Cham - Albums du Charivari/Mes marionnettes

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Journal le charivari (3p. 7--).

MES MARIONNETTES
ALBUM
DE 60 CARICATURES

PAR
CHAM
C’EST BIEN FAIT !
Les cochers de fiacre réduits, après l’Exposition, à manger leurs chevaux
et à traîner leurs voitures eux-mêmes.

PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55
LE ROI D’UN JOUR.
Place aux vieux !

— Bah ! vraiment ? elle sera bien bonne ; celle là fait trop sa tête aussi !

Distribuant ses étrennes.

— Elle augmente tous les ans ! je ne saurai bientôt plus où la mettre sa carte, à celui-là.

COURS DE LA BOURSE 1er JANVIER.
Les Polichinelles très-demandés, les marrons glacés acceptés sur la place. Bourses ouvertes le matin, refermées le soir à 0 fr. 0 c. Tout le monde en perte.

— Bien malade votre locataire du troisième !

— Quel malheur ! Docteur, tâchez de nous le conserver jusqu’au jour de l’an.

— Ma chère, tu as tort de te laisser embrasser le jour de l’an ! Faut pas déprécier ainsi ses valeurs !

LA CONSIGNE DU 1er DE L’AN.

— Madame est sortie

— Sortie ?

— Pardon, monsieur, tournez-vous donc, je crois que madame est chez elle.

— Votre dernière heure est sonnée ! Voulez-vous vous en aller par le chassepot ou le chemin de fer ? L’un vaut l’autre depuis quelque temps.

En v’là un lutteur ! encore un de tombé !

— T’as pas apporté de bonbons ? oh t’oserais pas ! Où donc qu’y sont ? la bonne va t’en aller chercher, alors.

LE NOUVEAU CADEAU DU JOUR DE L’AN 1868.
Le bonheur des enfants, la sécurité des familles.
Grâce aux fenians, la pauvre Albion se défie même de son arbre de Noël. Le parti fenian cherchant à soulever le peuple anglais en sa faveur.

— Caporal, voilà un factionnaire qui n’a pas été relevé depuis hier !

— Colonel, j’ai cru qu’il fallait attendre la loi sur le remplacement.

— Satanée Françoise, qui s’occupe déjà de la question du remplacement militaire !

— C’est nous qui pourrions en donner des idées pour la loi sur le remplacement.

Jupiter se paye un chassepot et jette son tonnerre dans le panier aux ordures.
Piano chassepot permettant d’ouvrir une danse à 4 000 mètres. Les danseurs qui n’aiment pas veiller tard auront l’avantage d’être couchés tout de suite.
RETOUR D’ITALIE.
(Sur l’air des Huguenots.)
En mon chass’pot
J’ai con-fi-ance !
J’ai con-fi-ance !

— Eh-bien, et l’Italie ?

— Mon fusil fait trop de fumée, j’ai rien vu.

— Vous êtes content ?

— Mais oui ! le magasin en face nous envoie du monde.

— Mon ami, j’ai cru que tu devais faire ton droit ?

— Oui, ma tante ; mais j’ai acheté un fusil à aiguille, aujourd’hui cela remplace le droit.

— Je reviens de la Chambre.

— Quel temps fait-il ?

— Beaucoup de brouillard !

— C’est étonnant, parler comme çà trois heures de suite sans s’arrêter.

— Vous n’êtes donc pas marié ? Ma femme parle toute la journée !

— Le propriétaire veut tous les locataires de la même opinion, nous ne voulons pas de polémiques dans nos escaliers.

— Comment peut-il danser dans ce moment-ci sans être sur un volcan ?

— Madame, je vous offrirais bien une place dans la tribune publique, mais je vois que cela ne pourrait pas vous suffire.

TROP PLEIN DE SON JOURNAL.

— M’sieu ?

— Je vous refuse la parole.

— Mais ce n’est pas ça que je vous demande.

— Plus moyen d’aimer, pas vrai, ma biche ? les rassemblements qui sont défendus !

DERNIÈRE NOUVELLE.
Il éclate ! Serait-ce de rire ?

— Deux volumes de vos discours ! mais vous n’avez jamais dit un mot à la Chambre !

— Allons donc ! le premier volume contient tous mes oui, le second tous mes non.

— C’est affreux ! je ne puis plus me faire entendre à la Chambre.

— On t’a retiré la parole ?

— Non, on m’a enlevé mon couteau à papier.

— C’est flatteur tout de même pour l’arrondissement.

— Quoi donc ?

— Notre député a encore interrompu hier.

— Le thermomètre qui vient de baisser tout d’un coup de quinze degrés !

— Tiens ! probablement Chose qui parle à la Chambre.

— Vas-tu te dépêcher ! qu’est-ce que tu cherches après mes pieds ?

— Je cherchais voir si quelque imbécile n’y aurait pas déposé sa fortune.

— Permettez ! Madame n’est pas de not’cercle.

— Il gèle. Si madame n’aime pas le verglas pour rentrer chez elle, c’est deux sous !

— Allez toujours ! je suis de l’autre côté pour vous retenir.

Comme quoi, sans vous être sympathiques, il y a des gens qui cependant vous attirent.

— M’sieu a ses entrées ?

PREMIÈRE RÉUNION DU CERCLE DES PATINEURS.
La société parait bien mêlée.

— Je suis avec un journaliste,

— Tiens, moi aussi !

— C’est amusant ; si tu veux, nous les ferons battre ensemble.

— Je suis sûre qu’il est journaliste.

— Tu as vu ses articles ?

— Non, mais il m’a fait voir ses blessures.

— Vous avez un journaliste qui demeure dans la maison ?

— Si c’est pour un duel, il ne peut pas se battre dans ce moment-ci, il n’a pas encore donné les étrennes à ses portiers.

— Tes cheveux ne tombent pas ?

— Hélas ! non ; ils se tiennent toujours à 150 francs la livre !

Négociations d’un emprunt. Cher petit ! Apportant sa chaise pour se mettre à table avec les autres.
Très-commode le nouvel appareil !… Vous apercevez un créancier, vite vous creusez plusieurs puits qui vous dérobent à sa vue. LES PUITS INSTANTANÉS.
Vous désirez voir la jambe d’une jolie femme, vite vous creusez un puits et vous inondez la chaussée.
Au théâtre, plus de pommes cuites aux acteurs : vous prenez votre appareil, vous creusez un puits et vous lui envoyez une douche.

— On m’avait dit qu’elle ne devait plus paraître !

Robinson se demandant si c’est son perroquet qui lui rappelle Offenbach ou Offenbach qui lui rappelle son perroquet.

— On ne peut nous donner des places que pour vendredi.

— C’est contrariant, j’aurais voulu voir aussi Robinson !

— Monsieur le régisseur, pas de danseuses ! rien que la vue d’un pas dans mon île, ça m’a tourné le sang.

UNE TEMPÊTE DANS UNE BIBLIOTHÈQUE.
Robinson et Gulliver s’accusait de s’enlever du monde tous les soirs.

— Eh ! bonjour, Monsieur Gustave, je suis bien aise de vous avoir rencontré… Vos parents craignent que vous ne fassiez trop de dépenses à Paris… et je vois au contraire que vous poussez l’économie jusqu’à vous refuser le drap nécessaire pour être complètement habillé.

le tailleur. — Monsieur, voilà la dernière mode.

le provincial. — Mais c’est absurde… On fait à Paris des habits et des pantalons deux fois moins étoffés qu’en province et on les fait payer quatre fois plus cher ; ça n’a pas de bon sens.

— Tiens, voilà de drôles de parents… y z’ont dépensé tout leur argent pour habiller leur domestique et ils n’ont plus eu de quoi acheter seulement une culotte à leur petit !

le temps. — Dites donc, bonhomme Hiver, où allez vous comme cela ?

l’hiver. — Ma foi, père Saturne, vous nous faites cette année un si drôle de temps, que je vais à la Belle Jardinière pour m’y acheter un paletot d’été.

AU BAL DE L’OPÉRA.

— Comment, tu n’as pas eu honte d’avoir donné ton adresse à quatre messieurs dans une seule soirée ?

— Mon ami, le carnaval est si court !

AU BAL DE L’OPÉRA.

— Jeune homme, vos cinquante francs de sucre de pomme ont touché mon cœur… ce rendez-vous que vous me demandez je l’accorde… vous me trouverez ici à deux heures du matin le 31 décembre prochain.

— Alfred, c’est bien mal à toi de me tromper avec une grosse femme comme ça !

— Laisse-moi faire un peu mes jours gras, je te reviendrai au carême.

— Comment, madame, je vous quitte au bal masqué pour un instant et vous disparaissez ainsi !

— Mon ami, il y avait ma cousine qui voulait me dire un mot.

— Elle parle donc bien lentement, votre cousine, puisque pour vous dire un mot elle vous garde trois jours !

REPRISE DE GUILLAUME TELL

— Cent choristes de plus ! Quel souffle dans cet opéra.

LES PARISIENS SONT SI BÊTES !
La vogue de l’Œil crevé agissant sur la mode.

Oui, madame, c’est l’omnibus de la Villette.

— Ah ! pardon, je voyais un Italien sur la voiture, j’ai cru que vous alliez jusqu’à Rome.

Les gargotiers voyant après l’Exposition une terrible concurrence dans tous les théâtres qui vont devenir tous des bouillons.


Clichy. — Imp. Maurice Loignon et Cie, rue du Bac-d’Asnières, 12.