Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le clerc Riwall
Monsieur le comte de Kergudon
(Est) le plus joli jeune homme du canton ;
Il est homme de sagesse, homme de prudence,
Le plus beau des jeunes gens.
Il a choisi pour maîtresse
Une douce jolie, une héritière ;
Une douce jolie, une héritière,
Qui n’est ni noble, ni bourgeoise.
La petite héritière disait
A sa cruelle marâtre, un jour fut :
— Astiquez mes boucles d’argent,
Que j’aille danser avec mon doux joli.
— Ce n’est pas pour danser avec un clerc
Que vous avez revêtu votre habit blanc.
Monsieur le comte de Kergudon,
Voilà celui que vous aimez en votre cœur.
— Ce n’est pas le possesseur de trente mille écus de rente
Qui épousera une fille de ma sorte.
Monsieur le comte disait
A son valet d’écurie, ce jour-là :
— Préparez-moi mon carrosse,
Je n’irai pas au pardon à pied.
Monsieur le comte bonjourait,
A l’aire-neuve quand il arrivait.
— Bonjour et joie à tous en bande !
Qui est celle-là avec son habit blanc ?
Qui est celle-là avec son habit blanc ?
Elle danse (légère) comme un pois[1].
— Celle-là est l’héritière jolie,
Qui danse avec son envie (son amoureux).
Le comte, sitôt qu’il a entendu,
Son chapeau de dessus sa tête il a ôté ;
Son chapeau de dessus sa tête il a ôté,
Le petit clerc il a salué :
— Et salut à vous, petit clerc,
Me donneriez-vous la petite héritière,
Pour faire une danse et une promenade,
A mon côté, dans l’aire-neuve ?
Le petit clerc, quand il a entendu,
Au seigneur a répondu :
— Bien que ce soit avec moi qu’elle est à l’aire neuve,
Je ne commande pas à sa volonté.
L’héritière, quand elle a entendu,
A étreint le clerc à pleins bras.
— Ce n’est pas ici notre premier baiser,
Mais je crois que c’est le dernier.
Le petit clerc, quand il a entendu,
A saigner du nez a commencé,
Et, de regret à l’héritière,
Là sur la place il est mort.
Monsieur le comte, qui est un homme compatissant.
Le fait transporter chez son père.
— Devant vous tous, petits et grands,
J’emmène cette fille jolie ;
Je l’installerai dans la chambre de madame.
Et la nommerai « de Kergudon » !
Monsieur le comte disait,
De son carrosse quand il descendait :
— Mettez la rôtissoire au feu
Pour préparer à l’héritière son souper ;
Pour préparer à l’héritière son souper,
(Un souper) de trois sortes de viandes, au lieu d’une seule.
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- ↑ Allusion à la légèreté avec laquelle les pois sautent et dansent, dans l’eau qui bout.