Claude Paysan/037
XXXVII
Quelques jours plus tard…
Mais, oui, qu’il l’avait donc entièrement oubliée, cette Fernande… Seulement, comme ce matin-là, elle devait venir chez la mère Julienne, il s’était furtivement glissé derrière les arbustes feuillus de la route pour la regarder en secret lorsqu’elle passerait.
Depuis déjà sept mois qu’il n’avait pas entendu son rire joyeux, qu’il n’avait point aperçu ses longs cheveux flottant à la brise tiède ; et il ne pouvait résister au désir de la revoir. De plus, il avait appris qu’elle était malade… Malade ? se pouvait-il, et il l’avait longtemps attendue, caché derrière les branches.
… Mais était-ce bien elle qu’il regardait maintenant ? Il était tout ému, complètement troublé.
Oui, c’étaient bien ses mêmes grands cheveux tombants. sa même expression d’yeux candide et grave, sa même démarche insouciante ; mais ses lèvres, plus minces, plus pâles aussi, n’esquissaient plus leur léger sourire moqueur d’autrefois qui était si gentil à voir.
Elle passa doucement en frôlant de sa robe les feuilles qui s’agitèrent légèrement… Et Claude remarqua qu’elle songeait profondément, presque triste.
Oh ! quelle irrésistible et soudaine poussée le souleva à cet instant pour un appel irréfléchi ! Sa bouche s’était ouverte avec un aveu brûlant prêt à jaillir : Fern… Alors… eh ! bien, non, il ne dit encore rien, et il se replongea tout honteux dans les feuilles d’arbustes…
… Oui, comme il l’avait bien oubliée…