’ancien couvent des Capucines. Hyacinthe de Latouche, son aîné d’un an, était marié et père d’un jeune enfant. Le 25 juin 1810, deux ans après la rencontre chez Délia, naissait à Paris Marie-Eugène, le fils naturel de Marceline. En décembre 1811, nous retrouvons en Normandie, chez une de ses sœurs, la pauvre Marceline que son amant a brutalement quittée.

Au printemps suivant, Latouche, qui a obtenu un congé, abandonne femme et enfants ; il parcourt à pied ou à cheval le Midi de la France, « l’Helvétie entière et cette belle Italie qu’enchantent les rivages des deux mers[4] ».

En décembre 1812, il est de passage à Rome,

Rome, où ses jeunes pas ont erré, belle Rome[5]

Il rentre en France en 1814 et renoue avec Marceline, qui joue à l’Odéon depuis le 29 avril 1813. En 1815, les deux amants rompent d’un commun accord ; puis, en septembre de la même année, Marceline accepte un engagement à Bruxelles, au théâtre de la Monnaie. Elle a emmené son fils Marie-Eugène en Belgique ; mais celui-ci, de santé fort délicate, meurt le 10 avril 1816, à l’âge de cinq ans et demi. Le 4 septembre de l’année suivante, Marceline épousait à Bruxelles, l’acteur Lanchantin, dit Valmore, plus jeune qu’elle de sept ans. Une fille lui naquit, qui mourut en nourrice à l’âge d’un mois seulement. Puis les deux époux rentrèrent à Paris vers la fin de l’été 1818.

Le 5 octobre, Latouche écrivait à Marceline comme à une femme qu’on n’a jamais rencontrée : il irait lui présenter ses devoirs chez elle. Marceline, jouant la comédie, lui répondit en termes cérémonieux… et caressants. Les relations étaient renouées.

Quand parut le livre de M. Frédéric Ségu, les valmoriens crièrent au blasphème. Nourris des protestations d’amour dont Marceline n’a cessé d’accabler son mari, ils ne pouvaient croire à la duplicité de la poétesse.

En effet il est encore assez difficile de croire que l’affection extraordinaire qu’elle témoignait à son mari n’ait pas été sincère. Il n’est pas moins difficile d’expliquer que le mari n’ait pas su qui était le père de Marie-Eugène, ni qu’il ne se soit jamais aperçu de rien ; car les relations de Latouche et de Marceline furent traversées d’incidents orageux et bizarres, dont leurs familiers ne furent pas sans percevoir les échos. « Le grand amour de la poétesse lui remonta du cœur dans la tête et n’en délogea plus », avait écrit M. Lucien Descaves après avoir montré combien Marceline aimait son mari. « Ce n’est pas un homme, c’est un souvenir qu’elle aima » après son mariage, avait affirmé M. Jacques Boulenger. Mais M. Fr. Ségu, à qui nous devons la révélation de pièces capitales, a fait précéder des lignes que l’on va lire la pénible histoire des amours de Marceline : « Marceline Desbordes a connu les joies et les troubles de la passion coupable. Tout était déchaîné autour d’elle, plaidera-t-on ; plus de règles, plus de frein ; sa vie même n’explique-t-elle pas ses fautes en partie ? Qu’on l’aime donc parce qu’elle a beaucoup péché, mais qu’on permette au nom de la morale de dénoncer et de condamner les tristes entraînements de ces amours romantiques. » (op. cit. p. 26).

Latouche fait de son mieux pour que Marceline oublie les torts qu’il a envers elle. Comme nous l’avons déjà dit, il corrige les vers de son amie, il traite avec le libraire Louis au sujet de la 2e édition des Poésies de Marceline (1820) ; il publie même dans la Minerve littéraire une pièce de vers sur la mort de Marie-Eugène qui avait fait nier, et pour cause, que Latouche fût le père de cet enfant tant pleuré. C’est sans doute à cette époque que Marceline écrivit les strophes révélatrices de l’Étonnement, qui parurent dans le Chansonnier des Grâces de 1831, puis dans les Pleurs de 1833, et dont l’épigraphe, signée du pasteur Ancillon, n’est pas moins éloquente : « Amour ! tu es le seul bonheur de la vie ; et cependant tu es le bonheur sans repos ! »

Mais voici l’Étonnement :

D’où sait-il que je l’aime encore ?
Je ne le dis pas… je l’ignore,
Je ne descends plus dans mon cœur,
Je crains d’y rapprendre un malheur.
Et de l’absence que j’abhorre
Lui qui prolongea la froideur,
D’où sait-il que je l’aime encore ?
Que sa mémoire me fait peur !
Il dit que l’amour sait attendre,
Et deux cours mariés s’entendre l
Et ce lien défait par lui,
Il vient le reprendre aujourd’hui.
Il dit nous comme à l’aube tendre
D’un jour heureux qui n’a pas lui :
Il dit que l’amour sait attendre :
J’écoutais… et je n’ai pas fui I
Je n’ai trouvé rien à répondre ;
Dans sa voix qui sait me confondre
Le passé vient de retentir,
Et ma voix ne pouvait sortir.
J’ai senti mon âme se fondre ;
Tout près d'un nouveau repentir,
Je n’ai trouvé rien à répondre ;
Non ! je n’ai pas osé mentir !
Dieu ! sera-t-il encor mon maître ?
Sa tristesse dit qu’il veut l’être ;
Sans cris, sans pleurs, sans vains débats,
Comme il veut ce qu’il veut tout bas.
Oui ! je viens de le reconnaître,
Rêveur, attaché sur mes pas.
Dieu ! sera-t-il encor mon maître ?
Mais, absent, ne l’était-il pas ?

Ce dernier vers est-il assez décourageant pour tous ceux qui pensent que, dès son mariage, Marceline aima Valmore d’un amour sincère ?

Dans la deuxième quinzaine de mars 1821, Marceline rejoignait son mari à Lyon, où tous deux étaient engagés au Grand-Théâtre. Le 2 novembre suivant naissait Ondine, à laquelle Marceline Valmore donnait le prénom bizarre d’Hyacinthe, qui était le prénom de Latouche.

Des brouilles passagères surviennent entre les deux amants, qui ne se voient qu’à de rares intervalles ; car Marceline partage la vie errante de son mari.

Après avoir quitté Lyon, elle séjourne à Bordeaux, à Lyon, puis à Rouen. En février 1823, Marceline prie Madame Sophie Gay de redemander le portrait qu’elle a imprudemment offert à Latouche. Cependant le « Loup de la Vallée » mettait ses relations au service de son amie. En 1825, il fait des démarches auprès de Mme Récamier pour qu’elle obtienne du duc de Montmorency qu’il abandonne à Marceline sa pension d’académicien. C’est sur les conseils de la belle Egérie, sollicitée à nouveau par Latouche, que le duc commandera trois portraits au pauvre oncle Constant, dans le cours de l’année 1828. Latouche fait paraître des vers de Marceline dans le Mercure du XIXe siècle (1825-1826), dans la Psyché ; il en recueille et en choisit d’autres pour le libraire Ladvocat. « Une fois en ma vie, mais pas longtemps, écrira Marceline au poète Antoine de Latour qui lui avait demandé des renseignements biographiques (1836), un homme d’un talent immense m’a un peu aimée jusque-là de me signaler, dans les vers que je commençais à rassembler, des incorrections et des hardiesses dont je ne me doutais pas. Mais cette affection clairvoyante et courageuse n’a fait que traverser ma vie, envolée de côté et d’autre. »

En 1827, Marceline dédie à Latouche le Bouquet sous la Croix[6] qui paraît dans les Annales romantiques. En 1833, Marceline, revenue à Paris pour faire engager Valmore aux Français, publie son recueil des Pleurs qui contient huit épigraphes de Latouche, et l’Atelier d’un peintre, qui n’est qu’une transposition de sa propre histoire : l’héroïne est délaissée pour une coquette, que son amant poursuit jusqu’en Italie. Ce Yorick, ce « loup » qu’elle aime, lit avec passion les Poésies d’André Chénier, dont précisément Latouche avait donné la prenière édition.

Latouche ne cesse d’obliger son amie, de solliciter pour elle ministres et directeurs. Pas un jour il ne l’oublie, tandis que ses devoirs d’épouse retiennent Marceline auprès du lamentable comédien qu’aucun théâtre n’adopte. Au mois de juillet 1838, les Valmore sont à Milan, où les a appelés un impresario sans argent et sans scrupules. Marceline y écrit, un jour, le Billet de femme[7] que nous allons citer d’après un Carnet autographe de Marceline (Collection Lucien Descaves) :

Puisque c’est toi qui viens serrer encore
Notre lien.
Puisque c’est toi dont le regret m’implore,
Écoute bien :
Les longs serments, rêves trempés de charmes,
Écrits et lus,
Comme Dieu veut qu’ils soient payés de larmes,
N’en écris plus.

Nos jours lointains, glissés purs et suaves.
Comme des fleurs,
Nos jours blessés par l’anneau des esclaves
Pesants de pleurs,
De ces tableaux dont la raison soupire
Ôtons nos yeux,
Comme l’enfant qui s’oublie et respire,
La vue aux cieux.

Comme la plaine après l’ombre ou l’orage
Rit au soleil,
Séchons nos pleurs et reprenons courage,
Le front vermeil.
Ta voix, c’est vrai, se lève encore chérie
Sur mon chemin.
Mais ne dis plus : « à toujours », je t’en prie,
Dis : « à demain ».

Si c’est ainsi qu’une seconde vie
Peut se rouvrir,
Pour s’écouler sous une autre asservie[8],
Sans trop souffrir ;
Par ce billet, parole de mon âme,
Qui va vers toi,
Sans bruit, ce soir où t’espère une femme,
Viens et prends-moi !

Vers la fin d’avril 1839, Marceline confia Ondine et Inès à Latouche, qui les garda une dizaine de jours dans la maison qu’il habitait à Aulnay. Mais une brouille des plus graves survint entre les deux amants à propos de Louise Ségaut, une maîtresse de Latouche dont Marceline, sans doute, était jalouse ; à propos aussi d’Ondine que Latouche voulait enlever. On croyait — et Marceline laissait croire — que cet homme de 54 ans éprouvait une sombre passion pour cette enfant qui n’avait pas encore atteint sa dix-huitième année. Sainte-Beuve, mêlé à cette affaire, estimait particulièrement « odieux » cet amour, lui qui était au courant de bien des choses — mais pas de toutes — et qui écrivait aux Olivier, le 15 juillet de l’année précédente : « Savez-vous que les belles élégies brûlantes de Mme Valmore sont pour Latouche, le loup de la vallée, dont elle ne s’est pas encore réveillée, dit Guttinguer. » Ici se place une correspondance des plus étranges entre Marceline et son mari ; et l’on doit admettre qu’il était vraiment peu perspicace, cet homme si jaloux, pour n’avoir pas lu entre les lignes très embarrassées qu’il avait à lire presque tous les jours. En réalité, si Latouche aimait Ondine, c’était d’un amour pur, et il en avait le droit, car il était son père.

M. Ségu a retrouvé, en effet, dans la collection de Martigné une lettre inédite de Latouche à Charles Duvernet, datée du 20 août 1839 et qui porte le cachet d’Antony :

« … Je suis profondément triste, écrit Latouche, pour croire que la vie vaille à présent la peine d’un mouvement, d’un soin. Je craindrais de vous accabler de ma seule présence. Tout s’en va pour moi dans l’existence. Depuis que je ne t’ai vu, j’ai perdu une espérance encore. Je voulais vivre de la vie d’un autre et me faire un avenir de l’avenir d’un être charmant : la destinée ne l’a pas voulu. Tu penses bien qu’il ne s’agissait pas d’une femme, mais d’un enfant. Je le crois mien ; je voulais m’emparer de son sort. La mère est ingrate et jalouse ; elle l’emmène à cent lieues de moi ! Je ne sais plus que croire et demander à Dieu, en me couchant, si ce n’est de ne m’éveiller pas demain… »

Ainsi Latouche n’est pas seulement le « jeune homme » dont nous cherchions le nom ; il a été l’amant de Marceline après son mariage.

Et maintenant relisons quelques lignes d’une lettre que Marceline écrivait à son mari, huit mois avant la naissance d’Ondine : « Ah ! mon cher Prosper, que je m’ennuie sans toi ! En te quittant (Valmore venait de partir pour Lyon), je suis rentrée tristement à la maison. Qu’elle est grande et silencieuse ! Je me suis couchée, comme un petit loup, dans notre lit : c’était comme un désert. J’ai pensé à toi, à ta fatigue et j’étais aussi fatiguée… Cher Prosper, pense à moi. Tu m’occupes, je crois, plus que si j’étais à ton côté ! Je n’ai pu résister au besoin de t’écrire quelques lignes pour tromper mon impatience. En as-tu un peu de me revoir ? Il me semble que oui, si je juge ton cœur par le mien : la certitude de la tendresse est le seul bien que j’aie au milieu de toutes nos petites infortunes. Je t’embrasse de cœur et d’âme, et te prie de m’attendre toi-même : tu feras faire du feu. Adieu, mon ami, mon cher ami, au revoir ! Encore un peu, j’étais à la diligence hier pour tâcher de partir le 20, mais la bonne Jeuclié m’a empêchée. Ah ! c’est que je m’ennuie. Aime ta Line et ton amie. »

Comprenne qui pourra ! Mais c’est à cause de cette lettre et de mille autres qu’on a eu tant de peine à se laisser convaincre par M. Ségu !

Latouche ne veut pas accepter sa défaite. Il correspond avec le mari, s’efforce de le convaincre qu’il n’est pas de meilleur ami que lui ; il rôde autour d’Ondine, soudoie des gens pour l’enlever, enfin il se livre à cent manifestations déraisonnables. Au mois de février 1840, il rend à Valmore le portrait peint par l’oncle Constant que Marceline lui avait donné, mais après y avoir collé une lettre pour « attester sa coopération à la pension refusée, et qui fait rougir pour lui » (telles sont les propres expressions de Marceline dans une lettre à son mari).

Latouche habite maintenant avec Pauline de Flaugergues. Le 19 septembre 1840, Marceline, qui s’est installée au 345 de la rue Saint-Honoré près de l’ancienne maison de son amant, écrit à Prosper Valmore : « Ne conçois pas la plus légère crainte sur l’avenir avec L… Je n’irai jamais la première, d’abord parce que tu ne le veux pas, et parce que je ne le veux pas moi-même et que je ne dois pas le vouloir. » Nous laisserons le lecteur commenter à sa guise les mots que nous avons soulignés.

L’année suivante, Hyacinthe Valmore signait « Ondine ». Latouche avait cessé toutes relations avec le ménage Valmore.

Le 7 mars 1851, Sainte-Beuve mandait à Marceline : « Il est mort, ces jours-ci, un de vos anciens amis sur qui je voudrais écrire avec impartialité et justice », et il la priait de lui envoyer « un jugement senti sur ce brillant, coquet et inquiet esprit » qu’était Latouche.

Onze jours après, Marceline lui adressait cette lettre émouvante :

« 18 Mars 1851. — Un grand accablement m’a empêchée de vous répondre. Pardonnez-moi, je l’ai essayé plusieurs fois ; mais dans quel coin de mon sort laborieux trouver de la solitude pour me recueillir ?

« Pensez, cette fois, que c’est presque sur une tombe qu’il faut demander un peu d’ordre à mon esprit abattu. Comment oserais-je, de là, juger celui d’un autre ? Quel jugement peut-on écrire avec des larmes dans les yeux ?

« Oui, vous avez raison, ce serait par éclair, à mon insu, que vous saisiriez les impressions gardées dans ma mémoire, la mémoire comprimée de cet esprit incompréhensible qui vous occupe. Mais nous ne nous voyons pas. Comment faire ? Votre voix me ranimerait et je trouverais des paroles pour vous répondre. Ici, je suis trop en moi-même. C’est vraiment un triste asile, et je ne voudrais pas mêler un mot de tristesse personnelle à ma lettre. Mais je suis frappée à terre par tant de pertes irréparables ! Ces cris sourds m’atteignent de partout comme une terrible électricité, et je sens bien que personne ne me tient compte de ce dernier coup de foudre — que Dieu peut-être, qui sait tout, qui plaint tout ! J’étais déjà en deuil, et à peine ai-je soulevé le voile, qu’il faut le rabattre sur mon âme, et je n’en peux plus !

« D’ailleurs, je n’ai pas défini, je n’ai pas deviné cette énigme obscure et brillante. J’en ai subi l’éblouissement et la crainte. C’était tantôt sombre comme un feu de forge dans une forêt, tantôt léger, clair, comme une fête d’enfant ; un mot d’innocence, une candeur, qu’il adorait, faisait éclater en lui le rire franc d’une joie retrouvée, d’un espoir rendu. La reconnaissance alors se peignait si vive dans ce regard-là, que toute idée de peur quittait les timides. C’était le bon esprit qui revivait dans son cœur tourmenté, bien défiant, je crois, bien avide de perfection humaine, à laquelle il voulait croire encore.

« Il semblait souvent gêné de vivre, et quand il se dégoûtait de l’illusion, quelle amertume revenait s’étendre sur cette fête passagère !… Admirer était, je crois, le besoin le plus passionné de sa nature malade, car il était bien malade souvent, et bien malheureux Non, ce n’était pas un méchant, mais un malade, car l’apparition seule d’un défaut dans ses idoles le jetait dans un profond désespoir, ce n’est pas trop dire. Il en avait un quand nous l’avons connu. Jamais il n’en parlait ouvertement dans nos entretiens, qu’il cherchait sans doute pour distraire un passé plein d’orages. Quelle organisation fut jamais plus mystérieuse que la sienne ? Pourtant, à force de charme, de douceur sincère, mon oncle, qu’il aimait tout à fait, mon oncle, d’un caractère droit, pittoresque et religieux, le jugeait simple, candide, affectueux. Il l’a été ! Il l’a été ! Et heureux, et soulagé aussi de pouvoir l’être par cette affection toute unie !

« On l’a cru jaloux, littérairement parlant. Il ne l’a jamais été. Mais injuste, prévenu, oh ! oui. Sa colère et son dédain étaient si grands, quand il se détrompait d’un talent, d’une vertu, d’une beauté dont la découverte et la croyance l’avaient rempli de joie ! Après, quelle ironie contre sa propre simplicité ! Comme il se déchirait d’avoir été volé, disait-il, par lui-même ! Il souffrait beaucoup ; croyez-le et ne l’oubliez jamais. Il s’attendrissait d’une fleur et la saluait d’un respect pieux. Puis, il s’irritait d’oublier qu’elle est périssable. Il levait les épaules et la jetais dans le feu. C’est vrai.

« La politique ardente n’a-t-elle pas beaucoup aigri l’aménité native mêlée à son énergie ? Je l’ai souvent pensé. Un désintéressement incorruptible, qui lui eût fait supporter la misère sans une plainte, l’a rendu sans pitié pour les faiblesses de l’ambition, ou l’indolence qu’il appelait crime dans le sentiment patriotique. Le secret de ses grandes solitudes est peut-être là.

« La patience minutieuse au travail était portée chez lui à un excès fatal à sa santé, comme à ses succès. Il s’y clouait en martyr. On eût dit alors (je le sais par d’autres que moi) que son cœur et sa tête s’emplissaient par degrés de fumée, et qu’elle étouffait quelquefois l’élan, l’abandon, le fluide, l’inspiration, que c’était alors comme une lampe qui n’a pas d’air. Si je dis mal ce qu’il me semble, vous devinerez le dessous. Ce n’est pas de faire de la critique, mon Dieu ! Mais c’est plaindre son malheur et sa torture !

« Son enthousiasme pour la littérature allemande et pour la transformation de la nôtre l’a beaucoup subjugué. Depuis j’ai osé m’étonner que sa poésie, bien qu’élégante, mais cérémonieuse peut-être, se fût à peine dégagée de l’esclavage dont il avait horreur, comme le prouvaient ses transports d’admiration pour les hardiesses cavalières de M. de Musset et les nouveautés de vous tous, qui le ravissaient d’espérance !

« Depuis lors, je n’ai plus rien su de distinct, ni pu regarder de près ce génie, devenu si amer. C’est par échos lointains, rares, tristes aussi, qu’il nous cherchait. Son livre de Clément XIV nous a rappelé ses entretiens les plus charmants avec mon oncle, qui l’excitait ; Fragoletta m’a rempli d’étonnement et de terreur ; Grangeneuve nous a ramenés depuis à nos instincts de le plaindre et d’espérer pour lui. Depuis, peut-être à force de contenir son imagination et sa parole écrite, il en a trahi la liberté et l’éclat. Ses derniers livres, je n’ai pas osé les lire !… Je vous le redis, peut-être inutilement ; mais son esprit parlé était plus irrésistible quand il se croyait bien écouté et bien compris, et qu’il respirait de sa maladie noire. Seul, il songeait trop au public, qui juge à froid, juge formidable et sans appel ! La flamme souffrait alors d’une rêverie trop longue. L’épouvante du ridicule paralysait l’audace qu’il applaudissait dans les autres. Il n’était pas homme à subir les humiliations de la terre, et il ne courait plus par l’effroi de tomber !… Pour lui, plutôt périr immobile que d’exciter le rire en s’aventurant, ce rire qu’il n’épargnait pas toujours, dont il se repentait souvent ! Ne le croyez-vous pas aussi ? N’avez-vous pas bien judicieusement observé qu’il est loin d’avoir fait le mal qu’il pouvait faire ? C’est d’une justice et d’une charité profondes ce que vous dites là.

« Quel immense empire n’a-t-il pas dû obtenir sur ses colères ! Quelle grandeur silencieuse de ne s’être pas vengé, lui dont l’orgueil brûlant s’est cru tant de fois si mortellement offensé, car le craindre, c’est l’insulter ! Il faut trouver dans ce courage qu’il a eu, muet et solitaire, de quoi racheter toutes les larmes qu’il a fait couler. Vous le pensez, n’est-ce pas ? Oh ! pensez-le, dites-le, comme vous savez tout dire, pour être équitable, car il y a des choses qui sont entendues entre ciel et terre, et qui peuvent consoler partout !

« Décidez si cette âme ombrageuse n’a pas limité elle-même son essor, si les souffrances du corps n’ont pas obscurci cette gloire qui s’annonçait si haute !

« Voilà tout ce qu’entre vous et moi je puis formuler de ma pensée… En quoi peut-elle aider la vôtre ? Du moins, dans ce monde et partout, c’est ainsi que je vous la dirai toujours, parce que je crois en vous, à votre indulgente amitié pour mienne, et pour l’obscurité de ma raison.

Marceline Desbordes-Valmore. »

15. Un ami me parlait et me regardait vivre (L’AMI D’ENFANCE).

16. Il a parlé. Prévoyante ou légère (TROP TARD).

La même poésie a paru avec de la musique de Pauline Duchambge, sous le titre : Ne m’aime pas ; le texte en est très remanié.

17. Attends, nous allons dire adieu (DERNIÈRE ENTREVUE).

18. Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage (L’ESCLAVE ET L’OISEAU).

19. Un danger circule à l’ombre (DANS L’ÉTÉ).

20. Pauvre enfant, dans un jour d’effroi (L’ENFANT TRISTE).

21. Fierté, pardonne-moi (***)

22. Qui me consolera ? — Moi seule, a dit l’étude (LE SECRET PERDU).

23. Il est de longs soupirs qui traversent les âges (AU LIVRE DE LEOPARDI).

24. Tu m’as connue au temps des roses (SIMPLE HISTOIRE).

25. Légère, on la portait ! c’était comme une fête (LA JEUNE COMÉDIENNE. À Fontenay-les-Roses).

Cette poésie se retrouve dans l’Album n° 3 (Coll. de Douai), sous le titre, raturé d’ailleurs par Mme D.-V. : « La jeune comédienne Laurence, la chanteuse à Fontenay-aux-Roses. »

26. Si ta vie obscure et charmée (CROIS-MOI).

Cette poésie avait été publiée avec de la musique de Bézard.

27. Quand vous suiviez ma trace (POURQUOI !) En 1844, Marceline avait envoyé cette pièce à Boitel, directeur de la Revue du Lyonnais. Ces vers avaient alors pour titre : Quand j’avais quinze ans. La poétesse accompagna soon envoi d’une lettre à son vieil ami, d’où nous extrayons un passage relatif à cette poésie :

« Je n’ai que le temps de vous dire au revoir, et de fermer ce paquet où j’oubliais de vous dire que je renferme quelques vers si peu dignes d’entrer où loge l’âme de M. de Laprade. Mais qu’est-ce que cela fait ? Un peu d’ombre va bien dans un tableau. » (À Boitel, 7 février 1844. Dossier Mariéton).

28. De l’ardente cigale (CIGALE).

29. Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes (***).

Famille

30. Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe (LE NID SOLITAIRE).

Cette pièce est contenue dans l’Album n° 4 (coll. de Douai), sous le titre : Le nid (AUX JOURS D’ORIENT). Elle avait été imprimée en 1851, dans le Musée des Familles.

31. Le soleil brûlait l’ombre, et la terre altérée (SOIR D’ÉTÉ).

32. Entrez mes souvenirs, ouvrez ma solitude (LOIN DU MONDE).

33. J’appris à chanter en allant à l’école (LA FILEUSE ET L’ENFANT).

Cette pièce a été reprise en 1868 dans les Poésies de l’Enfance.

34. Oui, j’avais des trésors… j’en ai plein ma mémoire (UN RUISSEAU DE LA SCARPE).

35. Dans l’enclos d’un jardin gardé par l’innocence (UNE RUELLE DE FLANDRE. À Mme DESLOGES, née Leurs).

Adèle Desloges avait écrit plusieurs recueils de vers. Marceline parle d’elle dans une lettre adressée à son frère Félix :

« Un aimable hasard m’a fait rencontrer l’ancien ami de notre bon père, qui m’en a parlé avec une effusion de mémoire et d’attachement qui m’a beaucoup émue. Tu t’en ressouviendras. Monsieur Leurs ou de Leurs, dont nous regardions le jardin en allant chercher du lait par la ruelle qui conduit au Barley. Son grand âge ne paraît pas, et je t’assure qu’on voit encore qu’il a dû s’appeler le Beau de Leurs. Sa fille, Mme Desloges, est une femme très douce et très distinguée dans les lettres. Lui était le bon ami de l’excellent Monsieur Martin du Nord » (8 octobre 1849. Collection de la Bibliothèque de Douai).

36. Je n’ai vu qu’un regard de cette belle morte (À ROUEN, RUE ANCRIÈRE).

Cette poésie fut écrite vraisemblablement après une visite que Marceline fit à Rouen en 1850 ; elle voulait revoir sa sœur Eugénie mourante.

Ses sœurs et son frère se débattaient, comme elle, à cette époque, dans une misère lamentable. Voici quelques extraits de lettres adressées à Félix, malade et découragé, à l’hospice de Douai, où il mourut le 26 mai 1851 :

« … Mais les anxiétés poignantes de nos misères actuelles, celles d’Eugénie et de Cécile, me font quelquefois acquiescer, en soupirant, à te savoir si humblement abrité devant notre maison paternelle. Elle a été aussi souvent bien orageuse et bien battue à tous les vents d’épreuve. N’oublie jamais de la saluer de ma part, et de me rappeler au souvenir de ma grand’mère, de notre bon père et de ma chère et gracieuse maman, poussée au loin dans un si grand naufrage. Cher Félix ! c’est triste et beau de se ressouvenir ! C’est véritablement aimer et espérer aussi ! » (8 août 1847, Collection de Douai).

« … Les nouvelles que je reçois de nos chères sœurs sont fort déchirantes sur leur position. Drapier est sans aucun travail. Richard n’en a plus du tout. Les voilà dix à manger tous les jours sans gagner l’eau du ciel. Tous ces détails te navreraient inutilement le cœur » (21 mai 1848).

Enfin, en 1850, elle écrit à Hippolyte, du chevet de sa sœur Eugénie :

« … Je ne peux me résoudre à te peindre la tristesse de ce lit auprès duquel je t’écris ; tu ne le devines que trop. N’as-tu pas vu, pour t’en ressouvenir toujours ? Assez donc sur ta pauvre marraine. Le mouvement de la maison, l’habitude des autres de la voir languir, quelques courses extérieures et le contentement sérieux d’être venue où je devais venir me soutien- nent au milieu de tant d’émotions doloureuses. Je suis plus convaincue que jamais qu’il y a une étrange correspondance du ciel à la terre, et beaucoup de soutiens invisibles qui nous empêchent de tomber dans nos devoirs les plus difficiles. » (Rouen, 29 août 1850).

Revenue à Paris après l’enterrement d’Eugénie, elle écrit à son ami Frédéric Lepeytre : « Allez Frédéric, je vous aime bien pour vous répondre et soulever le poids terrible que je rapporte d’un voyage où j’ai été recevoir les derniers embrassements d’une sœur adorée, part vive de moi-même toujours absente. Mon ami, quel tremblement convulsif dans mon existence, et que j’ai posé tristement votre lettre sur mon front alourdi de telles larmes ! J’ai bien peur de vivre au prix de tels coups. Les paroles fuient, et tant mieux ! Je ne voudrais pas prolonger un récit qui certainement vous afflige et ne vous rappelle que trop vos calvaires, à vous… » (12 sept. 1850. Lettre publiée par Hippolyte Valmore).

37. Vieux puits emmantelé de mousse et de gazon (LE PUITS DE NOTRE-DAME, À DOUAI).

Cette pièce, qui a été réimprimée en 1868 dans les Poésies de l’Enfance, a été écrite pour Ondine « qui avait voulu voir le pays de sa mère. » Ondine passa deux mois à Douai, chez Mme Saudeur, pour se remettre des fatigues de l’étude. « M. Liré (le docteur) que j’ai vu, écrit Marceline à sa fille, veut lui-même que tu ne fasses rien du tout en ce moment. Sa nièce est très bien rétablie d’avoir suivi ce régime. Elle s’était comme toi brûlé le sang et le cerveau par excès d’étude… Ton organisation est la mienne, chère image ! et tu as bien plus appris que moi. De là vient le trouble un peu fréquent de ta santé, et mon ressentiment involontaire contre l’excès de ton amour pour le travail. Je t’aime tant, Line ! et j’ai la conviction si profonde que tu as tout en toi sans les tortures extrêmes du travail, que ce que je désire le plus au monde, c’est de te voir souvent danser, manger, dormir et courir, afin de rétablir l’harmonie du ciel et de la terre… » (28 juin 1840).

Pour la remercier de fleurs qu’Ondine lui avait adressées de Douai, Marceline écrit à sa fille cette lettre charmante : « Amour tendre de ta mère, chère cueilleuse d’herbe et de fleurs, tout est arrivé embaumé et frais. Une petite mouche douaisienne s’est envolée de la chambre, en s’échappant de la caisse, et un rémichon m’a saluée de la part de ma grand’mère. Je t’embrasse étroitement et me hâte de remettre ce peu de lignes à Jules, qui a fait avec nous le dîner le plus salé du royaume. Il est conservé pour dix ans contre la peste.

« Je t’aime, petite méchante.

« Oui ! j’ai vu M. Duhem, il me plaît. Nous avons recueilli ensemble toutes les fleurs du rempart. Figure-toi son étonnement en me trouvant une figure grosse et rouge comme un melon cuit au vin. J’étais et je suis encore affreuse. Mais je vous aime tant ! » (Lettre sans date, publiée par B. Rivière).

38. C’est là que j’ai vu Rose Dassonville (LA ROSE FLAMANDE). Voir la note sur La guirlande de Rose-Marie. (cf. Poésies de 1825, n° 17).

39. Beau fantôme de l’innocence (L’INNOCENCE).

40. Toi qui ris de nos cœurs prompts à déchirer (LAISSE NOUS PLEURER).

41. L’orage avait grondé, ma tête était brûlante (À MA SŒUR CÉCILE).

Voir la note sur la pièce Jours d’été (livre… nᵒ…) où il est question de cette sœur.

42. Un soir, l’être éclairait notre maison (À MON FILS, AVANT LE COLLÈGE).

Cette pièce a été reprise dans les Poésies de l’Enfance, 1868. Dans le troisième vers (Ton aïeul tout rêveur te prit sur tes genoux) Marceline fait allusion à son beau-père, vieux comédien qui vivait avec eux ; le père de Valmore mourut au mois d’août 1833.

La vie errante, que les Valmore étaient obligés de mener, rendit très difficile l’instruction des enfants ; grâce au docteur Pierquin de Gembloux, le dernier amant de Caroline Branchu, Hippolyte avait été reçu en 1832 au pensionnat Froussard à Grenoble.

Nous reproduirons ici quelques passages de lettres que Marceline envoya à Froussard pendant et après le voyage à Grenoble :

Paris, 8 novembre 1832.

« Je me hâte vers vous, Monsieur, autant que le permettent mes forces, et l’inflexible qui m’arrête en chemin, pendant quelques jours — je parle de la saison. — Il tombe de la neige ; mais après un peu de repos, je reprends mon voyage et je remets mon fils entre vos bras !

« Monsieur et Mme Silvain Blot, qui retournent à Lyon dans quelques jours, ont insisté avec toute la chaleur de l’amitié pour se charger d’Hippolyte, et me renvoyer à Rouen ; mais mon cœur s’est retourné à l’idée de ne pas accompagner mon enfant. C’est impossible ! J’ai besoin de vous le remettre à vous-même, Monsieur ! Vous me donnerez la force de m’en séparer ; je n’aurai ce courage qu’après avoir rempli toute ma mission.

Lyon, 26 novembre 1832.

« Au moment de quitter Lyon, où je suis arrivée silencieuse et triste, je me retourne vers vous et je vous tends les bras, comme si je vous quittais encore. Il me semble que mon fils est maintenant si près de votre cœur, que je ne vois plus l’un sans voir l’autre. Monsieur, entendez-moi ! Sans le secours de vaines paroles, trop faibles pour une âme que vous avez mieux vue, je crois, à travers quelques regards, où elle vous parlait de mon cher enfant.

Rouen, 18 décembre 1832.

« … Mais rien ne tient lieu d’un fils absent, et mon retour a été d’une mélancolie profonde. Repasser seule partout où il s’agitait autour de moi… Je ne peux pas vous dire ! Je n’ai pu prendre de nourriture sur cette route déserte pour moi, et je ne me suis soutenue qu’avec du café au lait ; pourtant ma santé n’est pas altérée. Pardonnez-moi d’espérer que vous n’y êtes pas indifférent. »

43. Dire qu’il faut ainsi se déchirer soi-même (À MON FILS, APRÈS L’AVOIR CONDUIT AU COLLÈGE).

Cette pièce se retrouve dans les Poésies de l’enfance (1868).

44. Ô champs paternels hérissés de charmilles (RÊVE INTEMITTENT D’UNE NUIT TRISTE).

Cette pièce figure dans l’Album N° 3 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est datée : novembre 1846.

Inès, née à Bordeaux en 1825, avait toujours été très fragile, et souvent très malade. Son état empira en 1844 et l’on peut dire qu’elle agonisa pendant près de deux ans. Marceline, désespérée, relate les progrès de la maladie dans de nombreuses lettres adressées à son mari et à ses amis. En voici quelques passages particulièrement navrants :

18 octobre 1844 (à Prosper Valmore).

« La santé de ma chère Inès me fait devenir folle de douleur par les crises imprévues que sa croissance lui cause. Elle a eu des évanouissements fréquents qui nous ont causé beaucoup d’effroi ; car je n’avais jamais vu ces absences apparentes de la vie. Juge, dans un être si étroitement uni au vôtre ! Le médecin a beau jurer qu’il n’y a pas de’danger réel dans cette lutte, je n’en suis pas moins consternée et malheureuse.

« … Comment as-tu subi les jours glacés qui viennent de nous geler ici ? As-tu trouvé moyen de t’en garantir, même en faisant du feu ? Nous, nous n’en pouvions faire à cause de la fumée, sans ouvrir les portes et les fenêtres. »

28 décembre 1844 (à Caroline Branchu).

« Ma chère Inès me jette dans des anxiétés que je n’ai pas besoin de te décrire. Voir souffrir son enfant, c’est plus que souffrir ! Quel cœur de femme saura mieux me comprendre que le tien, ma vraie sœur en tout ! »

15 mai 1845 (à la même).

« Inès ressent les mêmes tortures dans l’estomac, siège de sa maladie. Tu m’en demandes le nom, ma bonne Caroline : on la nomme une gastralgie. L’irritation s’est déplacée, en effet, pour descendre dans les entrailles, et enfin elle avait paru diminuer. Mais le temps affreux qui ramène presque l’hiver a ramené aussi chez ma pauvre enfant les atroces souffrances, dont elle avait respiré un peu durant quelques jours (sic). Elle ne prend qu’à peine des aliments pour les rejeter aussitôt. Quelle vie pour une jeune fille ! Toujours au lit et dans les larmes ! car le caractère de cette maladie est une profonde tristesse. (Originaux à la Bibliothèque de Douai).

Inès mourut quelques jours après que sa mère eut composé cette poésie. Hippolyte a raconté, dans une notice de l’édition Lemerre, dans quelles conditions Marceline l’avait écrite :

« Une nuit entre autres, vers la fin de l’année 1846, après avoir veillé quatorze nuits sa fille Inès qui se mourait, la nature succomba. Jetée toute vêtue sur un lit improvisé, elle attendait le sommeil qui vint, mais sans chasser la fièvre. Un songe enleva bientôt son esprit loin de la réalité cruelle. Ondine, sa fille aînée, Ondine rieuse et dansante apparaît au milieu d’un frais paysage de Flandre. La blonde enfant, toute de grâce, de vie et d’imprévu, apporte une trêve aux angoisses de sa mère. Des vers d’une mesure insolite se forment comme d’eux-mêmes en cet esprit qui veille dans le corps endormi et reproduisent, en la précisant, la création du rêve. La volonté n’est certes là pour rien. Si le poète avait eu conscience de ce qui se passait autour de lui sous l’empire des tortures éprouvées, il n’eût pas écrit, ou bien il eût cherché à donner la mesure et la rime aux tristes pensées, aux effrois qui secouaient si brutalement son cœur ; il eût raconté ses tourments, peut-être consigné dans ses vers le désespoir de la jeune victime qui criait : « Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir ! » Mais n’est-il pas à croire que dans ce moment de prostration complète, la pauvre femme ne s’appartenait pas et n’était plus là qu’un instrument ? Qui donc touchait les cordes de cette harpe humaine ? Et ce n’est pas la seule circonstance de sa vie ou ce phénomène se soit présenté, mais c’est assurément la plus frappante. »

Quelques mois plus tard, Marceline écrira ces lignes douloureuses à son frère Félix :

15 juin 1847.

« … Mais si notre bon père et maman peuvent voir d’où ils sont ce que souffrent leurs enfants, je les plains, nous aimant toujours comme ils nous ont aimés ! Ce sont là des idées bien tristes ! Bien consolantes aussi pourtant ! Car le plus douloureux de toutes serait de penser que nous ne sommes plus rien pour ceux que nous pleurons toujours !

« Du reste, mon bon frère, il ne m’est pas permis d’appuyer sur les pensées profondes qui m’oppressent le cœur. Je n’ai pas assez de force, renversée comme je le suis sous les coups dont la Providence m’a frappée. Ma mémoire n’est encore qu’une torture pareille au supplice des criminels. Que la pitié du ciel en fasse un jour de la résignation ! À présent je n’en ai pas…

« Je cherche quelques adoucissements dans le travail. Mais écrire quoi que ce soit m’est impossible ; car toutes mes idées retournent vers ma bien-aimée Inés, mon adorable fille absente !

« … Le pauvre Drapier vient de m’écrire qu’après une attente accablante, il vient enfin d’obtenir une place de neuf francs dix sous par semaine ! » (Collection de la Bibliothèque de Douai).

45. Vous entriez, Ondine, par cette porte étroite (ONDINE À L’ÉCOLE).

Cette poésie se retrouve dans les Poésies de l’Enfance (1868) ; elle figure aussi dans l’Album N° 3 (Bibl. de Douai), sous le titre : Ondine à l’École chez Mme Lescot-Haudebourg.

Marceline se donnait beaucoup de peine pour l’éducation de ses deux filles ; mais le caractère difficile et renfermé d’Ondine l’affligeait à l’extrême. Les lettres qu’elle adressait à son mari et à ses amies sont pleines de doléances sur sa fille aînée ; en voici quelques passages :

23 juillet 1839,

« Ne suis-je pas toujours en transe, de l’ardeur un peu ambitieuse de Lise ? Je t’assure que c’est un supplice de ne pouvoir l’arrêter un moment, sinon pour dormir : ce dont elle s’acquitte en effet fort bien ! Dieu merci ! »

2 août 1839.

« Sois sûr qu’elle aimera beaucoup un voyage à Lyon, et je n’ai pas encore la conviction douloureuse qu’elle ait de l’éloignement ou de la froideur pour nous. Je la crois seulement ambitieuse, et je sais qu’elle est fort renfermée… Je croyais pouvoir t’écrire hier ; mais j’ai été écrasée de fatigue, d’une séance solennelle chez M. Lévy, qui fermait le cours pour six semaines. On a donné les prix, fait des lectures, chanté, joué du piano. Il y avait deux cents mères et enfants. Line a eu le prix partagé entre trois pour la poésie. Comme c’était pour le Baptême du nouveau prince, cela ne m’a fait que peu de plaisir. »

12 déc. 1839.

« C’est un ange de fer que cette petite ! »

12 janv. 1840.

« Nerveuse, douce, impatiente, entière et soumise, elle

m’enchaîne et m’occupe beaucoup… »
29 Mai 1839, à Caroline Branchu.

« Cette aimable fille ne fera jamais que ce qu’elle voudra, crois-moi en cela aussi… »

le 20 août 1842 (à la même).

« Je t’envoie donc ma chère fille avec sa palme à la main ; car elle a obtenu l’acacia blanc au concours de sa classe, et tu la recevras comme un ange radieux qui va demander de la santé à ton savant docteur. »

46. Où vas-tu, fille chérie (ELLE ALLAIT S’EMBARQUER ENCORE). Cette poésie a été réimprimée dans les Poésies de l’Enfance (1868).

Marceline s’était toujours opposée au voyage d’Ondine en Angleterre. Quand Péla, la fille de Mme Branchu, qui vivait à Londres, proposa à Marceline de faire soigner sa fille par le docteur Curie, chez lequel elle habitait, la poétesse jugea cette proposition insensée. Voici en quels termes elle en fit part à Ondine qui se trouvait en vacances à Douai : « Péla, toujours mélange d’hyène et de séraphin, est furieuse que tu n’ailles pas à Londres, comme elle me l’a proposé dans un grand plan pour la santé et une profession pour toi. Je ne t’en ai même pas parlé parce que, vois-tu, l’idée de me séparer de toi ressemble exactement à l’arrachement de ma tête… » (Lettre du 6 août 1840, publiée par B. Rivière).

Cependant, une année plus tard, au mois d’août 1841, Ondine partit pour Londres, où elle passa trois mois. Voici une invitation que Marceline envoya à Sainte-Beuve, pour qu’il rendît visite à sa fille avant le départ :

« Improptu

« Si vous étiez toujours notre ange
Et sans qu’un tel vol vous dérange,
Léger, vous viendriez demain,
À votre jeune sœur serrer un peu la main.


« Elle s’en va vers l’Angleterre
Pour se reposer de la terre ;
On la mettra sur un vaisseau,
Où je l’irai chercher, malgré ma peur de l’eau !

« Là !

« Je suis confondue de voir partir Ondine, même pour si peu d’instants.

« Nous vous tiendrons une cuillerée de chocolat tout prêt, demain vendredi, de neuf à midi, si vous pouvez mêler cette douceur à mon sacrifice. Moi, je vais la chercher dans trois semaines, pour la ramener aux examens définitifs. Cette sage petite fille mérite bien d’aller regarder nos bons ennemis sous le nez. » (Paris, jeudi, août 1841. Lettre publiée par Spoelbegh de Lovenjoul, dans Sainte-Beuve inconnu).

Marceline alla chercher sa fille au mois de novembre. Les traversées étaient dures avec les mauvais bateaux dont on disposait alors, et Marceline n’était pas précisément exempte d’appréhensions, comme on peut le voir par ces mots que nous avons relevés dans l’Album No 3 de la Bibliothèque de Douai :

« Dieu ! guidez-moi vers mon enfant ! (Boulogne, au bord de la mer) ».

Envoyant un mot de Londres à son mari, elle écrira : « La mer m’a beaucoup émue, surtout quand il a fallu me jeter à la grâce de Dieu, dans les bras de six hommes, en sortant du bateau à vapeur en rade, pour toucher dans un tout petit bateau qui venait nous chercher de Douvres. » (Londres, 9 nov. 1841).

Le retour d’Angleterre fut plus pénible. « Me voilà ! chère bien aimée, écrit-elle à Caroline. J’arrive de Londres, ma fille avec moi, bien portante, et je te serre contre mon cœur à étouffer le tien ; car tu es l’adorable origine de tout ce qui m’est arrivé d’heureux par ta fille.

« Je ne te dirai rien de ma double traversée, tu connais tout par toi-même, … et ce tout a été horrible en revenant. Bêtes et gens, tout a été tordu du mal de mer. J’ai fait cinq mille lieues sur ce terrible élément, mais je n’avais pas vu pire. Nous sommes arrivés à Boulogne à une heure de nuit. Enfin tout est bien à présent, et Dieu partout ! » (29 nov. 1841).

Quelques jours plus tard, la poétesse mande à Mélanie Waldor :

« … j’étais aux prises avec une maladie, et je n’ai pas encore quitté mon lit depuis seize jours. Ce voyage en Angleterre m’avait brisée de fatigue, et, s’il faut le dire, j’ai eu bien peur. Nous étions en mer dans la nuit du 14 au 15 novembre. Nuit de tant de sinistres, et je ramenais ma bonne Ondine ! (13 décembre 1841. Lettre inédite de la Bibl. de Douai).

En mars 1842, Ondine, qui toussait à nouveau, retourna à Londres où elle resta, cette fois, plus d’un an, malgré toutes les supplications de Marceline. Les lettres de cette époque dénoncent toutes se impressions. C’est ainsi que le 9 mars 1843, elle écrit à Caroline :

« Si j’étais moins pauvre, je serais partie avec M. Massol. Qu’importe un peu de faiblesse, qu’importe la mer même que je crains beaucoup ! Je l’ai vue horrible, elle s’est calmée en ce temps ; et j’aurais moi-même revu et ramené mon enfant ! Son père n’en dort plus ! Moi, est-ce que je dors ?... Enfin, le moment est près où tout rentrera dans l’ordre naturel, où je ne m’entendrai plus reprocher de partout, d’avoir envoyé mon enfant dans le climat le plus funeste aux santés délicates. Ma fille, revenant guérie par l’homme le plus éclairé de son temps, le célèbre homœopathe Curie, fera taire toutes ces réflexions torturantes, et je n’aurai que de libres actions de grâce à rendre à la Mère des Mères. Prie-la pour moi, avec tes bons yeux de flamme et ton cœur d’amour ! Rappelle-lui la prière que j’ai laissée à ses pieds dans ta petite église. Ô ma chère Caroline ! elle calme d’un regard tous les orages ; elle essuie toutes les larmes, et j’en ai beaucoup répandu depuis deux ans ! (Autographe à la Bibl. de Douai).

La nervosité de Marceline ne cessait de croître. À la fin, n’y tenant plus, elle alla chercher sa fille qu’on retenait à Londres, et qui d’ailleurs ne souhaitait pas rentrer. Le 20 juillet, elle annonçait à Mlle Mars son retour en France :

« À mon retour de Londres, j’ai couru pour vous embrasser et vous porter ma joie ; car je ramenais ma fille, et j’avais le prix de beaucoup de chagrins. Vous étiez partie l’avant-veille. Moi, je ne suis restée à Londres qu’un demi-jour, et je l’ai quitté avec Ondine à trois heures du matin. Ce voyage a été protégé par la Providence qui me poussait. La visite a été vive ; Mme Le F. [Paméla] m’a accablée d’injures et traitée de femme sans cœur et sans argent. En devoir à une telle personne est une des plus grandes humiliations de l’infortune. Enfin, j’ai ma fille ! » (Collection de la Bibliothèque de Douai).

Le caractère d’Ondine avait beaucoup changé ; Marceline s’en plaint à son ami Lepeytre :

« Ondine, sans être robuste, est mieux de santé qu’à son retour de Londres. Elle y a, par malheur, laissé ses sympathies ; nous ne nous entendons plus du tout. Nos rapports sont doux, mais froids. Nous possédons sa forme bien-aimée ; le fond est en Angleterre. Le luxe de cette maison et le bizarre de deux caractères de femmes ont dénaturé le sien : elle est toujours aimable, mais ce n’est plus nous qu’elle aime. Ne vous séparez jamais de vos enfants ! » (Lettre du 2 octobre 1842, publiée par Hippolyte Valmore).

47. J’ai presque perdu la vue (LA MÈRE QUI PLEURE).

Cette pièce, qui a été réimprimée dans les Poésies de l’enfance (1868), a sans doute été écrite pendant le séjour d’Ondine à Londres.

48. Qui sait si votre enfant qui flotte dans vos larmes (À UNE MÈRE QUI PLEURE AUSSI).

Cette poésie se retrouve dans les Poésies de l’Enfance (1868).

La fille de Frédéric Lepeytre, le grand ami de Marceline, était morte en juillet 1847, un an après la mort d’Inès. C’est cet événement qui a inspiré ce poème à Marceline. Voici, d’ailleurs, la lettre que la poétesse écrivit aux parents accablés par ce malheur : « Est-ce un rêve affreux qui tombe dans une réalité de larmes ? Non, personne n’aurait inventé de frapper ainsi mon cœur qui tient à peine. Votre maison est à présent ce qu'était la mienne — ah! pauvres amis ! — ce qu'est et ce que sera notre mémoire, nos jours et nos nuits, et ce qui va suivre. Ah ! vous aussi vous pleurez de ces larmes-là! Qui peut s'en faire une idee, dites! quand on ne les a pas pleurées.

« Une inquiétude sourde m'éveillait par moment sur Marseille (Marseille pour moi c'est votre maison). Il y a trois jours seulement, en glissant toute seule et fondant en larmes en plein soleil, une idée que je n'appelais pas est venue à moi. Cette enfant même que je bénissais Dieu de vous avoir donnée, et que j'ai toujours vue de loin, si gaie et si légère, je lui ai tendu les mains: « Au moins, me disais-je, elle est gaie ! quoiqu'un peu liée à moi, si triste! Merci pour eux, Seigneur ! » Voilà une vérité bien terrible; qu' en dites-vous ? Il y a des lumières incomplètes, c'est vrai, mais qui montrent où l'âme est menacée par un coup prochain. Je l'ai reçu hier soir. Mon cher Valmore a cru pouvoir me le cacher quelques instants, mais j'ai voulu voir, et votre nom est sorti bien triste de ma bouche, mon cher Monsieur Frédéric. Je me suis sentie à la fois bien près et bien loin de la mère et de l'enfant que j'aimais, que j'aime, mais d'une teinte si différente aujourd'hui ! On ne croit jamais à de telles choses possibles. Seulement j'étais inquiète. Pourtant le poids me restait; car penser que l'absence change des âmes comme les vôtres, ce serait vraiment ne plus croire à l'âme.

« Vous connaissez la mienne, prenez-la. Je sens qu'elle n'est pas anéantie dans son propre malheur, et que nous sommes doublement frères, ruinés d'une de nos plus belles espérances. C'est acheter bien cher sa possession éternelle qui nous attend (Lettre du 12 juillet 1847, publiée par H. Valmore).

49. Je suis la prière qui passe, (L'ÂME ERRANTE).

Marceline cite quelques vers de cette poésie dans une lettre à Mme Camille Derains. Elle venait peut-être de l'écrire,... à moins que ces vers n'aient alors correspondu à son état d'âme:

« Entre vous et moi nous vivons somnambules, sans la moindre hésitation ni crainte de nous heurter. Je crois vraiment POÉSIES INÉDITES DE 1860 que nous nous voyons en dedans… Notre existence physique et morale est tellement remplie de phénomènes, que je ne vous dis rien de ceux qui entourent ma vie : Je suis la prière qui passe Sur la terre où rien n’est à moi…. 379 Voilà la rêverie qui me reprend. Elle est en contraste douloureux avec l’activité que demande ma situation ; mais quand j’appuie ma pensée, alors je ne peux plus agir que par un effort qui me fait souffrir infiniment. J’ai toujours été ainsi. Cette lutte fait que je suis plus gaie que gaie, et aussi plus triste que triste…, (Lettre du 11 mars 1857, publiée par H. Valmore). 50. Une femme pleurait des pleurs d’une autre femme (DEUX MÈRES. A Caroline Branchu). Voir la note 46 pour la poésie intitulée : Elle allait s’embar- quer encore. On notera que l’invocation déjà citée de l’Album n° 3 ("Dieu, guidez-moi vers mon enfant Boulogne, au bord de la mer) sert de refrain aus deux dernières strophes de 8 vers de ce poème, qui fut aussi écrit " à Boulogne, au bord de la mer,. 117 51. Epouse aujourd’hui fortunée (LA FIANCÉE DU VEUF). Ondine épousa le 16 janvier 1851 Jacques Langlais, avocat, journaliste et député de la Sarthe. Il était veuf et père de deux enfants. Ondine avait conservé ses fonctions de dame inspectrice des instituts de demoiselles dans le département de la Seine. Elle avait obtenu ce poste en 1848, grâce à l’appui d’Armand Marrast. Elle prenait sa tâche très au sérieux ; les rapports qu’elle rédigeait témoignent de l’intérêt qu’elle prenait aux questions pédagogiques. Elle continuait aussi d’écrire : ses poésies et ses traductions de poètes anglais et latins faisaient l’admi- ration de sa mère. Sa santé, très affaiblie par ses multiples occupations et par la naissance d’une fille qu’elle s’obstinait à allaiter elle-même, l’obligea à s’aliter. Malgré les soins que 380 POÉSIES INÉDITES DE 1860 lui prodigua la tendre Marceline, elle mourut le 12 février 1853, du même mal qu’Inès. Citons cette lettre bien charmante, qu’Ondine adressait à son frère Hippolyte, de Saint-Denis d’Anjou, où elle s’était rendue avec son mari et sa mère pour se soigner : "Dans quelques jours, nous serons ensemble, cher frère, et il faut tout le besoin que nous avons de nous voir, pour nous consoler de rentrer dans ce Paris qui nous fait peur. Je n’ose pas penser à cette rue de Seine:il me semble que je vais retrouver là l’horrible hiver de l’an passé. Ici on oublie tout, on se plaint par genre, mais sans amertume; on n’entend point de sonnette. On s’éveille pour dire : "Va-t-on déjeuner ?, On se promène à âne et on rentre bien vite pour demander : "Va-t-on dîner ? Il y a des fleurs, des herbes, des senteurs de vie qui vous inondent malgré vous-même ; il y a une atmosphère d’insou- ciance qui vous berce et vous rend tout facile, même la souf- france. Que n’es-tu là ! Tu prendrais ta part à tant de biens ! Tu nous aiderais à traduire Horace dans un style élégant et phylosophique come celui-ci : 11 "Cueillons le jour, buvons l’heure qui coule, Ne perdons pas de temps à nous laver les mains ; Hâtons-nous d’admirer le pigeon qui roucoule, Car nous le mangerons demain…… "Ne fais pas attention au pluriel rimant avec un singulier, c’est une licence que la douceur de la température nous fait admettre. Nous devenons véritables angevins:molles, comme dit César ou un autre…, , (Saint-Denis d’Anjou, octobre 1852. Lettre publiée pas Boyer d’Agen.) Mais Marceline était moins optimiste; elle s’effrayait de 1’" état de maigreur, de sa fille. Elle écrit au docteur Veyne qu’Ondine doit "avoir le ver solitaire ; car nuit et jour elle mange sans apaiser sa faim. Elle est immuable dans son système de se traiter par l’homéopathie. (Saint-Denis d’Anjou, 20 octobre 1852. Lettre publiée par B. Rivière). Ondine rentre à Paris ; son état s’aggrave, et sa mère est POÉSIES INÉDITES DE 1860 381 obligée de s’installer auprès d’elle, nuit et jour, pour la soigner. Relevons encore cette lettre navrante que Marceline écrit, à cette époque, au docteur Veyne : Je n’ose écrire, ni parler, sur un des plus durs intérêts de ma triste vie. Je concentre tout ce que j’ai de force et de courage pour marcher, pour veiller, pour souffrir, et garder en moi les tortures que Dieu m’envoie… Dans l’impossibilité où je suis de vous appeller à moi, je vais à vous, je vous conjure de voir votre ami, M. Camille Raspail, de mêler vos avis aux siens et l’intérêt de votre cœur à celui qu’il nous témoigne. Je ne puis aller vous voir, passant toutes mes journées près de ma chère Ondine. La solitude absolue qu’elle a voulue l’exalte souvent au lieu de la calmer. Tous ses esprits sont envahis de terreur muette. Elle prend toutes mes espérances et mes consolations pour des erreurs de mère, et sourit tristement à mes soins., , (de Passy, 19 décembre 1852. Lettre publiée par B. Rivière). Enfin, voici quelques mots que Marceline envoie à Sainte- Beuve, pour lui annoncer la mort d’Ondine : "Parmi tous, vous seul, je crois, devinez l’étendue de ma douleur. Je vous remercie de tous les sentiments qui vous la révèlent. Je vous remercie d’une larme de pitié qui vous vient aux yeux pour moi, et du serrement de cœur fraternel que sa perte vous cause, je le sens. Vous l’avez bien connue. Vous lui avez donné de la lumière pure. Vous avez aimé l’innocence de son sourire… Elle l’avait encore en fuyant… Oui, je vous remercie pour elle, sainte et douce créature. Je vous remercie pour moi et pour vous, d’avoir été son ami. Laissez-moi me signer la vôtre, Marceline Desbordes-Valmore., , (Paris, 15 Février 1853. Lettre publiée par A. Pougin). 52. Je ne dis rien de toi, toi la plus enfermée (INÈS). Sainte-Beuve, dans son volume sur Mme Desbordes-Valmore, décrivait Inès comme une jeune fille "délicate, poétique, une sensitive douloureuse, méfiante d’elle-même, tendrement jalouse, ; l’enfant de ce monde, disait sa mère, qui a le plus besoin de caresses !, 382 POÉSIES INÉDITES DE 1860 Marceline, dans ses lettres à son mari, parle souvent des soucis que lui causait Inès. Elle manifeste parfois un certain optimisme : Orléans, 8 mai 1839. "Sois tranquille sur Inès, son avenir est tracé. L’amour et la force du travail, l’esprit d’ordre et de rangement en feront une femme essentielle. Elle donnera des leçons de piano et tiendra sa maison ou la nôtre, avec des qualités essentielles au bonheur intime. Mais bientôt elle ne peut s’empêcher de confesser un peu de dépit : 26 octobre 1839. "Au tourment de ton absence se mêle une lassitude étrange de supporter de certains dégoûts attachés à des tendresses profondes, payées d’innocentes gratitudes. Inès me consterne par son caractère aigre et mécontent. Elle est dans une irritation ouverte d’avoir un mauvais piano, et toutes mes preuves d’amour ont été sans fruits. Des plus, elle m’a dit ses répugnances vani- teuses pour aller au cours qu’elle déteste. J’en sais bien la cause, c’est que sa sœur y a eu des succès. Cette triste jalousie se renouvelle sous toutes les formes… Ces graves enfantillages m’ont fait pleurer toute la journée., Un peu plus tard, elle écrit : 12 Paris, 8 novembre 1839. "Nous parviendrons à l’assouplissement du cœeur d’Inès. Elle a de belles et inaltérables qualités, mais elle est rude et ambitieuse. Sa sœr est ambitieuse, mais avec plus de grâce, et tient même à la parure. Mais il faut qu’elle m’aide à désarmer sa cadette qu’elle offense par des airs un peu méprisants. " (Correspondance publiée par Boyer d’Agen). 53. Ma mère, entendez-vous quand la lune est levée (LA VOIX PERDUE. Ma fille Inès). Cette pièce avait paru en 1850 dans le Musée des Familles. POÉSIES INÉDITES DE 1860 383 La voix d’Inès était d’une douceur pénétrante ; et comme la voix de Marceline, elle "faisait pleurer. Les progrès de la maladie donnaient à cette voix des accents déchirants, qui torturaient le cœur de la mère, lorsque l’enfant faisait de vains efforts pour moduler certains airs flottant dans sa mémoire ; ils ne sortaient plus qu’étouffés, de cette gorge brûlante et dessé- chée. Celle qui la veillait en l’écoutant, pleurait dans la chambre à côté (Note de Lacaussade, édition Lemerre, III, 251). Frédéric Lepeytre avait une fille de l’âge d’Inès, qui s’appelait Blanche. Marceline parlait souvent à son ami marseillais des dons musicaux de ses enfants. Le 23 décembre 1839, elle lui écrivait : "Blanche est-elle toujours musicale ? Mon Inès, ma Blanche à moi, suit cette vocation d’instinct. Elle chante avec ses doigts tant qu’elle à de temps et de force., , Le 31 octobre 1844, elle mande au même correspondant : "La voix mélodieuse d’Inès est bien enfermée et son piano solitaire ! Et un an après : "La voir debout, marcher un peu, sourire et rire, prendre quelque nourriture, ce doit être, à mes yeux, la santé comparée aux tortures que je lui ai vu subir ; mais tout est incomplet, tremblant, extasié chez cette petite sainte enfant, si bien organisée pour chanter les tendres cantiques. Mélodieuse jusq’aux doigts, si légers et déjà si habiles sur le piano, qu’elle regarde main- tenant les larmes aux yeux., (Lettre publiée par H. Valmore). Dans l’album relié de cuir noir de la Bibliothèque de Douai, une jolie photographie d’Inès est collée au feuillet 25. Foi. 54. Si je pouvais trouver un éternel sourire (TRISTESSE. Au docteur Veyne). Le docteur Veyne, qui avait soigné toute la famille de Marceline avec le plus grand dévouement, recevait aussi avec la meilleure grâce tous les amis et parents milades que la poétesse lui envoyait. Voici quelques lettres que celle-ci lui adressait pour le remercier des soins qu’il avait donnés à Inès. 384 POÉSIES INÉDITES DE 1860 Décembre 1846. "Mon ami, je voudrais soulever les ténèbres, où Dieu m’a jetée. Je ne l’ai pu que dans un rêve désespéré. Là, je vous ai serré avec une sainte reconnaissance contre mon cœur brisé. Que ce témoignage monte avec ce que j’aime et retombe comme une bénédiction sur votre généreuse vie ! Sa mère qui vous chérira toujours. Marceline Valmore. 17 5 Février 1848. "Cette boîte était destinée à mon enfant pleurée. Elle l’a tenue dans ses mains chéries. Je prie notre bien-aimé docteur de la garder dans les siennes : le souvenir d’un ange y donne un prix. Dieu seul et moi savons de quel trésor elle eût voulu la remplir en vous l’offrant, bien cher ami ! Tous ces rêves charmants. ne peuvent être évanouis, puisque je les ai entendus, et que mon cœur respire encore. Prenez-les !, , (Lettre inédite conservée à Douai). Quatre ans après la mort d’Ondine, Mme Desbordes- Valmore, souffrant du mal qui devait bientôt l’emporter, écrivait au bon docteur cette lettre émouvante (3 février 1857) : "Il vous est bien démontré, cher et fidèle ami, que j’ai renoncé à toute prétention de m’acquitter jamais envers vous, même à la simple douceur de vous offrir parfois ces humbles présents de l’âme, qu’une âme comme la vôtre accueille avec plus d’émotion que le prix de tant de soins… Et quels soins ! Inscrits au ciel depuis dix ans déjà !… pour vous porter bonheur ici ! C’est ma croyance sous tant de larmes ! "Mais toutes les ruines accomplies (je parle de moi) n’amè- nent pas le desséchenient du cœur, et vous y nagez en pleine tendresse, cher et généreux ami médecin, selon Dieu, vrai Sama- ritain du pauvre et du blessé ! "Ainsi vous puiserez, dans l’écritoire qu’Hippolyte vous porte au nom de sa mère, tous vos décrets de santé et de consolation terrestre dont les malheureux ont besoin, et qu’ils sont sûrs d’obtenir en s’adressant à vous, charité vivante !, , (Autographes à la Bibliothèque de Douai). POÉSIES INÉDITES DE 1860 385 Citons encore ce billet envoyé à F. Lepeytre qui venait del perdre sa fille Blanche ; c’est la meilleure illustration que nous puissions trouver à Tristesse : "L’effroi d’affliger ceux qui m’entourent est l’unique sauve- garde qui les assure de moi. Causer une douleur à un cœur vivant me donne jusqu’à la force de feindre un courage que je n’ai pas. Je ne connais plus d’autre énergie que la feinte, et c’est inexplicable d’être si absolument défaite en soi, quand il reste tant à aimer, quand on croit par l’instinct, par la raison, par la volonté, à l’immense pouvoir et à l’immense bonté de Dieu qui nous rendra tout, parce qu’il l’a promis sur sa parole de Dieu et de père, Frédéric ! Mais que voulez-vous ? Je reste poignardée comme vous l’êtes. Je ne me sens plus vivre, parce que je sens toujours mourir mon enfant. Tout est là., , (27 octo- bre 1847. Lettre publiée par H. Valmore). 55. Il est du moins au-dessus de la terre (REFUGE). 56. Eglise ! église où de mon âme (RETOUR DANS UNE ÉGLISE). 57. Ma mère est dans les cieux, les pauvres l’ont bénie (QUAND JE PENSE À MA MÈRE). Cette pièce a été réimprimée dans les Poésies de l’Enfance (1868). 58. Ah ! l’enfer est ici ; l’autre me fait moins peur (LES SANGLOTS. A Pauline Duchambge). A la dernière des pages si ferventes qu’il a consacrées à Mme Desbordes-Valmore, Paul Verlaine écrit : "Résumons. notre admiration par cette admirable citation, ,. Puis, cette pièce citée, il poursuit : "Ici la plume nous tombe des mains et des pleurs délicieux mouillent nos pattes de mouche. Nous nous sentons impuissant à davantage disséquer un ange pareil ! Et, pédant, puisque c’est notre pitoyable métier, nous proclamons à haute et intelligible voix, que Mme Desbordes-Valmore est tout bonnement la seule femme de génie et de talent de ce G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 25 386 POÉSIES INÉDITES DE 1860 siècle et de tous les siècles, en compagnie de Sappho peut-être et de Sainte Thérèse (Les Poètes maudits, page 70) (1). 59. Par un rêve dont la flamme (UNE NUIT DE MON ÂME). 60. Pleurez, comptez les noms des bannis de la France (LES PRISONS ET LES PRIÈRES). Ce poème a été inspiré par la Révolution de 1848. Voici quelques extraits de lettres de Marceline, dont cette révolution fait le sujet : 14 juillet 1848. "Ton bon neveu Hippolyte n’a pas fait le coup de feu parmi ces guerres fraternelles, les plus déchirantes de toutes les guerres, quoique les hommes de toutes les nations soient aussi nos frères ; mais la différence de mœeurs, de langage forme une sorte de séparation volontaire et rend moins tendre par ce mot étranger, qui sépare d’eux nos symphathies d’entrailles. C’était donc bien affreux d’entendre les mêmes voix, les mêmes paroles durant ces agressions mutuelles, qui faisaient ruisseler un sang si cher, si généreux ! Mon bon frère, mon cher ami, que c’était triste !… On a toutefois exagéré considérablement le chiffre des victimes réciproques. Il y en a bien assez pour cinquante ans de larmes ; car on compte rigoureusement seize cents, hors les blessés, qui succombent encore tous les jours. Il y a eu de part et d’autre des traits de violence, de colère cruelle, mais bien plus de traits sublimes, de pitié, de clémence, d’amour ; après quoi le courage français n’a manqué nulle part. Que Dieu juge et pardonne !, , 1er Septembre 1848. Je prie la Vierge et Dieu de m’inspirer. Mais le moment est grave et tant de peine à la fois attristent pour moi jusqu’au (1) Carducci lui-même ne reconnaît que deux poétesses : Sapho et Marceline. Lire à ce sujet, surtout quant à l’influence de Desbordes-Valmore sur Paul Verlaine, l’essai critique de l’éminent Professeur Ferdinando Neri, paru pour la première fois dans la Nuova Antologia, du 16 septembre 1915 et reproduit dans l’ouvrage "Il maggio delle Fate, pp. 165-83 (Casa Ed. Gius. Gambino, Torino). POÉSIES INÉDITES DE 1860 387 soleil, aux arbres qui m’ont toujours été si bons dans mes afflictions, et l’Eglise non plus n’a plus son charme ; car ce n’est plus de la mélancolie que j’y porte, c’est le souci rongeur et caché d’une amitié impuissante pour les miens ! 6 mars 1849. "Vous êtes tous bien malheureux, de quelques nations, de quelques opinions que vous soyez ! Aussi l’amour et la pitié devraient vous entrelacer comme une longue chaîne d’amis qui remonte à notre père Sauveur. Je suis si souvent noyée de larmes dans ma tendresse inutile pour nos pauvres parents et tout ce qui souffre sur la terre… 28 juin 1849. "Il vient de se passer à Paris des événements si sombres qu’ils ressemblaient encore une fois à une autre vie. Si l’enfer existe, nous l’avons entrevu. La mort tirait à coup de flèches partout. On ne la voyait pas et l’on tombait. Je ne peux plus me tenir ferme après tant de pertes d’amis et le spectacle des rues pleines de convois où ceux qui suivaient ne rentraient pas tous chez eux !, ,. 61. Comme l’ardent mineur ensevelit sous terre (AU CITOYEN RASPAIL). Marceline ne s’occupait pas de politique, mais elle s’apitoyait sur tous les prisonniers, sur tous les déportés. Aussi la voit-on se préoccuper sans cesse de Raspail, qui avait été condamné en 1849 à cinq ans de détention. Elle voyait dans le prisonnier de Doullens un bienfaiteur du peuple, un martyr humanitaire, et elle ne cessa de le suivre de sa pensée et de ses vœux dans l’exil et le bannissement. Touché de cette amitié douce et fidèle, Raspail écrivait à la poétesse des lettres enthousiastes, où il la nommait" sa Muse. A quoi Marceline répondait avec sa modestie coutumière : J’ai une prière à vous faire, et vous me l’accorderez au nom de votre tendre et candide fille : ne me donnez jamais celui de muse. Non, ce n’est pas moi ; je suis si triste, si vraie, chère 388 POÉSIES INÉDITES DE 1860 âme généreuse, que je ne mérite pas l’ombre de la moquerie, si innocente qu’elle soit de votre part. Vous voyez bien que je sais à peine l’orthographe de tout ce que mon cœur de mère vous écrit, (octobre 1855. Lettre publiée par Sainte-Beuve, Mme D.-V.). Pendant la maladie d’Ondine, Marceline avait demandé des conseils à Raspail. Quand sa fille mourut, elle écrivit à son héros une lettre désespérée, où nous relevons cette phrase : "Tout est fini, sinon l’immense regret que vous n’ayez pas été là pour la sauver ! 62. J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée (LA COU- RONNE EFFEUILLÉE). Cette pièce avait paru dans les Confidences Poétiques (1850), sous le titre : Ferveur. Cette pièce reparut le 20 mars 1856, sous le titre Refuge dans le numéro 42 de la Revue Française. Sainte-Beuve a écrit sur un exemplaire de la dite revue qui est en la possession de M. de Favreuil : "Je donnerais pour cette seule pièce tout le bagage poétique de Mme Collet, (On notera que le célèbre critique orthographie avec deux le nom de l’ennuyeuse amie de Flaubert). 63. Pardonnez-moi, Seigneur, mon visage attristé (RENON- CEMENT). 64. Que mon nom ne soit rien qu’une ombre douce et vaine (***). Marceline considérait ce quatrain comme un épilogue à son œuvre poétique et il est singulier qu’on ne l’ait point gravé sur sa tombe. ENFANTS ET JEUNES FILLES. 65. Ah ! si j’étais le cher petit enfant (POUR ENDORMIR L’ENFANT). Pièce réimprimée dans les Poésies de l’enfance (1868). POÉSIES INÉDITES DE 1860 389 66. Mère, un cheval est à la porte (SELON DIEU). Cette pièce a été reproduite dans les Poésies de l’En- fance (1868). 67. Petits enfants heureux, que vous savez de choses (AUX NOUVEAU NÉS HEUREUX). 68. Vous qui n’avez jamais parlé (AUX NOUVEAU NÉS PARTIS). 69. Mère, je veux crier et faire un grand tapage (LE PETIT MÉCONTENT). Cette pièce avait été publiée dans le Musée des Familles (1846), et dans les Anges de la Famille (1849) ; elle a été réim- primée dans les Poésies de l’Enfance (1868). 70. J’ai vu bien des enfants mal éclos dans ma vie (LE PETIT BRUTAL). Cette pièce a été réimprimée dans les Poésies de l’En- fance (1868). 71. L’enfant disait au nuage (LE NUAGE ET L’ENFANT). Cette pièce avait déjà paru dans les Anges de la Famille (1849) et dans le Musée des Familles (1855) ; elle a été réimprimée dans les Poésies de l’Enfance (1868) et dans les Contes et scènes de la vie de famille (1865). 72. Les enfants sont venus vous demander des roses (OUVREZ AUX ENFANTS). Cette poésie a été reprise dans les Poésies de l’Enfance (1868). 73. Voix d’enfants, ô voix qui chantez (LA PRIÈRE DES ORPHELINS). Cette pièce a été reproduite dans les Poésies de l’Enfance (1868). 390 POÉSIES INÉDITES DE 1860 74. Lève sur tes genoux ta plus petite fille (A M. DUBOIS, Directeur de L’Hôpital de Douai, Sa petite fille). Cette poésie se retrouve dans les Poésies de l’Enfance (1868). M. Dubois, économe de l’hôpital général de Douai, entourait de soins et d’égards la vieillesse ombrageuse de Félix ; il rem- plaçait Marceline au chevet de son frère. "… la Providence vous a envoyé le meilleur des hommes. pour vous diriger, écrivait Marceline au pauvre Félix, le 5 juillet 1849. Quelle bonne et sérieuse influence un si honnête homme peut étendre sur son administration ! "M. Dubois, tel que tu me le dépeins, vivra dans la mémoire de son pays, parce qu’il en comprend le vrai malheur et la vraie religion, aidant les riches à être généreux, aidant les pauvres à être résignés. "Cette gloire dans l’ombre monte bien haut ; qu’en dis-tu, Félix ? Je ne désespère pas d’aller un jour serrer la main à l’un de mes plus chers et plus honorés compatriotes. Ce vœu est un de ceux qui m’attirera le plus puissamment dans ce pays qui m’est demeuré si vivant dans l’âme. J’irai, s’il plaît à Dieu, remercier moi-même Monsieur Dubois de t’avoir aidé…, , (Auto- graphe à la Bibliothèque de Douai). Félix avait demandé à Marceline d’écrire des vers pour son bienfaiteur ; celle-ci lui répondit le 24 mai 1850 : "Les vœux en vers que tu souhaites pour le mois de juillet sont à peu près au net : trois strophes, comme je les penserais en prose pour la fête de mon propre père, si j’avais le bonheur de lui souhaiter sa fête et d’être enfant !.. Je ne le suis plus que dans le fond de mon âme, qui reste toute jeune et tendre comme mon père l’a faite. Quel âge a donc l’enfant de Monsieur Dubois ?, , (Lettre conservée à la Biblio- thèque de Douai). Les trois strophes de Marceline figurent dans un des Albums de la Bibliothèque de Douai. Elles sont précédées du titre : "La jeune enfant de Monsieur Dubois à son père, le jour de sa fête. }} POÉSIES INÉDITES DE 1860 391 75. Maman ! comme on grandit vite (LA GRANDE PETITE FILLE). Cette pièce avait été publiée en 1849 dans les Anges de la Famille ; elle a été réimprimée dans les Poésies de l’En- fance (1868). 76. Si j’étais assez grande (L’ENFANT AU MIROIR. A Mlle Émilie Bascans). Cette pièce avait paru en 1849 dans les Anges de la Famille et en 1868 dans les Poésies de l’enfance. Dans son livre sur Marceline Desbordes-Valmore, sa vie et son secret, M. Jacques Boulenger écrit de cette jeune fille (p. 288) : "Mlle Sophie Lagut, née en 1800, avait épousé à trente-huit ans Ferdinand Bascans, d’une année plus jeune qu’elle. C’était un ami d’Armand Marrast. Naguère gérant d’un journal d’opposition, La Tribune de Sarrut, il avait récolté en cette qualité je ne sais combien de duels, trois accusations capitales devant le conseil de guerre, soixante-cinq saisies, autant de procès, trente-deux mois de prison, deux arrestations préventives, et plus de 60.000 frs d’amendes ou de frais de justice ; après quoi, devenu l’heureux époux de Me Lagut, il s’était mis à enseigner avec douceur la philosophie et la littérature à l’insti- tution de sa femme, sise 70, rue de Chaillot… Il a eu deux filles, Emilie et Emma., , C’est dans ce pensionnat qu’Ondine débuta comme sous-maîtresse ; elle y gagnait 500 frs par an. 77. Ah ! je suis inconsolable (LA JEUNE PENSIONNAIRE). Cette poésie avait paru dans les Anges de la Famille (1849), dans les Confidences Poétiques (1850) sous le titre Frivolité ; elle fut réimprimée en 1868, dans les Poésies de l’Enfance. 78. On gronde l’enfant (LA PETITE PLEUREUSE À SA MÈRE). Cette poésie avait été pubbliée dans les Anges de la Famille (1849) et dans le Musée des Familles (1850) sous le 392 POÉSIES INÉDITES DE 1860 titre Pleurs et fleurs ; on la retrouvera dans les Poésies de l’Enfance (1868). 79. Bonjour, la jeune fille (L’OISEAU). Cette pièce avait paru déjà en 1849, dans les Anges de la Famille. 80. Poursuivant les nuées (LES DANSES DE LORMONT). Voir la note pour la poésie intitulée A Georgina Nairac (Poésies de 1825, n° 9). 81. Ah ! la danse ! la danse ! (LA DANSE DE NUIT). 82. Eh ! pourquoi pleures— tu ! Ta colombe était vicille (LE FANEUR ET L’ENFANT). Cette pièce été réimprimée dans les Poésies de l’Enfance (1868). 83. Enfant, d’une pierre lancée (LE CHIEN ET L’ENFANT). On retrouvera cette pièce dans les Poésies de l’Enfance (1868). 84. Pardon ! n’est-ce pas vous que j’ai vu une fois (REN- CONTRE D’UNE CHÈVRE ET D’UNE BREBIS). Le deuxième vers de l’avant-dernière strophe doit se lire : "Ah ! que votre âme est molle et lente à s’enflammer !, , 85. Pourquoi vous a-t-on mis ce casque sur la tête ? (LES PROMENEURS). POÉSIES DIVERSES. 86. Ton nom au plus distrait donne de la mémoire (A. M. BOUILLY). L’académicien Bouilly disait de Marceline qu’elle était une " embaumeuse de vieillards, ,. (A. Pougin, op. cit. p. 101). "M. Bouilly, écrivait la poétesse à son oncle Constant (21 juin 1826), voulait me faire un rôle de princesse déguisée quand j’étais à Feydeau, parce que M. Grétry disait que j’avais l’air d’une petite détrônée. Je ne me souviens pas d’avoir régné nulle part ; je n’ai senti ni mon sceptre, ni ma couronne.

87. Que vous soyez pour tous la charité qui pleure (À MADAME ***)

88. Ô fille de Molière ! ô voix de son génie (À MADEMOISELLE MARS).

Mademoiselle Mars, l’amie fidèle et dévouée de Marceline mourut au mois de mars 1847. Un premier jet de cette pièce, que nous avons eu entre les mains, se termine par une troisième strophe, dont voici le texte :

« Belle ombre ! viens planer sur nos fronts pleins de larmes ;
D’un seul mot reconnu fais-y crouler les charmes ;
Et juge alors, délice et regret de nos yeux,
Du ciel et de la terre où l’on t’aime le mieux. »

Le 7 avril 1847, Marceline mandait de Paris à son frère Félix : « À peine avais-je été frappée de la perte foudroyante de Monsieur Martin du Nord, que je suis saisie de douleur par celle de Mademoiselle Mars, cette bien-aimée de toute ma vie. Je l’adorais dans son génie et dans sa grâce inimitable. Je l’aimais profondément comme amie fidèle, que nos infortunes n’ont jamais refroidie. Au milieu de sa fatale maladie, elle était encore agitée du désir de placer mon cher Valmore à Paris. Mon bon Félix, je t’en prie, dis une prière pour cette femme, presque divine. Si tu savais quelle part profonde elle a pris à mon malheur de mère, tu l’aimerais comme on aime un ange ; et c’est comme tel que je la pleure. Je suis donc une femme bien désolée, mon pauvre ami. » (Lettre conservée à la Bibliothèque de Douai).

89. Quand vous m’avez écrit tout ce que femme ou mère (LE SOLEIL LOINTAIN. À Madame Marie d’Agoult). 394 POÉSIES INÉDITES DE 1860 Cette poésie se retrouve dans l’Album nº 3 (Coll. de Douai), sous le titre : A Marie d’A., , Elle avait paru, en 1846, dans La Corbeille sous le titre Plainte à Mme M. D. (signée Marce- line Valmore). Mlle de Flavigny, pianiste de talent, avait épousé le comte d’Agoult qui signait en littérature Daniel Stern. Elle était la muse et l’amie de Chopin, d’Émile Girardin et de Liszt. Nous emprunterons à une lettre que Marie d’Agoult écrivait à Marce- line, quelques lignes qui témoigneront du ton amical qui régnait entre les deux femmes : "Je voudrais vous réunir un jour à dîner avec M. de Lamennais. Vous me direz le jour où vous seriez libre. Je sais qu’il serait heureux de vous voir. M. de Vigny aussi, qui vous appelle le plus grand esprit féminin de notre temps…" 90. La mort vient de frapper les plus beaux yeux du monde (MADAME ÉMILE DE GIRARDIN). Marceline connaissait depuis longtemps Sophie Gay et sa fille Delphine, et elle partageait l’admiration que tout Paris lui portait. Dans son livre sur Une Muse et sa Mère, Hector Malo narre le fait qui suit : Quand Sophie Gay et sa fille passèrent par Lyon pour se rendre en Italie, "Delphine s’accouda au balcon de son hôtel, belle, imposante comme la Rachel de la Bible, couverte de cheveux blonds qui retombaient sur toutes ses roses. La foule émerveillée passe et repasse devant elle. Valmore assiste à la scene. Il court chercher sa femme, vite vite, pour lui faire voir, ce que, dit-il, elle ne verra jamais. L’em- pressement de la foule oblige Delphine à fermer sa fenêtre par une chaleur torride ; encore les curieux la regardent-ils à travers les vitres. Marceline juge ainsi Delphine Gay à cette époque : Je sus bientôt par moi-même qu’elle était bonne, vraie comme sa beauté. En l’examinant avec attention, on ne tombait que sur des perfections, dont l’une suffit à rendre aimable l’être qui la possède. Delphine épousa, le 1er juin 1831, Emile de Girardin, le fondateur de La Presse. Au lendemain même de la mort de Mme de Girardin, POÉSIES INÉDITES DE 1860 395 Marceline envoya ce poème à Girardin, en l’accompagnant des lignes que voici : "Je confie ces vers à votre chère loyauté ; si vous ne les trouvez pas dignes de cette belle pleurée, il ne faut pas les donner. Ce que j’ai souffert en les écrivant ne me serait pas compté. Ce n’est pas pour vous que je dis cela ; car vous êtes trop porté à pardonner tout à ceux qui pleurent !, , Dès que Michelet eut lu ces vers, il adressa ce billet à Marceline : " 22 novembre 1855. La voilà sauvée, Madame ! Une ligne de vous, c’est l’immortalité. Le sublime est votre nature ; mais vous avez été des plus intrépide en la montrant au foyer même. Nous vous baisons la main, tout émus de ce grand cœur. J. Michelet (Lettre publiée par A. Pougin). 12’M. Georges Heilbrun possède l’exemplaire des Poésies de 1860 qui a appartenu à Emile de Girardin. Cet exemplaire est relié en chagrin violet et frappé sur les plats d’un G. gothique. Le texte du volume est corrigé en un endroit, en un seul ; c’est au premier vers de la présente pièce qu’on lit après la correction : "La mort vient de fermer les plus beaux yeux du monde 91. Cette rose ravie aux roses du jardin (LA ROSE EFFEUILLÉE, de Cowper). Cette pièce avait paru dans le Chansonnier des grâces de 1829, sous le titre:La rose de Cowper; on la retrouve dans un album de Douai, mais avec de nombreuses variantes. Ondine Valmore a traduit des poésies de W. Cowper. Dans les papiers de Marceline qui appartiennent à la Bibliothèque de Douai, on conserve la traduction en vers qu’Ondine fit d’une pièce de Cowper : Jacques Boulenger l’a publiée dans le Secret de Mar- celine (page 298). 92. Attiré vers le ciel par d’invisibles charmes (MADAME HENRIETTE FAVIER). 93. Cáche-les dans ton cœur, toi dont le cœur pardonne (A MA SŒUR CÉCILE). C’est au verso d’une lettre adressée à Cécile que Marceline a tracé ce quatrain ; la lettre porte la date : « 19 août 1852 ».

94. Tant de flamme a brûlé sa vue (À MADAME DE TAV…, DEVENUE AVEUGLE).

95. Son âge encore tenait à l’espérance (À GEORGES P…, TUÉ PRÈS DE SON PÈRE EN 184…)

96. Semez sur lui des fleurs, des fleurs, jeunes pleureuses ! (LES FLEURS DE JEAN PAUL. Sur un enfant).

Ces vers ont été inspirés par une poésie de Jean-Paul Richter, le célèbre et étrange « Jean-Paul » que les Allemands appellent l’« unique ».

97. Calme et sainte maison par beaucoup enviée (À MADEMOISELLE ISAURE PARTARRIEU. Elle avait mis mon portrait parmi ses colombes).

98. Quand mon ombre au soleil tremble seul et s’incline (L’AMIE).

99. Toute fleur bénit sur la terre (L’AUMÔNE).

Cette pièce a été réimprimée en 1868 dans les Poésies de l’Enfance.

100. L’air est brûlant, la valse tourne et vole (L’INVITATION À LA VALSE).

101. Une église sans lumière (L’ANGE ET LA COQUETTE).

Cette poésie a paru pour la première fois dans le Papillon du 16 Mars 1834. 102. L’autre nuit, le voisin qui pleure (LE VOISIN BLESSÉ).

103. Cesse de m’apprendre (OÙ VAS-TU ?)

104. Vois-tu, si j’avais ta beauté (LES DEUX MARINIÈRES).

105. Jardin de ma fenêtre (LALY GALINE SEULE).

Cette pièce, extrait de Pauvres Fleurs (1839), avait été réimprimée en 1840 dans la Revue de Paris, sous la signature : Valmore-D.

106. Entends-tu le canon du fort (LES DEUX MARINIÈRES).

Pièce extraite de Pauvres Fleurs (1839).

107. Si j’étais la plus belle (LA FIDÈLE).

108. J’entends sonner dimanche (UN DÉSERTEUR).

Cette romance avait été publiée en 1835 sous la forme de morceaux de musique, avec de la musique de Chassevent et de Pauline Duchambge.

Le 14 juin 1844, Marceline répondait à un correspondant qui lui avait demandé une poésie inédite : « Monsieur, rien d’inédit, rien de complet, que l’humble et dernier chant d’un soldat que je vous envoie bien tard peut-être ! Mais toutes sortes d’incidents me justifient, sans parler du regret réel que j’éprouve de n’avoir à vous offrir que ce lointain souvenir d’une prison de Flandre où j’ai vu le pauvre déserteur, qui me paraissait penser à ce que j’ai beaucoup affaibli par de petites rimes. » (Lettre inédite, Collection H. de Favreuil).

109. À toi le monde ! à toi la vie (LA PAUVRE FILLE).

110. La fileuse file en versant des larmes (FILEUSE).

111. Entends-tu sonner l’heure (LE RÊVE À DEUX).

Cette pièce figure dans l’Album n° 4 de la Bibliothèque de Douai avec le sous-titre : Aux jours d’Orient.

112. Tu fais de longs jours (LE TRÈFLE À QUATRE FEUILLES).

Cette pièce avait été publiée vers 1845 dans le Keepsake Les Marguerites ; elle y avait pour titre : Tu portes bonheur.

Monsieur A. H. de Favreuil possède dans sa collection plusieurs rédactions de cette poésie ; dans l’une d’elle, le poème est intitulé : Trèfle étoilé, et il est dédié : À Madame Elisa Busnach, née Rodrigues Fradin. Une autre rédaction a pour titre : l’Étoile verte

Le 6 février …, Marceline envoyait cette poésie à un directeur de journal (peut-être monsieur Duthillœul ?) en l’accompagnant du billet que voici :

« J’ai tardé longtemps, Monsieur, dans le chagrin, de répondre par cette médiocrité que je vous envoie, au don que l’on me fait d’un beau journal où j’ai lu des vers distingués de nos chers poètes. Mais vous savez que tout ce que je possédais vient d’être imprimé, et que je n’ai pas même le choix dans ces choses plus ou moins faibles que me jette un rayon de soleil ou de lune, bien rarement encore ; car d’autres soins, vous le savez aussi, me tiennent tout entière. Ne donnez donc pas ce brin d’herbe, si vous le trouvez humble par excès ; mais gardez-le comme preuve de ma fidélité à toute promesse et reconnaissance. » (Lettre inédite de la collection H. de Favreuil).

113. Ouvrez, ouvrez ! Je suis bonne nouvelle (ESPÉRANCE).

Cette pièce a été réimprimée dans les Poésies de l’Enfance (1868).

114. Caravane aux voix enflammées (LES OISEAUX).

Cette poésie se retrouve dans les Poésies de l’Enfance (1868).

115. Si porteuse d’ailes (PRIÈRE envoyée au Mont Carmel pour les prisonniers du Mont Saint Michel, 1843).

116. Les toits étaient dorés par le couchant (LE BANNI).

117. Quand les Anges entre eux se parlent de la terre.

(FRAGMENT).

XXVI.

CHOIX DE SAINTE-BEUVE
(2E ÉDITION)
1860


POÉSIES || DE || MADAME || DESBORDES-VALMORE. || Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice || par || M. Sainte-Beuve || de l’Académie Française. || Paris || Charpentier, libraire-éditeur || 28, Quai de l’École, 28 || 1860.

In-12 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Paris. — Imp. Simon Raçon et Comp., rue d’Erfurth, 1 ; et titre) et 320 pages (les dix premières numérotées en chiffres romains). Couverture jaune, imprimée, dans un encadrement typographique. Seconde édition[9] du recueil de 1842, augmentée de neuf pièces :


3 IDYLLES :

Me voici ! je respire avec peine ! (LA JOURNÉE PERDUE).

Viens, le jour va s’éteindre, il s’efface et je pleure (LA NUIT).

L’avez-vous rencontré ? Guidez-moi, je vous prie (L’ABSENCE)


3 ÉLÉGIES :

Que veux-tu ? je l’aimais, lui seul savait me plaire (À MA SŒUR).

Ah ! prends garde à l’amour, il menace ton cœurMlle GEORGINA NAIRAC).

Que j’aimais à te voir, à t’attendre, Albertine (ALBERTINE).


2 ROMANCES :

Hélas ! je devrais le haïr (SON RETOUR).

De ses fuseaux légèrement blessée (LA PIQÛRE).


1 CONTE :

C’était jadis. Pour un peu d’or (CONTE IMITÉ DE

L’ARABE).

XXVII.

POÉSIES DE L’ENFANCE
(1868)



XXVII.

POÉSIES DE L’ENFANCE 1868 Le 19 septembre 1868, la Bibliographie de la France publiait l’annonce suivante sous le n° 7586 : DESBORDES-VALMORE (Mme).— Les Poésies de l’enfance ; par Mme Desbordes-Valmore. Gr. in-18, 266 p. Paris, imp. Blot, lib. Garnier frères. Nous n’avons pu retrouver l’édition de 1868. Aussi décrirons- nous ici la seconde (1873), dont on peut présumer qu’elle reproduit la première ; car en dépit de la mention Revue et augmentée, elle a le même nombre de pages que la première. Voici donc le dépouillement de cette seconde édition, que les bibliographes tenaient jusqu’ici pour l’originale : LES POÉSIES || DE | L’ENFANCE || par || Mme Desbordes- Valmore. | Deuxième édition. || Revue et augmentée. || Paris || Garnier frères, libraires-éditeurs | 6, rue des Saints-Pères, et Palais-Royal, 215 || 1873 (1). In-12 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Clichy.-Imp. Paul Dupont et Cie, rue du (1) Cette édition fut mise en vente le 8 octobre 1872 (Bibliographie du 19 octobre, nº 7892). 404 POÉSIES DE L’ENFANCE Bac d’Asnières 12, et titre, blanc au verso), 268 pages (la dernière est chiffrée par erreur 272). Les pages 1 et 2, non chiffrées, renferment un avis, daté du 1er juillet 1868 et signé de P. et H. Valmore ; la page 263 contient la musique imprimée de la pièce : Pour endormir l’enfant. Seconde édition de ce recueil contenant, après une note de Prosper et Hippolyte Valmore et une petite préface de deux strophes et quatre vers (Jour par jour de la vie une nouvelle page…), 78 pièces destinées aux enfants et qui sont tirées de l’œuvre de Marceline Desbordes-Valmore. Voici la petite préface de huit vers dont nous avons parlé : "Jour par jour, de la vie une nouvelle page, Enfants, va s’ouvrir à vos yeux ; Autour de ses feuillets riants ou sérieux Les bals, les chants d’oiseaux feront bien du tapage. Lisez, lisez toujours, et méditez tout bas Cette vie, aux cœurs purs rarement infidèle ; Car tous ceux qui se plaignent d’elle Sont ceux qui ne l’entendent pas ». Voici maintenant l’avant-propos de Prosper et Hippolyte Valmore : "Ces poésies que nous offrons plus particulièrement aux mères, ont été choisies dans les différents recueils publiés par Mme Marceline Desbordes-Valmore. Ce sont celles où, mère elle-même, la plus tendre et la plus clairvoyante, elle a retracé les sentiments naïfs, le premier essor de la pensée des enfants. Peu rassurés à l’égard de notre propre compétence, nous avons confié le soin de les réunir à un esprit délicat, ami de l’enfance et de la poésie, M. Ath. Mourier. Si d’ailleurs ce nouveau recueil paraît aujourd’hui, il le doit à l’affectueuse obligeance de M. de Watteville, ainsi qu’à la sollicitude dévouée de M. Henri Berthoud, compatriote et ami de l’auteur. "Nous faisons des vœux pour que ce petit livre plaise POÉSIES DE L’ENFANCE 405 à ses jeunes lecteurs. Avec l’instinct parfois si sûr de leur âge, ils sentiront à quel point les devinait et les aimait Marceline Valmore. Peut-être aussi, qui sait ? à leur insu, ce nom se gravera-t-il dans le cœur de quelques-uns d’entre eux. Paris, 1er Juillet 1868. P. ET H. VALMORE L’édition de 1873 a été suivie de nombreuses réimpressions, qui se sont succédé tous les trois ou quatre ans en moyenne ; elles reproduisent toutes le texte de la seconde édition, soit l’avant-propos de Prosper et d’Hippolyte Valmore et les 80 pièces dont nous donnons la liste ci-dessous : AUX ENFANTS. 11° 1. Préface (en vers, 2 strophes de 4 vers) : Jour par jour, de la vie une nouvelle page… 2. L’écolier (Un tout petit enfant s’en allait à l’école). 3. Le petit rieur (Laissez entrer ce chien qui soupire à la porte). 4. Le petit oiseleur (La Mère. Vous voilà bien riant, mon amour ! Quelle joie). 5. Le petit peureux (Quoi Daniel ! à six ans vous faites le faux brave). 6. Le petit ambitieux (Un enfant avait mis les bottes de son père). 7. L’enfant et le pauvre (Mère, faut-il donner quand le pauvre est bien laid ?) 8. Le brutal (J’ai vu bien des enfants mal éclos dans ma vie). 9. Le petit mécontent (Mère, je veux crier et faire un grand tapage). 406 POÉSIES DE L’ENFANCE 10. Le petit menteur (Venez, bien près, plus près, qu’on ne puisse m’entendre). 11. Le petit buissonnier (Il ne faut plus courir à travers les bruyères). 12. L’enfant amateur d’oiseaux (Ecoute oiseau ! je t’aime et je voudrais te prendre). 13. Le coucher d’un petit garçon (Couchez-vous, petit Paul, il pleut, c’est nuit, c’est l’heure). 14. L’oreiller d’une petite fille (Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête). 15. Adieu d’une petite fille à l’école (Mon cœeur battait à peine, et vous l’avez formé). 16. Le faneur et l’enfant (Le faneur.-Eh ! pourquoi pleures-tu ? Ta colombe était vieille). 17. Le chien et l’enfant (Enfant d’une pierre lancée). 18. La grande petite fille (Maman ! comme on grandit vite). 19. L’enfant au miroir (Si j’étais assez grande). 20. frivole (Ah ! je suis inconsolable). 21. La petite pleureuse à sa mère (On gronde l’enfant). 22. La petite fille et l’oiseau (L’oiseau.-Bonjour petite fille !) 23. Au soleil (Ami de la pâle indigence). 24. A M. Dubois (Sa petite fille. Lève sur tes genoux ta plus petite fille). 25. L’enfant béni (Puisque la Vierge vous défend). POÉSIES DE L’ENFANCE 407 26. Un pauvre (Enfant ! sois doux aux pauvres, il en est d’adorables). 27. Le moineau franc (Sacrebleu ! voilà le soleil). 28. Un arc de triomphe (Tout ce qu’ont dit les hirondelles). 29. Les oiseaux (Caravanes aux voix enflammées). 30. La mouche bleue (Humble fille de l’air, mouche bleue. et gentille). 31. Le ver luisant (Juin parfumait la nuit, et la nuit trans- parente). 32. Les deux abeilles (Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs). 33. Conte imité de l’arabe (C’était jadis : pour un peu d’or). 34. Le derviche et le ruisseau (Un ruisseau, frais enfant d’une source cachée). 35. Le sage et les dormeurs (" Levez-vous de bonne heure enfants disait un sage). 36. L’aumône (Toute fleur bénit sur la terre). 119 37. L’espérance (Ouvrez ! Ouvrez ! je suis bonne nouvelle). 38. La Madone des Champs (Toujours notre Madone). 39. La prière des orphelins (Voix d’enfants, ô voix qui chantez). 40. Selon Dieu (Mère, un cheval est à la porte). 41. Le nuage et l’enfant (L’enfant disait au nuage). 408 POÉSIES DE L’ENFANCE 42. Dormeuse (Si l’enfant sommeille). 43. Pour endormir l’enfant (Ah ! si j’étais le cher petit enfant). AUX MÈRE S. 44. A mes enfants (Quand le soleil y passe, ouvrez votre fenêtre). 45. La fileuse et l’enfant (J’appris à chanter en allant à l’école). 46. Ouvrez aux enfants (Les enfants sont venus vous deman- der des roses). 47. Le soir d’été (Venez mes chers petits, venez mes jeunes âmes). 48. La première communion d’Inès (Tes yeux noirs, ma fille). 49. Amour partout (T’es ma fille ! t’es ma poule !) 50. Hippolyte (Quand j’ai grondé mon fils, je me cache et je pleure). 51. Aux trois aimés (De vous gronder je n’ai plus le courage). 52. A mon fils avant le collège (Un soir, l’âtre éclairait notre maison fermée). 53. A mon fils après l’avoir conduit au collège (Dire qu’il faut ainsi se déchirer soi-même…) 54. A ma fille (Ondine ! enfant joyeux qui bondis sur la terre). 55. Au revoir (Sous tes longs cheveux d’or, quand tu cours sur la grève). 410 POÉSIES DE L’ENFANCE 71. La suite du vieux crieur du Rhône (Ce n’était plus quand l’été se couronne). 72. Le rossignol aveugle (Pauvre exilé de l’air ! sans ailes, sans lumière). 73. Noël (Quel chant divin se fait entendre). 74. Charité (Oh ! que ne puis-je dire à toute pauvre femme). 75. A mes enfants (Je ne reproche rien au passé, je l’oublie). 76. La vallée de la Scarpe (Mon beau pays, mon frais berceau). . 77. L’enfant abandonné (Ah ! mon père ! où retrouver mon père ?). 78. Un pauvre (Enfant, sois doux au pauvre ; il en est d’adorables). 79. L’arbrisseau (J’ai vu languir au fond de la vallée). 80. Pour endormir l’enfant (avec musique) (Ah ! si j’étais

le cher petit enfant).

XXVIII.

CHOIX DE SAINTE-BEUVE
(3E ÉDITION)
1872



POÉSIES || DE MADAME || DESBORDES-VALMORE. || Nouvelle édition || précédée d’une notice || par || Sainte-Beuve || de l’Académie Française || Paris || Charpentier et Cie, Libraires- éditeurs | 28, quai du Louvre, 28 || 1872.

In-12 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au verso : Paris. — Imp. Simon Raçon et Comp., rue d’Erfurth, 1 ; et titre) et XII-376 pages.

Couverture jaune imprimée dans un encadrement typo- graphique.

Troisième édition[10] du recueil de 1842 ; c’est la réédition

de l’édition de 1860, sans changements de texte.

XXIX.

POÉSIES INÉDITES (POSTHUMES)
(2E ÉDITION)
1873



POÉSIES || DE || Mme DESBORDES-VALMORE || publiées par | Gustave Revilliod || Deuxième édition || Genève || Imprimerie Jules-Guillaume Fick || 1873.

Petit in-12 de LVI-306 pages (les 6 dernières sont occupées par la table).

Couverture crème imprimée ; le second plat est orné d’une vignette (cul-de-lampe final de la première édition).

Les LVI premières pages comprennent : un faux-titre portant seulement : Mme Desbordes-Valmore ; titre : À Mme Desbordes-Valmore après la lecture de ses œuvres posthumes imprimées à Genève en 1860 par les soins de Mr Revilliod (« Avec un saint respect, j’ouvre ton dernier livre… ») par Maria Cellini (pp. V-VII) ; un article de Sainte-Beuve, extrait du Moniteur universel du 13 août 1860 (pp. IX-XVII) ; un article d’Émile Montégut extrait de la Revue des Deux Mondes du 15 décembre 1860 (pp. XIX-LI) ; et un article de Caroline Olivier, extrait de la Revue Suisse d’août 1860 (pp. LIII-LVI).

Le texte de ce volume est semblable à celui de l’édition de 1860 ; seul l’ordre de quelques pièces a été changé. XXX. ÉDITION LEMERRE 1886 ŒUVRES POÉTIQUES || DE || MARCELINE || DESBOR- DES-VALMORE. || 1819-1833 || Idylles. — Elégies || Paris || Alphonse Lemerre, éditeur || 27-31, Passage Choiseul, 27-31 || MDCCCLXXXVI. Trois volumes in-12 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre portant au vºla justification du tirage ; titre rouge et noir), LXVII pages (notice par Auguste Lacaussade), 276 pages, 1 feuillet d’errata, 1 feuillet d’achevé d’imprimer (15 septembre 1886), pour le tome I. Deux feuillets prélim. non chiffrés (faux-titre et titre rouge et noir), 390 pages et 1 feuillet d’achevé d’imprimer (20 sep- tembre 1886) pour le tome II. (Ce volume donne en appendice une notice sur Madame Desbordes-Valmore par son fils Hippo- lyte, qui est intitulée : Marceline Desbordes). Deux feuillets prélim. non chiffrés (faux-titre et titre-rouge et noir), II pages (Au lecteur), 274 pages, 1 feuillet d’achevé d’imprimer (17 novembre 1886) et 1 f. d’errata. Le titre du tome II porte : 1833-1859 || Elégies.-Romances.- Mélanges.-Fragments.— || Poésies posthumes || ; et celui du tome III : 1819-1859 || Les Enfants et les Mères. Deux portraits hors texte : l’un gravé par Louis Monziès 416 ÉDITION LEMERRE (en frontispice au tome I) et l’autre, d’après le médaillon de David d’Angers, gravé par A. Mongin (en frontispice au tome III). Couvertures crème imprimées en noir. Il a été tiré 20 exemplaires su papier de Hollande ; 20 exemplaires sur papier de Chine et 5 exemplaires sur papier Whatmann, tous numérotés et paraphés par l’éditeur. Ces trois volumes représentent la PREMIÈRE ÉDITION COLLEC- TIVE des poésies de Marceline Desbordes-Valmore. Elle a été publiée par Auguste Lacaussade avec le concours d’Hippolyte Valmore, et contient 355 pièces. Toutes les pièces qui avaient un caractère intime ont été éliminées de cette publication ; c’est dire qu’il y manque un grand nombre de poésies. Les pièces publiées ont elles-mêmes été censurées et amputées de vers et de strophes. XXXI. SUPPLÉMENT BOYER D’AGEN 1922 A cette édition précédente se joint un quatrième volume : ŒUVRES POÉTIQUES ||DE|| MARCELINE | DESBORDES- VALMORE || RELIQUIE Préface de Boyer d’Agen.|| Paris, || Libraire Alphonse Lemerre || 23-33, Passage Choiseul, 23-33 || MDCCCCXXII. Petit in-12 de 4 ff. prélim. non chiff. (2 ff. blancs, faux- titre portant au vº la justification du tirage : titre rouge et noir), VIII pp. (préface de Boyer d’Agen), 313 pp., 1 f. portant au recto : Imprimerie A. Lemerre, 6, rue des Bergers, Paris ; et 2 ff. blancs. Couverture blanche, imprimée en noir. Il a été tiré 10 exemplaires sur papier de Chine et 5 exem- plaires su papier de Hollande, numérotés et paraphés par l’Editeur. Ce recueil contient 121 pièces qui complètent en partie les lacunes des trois volumes de l’édition Lacaussade, décrits au numéro précédent. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 27 XXXII. POÉSIES EN PATOIS 1896 POÉSIES || EN | PATOIS DE MARCELINE || DESBORDES- VALMORE. || Douai || Chez tous les libraires || 1896. In-8 allongé de 24 pages. Le premier feuillet sert de couver- ture ; il porte au recto : Marceline || Desbordes-Valmore || Poésies en Patois ; le second f. est occupé par le titre ; les pages (5) à 9 sont occupées par une notice signée B. R. (Benjamin Rivière) ; les pages (11) à 22 sont occupées par les trois poésies suivantes : T’es ma fille, t’es ma poule (Amour partout. A Inès), datée de 1827. Pour à ch’co chi, Mèr’, chest asséi (Dialogue). Douq ! Douq ! ch’est pour chés p’tiots infans (Oraison pour la crèche. A tous les belles nos dames de Douai). Cette pièce avait été publiée en 1849 dans l’Indépendant de Douai. Le dernier feuillet qui forme le second plat de la couver- ture porte au vº : Imprimé | par || Delattre et Gaulois || Douai || 1896. C’est dans les manuscrits de la collection Berthoud, au musée de Douai, que Benjamin Rivière a trouvé Amour partout et le Dialogue. La première de ces deux pièces avait déjà été imprimée dans les Poésies de l’Enfance (1868). A XXXIII. CHOIX DE DORCHAIN 1909 LES || CHEFS-D’ŒUVRE LYRIQUES || DE || MARCELINE || DESBORDES-VALMORE. || Choix et Notice || de | Auguste Dorchain. || Paris : A. Perche, 45, rue Jacob | Bruxelles… | Lausanne… | Berlin… || London & Glasgow : Gowans & Gray || Ltd. || 1909. In-16 de LXXVI pages, les 5 premières non chiffrées (faux- titre portant : les chefs-d’œuvre de la poésie lyrique française. VI, avec au vº la liste des ouvrages de A. Dorchain ; titre et début de la notice), 106 pp., 1 f. blanc et 2 ff. non chiff. (cata- logue des éditions Gowans). Couverture en parchemin, avec texte imprimé en noir et jaune et encadrement tiré en vert ; médaillon de Marceline en sanguine. Ce recueil comprend 72 pièces choisies par Auguste Dor- chain. XXXIV. CHOIX DE F. LOLIÉE 1909 ŒUVRES CHOISIES || DE || MARCELINE || DESBORDES- VALMORE avec études et notices || par || Frédéric Loliée. || Quoi vous voulez savoir le secret de mon sort ? || Ce que j’en peux livrer ne vaut pas qu’on l’envie : || Mon secret, c’est mon cœur ; ma souffrance, la vie ; || Mon effroi, l’avenir, si Dieu n’eût fait la mort ! | Paris | Librairie Ch. Delagrave || 15, rue Soufflot, 15. (1909) In-12 de 2 feuillets prélim. non chiffrés (faux-titre, titre) et 316 pages, la dernière portant en bas : Société anonyme d’Imprimerie de Villefranche-sur-Rouergue — J. Bardou directeur. Couverture brique imprimée. Ce recueil contient, divisées en quatre parties (Pour celui qu’elle aime, Pour ses Amies, Pour ses enfants et pour les Mères, Impressions de nature et pages mêlées), 103 pièces annotées par F. Loliće. On lit au bas de la page 23 : "Nous avions jugé préfé- rable et, comme étant d’un intérêt de lecture plus continu, de disposer les pièces choisies de ce recueil poétique, non d’après les dates de composition des pièces, mais selon la succession logique des sentiments vécus et des impressions ressenties., Ce recueil contient encore 31 lettres et fragments de lettres inédites. XXXV. CHOIX DE A. SÉCHÉ 1910 MARCELINE || DESBORDES-VALMORE || L’AMOUR- L’AMITIÉ || LES ENFANTS-MÉLANGES || Choix, Notice biographique et bibliographique || par || Alphonse Séché || Avec deux portraits de Mme Desbordes-Valmore || Louis-Michaud || Éditeur || 168, Boulevard Saint-Germain || Paris. (1910). In-16 de 3 feuillets prélim. non chiffrés (faux-titre portant au verso la liste des livres parus dans la même collection ; portrait d’après un dessin de Constant Desbordes ; titre) XII pages comprenant la notice signée A. S. (Alphonse Séché) et la dédicace A celles qui pleurent ; et 142 pages (les deux dernières sont occupées par la table, et la dernière porte au bas : 4510-Société générale d’impression, 21 rue Ganneron, Paris, L. M. Fortin. Le titre porte en plus : Bibliothèque des poètes français et étrangers || (Couronnée par la Société des Critiques Littéraires). Couverture blanche avec ornements typographiques et portrait en médaillon. Ce recueil publié à 1 franc contient 98 pièces, choisies par Alphonse Séché. XXXVI. CHOIX NILSSON 1910 MARCELINE || DESBORDES-VALMORE || LE LIVRE DES || TENDRESSES. || Edition Nilsson || 7, rue de Lille, || Paris || (s. d. : 1910). In-16 allongé de 128 pages. Les 5 premières (faux-titre portant au verso une notice sur Marceline D.-V., titre et début du texte) et les 4 dernières (Catalogue de la collection, terminé en dernière page par la mention : Imprimerie de J. G. Thieme, Nimègue) ne sont pas chiffrées. Couverture rouge et beige imprimée en beige. Ce volume a été publié à 0 fr 30 dans la Collection : Les 100 chefs d’œuvre qu’il faut lire. Ce recueil contient 72 pièces. XXXVII. ÉLÉGIES DE PAYOT 1913 MARCELINE || DESBORDES-VALMORE. || ÉLÉGIES. || Payot, Paris | 106, boulevard St-Germain. || Tous droits réser- vés || (s. d. : 1913). In-32 de 128 pages. Les 7 premières (page blanche avec au verso : Bibliothèque miniature, faux-titre avec verso blanc, titre avec verso blanc, le début de la première élégie) et les 4 dernières (catalogue de la Bibliothèque miniature, suivi de la mention : Société d’imprimerie d’Ambilly — Annemasse Haute- Savoie, puis deux pages blanches) ne sont pas chiffrées. Couverture en peau de chamois vert amandé. Ce recueil contient 64 pièces. XXXVIII. ALBUMS BOYER D’AGEN 1921 CEUVRES MANUSCRITES || DE || MARCELINE || DESBOR- DES-VALMORE || ALBUMS À PAULINE | Paris || Librai- rie Alphonse Lemerre || 23-33, Passage Choiseul, 23-33 || MDCCCCXXI. In-8 de 4 feuillets préliminaires non chiffrés (1 f. blanc, faux-titre orné de l’ex-libris de Marceline Desbordes-Valmore gravé sur bois, et portant au verso la justification du tirage, titre rouge et noir, dédicace à Benjamin Rivière signée B. d’A. (Boyer d’Agen), 278 pages et 1 feuillet non chiffré portant au recto : 1-5595 — Impr. A. Lemerre, 6, rue des Bergers. —6 Paris. Huit planches hors texte : Ex-libris de Marceline Desbordes- Valmore gravé sur bois (en face du titre) ; portrait de M. D.-V. gravé à l’eau-forte par Louis Monziès (en face de la page 1) ; buste de M. D.-V. par Théophile Bra, 1838, gravé sur bois (en face de la p. 21) ; portrait de M. D.-V. gravé sur bois d’après le tableau de Constant-Joseph Desbordes, 1820 (en face de la p. 31) ; portrait de Pauline Duchambge gravé sur bois d’après le tableau de Lefèvre (en face de la p. 81) ; portrait de M. D.-V. gravé sur bois d’après E. H. Langlois, 1843 (en face de la page 181) ; buste de M. D.-V. par J. B. Belloc, gravé sur bois (en face de la page 189) ; portrait-médaillon de M. D.-V. gravé à l’eau forte par A. Mongin (en face de la p. 201). 432 ALBUMS BOYER D’AGEN Les pp. 164, 167-168, 173, 263-264, sont occupées par des fac-similés de poésies et de lettres de Marceline Desbordes- Valmore. Couverture crème imprimée en rouge et noir. Tirage à 500 exemplaires numérotés et paraphés par l’édi- teur : 425 sur papier vergé d’Arches, 25 sur papier de Hollande Van Gelder, 25 sur papier de Chine, 25 sur papier du Japon. Edition originale de ce recueil. Une note de B. Rivière, bibliothécaire de Douai et éditeur, en 1896, de la Correspon- dance de Marceline Desbordes-Valmore, nous apprend ce que sont ces albums : "Nous possédons neuf recueils de poésies, reliés en cuir de Russie, cinq albums de reliure différente et de format italien, qui contiennent surtout des poésies. Ces 14 volumes ont été donnés par Prosper Valmore et son fils Hippolyte. Plus des lettres non reliées (à l’exception de celles écrites au mari, que j’ai fait réunir par ruban). Enfin un petit album, relié en chagrin noir, donné par D. Dubois, ancien économe des hospices (de Douai), d’où j’ai extrait quelques pages pour le Mercure de France Le présent recueil comprend des poésies et des fragments retrouvés dans ces albums. La majeure partie de ces pièces avait été publiée en volume dans des versions différentes, mais il en est quelques-unes d’inédites if XXXIX. ENFANTS 1923 MME DESBORDES-VALMORE || ENFANTS || Illustrations de la Cie D. de C. || Tours || Maison Alfred Mame et fils. (1923). In-4 de 47 pages. Les 7 premières ne sont pas chiffrées (faux-titre, titre, préface en vers et début du texte), non plus que la dernière qui porte au verso : 39954-Tours-Imp. Mame. Dix-huit illustrations de la Comtesse Desmiers de Che- non, clichées et tirées en bistre et bleu ; le texte est tiré en bistre. Couverture cartonnée bise, avec grand dessin tiré en bistre, rouge et blanc. Ce recueil contient 10 pièces choisies parmi les Poésies de l’Enfance. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 28 XL. LE LIVRE DES ENFANTS 1924 LE LIVRE || DES ENFANTS || Poésies || de Marceline Desbordes- Valmore || Dessins || de André Hellé || Paris || Librairie Garnier Frères | 6, rue des Saints-Pères, 6 || (s. d. : 1924). Grand in-4° de 48 pages. Ne sont pas chiffrées les six premières (faux-titre avec au verso : ouvrage d’André Hellé, titre, verso blanc, préface — "Jour par jour de la vie une nou- velle page…. — avec verso blanc) et la dernière qui porte la mention : Achevé d’imprimer le 30 Août 1924 par G. Des- grandchamps, 23 rue Boissonnade, Paris. Les feuilles de garde sont occupées par des annonces de librairie. Les compositions d’André Hellé sont reproduites en cou- leurs, au grain de résine. Cet album contient 13 poésies. XLI. ÉLÉGIES ILLUSTRÉES PAR GUÉRIN 1925 XII|| ÉLÉGIES | DE MARCELINE || DESBORDES- VALMORE || Lithographies || par || Charles Guérin || Lyon || Le Cercle Lyonnais du Livre || 1925. Grand in-4 de 48 feuillets non chiffrés, plus un feuillet de justification. Couverture blanche imprimée, avec rabat formant chemise. Douze lithographies à pleine page de Charles Guérin. Les quatre premiers feuillets comprennent : 1 feuillet blanc, le faux titre, 1 feuillet portant au v° : Exemplaire imprimé pour…… (avec le nom du Sociétaire) et le titre. Les 5 derniers sont occupés par la table, la liste des membres du Cercle lyonnais du livre, l’explicit (Imprimé par Marius Audin, de Lyon ; lithographies tirées par Landel de la maison Duchâ- tel) et la justification. Tirage à 147 exemplaires : 120 exemplaires nominatifs pour les sociétaires ; 20 ex. num. de I à XX, mis dans le commerce ; et 7 ex. de présent ou destinés aux collaborateurs. Il a été tiré trente suites sur Chine des lithographies. 438 ÉLÉGIES ILLUSTRÉES PAR GUÉRIN L’artiste a exécuté 14 croquis pour les 12 lithos ; croquis et suites ont été vendus aux enchères entre les sociétaires. Ce recueil contient : La Fidèle ; La Sincère ; Amour ; Les Roses de Saadi ; La jeune Fille et le Ramier ; Sans l’oublier ; Je ne sais plus, je ne veux plus ; Le Souvenir (O délire d’une heure auprès de lui passée) ; Qu’en avez-vous fait ?  ; Dors !  ; Les Séparés ; La Couronne effeuillée. XLII. CHOIX DE F. GOHIN 1925 MME DESBORDES-VALMORE || POÉSIES || avec || une intro- duction | par | Ferdinand Gohin || Paris || Librairie Garnier Frères 6, rue des Saint-Pères, 6 || 1925. In-16 jésus de 1 feuillet blanc, 106 pages dont les 5 premières ne sont pas chiffrées (faux-titre, titre et début de l’Introduction) ; 1 feuillet d’achevé d’imprimer (Imprimerie Paul Dupont à Clichy, Juin 1925), et 1 feuillet blanc. Couverture crème imprimée. Le titre et la couverture portent en plus, dans le haut : Sous le signe de la chouette || Textes anciens et modernes publiés || par Ferdinand Gohin. Tirage à 1.000 exemplaires numérotés sur papier alfa. Il a été tiré en plus 40 exemplaires de luxe, numérotés sur papier pur fil. L’introduction de F. Gohin occupe les pages (5) à 18. Ce recueil contient 34 poésies. XLIII. CHOIX DE L. DESCAVES 1927 POÉSIES || DE || MARCELINE || DESBORDES-VALMORE || Lyon || H. Lardanchet, éditeur || Rue du Président-Carnot, n° 10 || 1927. In-8 de 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre, portant au verso la justification, et titre rouge et noir), 260 pages et 8 feuillets non chiffrés (Notes bibliographiques et achevé d’imprimer, daté du 25 juin 1927, par Protat frères à Mâcon). Couverture crème imprimée en rouge et noir. Le titre porte en plus dans le haut : Bibliothèque du Biblio- phile, et la couverture : Bibliothèque du Bibliophile || (Poètes). Tirage à 1.000 exemplaires numérotés : 10 sur papier de Chine (n° 1 à 10) ; 20 sur papier impérial du Japon (n° 11 à 30) ; et 970 sur papier vélin de France B. F. K. filigrané au titre de la collection (n° 31 à 1.000). Il a été tiré en outre 50 exemplaires hors commerce marqués de A à Z et de 1 à XXV. Ce recueil, publié et annoté par Lucien Descaves, renferme 98 poésies, classées suivant leur ordre chronologique de publi- cation de 1819 à 1860. Lucien Descaves a adopté le texte des éditions originales (et non celui de la collective de 1830), et il a tenu compte des corrections autographes faites par Marceline sur des exemplaires qu’il possède. 442 CHOIX DE L. DESCAVES La pièce : "N’écris pas, je suis triste et je voudrais m’éteindre, , (Les Séparés), placée ici avec les pièces tirées du recueil de 1860, a été publiée pour la première fois par Sainte- Beuve (Madame Desbordes-Valmore, sa vie et sa correspondance, Paris, Michel Lévy frères, 1870, in-12). Il en est de même pour la pièce : "Nous n’avons plus d’argent pour entourer nos morts, (Lyon, 1834), classée ici parmi les pièces tirées de Pauvres Fleurs. XLIV. ROMANCES INÉDITES 1928 ROMANCES INÉDITES DE MARCELINE || DESBORDES- VALMORE || recueillies par Bertrand Guégan || et décorées de vignettes par | Pierre Laprade || A Paris || De la Collection des Parallèles || Aux dépens des Amateurs || 1928. In-8 de 174 pages, les 7 premières non chiffrées (1 feuillet blanc, faux-titre, titre et titre de la première romance) et 1 feuillet blanc. Musique imprimée ; vignettes au crayon gras de Pierre Laprade, reproduites en fac-similé. Couverture rose imprimée dans un encadrement de deux filets typographiques ; vignette sur le second plat. Tirage à 200 exemplaires numérotés sur papier pur lin de Montval, non mis dans le commerce. Aclevé d’imprimer le 3 avril 1928, par l’Imprimerie Durand à Chartres. Ce recueil renferme 42 pièces, publiées dans des Almanachs, des Keepsakes, ou les Veillées des Antilles, et qui n’avaient jamais été recueillies dans les éditions des poésies de Marceline Desbordes-Valmore, du moins dans la version ici donnée. En voici le détail : 1. D’où vient que je rougis ? et qui me rend pensive ? L’INCERTITUDE) ; musique de Luigi Castellacci (Souvenir des Ménestrels, 1829). 444 ROMANCES INÉDITES 2. Qu’est devenu le temps où la seule pensée (LA PLAIN- TIVE ESPAGNOLE) ; musique de Mme Blanche Berteau (Morceau de musique s. d., dédié à Caroline Branchu). 3. Laisse tomber tes yeux sur celle qui t’adore (L’ADIEU) ; musique de Quinebaux (Souvenir des Ménestrels, 1814). 4. Sans me faire connaître à celui que j’adore (C’EST ELLE) ; musique de Pauline Duchambge (morceau de musique s. d., dédié à Marceline Desbordes-Valmore). 5. Alouette ! hélas ! petite alouette ! (L’ALOUETTE) ; musi- que de Marceline Desbordes-Valmore (Souvenir des Ménestrels, 1821). 6. Ecoute, il ne faut me blâmer (JE L’AI VU) ; musique de Pauline Duchambge (Album musical de Pauline Duchambge, 1841). 7. Echo, voici l’aurore (L’ÉCHO) ; musique de A. Bohrer (Chansonnier des Grâces, 1821). Cette pièce existe aussi avec de la musique de Pauline Duchambge. 8. Ma bergère chérie (LA JEUNE PASTOURELLE) ; mu- sique d’Auguste Andrade (Guirlande des Dames, 1829). A. Andrade et Pauline Duchambge ont mis également cette pièce en musique. 9. Le soir en chantant sur ma lyre (JE PENSE À LUI) ; musique de Pauline Duchambge (morceau de musique, s. d.). 10. Pays des noirs, berceau du pauvre Arsène (L’ESCLAVE) ; musique de J. F. Nadermann (Chansonnier des Grâces, 1828). Mis aussi en musique par Mme C. Duchamp et Jules de Carpentier. ROMANCES INÉDITES 445 11. Un étranger vint un jour au bocage (L’ÉTRANGER) ; musique de Lélu (Chansonniers des Grâces, 1828). Existe également avec de la musique de Lachallier et de Quinebaux. 12. La voilà c’est mon âme entière (NE VIENS PAS TROP TARD) ; musique de Mme C. Gardet (morceau de musique s. d.). 13. J’aime Nita la blonde (LA BLONDE) ; musique de Pauline Duchambge (Album musical de Pauline Duchambge, 1841). 14. Quand l’alouette aura chanté (LE SECRET D’UNE BERGERE) ; musique de F. J. Nadermann (Lyre française, 1822). 15. Que cherches-tu Jenny ? sur la route isolée (JENNY) ; musique de Mme C. Duchamp (morceau de musique s. d.). 16. Ce soir, ami, tu m’attendras (LA BATELIÈRE) ; musique de Pauline Duchambge (morceau de musique s. d.). 17. Quand j’entendais le soir (AVE MARIA) ; musique de A. Lair de Beauvais (Chansonnier des Grâces, 1836, sans air noté ; la musique de A. Lair de Beauvais a été publiée en 1843). 18. Qu’est devenu le temps où le seul mot d’absence (LE CLOÎTRE) ; musique de Lélu (morceau de musique s. d.). 19. Petits oiseaux dont le ramage (LES OISEAUX) ; musique de F. Carulli (morceau de musique faisant partie des Romances pubbliées s. d. chez Lélu). 20. Tournez, tournez cher’belle (TOURNEZ, TOURNEZ CHER’BELLE, ROMANCE EN PATOIS CRÉOLE) ; sans mus. (Guirlande des Dames, 1819). Cet almanach indique un air de Mees qui n’a pas été retrouvé. 446 ROMANCES INÉDITES 21. Ne le croyez, si l’on vous dit un jour (LE MAL D’AMOUR) ; musique de P. d’Alvimare (Troubadour français, 1819 sans mus. ; cette romance a été mise en musique par P. d’Alvimare et par P. Duchambge). 22. Jamais voyez-vous la colombe (LA JEUNE ESCLAVE) ; se trouve sans musique dans le Chansonnier des Grâces de 1828 ; le Chansonnier des Dames de 1829 indique l’air : "Chaque nuit mon âme abusée qui est reproduit dans ce volume, 18 23. Viens donc, viens donc, vite bergère (LES DEUX BER- GÈRES) ; musique de Meissonnier (Chansonnier des Grâces, 1819). 24. Hier l’Amitié pensive (L’AMITIÉ PENSIVE) ; "Romance sur un air ancien lit-on dans la Guirlande des Dames de 1815 qui l’a publié pour la première fois. 25. Aline quitte son village (ALINE) ; musique de J. B. Woets (Souvenir des Ménestrels, 1825). 26. Ce doux lutin qu’il me faut oublier (TRILBY OU LE LUTIN D’ARGAIL) ; sans musique (Chansonnier des Grâces, 1824). 27. Riez, riez, mes légères compagnes (L’AMOUR ET LES BERGÈRES) ; musique de Fétis (Souvenir des Ménestrels, 1822). 28. Dormez, dormez, chers trésors d’une mère (L’ENFANT DU HÉROS) ; musique de Pauline Duchambge (morceau de musique s. d.). 29. Aimable chien fidèle et bon Médor (LE BON MÉDOR), musique de Gabriel Berteau. (Cette pièce trouve se dans le Journal de guitare ou de lyre, au tome XII avec de la musique de Mees, et au tome XVI avec de la musique de Berteau). ROMANCES INÉDITES 447 30. Adieu, ma petite (ATTENDS-MOI LONGTEMPS) ; musique de Pauline Duchambge (Album musical de Pauline Duchambge, 1841). 31. Fleurs entre le ciel et la tombe (LES ENFANTS DE MINUIT) ; musique de Me Louise Danchin (morceau de mu- sique, 1856). 32. Qui ? moi changer moi devenir volage (RIEN AVANT TOI, RIEN APRÈS TOI) ; sans musique dans le Chansonnier des Grâces de 1828. 33. Ornement d’un bocage (BLANCHE ET ROSE) ; musique de Lysias de Momigny (Le Chansonnier des Grâces de 1819 indiquait l’air : "Vent brûlant d’Arabie, , ; la musique de Lysias de Momigny a été publiée en morceau). 34. J’aurai toujours des pleurs pour le doux nom d’Hyacinthe (L’HYACINTHE) ; musique de A. B. Roux-Martin (Souvenir des Ménestrels, 1823). 35. Paganini ! doux nom qui bat sur ma mémoire (LE NOM DE PAGANINI). Cette pièce reproduit le texte de l’Almanach des Muses de 1823. 36. Les voilà, ces couleurs peintes dans ma mémoire (LE DRAPEAU TRICOLORE, juillet 1830) ; publié dans la Lyre nationale en 1831. 37. Jeune femme, écoutez:au fond de cet asile (LA VALLÉE D’AOSTE); d’après le texte paru dans le Mercure du XIX siècle, 1826. Les 5 poésies, qui terminent ce recueil, sont tirées du Keepsake intitulé La Couronne de Flore (Paris, 1837). 38. Toi qui, trop jeune encore, veux danser sur les fleurs (QUATRAIN SANS TITRE). 448 ROMANCES INÉDITES 39. Si tu vois cette fleur sauvage (LA CLOCHE BLEUE). 40. Marguerite, fleur de tristesse (LA MARGUERITE). 41. Parmi les biens perdus dont je soupire encore (L’IRIS D’EAU). 42. J’ai sommeillé six mois sous mon voile de neige (LA PERCE-NEIGE). Les 4 dernières pages sont occupées par les notes biblio- graphiques de Bertrand Guégan, suivies, au bas de la p. 174, de la justification du tirage. XLV. CHOIX DE SEHEUR 1928 L’ÂME DE LA FEMME || MARCELINE || DESBORDES-VALMORE || POÈMES || et || PROSES || Marcel Seheur, éditeur || 10, rue de Tourlaque, Paris XVIII || (s. d. : 1928). In-12 de 4 feuillets non chiffrés (1 feuillet blanc, la justi- fication avec vº blanc, le faux-titre avec au verso un portrait de Marceline gravé sur bois, le titre avec verso blanc), 7 pages chiffrées I-VII pour l’Avant-propos (n. s.), 1 page non chiffrée contenant une longue note n. s., 172 pages chiffrées pour le texte et les notes, et 4 feuillets non chiffrés (4 page pour la table, 1 page pour l’achevé d’imprimer, et 3 pages blanches). Ce livre, d’après la justification du tirage, est le troisième de la collection l’Ame de la Femme. Il a été tiré à 75 exem- plaires numérotés sur papier de Hollande, et a été achevé d’imprimer le 15 janvier 1928, sur les presses de Marcel Seheur, Lucien Boucher étant directeur artistique. La couverture, de couleur rose, reproduit le titre, sauf l’adresse, dans un encadrement de vignettes typographiques. Elle est tirée en rouge et noir. Les titres courants et les vignettes typographiques sont tirés en rouge dans le corps du volume. Le choix des textes que présente ce volume est particu- lièrement bien fait. Les poésies y sont mêlées à des morceaux de prose et à des lettres. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 29 XLVI. CHOIX DE M. FORMONT 1928 MARCELINE || DESBORDES-VALMORE || CHOIX DE POÉ- SIES || Notice par Maxime Formont || Paris || Librairie Alphonse Lemerre || 23-33, Passage Choiseul, 23-33 || (s. d. : 6 novembre 1928). In-12 de 256 pages. Les 7 premières pages (1 f. blanc, faux-titre avec au verso : Tous droits de reproduction et de traduction réservée…, titre avec v blanc et le commence- ment de la notice) et les 4 dernières ne sont pas numérotées. Au milieu de la page (253), on lit la mention : 6685.- Impr. A. Lemerre, 6, rue des Bergers, Paris, 1928. La notice de Maxime Formont occupe les pages 7-12. La couverture, de couleur crème, est imprimée en bleu d’outremer. En voici le texte : Choix de Poésies (C’est le titre de la collection) || MARCELINE DESBORDES-VALMORE || (Fleuron) || Paris | Librairie Alphonse Lemerre || 23-33, Passage Choiseul, 23-33. Ce volume contient 97 pièces. Il est publié à 10 francs. XLVII. COLLECTION ROSE PETITE COLLECTION ROSE || MADAME DESBORDES-VALMO- RE || IDYLLES ET ÉLÉGIES || Paris || Librairie A. Lemerre (s. d.). - In-32 de 4 feuillets (garde, faux-titre, titre avec verso blanc, notice n. s. de deux pages chiffrées I-II) et 120 pages (114 pour les poésies, 3 pour la table, 1 non chiffré pour la mention : Paris, Impr. Lemerre, 6, rue des Bergers, plus deux pages de garde). Couverture rose imprimée en bleu d’outremer. Le volume, imprimé sur papier rose, contient 45 poésies dont le choix a été fait par Maxime Formont. XLVIII. LE LIVRE DU CŒUR 1928 COLLECTION DES DAMES | LE LIVRE DU CŒUR | PAR || MME DESBORDES-VALMORE || Picart || 59, Boulevard Saint-Michel, 59 || Paris || (s. d. : 1928). In-32 de 64 pages. Les 7 premières (1 feuillet de garde, faux-titre avec vº blanc, le titre avec vº blanc et le début du texte) et les 3 dernières (la page contenant la fin du texte avec la mention : Fontenay-aux-Roses Imp. L. Bellemand 28.238, puis un feuillet de garde) ne sont pas numérotées. La couverture représente un damier violet ; elle est ornée d’une étiquette carrée blanche, sur laquelle on lit : Collection des Dames || Mme Desbordes-Valmore || Le Livre du Cœur. Ce recueil, qui fait maintenant partie du fonds Albin Michel, contient 44 pièces de vers. XLIX. EDITION BERTRAND GUÉGAN 1931 POÉSIES COMPLÈTES || DE MARCELINE || DESBORDES- VALMORE || publiées || par Bertrand Guégan || avec des notes et des variantes. | Tome Premier. || A Paris, || Aux Editions du Trianon, | Rue de Cluny, Nº 11. || 1931. In-16 jésus. Quatre feuillets non chiffrés (1 feuillet blanc, faux-titre avec verso blanc, 1 feuillet avec au vº le portrait de Marceline peint par Martin Drolling en 1810 et gravé à l’eau- forte par G. Gorvel, titre avec verso blanc) ; six feuillets chif- frés V-XVI pour le Calendrier valmorien ; 429 pages pour es poésies (pp. 1-398), les notes (pp. 399-423) et la table (pp. 425-429), une page blanche et 2 feuillets blancs, dont le premier porte au recto la justification du tirage. Quatre eaux-fortes de Gorvel, d’après des portraits du temps : 1° le portrait de Drolling (face au titre) ; 2° un por- trait de Marceline dessiné par Constant Desbordes vers 1817 (page 16) ; 3° un portrait de Délie d’après Carle (page 120) ; 4° un autre portrait de Marceline dessiné par son oncle vers 1820 (page 296). Couverture bleu pâle reproduisant le titre dans un double encadrement de filets. Cet ouvrage a été tiré à 10 exemplaires sur Japon impé- rial (1-10), 75 sur Montval (10-85), 1200 sur Vélin du Marais (86-1285), et 75 sur divers papiers pour les "Amis du Trianon, „,. ¡ XLIX, bis POÉSIES COMPLÈTES || DE MARCELINE | DESBORDES- VALMORE || publiées || par Bertrand Guégan || avec des notes et des variantes. || Tome Second. || A Paris, | Aux Editions du Trianon, | Rue de Cluny, Nº 11. || 1932. In-16 jésus. Cinq feuillets non chiffrés (2 ff. blancs, faux- titre avec verso blanc, 1 f. avec au vº une eau-forte de Gorvel, titre avec vº blanc, et faux-titre annonçant les poèmes, avec verso blanc. Puis viennent les Poésies (pp. 9 à 367), les Notes (pp. 369 à 411), la Table (pp. 413-416) et trois feuillets blancs dont le premier porte au recto la justification du tirage. Quatre eaux fortes de Gorvel d’après les portraits du temps : 1° Marceline d’après une peinture de Constant Desbordes (face au titre) ; 2° Pauline Duchambge d’après Robert Le Fevre (page 136) ; 3° Prosper Valmore d’après Richardot (page 232) ; 4° J. L. Alibert d’après Berthon (352). Même couverture et même tirage que pour le Tome premier. Ces deux volumes reproduisent intégralement le Recueil de 1830 et l’Edition originale des Pleurs (1833). Cette édition, qui sera la seule édition complète et authen- tique des Poésies de Mme Desbordes-Valmore (car l’édition Lemerre nº XXX n’est pas integrale), doit comprendre quatre volumes dont les deux derniers seront composés comme suit : Tome troisième : Pauvres fleurs (texte de 1838) et Bouquets et Prières (texte de 1843). Tome quatrième : Les pièces de l’édition Fick (1860), auxquelles s’adjoindront un grand nombre de poésies non recueillies ou inédites. L. LA GUITARE DE BOYER D’AGEN 1931 BOYER D’AGEN || LES GRENIERS || ET LA GUITARE || DE MARCELINE | Illustré de nombreuses reproductions romantiques || Marcel Seheur, éditeur. (1931). In-8 de 4 feuillets prélim. non chiffrés (1 feuillet blanc ; 1 f. portant au recto un ex-libris et au verso la liste des publications du même auteur ; faux-titre, titre) XVI-80 pp., 22 ff. non chiff. (Album musical de Pauline Duchambge, tables, justification et errata, et 2 ff. blancs). Couverture blanche décorée d’un grand encadrement tiré en vert ; elle porte dans le haut : Disparus ou… mystérieux. Collection dirigée par Jean-Paul Dubray. Tirage sur les presses de Marcel Seheur à 325 exemplaires sur papier de Hollande (nºs 1-325), plus 50 exemplaires de collaborateurs. 28 planches hors-texte en phototypie (portraits de Mme Valmore et lithographies romantiques en fac-similé). Ce recueil contient 34 romances choisies de Marceline Desbordes-Valmore, que suivent 13 romances de la poétesse mises en musique par Pauline Duchambge (partitions repro- duites en fac-similé), une romance de Marceline avec musique de Camille Saint-Saens (fac-similé de l’autographe) et une ro- mance de Chateabriand mise en musique par Pauline Duchambge. On y trouve également une introduction (pp. I-XVI) et des vers (pp. 55-79) de Boyer d’Agen. LI. CHOIX D’ANDRÉ DUMAS 1933 MARCELINE DESBORDES-VALMORE || CHOIX || DE || POÉSIES Préface par André Dumas || Paris || Bibliothèque- Charpentier | Fasquelle éditeurs || 11, rue de Grenelle, 11 || (s. d. : 1933). In-12 de 284 pages. Au début faux-titre avec au vº la liste des ouvrages faisant partie de la collection Choix de Poésies ; titre avec au verso : Tous droits réservés. Copyright by Fasquelle éditeurs, et le début de la Préface qui est paginée (VIII)- XLIII et datée : Mai 1933. La page (XLIV) est blanche, puis vient le choix proprement dit, paginé (45)-278. La table occupe les pages 279-282. Au milieu de la page suivante se lit la mention : 189-33 Saint-Germain-lès-Corbeil. Imp. Willaume. Le Médaillon de David d’Angers, reproduit en simili-gravure, sert de frontispice à l’ouvrage. Couverture jaune bordée du traditionnel encadrement des éditions Fasquelle. La ligne Choix de Poésies est soulignée au haut de la page, pour désigner la collection à laquelle appar- tient cet ouvrage. Ce volume se vend 12 francs. Il contient 108 pièces de vers, réparties en 4 chapitres : Enfance, Amour, Maternité, Mélanges. LII. CHOIX DE M. ALLEM 1935 MARCELINE DESBORDES-VALMORE || POÉSIES CHOI- SIES | Avec une introduction et des notes || par || Maurice Allem || Paris | Librairie Garnier frères || 6, rue des Saints- Pères, 6 (s. d. : 1935). Un volume in-12. Quatre pages non chiffrées (faux-titre avec vº blanc, et titre avec v blanc), XXXIV pages chiffrées pour l’Introduction de Maurice Allem, 256 pages chiffrées pour les poésies, les notes et la table, plus un feuillet portant au recto la mention : Paris (France). Imp. Paul Dupont (Cl.). 94. 3. 35. Couverture jaune des Classiques Garnier avec cadres de filets sur le premier plat et des annonces de librairie en qua- trième page. Ce recueil, vendu 12 francs, contient 99 pièces. Suivant le plan adopté par Bertrand Guégan dans son édition complète, M. Allem les emprunte au recueil de 1830, aux Pleurs (1833), aux Pauvres fleurs (1839), à Bouquets et Prières (1843), aux Posthumes (1860), au livre de Sainte-Beuve et aux Romances inédites (1928). G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 30 TABLES : A) TABLE DES RECUEILS ÉTUDIÉS. B) TABLE ALPHABÉTIQUE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES. C) TABLE ALPHABÉTIQUE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT.

D) INDEX DES NOMS CITÉS. A) TABLE DES RECUEILS ÉTUDIÉS

Pages
 I à VII
 1
II. — 
 35
III. — 
 45
 57
VII. — 
 85
 127
 131
 135
 199
 289
 415
 419
 421
 423
 425
XXXVI. — 
 427
 429
 431
XXXIX. — 
 433
 439
 441
 443
 449
 451
XLVII. — 
 453
 455
 465
B) TABLE ALPHABÉTIQUE DES POÉSIES

CLASSÉES D’APRÈS LEURS TITRES AVERTISSEMENT. — Les numéros en corps moyen renvoient aux réimpressions ; les numéros en corps plus grand aux pages où l’on trouvera des renseignements sur les pièces ou leur histoire. A ALBERTINE. A. Madame Héloïse Saudeur. — 217. ABNÉGATION. — 162, 286. A CELLES QUI PLEURENT. — 295. A DÉLIE I (Par un badinage enchanteur).-22, 93, 283. A DÉLIE II (Du goût des vers pourquoi me faire un crime). — 23, 93, 283. A DÉLIE III (Oui ! cette plainte échappe à ma douleur).-25, 93, 283. A DÉLIE IV (Toi, dont jamais les larmes).-40, 93, 283. ADIEU. — 155. ADIEU D’UNE PETITE FILLE À L’ÉCOLE. — 183, 207, 286, 406. ADIEU, MES AMOURS (Voir ADIEU MES FIDÈLES AMOURS).- 42, 93. ADIEU, MES FIDÈLES AMOURS ! — 25. ADOLPHE NOURRIT. A Lyon après la guerre civile. — 240. AFFLICTION. — 228. AGAR. 174. A GEORGES P…., TUÉ PRÈS DE SON PÈRE EN 184… —396. A LA NUIT.-30, 96. A LA POÉSIE.-29, 41, 53, 95, 284. A LA SEINE. — 29, 96. A L’AMOUR. — 52, 93, 282. A L’AUTEUR DE MARIE, M. BRIZEUX. —315. 478 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES ALBERTINE (Que j’aimais à te voir, à t’attendre, Albertine).- 62, 94, 400. ALINE. — 446. ALLEZ EN PAIX. — 347. A MADAME A. TASTU. — 247. A MADAME ***. — 393. A MADAME DESBORDES-VALMORE (Voir p. 168, n° 37).-286. A MADAME DE TAV…, DEVENUE AVEUGLE. —396. A MADAME HENRIETTE F. (Quand ma pensée oiseau s’envole et fend l’absence).— 215. A MADAME HENRIETTE FAVIER (Si je brisais de la terre).-303. A MADAME RÉCAMIER. — 309. A MADAME SOPHIE GAY. —65, 94. A MADEMOISELLE A… — 256. A MADEMOISELLE GEORGINA NAIRAC. — 61, 94, 400. A MADEMOISELLE ISAURE PARTARRIEU. Elle avait mis mon portrait parmi ses colombes. — 396. A MADEMOISELLE MARS (De Thalie). —70, 97, 284. A MADEMOISELLE MARS (O fille de Molière ! ô voix de son génie). — 393. A MA FAUVETTE. — 21, 98. A MA FILLE (Ondine, enfant joyeux qui bondis sur la terre).- 171, 408. A MA SŒUR (Que veux-tu ? je l’aimais…). —61, 94, 400. A MA SŒUR (Qu’ai-je appris, le sais tu ?…).-62, 84, 94. A MA SŒUR CÉCILE (L’orage avait grondé, ma tête était brûlante). — 368. A MA SŒUR CÉCILE (Cache-les dans ton cœur, toi dont le cœur pardonne). — 395. ÂME ET JEUNESSE. — 296. A MES ENFANTS (Oui, nous allons encore essayer un voyage).- 100, 132, 283. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES 479 A MES ENFANTS (Quand le soleil y passe, ouvrez votre fe- nêtre). — 408. A MES ENFANTS (Je ne reproche rien au passé, je l’oublie). — 329, 410. A MES SŒEURS. — 115, 132, 285. AMNISTIE. — 243. A MON FILS, APRÈS L’AVOIR CONDUIT AU COLLÈGE. — 370, 403. A MON FILS, AVANT LE COLLÈGE. — 369, 408. A MONSIEUR A. L.-237. A M. BÉRANGER. —69, 97, 284. A M. BOUILLY. —392. A M. DUBOIX, Directeur de l’Hôpital de Douai. — 390, 406. A M. A. DE LAMARTINE. — 168, 286. A MONSIEUR A. DE L. —171. A M. DE PEYRONNET, prisonnier, sur son œuvre : DE LA FEMME DANS L’ADVERSITÉ. — 232. AMOUR (Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge).-148. AMOUR (Que sais-tu, cher ingrat, quand tu ris de mes larmes).-303. AMOUR PARTOUT (T’es ma fille ! T’es ma poule). — 408. AMOUR ET CHARITÉ. — 228, 286. ANGÉLUS. — 256. A PAULINE DUCHAMBGE (En ce temps-là, je montais dans ta chambre).-216, 286. A PAULINE DUCHAMBGE. Elle voulait quitter le monde.-226, 286. A QUI ME L’A DEMANDÉ. — 256. A ROUEN, RUE ANCRIÈRE. — 366. A TOI.-28, 41. ATTENDS-MOI LONGTEMPS. — 447. AU CHRIST. — 254. AU CITOYEN RASPAIL. — 337. AU JEUNE PARALYTIQUE. Louis Saint-M. — 312. AU LIVRE DES CONSOLATIONS PAR M. SAINTE-BEUVE.-301. 480 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES AU LIVRE DE LEOPARDI. — 364. AU MÉDECIN DE MA MÈRE, M. Taranget de Douai.-206. A UNE BELLE MARIE. — 323. A UNE MÈRE QUI PLEURE AUSSI. – 377, 409. A UN TROMPEUR. —41, 53, 98. AU POÈTE. — 251. AU POÈTE PROLÉTAIRE, LE BRETON. — 312. AU REVOIR (Vous ne me voulez plus… Qu’ils en cherchent la cause).-228. AU REVOIR. A ma fille. (Sous tes longs cheveux d’or, quand tu cours sur la grève). — 329, 408. AU SOLEIL, Italie. — 257, 286, 406. AU SOMMEIL. — 103, 283. AUX ENFANTS QUI NE SONT PLUS.— 109, 132, 283. AUX MÂNES D’AIMÉ DE LOY. — 309. AUX MÂNES D’EDMOND GÉRAUD. — 174. AUX NOUVEAU-NÉS HEUREUX. — 389. AUX NOUVEAU-NÉS PARTIS. — 389. AUX TROIS AIMÉS. —327, 408. AVANT TOI. — 210. AVE MARIA (Ave Maria). — 228. AVE MARIA (Quand j’entendais le soir).-445. AVEU D’UNE FEMME. — 214, 286. BÉRANGER.-181. BLANCHE ET ROSE. —447. BOIELDÏEU. — 245. BONSOIR ! -68, 96. CAMÉLÉON.-325. CANTIQUE DES BANNIS. — 242. CANTIQUE DES MÈRES. — 241. CELLE QUI NE RIT PAS.-69, 97. C’EST ELLE. — 444. • TABLE DES POÉSIES D’APRÈS. LEURS TITRES C’EST LE BONHEUR, C’EST TOI. — 30, 42, 98. C’EST MOI. — 69, 96, 284. C’EST TOI (Voir C’EST LE BONHEUR, C’EST TOI). — CHANSON CRÉOLE. — 31, 42, 55. MÊME ROMANCE adaptée en français. — 31. CHANT D’UNE JEUNE ESCLAVE. —70, 97, 133, 284. CHARITÉ. — 410. CIGALE.-365. CLÉMENTINE. — 41, 53, 96. CLÉMENTINE À MARIE. —30, 42, 98. CLOCHETIN OU LE ROYAUME DE SA-SA (prose). — 337. CONTE D’ENFANT. —42, 98, 133, 266. CONTE IMITÉ DE L’ARABE. —21, 55, 97, 133, 400, 407. CROIS-MOI. — 364. CROYANCE. — 210. CROYANCE POPULAIRE, Prière aux innocents, — 303. DANS L’ÉTÉ. — 364. DÉPART DE LYON. A Madame Dupin. — 304. DERNIÈRE ENTREVUE. — 264. DÉTACHEMENT. — 158, 286. DEUX CHIENS. — 255, 266. DEUX JEUNES FILLES. — 257. DEUX MÈRES. A Caroline Branchu. — 379. DEUX NOMS. — 297. DIEU PLEURE AVEC LES INNOCENTS. — 303. 481 DORMEUSE. — 214, 287, 408. DORS ! (L’orage de tes jours a passé sur ma vie). — 305. DORS, MA MÈRE (Voir A TOI). —41, 53, 95. DORS-TU (Et toi, dors-tu quand la nuit est si belle). — 148, 285. ÉCRIVEZ-MOI. — 174. ÉGLANTINE. —126. ÉLÉGIE (Dusses-tu me punir de rompre la première). —99. 482 ÉLÉGIE (Il avait dit un jour : Que ne puis-je auprès d’elle). —99. (Il fait nuit, le vent souffle et passe dans ma lyre).-99, 283. (J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu). – 48, 93, 283. (Je m’ignorais encore, je n’avais pas aimé) (Voir LES 11 DEUX AMOURS). —52, 93, 283. (Ma sœur il est parti ; ma sœur il m’abandonne). — 49, 11 93, 283. 11 11 }} 283. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES 12 (Quoi ! les flots sont calmés et les vents sans colère).-51, 94, 283. (Toi que l’on plaint, toi que j’envic). — 111, 284. (Toi qui m’as tout repris jusqu’au bonheur d’attendre).-99. 11 "1 (Parti ! Fut-elle donc pour moi seule charmante).-105, 283. (Peut-être un jour sa voix tendre et voilée). —51, 94, 283. (Quand le fil de ma vie [hélas ! il tient à peine]).-112, 284. (Qui, toi mon bien-aimé, t’attacher à mon sort). —52, 94, (Un jour, écoute, un jour, j’étais bien malheureuse).-106. ELISA MERCCEUR. A sa mère. — 235. ELLE ALLAIT S’EMBARQUER ENCORE. — 374, 409. ELLE A VOULU MOURIR. — 256. ENVOI DU LIVRE DES PLEURS. — 298. ESPÉRANCE (Ouvrez, ouvrez ! Je suis bonne nouvelle). — 398, 407. FABLE IMITÉE DU RUSSE. —74, 98. FÊTE D’UNE VILLE DE FLANDRE POUR PHILIPPE-LE-BON.- 328. FILEUSE.-397. FLEUR D’ENFANCE.— 218, 286. FRAGMENT. —398. FRILEUSE (C’est l’oiseau qui passe). — 329. FRILEUSE (Le ciel est haut, la lune est rouge el pleine). — 329. GARAT À BORDEAUX (Voir LE TROUBADOUR EN VOYAGE).- 95. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES HIPPOLYTE. — 216, 287, 408. HIVER. 217. HORTENSE SELIGMANN, morte à douze ans. — 242. IL VA PARLER. — 29, 53, 95. INÈS. — 381. - JAMAIS ADIEU. — 178. J’AVAIS FROID. — 216. JE DORMAIS (Voir LE RÉVEIL : On sonne, on sonne, on sonne encore). — 95. JE L’AI PROMIS. — 216. JE L’AI VU.-124, 444. JE NE CROIS PLUS. — 157. JENNY. —445. JE NE SAIS PLUS, JE NE VEUX PLUS. —69, 97. JE PENSE À LUI. — 444. JEUNE FILLE. Mademoiselle Zoé Dessaix. — 320. JE VEUX T’AIMER TOUJOURS. —28, 41. JONE ET SOPHIE.-31, 55. JOURS D’ÉTÉ. — 295, 409. JOURS D’ORIENT. — 347. L’ABANDON. — 33. LA BATELIÈRE. — 445. 483 LA BLONDE. — 445. L’ABSENCE (L’avez-vous rencontré ? Guidez-moi, je vous prie). — 48, 92, 399. L’ABSENCE (Quand je me sens mourir du poids de ma pensée).- 104. L’ACCABLEMENT. — 60, 94. LA CLOCHE BLEUE. — 448. LA COLÈRE. —39, 52. LA COURONNE EFFEUILLÉE. — 388. LA CRAINTE. — 164. 484 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LA DANSE DE NUIT.-392. LA DERNIÈRE FLEUR. — 168. L’ADIEU (Adieu pour toujours). — 52, 96. L’ADIEU (Laisse tomber tes yeux sur celle qui t’adore). — 444. L’ADIEU DU SOIR.-17, 92, 282. L’ADIEU TOUT BAS. — 157, 285. LA DOUBLE IMAGE. — 217. LA DOULEUR. — 25, 93. LA FEMME AIMÉE. — 216. LA FÊTE. —60, 94. LA FÊTE DE THOMAS MOORE. — 327. LA FEUILLE VOLÉE. — 348. LA FIANCÉE. —52, 96. LA FIANCÉE DU MATELOT. — 249. LA FIANCÉE ET LE CHOLÉRA. — 249. LA FIANCÉE DU MARIN. — 124. LA FIANCÉE DU VEUF. — 379. LA FIANCÉE POLONAISE. — 179. LA FIDÈLE. — 397. LA FILEUSE ET L’ENFANT. —365, 40s.. LA FLEUR D’EAU. — 209. LA FLEUR DU SOL NATAL. —99, 283. LA FLEUR RENVOYÉE. —41, 95. LA FONTAINE (Et moi, je n’aime plus la fontaine d’eau vive).- 67, 92. LA FONTAINE, de Thomas Moore. — 250, 282. LA FRIVOLE (Voir LA PETITE FRIVOLE). — L’AGONIE DU MINEUR. — 255. LA GOUTTE D’EAU. — 75, 98. LA GRANDE PETITE FILLE. — 337, 391, 406. LA GUIRLANDE DE ROSE MARIE. —64, 94, 132. LAISSE-NOUS PLEURER. — 368. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LA JALOUSE. — 155, 285. LA JALOUSIE. —68, 96. LA JEUNE CHÂTELAINE. – 124. LA JEUNE COMÉDIENNE. A Fontenay-les-roses. – 364. LA JEUNE ÉPOUSE. — 40, 92. LA JEUNE ESCLAVE. — 446. LA JEUNE FILLE ET LE RAMIER. — 349. LA JEUNE FILLE ET L’OISEAU. — 337. LA JEUNE PASTOURELLE. — 444. LA JEUNE PENSIONNAIRE (Voir LA PETITE FRIVOLE). — 391. LA JOURNÉE PERDUE. — 40, 92, 399. L’ALOUETTE. — 444. 485 LALY GALINE SEULE (Voir LA FIANCÉE DU MATELOT).-397. LA MADONE DES CHAMPS. A mes filles. — 215, 286, 407. LA MAISON DE MA MÈRE. — 202. LA MAISON BLANCHE (prose). — 338 : LA MARGUERITE. — 34, 448. L’ÂME DE PAGANINI. — 175. L’ÂME EN PEINE, Italie. — 259. L’ÂME ERRANTE. — 378. LA MÉMOIRE. — 174, 286. LA MÈRE À SA FILLE (Voir MA FILLE).-267. LA MÈRE À SON FILS (Voir HIPPOLYTE). — 267. LA MÈRE QUI PLEURE.-377, 409. LA MEUNIÈRE ET SON SEIGNEUR (imité de Goethe). — 257. L’AMI D’ENFANCE. — 364. L’AMIE. — 396. L’AMITIÉ PENSIVE. — 446. LA MONTRE. —42, 97. LA MOUCHE. — 54. LA MOUCHE BLEUE (Voir LA MOUCHE). —97, 133, 285, 407. L’AMOUR. — 126. 486 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES L’AMOUR ET LES BERGÈRES. — 446. L’ANGE ET LE RAMEAU. — 125, 285. L’ANGE ET LA COQUETTE. — 396. L’ANGE GARDIEN. — 214. LA NOVICE. — 125. LA NUIT. —48, 92, 399. LA NUIT D’HIVER. —21, 93, 282. LA NYMPHE TOULOUSAINE. —42, 97. LA PAGE BLANCHE. A ma fille. — 320. LA PAROLE D’UN SOLDAT. — 326. LA PASTOURELLE. —31, 98. LA PAUVRE ORPHELINE. — 256. LA PAUVRE FILLE. — 397. LA PÈLERINE.-31, 96. LA PERCE-NEIGE.-448. LA PETITE FILLE ET L’OISEAU (Voir LA JEUNE FILLE ET L’OISEAU). — 406. LA PETITE FRIVOLE. — 338. LA PETITE PLEUREUSE À SA MÈRE. — 337, 391, 406. LA PIQÛRE.-124, 400. LA PLAINTIVE ESPAGNOLE. — 444. LA PREMIÈRE CAPTIVITÉ DE BÉRANGER. — 117, 284. LA PREMIÈRE COMMUNION D’INÈS. —329, 408. LA PREMIÈRE HEURE DE L’ANNÉE. — 101. LA PRIÈRE (Voir CLÉMENTINE À MARIE). —53. LA PRIÈRE DE LAURE (Voir CLÉMENTINE À MARIE). – 42. LA PRIÈRE DES ORPHELINS.-389, 407. LA PRIÈRE PERDUE. — 39, 93. LA PROMENADE D’AUTOMNE. — 39, 93, 283. L’ARBRISSEAU (La tristesse est reveuse… et je rêve souvent). — 15, 92. L’ARBRISSEAU (J’ai vu languir au fond de la vallée). — 410. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES 487 LA RECONNAISSANCE. — 69, 96. LA RONCE (Voir SOLITUDE : Pour me plaindre ou m’aimer, je ne cherche personne). — 309. LA ROSE FLAMANDE. — 368. LA ROSE EFFEUILLÉE de Cowper. — 395. LA ROYAUTÉ D’UN JOUR (prose). — 337. LA SÉPARATION (Il est fini ce long supplice).-25, 93, 283. LA SÉPARATION (Il le faut, je renonce à toi).— 69, 96, 284. LA SINCÈRE. — 164, 286. LA SOURIS CHEZ UN JUGE. —74, 98, 133, 267, 285. LA SUITE DU VIEUX CRIEUR DU RHÔNE.-66, 94, 132, 283, 410. L’ATTENTE (Il m’aima, c’est alors que sa voix adorée).-60, 94, 283. L’ATTENTE (Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure).- 148, 285. L’ATTENTE (Voir LE RENDEZ-VOUS : Olivier, je t’attends, déjà l’heure est sonnée). — 284. L’AUGURE. A une amie que j’avais. — 254. L’AUMÔNE.-396, 407. L’AUMÔNE AU BAL.-244. L’AUTRUCHE ET LE PÉLICAN. — 76. LA VALLÉE. — 124, 284. LA VALLÉE D’AOSTE. —447. LA VALLÉE DE LA SCARPE. — 112, 132, 284, 410. LA VEILLÉE DU NÈGRE. —69, 97, 132, 284. L’AVENIR D’UNE VIEILLE FEMME (prose). — 337. L’AVEU PERMIS. —28, 53, 95, 284. LA VIE. — 298. LA VIE ET LA MORT DU RAMIER. — 147, 285. LA VIERGE ET LE SERPENT. — 406. LA VISITE AU HAMEAU. — 67, 84, 92. LA VOIX D’UN AMI. — 350. LA VOIX PERDUE. Ma fille Inès. — 382. 488 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES L’EAU DOUCE. — 349. LE BAL.-52, 96. 1 LE BAL DES CHAMPS OU LA CONVALESCENCE. – 75, 98, 283. LE BANNI. — 398. LE BAPTÊME D’UN PRINCE À NOTRE-DAME. — 326, 409. LE BEAU JOUR. —68, 84, 98. LE BERCEAU D’HÉLÈNE. —42, 97, 133, 283. LE BILLET (Message inattendu, cache-toi sur mon sein). — 19, 52, 93, 282. LE BILLET (Quand je t’écris à l’ombre du mystère). — 28, 95. LE BILLET (Je sais lire, ô bonheur ! ô clarté ! Je sais lire).-121. LE BILLET D’UNE AMIE. — 76, 98. LE BON ERMITE. — 125. LE BON MÉDOR (Voir MÉDOR). — 446. LE BOUQUET (Voir MON BOUQUET). —95, 284. LE BOUQUET SOUS LA CROIX. — 103, 285. LE BRUTAL (Voir LE PETIT BRUTAL). — LE CALVAIRE.-124, 284. LE CHIEN D’OLIVIER. —41, 95. LE CHIEN ET L’ENFANT. —392, 406. L’ÉCHO (Tout pour l’amour).-31, 53, 98. L’ÉCHO (Echo, voici l’aurore). — 444. LE CLOÎTRE.-445. L’ÉCOLIER. —54, 97, 133, 266, 287, 405. LE CONCERT.-18, 93, 282. LE CONVOI D’UN ANGE. — 187. LE CÔTÉ DU SOLEIL (prose). — 338. LE COUCHER D’UN PETIT GARÇON. — 185, 267, 286, 406. LE CRIEUR DE NUIT.-181. LE DERNIER RENDEZ-VOUS. — 126, 285. LE DERVICHE ET LE RUISSEAU.-119, 137, 285, 407. LE DIMANCHE DES RAMEAUX. —322. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LE DRAPEAU TRICOLORE. —447. LE FANEUR ET L’ENFANT. — 392, 406. L’ÉGLISE D’ARONA (Italie). — 319. LE GRILLON. — 299. LE HAMEAU (Voir L’ABANDON). — 284. LE JUMEAU PLEURE. — 148. LE LIVRE DE MA FILLE INÈS. — 247. LE LIVRE DE PRIÈRE. A Jean Paul, — 329. LE LIVRE D’UNE PETITE FILLE (Voir LE LIVRE DE MA FILLE INÈS). — 267. LE LUXEMBOURG. Au cœeur de Béranger. — 243. LE MAL D’AMOUR (Voir ON N’EN MEURT PAS). — 446. LE MAL DU PAYS. — 162, 286. LE MARIAGE D’UNE JEUNE REINE. — 256.. LE MARINIER. — 257. LE MAUVAIS JOUR.-306. LE MENDIANT. —118, 132. LE MESSAGE. — 105. LE MIROIR. — 40, 92. LE MOINEAU FRANC. — 325, 407. L’ENFANT ABANDONNÉ. — 328, 410. 489 L’ENFANT AMATEUR D’OISEAUX. — 267, 325, 406. L’ENFANT AU MIROIR. A M.lle Emilie Bascans (Voir LES ENFANTS ET LES MIROIRS). — 391, 406. L’ENFANT AU RAMEAU. — 178. L’ENFANT BÉNI. A Marie B.-328, 406. L’ENFANT DES CHAMPS-ÉLYSÉES (Prose). — 337. L’ENFANT DU HÉROS. — 446. L’ENFANT ET LA FOI, Italie. — 315. L’ENFANT ET LE PAUVRE. — 245, 266, 405. L’ENFANT GREC AU TOMBEAU DE BOTZARIS. — 225. L’ENFANT TRISTE. — 364. 490 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LE NID SOLITAIRE. — 365. LE NOM D’OLIVIER (Voir L’ÉTRANGER AU VILLAGE). —285. LE NOM DE PAGANINI. — 447. L’ENTREVUE AU RUISSEAU. — 349. LE NUAGE ET L’ENFANT. — 338, 389, 407. LE PAPILLON MALADE.— 120, 132, 285. LE PARDON.-29, 41, 98. LE PARFUM D’UN ALBUM. — 256. LE PASTEUR. —53, 97. LE PAUVRE PIERRE. — 106. LE PÉLICAN, OU LES DEUX MÈRES (Voir L’AUTRUCHE ET LE PÉLICAN). – 98, 133, 267. LE PETIT AMBITIEUX. — 121, 132, 267, 405. LE PETIT ARTHUR DE BRETAGNE À LA TOUR DE ROUEN.- 54, 97, 133. LE PETIT BRUTAL. — 389. LE PETIT BUISSONNIER (Voir CONTE D’ENFANT). — 106. LE PETIT MÉCONTENT. —337, 389, 405. LE PETIT MENTEUR. —71, 98, 133, 266, 287, 406. LE PETIT OISELEUR. —116, 132, 267, 405. LE PETIT PEUREUX.-122, 132, 267, 287, 405. LE PETIT RIEUR. — 184, 267, 286, 405. L’ÉPHEMÈRE.-186, 287. LE PORTRAIT.-28, 95. LE PREMIER AMOUR. —32, 95, 284. LE PREMIER CHAGRIN D’UN ENFANT. — 185, 267. LE PRÉSAGE. —104, 283. LE PRESSENTIMENT.-25, 40, 93, 109, 132, 283. LE PRINTEMPS. — 60, 94. LE PRISONNIER DE GUERRE. — 126. LE PUITS DE NOTRE DAME, À DOUAI. — 367, 409. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LE REGARD (Cache-moi ton regard plein d’âme et de tristesse).- 32, 96, 284. LE REGARD (Laisse ! j’ai vu tes yeux dans leur douce lumière).- 109. LE RENDEZ-VOUS (Olivier, je t’attends, déjà l’heure est son- née). — 32. LE RENDEZ-VOUS (Il m’attend : je ne sais quelle mélancolie).- 68, 96, 284. LE RETOUR À BORDEAU. —75, 98, 284. LE RETOUR AUX CHAMPS. 18, 92, 282. LE RETOUR CHEZ DÉLIE. — 109. 284. 491 LE RETOUR DU MARIN. — 178, 286. LE RÊVE À DEUX. — 397. LE RÊVE DE MON ENFANT. —63, 94, 132. LE RÊVE DU MOUSSE.-248. LE RÉVEIL (On sonne, on sonne, on sonne encore). — 28. LE RÉVEIL (Voir CHANSON CRÉOLE adaptée en français). — 53, 95, 284. LE RÉVEIL CRÉOLE (Voir CHANSON CRÉOLE adaptée en français). —42, 53. LE ROSSIGNOL AVEUGLE. A Madame Caroline Branchu. – 166, 410. LE ROSSIGNOL ET LA RECLUSE. — 329. LE RUBAN. — 19, 93. LE RUISSEAU. —39, 92, 282. LE SAGE ET LES DORMEURS. 121, 132, 407. LES AILES D’ANGE. — 156, 285. LE SALUT AUX MORTS. — 329. - LE SAULE. — 310. LES AUTORITÉS DE LA JEUNESSE. — 329. L’ESCLAVE. — 444. L’ESCLAVE ET L’OISEAU. — 364. LES CLOCHES DU SOIR. — 102, 285. 492 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LES CLOCHES ET LES LARMES. — 348. LES DANSES DE LORMONT. — 392. LES DEUX ABEILLES. —71, 98, 133, 267, 285, 407. LES DEUX AMITIÉS. —19, 97, 133, 284. LES DEUX AMOURS. —19, 52. LES DEUX BERGÈRES (Viens donc, viens donc vite, bergère). — 32, 446. LES DEUX BERGÈRES (Que fais tu, pauvre Hélène…).-40, 92. LES DEUX MARINIÈRES (Vois-tu si j’avais ta beauté). — 396. LES DEUX MARINIÈRES (Voir DEUX JEUNES FILLES : En- tends-tu le canon du fort). — 397. LES DEUX MÈRES. —27, 93, 132, 283. LES DEUX PEUPLIERS. — 123. LES DEUX RAMIERS. 101, 283. LES ÉCLAIRS. — 349. 1 LE SECRET. —68, 96. LE SECRET D’UNE BERGÈRE. — 445. . LE SECRET PERDU.-364. LES ENFANTS À LA COMMUNION. — 303. LES ENFANTS DE MINUIT. — 447. LES ENFANTS ET LES MIROIRS. A M.lle Emilie Bascans.-338. LE SERMENT (Voir JE VEUX T’AIMER TOUJOURS). — 95. LES ÉTRENNES DE GUSTAVE (prose). — 337. LES FLEURS.-175, 286. LES FLEURS DE JEAN PAUL. Sur un enfant. — 396. LES LETTRES. —39, 93, 282. LES MOTS TRISTES. — 149, 285. LE SOIR (En vain l’aurore). — 27, 95. LE SOIR (Seule avec toi dans ce bocage sombre). —68, 98, 284. LE SOIR D’ÉTÉ. —67, 92, 133, 267, 282, 408. LES OISEAUX (Caravanes aux voix enflammées). — 398, 407. LES OISEAUX (Petits oiseaux dont le ramage). —445. [ . TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LE SOLEIL DES MORTS. — 320. LE SOLEIL LOINTAIN. A Madame Marie d’Agoult. —393. LE SOMMEIL DE JULIEN. — 30, 95, 132, 284. LE SONGE. — 156. LE SOUVENIR (Votre main bienfaisante et sûre). — 22, 93, 283. LE SOUVENIR (O délire d’une heure auprès de lui passée). — 29, 95. LES PÉPINS DU ROI GUILLAUME. — 338. L’ESPÉRANCE (Comme une vaine erreur).— 29, 53, 95, 284. L’ESPÉRANCE (Ouvrez, ouvrez ! je suis bonne nouvelle).-398, 407. L’ESPOIR. — 125. LES POISSONS D’OR. A M. Alibert, médecin. — 323. LES PRISONS ET LES PRIÈRES. — 386. LES PROMENEURS. — 392. LES REGRETS. — 40, 93. LES ROSEAUX. A ma sœur. — 247. LES ROSES. — 39, 92, 282. LES ROSES DE SAADI. — 349. LES SANGLOTS. A Pauline Duchambge. — 385. LES SERMENTS.-68, 96, 284. LES SONGES ET LES FLEURS. — 52, 96. LES TROIS BARQUES DE MOORE. — 183. LES TROIS HEURES DU JOUR. —28, 95. LES VACANCES OU LES PETITS POLITIQUES (prose). — 338. L’ÉTONNEMENT. — 164. L’ÉTRANGER (Voir L’ÉTRANGER AU VILLAGE).— 445. L’ÉTRANGER AU VILLAGE. —32. L’ÉTRANGÈRE. — 41, 53, 96. LE TRÈFLE À QUATRE FEUILLES. — 397. LE TROUBADOUR EN VOYAGE. — 30, 53. LE VER LUISANT. — 120, 132, 285, 407. LE VIEUX CRIEUR DU RHÔNE. — 66, 94, 132, 283, 409. (suite).— 66, 94, 132, 283, 410. 493 11 11 494 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LE VIEUX PÂTRE. — 180. LE VOU (Voir A UN TROMPEUR). — 53. LE VOISIN BLESSÉ. — 396. L’EXIL.-121, 284. L’EXILÉ.-31, 95, 284. L’EXILÉE.-123, 132. L’HIRONDELLE ET LE ROSSIGNOL. — 39, 97, 133. L’HORLOGE ARRÊTÉE. — 303. L’HYACINTHE. — 447. L’IDIOT. —109, 132, 285, 409. L’IMAGE DANS L’EAU. — 349. L’IMPATIENCE. —60, 94. L’IMPOSSIBLE. — 175, 286. L’IMPRUDENCE. — 18, 93, 282. L’INCERTITUDE. — 443. L’INCONSTANCE. —22, 93. L’INDISCRET.-60, 94. L’INNOCENCE. — 368. L’INQUIÉTUDE. — 17, 92, 282. L’INSOMNIE.-19, 93, 282. L’INVITATION À LA VALSE. — 396. L’IRIS D’EAU. —448. L’ISOLEMENT. —60, 94, 283. LOIN DU MONDE. — 365. L’OISEAU (Voir LA JEUNE FILLE ET L’OISEAU). — 392. L’ORAGE (Oh ! quelle accablante chaleur).-17, 92, 282. L’ORAGE (Dans sa course brûlante). — 68, 84, 96. L’ORAISON. — 124. L’OREILLER D’UNE PETITE FILLE. — 185, 267, 287, 406. L’ORPHELINE.-21, 97. LOUISE DE LA VALLIÈRE À GENOUX. — 325. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES LOUISE DE LA VALLIÈRE QUITTANT SA MÈRE. Fragment de Bulwer. — 325. LOUISE LABÉ. — 173. LUCRETIA DAVIDSON. — 174. MA CHAMBRE. — 296. MADAME ÉMILE DE GIRARDIN. — 394. MADAME HENRIETTE FAVIER (De ses discours charmants mon âme sort parée). — 224. MADAME HENRIETTE FAVIER (Attiré vers le ciel par d’invi- sibles charmes.) — 395. MADEMOISELLE MARS. — 324. MA FILLE (Ondine, enfant joyeux qui bondis sur la terre). — 171, 408. MA FILLE (C’est beau la vie).— 215, 409. MALHEUR À MOI ! — 155, 285. MARGUERITE. — 296. MARIE (prose). — 32. MÉDOR.-29, 42, 98. MERCI MON DIEU.-298. MERCI POUR MA FILLE.-314. MILAN. 251. MINUIT. — 154. MOI, JE LE SAIS. A Mademoiselle Louise Crombach. — 306. MON BOUQUET. — 28. NADÈGE. — 165. NE FUIS PAS ENCORE. — 216. NE ME PLAINS PAS. — 157. NE VIENS PAS TROP TARD (Sais-tu qu’une part de ma vie). — 150, 285. - 495 NE VIENS PAS TROP TARD (La voilà, c’est mon âme entière).- 445. NOËL. Imité de Goudouli. — 256, 410. NOTRE-DAME D’AMOUR. — 124. 496 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES ONDINE À L’ÉCOLE. — 373, 409. ON ME L’A DIT. —69, 97. ON N’EN MEURT PAS. — 32. OÙ VAS-TU ? -396. OUVREZ AUX ENFANTS. — 389, 408. PARDON.-156, 285. PÈLERINAGE. — 125. PHILIS.-39, 92, 282. PITIÉ. — 158. PLUS DE CHANTS. A Madame Simonis, Elisa de Knyff. — 330. POINT D’ADIEU (Vous dont l’austérité condanne la tristesse). — 62, 94, 283. POINT D’ADIEU (Jeunesse, adicu ! car j’ai beau faire). — 330. POUR ENDORMIR L’ENFANT. —3SS, 408, 410. POURQUOI ! -365. PRIÈRE (Ne me fais pas mourir sous les glaces de l’âge). — 123, 284. PRIÈRE À MON AMIE, A Notre-Dame des Champs. — 307. PRIÈRE AUX MUSES.-18, 93, 282. PRIÈRE DE FEMME. — 300. PRIÈRE envoyée au Mont Carmel pour les prisonniers du Mont Saint-Michel, 1843. — 398. PRIÈRE POUR LUI.-99, 283. PRISON ET PRINTEMPS, AU SPIELBERG. — 315. QUAND JE PENSE À MA MÈRE. — 385, 409. QUATRAIN SANS TITRE. —447. QUE JE TE PLAINS. — 68 ; 96. QU’EN AVEZ-VOUS FAIT ? -244, 286. RACHEL LA CRÉOLE. – 325. REFUGE.-385. REGARDE-LE. — 124, 254. REGRET. —109, 284. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES RENCONTRE D’UNE CHÈVRE ET D’UNE BREBIS. — 392. RENONCEMENT. — 388. RÉPONDS-MOI. — 126, 285. REPRENDS TON BIEN. —28, 53, 95. RETOUR DANS UNE ÉGLISE. — 385. RÊVE D’UNE FEMME.-218, 286. RÊVE INTERMITTENT D’UNE NUIT TRISTE. — 370, 409. RÉVEIL. – 158, 285, RÉVÉLATION. — 145, 285. RIEN AVANT TOI, RIEN APRÈS TOI. —447. ROUEN. A mes sœurs. — 307. SANS L’OUBLIER. — 69, 97. SELON DIEU. — 389, 407. SERAIS-TU SEUL ? — 156. SEULE AU RENDEZ-VOUS. — 156. S’IL AVAIT SU. — 69, 97. SIMPLE HISTOIRE. 364. SIMPLE ORACLE. — 348. SOIR D’ÉTÉ. — 365. 497 SOLITUDE (La vois-tu comme moi cette étoile brillante ?).— 158. SOLITUDE (Abîme à franchir seule où personne, oh ! personne).- 217. SOLITUDE (Pour me plaindre ou m’aimer, je ne cherche per. sonne). — 251. SOLITUDE (O mes rêves ! mes prières). — 303. SOL NATAL. A Monsieur Henry B. — 243. SON IMAGE. — 19, 93, 282. SON RETOUR. 124, 400. SOUS UNE CROIX BELGE. — 164. SOUVENIR (Quand il pâlit un soir et que sa voix tremblante).- 60, 84, 94, 283. SOUVENIR (Son image comme un songe). —61, 94. 498 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES SOUVENIR (Toujours je pleure au nom de mon enfant).— 62, 94. SUR L’INONDATION DE LYON EN 1840. — 273, 312. TOI ! DE THOMAS MOORE. — 327. TOI ME HAIS-TU ? — 151. TOURNEZ, TOURNEZ, CHER’BELLE. Romance en patois créole.- 445. TRILBY OU LE LUTIN D’ARGAIL. — 446. TRISTESSE (N’irai-je plus courir dans l’enclos de ma mère).- 158, 286. TRISTESSE. Au docteur Veyne. — 383. TRISTESSE DE MÈRE. —237. TROIS NOCTURNES. — 183, 286. TROP TARD. — 364. UN ARC DE TRIOMPHE. — 325, 407. UN BEAU JOUR. —42, 55, 97. UN BILLET DE FEMME. — 250. UN BOUQUET DE FEMME. — 250. UN BRUIT D’AUTREFOIS. —116. UN CRI. 348. UN DÉSERTEUR. — 397. UNE ÂME. — 209. UNE AME. A Jean Paul. — 329. UNE FLEUR. — 164. UNE HALTE SUR LE SIMPLON. A Pauline Duchambge. — 321. UNE JEUNE FILLE ET SA MÈRE. — 67, 92, 282. UNE LETTRE DE FEMME. — 347. UNE MÈRE. — 54, 97, 133. UN ENFANT À SON FRÈRE (Qui m’a couvé neuf mois dans son sein gros d’alarme).— 215, 266. UN ENFANT À SON FRÈRE (Qui délia ma langue aux sons de la prière). — 409. UNE NUIT DE MON ÂME. — 386. 1 1 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS TITRES UNE ONDINE. — 182, 286. UNE PLACE POUR DEUX. — 297. UNE PRIÈRE À ROME. Pour mon frère. — 314. UNE REINE. — 70, 97. UNE RUELLE DE FLANDR 366, 409. UN JOUR DE DEUIL. — 115, 18 UN MOMENT. — 69, 96. UN NOUVEAU-NÉ. — 209. UN PAUVRE. À mon fils. — 251, UN PRÉSAGE. — 307. UN RUISSEAU DE LA SCARPE. – 300. VEILLÉES. — 329. C) TABLE ALPHABÉTIQUE DES POÉSIES CLASSÉES D’APRÈS LEURS INCIPIT AVERTISSEMENT. — Les numéros en corps moyen renvoient aux réimpressions ; les numéros en corps plus grand aux pages où l’on trouvera des renseignements sur les pièces ou leur histoire. Abîme à franchir seule où personne, oh ! personne. — 217. Achète-moi si l’or est ton partage. — 298. Adieu, douce pensée. — 41, 95. Adieu, fauvette ! Adieu ton chant plein de douceur ! -21, 98. Adieu, ma petite. — 447. Adieu ! mes fidèles amours. — 25, 42, 93. Adieu, Muse, on me marie. —42, 55, 97. Adieu pour toujours. —52, 96. A genoux ! L’Angélus appelle ! — 256. Ah ! je suis inconsolable. —338, 391, 406. Ah ! la danse ! la danse ! — 392. Ah ! l’enfer est ici ; l’autre me fait moins peur. — 385. Ah ! mon père ! mon père ! où retrouver mon père ? — 328, 410. Ah ! prends garde à l’amour, il menace ta vie. — 61, 94, 400. Ah ! que le monde est difficile. —41, 53, 96. Ah ! si j’étais le cher petit enfant. — 388, 408, 410. Aimable chien, fidèle et bon médor. — 29, 12, 98, 446. A l’heure où s’éteignait le chant de l’alouette. — 53, 97. Albert n’avait pas le goût… (prose). — 337. Aline quitte son village. — 446. Allez en paix, mon cher tourment. — 347. Allez, pensers d’amour, vers de nouvelles âmes. — 157. 504 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Alors que pour l’hymen un palais s’illumine. — 243. Alouette ! hélas ! petite alouette ! — 444. A ma belle patrie. — 52, 96. Ami de la pâle indigence. — 257, 286, 406. A Milan, quand on se promène. — 251. Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes.— 365. Amour encore enfant descendait dans nos fleurs. — 250. Amour et charité ! quelque part qu’on vous trouve. — 228, 286. Amour lui-même avait formé Sophie. — 55. 1 Ange ou prophète ! oh ! que je te revoie. — 181. A toi le monde ! à toi la vie. — 397. Attends, nous allons dire adieu. — 364. Attiré vers le ciel par d’invisibles charmes. — 395. Au-devant de cet hymne et si grave et si tendre. — 251. Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs.-71, 98, 133, 267, 285, 407. Au sort de votre père en étoile attachée. — 314. Autant que moi-même. — 157, 285. Avant ce parfum du temps qui tout consume. — 256. Ave Maria. — 228. Avec l’aube toujours ta plainte me réveille. — 109, 132, 285, 409. Avec ta gente mie. — 30, 53, 95. Beau fantôme de l’innocence. — 368. Beaux innocents morts à minuit. — 303. Bien venu, mon enfant, mon jeune, mon doux hôte. — 209. Bon captif, la fée Urgande. —69, 97, 284. Bonjour, la jeune fille. — 337, 392. Bonjour, petite fille (Voir : Bonjour, la jeune fille).-406. Cache bien cette fleur. — 256. Cache-les dans ton cœur, toi dont le cœur pardonne.— 395. Cache-moi ton regard plein d’âme et de tristesse. — 32, 96, 284. Calme et sainte maison par beaucoup enviée. —396. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIFC Caravane aux voix enflammées. — 398, 407. Ce doux lutin qu’il me faut oublier. —446. Ce fut un jour pareil à ce beau jour. — 347. Ce gracieux enfant, cette innocence nue.-225. Ce jour si beau, ma mère, était-ce un jour de fête.— 67, 92, 282. Ce n’est pas une vague et trompeuse espérance. — 30, 42, 98. Ce n’était plus quand l’été se couronne (Voir : Le vieux crieur allait contant l’histoire). — 410. Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge. — 148. Ce soir, ami, tu m’attendras. — 445. Cesse de m’apprendre. — 396. C’est beau la vie. — 215, 267, 409. C’est demain qu’une ville aimée. — 328. C’est en vain que l’on nomme erreur.-25, 40, 93, 132, 283. C’est… hélas ! non, c’était la lointaine colombe. — 242. C’est ici… pardonnez, je respire avec peine. —109, 284. C’est là que j’ai vu Rose Dassonville. — 368. C’est l’oiseau qui passe. — 329. C’est qu’ils parlaient de toi quand loin du cercle assise. — 158, 285. C’est toujours la pitié qui rassemble les femmes. — 312. C’était donc votre mort que vous chantiez, poète. — 309. C’était en 1830. Septembre… (prose). — 338. C’était jadis pour un peu d’or.-21, 55, 97, 133, 400, 407. C’était l’heure où des monts les géantes structures. — 321. C’était l’hiver, et la nature entière.-30, 95, 132, 284. C’était un songe : il me parlait.— 156. Cette couleur autrefois adorée. — 19, 93. Cette rose ravie aux roses du jardin. — 395. Cher petit oreiller doux et chaud sous ma tête. — 185, 267, 287, 406. Clémentine à genoux. —30, 42. Comme aux inertes flancs de sa mère expirée. — 255. Comme ils s’aiment là-bas ! mon père qu’elle est belle. — 325. 506 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Comme l’ardent mineur ensevelit sous terre. — 387. Comme tout change vite ! arbres de Belle-Allée. — 174. Comme un bouton près d’éclore. —28, 95. Comme une fleur, à plaisir effeuillée (Voir : Comme une fleur mé- chamment effeuillée). —93, 282. Comme une fleur méchamment éffeuillée. — 18. Comme un enfant cruel tourmente la douceur. — 40, 92. Comme une vaine erreur. —29, 53, 95, 284. Couchez-vous, petit Paul ! il pleut ; c’est nuit, c’est l’heure. — 185, 267, 286, 406. Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre. —68, 96. Dans la paix triste et profonde. — 60, 94. Dans la ville tout églises. —307. Dans l’enclos d’un jardin gardé par l’innocence. —366, 409. Dans le port de Marseille.-248. Dans les premiers jours de mon âge… (prose). — 338. Dans sa course brûlante. —68, 84, 96. Déjà, blanche mennière.-257. De la colombe au bois, c’est le ramier fidèle.-147, 285. De l’ardente cigale. — 365. De ses discours charmants mon âme sort parée. — 224. De ses fuseaux légèrement blessée. — 124, 400. Désirer sans espoir. —69, 97. Des nœuds dont sa vie est liée. — 329. Des roses de Lormont, la rose la plus belle. — 109, 284. De Thalie. —70, 97, 284. Deux roseaux dans les airs entrelaçaient leurs jours. — 247. Deux vrais amis, deux chiens arrêtés dans la rue. — 255, 266. De vous gronder je n’ai plus le courage. —327, 408. Dieu bénit les enfants qui vont vite à l’école.-247, 267. Dieu ! créez à sa vie un objet plein de charmes. — 99, 283. Dieu qu’il est tard ! quelle surprise ! — 17, 92, 282. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Dieu vous garde, humbles fleurs sous la tuile venue.-304. Dire qu’il faut ainsi se déchirer soi-même. —370, 408. Dis-moi, fera-t-il beau demain ? — 96. Dis ta prière, bonne vieille (prose). — 337. Distraite et malheureuse. — 41, 53, 96. Donnez-lui du mystère. — 256. Dormez, dormez, chers trésors d’une mère. — 446. Douce nuit, ton charme paisible. — 30, 96. D’où sait-il que je l’aime encore ? — 164. D’où venez-vous, couple triste et charmant ? -101, 283. D’où vient-il ce bouquet oublié sur la pierre ? — 103, 285. D’où vient que je rougis ? et qui me rend pensive ? — 443. Doux favori de la nature. —409. Du frais matin la riante lumière. — 327. Du goût des vers pourquoi me faire un crime. —23, 93, 283. D’une pauvre âme en cheveux blancs. — 329. D’une sourde blessure encor faible et malade. — 74, 98. 507 Dusses-tu me punir de rompre la première. —99. Écho, voici l’aurore. — 444. Écoute, il ne faut me blâmer. — 444. Écoute, oiseau ! je t’aime et je voudrais te prendre. — 267, 325, 406. Églantine ! humble fleur comme moi solitaire. — 126. Église église où de mon âme.-385.

!

Eh ! pourquoi pleures-tu ! ta colombe était vieille. — 392, 406. Eh ! pourquoi ces clameurs, cet effroi, ces prières ? -158. Eh ! quoi ! c’est donc ainsi que tu devais m’attendre. —67, 84. 92. Elle avait fui de mon âme offensée. —19, 93, 282. Elle est aux cieux, la douce fleur des neiges. — 165. Elle était belle encor ! tu me l’avais donnée. — 164. Elle s’en va, la douce pastourelle. — 31, 98. Embellissez ma triste solitude.-29, 53, 95. En ce temps-là je montais dans ta chambre.-216, 286. 508 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Enfant, d’une pierre lancée. — 392, 406. Enfant d’un nid, loin du soleil éclos. — 330. Enfant, sois doux au pauvre, il en est d’adorables. — 251, 267 407, 410. En regardant briller l’auréole de rêves. — 235. Entends-tu le canon du fort…-257, 397. Entends-tu les gondoles. — 183, 286. Entends-tu l’orage. — 297. Entends-tu sonner l’heure. — 397. Entrez mes souvenirs, ouvrez ma solitude. —365. En vain l’aurore. —27, 95, 284. Épouse aujourd’hui fortunée. — 379. Ermite, votre chapelle. — 125. Et moi, je n’aime plus la fontaine d’eau vive. — 67, 92, 282. Et toi ! crois-tu comme eux le ciel inexorable ? — 156, 285. Et toi ! dors-tu quand la nuit est si belle.-148, 285. Éveillez-vous, gens qui dormez.-181. Fierté, pardonne-moi. — 364. Fleur naine et bleue, et triste, où se cache un emblème. — 209. Fleurs entre le ciel et la tombe.-447. Fontaine, fontaine… — 349. Frêle création de la fuyante aurore. — 186, 287. Frère, époux et maître. — 329. Hélas, je devrais le haïr ! — 124, 400. Hélas ! que je dois à vos soins ! —69, 96. Hélas ! que les vieillards savent de tristes choses ! —68, 96, 284. Hélas ! que voulez-vous de moi. —39, 93, 282. Hélas ! qu’il fut froid mon mois d’août ! — 329. Heureuses pastourelles ! — 69, 97. Hier l’amitié pensive. — 446. Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! -348. Horloge d’où s’élançait l’heure. — 303. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT 509 Humble fille de l’air, mouche bleue et gentille (Voir : Voyageuse de l’air, mouche bleue et gentille). —97, 133, 285, 407. Idole de ma vie ! -28, 41, 95. Il a demandé l’heure : oh ! le triste présage. — (Voir : Il m’a de- mandé l’heure). — 96. Il a parlé. Prévoyante ou légère. — 364. Il avait dit un jour : que ne puis-je auprès d’elle. — 99. Il est de longs soupirs qui traversent les âges. — 364. Il est des maux sans nom, dont la morne amertume. — 158, 286. Il est deux amitiés, comme il est deux amours. — 19, 97, 133, 284. -Il est du moins au-dessus de la terre. — 385. Il est fini ce long supplice.-25, 93, 283. Il est un bosquet sombre où se cache la rose. — 70, 97, 133, 284. Il était dans le monde une goutte d’eau pure. — 75, 98. Il fait nuit. Le front triste et couvert de poussière. — 106. Il fait nuit, le vent souffle et passe dans ma lyre. —99, 283. Il fallait la laisser, solitaire et pieuse. —303. Il le faut, je renonce à toi. —69, 96, 284. Il m’a demandé l’heure, oh ! le triste présage. — 68, 96. Il m’aima. C’est alors que sa voix adorée. —60, 94, 283. Il m’attend : je ne sais quelle mélancolie. —68, 96, 284. Il ne faut plus courir à travers les bruyères. —42, 98, 133, 266, 106. Il sera fait ainsi qu’Henry me le demande. —243. Image de la mort, effroi du tendre amour. — 103, 283. Inconstance, affreux sentiment ! — 22, 93. Inexplicable cœur, énigme pour toi-même. —39, 93. J’aime Nita la blonde.-445. J’ai presque perdu la vue.-377, 409. J’ai rencontré sur la terre où je pusse. — 298. J’ai sommeillé six mois sous mon voile de neige. — 448. J’ai tout perdu ! mon enfant par la mort.-40, 93. J’ai voulu, ce matin, te rapporter des roses. — 349. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT J’ai vu bien des enfants mal éclos dans ma vie. – 389, 405. J’ai vu dans l’air passer deux ailes blanches. — 307. J’ai vu languir au fond de la vallée. — 410. Jamais voyez-vous la colombe. — 446. J’appris à chanter en allant à l’école. — 365, 408. Jardin de ma fenêtre. — 249, 397. 510 Jardin si beau devenu sombre. — 243. J’aurai toujours des pleurs pour le doux nom d’Hyacinthe. — 447. J’aurai toujours une prière. — 329. Je crains Dieu, ma mère. — 257. Je l’ai rêvé ! c’eût été beau. — 216. Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable. — 29, 41, 98. Je m’ignorais encore ; je n’avais pas aimé. 19, 52, 93, 283. Je n’ai vu qu’un regard de cette belle morte. — 366. Je ne dis rien de toi, toi la plus enfermée. — 381. - Je ne reproche rien au passé ; je l’oublie. — 329, 410. Je ne sais plus d’où naissait ma colère. —69, 97. Je ne veux pas dormir, ô ma chère insomnie. — 19, 93, 282. J’entends sonner dimanche.-397. Je reviens à vos pieds, Marie. — 124. Je sais lire, ô bonheur ! ô clarté ! je sais lire. — 121. Je suis fleur des champs. — 296. Je suis la prière qui passe. —378. Je suis là toute seule, immobile, cachée. — 259. 1 J’étais à toi peut-être….. avant de t’avoir vu.-48, 93, 283. J’étais enfant : l’enfance est écouteuse. — 115, 132, 285. Je t’écrirai toujours, ne fût-ce que des larmes. — 297. Jeune âme ! qui venez regarder sur la terre. — 256. Jeune femme, écoutez : au fond de cet asile. —447. Jeune homme irrité sur un banc d’école. —322. Jeunesse, adieu ! car j’ai beau faire. — 330. J’eus en ma vie un si beau jour. —68, 84, 95. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Je veux aller mourir aux lieux où je suis née. — 162, 286. Je veux t’aimer toujours (Voir : Idole de ma vie !). — 41. Je voudrais aimer autrement. —125. Je vous défends, châtelaine. — 124. J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée.-388. Jour cher au pèlerin qui demande sa voie. —322. Juin parfumait la nuit, et la nuit transparente. — 120, 132, 285, 407. La chanson du pêcheur.-34. 511 La fileuse file en versant des larmes. — 397. L’air est brûlant, la valse tourne et vole. — 396. L’air était pur, la nuit régnait sans voiles. —39, 92, 282. L’air manque à ma voix solitaire. — 329. Laisse ! j’ai vu tes yeux, dans leur douce lumière. — 109. Laisse tomber tes yeux sur celle qui t’adore. — 444. Laissez entrer ce chien qui soupire à la porte. — 184, 267, 286, 405. Laissez venir à Dieu la grâce et l’innocence. — 303. La mort vient de frapper les plus beaux yeux du monde. — 394. L’amour lui-même avait formé Sophie. — 31. L’ange nu du berceau qui l’appela Marie. — 323. L’année avait trois fois noué mon humble trame.— 210. L’apparition d’une petite calèche (prose). — 337. La rivière est amoureuse. — 182, 286. Las des fleurs, épuisé de ces longues amours.— 120, 132, 285. Lasse de douleur. — 209. La tristesse est rêveuse… et je rêve souvent ! -15, 92. Laure offrait à genoux (Voir : Clémentine à genoux). —53, 98. L’autre nuit, le voisin qui pleure. — 396. L’avez-vous rencontré ? Guidez-moi, je vous prie. — 48, 92, 399. La vieille Rachel, filant à sa porte. — 326. La voilà, c’est mon âme entière. — 445. La vois-tu comme moi cette étoile brillante ? — 158. L’eau nous sépare, écoute bien. — 349. 512 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Le chagrin t’a touché, mon beau garçon. Tu pleures. — 185, 267. Le ciel est haut, la lune est rouge et pleine. — 329. Le ciel sera-t-il beau demain ? — 68. Légère, on la portait ! C’était comme une fête. — 364. L’enfant disait au nuage. — 338, 389, 407. Le printemps est si beau ! Sa chaleur embaumée. — 60, 94. Les enfants sont venus vous demander des roses. — 389, 408. Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire. – 347. Les flots plus mollement portent les matelots. — 315. Le soir en chantant sur ma lyre. — 444. Le soleil brûlait d’ombre, et la terre altérée. — 365. Le soleil brûlait la plaine. —39, 92, 282. Le soleil de la nuit éclaire la montagne. —69, 97, 132, 284. Les rumeurs du jardin disent qu’il va pleuvoir. — 349. Les toits étaient dorés par le couchant. — 398. Les voilà, ces couleurs peintes dans ma mémoire. Lève sur tes genoux ta plus petite fille. — 390, 406. Levez-vous de bonne heure, enfants, disait un sage. — 121, 132, 407. Le vieux crieur allait contant l’histoire. — 66, 94, 132, 283. Le voilà cet écrit qu’ont demandé mes larmes. — 105. L’haleine d’une fleur sauvage.-318, 286. L’harmonie et les fleurs. —244. - L’heure du bal enfin se fait entendre ! -52, 96. L’orage avait grondé, ma tête était brûlante.— 368. L’orage de tes jours a passé sur ma vie. — 305. Lune ! Blanche figure assise à l’horizon. — 320. Ma bergère chérie. — 444. Ma demeure est haute. — 296. 447. Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde. — 202. Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire. — 155, 285. Maman, comme on grandit vite. — 337, 391, 406. Ma mère, entendez-vous quand la lune est levée. — 382. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT 513 Ma mère est dans les cieux, les pauvres l’ont bénie. —385, 409. Marguerite, fleur de tristesse. —34, 418. Ma sœur, il est parti ! ma sœur il m’abandonne ! -49, 93, 283. Ma sœur, il ne faut me blâmer. — 124. Ma sœur m’aimait en mère : elle m’apprit à lire.-295, 409. Mère, faut-il donner quand le pauvre est bien laid ? -245, 266, 405. Mère, je veux crier et faire un grand tapage. — 337, 389, 405. Mère, petite mère. Il m’appelait ainsi. —63, 94, 132. Mère, un cheval est à la porte. — 389, 407. Message inattendu, cache-toi sur mon cœur.-19, 52, 93, 282. Mes yeux rendus à la lumière. —60, 94. Me voici… je respire à peine.-40, 92, 399. Minuit ! L’année expire, et l’année est éclose. — 101. Mon beau pays, mon frais berceau. — 112, 132, 284, 410. Mon cœur battait à peine, et vous l’avez formé. — 183, 267, 286, 406. Mon Dieu ! ce que j’entends si suave en moi-même. — 187. Mon Dieu, que c’est beau le baptême. — 326, 409. Mon saint amour ! mon cher devoir ! -300. Mon seul amour ! embrasse-moi. — 126, 285. Muse à la voix d’enfant ! quelle route épineuse. — 174. Nacelle abandonnée. — 171. N’a plus pouvoir dormir tout près toi dans cabane. — 31, 42, 55. N’approchez pas d’une mère affligée.-27, 93, 132, 283. Ne le croyez, si l’on vous dit un jour… —32, 446. Ne me fais pas mourir sous les glaces de l’âge. — 123, 284. Ne me plaignez pas, madame ! -309. N’entend-elle jamais une voix me défendre.-306. Ne t’en va pas, reste au rivage. — 178. Ne viens pas, non ! Punis ton injuste maîtresse. —60, 94. Ni du furtif oiseau la voix mélodieuse. – 164. N’irai-je plus courir dans l’enclos de ma mère. — 158, 286. Non, ce n’est pas l’été dans le jardin qui brille.— 217. 514 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Non ! je ne verrai plus de si belle vallée. — 124, 284. Non, tu n’auras pas mon bouquet. —28, 95, 284. Notre dame des voyages. — 242. Nourri comme un enfant par sa mère idolâtre. — 325. Nuage, nuage. — 298. O champs paternels hérissés de charmilles.— 370, 409. O délire d’une heure auprès de lui passée.-29, 95. O douce poésie ! -29, 41, 53, 95, 284. O fille de Molière ! ô voix de son génie. — 393. O fleur du sol natal ! o verdure sauvage. —99, 283. Oh ! de l’air ! des parfums ! des fleurs pour me nourrir. — 175, 286. Oh ! quelle accablante chaleur.-17, 92, 282. Oh ! que ne puis-je dire à toute pauvre femme. — 410. Oh ! qu’il ne fût, m’écrivait une amie. —76, 98. Oh ! si j’avais de grandes ailes. — 156. Olivier, je t’attends, déjà l’heure est sonnée.-32, 284. O Lise ! préférez le berger qui vous aime.-21. O ma charmante mère. — 255. O ma vie ! -28, 41, 53, 95. O menteur ! qui disait sa vie. — 156. O mes enfants ! ne dansez pas. — 180. mes rêves ! mes prières. — 303. On accourt, on veut voir la mère infortunée : -54, 97, 133. On avait couronné la vierge moissonneuse. —66, 94, 132, 283, 409. Ondine ! enfant joyeux qui bondis sur la terre. — 171, 408. Ondine ! prends cette page. — 320. On est moins seul au fond d’une église déserte. — 319. On gronde l’enfant (Voir : On m’appelle enfant). — 391, 406. On m’appelle enfant. — 337. On sonne, on Sonne, on sonne encore.-28, 95. Orages de l’amour, nobles et hauts orages. — 349. Ornement d’un bocage.-447. A TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Qui ! cette plainte échappe à ma douleur. — 25, 93, 283. Oui, d’une flamme à part cette âme fut formée. — 175. Oui, j’avais des trésors… j’en ai plein ma mémoire.-365. Oui, je le sais, voilà des fleurs.-31, 95, 281. Oui ! Je vais le revoir, je le sens, j’en suis sûre. — 104, 283. Qui, nous allons encore essayer un voyage. — 100, 132, 283. Oui, vous avez un ange, un jeune ange qui pleure. —214. Où t’a-t-on vu, poète à la voix douloureuse. — 312. Où vas-tu, fille chérie.-374, 409. Ouvre-toi, cœur malade ! et vous, lèvres amères. — 164. Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage. — 364. Ouvrez, ouvrez ! je suis bonne nouvelle. — 398, 407. Ouvrez ! qui frappe à l’heure. — 179. Paganini ! doux nom qui bat sur ma mémoire. —447. Pardonnez-moi, seigneur, mon visage attristé. — 388. Pardon ! n’est-ce pas vous que j’ai vu une fois. — 392. Parmi les biens perdus dont je soupire encore. —448. Par mon baptême, ô ma mère. —54, 97, 133. Partez, Arnold ! faites un long voyage.-250. Parti ! Fut-elle donc pour moi seule charmante. — 105, 283. Partir ! tu veux partir ! ta voix chère et cruelle. — 155. Par un badinage enchanteur. —22, 93, 283. Par un rêve dont la flamme. — 386. Pasteur ! est-il loin encore. — 256. Pauvre enfant, dans un jour d’effroi. — 364. Pauvre exilé de l’air ! sans ailes, sans lumière. — 166, 410. Pays des noirs, berceau du pauvre Arsène. — 444. Pèlerine, où vas-tu si tard ? -31, 96. Petit ange, dernier venu. — 148. Petit portrait, tourment de mon désir. – 28, 95. Petits enfants, vos jeunes yeux. — 178, 286. Petits oiseaux dont le ramage. — 445. 515 TABLE DES POÉSIES D’APRES LEURS INCIPIT Peut-être un jour sa voix tendre et voilée. —51, 94, 283. Peux-tu dormir, paresseuse bergère. — 34. Pitié de moi ! j’étais l’eau douce. — 349. 516 Pleurez, comptez les noms des bannis de la France. — 386. Pour aller en Galice. — 125. Pour Dieu ! mon amie. — 174. Pour la douzième fois, hier, sur ma demeure. — 60, 94. Pour me plaindre ou m’aimer, je ne cherche personne. — 251, 309. Pour que tu sois de Dieu l’aimée. — 320. Pourquoi demander l’heure ? eh ! qu’importe comment ! — 327. Pourquoi vous a-t-on mis ce casque sur la tête ? — 392. Poursuivant les nuées. — 392. Pourtant, mon dieu ! ce monde est plein de belles choses. — 240. Pour trouver le bonheur, je me ferais bergère. —41, 95. Prends ce rameau, jeune fille. — 178. Presse-toi ; vieux berger, tout annonce l’orage. — 39, 92, 282. Prête à s’élancer joyeuse. —39, 97, 133, 285. Prompt ramier, fleur des toits, d’où viens-tu ce matin ? -315. Puisque c’est toi qui veux nouer encore.-250. Puisque l’enfance envolée. — 296. Puisque la vierge vous défend. —328, 406. Puisque tu vas, Angélique. — 124, 284. Qu’ai-je appris, le sais-tu ? sa vie est menacée. — 62, 81, 94. Quand il pâlit un soir et que sa voix tremblante.— 60, 84, 94, 283. Quand j’ai gronde mon fils, je me cache et je pleure.— 215, 267, 287, 408. Quand j’entendais le soir. —445. Quand je me sens mourir du poids de ma pensée. — 104. Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure. — 1.48, 285. Quand je sens entre nous la cité tout entière. — 154. Quand je t’écris à l’ombre du mystère. —28, 95. Quand je touche, rêveuse, à ces feuilles sonores.-301. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Quand l’alouette aura chanté. —445. Quand l’amitié tremblante.-28, 53, 95. Quand le fil de ma vie (hélas ! il tient à peine). — 112, 284. Quand les anges entre eux se parlent de la terre. —398. Quand les cloches du soir dans leur lente volée.-102, 285. Quand le soleil couchant sur les flots se balance. — 183, 286. Quand le soleil y passe, ouvrez votre fenêtre.-408. Quand ma lampe est éteinte, et que pas une étoile. — 329. Quand ma pensée oiseau s’envole et fend l’absence. — 215. Quand mon ombre au soleil tremble seul et s’incline. — 396. Quand tu te ferais sœur grise. — 226, 286. Quand tu souris en homme à ces tendres orages. — 151. Quand vous m’avez écrit tout ce que femme ou mère. —393. Quand vous suiviez ma trace. —365. Qu’as-tu fait d’un aveu doux à ton espérance ? -68, 96. Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance. —42, 97, 133, 283. Qu’attend-il sur la route. — 124. Qu’avais tu ? Quelle idée au milieu de leur joie. — 254. Que ce lieu me semble attristé ! — 18, 92, 282. Que ce rameau béni protège ta demcure.-125, 285. Que cherches-tu Jenny ? Sur la route isolée. —445. Que fais-tu dans mon rêve.— 217. Que fais-tu, pauvre Hélère, au bord de ce ruisseau ? -40, 92. Que font les poissons d’or sous la prison de verre. — 323. Que j’aimais à te voir, à t’attendre, Albertine 1-62, 94, 400. Que je suis heureuse avec toi ! — 40, 92. Que je vous crains ! que je vous aime ! — 254. Quel bruit ! Quel triste bruit s’échappe de la ville ? -116. Quel chant divin se fait entendre. — 256, 410. Quelle mère un moment ne fut ambitieuse ? -174. 517 Quelle soirée ! o dieu ! que j’ai souffert ! -18, 93, 282. Que mon nom ne soit rien qu’une ombre douce et vaine. — 388. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Que n’as-tu comme moi pris naissance au village…-34, 284. Que sais-tu, cher ingrat, quand tu ris de mes larmes. — 303. Qu’est devenu le temps où la seule pensée.— 444. 518 Qu’est devenu le temps où le seul mot d’absence. — 445. Qu’est-ce donc qui me trouble et qu’est-ce que j’attends ? -17, 92, 282. Que ton cœur prenne ma défense. — 168. Que veux-tu ? Je l’aimais. Lui seul savait me plaire. — 61, 94, 400. Que vous soyez pour tous la charité qui pleure. — 393. Qui délia ma langue aux sons de la prière. — 409. Qui m’a couvé neuf mois dans son sein gros d’alarmes.-215, 266. Qui m’appelle à cette heure, et par le temps qu’il fait ? —21, 93, 282. Qui me consolera ? moi seule, a dit l’étude. — 364. Qui me rendra ce jour où la vie a des ailes. — 175, 286. Qui ? moi changer ! moi devenir volage.-447. Qui sait si votre enfant qui flotte dans vos larmes. — 377, 409. Qui ? toi mon bien-aimé, t’attacher à mon sort. —52, 94, 283. Quoi ! Béranger ! quoi ! l’ami de la France. — 117, 284. Quoi ! c’est d’une prison que sort cette lumière ! — 232. Quoi ! c’est là ton berceau, poétique Louise. — 173. Quoi ! ce n’est plus pour lui, ce n’est plus pour l’attendre. —60, 94, 283. Quoi, Daniel ! à six ans vous faites le faux brave.-122, 132, 267, 287, 405. Quoi ! les dieux s’en vont-ils, Madame ? et notre France. — 324. Quoi, les flots sont calmés et les vents sans colère. —51, 94, 283. Quoiqu’il n’y ait point ici… (prose). — 337. Quoi ! vous voulez savoir le secret de mon sort. — 256. Regarde-le, mais pas longtemps. — 124, 284. Reine du pauvre, ouvrez ! il est à votre porte.-307. Reine pieuse aux flancs de mère. — 241. Rentrons, mes chers enfants, de la foule éplorée. — 115, 132. Reprends de ce bouquet. les trompeuses couleurs. —39, 52, 93, 282. Riez, riez, mes légères compagnes. — 446. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Rive enchantée.-29, 96. Rome, où ses jeunes pas ont erré, belle Rome. — 314. Sacrebleu ! voilà le soleil. — 325, 407. Sais-tu qu’une part de ma vie. — 156, 285. Salut ! rivage aimé de ma timide enfance. —75, 98, 284. Sans l’oublier, on peut fuir ce qu’on aime (Voir : Sans oublier, on peut…..). — 97. Sans me faire connaître à celui que j’adore. — 444. Sans oublier, on peut fuir ce qu’on aime.-69. Sans signer ma tristesse, un jour, au seul que j’aime. — 155, 285. Saule de Sainte-Hélène. — 310. Savez-vous pourquoi, Madame.-214, —286. Semez sur lui des fleurs, des fleurs, jeunes pleureuses ! -396. S’en aller à travers des pleurs et des sourires. — 228. Seule avec toi dans ce bocage sombre. — 68, 98. Si je brisais de la terre.-303. Si j’étais assez grande. — 338, 391, 406. Si j’étais la plus belle.-397. Si je pouvais trouver un éternel sourire. —383. S’il avait su quelle âme il a blessée. —69, 97. Si l’enfant sommeille. — 214, 287, 408. S’il m’eût aimée, oh ! que la vie… (Pièce sans titre).-228. Si mes petites chéries. —237. Si porteuse d’ailes. — 398. Si solitaire, helas ! et puis si peu bruyante. — 162, 286. Si ta marche attristée. —69, 96, 284. Si ta vie obscure et charmée. — 364. 519 Si tu n’as pas perdu cette voix grave et tendre. — 350. Si tu vois cette fleur sauvage. — 448. Si vous ne dormez pas, jetez-moi vos paroles.-27. Sois fière, ô Rachel ! sois bien jeune fille ! -325. Sois libre, je t’oublie. — 157. 520 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Sombre douleur, dégoût du monde. — 25, 93. Son âge encore tenait à l’espérance. — 396. Son image, comme un songe. —61, 94. Sous les arbres touffus, naïves pastourelles. —42, 97. Sous les mêmes Zéphyrs, sous les mêmes orages. — 123. Sous tes longs cheveux d’or, quand tu cours sur la grève. — 329, 408. Souvent il m’apparut sous la forme d’un ange.— 210. Souvent sur les mers où se joue. — 286. Souvent toute plongée au fond de ma tendresse. — 149, 285. Sur ce lit de roscau, puis-je dormir encore. — 31, 53, 95, 284. Sur l’eau qui nous balance. — 183, 286. Sur la terre où sonne l’heure. — 348. Sur le navire en quarantaine. — 249. Sur les bords d’une source où fermente la vie. — 183. T’ai-je vu chez mon père. — 126, 285. Tais-toi, ma sœur ! le passé brûle. — 173, 286. Tant de flamme a brûlé sa vue. — 396. T’es ma fille ! t’es ma poule.— 408. Tes mépris, ton inconstance. —41, 53, 98. Te souvient-il, ma sœur, du rempart solitaire. —64, 94, 132. Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie ! -39, 93, 283. Tes yeux noirs, ma fille. —329, 408. Toi, dont jamais les larmes.-40, 93, 283. Toi dont l’âme à la fois lumineuse et sensible. — 206. Toi que l’on plaint, toi que j’envie. — 111, 284. Toi qui m’as tout repris jusqu’au bonheur d’attendre. — 99. Toi, qui reçus par artifice. —42, 97. Toi qui ris de nos cœurs prompts à déchirer. — 368. Toi qui, trop jeune encore, veux danser sur les fleurs.-447. Ton nom au plus distrait donne de la mémoire. — 392. Toujours je pleure au nom de mon enfant. —62, 94. Toujours notre Madone. — 215, 286, 407. TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Toujours quelque cyprès se cache dans nos fleurs. — 245. Tournez, tournez cher’belle. — 445. Tout ce qu’ont dit les hirondelles.— 325, 407. Toute fleur bénit sur la terre. —396, 407. Tout perdu dans le soin de sa jeune famille.-76, 98, 133, 267. Tout pour l’amour.-31, 53, 98. Tremblante, prise au piège et respirant à peine.-74, 98, 133, 267, 285. Triste à ma cellule. — 299. Tristesse amère. — 124. Triste et morne sur le rivage. — 168, 286. Trois jours après Noël (prose). — 337. Tu crois, s’il fait sombre.-216. Tu fais de longs jours. — 397. Tu m’as connue au temps des roses. — 364. Tu me reprends ton amitié. — 216. Tu sais qu’elle était sainte et mourut sans remords. — 217. Tu t’en vas ? reste encore. — 126. Un ami me parlait et me regardait vivre. — 364. Un barde a vu sa reine fugitive. — 70, 97. Un bruit de fête agitait mes compagnes. —75, 98, 283. Un danger circule à l’ombre. — 364. Une autre le verra, tendre et triste auprès d’elle. — 109. Une église sans lumière. — 396. Une femme pleurait des pleurs d’une autre femme. — 379. Une jeune et blanche novice. — 125. Un enfant avait mis les bottes de son père. — 121, 132, 267, 405. Un étranger vint un jour au bocage. —32, 285, 445. Un jour, écoute, un jour, j’étais bien malheureuse. — 106. Un ministre du ciel courbé sous les offrandes. —118, 132. 521 Un moment suffira pour payer une année. —69, 96. Un philosophe rapporta de l’un de ses voyages… (prose). — 338. 522 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT Un roi faisait bâtir… (prose). — 338. Un ruisseau, frais enfant d’une source cachée. — 119, 132, 285, 407. Un seigneur d’aimable figure. — 97. Un soir, l’âtre éclairait notre maison fermée. — 369, 408. Un tout petit enfant s’en allait à l’école. — 54, 97, 133, 266, 287, 405. Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe. — 365. Va-t-il écrire à sa maîtresse. — 348. Venez bien près ; plus près qu’on ne puisse m’entendre. —71, 98, 133, 266, 287, 406. Venez mes chers petits, venez mes jeunes âmes. —67, 92, 133, 267, 282, 408. P Veux-tu connaître l’avenir. — 348. Veux-tu l’acheter. — 164, 286. Veux-tu recommencer la vie ? —218, 286. Viens donc, viens donc vite, bergère… — 32, 446. Viens, le jour va s’éteindre… il s’efface et je pleure. —48, 92, 399. Viens mon cher Olivier, j’ai deux mots à te dire ! -28, 53, 95, 254. Viens mon jeune époux. — 121, 284. Viens si tu veux rêver d’amour. —52, 96. Vieux puits emmantelé de mousse et de gazon. — 367, 409. Vois-tu, d’un cœur de femme il faut avoir pitié. — 145, 285. Vois-tu, mon bel enfant, venir un pèlerin ? -123, 132. Vois-tu, si j’avais ta beauté. — 396. Voix d’enfants, ô voix qui chantez.-389, 407. Vos vers, c’est le printemps : pluie et soleil ensemble, — 315. Votre dernier bonsoir, ma mère. — 325. Votre empire a troublé mon bonheur le plus doux. — 18, 93, 282. Votre main bienfaisante et sûre.-22, 93, 283. Vous, à peine entrevus au terrestre séjour. —109, 132, 283. Vous aussi, vous m’avez trompée. — 156, 285. Vous aviez mon cœur. — 244, 286. Vous demandez pourquoi je suis triste : à quels yeux.-237. 2 TABLE DES POÉSIES D’APRÈS LEURS INCIPIT 523 Vous demandez si l’amour rend heureuse. — 126. Vous dont l’austérité condamne la tristesse. —62, 94, 283. Vous dont la voix absente enhardit mon courage. —65, 94. Vous entriez, Ondine, par cette porte étroite.-373, 409. Vous le saurez, la vie a des abîmes. — 306. Vous ne me voulez plus… qu’ils en cherchent la cause. —228. Vous partez donc, Marie. — 216. Vous que j’ai vu passer dans l’été de votre âge.-312. Vous qui n’avez jamais parlé. — 389. Vous souvient-il cette jeune amie ? -32, 95, 284. Vous surtout que je plains si vous n’êtes chéries. — 295. Vous voilà bien riant, mon amour ! quelle joie ! -116, 132, 267, 405. Voyageuse de l’air, mouche, bleue et gentille. —54. D) INDEX DES NOMS CITÉS AVERTISSEMENT. — Les numéros en caractère gras renvoient aux pages qui con- tiennent soit une notice soit des renseignements sur le personnage désigné ; les numéros en caractère ordinaire renvoient aux pages où le nom est sim- plement cité ; les numéros en petit caractère renvoient aux notes. Agoult (Marie d’). — 302, 394. Agoult (comte d’). — 394. Alibert (Jean-Louis). — 4, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 17, 22, 23, 25, 28, 29, 66, 74, 106, 107, 109, 138, 178, 216, 224, 235, 236, 323, 351, 352. Aldenhoff (Catherine). — 50. Allandin. — 233. Alvimare (d’). — 446. Amoureux (Mlle, dite Délia).-22, 23, 352. Amoureux (Joseph). — 22. Ampère. — 303. Ancillon. — 164, 354. Andrade (Auguste).— 97, 125, 248, 444. - Arago. 138, 184, 226, 280. Arnaud (Vincent-Antoine)-40, 75. Auber. — 63. Babeuf (Louise).-270, 274, 324, 340. Balzac (Honoré de). — 163. Balzac (Laure de). — 163. Baptiste (Joséphine). — 30. Barbier (Auguste). — 164, 305, 316, 317, 319. Barthou (Louis).-4, 38, 158. Bascans (Ferdinand). — 338, 391. Bascans (Mme). — 338. Bascans (Emma et Emilie). — 338, 391. Audibert. — 33. Augier (Victor). — 238. Bauchesne. — 308. Beaugrand. —351. Beaumarchais (Pierre-Augustin Caron de). — 70. Béranger. —69, 116, 117, 118, 150, 180, 181, 233, 313. Bernhardt (Sarali). — 147, 148. Berteau (Blanche). — 444. Berteau (Gabriel). — 446. Berthoud (Samuel-Henri). — 243, 334. 528 INDEX DES NOMS Berthoud (Marie). — 328. Berville. — 70. Bézard. — 364. Blanc (Mademoiselle). — 102. Blangini. — 18. Bletin (Auguste). — 140. Blot (Sylvain). —140, 298, 369. Bocage. — 275. Bohrer (A.).-414. Boïeldieu. — 245.. Boisson (Marius). — 18. Boitel (Léon). —23, 91, 140, 185, 186, 206, 265, 266, 270, 274, 303, 308, 322, 323, 365. Boitel (Marie-Pierette). — 323. Boitel (Simon). — 265, 266. Bouilly. — 392 Boulenger (Jacques). — 23, 31, 38, 64, 72, 74, 88, 100, 103, 166, 158, 210, 256, 301, 302, 306, 324, 351, 352, 354, 391, 395. Boulland. — 17, 91, 91, 138, 280. Bourdon (L.). —351. Boutet (Anne-Françoise Hippo- lyte, dite Mlle Mars). —24, 70, 71, 104, 121, 139, 252, 293, 301, 321, 324, 376, 393. Boyer D’Agen. —123, 211, 302, 303, 307, 314, 380, 382. Boyer (Auguste). — 186. Bra (Théophile).-139, 210. Branchu (Caroline).-18, 122, 149, 150, 162, 166, 167, 209, 224, 227, 231, 237, 255, 299, 311, 319, 325, 328, 334, 369, 371, 374, 375, 376, 444. Branchu (M.). — 166. Branchu (Péla).-311, 325, 374. Brenet (Nicolas). — 72. Brizeux. — 164, 258, 281, 305, 315, 316, 318, 319, 346. Brugnière (Ed.). —53, 96. Burns (Robert). — 171. Byron (Lord George Gordon).-52. Caplain (Albert). – 68. Carbonnières (Ramond de). — 165. Carducci (Giosué). — 386. Carpentier (Jules de). — 444. Carulli (F.). — 32, 445. Castaine (Marie). — 321. Castellacci. —95, 443. Charavay (Noël). — 33. Charpentier. — 138, 139, 148, 230, 235, 279, 280, 281, 282, 323. Chassevent. — 397. Chateaubriand. — 304, 310, 313. Chénier (André). — 148. Chlendowski. — 115. Chopin. — 394. Claretie (Jules). — 235. Coignet. — 173. Colin. —104, 156. Collet (Mme). — 388. Comberousse (M. de). — 351. Cowper. — 395. INDEX DES NOMS Courtoys (N.). — 184. Courteault (Paul). — 17, 61, 76, 116, 309. Cousin (Victor). — 108, 340. Crombach (Louise). — 306, 307. Curie (docteur). — 374, 376. Dalayrac. — 213. Danchin (Louise). — 447. Dassonville (Rose-Marie). — 64. Dauchin. — 303. David D’Angers (Jean-Pierre). — 178, 225, 226. David D’Angers (Mme). — 226. Davout (Marie). — 216. Debonne (Marie-Eugène). — 26, 111, 353. Debonne (Jean-Eugène). — 26, 27. Degeorge. — 112. Delangle (M). 155. Delhasse (Félix). — 328. Dellorge. — 320. Delorme (Joseph). — 155. 1 Desargus (X.). — 95. Desbordes (Constant). — 17, 38, 43, 69, 71, 72, 73, 74, 88, 88, 89, 102, 106, 107, 108, 113, 160, 182, 187, 211, 310, 350, 353, 360, 392. Desbordes (Félix). — 14, 16, 24, 26, 99, 110, 112, 113, 118, 159, 161, 207, 274, 291, 314, 315, 335, 366, 372, 390, 393. Desbordes (Catherine).-187, 188, 204. Desbordes (Eugénie-Marie-An- ne). — 14, 26, 49, 74, 110, 111, 187, 366, 367. 529 Desbordes (Cécile). —49, 74, 110, 111, 295, 296, 299, 366, 397. Descaves (Lucien).-16, 54, 62, 64, 110, 145, 149, 155, 210, 212, 216, 228, 250, 259, 296, 314, 315, 320, 322, 333, 335, 347, 351, 352, 354, 357. Deschamps (Emile). — 351. Desloges (Adèle). — 366. Desmons. — 216. Desroches (Catherine).-183, 184. Desroches (Madeleine). — 183. Dessaix (Jean-Marie). — 298, 304, 320. Delort (Maurice). — 71. Derains (Camille). — 14, 209, 212, Drapier (Eugénie). — 111. 225, 258, 378. Dubois. 348, 390. Didier. — 133. Didot (F.).-60. Doyen (G.). —91, 91, 132. Drapier (Désiré).-49, 367, 372. - Duchambge (Pauline). — 15, 63, 64, 76, 89, 123, 155, 156, 164, 167, 178, 179, 206, 215, 216, 217, 227, 228, 231, 232, 241, 242, 245, 248, 250, 256, 257, 259, 260, 296, 307, 308, 309, 314, 315, 316, 321, 330, 348, 530 INDEX DES NOMS 364, 397, 444, 445, 446, 447. Duchambge (Désiré). — 63. Duchamp (C.).-444, 445. Ducis. — 325. Duhem. — 368. Dumas (Alexandre).-141, 144, 201, 203, 243, 282, 293, 304. Dumont. —125, 201, 202, 202, 230, 292, 304. Duphot (Daniel). — 123. Duphot (Mme). — 123. Dupierge (F.). — 53. Dupin. — 70. Dupin (Antoinette). — 291, 304. Dupont (Ambroise).-90, 90, 91, 91. Duprez. — 299. Dupuy. — 240. Durant (Charles). — 89, 90, 248. Duthilloul. 16, 23, 43, 63, 89, 90, 99, 100, 102, 104, 121, 123, 149, 156, 160, 170, 172, 180, 185, 203, 207, 257, 348, 398. Duthilloul (Henriette). —148, 149. Duthilloul (Félicie). — 149. Duthilloul (Paul). — 149. Duthilloul (Oscar). — 149. Duval (Alexandre). — 23. Duverger. — 310. Duvernet (Charles). – 358. Duvernet (Mme). — 533. - Fabri-Garat. — 29. Favier (Henriette).-215, 224, 225, 235, Favre (Jules). — 275. Favreuil (H. de). —4, 9, 17, 38, 39, 43, 122, 388, 397, 398. Félis (Edouard). — 70, 446. Flaubert. 388. Flavigny (Mlle de). — 394. Flaugergues (Pauline de). — 360. Fleury. — 22. Firmin. 274. 1 Fontvanne. 29, 103. Fournier. — 201. Foy (Général). — 116. Froussard. 140, 156, 209, 229, 247, 369. Fredonnet (André), sieur des Roches, 183. Fusil (Louise). — 165, 166. 1 - - Gambino. — 386. Gantier (François-Joseph). — 11, 19, 20. Gantier (Albertine). – 12, 14, 19, 20, 21, 62, 64, 123, 162, 163, 217, 218. Gantier (Héloïse).— 20, 218. Garat (Dominique). — 18, 29, 30, 166, 168, 240. Gardet (Mme). — 445. Garnier. — 115. Gaschon de Molène. — 322. Gay (Sophie). —61, 62, 65, 66, 67, 74, 75, 356, 394. Gay (Delphine). —75, 325, 394. Géraud (Edmond). — 17, 60, 61, | Jars. —75, 90, 122, 202, 245. 68, 174, 175. Jeuclier. — 110. Géraud (Mme). — 175. Gergerès. —60, 90, 100, 101, 101, 139, 140, 156, 162, 174, 178, 208, 211, 215, 233, 234, 244, 245, 251, 252, 257, 292, 323, 324. Ginisty (Paul). — 166. Girardin (Emile de). — 394, 395. Girardin (Mme de). — 394. Girodet. —72, 226. Goudelin (Pierre). — 42. Grétry. —393. Guégan (Bertrand). — 15, 23, 26, 30, 49, 52, 61, 66, 68, 70, 107, 110, 111, 150, 151, 157, 163, 167, 176, 177, 182, 183, 187, 298, 346, 352. Guérin (Eugénie de). — 73. Guttinguer (Ulrich). — 358. Goethe. 183, 257, 303. Hanska (Mme). — 163. Henrion. 325. Henry. —219, 220. Hertz. — 274. INDEX DES NOMS Hugo (Victor). — 148, 243, 311, 326. Isle (Rouget de l’). — 75. Jamar (A.). — 346. Janet. — 138. 531 Kauffmann.-274. Kératry. — 168. Koch (Marie-Louise). — 323. Kreutzer. — 166. Kriloff. — 74. Labé (Louise). — 173. Labinsky (François-Xavier).-157. Lacaussade. — 246. Ladvocat. —60, 88, 89, 108, 109, 356. Lagut (Sophie). — 338, 391. Lair (de Beauvais). — 445. Lamartine (Alphonse de). — 62, 158, 168, 169, 170, 171, 319. Lambert (Ch.). — 32. Lamennais. — 394. Langelier. — 184. Langlais (Jacques). — 346, 379. Laprade (de). —365. Latouche (Hyacinthe de). —23, 26, 32, 38, 63, 83, 89, 103, 104, 106, 107, 108, 109, 148, 156, 164, 165, 309, 351, 352, 352, 353, 354, 356, 357, 358, 359, 360. Latour (Antoine de). — 169, 202, 203, 203, 205, 239, 247, 256, 301, 304, 313, 356. Lavallière (Mme de). — 325. 532 Lavater. — 110. Lavit (Caroline de). — 166. Lebreton (Théodore). — 312, 313. Lechallier. — 29, 41, 53, 445. Leconte. 231. Lecomte (M.lle). — 96. Lefèvre (Jules). — 351. Lehuby. — 334. Lélu. — 28, 29, 31, 41, 96, 445. Lenôtre. 243. 1 INDEX DES NOMS - Lepeytre (Frédéric).-24, 102, 103, 111, 122, 139, 180, 229, 230, 249, 254, 258, 292, 303, 310, 322, 334, 335, 367, 377, 383, 385. Lepeytre (Mme ´ Frédéric). — 249. Lepeytre (Blanche). — 383, 385. Lévy (Michel). — 168, 373. Liré (docteur). — 367. Liszt. — 394. Loliée (Frédéric). — 20, 210, 251. Louis (François).-3, 4, 5, 9, 11, 13, 14, 16, 21, 32, 34, 38, 38, 39, 40. Mariéton-Vial (dossier). —23, 91, 274, 365. Marivaux (Pierre de). — 70, 251. Marrast (Armand).-338, 379, 391. Martainville (Caroline). — 52, 53. Loy (Aimé de). – 168, 172. Lucas (Catherine-Josèphe). — 187. Lyonnet (Henry). — 165. Mahler. —89, 90. Maistre (Xavier de). — 106. Malo (H.). — 226. Maréchal. — 296. Martini. 167. Marsan (F.). — 236. Massol. 376. Mazas. — 41. L 1 Meissonnier. 32, 41, 446. Mélingue. — 31. Ménageot. — 225. Ménessier-Nodier. — 96. Mercœur (Elisa).-235, 235, 236, 237. Michaud. – 252. Michelet (Mlle). — 235. Michelet (J.). — 395. Milton. — 6. Molène (Gaschon de). — 322. Molière. — 70. Momigny (Lysias de). —447. Monier Séguénol. — 41. Monpou (Hippolyte). — 251. Montferrand (Alfred de). — 237. Montmorency (Mathieu de).–309. Moore (Thomas). —52, 125. Mounastre-Picamilh (Marcel).-17. 1 Nadège.-165, 166. Nadermann (F. J.).-444, 445. Nairac (Georgina). — 61, 109. Nairac (M.). —61. Nairac (famille). —61, 174. Nepveu. — 157. Neri (Ferdinando). — 386. Nerval (Gérard de). — 183. Nodier (Charles). — 148, 155, 157. Nourrit (Mme Adolphe). — 241. Nourrit (Adolphe). — 202, 240. Obez (Adolphe). — 328. O’Donnel (Elisa). — 67. Olivier. —32, 33, 155, 351, 352. Ossian. 143. - INDEX DES NOMS Paër (F.). —70, 349. Paganini. 176, 177, 178. Pagnerre. — 112. 1 Panseron (A.). — 183. Parny (Evariste). — 158. Parran. — 163. Perrin. 173. - Peyronnet (Pierre-Denis de).-116, 117, 232, 233, 233, 234. Pierquin de Gembloux.-166, 167, 209, 369. Plantade. — 69. Polonius (Jean). — 157. Pommeret. —235. Pougin (Arthur).— 20, 24, 25, 74, 75, 89, 99, 102, 117, 162, 180, 187, 203, 205, 219, 234, 251, 293, 299, 302, 312, 313, 321, 324, 341, 351, 381, 395. Poussin.-211. Prévost. — 41. Pujol (Abel de). — 88. Quidant (Alfred). — 68. Quinebaux. — 28, 29, 34, 41, 444, 445. Raspail (Camille). — 381, 387, 388. Récamier (Mme de). — 302, 308, 309, 310, 356. Régnier. 166. 1 Rességuier (Jules de). — 148. Revilliod (Gustave). — 347. Richard. 299. 1 533 Richardson (Samuël). — 41. Richter (Jean-Paul). — 396. Rivière (Benjamin).-119, 121, 210, 231, 232, 236, 241, 243, 252, 328, 368, 374, 380, 381. Rochefoucauld (Vicomte de la).- 310. Romagnési (A.). – 69, 96. 1 Roux-Martin (A. B.). —447. Ruissel. — 163, 327.. A Sacchini.-30. Sainte-Beuve (Charles Augustin de). — 16, 25, 54, 140, 149, 150, 168, 171, 202, 242, 248, 251, 254, 256, 258, 259, 280, 281, 300, 301, 302, 302, 303, 310, 313, 314, 315, 316, 322, 340, 349, 351, 358, 360, 374, 381, 388. 534 Saint-Marc ou Mars (L. de).-312. Sand (George). —351. Sarrazin (Adrien de). —11, 13. Saudeur (Héloïse).— 218, 367. Saudeur (Edouard). — 218. Ségaut (Louise). — 358. Sigoyer (de). — 173. INDEX DES NOMS Ségu (Frédéric).-23, 26, 352, 353, 353, 354, 358, 359. Simonis (Mme). — 330. Souday (Paul). — 352. Soumet (Alexandre). — 75. Souverain (Hippolyte). — 312. Spoelberch de Lovenjoul. — 33, 281, 302, 313, 340, 349, 375. Stern (Daniel). — 394. Stevenson (John). — 52. Surville (marquis de). — 157. Surville (Clotilde de). — 157. Talma. 24, 21. Taranget. — 206, 207. Tastu (Amable). —75, 138, 150, 247, 306. Tastu (Joseph). —90, 150. Techener. 157. Terme. 304. 1 1 Teste.-243. Thémines (Mme de). — 325. Thomassin. — 28. Tissot. — 89. Turbot (Mme). —8, 8, 21. Valmore (Inès). — 101, 122, 209, 327, 358, 370, 371, 372, 377, 381, 382, 383. Valmore (Hippolyte). — 42, 49, 99, 101, 112, 138, 162, 180, 205, 208, 209, 211, 215, 225, 229, 246, 247, 249, 258, 270, 292, 303, 310, 320, 321, 322, 328, 367, 369, 371, 377, 378, 379, 380, 383, 384, 385, 386. Valmore (Junie). — 40, 42. Valmore (Ondine). 24, 49, 67, 101, 160, 171, 280, 302, 306, 310, 314, 320, 321, 326, 328, 337, 338, 356, 358, 360, 367, 371, 373, 374, 375, 376, 377, 379, 380, 384, 388, 391, 395. Valmore (Prosper). — 16, 17, 22, 24, 25, 26, 40, 62, 89, 89, 101, 105, 145, 146, 147, 148, 151, 152, 153, 172, 177, 179, 184, 201, 210, 211, 213, 225, 227, 228, 229, 230, 235, 238, 240, 241, 243, 245, 246, 247, 248, 249, 252, 254, 258, 266, 270, 274, 280, 297, 298, 300, 301, 302, 308, 310, 314, 318, 330, 353, 356, 358, 359, 360, 370, 378, 394. Vanderbourg. — 157. Vandérem (Fernand). — 5. Vanderfosse (Mme). — 20. Vérité (Louis). — 33. Verlaine (Paul). — 347, 385, 386. Veyne. 306, 380, 381, 383. 1 INDEX DES NOMS Vial (Eugène).-91, 139, 266, 298, 304, 305, 312, 322. Vigny (Alfred de). — 61, 62, 140, 148, 226, 394. Villemain. — 305. Vinay (Betzy). — 67. Vinet. — 140. Voiart (Sabine — Casimire Ama- ble). — 150. Waldor (Mélanie).-140, 150, 235, 236, 236, 237, 242, 243, 330, 376. Walsh (Théobald). — 28. Willem. — 179. 1 535 Williams.-6, 7, 11, 102. Woëts (J. B.)-53, 96, 446.

  1. Cette lettre appartenait à Louis Barthou ; elle « truffait », à sa vente, un exemplaire bradel demi-veau rose des Poésies de 1820. Le catalogue mentionnait « une lettre autographe de l’auteur, deux pages à son éditeur et dans laquelle elle cite {M.|Alibert}}. »
  2. Le volume devait paraître en septembre 1821, comme on peut le voir par une lettre que Marceline écrivait de Lyon, le 12 juillet 1821, à « Monsieur Charles Laffille, homme de lettres, rue Vivienne, nº 6, à la Lyre Moderne, à Paris ». Cette lettre inédite, dont on va lire un fragment, fait partie de la collection H. de Favreuil : « Vous qui m’aimez un peu, voulez-vous, cher Laffille, me rendre encore un service ? Ne fut-ce que par habitude, vous direz oui. Voyez Monsieur le libraire Grandin. Je lui ai écrit sans obtenir de réponse, pour un volume qu’il avait bien voulu se charger de faire relier pour moi en cuir de Russie. Ce volume était destiné et promis, et j’ai tout l’air de l’oublier volontairement aux yeux de qui l’attend. Obligez-moi donc, cher Laffille, d’en rappeler le souvenir à M. Grandin, qui devait aussi selon moi commencer ver ; cette époque l’édition qu’il veut faire paraître en septembre. Au reste, cet article le regarde. Il m’enverra les premières épreuves quand il jugera à propos de s’en occuper. Mais de grâce, mon petit volume de- mandez-le lui. J’ai si peu le temps d’écrire que l’on devrait bien me répondre. N’allez pas, cher ami, me traiter de même. Tout le monde m’oublie et malheureusement il n’est pas de même de moi. J’ai tout quitté en quittant Paris. Je m’y croyais un peu aimée, toutes nos espérances meurent avant nous-mêmes. Il y a beaucoup de monde en deuil en ce moment. J’y suis plongée… » Grandin mit le volume en vente le 16 mars 1822. Voici les termes en lesquels il l’annonce dans la Bibliographie de la France qui parut ce jour-là. « No 1351. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition. In-18 de 6 feuilles 7/9, y compris un frontispice gravé, plus des planches. Imp. de Fain, à Paris. — A Paris, chez Th. Grandin, rue d’Anjou — Dauphine, n° 7. Papier ordinaire… 5 frs. Papier vélin… 10 frs. Avec figures sur papier de Chine… 20 frs. »
  3. Un romantique républicain, H. de Latouche (1785-1851). Paris, les Belles-Lettres, 1932.
  4. Lettre inédite à Madame Duvernet, publiée par Fr. Ségu, pp. 36-37.
  5. Cf. la pièce célèbre de Bouquets et Prières.
  6. V. Poésies de 1830, n° 12.
  7. Cette pièce fait partie de Pauvres fleurs.
  8. Valmore, que nous savons jaloux, ne lisait donc jamais ni les lettres de sa femme, ni ses carnets, ni ses ouvrages !
  9. Enregistrée le 25 août 1860 dans la Bibliographie de la France (n° 7552).
  10. Enregistrée à la Bibliographie le 7 décembre 1872 (nº 9568).