Cécilia/9/1

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Cécilia, ou Mémoires d’une héritière
Devaux et Patris (6p. 85-104).



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LIVRE IX.


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CHAPITRE PREMIER.

Dispute.


Monsieur Monckton sortit de bonne heure le lendemain, pour éviter de manifester, même à Cécile, son inquiétude relativement au compte qu’on devait lui rendre de sa fortune, et à l’arrangement de ses affaires. Il lui recommanda très-expressément de ne faire aucune mention de sa dette considérable qui, quoique contractée par les motifs les plus généreux, ne pourrait qu’être blâmée, et lui attirer des reproches, sur-tout lorsqu’ils sauraient que cet argent avait été donné en pure perte.

M. Briggs arriva à l’heure indiquée. Après avoir fait quelques reproches sur les dépenses extraordinaires qu’elle lui avait occasionnées lorsqu’elle devait loger chez lui, il lui dit que ses comptes étaient dressés, et qu’il les lui remettrait à l’instant qu’elle les demanderait ; il lui conseilla en même temps de ne point se charger elle-même du soin de faire valoir ses fonds, et lui offrit de les administrer jusqu’à son mariage. Cécile, après l’avoir remercié de cette offre, l’assura qu’elle comptait lui témoigner sa reconnaissance de toutes les peines qu’il avait bien voulu se donner jusqu’alors, et ne voulait point l’embarrasser plus long-temps de ses affaires. Il contesta long-temps et vivement avec elle sur cette matière. Elle ne pourrait, disait-il, éviter les piéges que les frippons lui tendraient, qu’en se confiant à lui, et lui apprenant à combien les profits qu’il avait tirés de son argent se montaient déjà, il lui demanda comment elle s’y prendrait pour les augmenter encore.

Cécile, quoique prévenue contre lui par M. Monckton, ne sut trop comment lui répondre. Convaincue néanmoins qu’il n’y avait plus qu’une très-petite partie de la somme en question qui lui appartînt, elle ne pouvait accepter ses offres. Il fut pourtant si obstiné, et il lui fut si difficile de traiter avec lui, qu’elle prit à la fin le parti de le laisser parler sans lui répondre, et de prier M. Monckton de vouloir bien agir en son nom.

Elle n’était point fâchée que cette conférence fût interrompue, mais elle fut un peu étonnée de voir entrer Albani. Sa visite dans ce moment lui fit plus de peine que de plaisir : les affaires qu’elle avait à traiter avec ses tuteurs étaient de nature à desirer que leur conférence ne fût pas interrompue, et Albani n’était point un homme qu’elle pût conduire. Elle n’avait pris aucune précaution pour se mettre à l’abri des importuns, le peu de connaissance qu’elle avait à Londres ne lui donnant pas lieu de s’attendre à recevoir des visites. Il s’approcha de Cécile avec beaucoup de gravité, paraissant ne savoir s’il devait lui parler sévèrement ou avec douceur. Je reviens, lui dit-il, encore une fois éprouver ta sincérité. Veux-tu me suivre, et venir où le malheur t’appèle ? malheur que ta charité pourrait alléger.

Je suis très-fâchée, répondit-elle, que dans ce moment cela me soit absolument impossible. Encore, s’écria-t-il d’un air sévère et mécontent, encore ! tu trompes une seconde fois mes espérances ! Pourquoi me jouer ainsi ? Pourquoi flatter un esprit faible et épuisé, pour lui faire ensuite mieux sentir sa crédulité déplacée ? Ou pourquoi, après m’avoir persuadé que tu étais l’ange que je cherchais, me désabuser si cruellement ? En vérité, répartit Cécile très-sensible à ce reproche, si vous saviez la perte cruelle que je viens de faire… Je la connais, s’écria-t-il ; j’y ai été sensible. Tu as perdu une ancienne et fidèle amie ; tu auras raison de la pleurer toutes les fois que le soleil se couchera ; car il se lèvera en vain, et ne la réparera pas. Mais est-ce là une raison valable pour t’exempter de secourir tes semblables ? La vue de la mort est-elle un motif assez puissant pour te refuser à la pitié ? Ne doit-elle pas au contraire l’exciter, et t’engager à t’acquitter de ce qu’elle exige de toi ? Et ton expérience, qui t’a fait connaître combien la vie est courte, n’a-t-elle pas dû t’apprendre que tout ici bas n’était que vanité, et qu’on ne pouvait trop tôt se préparer à sa fin ? — Cela peut être ; mais ma douleur à cette époque ne m’a permis de penser qu’à moi. — Et actuellement t’occuperais-tu d’autre chose ? — Probablement de la personne que j’ai perdue, dit-elle en souriant. Cependant, vous pouvez m’en croire, j’ai dans ce moment des affaires très-sérieuses. — Excuses frivoles, qui ne signifient rien, et auxquelles on ne manque jamais de recourir ! Quelle affaire pourrait être aussi importante que celle de soulager ton semblable ? — J’espère, répondit-elle d’un air satisfait, que je ne négligerai point de m’acquitter de ce devoir ; mais pour ce matin il faut que je vous prie de vous charger de la distribution de mes aumônes. Elle tira alors sa bourse. Cécile lui demanda ce qu’il voulait qu’elle lui donnât. — Une demi-guinée, lui répondit-il. — Cela suffira-t-il ? — Pour ceux qui n’ont rien, c’est beaucoup. Par la suite, il ne tiendra qu’à vous de leur faire de nouvelles charités. Venez seulement, voyez leur misère, et vous desirerez de leur donner tous les secours qui dépendront de vous.

M. Briggs appercevant alors la demi-guinée qu’elle tenait encore, ne put se contenir plus long-temps ; vous serez bientôt ruinée, s’écria-t-il, volée, dépouillée ; une demi-guinée à la fois !…

Ô cruauté d’une parcimonie portée à l’excès ! s’écria Albani. Murmures-tu de ce présent, qui n’est qu’un prêt fait par celle qui en possède des milliers, à des malheureux qui ont moins que rien ; qui, pour se rassasier, payent aujourd’hui le pain qu’ils achètent de l’argent qu’ils ont emprunté hier de la charité ; qui, pour se soustraire aux horreurs de la faim, sollicitent ce que les riches ignorent presque posséder, et qu’ils donnent sans rien diminuer de leur opulence ? — Plaît-il ? s’écria M. Briggs recouvrant son sang-froid par les efforts qu’il fit pour comprendre un discours auquel ses oreilles n’étaient point accoutumées ; que dites-vous ? — Si l’adversité t’implore vainement, continua Albani ; si ton cœur est fermé aux supplications de l’indigent, que ses pleurs l’endurcissent, et que rien ne soit capable de l’émouvoir, souffre du moins qu’un être encore dans toute sa pureté, qui jouit encore de sa première innocence, que la douleur et l’affliction trouvèrent toujours sensible, et ne manquèrent jamais d’enflammer du feu de la charité, paye par une très-petite portion de son immense fortune un tribut généreux qui prouve sa reconnaissance, afin que la providence ne renverse pas l’état actuel des choses, et qu’elle ne soit pas à son tour dans le cas d’attendre des secours de ceux à qui elle en accordait.

Cette conversation allait continuer lorsque M. Delvile entra dans l’appartement, la tête haute, et d’un air des plus avantageux. Il ne fit pas la moindre excuse à M. Briggs de ce qu’il arrivait long-temps après l’heure convenue ; et s’étant avancé, sans jeter les yeux ni à droite ni à gauche, il dit : comme je n’ai jamais été chargé de rien, j’aurais fort bien pu me dispenser de venir ici ; mais mon nom se trouvant dans le testament du doyen, et m’étant rencontré une ou deux fois avec les autres exécuteurs dont il y est fait mention, j’ai cru remplir un devoir envers mes propres héritiers, et prévenir par-là toutes les recherches et toutes les difficultés qu’on aurait pu leur susciter par la suite.

Ce discours n’était adressé à personne en particulier, quoique destiné pour toute l’assemblée, et paraissait n’avoir d’autre but, en flattant sa vanité, que de s’excuser de ne s’être pas refusé à cette entrevue.

M. Delvile et M. Briggs, tous deux fatigués et tous deux pressés de finir, arrangèrent en moins de cinq minutes les affaires qui faisaient l’objet de leur assemblée, après avoir employé plus d’une heure à convenir entr’eux de leur nature. Après quoi, M. Briggs, disant qu’il était attendu, et ne pouvait s’arrêter plus long-temps, remettant à un autre moment à régler ses comptes, promit qu’il verrait de nouveau Cécile. M. Delvile resta seul avec Cécile. Après une assez longue pause, il la déconcerta et la surprit également par le discours suivant : comme il est probable que ce moment sera le dernier, où je me trouverai tête-à-tête avec vous, miss Beverley, pour traiter d’affaires, je ne saurais, sans me manquer à moi-même, ainsi qu’aux égards que je conserve pour la mémoire du doyen votre oncle, m’empêcher, en me dépouillant entièrement des fonctions de l’emploi dont il avait jugé à propos de me charger par son testament, de m’acquitter des obligations que j’imagine qu’il m’impose, en vous donnant quelques conseils relativement à votre futur établissement.

Ce préambule n’était guères propre à ranimer Cécile : il lui annonçait qu’elle allait entendre des choses dont son amour-propre ne pourrait qu’être alarmé et qui lui feraient nécessairement de la peine.

Le grand nombre d’affaires dont je suis accablé, continua-t-il, ne me permettra pas de m’étendre beaucoup dans les remontrances que j’ai à vous faire ; et peut-être trouverez-vous que j’entre un peu brusquement en matière : mais j’espère que vous m’excuserez. Cécile dédaigna de flatter sa vanité par le moindre compliment : elle garda un profond silence ; et après qu’ils furent tous deux assis, il poursuivit : Vous êtes actuellement d’un âge où il est ordinaire aux jeunes personnes de votre sexe de desirer un établissement. Votre fortune est si considérable, qu’elle vous met à l’abri de ces difficultés qui s’opposent aux prétentions, dans ce siècle prodigue et corrompu, de celles qui en sont moins bien partagées. J’aurais eu une espèce de satisfaction, dans le temps où je vous regardais encore comme ma pupille, de vous voir convenablement mariée ; mais comme ce temps est passé, tout ce que je peux faire, c’est de vous donner quelques avis généraux que vous serez la maîtresse de suivre ou de rejeter à votre gré. En vous les donnant, je me satisferai moi-même, sans me rendre responsable en rien de ce qui pourra s’en suivre. Il s’arrêta, et Cécile eut moins envie encore de profiter de l’occasion qui se présentait de parler à son tour. Néanmoins, quoique, comme j’ai cherché à vous le donner à entendre, les jeunes personnes riches puissent avoir peu de peine à se procurer des établissements, elles ne doivent pourtant pas négliger de s’assurer des partis sortables qui se présentent, ni se croire certaines d’obtenir toujours ceux qu’elles pourraient desirer, quoique d’un rang au-dessus de leur naissance.

Cécile rougit extrêmement à ce reproche indirect, et sentant augmenter à chaque instant son mécontentement, elle résolut de conserver sa dignité, ou, du moins, d’empêcher qu’il ne s’apperçût de l’effet que sa hauteur produisait sur elle.

Les propositions du comte Ernolf, continua-t-il, ont toujours eu mon approbation : vous avez certainement eu tort de refuser l’occasion de vous établir aussi avantageusement et aussi honorablement. La clause du changement de nom pouvait lui être indifférente, puisque le sien n’a commencé à exister que depuis un siécle, et qu’il n’est lui-même distingué que par son titre. Il est encore, et je suis autorisé à vous l’assurer, disposé à renouveler ses poursuites. J’en suis fâchée, monsieur, répondit Cécile froidement. — Vous avez peut-être quelqu’établissement plus avantageux en vue ? — Non, monsieur, repartit-elle vivement ; je n’en desire pas même. — Dois-je donc en conclure qu’une alliance moins honorable serait plus de votre goût, et pourrait vous plaire ? Il n’y a aucune raison pour en rien conclure, monsieur ; je suis satisfaite de ma situation, et n’ai actuellement ni l’intention ni l’occasion d’en changer. Je m’apperçois, sans m’en étonner, de l’éloignement que vous avez pour discuter ce sujet : je ne pense pas non plus à vous y engager ; je me contenterai de vous donner encore un seul avis ; après quoi, je vous laisserai. Les jeunes personnes d’une fortune aussi considérable que la vôtre, qui se trouvent de bonne heure indépendantes et maîtresses de leurs actions, sont quelquefois assez portées à croire qu’elles peuvent impunément faire ce qui leur plaît ; mais elles se trompent : elles sont tout aussi exposées à la censure que les plus indigentes. — J’ose croire, monsieur, repartit Cécile, que cet avis est plus relatif à ma situation qu’à ma conduite. — Je ne prétends point, miss, discuter à fond cette matière : c’est à vous à profiter de ce que je vous ai dit. Je ne veux simplement que vous observer que, lorsque de jeunes personnes de votre âge n’ont pas la plus grande circonspection à prévenir ce qui pourrait porter la moindre atteinte à leur réputation, elles s’en repentent ordinairement pendant le reste de leur vie.

Il se leva alors pour sortir : mais Cécile, aussi révoltée que surprise, lui dit : permettez, monsieur, que je vous prie de vous expliquer. Certainement, répondit-il, ce sujet devrait m’être très-indifférent : cependant, comme par le choix du doyen votre oncle, j’ai été quelque temps votre tuteur, je ne peux m’empêcher de faire mon possible pour prévenir la moindre indiscrétion de votre part, et vos fréquentes visites chez un jeune homme… Grand dieu ! monsieur, s’écria Cécile en l’interrompant, que voulez-vous donner à entendre par là ? — Cela ne saurait absolument, ainsi que je viens de vous le dire, m’intéresser en rien, quoique je souhaitasse fort vous voir en de meilleures mains. Je n’imagine cependant pas que vous ayez pu vous résoudre à de pareilles demarches sans avoir formé votre plan, et je vous conseille, sans perte de temps, de vous en occuper sérieusement, de réfléchir à ce que vous allez faire… J’aurais beau réfléchir pendant des siècles, monsieur, s’écria Cécile, jamais je ne pourrais comprendre ce que vous me dites. — Vous ne vous souciez pas sans-doute, reprit-il fièrement, de m’entendre : mais ma tâche est finie. S’il m’avait été possible de vous être utile auprès de mylord Derfort, malgré ma répugnance à me charger de nouveaux embarras, j’aurais fait un effort pour ne pas vous refuser ; mais ce jeune homme, qui est moins que rien… me paraît une liaison très-imprudente… — Quel jeune homme, monsieur ? — Je ne peux rien vous en dire ; je ne sais ce qu’il est, et il serait fort étonnant que je le connûsse ; mais comme on m’avait précédemment parlé de votre penchant pour ce jeune homme, ayant su depuis que mon domestique, pour vous trouver, avait été obligé de vous aller chercher chez lui, et la visite qu’il vous a rendue lui-même ce matin, toutes ces circonstances sont peu propres à me faire changer de façon de penser.

C’est donc M. Belfield, monsieur, qui donne lieu à ces propos fondés sur des circonstances aussi peu décisives, et qui ne sont qu’un pur effet du hasard ? Ce n’est point ma coutume, s’écria-t-il arrogamment, et très-irrité de sa réponse, de croire trop légèrement, ou même sans de fortes raisons ; ainsi donc, ce que j’ai une fois adopté se trouve assez ordinairement vrai. Ne vous méprenez pourtant pas sur ce que je vous ai dit, et n’allez pas soupçonner que je cherche à m’opposer à votre mariage : au contraire, il aurait bien mieux valu, pour l’honneur de ma famille, que vous eussiez été établie il y a une année. Je n’aurais pas alors été exposé à l’humiliation de voir un fils, l’espérance de ses parents, l’unique rejeton d’une des plus anciennes maisons du royaume, sur le point de démentir sa naissance, ni une femme de la première distinction ruiner sa santé, et devenir assez malade pour qu’on ne puisse plus se flatter qu’elle parviène jamais à se rétablir parfaitement.

L’émotion de Cécile était trop forte pour qu’elle pût la cacher ; elle changea plusieurs fois de couleur ; tantôt elle rougissait de colère, et la crainte ensuite la faisait pâlir ; elle se levait, elle tremblait et s’asseyait ; elle se relevait encore, et ne sachant que faire ni que dire, elle se remit sur sa chaise. M. Delvile, la saluant alors d’un air de protection, lui souhaita le bon jour. Ne partez pas encore, monsieur, s’écria-t-elle en balbutiant ; permettez auparavant que je vous prouve votre erreur au sujet de M. Belfield… Mon erreur, mademoiselle, répondit-il en souriant dédaigneusement, n’est peut-être pas si facile à démontrer que vous l’imagineriez bien ; il me reste encore d’autres doutes qui vous feraient vraisemblablement tout autant de peine ; mais je crois qu’il convient d’éviter de nouvelles explications. Je ne cherche point à les éviter, repartit-elle, cette nouvelle injure lui ayant rendu tout son courage ; je ne les crains point ; au contraire, il me convient de les demander.

Cette intrépidité de la part d’une jeune personne, reprit-il ironiquement, est certainement très-louable ; et comme vous êtes bien réellement maîtresse de vos actions, vous n’avez, en dissipant une grande partie de votre fortune, rien fait que ce que vous avez indubitablement le droit de faire. Moi ! s’écria Cécile confondue, j’aurais dissipé une grande partie de ma fortune ! — C’est peut-être là encore une autre erreur ? Je n’aurais jamais été aussi souvent trompé. Et vous n’auriez donc contracté aucune dette ? — Contracté des dettes, monsieur ? — Non ; mon intention n’est point de me mêler de vos affaires. Bon jour, mademoiselle. — Je vous prie, je vous conjure, monsieur, de vouloir vous arrêter !… Que je comprène du moins ce que vous voulez me faire entendre, soit que vous daigniez ou que vous refusiez de prêter l’oreille à ma justification. — Oh ! je me suis trompé à ce qu’il paraît ; j’ai été mal informé ; on m’a induit en erreur ; et il est faux que vous ayez reçu ou emprunté de l’argent d’un juif ? Vous n’avez contracté aucune dette pendant votre minorité ? Et votre fortune, actuellement que vous avez atteint votre majorité, est claire, et n’est grevée d’aucune charge ?

Cécile, qui commençait alors à le comprendre, lui répondit tout de suite : voudriez-vous parler, monsieur, de l’argent que j’ai emprunté le printemps passé ? — Oh ! non, en aucune manière. Je conçois que ce n’est qu’une erreur de ma part ! Et il s’avança vers la porte.

Écoutez-moi seulement un instant, monsieur, s’écria-t-elle vivement en le suivant ; puisque cette affaire vous est connue, ne refusez pas d’apprendre la fatalité qui m’a forcée à recourir à cet expédient. Cet argent avait été emprunté pour M. Harrel ; c’est la pure vérité, et je ne l’avais pris que pour lui — Ah ! c’était pour M. Harrel, dit-il arrogamment, et affectant de la croire ; cette démarche était plus malheureuse qu’imprudente. Votre serviteur, mademoiselle. Et il ouvrit la porte. — Vous refuserez donc de m’entendre ? vous ne voulez pas me croire ? s’écria-t-elle hors d’elle-même. — Une autre fois, mademoiselle ; j’ai pour le moment des affaires pressées qui ne le permettent pas.