Contes populaires d’Afrique (Basset)/162

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 421-422).
XCVIII. — SAINTE-MARIE DE MADAGASCAR

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LE DAUPHIN[1]


Il y avait une fois un pêcheur qui aborda dans une île où il n’y avait que des femmes. Une vieille le fit entrer dans sa case et le garda. Les autres eurent vent de la chose et vinrent trouver la vieille.

— Un homme ne s’est-il pas réfugié chez vous ? dirent-elles.

— Non, répondit la vieille.

Le lendemain, même demande et même réponse. Le pêcheur, qui entendait ces conversations, caché dans un coin de la case, avait peur qu’on ne lui fît un mauvais parti s’il était découvert. Un matin qu’il se promenait sur le bord de la mer, il vit, dans un endroit écarté, un poisson énorme. C’était un dauphin.

— Sors-moi d’ici, dit le pêcheur au poisson ; je n’y suis point en sûreté.

— Volontiers, répondit le dauphin, mais va chercher de la nourriture pour la route.

L’homme prit du riz dans la case de la vieille, revint sur le rivage et partit avec le dauphin. Celui-ci le déposa sur une île appelée Nosy-Borahy. Ce nom lui vient probablement de celui du pêcheur qui s’appelait, dit-on, Borahy. Ses descendants habitent encore cette île. Pour remercier le dauphin d’avoir rendu un service signalé à leur premier ancêtre, ils ne leur font jamais la chasse, ne le tuent ni ne mangent sa chair.



  1. Ferrand, Contes populaires malgaches, P. 145-147.