Contes populaires d’Afrique (Basset)/27

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 74-75).

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L’HOMME ET SA SŒUR[1].


Il était une fois un garçon qui avait une sœur, mais leur mère était morte. Le mari de la sœur lui amena un jour son frère, mais sans lui annoncer la mort de sa mère. Comme il ne lui avait pas dit que c’était son frère, elle crut que c’était un autre homme.

— Va chercher de l’eau avec un crible, lui dit-elle.

Comme il répandait de l’eau, elle le battit.

— Travaille avec le mortier, lui dit-elle.

Il travailla avec le mortier et le renversa. Alors elle le frappa. Il trébucha sur le mortier et elle se moqua de lui. Ils demeurèrent ainsi.

La mère qui était morte, s’était changée en oiseau et voyait tous les chagrins de son fils. Comme un jour il se trouvait dans le désert, elle vint à lui sous forme d’oiseau.

— Ta sœur se moque de toi parce que tu trébuches dans le mortier, lui dit-elle, et te bat lorsque tu le renverses. Elle te dit : Apporte de l’eau dans le crible.

— Oui, répondit-il.

Alors la mère parla à sa fille :

— Tu lui dis : Va chercher de l’eau dans le crible ; n’est-il pas ton frère ? Tu le fais travailler avec le mortier : n’est-il pas ton frère ? Tu le frappes quand il renverse le mortier et tu te moques de lui quand il tombe !

Sa fille l’entendit et apprit que c’était son frère. Elle pleura beaucoup, le lava, chassa son mari et vécut avec son frère.




  1. Reinisch, Dir Chamirsprache in Abessinien, fasc. II, p. 6-8.