Bigot et sa bande/08

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Jean-Pierre La Barthe


Le 1er janvier 1757, l’intendant Bigot donnait la commission suivante au sieur La Barthe :

« Estant necessaire de remplir la place de Garde des magazins du Roy à Montréal Vacante par la démission du S. Martel qui en estoit pourvû, NOUS sous le Bon plaisir de Sa Majesté, avons Commis et Commettons Le S. Labarthe pour faire les fonctions de garde desd. magazins à L’Effet de quoi il se chargera de toutes les munitions vivres et marchandises qui sont actuellement dans lesd. magazins suivant l’inventaire et recensement qui en sera fait incessamment par ordre de M. Varin Commissaire de la Marine Ordonnateur à Montréal présence du Commis du Controlleur de la Marine. Led. S. Labarthe tiendra les livres de recettes et dépenses et Ventes, le tout conformement à ce qui est prescrit par l’ordonnance de 1689, et aux ordres particuliers qui lui en seront donnés par nous ou par M. Varin. MANDONS aud. S. Varin de faire reconnoitre led. S. Labarthe en lad. qualité de garde magasin ainsi et par tous ceux qu’il apartiendra. Fait et donné a Québec Le per. janer. 1757. — Bigot ».[1]

Nous savons peu de choses des trois ou quatre années de séjour de La Barthe à Montréal. Successeur du garde-magasin Martel de Saint-Antoine, il trouva les livres de ce dernier assez difficiles à expliquer. C’est probablement ce qui lui valut son emprisonnement à la Bastille et, ensuite, sa comparution devant le Châtelet. Le jugement du 10 décembre 1763 ne le trouva pas en faute puisqu’il déclarait : « Sur les plaintes et accusations intentées contre le dit Jean-Pierre La Barthe, mettons les parties hors de cour. »

Tout de même, malgré l’indulgence du Châtelet de Paris pour l’accusé La Barthe, les notes au jour le jour du procureur du Roi Moreau indiquent qu’il avait quelque peu trempé dans les malversations de Bigot et de ses complices. Moreau semble lui reprocher d’avoir accepté, en sa qualité de garde-magasin à Montréal, des marchandises qu’il savait avoir été achetées à Québec par Varin, puis transportées à Montréal et vendues au Roi sous le nom de Lemoine, associé du dit Varin.

On ne trouve pas grand’chose sur M. La Barthe dans les anciennes paperasses de la Bastille. Elles contiennent tout de même une bonne note en sa faveur. En effet, M. de Sartine écrivait au major de la prison, en 1762 : « Permission est donnée à M. La Barthe de se promener dans la cour intérieure et de laisser le Père Griset entrer dans sa chambre pour le confesser. »

Le même billet contient un mot au sujet de Cadet : « Je vous envoie aussi une bouteille de tabac que M. de Sartine permet de passer au sieur Cadet. »[2]

Après sa sortie de la Bastille, La Barthe, né en France ne revint pas au Canada. On perd ses traces après 1763.

La Barthe, à la Bastille, s’occupait plus de ses repas que du détail de sa toilette. Il réclama même la permission de faire venir ses repas du dehors. Les autorités de la Bastille s’informèrent alors s’il avait à se plaindre de la nourriture qu’on lui servait, et La Barthe, très franchement, avoua qu’elle était convenable, mais qu’il était délicat, friand et très sensuel. Il eut alors la permission de faire venir ses repas du dehors deux fois par semaine.[3]

  1. Archives de la Province, Ordonnances des Intendants, cahier 42, fol. 26 v.
  2. J.-Edmond Roy, Rapport sur les Archives de France, p. 868.
  3. Frégault, François Bigot II, p. 345.