Chansons du Chat noir/Une pleine eau

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Mac-Nab ()
Henri Heugel (p. 99-108).


No 11

UNE PLEINE EAU



melody = \relative c' { 
  \key f \major
  \time 6/8
  \tempo "Allegretto."
\set Score.tempoHideNote = ##t
    \tempo 4 = 120
  \autoBeamOff 
  \partial 4.
c'4 bes8 \bar "||" \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
a4 g8 a4 c8 | bes4 a8 bes4 a8 | g4 fis8 g4 a8 | \break
f4 r8 c'4 bes8 | a4 gis8 a4 e'8 | \acciaccatura { d32 [e] } d4 c8 e4^> d8^. | c4^. bes8^. a4 g8 | \break
f4 r8 g4 g8 | c4 c8 b4 a8 | b4 a8 g4 gis8 | b4 a8 fis4 a8 | \break
g4 r8 g4 g8 | c4 c8 b4 a8 | b4 a8 g4 a8 | b4 d8 a4 b8 | c4 r8 c4 bes!8
\bar "||" \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
}
text = \lyricmode {
La s’maine, et sur- tout l’di- man- che, Ça de- vrait pas êt’ per- mis De na- ger et d’fair’ la plan- che Dans l’eau qui coule à Pa- ris. À Pa- ris, la Seine est trou- ble Et ça n’est pas drôl’ du tout,
D’bar- bo- ter dans du gras dou- "ble :" J’m’en vas m’bai- gner à Cha- tou. À Cha-
}
upper = \relative c'' {
  \set doubleSlurs = ##t
  \clef treble
  \key f \major
  \time 6/8
r4 r8 | <c, f a>4_\pp r8 <c f a>4 r8 | <d f bes>4 r8 <d f bes>4 r8 | <c e g>4 r8 <c e g>4 r8 |
<c f a,>4 r8 <c e g bes>4.\> (<c f a>4)\! r8 <c f a>4 r8 | <c e g>4 r8 <b f' g>4 r8 | <bes e g>4 r8 <c e bes>4 r8 |
<c f a,>4 r8 g'4 g8 | <e c'>4 <e c'>8 <d b'>4 <d a'>8 | <d b'>4 <c a'>8 <b g'>4 <b gis'>8 | <d b'>4 <c a'>8 <c fis>4 <c a'>8 |
<b g'>4 d8 <b g'>4 <f' g>8 | <e c'>4 <e c'>8 <d b'>4 <d a'>8 | <d b'>4 <c a'>8 <b g'>4 <c a'>8 | <d b'>4 d'8 <f, a>4 <f b>8 | <e c'>4 r8 <c e g bes>4.
}
lower = \relative c' {
  \clef bass
  \key f \major
  \time 6/8
r4 r8 | f,4 r8 f4 r8 | bes,4 r8 bes4 r8 | c4 r8 c4 r8 |
f4 r8 c4. (f4) r8 f4 r8 | g4 r8 g,4 r8 | c4 r8 | c,4 r8 |
f4 r8 r4 r8 | <c' e g>4^\markup { \italic "très léger." } r8 r4 r8 | <g d' g>4 | r8 r4 r8 | d'8-. r r d-. r r |
g4 r8 r4 r8 | <c, e g>4 r8 r4 r8 | <g d' g>4 r8 r4 r8 | g8-. r r g-. r r | c, r r c'4. 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    {  \autoBeamOff \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \text
    \set Lyrics.instrumentName = #"Chant"
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    \set PianoStaff.instrumentName = #"Piano"
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    >>
  >>
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  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}


UNE PLEINE EAU


La s’maine et surtout l’ dimanche,
Ça devrait pas êt’ permis
De nager et d’ fair’ la planche
Dans l’eau qui coule à Paris.



À Paris, la Seine est trouble
Et ça n’est pas drôl’ du tout,
D’ barboter dans du gras double :
J’ m’en vas m’ baigner à Chatou.


À Chatou, près d’ la rivière,
Je me transporte aussitôt ;
Mais j’ me dis : « L’eau n’est pas claire,
Allons nous baigner plus haut. »

Je marche et j’arrive en face
Du dépotoir de Saint-Ouen ;
Alors je fais un’ grimace,
La Seine est jaun’ comme un coing.



Je r’mont’ le cours de la Seine
Toujours sur le bord de l’eau,
En m’ disant tout bas : « Pas d’ veine,
Allons nous baigner plus haut ! »

Plus haut, près du pont d’Asnières,
J’ m’apprête à faire un plongeon ;
Mais le fleuv’, chos’ singulière.
Est plus noir que du charbon !




Je r’mont’ le cours de la Seine
Toujours sur le bord de l’eau,
En m’ disant tout bas : « Pas d’ veine,
Allons nous baigner plus haut ! »



Au détour de Courbevoie
Je m’écri’ : « C’est là, parbleu,
Que j’ me baign’rais avec joie,
Mais le liquide est tout bleu ! »


Je r’mont’ le cours de la Seine
Toujours sur le bord de l’eau,
En m’ disant tout bas : « Pas d’ veine,
Allons nous baigner plus haut ! »

Bientôt j’arrive à Suresne
Près d’un site ravissant ;
Mais soudain je vois la Seine
Qui devient couleur de sang !


 
Je r’mont’ le cours de la Seine
Toujours sur le bord de l’eau,
En m’ disant tout bas : « Pas d’ veine,
Allons nous baigner plus haut ! »

Plein d’une ardeur opiniâtre,
Je pousse jusqu’à Meudon ;
Mais là le fleuve est blanchâtre
Et roul’ des flots d’amidon !




Je r’mont’ le cours de la Seine
Toujours sur le bord de l’eau,
En m’ disant tout bas : « Pas d’ veine,
Allons nous baigner plus haut ! »



Enfin, trouvant l’eau moins grasse,
Je m’ décide à Billancourt :
J’ pique un’ têt’ dans la carcasse
D’un chien crevé d’puis quinz’ jours !


Depuis c’ jour-là je m’ méfie
Et, chaqu’ soir, de huit à neuf,
J’ m’en vais sans cérémonie
Tirer ma coup’ sous l’ Pont-Neuf !