Comment j’ai retrouvé Livingstone/Chapitre 3

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Traduction par Henriette Loreau.
Texte établi par Jules Belin de LaunayLibrairie Hachette et Cie (p. 33-57).


CHAPITRE III

DE SIMBAMOUENNI A COUIHARA.


Pendant la masica, l’Ougérengeri forme d’affreux bourbiers. — La vallée de la Macata n’est qu’un marais. — La reine de Simbamouenni essaye de m’extorquer un second tribut. — Inondation de la Roudéhoua. Rennéco. — Farquhar à Kiora. — Fin de ma charrette. — Lac du Gombo. — Querelle avec Shaw. — Farquhar est laissé à Mpouapoua. — Dans le Marenga-Mkali, plusieurs caravanes se joignent à la nôtre. — Cheik Hamed en reçoit la direction. — Sensation produite dans le Gogo septentrional par l’arrivée d’un homme blanc. — Le droit de passage. — Le Moucondoucou. — Gnanzi ou Mgounda-Mkali. — Extravagance de Hamed. — Ruines de Mgongo-Tembo et de Roubouga. — Arrivée dans le pays de Gnagnembé, district du Mouézi.


La contrée que nous venions de traverser et qui forme la région maritime est d’une grande fertilité et a près de deux cents kilomètres en largeur.

Un chemin de fer de Bagamoyo à Simbamouenni serait bien moins coûteux, bien moins difficile à éta- blir, que celui du Far-Ouest[1], et, après en avoir aménagé les eaux, on habiterait cette région sans plus de danger que tout autre pays neuf. Je n’y ai pas vu, dans le jour, le thermomètre s’élever à plus de vingt neuf degrés centigrades et demi. La seule chose à redouter pour le colon serait la férocité des mouches que nous avons décrites, et qui rendraient difficile l’élevage du bétail, jusqu’au moment où l’on aurait défriché les jungles et une portion des forêts.

Pendant que je rêvais à ce projet, la pluie tombait incessamment.

L’endroit, que nous occupions, en deçà de l’Ougérengeri, était un foyer de pestilence, affreux à la vue, odieux à la mémoire. Les ordures accumulées par des générations de porteurs avaient réuni là des myriades d’êtres grouillants et rampants : fourmis noires, rouges et blanches, qui infestaient le sol ; vers et mille-pieds de toute couleur, qui grimpaient sur toutes les tiges, se traînaient sur toutes les herbes, guêpes à tête jaune, aussi venimeuses que le scorpion, et dont les nids pendaient à chaque broussaille ; énormes scarabées, de la taille d’une souris, qui faisaient et qui roulaient des boules de fumier ; vermine de toute grosseur, de toute nuance et de tout genre. Aucune collection d’entomologie, pour le nombre et pour la variété, ne peut rivaliser avec celle qu’offraient les parois de ma tente.

Le 23 avril, nous profitâmes d’une éclaircie pour franchir le bourbier qui nous séparait de la rivière.

Je me suis toujours trouvé plus à l’aise, plus léger de corps et d’esprit lorsque j’étais en marche que pendant ces interminables jours de halte, où, rongé d’impatience, je me révoltais contre des retards que nul effort ne pouvait éluder.

Au pied d’un long coteau, sillonné d’eaux murmurantes, nous trouvâmes un khambi, dont les huttes étaient bien faites, et que les indigènes appellent Simbo. Nous nous y arrêtâmes.

La grande plaine que nous avions vue des hauteurs était maintenant en face de nous ; cette plaine est la vallée de la Macata. Elle nous a laissé d’affreux souvenirs. Le sol fangeux y est d’une ténacité singulière, et rend la marche horriblement fatigante : dix heures pour faire seize kilomètres.

Le surlendemain était jour de halte. Tandis que Bombay allait à la recherche d’un ballot perdu, j’envoyai trois soldats à Simbamouenni avec ordre de s’informer du cuisinier Bander, qui s’était sauvé ; de le ramener, s’ils le retrouvaient, et d’acheter du grain pour trois dotis, achat qui, dans cette solitude, nous était indispensable.

Trois jours s’écoulèrent sans que mes hommes revinssent ; c’étaient Kingarou et les deux Mabrouki.

Enfin reparut Bombay ; il n’avait rien retrouvé. Je lui enlevai son grade, et j’envoyai Shaw voir ce que devenaient les autres. Il rentra le soir avec une forte fièvre, un accès de moukoungourou ; mais il ramenait les trois soldats, qu’il avait rencontrés à moitié chemin, et qui me firent le rapport suivant :

Arrivés à Simbo vers deux heures du matin, ils en avaient battu les environs, cherchant partout les pas du cuisinier, ainsi que les traces de l’âne. Ne doutant pas que Bander n’eût été assassiné, ils avaient gagné Simbamouenni en toute hâte et y avaient exposé à la souveraine leur accusation, telle qu’ils la croyaient fondée. Celle-ci avait fait retrouver l’âne de Bander ; mais, possédant l’énergie et la cupidité de son père, elle avait demandé à mes hommes pourquoi je n’avais pas payé le tribut qu’elle avait envoyé chercher. Mes hommes, ne sachant rien de mes affaires, n’avaient pas pu répondre. La fille de Kisabengo leur avait alors signifié qu’elle se payerait elle-même, non seulement en gardant l’âne et sa charge, mais en leur prenant leurs armes, qui formeraient sa part ; les effets du cuisinier seraient pour ses gens ; en outre, on mettrait aux fers, eux, mes soldats, jusqu’à ce que leur maître vînt les délivrer.

L’exécution avait suivi les paroles ; et mes trois hommes étaient enchaînés depuis seize heures sur la place du marché, exposés à tous les quolibets de la foule, quand un Arabe que j’avais rencontré à Kingarou, le cheik Thani, les avait reconnus. Après avoir écouté leur histoire, il s’était rendu près de la sultane et lui avait démontré son imprudence.

« L’homme blanc, avait dit l’excellent Arabe en exagérant sans scrupule, le mousoungou a deux fusils qui peuvent tirer quarante coups sans arrêter, et qui envoient leur plomb à une demi-heure de marche. Je ne parle pas d’autres fusils, dont la charge. est effrayante. Il y a des balles qui éclatent et qui mettent un homme en pièces. Du haut de la montagne, il exterminerait tous les gens de la ville, hommes, femmes, enfants et guerriers, avant que pas un de vos soldats pût arriver au sommet. Il viendra ; ce sera la guerre ; la route sera fermée. Le sultan de Zanzibar marchera contre vous ; les hommes de l’Oudoé et ceux du Cami prendront leur revanche ; et de la cité de votre père ils ne laisseront pas pierre sur pierre. Délivrez les soldats du mousoungou ; faites-leur donner le grain qu’ils demandent, et laissez-les partir avec tout ce qu’ils réclament ; car peut-être l’homme blanc est-il déjà en route pour vous attaquer. »

Ce tableau de ma puissance avait produit un bon effet, puisque mes soldats avaient été relâchés, et qu’on leur avait fourni assez de grain pour nourrir tous mes hommes pendant quatre jours ; mais, des objets qu’on leur avait pris ou qui appartenaient au cuisinier, on ne leur avait rendu, avec le baudet, qu’un fusil, le quart de leurs munitions, une paire de lunettes, un livre imprimé en caractères du Malabar, et un vieux chapeau, dont personne ne croyait plus revoir le propriétaire.

Dès que mes hommes avaient été libres, Thani, le bon Arabe, les avait emmenés à Simbo ; et c’était dans son camp, où ils étaient comblés de riz et de beurre fondu, que Shaw les avait recouvrés.

À ce récit, mon indignation n’eut pas de borne ; et, si j’avais été près de la dame, je m’en serais vengé sur ses faubourgs. Mais ces quatre jours d’attente m’avaient paru si longs que, dans ma joie de revoir mes trois soldats, ma colère ne put se soutenir ; et je me félicitai bientôt de ce que le mal n’avait pas été plus grand. Enfin le discours de l’Arabe était une pièce assez risible.

Le soir même, j’écrivis le récit du fait à l’adresse du consul des États-Unis, afin que le Sultan pût connaître les deux côtés de l’aventure qui se rattachait à la disparition du cuisinier. Mais nous étions pressés de quitter un endroit où nous avions eu tant d’inquiétude, et nous levâmes le camp malgré une pluie torrentielle, qui en toute autre circonstance nous eût empêchés de partir.

Quand nous atteignîmes la Macata, fleuve formé par la Roudéhoua et par la rivière appelée Moucondocoua dans le Sagara, nous lui trouvâmes un courant si rapide et si dangereux à franchir sur un pont vacillant et à demi submergé ; que le transport des bagages d’une rive à l’autre demanda cinq grandes heures. À peine avions-nous déposé sur le bord tous ces ballots, dont, grâce à des soins excessifs, pas un n’avait été mouillé, qu’une pluie torrentielle les trempa, comme s’ils fussent tombés dans la rivière.

Essayer de franchir le marais causé par ce déluge devenait hors de question. Il nous fallut donc camper dans un lieu où chaque heure apportait sa part d’ennuis.

Kingarou, l’un de nos soldats, profita de l’occasion pour s’enfuir avec l’équipement d’un camarade. Oulédi et Sarmian, tous deux armés de carabines se chargeant par la culasse, furent envoyés à sa poursuite, et partirent avec une célérité de bon augure. Effectivement, ils revinrent une heure après, avec le fugitif. Ils l’avaient trouvé chez Kigondo, un chef de village qui demeurait de l’autre côté de la rivière, à une distance d’un kilomètre et demi, et qui arrivait avec mes trois hommes pour recevoir sa récompense.

Après avoir enfermé notre déserteur, Kigondo avait vu venir ceux qui le poursuivaient. « Maîtres, leur avait-il crié, qu’est-ce que vous cherchez comme cela ? – Nous cherchons, répondirent-ils, un homme qui a déserté notre maître ; voilà ses pas ; s’il y a longtemps que vous êtes là, vous avez dû le voir. Pourriez-vous nous dire où il est ? – Oui, nous leur avons dit ; il est chez nous ; si vous voulez venir nous vous le rendrons ; mais votre maître nous récompensera pour l’avoir pris. »

Mon déserteur fut mis aux fers, après avoir reçu vingt-quatre coups de fouet. Quant au bon chef, je lui donnai quatre mètres d’étoffe, et à sa femme cinq rangs de perles rouges, dites de corail, ou samé samé.

L’averse que nous venions de subir devait clore la saison. La première avait eu lieu le 23 mars, nous étions au 30 avril. Ainsi la masica n’avait duré que trente-neuf jours.

Après deux journées de barbotage, nous atteignîmes la Roudéhoua, qui formait alors une rivière coulant à pleins bords. Comme nous sortions du fourré qui couvre la rive droite de l’un de ses affluents, nous nous trouvâmes en face d’une immense nappe d’eau, d’où émergeaient les cimes d’arbres épars avec des touffes d’herbes largement disséminées, et que bornaient les montagnes du Sagara, éloignées d’une vingtaine de kilomètres. Nous ne pouvions pas nous arrêter dans cette situation ; je fis donc avancer les soldats et les ânes, que suivirent les pagazis ; et, après avoir pataugé de nouveau trois heures dans quatre pieds d’eau, nous abordâmes sur une terre sèche.

Le marais était franchi ; mais les horreurs de cette marche nous avaient laissé une impression durable. Personne ne pouvait en oublier les fatigues, ni les nausées. Impression douloureuse que la suite rendit encore plus vive. À dater de cette époque, nos ânes moururent par deux et trois chaque jour ; il n’en resta plus que cinq, entièrement épuisés. Soldats et porteurs eurent des maux sans nombre ; moi-même, je fus mis aux portes du tombeau par une dysenterie aiguë.

Le 4 mai, après avoir monté une faible pente, nous nous arrêtâmes à Rennéco, premier village du Sagara où nous ayons campé. C’est un gros bourg, placé au pied de la montagne, bien situé, en bel et bon air, et qui nous promettait à la fois santé et confort. D’épaisses murailles, bâties en argile et formant un carré, enferment ses huttes coniques, peuplées d’un millier d’âmes. Aux environs, sont d’autres villages riches et populeux.

Nous passâmes quatre jours dans cet agréable endroit pour nous remettre un peu, avant de tenter l’escalade des monts du Sagara ; puis, malgré leur faiblesse, bêtes et gens gravirent les flancs abrupts des premiers degrés de la chaîne.

Arrivés au sommet, nous vîmes se déployer, comme en un tableau de maître, la vallée de la Moucondocoua, avec ses cours d’eau, semblables à des câbles d’argent que le soleil faisait étinceler ; avec ses bois de palmiers, qui lui prêtaient leurs charmes ; avec ses grandes lignes allant jusqu’aux monts Roubéhou et Roufouta, qui bleuissaient au loin et formaient un dernier plan, digne de cette vaste étendue.


Mont Kiboué et vallée de la Moucondocoua


Le 9, après une succession de montées et de descentes, qui, de la croupe d’un mont, nous faisait passer à des profondeurs crépusculaires, nous retrouvâmes brusquement, dans une étroite vallée, la Moucondocoua, une des grandes rivières qui contribuent à former la Macata.

Peu de temps après, nous atteignions la route que Burton et Speke ont suivie en 1857, et nous la croisions près de Cadétamaré, point qui doit être appelé Misonghi, le premier nom n’étant que celui d’un chef. Nous longeâmes pendant une heure la rive gauche de la Moucondocoua, route onduleuse, qui nous fit aller au sud-est, à l’ouest, au nord et au nord-est, pour parvenir à l’endroit où l’on passe la rivière.

Une demi-heure de marche, à partir du gué, nous conduisit à Kiora, sale bourgade, pavée de crottes de chèvre, et ayant un nombre extraordinaire d’enfants pour un hameau de vingt maisons. En y arrivant, je vis de loin la tente de Farquhar, perchée sur un tas de fumier. Dès qu’il entendit ma voix, Farquhar se traîna hors de sa demeure, ce qu’il n’avait pas fait depuis quinze jours. Je n’aurais jamais reconnu mon joyeux marin, parti de Bagamoyo si alerte et si pimpant, dans cet homme pâle et bouffi, aux jambes éléphantines.

Une colline aérée dominait le village ; j’y fis établir notre boma ; et lorsque ma tente fut dressée, j’y fis porter le malade.

Interrogé sur son état, Farquhar me dit qu’il ne savait pas d’où cela lui était venu et qu’il n’éprouvait aucune douleur. La seule chose qu’il accusât nettement, c’était le mauvais état de ses jambes, horriblement gonflées. « Il avait un appétit de cheval, et n’en était pas moins faible. »

Si Farquhar fût allé jusqu’au Mouézi, il ne m’aurait laissé ni une choukka, ni une perle. J’étais fort aise de l’avoir trouvé en route ; mais qu’en faire ? Je ne pouvais pas le laisser à Kiora : il y serait mort avant peu. Et comment l’emmener ? Depuis les marécages de la vallée de la Macata, la petite charrette n’allait plus, les ânes manquaient. Je lui donnai le mien et nous partîmes.

Le 11 mai, la troisième et la cinquième bandes, actuellement réunies, suivaient la rive droite de la Moucondocoua. Elles la passèrent de nouveau, treize kilomètres plus loin. Là, plus de végétation exubérante, aux effluves suffocants ; plus de vallées fécondes ; un sol aride et la flore du désert : aloès, cactus, euphorbes arborescents, arbustes épineux. Plus de forêts sur les hauteurs ; mais des roches pelées et blanches.

Le lendemain matin, en apprenant l’absence de Shaw, je supposai que mon contremaître ignorait que nous avions à faire cinq étapes dans une contrée déserte ; je lui envoyai donc Choupérê, un de mes soldats, avec le billet suivant :

« À la réception de cet ordre, jetez dans la rivière, dans un fossé, dans le ravin le plus proche, la voiture, ainsi que les bâts que vous avez en trop. »

Quatre heures s’écoulèrent ; à bout de patience, j’allai au-devant des traînards. À quatre cents mètres, je vis Choupérê, ayant la voiture sur la tête, y compris les roues, les brancards, les essieux. Il avait trouvé plus commode de la porter que de la traîner.

Ce transport, en contradiction formelle avec l’ordre que j’avais donné, m’exaspéra ; et la charrette alla rouler dans les grandes herbes, où elle fut enfin laissée.


Lac et pic d'Ougombo


Le 14, nous arrivâmes au lac du Gombo, dont la rive, jusqu’à seize mètres au moins du bord du lac est un marais infranchissable, rempli de joncs et de grandes herbes, où l’hippopotame s’ouvre un passage et creuse des canaux qui sont les traces de ses excursions nocturnes. J’y demeurai deux jours. L’examen des environs, surtout de la plaine occidentale, m’a persuadé que je voyais le reste d’un lac dont l’étendue fut jadis celle du Tanguégnica. Une crue de quatre mètres lui donnerait, encore aujourd’hui, cinquante kilomètres de long sur seize de large ; une de dix mètres porterait sa longueur à cent soixante kilomètres et sa largeur à quatre-vingts.

Le 15 fut tristement marqué par un différend où je m’emportai jusqu’à faire rouler d’un coup de poing à terre maître Shaw, pour le punir de son insolence ; cela me valut, le soir, un coup de fusil tiré par lui dans ma tente et que j’eus l’air d’attribuer à une maladresse.

Le 18, exténué par les marches précédentes qui avaient été d’au moins vingt-cinq kilomètres par jour, je me rendis aux conseils de cheik Thani, dont la caravane s’était, ainsi que d’autres, réunie à la mienne, et je résolus de faire halte dans une région si plantureuse.

Ce fut dans l’un des nombreux villages de cet heureux district que je trouvai un asile pour Farquhar. La nourriture n’y était pas moins variée qu’abondante et s’y vendait beaucoup moins cher que les mauvaises denrées que nous achetions depuis longtemps. Le chef se nommait Leucolé. Petit vieillard à l’œil doux, à la figure agréable, il ne demandait pas mieux que de veiller sur le malade ; mais il exigeait que celui-ci eût un de mes hommes pour le servir. Malheureusement tous avaient peur de lui. J’usai donc d’autorité, et, comme Jako était, avec Sélim et Bombay, le seul qui parlât anglais, je le désignai, malgré lui, pour tenir compagnie à Farquhar. Leucolé en fut satisfait.

Quant à moi, séduit par la vue de ses pentes boisées, par la pureté de ses ruisseaux, que bordent des massifs buissonnants, de gracieux mimosas et d’énormes sycomores ; par ses grands cônes, derrière lesquels je me représentais de riantes perspectives, je bravai la fatigue d’escalader la chaîne des monts Bambourou.

Mon amour du pittoresque ne fut pas désappointé. D’ailleurs on se sent renaître sur ces hauteurs que la brise rafraîchit ; on redevient fort en buvant cet air pur. Mes courses me procuraient une faim dévorante et j’étais heureux de trouver les bonnes choses que produit la localité. Néanmoins, si le laitage du Mpouapoua reste dans notre souvenir reconnaissant, il ne nous fait pas oublier que ce district est odieusement infesté de perce-oreilles. Après eux, venaient comme importance et comme nombre, les fourmis blanches, dont le pouvoir destructeur est tout simplement terrifiant. Portemanteaux, nattes, vêtements, étoffe ; bref, tout ce que j’avais semblait devoir disparaître ; je craignais que ma tente ne fût dévorée pendant mon sommeil. Enfin, après une halte de trois jours, je me décidai à reprendre la marche.

Le 22 mai, toutes nos caravanes, celle de Thani, celle de Jiamed, cinq ou six autres et la mienne, se réunissaient à Cougno, station qui est à trois heures et demie de celle de Mpouapoua. Ce village, protégé par les montagnes, ne sent rien des rafales qui tombent des pentes voisines ; mais l’eau y est exécrable ; c’est à elle que la plaine déserte, qui sépare le Sagara du pays de Gogo, doit le nom de Marenga-Mkhali, c’est-à-dire eau amère.

Cette eau tua cinq de mes meilleurs ânes, ne m’en laissant plus que quatre, dont pas un n’était bien portant.

Notre caravane, à la sortie de Cougno, était réellement imposante : près de quatre cents hommes, beaucoup de fusils, des drapeaux, des tambours, des trompes, des cris et des chants, un bruit effroyable.

La bande était conduite par le cheik Hamed, qui avait reçu de Thani et de moi-même la mission de la commander ; notre choix n’était pas heureux.

Hamed était un tout minime personnage, petit et mince, qui compensait l’exiguïté de ses proportions par une activité dévorante. Jamais de repos. Même dans les haltes, on voyait ce Petit-Poucet toujours allant venant, furetant, s’agaçant, dérangeant tout, et troublant tout le monde.

Nos ballots ne devaient pas être mêlés, ni déposés trop près des siens, ni rangés de telle manière. Il avait une façon à lui d’empiler ses bagages, et restait là pour les faire entasser. Du premier coup d’œil, il choisissait le meilleur endroit pour y planter sa tente, et ne souffrait pas qu’on empiétât sur son terrain. À le voir si frêle on se serait imaginé qu’après une marche de vingt à vingt-cinq kilomètres il eût été heureux d’abandonner ces menus détails à ses gens ; mais non ; rien ne pouvait être bien fait s’il n’était là ; d’ailleurs infatigable : le mot lassitude n’existait pas pour lui.

De Cougno au pays de Gogo, la distance est de quarante-huit kilomètres et doit être franchie en trente-six heures, ce qui fait plus que doubler la fatigue ordinaire.

Je m’étais figuré que le Gogo était un plateau escarpé, dominant le désert d’à peu près cent mètres, et révélant tout-à-coup son étendue et sa richesse. Au lieu de cela, je trouvai une transition insensible : à la sortie d’herbes folles, un horizon borné par des tiges de sorgho, dans les limites les plus étroites ; des collines entrevues par hasard, un sol toujours aride.

Les premières paroles qui frappèrent mon oreille dans cette province sortirent de la bouche d’un homme d’un certain âge, aux formes robustes, qui soignait des vaches avec indolence, mais qui, à mon approche, témoigna vivement de l’intérêt qu’avait pour lui cet étranger vêtu de flanelle blanche et coiffé d’un liège, breveté contre le soleil. Dès qu’il m’aperçut : « Yambo, Mousoungou ; bonjour l’homme blanc ! » s’écria-t-il d’une voix qu’on put entendre à un kilomètre.

L’effet produit fut électrique ; à peine le mot de mousoungou eut-il été proféré que tout le village fut en rumeur. L’émotion gagna de proche en proche ; et bientôt toutes les bourgades, échelonnées près de la route, furent en proie à la même frénésie.

C’était la première fois qu’un blanc était vu dans cette partie du Gogo. Jusque-là, je m’étais comparé à un marchand de Bagdad arrivant chez les Kurdes, et leur vendant ses soieries de Damas, ou autres objets de luxe ; il fallait maintenant en rabattre et me placer au niveau des singes d’un jardin zoologique.

Le lendemain nous franchîmes les douze kilomètres qui nous séparaient du Mvoumi occidental, village habité par le chef du district. L’abondance et la variété des provisions qui affluèrent dans notre borna justifièrent pleinement tout ce qu’on m’avait dit de la richesse de son territoire.

Le marché dura depuis le matin jusqu’au soir, et me rappela les coutumes commerciales des Abyssiniens et des Gallas. Jusqu’ici, à partir de la côte, les chefs de caravanes sont obligés d’envoyer dans les villages et d’y faire acheter les vivres dont ils ont besoin. Au contraire, dans le Gogo, ce sont les naturels qui viennent trouver les caravanes et qui leur présentent tout ce qu’ils ont d’échangeable.

Le lendemain fut un jour de halte ; nous avions à payer le tribut, dont l’omission eût allumé la guerre. Dès le matin, le prudent Thani et l’actif Hamed s’occupèrent de cette affaire importante. Il en résulta que, d’un seul borna, le chef de ce district tira cent quatre-vingt-huit mètres de cotonnade, vingt-huit d’étoffes supérieures et dix rangs de perles noires ; en somme, près de deux cent soixante francs. Cela doit faire une bonne journée pour un homme du Gogo.

Le lendemain, 27 mai, nous quittâmes cette résidence royale, en secouant avec joie la poussière de nos pieds ; et nous continuâmes à marcher vers l’occident.

Cependant, lorsque je comptai par vingtaines les gens qui se groupaient sur la route pour voir l’homme blanc, je commençai à prendre meilleure opinion d’un peuple, qui, ayant le sentiment de sa force, s’abstenait d’en user ; d’un peuple assez intelligent pour comprendre que son intérêt, qu’elle que fût la tentation, était de laisser passer les caravanes, sans leur imposer autre chose qu’un droit de transit [2].

Quatre jours plus tard, nous étions au camp de Gnamboua, où l’eau est excellente, et nous buvions tous en chameaux altérés. De vastes champs de grain avaient annoncé les villages et fait presser le pas à nos hommes. Lorsque nous approchâmes de l’aire populeuse, nous vîmes accourir la multitude ; et bientôt jeunes et vieux des deux sexes formèrent sur notre passage une foule aussi compacte que hurlante .

Le 4 juin, nous arrivions dans le Moucondoucou proprement dit. Cette extrémité du Gogo est excessivement populeuse. Trente-six villages entourent le tembé de Souarourou, chef du district. Les gens qui accoururent de ces bourgades pour voir les hommes merveilleux dont la figure était blanche, dont le corps était couvert de choses si étonnantes, et qui avaient des armes surnaturelles, « faisant boum-boum aussi vite que l’on peut compter ses doigts », les gens qui accoururent formèrent une foule si nombreuse qu’il me parut d’abord impossible que la curiosité fût le seul but de leur réunion.

Il vint alors un homme important, qui chapitra la foule ; j’appris plus tard que ce personnage était le second du district.

« Hommes du Gogo, s’écria-t-il, ne savez-vous pas que cet homme blanc est un mtémi (chef du rang le plus élevé) ? Il ne vient pas ici comme les Arabes pour acheter de l’ivoire, mais pour nous visiter et pour nous faire des présents. Pourquoi le tourmentez-vous, pourquoi troublez-vous son peuple ? Laissez-les passer en paix, lui et sa caravane. Si vous désirez le voir, approchez-le ; mais sans vous moquer de lui. Le premier d’entre vous, écoutez bien, le premier qui fera du désordre sera dénoncé à notre grand-chef, qui veut que ses amis soient bien traités. »

Nous arrivâmes au khambi, qui, dans ce pays, est toujours situé sous un grand baobab, à un millier de pas de la résidence du chef.

Les curieux nous entouraient en grand nombre et nous serraient de près.

Tout à coup il se fit un silence tellement profond que je sortis pour voir quelle en était la cause. Thani et le ministre venaient d’arriver. « À vos tembés, hommes de Gogo ! à vos tembés, cria celui-ci. Pourquoi troubler ces voyageurs ? Qu’avez-vous à faire avec eux ? À vos tembés, vous dis-je ; à vos tembés ! Tout Gogien qui sera trouvé dans le camp sans avoir rien à vendre, ni bétail, ni farine, ni denrée quelconque, paiera au mtémi soit de l’étoffe, soit des vaches. »

Il prit un bâton et chassa la foule devant lui. Les naturels étaient là par centaines ; chacun lui obéit comme un enfant ; et pendant les deux jours que nous restâmes dans cet endroit pas un curieux ne vint nous déranger.

La question du tribut fut de même réglée en peu de mots, grâce au ministre, avec lequel elle fut traitée.

Pour aller du Moucondoucou au Gnanzi, on peut choisir entre trois routes différentes. Je me résolus à prendre celle qui est entre les deux autres et conduit à Kiti, malgré les porteurs qui préféraient la route du midi passant par Kiouhyê.

En conséquence le lendemain, 7 juin, les trois caravanes prirent la route de Kiti sous la conduite du kirangozi de Hamed. Chacun avait l’air content ; mais nous n’étions pas en route depuis une demi-heure, quand je m’aperçus d’un changement de direction : par un détour habile, on nous rapprochait rapidement d’une gorge qui débouchait sur le plateau de Kiouhyê et sur la route du midi.

Je réunis mes gens et je priai Bombay de leur dire que l’homme blanc ne revenait jamais sur ce qu’il avait résolu ; et que ma caravane se rendrait à Kiti, quelle que fût la route que prissent les Arabes. Puis j’ordonnais à un vétéran qui connaissait le chemin de le montrer à mon kirangozi.

Mes porteurs déposèrent leurs ballots et je vis des symptômes de révolte ; mais j’en vins aisément à bout.

Me tournant alors du côté des Arabes, je me disposais à leur faire mes adieux, lorsque Thani s’écria : « Attendez-moi, Sahib j’en ai assez de ce jeu d’enfant ; je vais avec vous. » Et sa caravane fut dirigée vers la mienne.

À ce moment-là, celle de Hamed touchait au défilé ; mais nous n’étions pas arrivés à celui de Kiti, qu’elle accompagnait la nôtre.

L’eau que nous bûmes à Mouniéca fut puisée dans le creux profond d’une roche de syénite ; une eau limpide comme du cristal et froide comme de la glace. Boire de l’eau froide ! C’était un luxe que nous n’avions pas connu depuis notre départ de Simbamouenni.

Le lendemain, à sept heures du matin, la corne du kirangozi vibra tout à coup plus fort et plus allègrement qu’elle ne le faisait depuis dix jours : la caravane entrait dans le Gnanzi, ou, pour nous servir d’un nom plus connu, dans le Mgounda-Mkali ; mot qui signifie Champs embrasés.

Je n’avais pas encore vu de passage si pittoresque depuis que j’étais en Afrique. D’énormes ondulations de terrain ; puis, çà et là, des collines et des rochers de syénite, figurant d’anciennes forteresses, donnaient au bois un aspect fantastique. On aurait cru voir un coin de l’Angleterre à l’époque féodale.

Il était près de cinq heures, lorsqu’on fit halte. Nous avions marché trente-deux kilomètres ; tout le monde avait besoin de repos.

À une heure, la lune étant levée, Hamed sonna du cor et nous cria : « En marche ! » Évidemment il était fou. Un murmure de profond mécontentement répondit à son appel. Néanmoins, présumant qu’il avait pour nous réveiller à cette heure indue quelque bonne raison, cheik Thani et moi nous ne lui fîmes pas de remontrances, attendant ce qui arriverait pour juger de sa conduite.

Toute la bande était maussade ; la marche fut silencieuse. Nous étions à quatorze cents mètres au-dessus de la mer, et le thermomètre ne marquait pas douze degrés. La rosée était froide comme du givre ; les porteurs, presque nus, hâtaient le pas pour se réchauffer ; beaucoup d’entre eux se blessèrent en se heurtant les pieds contre le roc, ou en marchant sur des épines.

Arrivés à la halte, nous nous jetâmes par terre ; et chacun de s’endormir. Pour moi, ce fut d’un profond sommeil.

Quand je m’éveillai, il était grand jour ; le soleil me flamboyait dans les yeux. Hamed était parti depuis deux heures. Il avait voulu emmener Thani, qui avait refusé de le suivre, en lui montrant sa déraison, et qui me demanda ce que j’en pensais. Je déclarai que c’était de l’extravagance.

Jamais station n’avait été meilleure : une eau excellente, et, ainsi qu’on l’avait dit au vieux cheik, les vivres en abondance : six poulets pour deux mètres de calicot ; un mouton pour le même prix, ou six mesures de grain, sorgho, millet ou maïs – bref, un pays de cocagne.

Les provisions abondaient également à Kiti où nous allâmes ensuite, et ne s’y vendaient pas cher. Cette bourgade était alors peuplée d’hommes de Kimbou, venus des environs du Rori ; gens paisibles, préférant l’agriculture aux combats et l’élevage du bétail aux conquêtes. Au moindre bruit de guerre, ils emmènent leurs familles et leurs troupeaux dans quelque lieu inhabité, où ils commencent aussitôt à défricher le sol et à chasser l’éléphant pour en prendre l’ivoire. C’est néanmoins une belle race, bien armée, et paraissant capable de se mesurer avec n’importe quelle tribu du voisinage. Mais la désunion l’affaiblit. Ses petites communes, régies par des chefs indépendants les uns des autres ; ne sauraient se défendre ; tandis que, groupées autour d’un pouvoir qui leur servirait de lien, elles présenteraient à l’ennemi des forces respectables.

Le 13 juin, nous étions à Cousouri, dernier village du Mgounda-Mkali, district de, Djihoué la Singa.

Je m’y arrêtai. Les marches précédentes avaient été fort longues, et un jour de halte me semblait nécessaire avant de s’engager dans la solitude qui sépare le Djihoué la Singa du district de Toura.

Nous arrivâmes, le 15, à Mgongo-Tembo.

En 1857 lors du passage de Burton et de Speke, Mgongo-Tembo était un établissement prospère, vendant aux voyageurs le produit de ses cultures. Mais, en 1868, plusieurs caravanes ayant subi des voies de fait de la part de ses habitants, les Arabes du Mouézi attaquèrent ses bourgades, y mirent le feu et anéantirent l’œuvre de quinze années de travail. Nous ne trouvâmes à la place de ses villages que des débris carbonisés, et des épines où avaient été des jardins.

Malheureusement, je n’avais pas, comme Burton, pour guide un Kidogo sachant se faire obéir. Si je l’avais eu, je l’aurais, ce me semble, autrement estimé que ne l’a fait mon prédécesseur. Que de fois j’ai soupiré après un pareil aide, lorsque mon éloquence échouait contre l’apathie de mes hommes ! J’étais obligé de recourir aux menaces, voire de frapper à droite et à gauche pour réveiller soldats et porteurs. Une tirikéza devenait-elle nécessaire ? il me fallait en donner l’ordre ; personne ne l’eût demandée, si importante qu’elle fût ; bien loin de là, j’avais à couper court aux paroles de Bombay, qui plaidait le repos, et à faire claquer mon fouet pour chasser du camp toute la bande.

Je reçus donc le guide assez durement, et lui reprochai la sottise qu’il avait de ne pas songer qu’à l’heure des gratifications, heure qui allait bientôt sonner, je me rappellerais qu’au lieu de m’obéir il avait écouté l’avis des autres.

« Combien les porteurs vous ont-ils donné, lui demandai-je, pour faire de petites marches et de longues haltes ?

– Pas un n’y a pensé, dit-il. Je n’ai rien reçu d’aucun d’eux.

– Et combien d’étoffe pourriez-vous avoir de moi, si j’étais satisfait ?

– Oh ! beaucoup, beaucoup !

– Reprenez donc votre charge ; et d’ici au Mouézi, faites preuve de bon vouloir. »

II promit solennellement de ne plus écouter que mes ordres, de marcher aussitôt que je le voudrais, de ne se reposer que quand je le trouverais nécessaire. On se mit en route ; et, fidèle à sa promesse, le kirangozi ne s’arrêta qu’au Roubouga central, malgré l’émoi de toute sa suite, qui le croyait devenu fou : près de trente kilomètres sans faire de halte ; lui qui n’en avait jamais fait vingt-six sans couper la marche en deux !

« Le Roubouga, dit Burton, est renommé pour sa viande, pour son laitage, son beurre fondu, son miel, et nous y fîmes bonne chère. » On pouvait encore juger de l’ancienne richesse de ce territoire par l’étendue de ses cultures. De chaque côté de la route, sur un espace de nombreux kilomètres, les champs de grain se succédaient, mûrissant leurs épis au milieu des gommiers, des mimosas, des cactus, qui bientôt devaient les faire disparaître. C’était là tout ce qui restait de la prospérité de ce district autrefois si populeux, si riche en troupeaux et en abeilles.

Arrivés à Kigoua, après une route de cinq heures, nous eûmes sous les yeux le même tableau qu’à Roubouga, les effets de la même vengeance : un pays dévasté.

À peu près une demi-heure avant d’atteindre Chiza, nous découvrions la plaine ondulée où se trouve le principal établissement des Arabes.

Le chef du village, désirant me mettre en fête, m’envoya une jarre contenant vingt et quelques litres de pombé. Cette bière, dont la couleur était celle d’une eau laiteuse, et le goût celui d’une ale éventée, me parut peu agréable. Je m’en tins au premier verre et donnai le reste à mes hommes qui en firent leurs délices. J’y ajoutai un bouvillon, que le chef m’avait cédé au prix de dix-huit mètres de calicot, et qui fut tué immédiatement.

Pour toute ma bande la nuit fut courte ; longtemps avant l’aube, les tranches de bœuf crépitaient sur la braise, afin que les estomacs pussent encore une fois se réjouir avant de quitter l’homme blanc, dont ils avaient si souvent connu les largesses.

Le repas terminé, on donna six charges de poudre aux hommes qui avaient des fusils et qui devaient annoncer notre approche aux établissements arabes.

Tous les porteurs étaient en grande tenue, pas un qui n’eût sa plus belle choukka ; les moins riches, en calicot tout neuf ; les autres, en étoffes voyantes, cotonnade à raies ou à carreaux, soie et coton ou drap rouge.

Le signal retentit ; la caravane s’ébranla toute joyeuse, drapeaux déployés, cors et trompettes sonnants. Après une marche de deux heures et demie, j’aperçus des Arabes qui se dirigeaient vers moi. Je m’avançai la main tendue ; elle fut immédiatement saisie par le cheik Séid ben Sélim et ensuite par vingt autres.

Ce fut ainsi que nous entrâmes dans le pays de Gnagnembé, un district du Mouézi.

  1. C’est le chemin de fer qui va de Saint-Louis sur le Mississipi à San Francisco sur l’Océan pacifique. Voir notre introduction aux Voyages du capitaine Burton, p. xv. — J. B.
  2. Vambéry (Voyage d'un faux derviche) trouve que ce droit, comparé au pillage des caravane est une amélioration civilisée ; Burton (Voyages aux grands lacs) le justifie, et Manoua Sera déclare que les trafiquants n'ont le droit de résider sur ses terres qu'en le lui achetant. Speke (Aux sources du Nil) en ne s'y soumettant pas de bonne grâce, n'a fait qu'augmenter les difficultés sur sa route. (J. Belin de Launay)