Contes populaires d’Afrique (Basset)/142

La bibliothèque libre.
E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 377-378).
LXXXI. — FIOTE[1]

142

L’ORIGINE DES BLANCS ET DES NÈGRES[2]


Il y a bien longtemps, le Mani-pouta eut deux fils : l’un se nommait Manicongo, l’autre Zonga. Leur père leur dit d’aller un matin, quand la poule chanterait, se baigner dans un lac qui se trouverait non loin de là. Zonga arriva le premier et remarqua avec étonnement qu’à mesure qu’il entrait dans l’eau, il devenait blanc. Manicongo rejoignit bientôt son frère et, à son tour, se baigna, mais il resta tout noir. Ils revinrent alors au chimbek (case) de leur père qui, leur montrant différents objets étalés par terre, leur dit de choisir ce qui leur convenait. Zonga prit du papier, des plumes, une longue-vue, un fusil, de la poudre. Manicongo préféra, lui, des bracelets en cuivre, des cimeterres en fer, des arcs, des flèches. Leur choix terminé, ils ne purent continuera vivre ensemble où ils étaient, dans l’intérieur de l’Afrique, et leur père, au bout de quelque temps, résolut de les séparer. Ils partirent et marchèrent longtemps, longtemps. Un jour, ils aperçurent la mer. Zonga s’en alla par delà l’Océan ; ce fut le père des blancs. Manicongo resta : ce fut le père des nègres.



  1. Le fiote est parlé à l’embouchure du Congo, sur les territoires belge, portugais et français.
  2. Ch. Jeannest, Quatre années au Congo, Paris, Charpentier, 1883, in-12, p. 97-98.