Contes populaires d’Afrique (Basset)/21

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 59-60).
b) Hadendoa.

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LE COUPLE DE SOTS[1]


Il y avait une fois un sot et une sotte : tous deux se marièrent et devinrent mari et femme.

Un jour la sotte dit à son mari :

— Apporte-moi du beurre de la maison de mon père.

— Bon, dit-il.

Et il alla trouver sa belle-mère à qui il dit :

— Votre fille désire du beurre.

Elle en remplit un vase, le lui donna et il partit. En route, il arriva à une terre desséchée.

— La terre de ma patrie est desséchée, dit-il, et il la graissa.

Il revint sans le beurre vers sa femme. Celle-ci lui demanda :

— Où donc est le beurre ?

Il répondit :

— La terre de ma patrie était desséchée, je l’ai graissée.

Elle lui dit :

— Puisque tu as agi ainsi, ma mère ne nous supportera pas, abandonnons le pays.

Ils prirent avec eux de la farine pour vivre et partirent de là. Tandis qu’ils étaient en chemin, ils arrivèrent à un étang plein d’eau. Le mari dit à sa femme :

— Nous allons préparer ici à manger.

— Bon, dit-elle ; pour que le soleil cuise notre nourriture, versons la farine dans l’eau.

Ils la versèrent dans l’eau ; la femme prit un bâton pour remuer la farine et descendit dans l’étang où elle disparut.

L’homme dit alors :

— Ma femme mange toute la nourriture sans moi.

Il descendit dans l’étang où il disparut également.

Voilà ce que gagnèrent ce sot et cette sotte.



  1. Reinisch, Die Bedauye Sprache, fasc. I, p 58-60.