Contes populaires d’Afrique (Basset)/131

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 343-347).
LXXIV. — LOUYI[1]

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LE LIÈVRE ET SA FEMME[2]


Le lièvre est une personne intelligente. Lorsqu’il demeurait là, il n’avait pas de femme. Alors il dit :

— Que je me fasse une femme

Il façonna le tronc d’un arbre appelé nwanamoye ; il en fit une femme très belle. Ils se bâtirent une hutte. Un certain jour, un homme arriva au village du lièvre. Lorsqu’il y arriva, il trouva que le lièvre n’y était pas ; il était allé se promener ; il n’y avait là que la femme. Cet homme lui demanda :

— Où est allé ton mari ?

La femme répondit :

— Il est allé se promener.

Il lui demanda de nouveau :

— Quel est son nom ?

Elle répondit :

— Son nom est lièvre.

— C’est bien, dit-il ; adieu !

La femme dit :

— Bonjour.

Lorsque le lièvre arriva, sa femme lui dit :

— Un homme est venu me trouver ici.

Le lièvre dit :

— D’où vient-il, cet homme ?

La femme dit :

— Je ne sais pas : il a demandé ton nom ; je le lui ai dit.

Le lièvre dit :

— C’est bien.

Lorsque le matin parut, il alla se promener. La femme resta au village. Cet homme arriva au village du lièvre.

— Bonjour.

— Salut ; d’où est-ce que tu viens ?

L’homme dit :

— Je viens de chez le chef.

— Oui, j’ai entendu.

— Où est allé ton mari ?

— Il est allé dans la forêt.

— Tu es ici toute seule ?

— Oui, je suis toute seule.

Lorsque cet homme partit de là, il alla vers le chef. Lorsqu’il arriva vers le chef, il lui dit :

— J’ai trouvé une femme très belle.

Le chef dit :

— De qui est-elle femme ?

Il dit :

— C’est la femme du lièvre. Allez et voyez-la. Lorsque vous la verrez, ne lui faites pas de mal.

Les envoyés du roi partirent. Lorsqu’ils arrivèrent, ils demandèrent :

— Où est allé ton mari ?

La femme dit :

— Il est tout près ; il arrivera à l’instant même ; attendez-le :

Le lièvre arriva :

— Bonjour !

— Salut.

Le lièvre dit :

— D’où est-ce que vous venez ?

— Nous arrivons de chez le chef.

— C’est bien.

— Adieu !

Ils partirent.

Lorsqu’ils arrivèrent vers le chef :

— Nous l’avons trouvée.

Le chef dit :

— Est-elle belle ?

Ils répondirent :

— Oui, elle est belle.

Le chef dit :

— Allez et enlevez-la.

Ils allèrent ; ils l’emmenèrent ; ils l’apportèrent au chef ; il la prit pour femme.

Quand le lièvre revint de la forêt, quand il arriva au village, il trouva qu’ils l’avaient enlevée. Il dit :

— Comment ferai-je ? ma femme, ils l’ont emportée.

Il alla à la recherche de sa femme. Lorsqu’il arriva sur la place publique, il dit :

— Donnez-moi ma femme.

Ils le chassèrent.

Lorsqu’il arriva à son village, il dit :

— Je veux me façonner un tambour.

Lorsqu’il l’eut façonné, il partit. Lorsqu’il arriva sur la place publique, il dit :

— Ndindi ! Ndindi ! Kandindi tambour !

Kandindi tambour ! Kandindi tambour !

Ma femme, ils l’ont enlevée !

Il revint vers son village. Quand le matin fut venu, il arriva là-bas. Lorsqu’il arriva à la place publique, il y trouva sa femme. Lorsqu’elle fut jetée à terre, elle fut métamorphosée en arbre.

C’est ici que finit l’histoire du lièvre et de sa femme.



  1. Le Louyi ou Rotsi est parlé sur les bords du Haut Zambèze depuis les sources de ce fleuve jusqu’au confluent de la Kafwé, dans l’Afrique australe anglaise.
  2. E. Jacottet, Études sur les langues du Haut Zambèze, IIIe partie, fasc. I, Paris, E. Leroux, 1901, in-8, p. 8-11.