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Contes et légendes annamites/Pour rire/22 Voleurs

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Contes et légendes annamitesImprimerie coloniale (p. 344-345).
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XXII

VOLEURS.



Une femme intelligente avait épousé un nigaud. Un jour elle lui donna de beaux habits pour se rendre à une fête. En passant devant une auberge le mari qui était monté sur un cheval s’adressa à un vagabond et lui demanda s’il le trouvait beau dans son habit de fête. « Sans doute ! dit l’autre, mais tu ne sais pas encore le faire valoir. » Ce nigaud le supplia de lui montrer comment il devait faire. Le vagabond lui dit : « Descends de cheval, donne-moi tes habits, et je te montrerai. » L’autre y consentit. Une fois sur le cheval le vagabond lui fit faire un ou deux tours et piqua des deux. Ce fut en vain que le mari attendit son retour. Il dut rentrer chez lui revêtu des habits du vagabond.

Sa femme le reçut fort mal. Ensuite elle s’occupa de recouvrer les objets perdus. Elle envoya donc son mari à la découverte, et, quand celui-ci eût trouvé le voleur assistant à une représentation théâtrale, elle prit un bracelet, une seule boucle d’oreilles et deux ou trois bagues et alla auprès du théâtre. Là elle se pencha sur un puits et, quand elle vit le vagabond sortir, se mit à pleurer amèrement. Celui-ci lui demanda ce qu’elle avait. « C’est, dit-elle, qu’en me lavant j’ai laissé tomber dans ce puits un bracelet, une boucle d’oreilles et quelques bagues. Si ces bijoux étaient à moi ce ne serait rien, mais je viens de me marier, et ce sont les bijoux que m’a donnés mon mari. Il croira que je les ai donnés à mes parents et m’accablera de coups. » Le vagabond, touché de la beauté de la jeune femme, consentit à descendre dans le puits pour chercher les bijoux. Il se dépouilla donc de ses vêtements, mais avant de descendre il lui demanda comment elle s’appelait. « Mon mari s’appelle Ngô quâ et moi Lai coi »[1], lui répondit la femme. À peine le vagabond fut-il dans le puits que la femme ramassa ses habits, sauta sur son cheval et disparut.

Le voleur n’ayant rien trouvé dans le puits remonta et, ne voyant pas la femme, il se mit à crier : « Femme de Ngô qnâ, (ô) Lai coi, rapporte-moi mes habits. » Les spectateurs, croyant qu’il y avait quelque chose à voir, sortirent du théâtre et, ne trouvant qu’un homme nu qui criait à tue-tête, ils le rouèrent de coups. C’est ainsi que le voleur fut dupé par la jeune femme.



Un voleur s’était introduit furtivement pendant la nuit dans la maison d’un pauvre diable. Celui-ci dormait sur sa jarre de riz dont il s’était fait un oreiller. Le voleur ôta son pantalon dans le dessein d’y faire tomber le riz et de l’emporter. Pendant ce temps le propriétaire se réveilla, saisit le pantalon et cria de toutes ses forces : Au voleur ! Le voleur criait encore plus fort. « Comment ! dit le maître, c’est toi qui te plains d’être volé. « — « Est-ce que vous ne tenez pas mon pantalon ? » lui dit l’autre.



  1. Ngô quâ ! signifie « que c’est beau ! » et Lai coi « venez voir ». Comme noms ils ne sont peut-être pas absolument impossibles, mais du moins bien invraisemblables.