Chronique de la quinzaine - 14 juillet 1880

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Chronique n° 1158
14 juillet 1880


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 juillet 1880.

Lorsqu’il y a deux ans, Paris s’illuminait spontanément pour l’inauguration de l’exposition universelle, il semblait se sentir revivre et saluer sa propre résurrection dans ce spectacle éblouissant de l’industrie et des arts qui se déployait au champ de Mars. C’était une occasion exceptionnelle saisie avec une sorte d’impétuosité par une population impressionnable et vive. Aujourd’hui on a voulu donner à la république une fête plus significative, plus permanente, en décrétant un anniversaire officiel, et pour en redoubler l’éclat on a voulu compléter la célébration du 14 juillet par la cérémonie toute militaire de la distribution des nouveaux drapeaux à l’armée. Paris s’est encore une fois pavoisé et illuminé tout entier, comme il s’est déjà illuminé et pavoisé si souvent dans d’autres temps. Ce n’est point assurément un mal d’avoir des journées consacrées à l’oubli de tous les labeurs, à des amusemens populaires ou à des commémorations généreuses. Les fêtes publiques sont dans le programme de tous les gouvernemens ; chaque régime veut avoir ses solennités, ses anniversaires. L’essentiel est de savoir faire un choix et de ne pas laisser dénaturer ces réjouissances d’un jour par des exagérations puériles ou déplacées, par des ostentations qui ne répondent ni aux circonstances, ni aux sentimens intimes du pays. Que tout ait été également heureux dans le choix du jour désigné pour la nouvelle fête publique, dans cette explosion de réjouissance officielle dont le gouvernement a donné le signal, dans ces spectacles qui remplissent Paris, non vraiment, oh ne peut le dire. On pouvait donner au peuple français sa fête, on aurait pu la célébrer autrement, en s’inspirant un peu moins de préjugés de parti, un peu plus de la situation de la France, en évitant tout ce qui pouvait ressembler à de la jactance ou à de l’oubli.

Ce n’est point sans doute en se nourrissant perpétuellement de son deuil et en se couvrant de cendres qu’une nation virile peut se relever de ses malheurs. Elle se relève par le travail, par la prévoyance, par la sagesse, par le courage, et cette œuvre de réparation elle peut l’accomplir même avec bonne humeur, sans se refuser le plaisir des fêtes publiques. C’est à ceux qui la conduisent de se souvenir et de savoir tout concilier, tout respecter dans leurs programmés. Certes rien de plus émouvant, de plus digne d’un grand pays que cette cérémonie militaire de la distribution dés drapeaux, et rien n’est plus simple aussi que de donner un certain éclat à cette solennité devenue un des attraits d’un jour de réjouissance populaire. Qu’on réfléchisse cependant que, s’il y a de nouveaux drapeaux confiés à une armée qui saura les défendre, nous le savons bien, il y a d’autres drapeaux absens, et cette seule pensée aurait dû suffire peut-être pour qu’on évitât toute confusion entre un acte gravement patriotique et les exubérances un peu banales d’un jour de fête. On en dira ce qu’on voudra, dans ce souvenir des drapeaux absens, dans cette apparition des nouveaux drapeaux promis à un destin inconnu, dans ces contrastes émouvans pour le patriotisme, il y a de quoi réfléchir, il n’y a rien qui rentre dans un programme de réjouissance populaire.

On a voulu relever par un grand spectacle militaire une fête nationale ravivant en quelque sorte dans l’esprit du peuple l’image de la révolution française : soit ; mais alors pourquoi choisir une date qui ne rappelle après tout qu’un incident de guerre intestine ? Pourquoi ne pas adopter de préférence l’anniversaire de l’inauguration de l’assemblée nationale ou l’anniversaire de la glorieuse nuit du 4 août ? Quel intérêt a la république nouvelle à se rattacher à un jour plutôt qu’à un autre jour ? La société française, telle qu’elle existe, est sortie de cette grande et douloureuse convulsion de la fin du dernier siècle ; elle a ses origines dans ces terribles événemens continués sous une autre forme par l’empire. La révolution, dans son ensemble, est la mère de la France moderne ; elle a tellement triomphé, elle est tellement irrévocable, que ceux-là même qui s’efforcent encore de la contester ou de la combattre en subissent les conditions, en recueillent les bienfaits et ne peuvent rien contre elle. Oui, dans son ensemble, la révolution règne par son esprit, par ses résultats désormais acceptés, entrés dans les mœurs, dans l’essence de la vie moderne, et c’est à ce titre qu’elle domine toute la politique. Quand on en vient à préciser des dates, il n’en est pas une seule qui ne rappelle des luttes effroyables où il y a eu des vainqueurs et des vaincus, des victimes et des bourreaux. Il n’y a que ces dates de l’ouverture de l’assemblée nationale et du 4 août qui restent pures dans la mémoire des hommes, intactes dans leur signification généreuse. Toutes les autres, par elles-mêmes, prises distinctement, ne réveillent que des. souvenirs sanglans ou offensans. La nuit du 4 août, dit-on, n’aurait pas eu lieu s’il n’y avait pas eu, le 4 juillet, la première des journées sanglantes. C’est se faire une étrange idée de ce grand mouvement humain de supposer qu’il aurait rebroussé chemin parce qu’il n’y aurait pas eu lu prise de la Bastille et les scènes qui l’ont accompagnée, qui l’ont souillée du sang des premières victimes. C’est exactement comme si l’on disait que l’œuvre définitive, essentielle, légitime de la révolution ne se serait pas accomplie s’il n’y avait eu cette traînée de dates lugubres, et le 10 août et le 2 septembre et le 21 janvier et le 31 mai, — que les crimes, les proscriptions et les violences de toute sorte ont été nécessaires pour préparer ou assurer ses bienfaits. Il n’en est rien heureusement.

Cette abdication du monde ancien qui a été la révolution même s’est réalisée, non parce qu’un coup de main populaire avait fait tomber une forteresse sans défense, mais parce qu’elle était mûre dans les esprits, parce qu’elle avait été préparée partout un mouvement de civilisation ; si cette transformation d’une société a pu être compromise, si elle est restée suspecte, c’est parce qu’elle est toujours apparue avec ce cortège de « journées, » d’événemens tragiques qui assombrissent quelques années du passé. Et voilà pourquoi c’est une dangereuse inspiration ou une vaine superstition de parti d’aller chercher dans la révolution quelques dates équivoques qui ne rappellent que des violences, qui sont toujours contestées, qui ne font que perpétuer ou raviver les divisions, au lieu de s’attacher à la pensée même, aux résultats inaliénables, aux bienfaits qui n’effacent pas les crimes, mais qui les rachètent ! Est-ce qu’aujourd’hui, après un siècle, après tout ce qui s’est passé, il est prudent ou sérieux de faire de l’anniversaire de la prise de la Bastille une espèce de réhabilitation officielle de l’insurrection, une occasion d’effervescences populaires et de manifestations qui peuvent n’être pas toujours inoffensives ? Si on voulait dire la vérité, on avouerait que ce choix du 14 juillet est un tribut payé au fétichisme. Une banalité de parti, une satisfaction, non certes pour le pays, qui n’a rien demandé, mais pour quelques vieux séides qui en sont toujours à se figurer qu’ils ont quelque Bastille à prendre. Ce qu’il y a de plus curieux, ce que les promoteurs du nouveau 14 juillet paraissent oublier, c’est que l’idée de la fête d’aujourd’hui n’est pas aussi exclusivement républicaine qu’ils le pensent, c’est qu’ils ne font que renouer tout simplement une tradition napoléonienne. Ils ont un précurseur sous les auspices duquel ils auraient pu mettre leurs cérémonies : c’est le premier consul, l’empereur lui-même, qui s’entendait à tout organiser. A peine le dix-huit brumaire était-il accompli, le, pouvoir consulaire résumé en Bonaparte se hâtait de « faire quelques changemens dans le système des fêtes commémoratives des événemens de la révolution, » et du fatras du calendrier républicain il dégageait le 14 juillet comme le jour du « triomphe de la liberté. » Une gardait que l’anniversaire de la Bastille — avec le 1er vendémiaire, anniversaire de la « fondation de la république » qui ne venait qu’au second rang. Il se hâtait de mettre à tout son puissant cachet ; mais ce terrible homme avait une manière à lui de célébrer les fêtes, les anniversaires. Il n’était que depuis quelques mois au pouvoir, déjà il pouvait faire arriver de l’armée d’Italie la garde consulaire, avec « les drapeaux pris à Marengo, » pour assister à la fête, qu’il fallait « s’étudier à rendre brillante, » en évitant » disait-il, « de singer les fêtes qui ont eu lieu jusqu’à ce jour. » Le fait est, on en conviendra, que les drapeaux de Marengo ne gâtaient rien dans la cérémonie. Encore au moment de l’empire, Napoléon avait soin de lier au règne nouveau la date qu’il avait adoptée. Il célébrait la fête au milieu de ses soldats, au camp de Boulogne ; il choisissait ce jour pour ses distributions de la Légion d’honneur, pour recevoir les sermens. « Je désire, disait-il à son sénat conservateur, que nous puissions dire au peuple français le 14 juillet de cette année : Il y a quinze ans, par un mouvement spontané, vous courûtes aux armes, vous acquîtes la liberté, l’égalité et la gloire. Aujourd’hui ces premiers biens des nations, assurés sans retour, sont à l’abri des tempêtes. Des institutions conçues et commencées au sein des orages de la guerre intérieure et extérieure, développées avec constance, viennent de se terminer par l’adoption de ce que l’expérience des siècles et des peuples a démontré propre à garantir les droits que la nation avait jugés nécessaires à sa dignité, à sa liberté. » Et voilà comment on se trompe quand on écrit sur les murs de Paris que le peuple français célèbre pour la première fois la prise de la Bastille. Il l’a célébrée sous l’empire : on peut bien emprunter à Napoléon ses fêtes, puisqu’on lui emprunte ses décrets de messidor et ses procédés « à l’extraordinaire. » Seulement une république libérale, aspirant à se fonder et à vivre, aurait pu à coup sûr mieux choisir, ou elle aurait pu tout au moins donner à cette date du 14 juillet un autre caractère, une autre couleur, une autre signification par une politique de large équité, de conciliation nationale. On ne songe pas à tout lorsqu’on éprouve le besoin de pavoiser, d’illuminer et de se réjouir, de montrer qu’on peut avoir ses fêtes et ses anniversaires comme tous les gouvernemens, — à qui les anniversaires et les fêtes n’ont pourtant pas toujours profité.

Le malheur est que les réjouissances n’ont qu’un jour, que les illuminations passent, que les faveurs distribuées d’une main prodigue ne sont que pour ceux qui les reçoivent, et que ces expansions de joie publique, ces étourdissemens éphémères ne changent pas les situations, ne voilent que pour un instant les faiblesses d’une politique sans ressort, sans puissance et sans direction. C’est là toute la question au lendemain comme à la veille du 14 juillet. Rien ne peut faire que les choses ne soient pas ce qu’elles sont et que le gouvernement ne se soit pas placé lui-même plus ou moins volontairement dans cette condition où il reste à la merci des incidens et des pressions qu’il subît, des difficultés qu’il se crée, qu’il accumule pour lui, pour le pays tout entier. Rien ne peut faire que le gouvernement ne se trouve pas engagé dans cette campagne de l’exécution de ses décrets du 29 mars, enchaîné par la logique de cette politique générale de subordination et d’indécision à laquelle il a donné d’irrévocables gages.

Ces décrets du 29 mars, en effet, on les a exécutés, — du moins en partie. On a offert ce spectacle de l’autorité administrative, de la police allant au nom de la raison d’état ouvrir par effraction les portes de quelques religieux, violer des domiciles et des propriétés ; mais ce n’est là évidemment que le début, c’est maintenant en réalité que les difficultés commencent. Déjà un certain nombre de tribunaux ont proclamé leur compétence sur toutes ces questions de propriété et de domicile qui ont été portées devant eux. Dans le corps judiciaire soumis à la plus grave et à la plus délicate des épreuves, nombre de magistrats du parquet, procureurs généraux, procureurs de la république et substituts ont donné leur démission plutôt que de concourir à l’exécution des décrets. Ces démissions se sont même tellement multipliées qu’elles deviennent une manifestation aussi sérieuse qu’imprévue, d’autant plus significative que beaucoup de ces magistrats sont républicains, ont été nommés sous la république. On ne se laissera pas arrêter par ces manifestations, pas plus que par les arrêts de compétence des tribunaux, on ira jusqu’au bout, soit. On remplacera les magistrats démissionnaires et on élèvera des conflits ; on dessaisira la justice ordinaire et on aura recours aux tribunaux administratifs pour trancher des questions de domicile et de propriété, soit encore ! Le gouvernement est entré dans une voie où il ne peut accepter d’être vaincu. Et après ? Voilà d’étranges politiques imprimant à la république tous les caractères de l’arbitraire, occupés à désavouer tous les principes de droit qu’ils ont eux-mêmes soutenus, à remettre en honneur les procédés administratifs qu’ils ont combattus ! Ce qu’on fait aujourd’hui avec des religieux auxquels on applique discrétionnairement des lois contestées, c’est précisément ce que faisait la dictature de 1852, lorsqu’après les décrets de confiscation de la famille d’Orléans elle dessaisissait violemment les tribunaux ordinaires pour se faire justice elle-même, c’est-à-dire pour se donner raison par ses conseils administratifs sévèrement épurés.

On a voulu, d’un autre côté, rehausser ou compléter par l’amnistie cette fête du 14 juillet qui se célèbre aujourd’hui, et de l’amnistie, des amnistiés eux-mêmes, il n’y a plus rien à dire. L’unique question est dans l’incurable incohérence, dans le décousu perpétuel d’une politique commençant par repousser l’amnistie et finissant par la subir, votant ou combattant les mêmes amendemens dans la chambre des députés ou dans le sénat et n’échappant à une défaite que par des subterfuges. L’amnistie a fini par être votée : on avouera bien cependant que tout ce qu’il a fallu pour en arriver là est une singulière preuve de la force avec laquelle cette mesure s’imposait et de l’autorité du gouvernement qui la proposait. Les suites de l’amnistie, d’un côté, les conséquences des décrets du 29 mars, d’un autre côté, c’est là qu’en est le gouvernement ; c’est là ce qui l’attend encore au lendemain des fêtes, des arcs de triomphe et des illuminations, dans cette période de trêve parlementaire qui va s’ouvrir.

Le monde européen, sans être gravement troublé, sans être du moins engagé dans une de ces crises aiguës où éclate le conflit de toutes les politiques, ne laisse pas d’avoir ses complications laborieuses, ses problèmes obscurs et ses incidens. Il est partagé entre cette éternelle obsession des affaires d’Orient ou de ce qui reste des affaires d’Orient, des conséquences de la dernière guerre, et les questions religieuses qui s’agitent dans plus d’un pays, qui prennent une importance croissante un peu partout.

Pour le moment, la question la plus sérieuse dans l’ordre général, dans l’ordre européen, est celle qui vient d’être soumise à une conférence nouvelle récemment réunie pour se prononcer sur un des points les plus difficiles, les plus délicats de la paix de Berlin. Des conférences spéciales, des commissions mixtes, à dire vrai, il y en a partout depuis deux ans, à Constantinople, sur le Danube. Il y a des commissions pour la réorganisation des provinces qui restent au sultan, pour la Roumélie, pour l’Arménie, pour la délimitation de ce malheureux empire ottoman avec le Monténégro, avec la Grèce. Les commissions consultantes sont en permanence sans arriver jusqu’ici, il faut l’avouer, à des résultats bien décisifs pour la pacification de cet Orient troublé, pour la reconstitution d’un ordre à peu près viable ou régulier dans cet empire démembré. La dernière conférence réunie à Berlin avait particulièrement pour mission et pour objet de trancher par l’autorité d’une médiation européenne la question des frontières helléniques, qui avait été indiquée plutôt que résolue dans un des protocoles du congrès. Elle avait été rendue nécessaire par l’impossibilité d’une entente directe entre Turcs et Hellènes ; elle a été préparée depuis quelques mois par des négociations souvent assez laborieuses des cabinets qui ont fini par se mettre d’accord pour interposer un arbitrage collectif. La réunion de la conférence enfin a coïncidé avec le récent voyage en Europe du roi George de Grèce, qui n’a certainement fait sa visite aux gouvernemens de l’Occident que pour avoir l’occasion de plaider-lui-même la cause de l’extension de son jeune royaume. Aujourd’hui l’œuvre de la diplomatie, du moins la première partie de l’œuvre, est accomplie. La conférence de Berlin a délibéré pendant-quelques jours et elle a pris des résolutions Aidée d’une commission technique, procédant cette fois la carte à la main, elle paraît avoir fait don à la Grèce d’un territoire de 20,000 kilomètres carrés et d’une population de quatre cent mille âmes de plus. Elle a fixé pour le royaume hellénique une frontière qui irait jusqu’à Janina et Metzovo, qui atteindrait d’un autre côté la hauteur du Pinde. Le nouveau protocole a été arrêté et signé à Berlin. Est-ce une médiation spontanée et bénévole dénuée de sanction ? Est-ce un arbitrage impératif et indéclinable, impliquant un concert de volontés, des combinaisons dont on ne connaît encore ni les termes ni l’étendue ? C’est dans tous les cas provisoirement une décision qui a toute l’autorité d’une délibération collective de l’Europe sur un des points les plus graves des affaires d’Orient. Cette décision, il est vrai, il reste à l’exécuter, à la faire accepter partout, et c’est là le nœud à trancher ou à dénouer : c’est la difficulté.

Comment, en effet, va-t-on s’arranger maintenant pour faire passer dans la réalité ce qui a été décidé à Berlin ? C’est, à ce qu’il paraît, sous la forme d’une note collective que la décision de la conférence va être communiquée à Athènes et à Constantinople par un des chefs de légation remplissant au nom de tous le mandat européen. A Athènes, il ne peut y avoir évidemment de difficultés. Les Grecs, sans avoir été engagés dans la guerre, reçoivent leur part de la dépouille du vaincu : ils obtiennent un accroissement de territoire moins grand qu’ils ne le désiraient sans doute, mais suffisant encore pour donner de la patience à leur ambition. A Constantinople, la question change singulièrement de face. Ce sont les Turcs qui ont à payer, à s’exécuter, en livrant ce qu’ils n’ont pas perdu par les armes, en ajoutant de leurs propres mains au démembrement de l’empire. Lorsque M. Gladstone et lord Granville ont été interrogés ces jours derniers sur l’exécution des récentes résolutions de la conférence de Berlin, les deux ministres anglais ont gardé naturellement une grande réserve. Ils n’ont laissé entrevoir ni ce qu’ils savaient des dispositions de la Porte, ni ce que les cabinets avaient l’intention de faire selon les circonstances ; ils se sont scrupuleusement bornés à désavouer, au nom de l’Angleterre, toute pensée de se séparer des autres puissances. Ils ne pouvaient pas exprimer des doutes sur l’efficacité d’une démarche diplomatique à laquelle ils s’associent, et ils ne pouvaient pas non plus engager l’Europe par leur langage. On ne savait rien encore, on ne pouvait même rien savoir au moment où lord Granville et M. Gladstone parlaient à Londres, puisque la note collective n’est pas remise à l’heure qu’il est.

On ne peut encore rien préjuger sans doute, on n’est qu’au début de cette phase nouvelle ouverte par la conférence de Berlin ; mais on peut bien présumer que le sultan, le nouveau ministre des affaires étrangères Abeddin-Pacha, les dures têtes de l’islamisme toujours obstinées à la résistance, ne se soumettront pas aisément. La Turquie, et il faudrait bien peu connaître l’Orient pour s’en étonner, la Turquie pourra élever une certaine opposition, des contestations de nature à compliquer l’œuvre européenne. La question devient ici d’autant plus épineuse que, la Porte elle-même eût-elle l’air de se résigner, évitât-elle de rompre ouvertement avec la diplomatie de l’Occident, toutes les difficultés ne seraient pas vaincues. L’Europe a devant les yeux depuis plus d’un an ce qui s’est passé sur la frontière du Monténégro. Les territoires dont la cession avait été décidée sont devenus un champ de bataille. Les Albanais de ces districts, plutôt que de passer sous la domination du Monténégro, se sont défendus par les armes et ont formé plus ou moins spontanément une ligue insurrectionnelle assez redoutable pour qu’il ne soit pas facile d’en finir avec elle. Les mêmes mouvemens, les mêmes résistances, les mêmes conflits peuvent se produire sur la frontière de l’Épire. La guerre qu’on a cru éteindre d’un côté peut se rallumer sur un autre point ; elle n’aura peut-être pas de peine à éclater avec les inimitiés qui rognent entre les Turcs et les Grecs, avec les préparatifs militaires qui paraissent se multiplier dans les deux camps.

La Porte, observera-t-on, aurait tort de résister ou d’encourager sous main les résistances locales, comme elle a eu tort depuis deux ans de n’opposer à tout que son fanatisme ou son inertie, de ne pas seconder l’Europe dans ses vues pacificatrices. Elle agirait plus sagement, dans son propre intérêt, en se soumettant sans rien dire aux amputations nécessaires qu’on lui impose, en se prêtant aux desseins des puissances. qui l’ont déjà protégée, qui l’ont préservée de plus grands désastres. Assurément le traité de Berlin, tel qu’il a été fait, est moins meurtrier pour l’empire ottoman que ne l’eût été le traité de San-Stefano. Les Turcs auraient intérêt à s’en souvenir et à s’assurer les derniers avantages de la lourde paix qu’ils ont subie. La Porte, qui se sent resserrée et menacée de toutes parts, la Porte cependant peut avoir ses révoltes d’orgueil national ou musulman, et si elle refuse de céder, que fera-t-on ? Tient-on en réserve des moyens d’exécution qui ne soient pas un danger de plus ? L’Europe s’est montrée unanime dans les décisions qu’elle a adoptées à Berlin ; montrerait-elle la même unanimité le jour où elle serait obligée de passer à l’action, au risque de rouvrir aussitôt dans toute sa gravité la question d’Orient ? Toutes les politiques se retrouveraient ici évidemment en présence. La Russie, qui, après avoir été assez froide pour la conférence de Berlin, paraît avoir plaidé plus vivement que toutes les autres puissances pour l’extension des frontières grecques, la Russie aurait récemment offert, dit-on, de se faire la mandataire de l’Europe, l’exécutrice des volontés de la diplomatie ; mais l’Autriche, qui est si gravement engagée par sa politique en Orient, n’admettrait pas selon toute apparence cette intervention russe. L’Angleterre et la France ne seraient probablement pas plus favorables. À défaut de l’intervention d’Une seule puissance, voudrait-on combiner une action collective par une apparition concertée des forces de terre et de mer ? Ce serait peut-être précipiter la crise qu’on prétend toujours vouloir détourner. La France particulièrement ne pourrait sans péril se laisser conduire à cette aventure. Certainement la France, par tous ses souvenirs, par ses traditions, par une sorte de culte d’esprit, a les plus vives sympathies pour la Grèce ; elle désire tout ce qui peut aider à la fortune de ce jeune royaume hellénique qu’elle a contribué à créer autrefois ; mais ces sympathies ont des limites. La France, dans sa position, ne peut pas se prêter à de nouveaux démembremens d’un empire vaincu, cet empire s’appelât-t-il la Turquie : ce n’est ni son rôle ni sa politique. De plus, elle n’est sûrement pas intéressée à hâter le partage de l’Orient, à se laisser entraîner dans des événemens qui ne répondent ni à ses vœux ni à sa situation présente. Son intérêt, c’est de ne pas se séparer des autres puissances, — à la condition cependant de ne pas engager à leur suite ses forces et sa politique dans des aventures sans profit pour elle.

Ce n’est pas d’hier que ces grandes et malheureuses affaires d’Orient sont le péril, l’embarras ou l’ennui de l’Occident, et ce n’est pas de sitôt qu’elles cesseront de peser sur la diplomatie des cabinets, sur la politique du monde. Ce sont des affaires avec lesquelles l’Europe est obligée de s’accoutumer à vivre, comme il faut qu’elle s’accoutume de plus en plus, dirait-on, avec ces questions religieuses qui prennent une importance et une vivacité croissantes dans la plupart des pays. Elles apparaissent presque partout, ces questions, tantôt sous la forme d’un incident curieux dans le parlement d’Angleterre, à l’occasion de l’admission d’un athée, M. Bradlaugh, refusant le serment au nom de Dieu, tantôt sous la forme de la loi ecclésiastique qui vient d’être discutée et votée à Berlin, — tantôt sous la forme d’un conflit diplomatique suivi d’une rupture entre la Belgique et le Vatican. M. Bradlaugh a fini par être admis dans la chambre des communes sur une déclaration sommaire d’allégeance ; mais voici que de simples citoyens anglais, s’armant de la loi anglaise, traduisent M. Bradlaugh devant la cour du banc de la reine pour exercice illégal du mandat parlementaire, et rien n’est terminé. La loi ecclésiastique soumise au Landtag de Berlin a été votée tant bien que mal ; mais la situation religieuse de la Prusse n’en est pas mieux éclairée. Le cabinet de Bruxelles a rappelé son ministre auprès du Vatican, M. d’Anethan ; il a congédié le nonce pontifical accrédité auprès du roi Léopold ; mais la question n’en est pas plus simple pour la Belgique. Au fond, tous ces incidens se rattachent à une lutte sans fin et sans issue, où ceux qui auront le courage de s’élever au-dessus des passions du moment, ceux qui sauront montrer le plus de prudence, le plus de tolérance, le plus de supériorité, d’équité libérale, auront toujours raison.

Chose curieuse, c’est M. de Bismarck qui, un des premiers, il y a sept ans, a donné le signal des conflits religieux par ses lois de mai 1873 ; c’est le chancelier d’Allemagne qui a ouvert de son propre mouvement la guerre du « Culturkampf, » la campagne contre ce qu’on appelle le « cléricalisme, » et c’est lui maintenant qui, un des premiers, sans craindre de se désavouer, paraît sentir la nécessité d’une trêve, donne le signal du désarmement. Il avait cru agir dans l’intérêt de l’empire nouveau qu’il venait de créer, peut-être aussi dans le sentiment superbe d’une prépotence personnelle à laquelle les catholiques ne se hâtaient pas assez de se soumettre. Il avait cédé à des impatiences de domination, à des irritations contre des résistances insaisissables, contre cette force indépendante de la foi religieuse, sous laquelle se déguisait un autre ennemi, le particularisme. Il a poursuivi ou il a laissé se dérouler pendant plusieurs années cette expérience d’une politique de combat qu’il avait inaugurée dans un moment de passion. Il a vu bientôt qu’il n’obtenait pas de grands résultats, qu’il n’avait réussi qu’à jeter le trouble dans les conditions ecclésiastiques de la Prusse, à justifier jusqu’à un certain point l’opposition des catholiques, devenus dans le parlement un parti assez puissant pour obliger le gouvernement à compter avec lui. Il s’est aperçu que la guerre aux croyances religieuses, aux influences catholiques, à l’église, profitait peut-être aux propagandes révolutionnaires et socialistes, contre lesquelles il sentait la nécessité de réagir. Il a commencé alors son évolution ; il a manœuvré non certes en politique décidé à rendre les armes, mais en tacticien assez disposé à déplacer son centre d’action, à rechercher de nouvelles alliances. Il n’a pas craint de se rapprocher de la cour de Rome par des négociations qui n’ont pas abouti du premier coup, il est vrai, qui n’ont pas non plus entièrement échoué en ce sens qu’elles restent suspendues plutôt que rompues. Il a donné des espérances aux catholiques du centre parlementaire en essayant tout à la fois de les gagner et de les dominer. Il a tenté de faire face à tout par des expédiens conçus de façon à déguiser des concessions sans rien livrer. De là cette loi ecclésiastique qui a occupé depuis deux mois les chambres de Berlin et qui, à vrai dire, n’a point d’autre sens que de suspendre les hostilités avec les catholiques, de dépouiller les lois de mai de ce qu’elles ont de plus agressif en laissant le chancelier seul arbitre des adoucissemens possibles dans les rapports de l’état prussien avec l’église. Malheureusement les plus puissans eux-mêmes se trompent dans leurs calculs. M. de Bismarck n’a réussi qu’à demi dans sa tactique. Il avait fait des pas trop décisifs vers les catholiques pour ne pas s’aliéner une fraction assez notable des nationaux-libéraux ; il ne donnait pas d’un autre côté assez de garanties aux intérêts religieux pour que les catholiques, M. Windthorst en tête, consentissent à tout accepter, à se livrer sans conditions à l’autorité discrétionnaire du gouvernement. Peut-être aussi, soit par un calcul de plus, soit par lassitude, le chancelier, après avoir lancé ses propositions, les a-t-il un peu trop abandonnées à leur propre sort ?

Qu’en est-il résulté ? C’est depuis deux mois une confusion à peu près complète où la loi nouvelle a passé par toutes les alternatives, réunissant du jour au lendemain les majorités les plus diverses, même les plus opposées. La loi a fini par triompher à quelques voix de majorité ; mais elle est sortie de la discussion à peu près mutilée, ayant perdu en chemin quelques-unes de ses dispositions principales, l’article premier qui donnait au gouvernement un pouvoir par trop discrétionnaire, l’article 4 qui autorisait la rentrée des évêques dans leurs diocèses ; en revanche les curés pourront rentrer dans leurs paroisses. C’est en définitive une œuvre assez hybride qui ne résout rien, qui ne finit rien, et au fond peut-être M. de Bismarck s’en inquiète-t-il peu, puisqu’il garde la liberté de ses mouvemens. Le seul point évident dans cette confusion même, c’est que les lois de mai 1873 ont fait leur temps. Le chancelier, sans se demander s’il ira ou s’il n’ira pas à Canossa, marche vers la paix religieuse. Il semble vouloir laisser à d’autres le soin de reprendre une œuvre de combat qu’il juge vaine et mauvaise pour l’Allemagne.

À peine la guerre religieuse semble-t-elle s’éteindre ou s’adoucir d’un côté en effet, elle se rallume sur d’autres points. Nous ne parlons pas de la France. La Belgique à son tour entre dans la voie des conflits avoués et déclarés. Le cabinet de Bruxelles vient de rappeler sa légation de Rome, de rompre ses relations avec le saint-siège, et ce qu’il y a de plus grave, c’est que cette rupture qui atteint une opinion puissante, qui ne peut que ranimer des guerres de partis déjà assez violentes, coïncide avec la célébration prochaine de l’anniversaire de l’affranchissement national, de la première cinquantaine de l’indépendance belge. C’est une coïncidence au moins malheureuse. La querelle est venue de la loi nouvelle qui a été faite sur l’enseignement primaire et qui a restreint, resserré l’intervention de l’église dans les écoles. Cette loi a soulevé les protestations véhémentes de l’épiscopat belge, qui s’est cru obligé de répondre à ce qu’il considérait comme la guerre du gouvernement par une guerre de mandemens, de condamnations et d’excommunications. Lorsqu’à la fin de l’année dernière, la question a été portée devant le parlement, le chef du cabinet, qui est un esprit éclairé, donnait des explications qui semblaient laisser entrevoir certaines possibilités d’apaisement. Il résultait des discours de M. Frère-Orban que le pape Léon XIII avait tenu le langage le plus conciliant, que, sans désavouer les évêques belges, il n’était pas loin de blâmer les excès de langage, encore plus les mesures pastorales propres à aggraver les divisions. Qu’est-il arrivé ? on s’est efforcé d’un côté de compromettre le pape contre les évêques ; les catholiques ardens de leur côté n’ont rien négligé pour entraîner le souverain pontife dans leur querelle. La lutte s’est envenimée, des indiscrétions ont été commises, on a cru démêler dans le langage de la cour de Rome des contradictions dont le cabinet s’est Laissé piquer, et la rupture s’en est suivie. Une fois encore ce sont les violens qui l’ont emporté, c’est la modération qui a été vaincue. Le cabinet de Bruxelles s’est peut-être un peu hâté dans cette affaire. Où était la nécessité de recourir à une rupture déclarée ? Il faut bien cependant tenir compte de la position difficile d’un pape plein de mesure qui récemment encore n’a point hésité à recommander aux catholiques belges le respect de leur constitution, qui les a détournés de s’abstenir dans les prochaines fêtes nationales. Les catholiques, dans tous les cas, auraient tort de s’abstenir. Les libéraux n’ont pas moins tort dans un pareil moment d’offenser par une rupture acerbe une opinion puissante qui a contribué autrefois autant que l’opinion libérale à l’affranchissement du peuple belge. On aura beau dire, en Belgique comme partout, les gouvernemens peuvent fort bien défendre comme ils le doivent la société civile sans recourir à ces guerres à outrance, sans irriter par la violence des représailles des opinions qui après tout ont leur place légitime dans la vie nationale d’un pays libre.


CH. DE MAZADE.



La Phytographie, ou l’art de décrire les végétaux, considérés sous différens points de vue, par M. Alphonse de Candolle. Paris, 1880 ; Masson.


On ne se douterait pas, à première vue, de tout ce qu’on peut apprendre en apprenant à fond « l’art de décrire les végétaux, » Mais il suffit d’un peu de réflexion pour se rendre compte de l’effet salutaire que les méthodes scientifiques, pratiquées pendant quelque temps, doivent produire au point de vue de l’éducation de l’esprit, « Apprendre à voir, disait George Sand dans les Lettres d’un voyageur, voilà tout le secret des études naturelles. » Or celui qui a soumis son esprit à cette sorte de gymnastique intellectuelle, qui a méthodiquement appris à voir, il le sait pour la vie et en tire profit en toute occasion.

M. de Candolle insiste avec raison, dans la préface de son dernier livre, sur cet avantage indirect que les jeunes gens peuvent tirer de l’étude de la botanique. La philologie et les mathématiques les détournent beaucoup de l’observation : c’est à l’histoire naturelle de la leur apprendre, et le meilleur moyen pour arriver à observer est de décrire. « Pour bien décrire, il faut classer et nommer, en suivant des règles qui reposent sur des raisonnemens. » Il s’ensuit qu’il est utile d’avoir appris, une fois en sa vie, ce qui caractérise une association naturelle, comment les naturalistes parviennent à débrouiller, à classer des milliers d’objets, à les distinguer par des noms expressifs, à les marquer en quelque sorte par une description qui sera désormais comme leur état civil. « Les principes s’oublient moins que les noms d’organes ou d’espèces, dit M. de Candolle, et souvent on peut les appliquer à autre chose. Des hommes de mérite m’ont affirmé que, pour avoir appris nos méthodes de classification, de nomenclature et de description, ils se sont trouvés plus capables de rédiger clairement, par exemple, des mémoires administratifs, des rapports financiers, des procès-verbaux judiciaires ou de simples récits de voyages. » Le livre que M. de Candolle vient de publier a donc pour but de perfectionner les méthodes de description qu’on emploie en histoire naturelle, — car ses réflexions et ses conseils ne s’appliquent pas seulement à la botanique. Les bonnes méthodes de description préparent les découvertes, en ce sens qu’elles montrent les lacunes à combler et suggèrent souvent des idées générales. Mais il faut qu’elles suivent le progrès des observations. « La phytographie est, à l’égard des faits, comme une sorte de vêtement qu’il faut savoir modifier d’après les dimensions et les exigences de l’individu à mesure qu’il grandit. » De la Philosophia botanica de Linné, qui a créé les méthodes modernes, à la Théorie élémentaire de la botanique d’Augustin-Pyramus de Candolle, qui a paru en 1813, la distance est déjà grande ; mais depuis soixante ans, bien des questions nouvelles ont surgi, et les règles posées par les fondateurs de la science ont été les unes consacrées par l’expérience, les autres discutées ou modifiées. Après la publication des vingt volumes du Prodromus systematis naturalis, complété par les Monographies de phanérogames, M. de Candolle était mieux placé que personne pour formuler les nécessités nouvelles qui s’imposent et pour tracer la route à suivre. Ce qu’il demande avant tout, c’est plus d’uniformité dans la description des groupes, des organes, des phénomènes. La marche vers la simplification et l’unité est générale, elle se manifeste dans toutes les sciences ; il en résulte que les méthodes pour décrire et classer les faits le simplifient en même temps et deviennent plus uniformes en rapprochant ce qui autrefois était séparé. Ainsi, dans les plantes les plus compliquées, tout a été ramené à trois organes : racine, tiges et feuilles. « Ces parties elles-mêmes ne sont que des cellules multipliées, provenant d’un plasma d’apparence uniforme, quoique très différent d’une plante à l’autre, puisqu’il produit des effets extrêmement variés. Les divers organes microscopiques, qu’on croyait naguère tout différens, ne sont aujourd’hui que des cellules modifiées. La fécondation n’est qu’un transport de plasma et une multiplication de cellules, comme dans les accroissemens de toute partie de la plante. Les individus passent, dans leur développement, par des états analogues à ceux des groupes. »

Ce qui fait le mérite du livre de M. de Candolle, et ce qui en fait aussi l’agrément, c’est l’heureux mélange des détails techniques et des idées générales. Les botanistes accepteront avec reconnaissance les conseils pratiques que l’auteur puise dans une longue expérience personnelle, et qui sont appuyés par des exemples toujours abondans et variés ; mais tout le monde pourra méditer avec profit les réflexions morales et les remarques littéraires, souvent très fines, que l’on rencontre semées avec profusion jusque dans les chapitres les plus techniques, et qui dénotent un esprit vraiment philosophique.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.