Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Théofride

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THÉOFRIDE, ou Théofroy vingt-quatrième abbé d’Epternac (ordre de saint Benoît, au diocèse de Trèves), fut un des hommes les plus remarquables de son temps. Il entra dès sa plus tendre jeunesse à l’abbaye d’Epternac, et l’on prétend qu’il s’y trouvait déjà en 1031, lors de la translation des reliques de saint Willibrod, apôtre de la Frise, par l’abbé Humbert. Il y étudia avec ardeur les lettres sacrées et profanes ; acquit une parfaite connaissance des langues latine, grecque et même hébraïque. Sa science et sa piété lui méritèrent l’estime et l’affection de l’abbé Régimbert, sons lequel il vécut trente ans simple religieux. En 1078, cet abbé le choisit pour coadjuteur, mais, étant mort, trois ans après, Théofride rencontra un compétiteur, et fut obligé d’aller à Rome demander justice. Le pape Grégoire VII la lui rendit, en le maintenant en possession, par décision du 18 novembre 1083. Théofride gouverna son abbaye avec une grande sagesse, s’occupant sans cesse de l’instuction de ses religieux, et de leur bien spirituel et temporel. Il obtint pour eux, de plusieurs grands personnages de l’époque, divers priviléges et concessions utiles. On a conservé une lettre qu’il adressa en leur faveur à l’empereur Henri IV (voy. Gall. christ., XIII, col. 339 des Preuves). On voit dans cette lettre, écrite vers l’an 1101, que, malgré son grand âge, Théofride n’avait pas oublié son Horace. Il termina sa longue et vertueuse carrière dans les premiers jours d’avril 1110. Théofride a composé plusieurs ouvrages, savoir: I. La Vie de saint Luitwin, archevêque de Trèves, mort en 713. II. La Vie de sainte Irmine[1], que quelques-uns nomment Herminie, abbesse d’0rreen (Horreum prope Treviros). Ces deux vies n’ont pas été imprimées. III. La Vie de saint Willibrod, en 36 chapitres, insérée dans les recueils de Surius. IV. Quelques sermons de Cultu et Veneratione Sanctorum, imprimés dans les Bibliothèques des Pères. V. Flores epitaphii Sanctorum libri quatuor…, Luxembourg, Hubert Reulandt, 1619, in-4º « Opus (dit le P. Jean Roberti, jésuite (voy. ce nom), qui en a été l’éditeur et qui y a joint des notes et la vie de l’auteur en 15 pages), Opus multâ pietate, eruditione multigenâ et vere floridâ refertum. » Théofride l’avait dédié à Brunon, archevêque de Trèves, dont il était le confesseur. Il ne faut pas confondre l’abbé d’Epternac, avec saint Théofride qui vivait en 720, et dont il est question à l’art. Leonius (XXIV, 169) B—l—u.


  1. Fille de Dagobert II. Mariée au comte Hermann, elle perdit son époux le jour même de ses noces. ce malheur la détermina à renoncer au monde et à se consacrer à Dieu, dans l’abbaye d’Orreen, dont sainte Modeste était abbesse. Irmine lui succéda et mourrut en 711. Elle donna par testament presque tout ce qu’elle possédait à l’abbaye d’Epternac, et fut remplacée à Orreen, par sainte Anastasie (Gall. Christ).



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