Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BODSON, Nicolas-Henri-Joseph

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BODSON (Nicolas-Henri-Joseph), fils de Jean-Joseph Bodson et de Dieudonnée Lohest, naquit à Liége, le 5 mai 1766, et mourut dans cette ville, le 31 mars 1829. Nicolas Bodson, comme tous les artistes musiciens liégeois qui ont fait leurs études avant la suppression de la principauté de Liége, a joui, à Rome, d’une bourse au collége liégeois de la fondation d’Archis (1696). De Rome, il se rendit à Naples où, suivant une tradition conservée dans sa famille, il occupa une place de maître de chapelle. Plusieurs de ses compositions sont datées de Naples. Il y occupait un appartement dans la Strada rosa en 1790. L’époque de son retour définitif à Liége n’est pas certaine. En 1792, la Société libre d’Émulation offrit un concert au général Dumouriez. Bodson le dirigea et y fit entendre deux morceaux de sa composition : l’Hymne civique et l’Hymne à l’Être suprême. Il n’a jamais eu d’autre titre à Liége que celui de professeur de musique. Il remplissait au théâtre la partie d’alto. Malgré l’exiguïté de ses ressources, il fut constamment l’appui et le soutien de sa famille. Ses neveux en ont conservé le souvenir et en parlent avec reconnaissance. Il était célibataire. Les actes de décès de l’état civil et de la paroisse de Saint-Martin ne laissent aucun doute à cet égard. Cependant il se présente ici une difficulté que je n’ai pu résoudre.

En l’an VI de la République, Henri Hamal proposa au gouvernement français l’établissement d’une école de musique, à Liége. (Tous les documents relatifs à cet objet et les notices de Hamal sur les musiciens célèbres du pays de Liége se trouvent réunis à la Bibliothèque de l’Université de Liége.) L’administration centrale du département de l’Ourthe appuya cette proposition auprès du ministre de l’intérieur et joignit à sa lettre une note sur trois artistes qu’elle signalait à l’attention du gouvernement. C’était Moreau, maître de chapelle de la collégiale de Saint-Paul, Henri Hamal, maître de chapelle de la cathédrale, et Bodson. Voici textuellement ce qui concerne ce dernier : « Le troisième est le citoyen Bodson, compositeur, musicien habile, rempli de talents, musicien distingué. Il est père d’une nombreuse famille et également réduit à la misère par la suppression des chapitres. Il mérite la bienveillance du gouvernement par son patriotisme et les productions de musique qu’il a quelquefois fait entendre dans nos concerts. C’est aussi en Italie qu’il a acquis ses connaissances. » Il s’agit ici d’un Bodson, père d’une nombreuse famille, tandis que Nicolas Bodson était célibataire. S’agirait-il de deux personnages différents ? Il y a eu, en effet, d’autres Bodson professant la musique. Jean-Joseph Bodson, père de Nicolas, était carillonneur de Saint-Lambert. Il est mort à Liége, le 8 mars 1826, âgé de quatre-vingt-trois ans. Henri Bodson, oncle de Nicolas, est qualifié de musicien de profession dans son acte de décès. Il est mort le 22 novembre 1816, âgé de quatre-vingt-deux ans. La note de l’administration centrale se rapporterait-elle à l’un de ceux-ci ? Ce qui nous en fait douter, c’est que nous n’avons connaissance d’aucuue composition de ces musiciens, M. Terry, professeur de chant au Conservatoire de Liége, qui possède des documents si nombreux et si précieux sur les artistes liégeois, assure qu’il n’a jamais trouvé de trace d’un compositeur du nom de Bodson autre que Nicolas. Ses neveux supposent que Nicolas Bodson étant, en effet, le soutien de toute sa famille et ayant étudié la musique avec la perspective d’occuper un emploi dans l’une des églises supprimées, a pu recevoir le titre de père d’une nombreuse famille réduit à la misère par la suppression des chapitres. Cette erreur est possible. Quoi qu’il en soit, les œuvres que nous allons ènumérer sont certainement de Nicolas Bodson et portent toutes l’initiale N. : 1° Missa 1ma per soprano, tenore e basso con organo obligato en ut. Liége, André. — 2° Missa seconda per soprano, tenore e basso con organo obligato, en sol. Liége, Duguet. — 3° Missa terza, id., en fa. Liége, Gout. — 4o Une messe en ut, à deux voix, avec accompagnement d’orgue ad libitum, imprimée en caractères de plain-cliant dans le recueil de motets de M. Plateus, curé de Burdine. — 5o Motets. 1. Verbum caro, pour soprano ou ténor, en fa. 2. Litanies, en fa. 3. Contant montes, en ut. 4. Tantum ergo, à deux voix ; genitori, à trois voix, en si. 5. Ave Maria, en sol, à trois voix égales. 6. Mi Jesu, pour soprano et ténor, en fa. 7. Ecce panis, en fa, pour deux voix égales. 8. Bone Jesu, en fa, pour deux voix. Ces messes et ces motets ont été réimprimés à Liége (Muraille, etc.). Outre ces compositions qui sont dans le commerce, M. Terry en possède d’autres qui sont autographes et dont il a bien voulu nous donner la liste. — 6o Missa terza (sic) concertata, en re, per quattro voci, partition d’orchestre autographe portant le millésime de 1793. — 7o Un opéra intitulé : le Derviche ou l’Isle des Femmes, représenté à Liége, le 22 pluviôse an VIII. Opéra en un acte, paroles de M. de Sainte-Foix. Parties d’orchestre et de chant autographes. — 8o L’Hymne à la paix, chanté au concert gratis, le 9 germinal an IX, paroles du citoyen Becco, idem. — 9o Li Raskignou’, cantate, partition d’orchestre autographe. Au bas du titre on lit : Neapoli, 1790, Sda Rosa al 4o appartimento. — 10o Hymne civique, id. — 11o Hymne à l’Être suprême, paroles du citoyen Douville, id. — 12o Scène pour voix de soprano, idem.

Comme compositeur, Nicolas Bodson est fort estimé. Ses œuvres de musique sont populaires. Sa musique est simple et correcte. On y rencontre des traits intéressants et originaux. Après bientôt soixante-dix ans de leur publication, la plupart d’entre elles n’offrent rien de suranné.

Le chanoine T.-J. Devroye.