Contes populaires d’Afrique (Basset)/129
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AMAAVOUKOUTOU[2]
l arriva au commencement, à la première
apparition de la source de la vie, que
quelques pigeons de rocher vinrent à
une maison. Ils trouvèrent une femme qui était
assise en dehors. Ils entrèrent et dispersèrent
les cendres dans sa maison. Elle cria. C’était une
femme mariée ; elle n’avait pas d’enfants. Elle dit :
— Ils sont venus se moquer de moi ; ils ont vu que je n’avais pas d’enfants pour éparpiller les cendres.
Alors six pigeons vinrent. L’un dit :
— Voukoutou.
L’autre demanda :
— Pourquoi dites-vous Voukoutou ?
Le premier répéta :
— Voukoutou.
L’autre dit encore :
— Pourquoi dites-vous Voukoutou ?
Cela se passait en présence de la femme. Alors le premier répondit :
— Prenez une épine et égratignez-vous vous-même.
L’autre dit encore :
— Voukoutou.
Le second reprit :
— Prenez une épine, égratignez-vous vous-même, retirez un grumeau de sang, placez-le dans un pot ; fermez-le par en bas, mettez-le de côté pendant huit mois, fermez-le par en bas, et le huitième mois, dit le pigeon, découvrez-le.
Elle le découvrit et trouva un enfant ; le grumeau avait un enfant à côté de lui dans le pot. Le pigeon lui dit :
— Prenez-le maintenant, mettez-le dans un sac et donnez-lui à manger.
Un autre vint et dit :
— Enveloppez-le dans ses couvertures et mettez-le sur le derrière de la maison ; couchez-le, que les autres femmes ne le voient pas ; donnez-lui de la nourriture en abondance de manière qu’il grandisse immédiatement.
Alors l’enfant grandit immédiatement.
Son mari arriva le soir. La femme alluma un très grand feu. Le mari ne savait rien de l’enfant : celui-ci était seulement l’enfant du grumeau. La femme le prit à l’arrière de la maison, alla devant avec lui, s’assit et le mit devant elle. Elle prit la nourriture de l’enfant, la plaça devant lui et lui dit :
— Mangez un peu ; voici votre nourriture, mon enfant.
Le mari fut étonné et demanda :
— Où avez-vous eu cet enfant ? qu’est-ce que cet enfant ?
Elle répondit :
— C’est mon enfant, l’enfant d’un grumeau de mon sang, l’enfant des pigeons qui m’ont enseigné la sagesse. Ils m’ont dit de m’égratigner et de me couper moi-même, de prendre un grumeau, de le mettre dans un pot ; il deviendrait un enfant. C’est ainsi qu’il est devenu un enfant.
Alors le mari se réjouit, la remercia et dit :
— Je suis heureux et content aujourd’hui. Vous avez maintenant un enfant. C’est très bien.