Ce n’est pas le trépas, c’est un très doux sommeil

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 243).


SONNET.

 
Ce n’eſt pas le treſpas, c’est un treſ-doux sommeil,
 Qui bannit peu à peu l’eſclair de ma paupieire,
 Adieu, ie vai iouïr d’vne douce lumiere,
 Attendant que ſe corps s’anime de reſueil.
Amy, ne pleure plus, ton Amour nompareil
 Receura ſa coronne au bout de la carriere :
 Ainſi paſſoit ma Belle, & ſa douce maniere
 Arreſtoit de pitié la courſe du Soleil :
Helas ! à ſon partir l’Amour partit du monde,
 La clarté cheut du ciel & ſe noya dans l’onde,
 La mort deſpuis ce jour est le miel de mon cœur :
Il ne m’eſt plus reſté qu’une langueur extreſme,
 Qui me fait meſcognoiſtre en chaſcun & moimeſme,
 Et le ciel s’embellit de mon long creuecœur.


A. D. V.