Contes populaires d’Afrique (Basset)/163
L’ÉLÉPHANT ET LE LIÈVRE EN SOCIÉTÉ[1]|163}}
ne zour l’Éléphant dire au Yève :
— Anons prendre impé la terre, nous va faire zardin.
Yève content : li dire l’Éléphant :
— Mais, compère, nous va faire éne condition, ça qui so pioce dimancé, li va emmance li là-haut la tête so camrade.
Yève emmance so pioce lace par esprès ; à tout moment so pioce nèque dimancé.
Et Yève crie av l’Éléphant :
— Compère, mo pioce fine dimancé ; amène vous la tête pour mo emmance mo pioce.
L’Éléphant amène la tête, Yève emmance pioce.
— Avlà, ène coup, pioce l’Éléphant oussi fine dimancé.
L’Éléphant crie au Yève :
— Compère, mo pioce fine démancé : amène vous la tête pour mo emmance mo pioce !
Lékeir Yève alle loin. Li dire av l’Éléphant :
— Vous napas çagrin, moi, mo comrade ? Ene ptit ptit la tête comment ça ! premier coup vou a casse li.
L’Éléphant commence en colère :
— Mo napas cône ça, moi, compère. Nous fine faire condition ; lhère ous pioce ti dimancé, mo fine done vous mo la tête. Açthère mo pioce qui dimancé ; vous bisoin donc moi vous la tête pour mo emmance li.
Yève napas voulé amène la tête ; l’Éléphant voulé batte Yève ; zaute lève éne grand dispite ; Yève sauvé. Zassociés fine casse cordon ; Yève av l’Éléphant quitte travaille ensembe.
Avlà ène zour l’Éléphant faire ène bal. Li engaze tout zanimaux, xepté Yève.Tourtie qui pour zoué la misique ; so viélon ène calebasse.
Quand Yève coné qui Tourtie qui pour alle misicien dans bal, li dire Tourtie :
— Comère, mettez moi dans vous calebasse ; mo va zoué vous part. Mais çaque fois qui a donne vous boire, çaque fois qui a donne vous manzé, vous va mette morceau pour calebasse pour moi.
Bal commencé. Yève zoué la misique. Tourtie donne li boire. Avlà Yève soû à force boire ; li comence cante bonavini.
L’Éléphant coûté, coûté ; li coné qui Yève qui dans calebasse. Li en colère, li dimande Tourtie qui faire lo fine amène Yève dans so calebasse. Li vouli batte Tourtie ; calebasse tombé, calebasse cassé ; Yève sauvé.
- ↑ Baissac, Le Folk-lore de l’île Maurice, Paris, Maisonneuve, 1888, pet. in-8, p. 112-117.