Contes populaires d’Afrique (Basset)/17
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LE GARÇON ET LES AUTRUCHES[1].
l y avait un garçon qui s’en alla seul
dans le monde. Il alla dans la plaine
déserte. Tous les animaux le fuyaient.
Il alla d’abord aux gazelles ; elles le fuirent.
Il alla aux antilopes mohor ; elles le fuirent.
Il alla aux antilopes addax ; elles le fuirent.
Il alla aux antilopes tihammin ; elles le fuirent.
Il alla aux lions ; ils le fuirent. Il alla aux
tahouris ; elles le fuirent. Il alla aux éléphants ; ils le fuirent. Et toujours ainsi jusqu’à
ce qu’il arriva aux autruches ; elles restèrent
près de lui ; il habita avec elles ; il devint leur
compagnon. Quand elles se couchaient, elles
ouvraient leurs ailes et il s’endormait entre
elles. Elles l’habillaient de leurs plumes. Il
mangeait leur nourriture excepté le fessor (arbuste épineux) et les petites pierres qui étaient
trop dures pour lui. Quand il grandit, ses cheveux
grandirent sur lui et il en vint à les porter
traînant à terre. Un jour, des hommes montèrent
sur des chevaux ; ils le suivirent à la trace
car il était parmi elles ; ils les suivirent jusqu’à
ce qu’elles se levèrent de dessous un arbre. Les
épines de l’arbre le saisirent et le retinrent jusqu’à
ce qu’ils le trouvèrent près de mourir. Ils
l’oignirent de parfums ; il reprit ses sens. Il leur
dit :
— Les autruches sont meilleures que tous les animaux.
Lorsque les siens apprirent cela, ils dirent :
— Nous jurons de ne jamais tuer les autruches à cause du bien que nous avons vu d’elles.
- ↑ Masqueray, Observations grammaticales sur la grammaire touareg et textes de la Temahaq des Taïtoqs, publiés par René Basset et Gaudefroy-Demombyues, Paris, E. Leroux, 1896-1897, in-8, p. 164-165.