Chants et chansons politiques/L’Empire, c’est la paix

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G. Guérin, libraire (p. 24-25).


L’EMPIRE, C’EST LA PAIX

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AIR : Contentons-nous d’une simple bouteille.


La paix, dit-on, est une providence
Pour un pays qui vit de liberté ;
Avec la paix doit régner l’abondance
La poule au pot est une vérité.
Saint Chauvin croit que le second empire
Pour les Français est un vrai paradis !

Ô mes amis, n’allez pas sur son dire

Imprudemment consulter le pays !

Bis.


Le saint Chauvin est un autre saint Pierre
Qui, sur sa foi, prélève son denier ;
Pour ses croyants il a son reliquaire,
Il a pour Dieu, Napoléon premier.
Oui mais, peut-on s’empêcher de sourire
Quand il nous dit : L’Empire, c’est la paix.

Nous savons bien que le second empire

N’est qu’un banquet dont nous payons les frais.

Bis.


Autour du trône on mène à grandes guides
La haute-vie et la prospérité ;
Ah ! qu’il est loin ce temps des vieux druides
Si renommé par son austérité !
Nos gens de cour se disent : courte et bonne !
Pour bien jouir, il faut tout employer ;

N’attendons pas que le peuple raisonne,

Il pourrait bien se lasser de payer.

Bis


L’ignorance est la misère de l’âme,
Comme l’or est l’opulence des rois,
Contre son bât le peuple en vain réclame
Mais les âniers restent sourds à sa voix ;
Pour l’occuper Chauvin l’emmène en Chine
En lui mettant sa culotte de peau ;

Et Populus, bêtement s’imagine

Qu’on vit de gloire à l’ombre d’un drapeau.

Bis


Les lourds impôts doublent le paupérisme,
Les gros emprunts sont à l’ordre du jour,
Pour soutenir le nerf du chauvinisme
Le cours de l’or vaut le son du tambour ;
Pour les soldats, l’empire c’est la paie,
Pour le pays c’est la fatalité !

De tout cela personne ne s’effraie :

Ci doit durer à perpétuité.

Bis