Contes populaires d’Afrique (Basset)/33
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LE RENARD, LA HYÈNE, LE LOUP, LA PANTHÈRE, LE LION ET LE SERPENT[1]
e renard, en premier lieu, puis la hyène,
ensuite le loup, en quatrième lieu la panthère,
en cinquième lieu le lion et finalement
le serpent dirent tous les six :
— Nous voulons former une espèce.
Le renard dit :
— Je représente une espèce ; la hyène aussi ; le loup de même, ainsi que la panthère, comme le lion et le serpent. Comme nous formons six espèces, nous ne pouvons pas nous réunir.
— Si tu veux restera part, dit le lion, nous autres nous nous réunirons.
— Je reste à part, dit le renard.
Alors les cinq autres formèrent une alliance et dirent :
— Nous allons maintenant nous communiquer ce que chacun déteste.
La hyène parla ainsi :
— Ne me dites jamais : Que la lance te touche, car je déteste la lance.
Le loup reprit :
— Ne me dites pas ; il y a là des chèvres, car je vis en hostilité avec les chèvres.
La panthère dit :
— Ne m’agacez pas, car je ne le supporte pas.
Le lion ajouta :
— Quand je dors, ne faites pas de bruit autour de moi.
Le serpent dit :
— Ne marchez pas sur moi, quoique je sois à terre.
Un jour le loup alla vers un arbre ; plus tard arriva la hyène, ensuite vinrent la panthère, le lion et enfin le serpent. Le lion se coucha pour dormir ; le loup et la hyène jouèrent.
La hyène dit au loup :
— Hé ! il y a là des chèvres.
Le loup répliqua :
— Que la lance t’atteigne ! es-tu bien rassasiée ?
La hyène le saisit par la tête et le loup mourut ; puis elle tomba sur la panthère, mais celle-ci la saisit et la hyène mourut.
La panthère tomba sur le lion qui la saisit et elle mourut. Le lion marcha sur le serpent, mais celui-ci le fit mourir aussi.
Ainsi moururent tous les cinq alliés qui avaient dit :
— Nous allons former une espèce.
- ↑ Reinisch, Die Afar-Sprache, fasc. I, p. 97.