Constance Verrier/14

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Michel Lévy frères (p. 188-200).



XIV


Raoul Mahoult n’avait rien de perfide ou de mesquin dans le caractère. Il disait toute sa pensée, et il se sentait très-fort parce qu’il se sentait très-franc et foncièrement bon. C’était là tout le secret de son ascendant sur les femmes. Sa figure, régulière et douce d’expression, avait une fermeté de lignes qui révélait une énergie tranquille, et comme qui dirait tenue en réserve pour la véritable occasion. Beaucoup d’hommes étaient plus beaux, aucun plus sympathique aux honnêtes gens. Les fripons renonçaient vile à le tromper, les faibles se sentaient attirés sous sa protection, les indécis subissaient avec plaisir l’heureux prestige d’un esprit actif et lucide.

Il avait l’intelligence élevée, mais plutôt pratique que contemplative. Austère dans sa première jeunesse et fidèle par principe, il avait longtemps ignoré qu’il y eût au monde d’autres femmes que Constance, et même il avait surmonté héroïquement ses passions pendant les deux premières années de leur séparation.

Les voyages avaient modifié son organisation sans changer son caractère. Une santé énergique avait remplacé le tempérament un peu lymphatique de l’enfant de Paris. Il avait senti s’éveiller le besoin impérieux des émotions vives, et, perdant courage, il avait écrit à Constance : « Laissez-moi revenir, marions-nous, et je repartirai le lendemain s’il le faut, à moins que vous ne consentiez à me suivre. »

Constance n’avait pas compris toute l’angoisse de cette prière. Elle ne pouvait exposer sa vieille tante souffrante à de longs et pénibles voyages. Cécile n’avait qu’elle au monde et ne supporterait pas son absence. Constance craignit donc de voir Abel beaucoup plus malheureux si, après l’avoir revue, il était forcé de la quitter encore. Elle l’exhorta au courage. Abel avait beaucoup d’orgueil, il ne voulut pas paraître faible. Il s’acharna à son œuvre, et succomba à ses passions.

Ces chutes furent rares, mais quelquefois plus sérieuses qu’elles ne l’eussent été dans la vie facile d’un homme de plaisir. Il lui était presque impossible de séparer les sens de l’esprit ou du cœur, quelque résolution qu’il prît à cet égard. Il avait l’instinct de l’attachement et du dévouement. Aussi ses faiblesses lui créèrent-elles de sérieux remords, et, quand il avait à rompre des liens qu’il regardait avec raison comme illégitimes, il faisait à son amour pour Constance et à son devoir envers lui-même un sacrifice dont la gravité était une véritable expiation de la faute commise.

La Mozzelli n’avait donc pas été abusée par son imagination, le jour où elle avait deviné en lui un homme très-différent de ceux que la mode et la vanité avaient jetés dans son chemin. Elle avait pressenti la solidité de son caractère et l’élévation de son esprit avec la pénétration instinctive de la femme et de l’artiste. Constance ne s’était pas trompée non plus en regardant comme sacrée la promesse de son retour et la persistance de son affection. La prudente duchesse avait fait de pires folies que celle de se confier à lui dans un accès, de reconnaissance et dans un jour de coquetterie acharnée. Elle se fût peut-être abstenue de ce caprice si elle eût connu les liens qui unissaient les fiancés ; elle eût eu plus d’égards pour Constance qu’elle ne se croyait engagée à en avoir pour la Mozzelli ; mais il est certain qu’elle ne raillait pas intérieurement celui qui, pendant un jour, avait accepté son empire, et, en cela, elle dérogeait à ses habitudes.

La pauvre Mozzelli se sentit encore une fois dominée par la sincérité de Raoul. Elle pleura et n’eut plus ni colère ni menaces. Elle avait besoin de son estime encore plus que de son amour, et ceci est la plus grande conquête qu’un homme puisse faire.

Elle promit de partir au point du jour et de ne pas écrire à Constance.

— Dès lors, dit-elle à Raoul, rien ne vous force d’emmener Constance pour lui épargner des orages. Il n’y en aura pas autour de vous, et vous pouvez être heureux pendant que je traînerai au loin mon humiliation et ma misère. Gardez-lui notre secret, faites que la duchesse le garde aussi, et oubliez-moi !

— Garder votre secret, c’est-à-dire ne jamais vous nommer, oui, certes ! répondit Raoul ; mais tromper Constance sur mes égarements passés, je ne le pourrai pas. Sans courage et sans loyauté, il n’y a rien de possible en ce monde !

— Vous avez raison, répondit la Mozzelli, et cependant… Tenez ! si vous voulez que je pousse le dévouement à votre bonheur jusqu’à vous donner un conseil, écoutez celui-ci : Il est fort possible que Constance ne vous interroge jamais sur vos relations avec les femmes durant les années de votre séparation. C’est une femme supérieure, elle ! une femme extraordinaire ! Ou elle a la candeur et la chasteté de croire que vous avez pu lui être fidèle, ou elle a tout accepté par la réflexion et le raisonnement. Elle a autant de justice que d’innocence, autant de sagesse que de simplicité. Si elle ne vous demande rien, ne lui dites rien ! peut-être aimera-t-elle mieux ne rien savoir. Peut-être quand vous serez forcé d’entrer dans des détails, même pour vous excuser, lui enfoncerez-vous des aiguilles dans le cœur ; et vous savez qu’une aiguille tue aussi bien qu’un poignard.

— Oui, je le sais, répondit Raoul, et pourtant, si elle l’exige, je me confesserai, j’y suis résolu. Je n’ai point passé quatre ans loin d’elle sans interroger l’avenir, et mon bonheur ne veut rien devoir au mensonge. Je préférerais de beaucoup sa curiosité à une confiance trop puérile, et je serais effrayé de l’épouser sans qu’elle me connût comme Dieu me connaît. Constance n’est plus une enfant, et une enfant seule croit à l’austérité monacale d’un homme de mon âge, séparé d’elle depuis si longtemps.

En ce moment, la porte du salon s’ouvrit avec impétuosité, et la duchesse entra en s’écriant :

— Constance n’est pas ici ? où peut-elle être ?

— Quoi ! n’est-elle pas rentrée chez elle ? dit la Mozzelli effrayée.

— Non. Sa tante est venue dans mon appartement pour la demander, et elle l’attend encore. J’ai caché mon inquiétude à cette pauvre femme et je suis accourue. J’ai trouvé la voiture de Constance à votre porte ; mais elle ! elle est donc restée au jardin ? Tous trois s’élancèrent hors du salon.

— Où l’aviez-vous laissée ? dit Raoul épouvanté.

— Là ! répondit la duchesse courant vers le berceau de roses grimpantes où, en apprenant le vrai nom de l’amant de ses deux compagnes, Constance avait froidement répondu : Ça m’est égal !

— Elle n’y est plus, il n’y a là personne ! dit la duchesse en entrant sous le berceau. C’est là qu’elle était restée assise et fort calme.

Raoul s’avança jusqu’au fond de la tonnelle, se pencha, et vit une forme grisâtre étendue derrière le banc. Il toucha une robe de soie, et, avec un cri de désespoir, il releva Constance immobile, glacée, et comme déjà roidie par la mort.

— Ah ! s’écria la Mozzelli, elle saitftout ! Qui donc lui a dit le nom de Raoul ?

— Moi ! répondit la duchesse étonnée.

— Eh bien , c’est vous qui l’avez tuée ! reprit la Mozzelli. Cet homme qui l’emporte dans ses bras, cet homme que nous avons rendu infidèle, c’est celui qu’elle aimait !

Au moment où Raoul déposa Constance sur le divan du salon, la duchesse et la Mozzelli étaient si troublées qu’elles étaient prêtes à s’évanouir elles-mêmes, et qu’elles s’agitaient sans la pouvoir secourir. Raoul s’indignait contre elles et les haïssait, en ce moment, autant qu’il se haïssait lui-même. Il ne pouvait que presser Constance dans ses bras tremblants, contre son cœur désolé, pour essayer de la ranimer, et elle restait inerte. La Mozzelli retrouva la première sa présence d’esprit. Elle fit allumer un grand feu et rouler Constance dans des fourrures. On parvint à la réchauffer et à ramener les battements du cœur, mais si faibles et si interrompus, qu’à chaque instant ce pauvre cœur semblait avoir perdu la force de vivre.

Le cas était grave ; ce n’était pas une simple crise de nerfs. La circulation du sang avait été brusquement suspendue et refusait de reprendre ses fonctions.

Raoul courut chercher un médecin. Inquiète, la tante de Constance était déjà arrivée avec Julie d’Évereux.

Au bout de trois heures seulement Constance ouvrit ses grands yeux déjà creusés dans ses orbites bleuis, et regarda autour d’elle avec un étonnement profond. Elle reconnut sa tante et sourit faiblement à Julie. Mais elle ne reconnut ni la Mozzelli ni la duchesse, et quand Raoul se hasarda à lui demander si elle se sentait mieux, elle le prit pour un médecin et lui répondit d’une voix à peine saisissable : — Oui , monsieur, je me sens bien.

Il était impossible de songer à la transporter chez elle. On l’installa dans le salon de la cantatrice, entre la cheminée toujours allumée et la statue de marbre blanc, qui, seule, debout au milieu de ce groupe affaibli et prosterné, avait l’air de méditer froidement sur les vicissitudes de la vie humaine.

Le lendemain soir, Constance était un peu mieux dans l’opinion du médecin. Mais sa situation était toujours fort alarmante. Tout le monde avait passé la nuit et la journée dans des craintes mortelles ou dans des émotions poignantes. La duchesse elle-même avait perdu toute sa philosophie. Elle se sentait navrée. Julie ne voulait pas quitter la malade d’une minute ; elle pleurait à briser le cœur de sa mère.

La pauvre enfant, faible elle-même, et incapable de supporter une longue fatigue, s’endormit sur le fauteuil où elle s’était obstinée à rester. On réussit à l’emporter dans la chambre de Sofia, où sa mère la suivit. La vieille mademoiselle Verrier avait conservé un calme effrayant ; assise auprès du lit que l’on avait dressé à la hâte pour Constance, elle la regardait et ne voyait rien qu’elle. Elle ne paraissait pas savoir où elle était et ne faisait aucune question sur la cause de son mal. Il semblait qu’en trouvant là Raoul, elle eût deviné tout ; car elle ne lui adressa pas une seule fois la parole, et même elle l’éloignait machinalement d’un geste glacial, lorsqu’il s’approchait de sa nièce.

Il n’y avait pas une larme dans les yeux secs de la vieille fille, et sa taille maigre ne pliait pas d’une ligne sous le poids de la douleur ou de la fatigue ; mais, dans la rigidité de sa figure et de son attitude, on sentait comme une certitude absolue de ne pas survivre à Constance.

La Mozzelli était admirable de courage et d’activité ; elle s’oubliait pour les autres, elle était le dévouement que rien n’abat et ne rebute.

Vers minuit, Raoul se trouva seul avec elle et mademoiselle Verrier auprès de la malade. Sofia ne lui adressait pas un mot. Elle ne le connaissait pas, elle ne l’aimait plus. Toute son âme appartenait à Constance. Elle eût donné sa vie pour elle, et plus que sa vie : sa gloire et son art. Si elle eût pu penser à Raoul, elle l’eût détesté.

Raoul sentait bien l’horreur de sa situation. Il la subissait courageusement. Il méritait une pire expiation, et il l’attendait avec toute l’énergie qu’il tenait de la nature et de la réflexion. Mais si Constance eût pu lire dans son cœur, elle eût vu que ce sont les plus solides et les plus résistants qui souffrent le plus, et elle eût été effrayée de se voir si bien vengée.

À minuit, la duchesse, qui avait sommeillé deux ou trois heures auprès de sa fille, revint au salon et supplia Cécile Verrier d’aller prendre aussi quelques instants de repos. La Mozzelli se mit aux genoux de Cécile, en lui jurant que ni elle ni madame d’Évereux ne quitteraient Constance d’une seconde. Mais la vieille fille fut inflexible.

— Allez vous reposer vous-mêmes, leur dit-elle ; j’ai veillé mon frère pendant douze nuits ; je veillerai ma nièce davantage, s’il le faut !

Constance ne dormait pas. Ses yeux, étrangement fixes, ne s’étaient pas fermés un instant depuis vingt-quatre heures. Quel désastre couvait donc dans sa tête vide et brisée ? La folie ou la mort ? Elle ne paraissait pas savoir qu’elle fût la personne que l’on soignait et dont on épiait le moindre souffle. Quelquefois elle se regardait elle-même, étendue et inerte ; on eût dit qu’elle ne se reconnaissait pas.

Enfin, ses nerfs parurent se détendre, et l’on vit une grosse larme tomber lentement sur sa joue. La tante essuya doucement cette larme, en lui disant avec sa brièveté accoutumée : — Souffres-tu ? Constance fit signe que non et s’assoupit.

Cécile continua de veiller. La duchesse prit un livre. La Mozzelli, résolue à garder ses forces pour le moment où faibliraient celles des autres, se renversa sur le divan et dormit. Raoul, en proie à une fièvre ardente, sortit pour respirer l’air froid de la nuit.

Au bout d’une heure, durant laquelle il alla cent fois écouter le silence qui régnait dans le salon, il vit madame d’Évereux en sortir, et il s’approcha d’elle pour l’interroger.

— Je vous cherchais, lui dit-elle. La pauvre Constance a dormi et paraît aller mieux. Elle a fait signe à sa tante, en me montrant, qu’elle voulait être seule avec elle. Moi, je la crois perdue quand même ; et vous ?

— Moi, répondit Raoul, choqué de la sécheresse des paroles de madame d’Évereux : moi, je suis perdu aussi. Voilà tout ce que je suis capable de comprendre.

— Nous sommes trois ici qui l’avons tuée, reprit la duchesse avec le même sang-froid, au fond duquel, cependant, Raoul sentit peu à peu l’amertume d’une douleur profonde : moi, j’ai porté le coup, et je suis pourtant la moins coupable. J’ignorais tout ce qui la concerne, et mes relations avec vous, sans veille et sans lendemain, ne pouvaient pas constituer une infidélité de votre part, encore moins une trahison de la mienne. Votre engouement de quelques jours pour la Sofia est plus grave : vous l’avez aimée, elle nous l’a dit. Que ce soit avec les sens ou autrement, il vous a fallu faire un grand effort pour la quitter à Londres et pour ne pas la reprendre à Édimbourg. Je sais bien tout ce qui vous excuse et je le ferai valoir. Ni à Londres, ni à Edimbourg, vous ne comptiez chercher les aventures, et je pourrai dire à Constance, si Constance redevient capable d’entendre quelque chose, que vous étiez réellement occupé là et forcé d’y être par le soin de vos affaires. Les miennes, de votre propre aveu, ne vous ont pas pris une heure à Londres, et, quand vous êtes venue en Écosse m’en annoncer le succès, vous n’aviez pas l’intention de vous arrêter plus de dix minutes dans le château de lady***. Vous êtes entraînable, malgré votre grande volonté ; mais qui ne l’est pas ? Je ne suis pas de celles qui prêchent un idéal impossible. Seulement, la fatalité vous a bien desservi ! Et puis vous avez été imprudent, vous avez tenté la destinée. Quand on a en vue un mariage comme celui qui vous attendait, et pour fiancée une femme aussi parfaite que Constance, on ne se permet ni fantaisies ni distractions avec les femmes du monde, encore moins avec les actrices, qui sont fort en évidence et qui ne se piquent pas de bien garder leurs propres secrets. Dans votre position, on est plus humble, on se contente de moindres aventures, de tout ce qui n’enchaîne pas et ne reparaît pas. Dans ces conditions-là, on n’a jamais rien à confesser ni à expliquer. On a le droit d’oublier soi-même et de se croire aussi fidèle qu’un chevalier errant des anciens jours.

— Ainsi, répondit Raoul, étonné de cette morale étrange, c’est vous, madame, qui me faites des reproches ?

— Pourquoi pas ? reprit la duchesse. J’ai été un peu coquette avec vous, j’en conviens…

— Non pas ! effroyablement coquette !

— Soit ! c’était à vous de vous défendre, et je n’ai jamais vu qu’une femme eût à se reprocher la faiblesse d’un homme. Vous ne m’aviez parlé ni de la Mozzelli ni de Constance ; j’ai dû vous croire parfaitement libre. Mais je ne vous en veux pas, et je ne me mets nullement en cause, dans un moment où Constance seule m’intéresse et vous préoccupe. Si je vous parle d’elle, c’est parce que je veux, autant que possible, réparer mes torts involontaires. D’abord nier fermement, — c’est votre devoir aussi, — qu’il y ait eu, entre nous, autre chose que des caquetages et des aphorismes.

— Et si Constance me demande ma parole ?

— Vous la donnerez !

— Ah ! c’est ainsi que vous traitez de l’honneur des hommes ?

— Tant pis pour les hommes ! Ceci doit vous faire reconnaître une vérité qu’ils essaient en vain de supprimer en disant qu’il y a pour nous une vertu qui n’est pas la leur. Moi, je n’ai pas l’esprit tellement faussé par la résignation aux choses établies que je ne sache combien cela est faux et injuste. La liberté ou la vertu pour tous et pour toutes, voilà ma doctrine. Vous avez choisi la liberté en voyage, c’est fort bien ! mais il vous faudra manquer à la sincérité, c’est-à-dire à la vertu au logis. L’opinion, qui n’est pas logique, vous permet d’être infidèle, et, d’un autre côté, elle vous défend de nommer vos conquêtes. Un homme qui manque à cette loi, même pour complaire à sa femme, est un sot ou un lâche, et lorsque, pour se préserver de commettre cette platitude, il lui faut traiter sa femme comme un petit enfant, c’est-à-dire lui faire des mensonges pour son bien, c’est tant pis pour lui s’il tue le respect de l’épouse et du mariage dans son propre cœur.

— Je vous remercie de la leçon, madame la duchesse, répondit Raoul ; elle est juste en ce dernier point, et, certes, je la mérite ! Mais je saurai m’accuser sans compromettre personne. Si Constance exigeait qu’il en fût autrement, je renoncerais à elle plutôt que de me parjurer ; elle comprendra qu’elle ne doit exiger que ma propre confession.

— Vous comptez donc sur son pardon ?

— Oui, je l’espérerai tant que Dieu accordera à elle et à moi un souffle de vie, parce que je me sens la force de le mériter encore. J’aurais commis de plus grandes fautes, que mon courage n’en serait pas abattu. C’est vous dire que mon cœur est resté entier pour l’aimer et pour réparer mes torts.

— Et si elle meurt sans avoir pu vous entendre ?

— Si elle meurt, qu’elle m’ait ou non pardonné, ne vous inquiétez pas de moi, madame, je la suivrai !

— Ah ! vous êtes décidé à vous tuer ?

— Oui, madame, répondit Raoul avec une fermeté calme.

— À la bonne heure ! dit la duchesse en le quittant ; je vous approuve et vous rends mon estime.