Brest (Honoré Dumont)/Avertissement

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Impr. de P.-L. Tanquerey (p. xi-xii).



AVERTISSEMENT.




Je ne songeais pas à composer un ouvrage de longue haleine sur Brest. Comme j’avais connaissance que M. de Malesherbes avait fait un voyage en Bretagne, pour venir visiter, à Brest, M. le Comte de Montboissier, son neveu, qui commandait le camp établi devant cette place, j’eus, en 1831, l’intention de faire de cette anecdote un épisode qui aurait formé un chant dans le grand poème que je destine à célébrer la mémoire de l’illustre magistrat pour lequel j’ai une vénération si profonde. Mais, ô pouvoir de l’enthousiasme ! fort peu de temps après avoir mis la main à l’œuvre, j’entrepris un ouvrage entier relatif à Brest, et l’imagination m’a secondé assez vivement pour que j’aie pu donner à ma production le degré d’étendue et d’intérêt qu’elle présente.

J’ai aussi sur le chantier un ouvrage qui me semble fait pour piquer la curiosité du lecteur, et dans lequel je m’efforce de peindre l’aspect imposant que le département du Finistère offre sur plusieurs points. Cette contrée me paraît très-propre à enflammer la Muse d’un poète dont l’âme respire des sentimens énergiques.

Il me serait assez difficile d’expliquer pourquoi je suspends la composition de mon poème sur M. de Malesherbes, pour m’occuper d’ouvrages commencés depuis bien moins de temps que la production qui est consacrée à la louange de cet auguste personnage. Tout ce que je puis dire, c’est que mon admiration pour l’immortel ami du meilleur des Rois ne peut s’affaiblir, et qu’avec la protection du Ciel, je lui paierai, tôt ou tard, le juste tribut que je lui ai voué.

Ai-je besoin de réclamer l’indulgence du public, pour la production que je mets en ce moment au jour, en exprimant ici que je n’ai point fait mes études ; que même je n’ai jamais eu de maître de grammaire  ; que le goût de la poésie ne s’est révélé en moi qu’à l’âge de 37 ans ; que cet ouvrage a, pour la majeure partie, été composé pendant les loisirs que me laissait un emploi subalterne dans une administration de finances ; que ce poème a été créé au milieu des embarras d’une famille nombreuse, et parmi les soucis d’une position gênée ?