Contes et fables/La Rosée

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Traduction par Ely Halpérine-Kaminsky.
Contes et fablesLibrairie Plon (p. 203-204).


LA ROSÉE


Lorsque, par une matinée ensoleillée, on va faire un tour dans la forêt, ou dans les champs, on voit sur l’herbe mille diamants, des brillants aux reflets multicolores, jaunes, rouges, bleus ; quand on les regarde de près, on s’aperçoit que ce sont des gouttelettes de rosée qui glissent sur chaque brin d’herbe, et brillent au soleil.

La feuille de cette herbe est velue, à l’intérieur, comme du velours, et les gouttelettes glissent sur cette feuille sans la mouiller.

Et quand on cueille imprudemment ces feuilles pleines de rosée, la gouttelette roule si rapidement qu’on ne la voit pas disparaître.

Il m’est arrivé d’enlever cette coupe naturelle et de la porter doucement à mes lèvres, et de boire cette rosée, et je lui trouvais un goût supérieur à la plus délicieuse boisson.