Contes populaires d’Afrique (Basset)/56

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 140-141).
XX. — BARI[1]

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LA FEMME ET LA HYÈNE[2]


Un homme avait deux femmes : l’une douce et prévenante, l’autre si bavarde qu’il en éprouvait seulement de la colère. Ni les remontrances, ni les coups ne la corrigeaient, et finalement, il prit le parti de la chasser dans un bois parmi les hyènes.

Elle s’y bâtit une petite cabane dans laquelle une hyène vint bravement s’installer en maîtresse. La femme essaya de protester, mais la hyène, non contente de boire et de manger tout ce que la femme préparait, la força ensuite à garder ses petits.

Or, un jour que la hyène avait ordonné à la femme de faire bouillir de l’eau en l’attendant, la femme eut l’idée malheureuse de prendre les petits et de les jeter dans l’eau bouillante, puis elle courut toute tremblante se réfugier chez son mari qu’elle trouva tranquillement assis sur le seuil de sa case, la lance à la main. Elle se jeta aux pieds de son époux pour lui demander aide et protection et, lorsque la hyène arriva, écumante de rage, le mari l’étendit à terre, morte d’un coup de lance.

La leçon ne fut pas perdue pour la femme, car, à partir de ce jour, elle fut la joie et le contentement des siens.



  1. Les Bari habitent les deux bords du Nil blanc, au sud des Dinka, entre le 6e et le 3e degré de latitude Nord.
  2. Casati, Dix années en Equatoria, p. 234-236.