Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOUSSART, André, baron

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BOUSSART (André, baron), homme de guerre né à Binche le 13 novembre 1758, mort à Bagnères le 10 août 1813. Il était issu d’une famille ancienne dans la carrière des armes : son père, officier au régiment de Cornabé, sous la république batave, s’était vaillammant battu à Fontenoy. Son oncle, Roger Boussart, était capitaine dans la garde noble de Marie-Thérèse. André Boussart entra au service dès l’âge de dix-huit ans dans le régiment de Vierset, en qualité de cadet et obtint, peu de temps après, en récom- pense d’une action d’éclat, le brevet de lieutenant porte-enseigne. Ennuyé de l’oisivité de la vie de garnison, il donna sa démission en 1787, mais dès qu’éclatèrent les premiers symptômes de la révolution brabançonne, il se hâta de rentrer au service. Il fut admis comme capitaine dans le corps franc de Laurengeois et assista aux combats de Turnhout et de Bouvignes. Ce corps ayant été licencié après la rentrée des Autrichiens en Belgique, Boussart dut se soustraire à la réaction qui, à cette époque, obligea un grand nombre de Belges à s’expatrier; il alla prendre du service en France, y fut bientôt capitaine (1er octobre 1791) et comme tel, placé dans le régiment de dragons du Hainaut. Sa conduite à Jemmapes lui valut le grade de lieutenant-colonel dans le même corps (1er mars 1793), puis celui de chef d’escadron dans le vingtième régiment de dragons français qui fut formé en grande partie de volontaires belges. Il passa ensuite à l’armée d’Italie et fit, sous le général Bonaparte, ces immortelles campagnes qui révélèrent une transformation dans l’ancien système de guerre. A Mondovi, Boussart exécuta une charge audacieuse et reçut trois blessures en se frayant un chemin à travers l’ennemi. Au passage de l’Adda, il se jeta dans la rivière avec ses escadrons, atteignit l’autre rive à la nage et dispersa l’ennemi; à Lodi, à Castiglione, à Rivoli, partout il se fit remarquer par une intrépidité que rien ne pouvait arrêter. Le général Bonaparte, qui l’avait apprécié, le nomma chef de régiment et le désigna pour l’accompagner en Égypte. Là, Boussart se distingua par de nouveaux exploits : à la bataille d’Alexandrie, au combat de Scheybrefs, il enfonça les Mamelucks; aux Pyramides, il culbuta les Janissaires; à l’affaire d’Aboukir, où il commandait la première ligne de cavalerie, il fit une charge brillante et fut atteint par trois balles. Le grade de général de brigade vint récompenser ses services. Rentré en France, Boussart fut nommé commandant du département de la Haute-Saône et rendit d’importants services dans l’organisation de l’armée; il fut nommé commandeur de la Légion d’honneur à la création de cet ordre (1804). Pendant la campagne de 1806, Boussart, qui commandait une brigade de cavalerie, se distingua, le 4 octobre, à l’affaire d’Anklam, où il fit prisonnier le général Bela et une colonne de quatre mille hommes qu’il commandait, le 13, à la bataille d’Iéna, le 27, au combat de Petruch, et le lendemain encore à celui de Preslau. Il assista aussi, en quelques jours, à la ruine de la monarchie prussienne. Après avoir exécuté diverses missions à Ulm, à Vienne, à Berlin, il prit part aux combats de Czarnowa et de Pultusk (20 et 26 décembre) où il fut blessé très-grièvement, ce qui ne l’empêcha pas d’assister, un mois après, à la bataille d’Ostrolenka, où il reçut encore une blessure. En 1808, on le retrouve en Espagne à la tête d’une division de cavalerie. Il fit partie du corps du général Vedel et dut se soumettre, malgré ses énergiques protestations et de brillantes charges de cavalerie, à la capitulation de Baylen. Après être resté pendant quelques mois prisonnier à Cadix, il recouvra la liberté et reprit immédiatement un commandement dans l’armée d’Aragon. Au mois d’avril 1810, il surprit pendant sa marche le général O’Donell qui, avec deux divisions d’environ neuf mille hommes, cherchait à dégager Lerida, assiégée par les Français. Bien qu’il n’eût à sa disposition que quatre à cinq cents cuirassiers, Boussart n’hésita pas à tomber sur les colonnes ennemies et, sans aucun secours ni de l’infanterie ni de l’artillerie, il parvint non-seulement à mettre en déroute tout le corps O’Donell, mais encore à faire environ cinq mille prisonniers et à s’emparer d’un matériel considérable. On pourrait citer plusieurs actions d’éclat du même genre dans la carrière du général Boussart; c’est ainsi que vers la fin de novembre 1810, au pont de Vinaros, il se mit à la tête d’une trentaine de cavaliers du 4° régiment de hussards, se jeta au milieu de tout un corps espagnol, fit plus de deux mille prisonniers et dispersa le reste d’une colonne d’au moins cinq mille hommes. C’est ainsi encore qu’au combat d’Alcover (20 mai 1811) il attaqua, avec quelques fantassins, un corps de chasseurs espagnols d’environ mille deux cents hommes solidement établis sur des hauteurs d’un accès extrêmement difficile.

Il se mit lui-même à pied à la tête de sa petite troupe dispersée en tirailleurs, fit grimper ses hommes d’étage en étage, sous un feu meurtrier, et parvint à mettre l’ennemi en fuite. Six mois plus tard, auprès de Sagonte, il dispersa le corps anglais du général Blake. Boussart, qui avait été fait baron de l’empire, obtint enfin le grade de général de division (15 mars 1812), mais les vingt-trois blessures dont il portait les cicatrices avaient miné sa constitution; il fut obligé de quitter l’armée pour aller à Bagnères où il mourut, laissant une grande réputation de bravoure et d’intrépidité, attestée par tous les historiens de l’empire. Boussart avait eu douze chevaux tués sous lui!

Son frère, le chevalier Félix Boussart, né à Binche le 1er mars 1771, officier de l’ordre de la Légion d’honneur, etc., était aussi un vaillant militaire, digne de la forte race dont il descendait. A l’âge de quarante et un ans il était colonel de gendarmerie après s’être distingué en Allemagne, en Italie et en Égypte où, après une action d’éclat, il reçut, sur le champ de bataille même, un sabre d’honneur des mains du général en chef. Fait prisonnier de guerre après la capitulation de Dresde, Félix Boussart mourut à Pesth (Hongrie), le 28 janvier 1814.

Genéral Guillaume.

Félix van Hulst, Victoires et conquêtes des Français.