Contes populaires d’Afrique (Basset)/73
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LA HYÈNE, LE BŒUF ET L’ÉLÉPHANT[2]
ne hyène, courant toutes les nuits pour
chercher sa nourriture, tomba dans un
grand trou ; elle avait beau grimper
pour sortir ; c’était peine inutile. Lorsque le jour
fut venu, on l’entendit hurler de loin. Un bœuf,
touché de compassion, s’approcha de l’abîme et
reconnut l’infortunée. Son cœur fut ému, mais
il n’osait lui porter secours. La hyène le pria, au
nom de Dieu, de la délivrer du danger, en lui
offrant le bout de sa queue pour qu’elle pût s’y
accrocher. Le bœuf lui répondit qu’il regrettait
de ne pouvoir lui rendre ce service, parce qu’aussitôt
qu’elle serait sortie du trou, elle pourrait
le dévorer. La hyène jura qu’elle ne le trahirait
jamais. Le bœuf, se fiant à ses promesses, lui
présenta le bout de sa queue, mais, à peine la
hyène fut-elle hors de danger, qu’elle se jeta sur
le bœuf pour le tuer. Heureusement pour ce
dernier, un éléphant vint à passer et, entendant
une dispute très animée, il s’approcha et résolut
d’y mettre de l’ordre.
— Je vais, dit-il, vous rendre justice : arrêtez-vous un instant, que j’examine la question pour savoir qui a raison de vous deux.
Après les avoir entendus, l’un et l’autre, il leur dit :
— Cette affaire est difficile à vider ; il est nécessaire avant tout que chacun retourne où il était, et je jugerai.
Aussitôt il ordonna à la hyène de retourner dans le trou, ce qui fut fait.
Le bœuf, débarrassé, continua sa route et la hyène fut forcée de périr dans l’abîme.
La morale de cette fable est que l’ingratitude est un crime horrible et qu’un juste châtiment l’atteindra tôt ou tard.