Catéchisme d’économie politique/1881/20

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Texte établi par Charles Comte, Joseph GarnierGuillaumin (p. 119-122).
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CHAPITRE XX.

Des causes qui influent sur les revenus quels qu’ils soient.


Qu’entendez-vous par les causes qui influent sur les revenus ?

J’entends les circonstances qui font que les producteurs gagnent plus ou moins.

Pouvez-vous décrire ici toutes les circonstances qui ont un effet de ce genre ?

Non, parce qu’elles sont très nombreuses et très compliquées, mais je peux faire remarquer les principales.

Qu’est-ce qui fait en général que les producteurs gagnent davantage ?

Ils gagnent davantage toutes les fois que les produits dont ils s’occupent sont plus vivement demandés.

Dans quel cas sont-ils plus vivement demandés ?

Ils le sont d’autant plus que la population qui les entoure est plus civilisée et produit davantage elle-même.

Qu’entendez-vous par une population civilisée ?

J’entends une population qui a les goûts et les besoins d’un peuple civilisé, qui respecte les personnes et les propriétés, habite dans des maisons décentes et meublées, se nourrit d’aliments sains et variés, se couvre de bons vêtements, cultive les arts et les talents de l’esprit.

Pourquoi faut-il qu’une nation ait ces goûts et ces besoins pour faire fleurir la production ?

Parce que les produits destinés à les satisfaire n’ont d’utilité, n’ont une valeur, que là où ces besoins existent.

Pourquoi avez-vous dit que la seconde condition nécessaire pour que les produits fussent vivement demandés était que la population environnante produisit beaucoup elle-même ?

Parce que les hommes ne peuvent acheter les produits qui leur sont nécessaires qu’avec les objets qu’ils produisent eux-mêmes. C’est avec les produits de son industrie que le maître maçon peut acheter les services productifs d’un horloger, en se procurant une montre ; et c’est avec des montres que l’horloger paie les services productifs du maître maçon, en prenant un logement. Il en est ainsi des autres producteurs ; tous consomment d’autant plus qu’ils produisent davantage.

N’y a-t-il pas une cause qui nuit essentiellement à ce que les produits soient vivement demandés ?

Oui ; c’est leur cherté comparée avec la satisfaction qui peut résulter de leur consommation.

Expliquez-moi cet effet.

Les petites fortunes dans tous les pays sont les plus nombreuses, et les premiers produits dont leurs possesseurs s’imposent la privation sont ceux dont l’utilité n’est pas proportionnée à leur cherté. Aussi voit-on que du moment qu’un produit baisse de prix (comme il arrive quand on parvient à le produire avec moins de frais) et qu’il entre par là dans la région où les fortunes sont plus nombreuses, la demande qu’on en fait s’étend rapidement, et une demande plus vive améliore les profits des producteurs.