Contes populaires d’Afrique (Basset)/168

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 432-433).

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LE LION, LA CHÈVRE ET LE BABOUIN[1]


Un lion avait une chèvre pour femme. Un jour, elle alla au marché et, tandis qu’elle était absente, le lion entra dans le bois. Il rencontra un babouin qui fit amitié avec lui, parce qu’il craignait qu’il ne le mangeât et lui demanda d’aller à sa maison avec lui. Le lion pensa que c’était une bonne chance et lui demanda de l’accompagner et de voir ses petits.

Quand ils furent arrivés, le babouin dit au lion :

— Comment ! vous avez beaucoup de petits chevreaux ici !

— Oui, dit le lion, ce sont mes enfants.

— Si c’est ainsi, reprit le babouin, ce sont des chevreaux et c’est de l’excellente viande.

— Ne faites pas de bruit ; leur mère va venir tout à l’heure et vous la verrez.

Les chevreaux n’y firent pas attention, mais ils sortirent pour aller à la rencontre de leur mère et lui dirent ce qui s’était passé.

Leur mère leur dit :

— Retournez, n’y faites pas attention, je vais maintenant à la maison et je m’occuperai de lui.

Alors elle alla acheter de la mélasse et l’apporta chez elle.

— Vous voilà arrivée, dit le lion ; quelles nouvelles ?

— Oh ! de bonnes nouvelles ; goûtez un peu.

Il goûta et dit :

— C’est très bon : c’est du miel.

— C’est du sang de babouin, répondit-elle. On en a tué un aujourd’hui : le sang coulait dans la rue et chacun en emportait.

Le lion reprit :

— Silence : il y en a un dans la maison, nous allons l’avoir.

À ces mots, le babouin se sauva et quand ils cherchèrent après lui, il était parti et désormais ne revint plus près d’eux, ce qui sauva la vie des chevreaux.




  1. Dasent, Anami Stories à la suite des Popular tales from the Norse, 2e éd. Édimbourg, Douglas, 1888, in-8, p. 438.