Contes populaires d’Afrique (Basset)/169

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 433-434).
CII. — NÈGRES DU BRÉSIL

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L’ÉMYS ET LA FÊTE AU CIEL[1]


Un jour, il y avait trois jours de fête au ciel ; toutes les bêtes y furent ; mais les deux premiers jours, l’émys ne put y aller parce qu’il marchait très lentement. Quand les autres étaient sur le point de revenir, il était encore au milieu du chemin.

Le dernier jour, comme il montrait un grand désir d’y aller, un héron s’offrit à le porter sur ses épaules. L’émys accepta et monta : mais le méchant oiseau lui demandait toujours s’il voyait encore la terre et, quand l’émys lui eut dit qu’il ne la voyait plus, il le lâcha dans l’air.

Le pauvre s’en alla roulant et disant :

— Léo, Léo, Léo !

Si j’en réchappe

Jamais plus de nous aux cieux.

Et aussi :

— Éloignez-vous, pierres et bâtons, sinon vous serez rompus.

Les pierres et les bâtons s’écartèrent et il tomba, mais tout brisé. Dieu eut pitié de lui, rajusta les petits morceaux et lui donna de nouveau la vie en récompense de la grande volonté qu’il avait eue d’aller au ciel. C’est pourquoi l’émys aie crâne en forme de marqueterie.



  1. Sylvio Romero, Contas populares do Brazil. Lisbonne, Livraria internacional, 1885, in-8, p. 143-145.