Chants et chansons politiques/Nini Chignon

Paul Avenel

Chants et chansons politiques

G. Guérin, libraire, 1872 (2^e éd.) (p. 21-23).

NINI CHIGNON

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Air : Faut d’la vertu, pas trop n’en faut.

Chantons, aimons Nini Chignon C’est une fille de bon ton.

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Bis

À dix-sept ans folle et volage,
Nini n’avait que sa beauté,

Elle a maintenant équipage,
Hôtel et popularité.
Chantons, etc.

Au Jockey-Club on la protège
C’est le bel astre du moment,
Les petits crevés font cortège^[1]
Pour entrer dans son firmament.
Chantons, etc.

Que de sots du second empire
La fatiguent de leurs fadeurs !
Mais elle sait compter et lire :
Elle cote haut ses faveurs.
Chantons, etc.

Quand elle veut donner des fêtes,
Elle reçoit dans ses salons
Des diplomates vieux et bêtes
Et de très illustres fripons.
Chantons, etc.

Si maintenant, chance et richesse
Ont remplacé titre et blason :
C’est que l’honneur est à la baisse
Et la sagesse à Charenton.
Chantons, etc.

Oh ! oui, c’est une bonne fille !
Elle a vraiment beaucoup de cœur :
Elle prend un fi’s de famille,
Eo même temps qu’un sénateur.
Chantons, etc.

Dame ! elle sait battre monnaie
Avec le hasard et l’amour ;
Pour l’avoir, il faut qu’on la paie :
Se vendre est dans les mœurs du jour.
Chantons, etc.

L’empire, habilement en France,
Créa les nobles du crédit ;
Aussi que de gens de finance
Elle fit passer par son lit.
Chantons, etc.

On la voit souvent à l’office
En prières, le front courbé ;
Elle a, dit-on, un fort caprice
Pour un certain petit abbé.
Chantons, etc.

Dans ses attitudes ferventes
Elle a placé sa vanité ;
Elle sera, grâce à ses rentes,
Un jour, dame de charité.
Chantons, etc.

1. Ce fut Nestor Roqueplan, qui baptisa du nom de « petits crevés » les jeunes gens du second empire.